Exposition universelle de 1889 : Construction de la Tour Eiffel  

 

1870-1940

 

V

 
line decor
   HISTOIRE DE FRANCE
line decor

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
70 ans d'histoire (1870-1940)

 

VAILLANT (Edouard) 1840-1915 : Homme politique. Né le 29 janvier 1840 à Vierzon (Cher), Edouard Vaillant devient ingénieur des Mines, il poursuit des études à la Sorbonne, au Collège de France, à l'Ecole de médecine et au Muséum d'histoire naturelle. Sans être encore très engagé en politique, il fréquente les milieux d'opposition à l'Empire: Félix Pyat, Jules Vallès, Charles Longuet. En 1866, il part en Allemagne étudier les sciences, obtient le diplôme de docteur en médecine et se passionne pour la philosophie. En même temps, ses idées politiques s’affirmant, il adhère à la section allemande de l’Internationale. Rentré à Paris au début de la guerre de 1870, il prend part à l'insurrection du 4 septembre. C'est l'époque où il noue des relations avec Blanqui dont il deviendra un fidèle admirateur. L'assemblée de la Commune le désigne comme l'un des sept membres de sa Commission exécutive principalement chargé des questions d’enseignements. Il est partisan de moyens radicaux tels que l'exécution d'otages en réponse aux exécutions faites par les Versaillais. Il veut que la commune agisse au lieu de palabrer et essaye de concilier les factions rivales. Il agira jusqu'au bout et parviendra à s'échapper pour Londres. Il sera condamné à mort par contumace par le Conseil de guerre. A Londres, il passe ses examens de docteur en médecine, ce qui lui permet d'exercer et de soigner ses camarades en exil. Il y rencontre Marx dont les idées vont supplanter son proudhonisme jusque-là prédominant dans ses idées sociales. Il sera membre du Conseil général de l’International mais après le Congrès de La Haye en juillet 1872, il se brouille avec Marx et se retire de l’Internationale. Rentré à Paris après la loi d'amnistie de 1880, il poursuit le combat politique aux côtés de Blanqui et l’aide à lancer son dernier journal, Ni Dieu ni maître. En compagnie d’Eudes et de Granger, il devient l’un des dirigeants du Comité révolutionnaire central qui rassemble les blanquistes et collabore à de nouveaux journaux. Il briguera, en 1881, la députation à Bourges sous l'étiquette " ancien membre de la commune et candidat socialiste"; il ne sera pas élu. En 1884, il est conseiller municipal à Vierzon; révolutionnaire intransigeant, il entend réaliser une œuvre positive en faveur de la classe ouvrière. Pendant la crise boulangiste, il préconise la lutte contre toutes les factions bourgeoises, réactionnaires ou opportunistes sans aucune compromission avec l'une d'elle. Député de la Seine de 1893 à 1915, sa première intervention, à la tribune de la Chambre, sera pour défendre, au milieu des interruptions, la Commune de Paris dont il revendique l'honneur d'avoir été membre et pour proclamer sa foi socialiste et révolutionnaire. Se séparant des autres dirigeants blanquistes, Vaillant considère désormais qu’il faut trouver, pour imposer le socialisme, des formes d’action autres que l’insurrection révolutionnaire et que l’existence de la République permet une activité légale. Son principal but devient la réalisation de l’unité socialiste. Ses autres interventions de la législature concerneront, notamment, son opposition aux lois "scélérates" contre les menées anarchistes, le chômage, la législation sociale à propos de laquelle il se livre à des comparaisons approfondies avec l'Angleterre et l'Allemagne. A propos de l'affaire Dreyfus, il prend partie avec Jaurès et Jules Guesde pour l'engagement du mouvement socialiste en faveur de la révision du procès. Il souhaite toutefois que cela se fasse en toute autonomie au regard des hommes politiques de la bourgeoisie, ce qui le sépare quelque peu de Jaurès. C’est qu’il y voit un obstacle à cette unité socialiste qu’il appelle de ses vœux. Aussi est-il à l’origine de la motion adoptée à la quasi-unanimité qui prévoit dans six mois un congrès d’unification du parti socialiste, qui sra le congrès de Jay en 1899. Le 12 juin 1899, son interpellation sur « les violences de la police contre les républicains » entraîne la chute du cabinet Charles Dupuy et son remplacement par Waldeck-Rousseau. Vaillant s’élève violemment contre la présence de Millerand au gouvernement aux côtés du général de Galliffet qualifié de « massacreur de Paris, assassin de la Commune, homme qui, en 1871 dirigeait le massacre versaillais des parisiens, etc ... ». Après l’échec du congrès du congrès de Japy, le groupe socialiste éclate. Vaillant abandonne Jaurès et Allemane au congrès de Lyon en 1901 pour rejoindre Guesde au parti socialiste de France, parti révolutionnaire et hostile à l’Etat bourgeois, rejetant participation et voie réformiste. En 1905, c’est avec enthousiasme que Vaillant applaudit à l’union des socialistes au sein de la SFIO dont il devient l’un des porte-parole à la Chambre des députés où il déploie son activité parlementaire dans divers domaines : celui de la défense nationale où il reprend ses propositions sur la suppression de l'armée permanente, du code militaire et des conseils de guerre, celui du droit social où il demande l'institution de la journée de 8 heures, la création d'un ministère du Travail et de l'Assurance sociale, celui de l'agriculture où il réclame la reconstitution et l'extension du domaine communal, celui de l'organisation politique où il préconise l'application de la loi communale de Paris et la révision de la Constitution par l'institution du droit d'initiative populaire et du référendum, celui de la politique internationale où il se prononce pour la création de règles de droit international, celui de l'enseignement dont il demande la laïcisation et que l'on y développe la partie scientifique. En 1902, à propos des congrégations et en 1905, dans le débat sur la loi de séparation, il réclame une vigoureuse politique de laïcisation de l'Etat explicitement destinée à ruiner la puissance de l'Eglise en la dépossédant de ses moyens d'action matériels. En 1905, à propos du Maroc et de la politique en Extrême-Orient, il prédit le recours " à la grève générale et à l'insurrection plutôt que de laisser le gouvernement engager le pays dans une guerre odieuse." En 1906, lors d'une séance d'interpellation, il attaque durement la politique de répression anti-ouvrière de Clemenceau, ministre de l'Intérieur. Il renouvelle, en mai 1907, ses critiques, accusant Clemenceau et les radicaux d'être à la dévotion de la classe dirigeante. La même année, il demande que la France renonce à intervenir au Maroc. Au sein du Parti socialiste, Vaillant est l'un des partisans les plus ardents de la résistance à la guerre par la grève générale et l'insurrection. Mais les événements se précipitent qui le touchent beaucoup. Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914 et la mobilisation générale est décrétée le 2 août. Il déclarera: « Les socialistes rempliront à la fois leur devoir patriotique et leur devoir socialiste. En présence de l'agression, ils accompliront tout leur devoir pour la Patrie, pour la République, pour la révolution ». Le 4 août, jour des obsèques de Jaurès, il reprend les mêmes formules. L'après-midi, à la Chambre, marquant symboliquement son adhésion totale à l'Union sacrée, il serra pour la première fois la main d’Albert de Mun, ancien officier de l'armée versaillaise. Il accepte alors la participation ministérielle qu’il refusait jusque là et qu’il considère comme une des formes de la défense nationale et estime qu’il faut tout subordonner à la victoire. La minorité socialiste restée pacifiste condamne son attitude et lui, qui avait toujours été entouré du respect de ses camarades, en souffre profondément. « Injurié de la façon la plus basse » peu avant le congrès fédéral de décembre 1915, il meurt quelques jours plus tard à Paris, le 18 décembre 1915, miné par les dissensions qui affectent le parti socialiste face au conflit.

LEFRANC (G.) : Le Mouvement socialiste sous la Troisième République, Paris, Payot, 1963. LIGOU (D.) : Histoire du socialisme en France (1871-1961), Paris, PUF, 1962.

VAILLANT-COUTURIER (Paul), 1892-1937 : Avocat avant 1914, il est incorporé au début des hostilités et évolue peu à peu vers le pacifisme : il est un des fondateurs de l'Association Républicaine des Anciens Combattants. A la fin de la guerre, il est au P.S. et devient député en 1919. Communiste après Tours, il est de la tendance de gauche de Souvarine et Rosmer. Lors de la stalinisation du P.C.F., Vaillant-Couturier est écarté de la direction du P.C., mais il ne résistera pas longtemps. En 1932, il fait son retour au Comité Central. En 1932, il est de nouveau rédacteur en chef de l'Humanité. Orateur et écrivain de talent, il devient un des dirigeants staliniens les plus populaires. A ce titre, il aura la charge de défendre la politique stalinienne, les procès de Moscou, etc...
VALÉRY (Paul), 1871-1945 : Né à Sète, le 30 octobre 1871.Paul Valéry entre en 1888 à la faculté de droit et se désintéresse très vite de ses études pour les lettres et la peinture. Passionné de poésie, il découvre les symbolistes, sous l'influence desquels il compose ses premiers vers. Il se lie d'amitié avec Pierre Louys, qui lui présente Mallarmé et André Gide. La nuit du 4 octobre 1892, à Gênes, il traverse une crise passionnelle où il décide de soumettre la sensibilité à la raison et de se consacrer à l'activité intellectuelle. Installé à Paris, il est rédacteur au ministère de la Guerre puis secrétaire particulier du directeur de l'agence Havas. Après 'L'introduction à la méthode de Léonard de Vinci', il renonce à l'écriture tandis que sa renommée croît. Son retour en 1919 avec 'La Jeune Parque', puis 'Charmes' l'impose comme l'un des plus grand poètes français. Son immense succès a fait de lui une "espèce de poète d'État" : élu à l'Académie française en 1925, il est nommé professeur de poétique au Collège de France en 1937, et reçoit des funérailles nationales en 1945.

VALLAT (Xavier), 1891-1972 : Né à Villedieu dans le Vaucluse en 1891, Xavier Vallat reçoit une éducation dans des écoles religieuses et enseigne lui-même dans un collège catholique jusqu’en 1913 où il est appelé au service militaire. Lorsque la guerre est déclarée, il est caporal. Il terminera le conflit comme lieutenant de chasseurs alpins, trois fois décoré et trois fois blessé. Au cours des combats, il perd son œil droit et sa jambe gauche. Ce grand mutilé de guerre est élu en 1919 député de l’Ardèche sur une liste de Bloc national et s’inscrit au groupe des Indépendants, fortement marqué à droite. C’est que Xavier Vallat ne fait pas de mystère de ses opinions ultra nationalistes qui le conduisent à préconiser une politique extérieure de force contre l’Allemagne et, à l’intérieur, un renforcement du pouvoir exécutif. Battu aux élections de 1924, devenu avocat au barreau de Paris, il va être de toutes les tentatives extra-parlementaires de renversement du régime. Sympathisant des idées maurrassiennes dès sa jeunesse, on le voit successivement adhérer à la Fédération nationale catholique du général Castelnau, soutenir les Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger, être membre du Faisceau d Georges Valois en 1926, avant d’adhérer aux Croix-de-feu en 1928. Réélu député sans interruption jusqu’en 1928, il représente à la Chambre des idées de l’extrême-droite nationaliste et antisémite, harcelant les gouvernement de gauche. C’est ainsi qu’il est membre de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur l’affaire Stavisky, au sein de laquelle il s’efforce de compromettre le parti radical tout entier ; qu’il plaide pour une organisation corporative des professions ; qu’il est l’auteur d’une proposition de loi tendant à réglementer le séjour des étrangers en France et à faciliter leur expulsion. L’arrivée au pouvoir du Front populaire stimule encore plus ses ardeurs. Il adhère au Parti républicain national et social de Pierre Taittinger, laissant éclater contre Léon Blum son antisémitisme à la tribune même de la Chambre, en dépit des rappels à l’ordre du Président Edouard Herriot. Il s’y indigne qu’un « vieux pays gallo-romain » soit pour la première fois gouverné par un juif. Il ne va cesser jusqu’en 1939 de combattre les gouvernements successifs. En 1940, cet homme d’extrême-droite vote avec enthousiasme les pleins pouvoirs à Pétain et il va jouer un rôle majeur dans les premières années de la Révolution nationale qui correspond en tous points à ses propres options idéologiques. Jugé à la Libération, Xavier Vallat est condamné à dix ans d’emprisonnement et n’aura plus d’activité politique de premier plan.

VALLÈS (Jules), 1832-1885 : Né en 11 juin 1832 au Puy-en-Velay, Jules Vallès est le fils d’un instituteur. En 1845, sa famille s’installe à Nantes. L’enfance et l’adolescence de Jules Vallès sont perturbées et difficiles. Sensibilisé aux questions sociales, le jeune homme fréquente très tôt les milieux révolutionnaires de Nantes et de Paris durant la Seconde République. Il s’oppose violemment au coup d’Etat du 2 décembre et, pour lui éviter de tomber sous le coup de la répression, sa famille la fait interner quelques mois dans un asile d’aliénés à Nantes. Il ne tarde pas à rejoindre Paris où il fréquente les milieux d’opposition républicaine et révolutionnaire au Second Empire, se trouvant même compromis dans un complot avorté contre l’Empereur en 1853. Il vit alors de travaux temporaires jusqu’en 1867 où il fonde un hebdomadaire littéraire, La Rue. Pour peu de temps, la publication étant interdite pour son opposition sans concession au régime. Vallès écrit alors des articles violemment subversifs qui lui valent de passer trois mois en prison, fin 1868 début 1869. En 1869, il adhère à la franc-maçonnerie et se présente comme candidat socialiste-révolutionnaire à Paris. Ces antécédents font faire de lui un artisan enthousiaste de la Commune. Il participe aux journées révolutionnaires des 14 août et 31 octobre 1870 et en septembre joue un rôle important dans la formation du Comité central républicain des arrondissements de Paris. Il fait figure parmi les signataires de l’Appel du 6 janvier 1871 pour la formation d’une Commune de Paris et en février il lance le journal Le Cri du peuple qui va être le principal porte parole de la Commune. Le 26 mars, Vallès est élu au Comité central de la Commune par le 15e arrondissement de Paris. Tout en étant l’un des orateurs les plus écoutés du mouvement, il figure parmi la minorité qui s’oppose aux mesures dictatoriales comme les arrestations arbitraires, la suppression de la liberté de presse ou la création du Comité de Salut public. Membre de la commission d’éducation, il prépare des projets d’éducation gratuite et obligatoire pour garçons et pour filles. Il est aussi le principal rédacteur de l’Appel au peuple de France lancé par la Commune le 19 avril. Lors des combats qui marquent la fin du mouvement, il fait le coup de feu sur les barricades et parvient à s’enfuir, gagnant successivement Bruxelles, puis l’Angleterre. En 1872, il est condamné à mort par Contumace. Durant son exil en Angleterre, il joue un rôle déterminant parmi les proscrits, reprend son activité de journaliste et commence l’œuvre qui va le rendre célèbre, sa trilogie autobiographique, Jacques Vingtas. Le premier volume, L’enfant, paraît en feuilleton en 1876 durant son exil londonien, les deux autres volumes, Le bachelier et L’insurgé, étant publiés en 1881 et 1882. L’amnistie des condamnés de la Commune lui permet de rentrer en France en 1880 et de faire réapparaître en 1883 Le Cri du peuple où s’exprimeront toutes les nuances du courant socialiste renaissant.

VALLIN (Eugène), 1856-1922 : Ebéniste et architecte. Formé dans l'atelier de son oncle entrepreneur de menuiserie, Eugène Vallin apprend la sculpture sur bois et le modelage auprès de Charles Pètre à l'Ecole municipale de dessin. Il prend la succession de son oncle en avril 1881. Devenu créateur de mobilier, il travaille uniquement sur commande. C'est d'ailleurs ce refus d'industrialiser sa production qui le différencie des ébénistes Gallé ou Majorelle, par exemple. Il réalise des salles à manger, salons, bureaux pour les plus grands mécènes de Nancy, Corbin, Masson, Bergeret, Kronberg, etc. Après une production de mobilier religieux d'inspiration gothique, l'artiste fait évoluer son art en se servant de sa double expérience de constructeur et de sculpteur-ébéniste. En collaboration avec Georges Biet, Eugène Vallin réalise quelques bâtiments d'inspiration moderne, notamment sa propre maison boulevard Lobau qui est la première manifestation de l'Art Nouveau dans l'architecture à Nancy en 1895, ainsi que la villa de Georges Biet 22, rue de la Commanderie. Il réalise, en 1896, la porte des ateliers d'ébénisterie de Gallé conservée aujourd'hui dans le jardin du Musée de l'Ecole de Nancy. En 1901, il est un des vice-présidents de l'Ecole de Nancy. Il est l'auteur, en 1909, du pavillon qui abrite l'Ecole de Nancy à l'Exposition Internationale de l'Est de la France qui a lieu à Nancy.

VALLIN (Ninon), 1886-1961 : Contatrice. Troisième fille de la famille Vallin, Eugénie naît le 8 septembre 1886 à Montalieu-Vercieu, près de Crémieu, où son père détient une étude de notaire. Très tôt, au prénom d’Eugénie se substitue le surnom de Ninon. Elle est encore petite fille lorsque son père achète une autre étude à Aigueperse. Quelques années plus tard, la famille déménage une nouvelle fois au Grand Serre, sur le plateau de Chambarand, entre l’Isère et la Drôme. Le notaire est très attentif à ses enfants, auxquels il fait découvrir les merveilles de la nature ainsi que l’astronomie. Alors qu’elle n’a pas encore dix ans, Ninon est mise en pension avec ses deux sœurs aînées à Saint-Laurent-en-Brionnais, au cœur de la campagne charolaise. Au pensionnat, la musique détient une place importante. Ninon y apprend le solfège avec une facilité déconcertante. Elle participe à tous les spectacles musicaux organisés par l’institution et elle chante seule pour la première fois en public à l’occasion de la messe de Noël 1896. Adolescente, Ninon s’investit de plus en plus dans la musique. A 16 ans, il s’agit déjà pour elle d’une véritable vocation. L’une de ses sœurs présentant elle aussi des dispositions musicales, elles se rendent toutes deux chaque semaine à Lyon par l’omnibus, accompagnée de leur mère, pour suivre des cours et préparer le Conservatoire. Admises au concours d’entrée, Ninon et sa sœur s’installent alors dans un appartement de la rue Sainte-Marie-des-Terreaux. La jeune fille a la chance d’avoir un excellent professeur de chant, madame Mauvernay qui, ayant décelé ses dons vocaux, la présente aux artistes et amateurs de musique qui fréquentent son salon, dont le docteur Locard et le chef d’orchestre Witkowski. Après trois ans de travail intensif, en juin 1906 Ninon Vallin remporte le premier prix du Conservatoire. Elle débute ensuite dans de petits rôles sur la scène de la nouvelle salle Rameau, et chante aussi des airs d’opéra dans certains salons de la bourgeoisie lyonnaise. A l’occasion d’un petit concert qu’elle donne dans le nord de l’Ardèche, à Annonay, elle rencontre le grand compositeur Vincent d’Indy, qui tombe sous le charme de sa voix pure de soprano. Au début de l’année 1907, munie des recommandations d’Indy et de Witkowski, la jeune chanteuse part tenter sa chance à Paris. Logeant dans une petite pension de famille avenue Marceau, elle suit des cours de déclamation lyrique. Elle est suivie par Meyriane Héglon-Leroux. Sa formation au conservatoire de Lyon ne facile pas son intégration dans le cercle musical assez fermé de la capitale. En 1909, elle chante dans l’oratorio « Ruiz et Booz » au théâtre de la Glacière à Bourgoin. Ninon est finalement engagée pour les concerts Colonne par Gabriel Pierné. Elle chante Weber, Schubert, Schuman. Grâce à Claude Debussy, elle se voit confier le rôle principal dans La Demoiselle élue. La première a lieu le 2 avril 1911. Ninon est également engagée au Châtelet pour être la doublure de Rose Féart dans le Martyre de Saint Sébastien du même Debussy. La chance est au rendez-vous : lors des répétitions, la diva, qui souffre d’un certain embonpoint, refuse tout net de monter sur la passerelle où elle doit chanter et quitte le théâtre profondément offensée. Ninon la remplace haut la main lors de la première du 22 mai 1911, malheureusement sans que les critiques s’aperçoivent du changement. Mais séduit par la voix de la jeune soliste, par la souplesse de son style et son intelligence du texte, Debussy lui dédie sa partition : « à celle qui fut si mélodieusement toutes les voix du Martyre de Saint Sébastien », et l’invite chez lui. Ses premiers succès permettent à Ninon de quitter la pension de famille pour s’installer dans un appartement confortable. Conquis par sa voix, le directeur de l’Opéra comique Albert Carré lui propose un contrat très engageant. Il lui conseille de se consacrer à l’opéra plutôt qu’à la mélodie ou à l’oratorio. Elle fait ainsi ses débuts à l’Opéra Comique le 14 octobre 1912, tenant le rôle de Micaëla dans Carmen, et triomphe en compagnie de Marthe Chenal qui tient le rôle principal. Elle chante ensuite Mignon, l’héroïne du Wilhelm Meister de Goethe, puis Mimi dans La vie de Bohême. Le public est conquis et les critiques sont très élogieuses. Puis Gustave Charpentier lui confie le rôle de Louise, la jeune ouvrière de son roman musical du même nom. C’est un nouveau triomphe pour Ninon, qui joue également Manon et Mélisande. La jeune chanteuse se livre entièrement dans chacune de ses interprétations. Ses grandes qualités vocales lui permettent de chanter dans des tessitures très différentes. En juillet 1913, Ninon Vallin épouse un jeune et élégant musicien et impresario italien originaire de Toscane. Durant quelques mois, elle le suit dans ses déplacements professionnels à travers l’Italie. A la suite de la déclaration de guerre, l’Opéra Comique est fermé. Le couple part alors pour l’étranger où Ninon se fait applaudir dans le répertoire français. D’Espagne, son pays de prédilection, Ninon part pour l’Amérique latine en 1916. Sur le transatlantique, elle fait la connaissance de Camille Saint-Saens. Pour sa première en Argentine, la cantatrice se produit au Teatro Colón à Buenos Aires dans Marguerite de Faust devant le président, les ministres et les personnalités du pays. Elle est encensée par le public et par les journaux. De retour en Europe, Ninon est confrontée à la maladie de son père qu’elle adore. Son époux est quant à lui mobilisé... et disparaît définitivement de sa vie. En 1917, l’artiste se produit à la Scala de Milan, où elle triomphe lors de la première de Marouf, comédie lyrique d’Henri Rabaud. Ce succès lui vaut d’être engagée par le directeur. Elle chante alors avec l’idole des Italiennes, Benjamino Gigli. A la fin du conflit mondial, la soprano donne un nouvel élan à sa carrière internationale. Elle chante ainsi à Oslo, à Budapest, à Vienne, à Ankara, au Caire, à New York, à Montevideo. En 1920, elle consacre une saison à la capitale française, où elle est acclamée le 27 mars au Palais Garnier dans le rôle de Thaïs, de Jules Massenet. Ninon quitte ensuite à nouveau la France pour parcourir le monde, se produisant la même année à Buenos Aires, à New York, à San Francisco, à Chicago puis à Milan, à Rome, à Londres et à Vienne. Le décès de son père tant aimé l’affecte profondément. C’est à cette époque qu’elle rencontre le compositeur Manuel de Falla. Fasciné par le côté espagnol du caractère de Ninon, qui est décrite comme dotée d’un grand sens de l’humour, franche, mais lunatique et explosive, Falla trouve en elle l’interprète idéale pour la Vie Brève et l’Amour sorcier. Les pérégrinations de la chanteuse la conduisent en 1921 en Roumanie, où elle chante devant la reine, puis en U.R.S.S., où elle est accueillie triomphalement par le public à Moscou, Kiev et Leningrad. En 1925, Albert Carré quitte l’Opéra Comique. La cantatrice ne convient pas au nouveau directeur. Dès lors, bien qu’ayant reçu cette même année le ruban de la Légion d’honneur, Ninon Vallin tourne le dos à la France, et son nom devient plus connu à l’étranger qu’en France. En Amérique du Sud, elle chante régulièrement jusqu’au milieu des années 1930 à Buenos Aires, à Rio de Janeiro et à Montevideo. Sa réputation est grandissante. A l’opéra de Buenos Aires, elle se produit aux côtés de Caruso, de Schipa, de Pertile et de Muzio. Ninon participe à la première française de Maria Egiziaca en 1934, ainsi qu’aux premières mondiales de Sorcière et de Cadeaux de Noël. En 1938, elle chante au palais de l’Élysée devant le roi George VI d’Angleterre. Sa prodigieuse carrière se construit également grâce aux 458 disques qu’elle enregistre entre 1913 et 1956. Elle est liée par contrat avec la société Pathé-Marconi. Mais la diva enregistre également pour Odéon à plusieurs reprises en 1928-1929. Ses allées et venues entre les deux maisons sont sans doute un jeu calculé, pour lui permettre d’enregistrer les airs qu’elle désire. La cantatrice se bat également durant des années pour obtenir des droits corrects sur ses enregistrements. En février-mars 1931, Ninon enregistre pour Columbia une intégrale de Werther avec le ténor Georges Thill. Au cours des enregistrements, les relations entre les deux artistes sont houleuses. Et en 1935, lorsque Columbia souhaite réaliser un nouvel enregistrement avec eux, Ninon se brouille définitivement avec le ténor et quitte les séances d’enregistrement. Columbia doit alors faire appel à Bernadette Delprat pour tenter de sauver le projet. La seconde guerre mondiale met fin provisoirement aux tournées internationales de l’artiste. Ninon se replie dans sa propriété « la Sauvagère », à Millery, qu’elle a achetée en 1926. Elle se produit cependant à Lyon, particulièrement dans le rôle de Carmen. Dès 1945, elle reprend ses déplacements. Le 9 juin, elle est en concert aux Champs-Élysées avec Reynaldo Hahn avant de repartir pour l’étranger. En 1949, elle chante la Damnation de Faust au Châtelet... puis part en tournée en Australie. Le 14 mai 1950, elle triomphe à La Haye avec Liliane Cellérier. L’année suivante, elle tient son premier récital dans le théâtre de verdure qu’elle a fait aménager à « la Sauvagère ». Elle retourne ensuite en Amérique du Sud, où elle crée en 1953 le conservatoire de Montevideo, dont elle devient l’un des professeurs de chant. A l’aube de ses 70 ans, elle se produit encore à Rio, à Buenos Aires et à Montevideo. Et le 5 mars 1955, elle chante pour la télévision française la Joie de vivre avec Henri Spade. Ninon Vallin met officiellement fin à sa carrière en août 1957, en se produisant pour la dernière fois à Cannes et à Deauville après avoir donné le 28 juillet un ultime récital dans l’immense parc de « La Sauvagère ». Elle consacre ses dernières années à la formation de jeunes chanteurs comme professeur au conservatoire de Lyon. La cantatrice décède le 22 novembre 1961 des suites d’une congestion cérébrale, à l’âge de 75 ans.

VALOIS (Alfred-Georges gressent, dit Georges), 1878-1945 : Né en 1878 dans une famille modeste et attachée aux traditions républicaines, élevé par ses grands-parents, Valois travailles dès l’âge de seize ans comme employé de deux journaux cléricaux, La France nouvelle et L’Observateur français. Devenu ouvrier du Livre, il est attiré par l’anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire. Il lit alors Proudhon, Nietzsche, Sorel, et rencontre ce dernier qui l’influence profondément. Le service militaire va le conduire à se détacher de l’anarchisme et à lui révéler les vertus du principe d’autorité pour lequel il se découvre une profonde admiration. Un voyage en Russie dans une famille de haute noblesse où il exerce des fonctions de précepteur finit de le convaincre du bienfait des hiérarchies. Lorsqu’il revient en France où il se marie, il est devenu un thuriféraire de la tradition, de la hiérarchie, de l’autorité. Il adhère tout naturellement à L’Action française, publie en 1907 l’Homme qui vient, où il expose des idées autoritaires tout en, s’inspirant de Proudhon, de Nietzsche et de Sorel, tenant ainsi une synthèse entre l’autorité et le syndicalisme révolutionnaire. Si Maurras reste sceptique face aux idées de Valois, il est intéressé par la percée dans le milieu ouvrier que pourraient permettre ses thèses. Aussi lui procure-t-il un poste de responsabilités dans la maison d’édition de son mouvement, la Nouvelle Librairie nationale, et le laisse-t-il créer les « cercles Proudhon » dont il entend faire un lieu de rencontre entre les intellectuels nationalistes et les milieux syndicalistes. En même temps, il publie une série d’ouvrages dans lesquels il développe ses idées traditionalistes, nationalistes et paternalistes. Mobilisé en 1914, Valois fait la guerre comme officier d’infanterie, blessé et décoré à plusieurs reprises. Au lendemain du conflit se fait jour chez lui la prise de conscience de l’inaptitude des réactionnaires de l’Action française à répondre aux aspirations du monde ouvrier. Il est alors passionné par l’expérience du fascisme italien dans lequel il voit la réalisation des idées défendues par la branche sociale du nationalisme français et que le mouvement maurrassien lui semble incapable de promouvoir. Sans rompre avec l’Action française, Valois va alors développer des entreprises autonomes. En 1920, il crée la Confédération de l’intelligence et de la production françaises qui prône une organisation corporatiste de l’économie. En 1922, il réunit dans le même but des « Etats généraux de la production française ». Enfin, en 1925, il fonde l’hebdomadaire Le Nouveau siècle d’orientation clairement fascisante qui sera l’occasion de sa rupture avec l’Action française. Parallèlement, il lance un mouvement lié à l’hebdomadaire en créant, en avril 1925, les Légions, organisations paramilitaires encadrées par Marcel Bucard, puis en novembre de la même année, le premier mouvement fasciste français, Le Faisceau, dont l’existence sera brève (il disparaît au printemps 1928), ses commanditaires des milieux d’affaire l’abandonnant lorsqu’ils prennent conscience que Valois est sérieusement attaché à la dimension sociale de son mouvement. Dès lors, Valois évolue dans une toute autre direction. Depuis 1927, il établit des contacts avec les jeunes journalistes radicaux du Rappel et de La Volonté et réfléchit avec aux au moyen de doter la France de l’après-guerre d’institutions nouvelles plus adaptées à l’époque. La maison d’édition qu’il crée, la Librairie Valois, va se faire l’éditeur des « Jeunes équipes » publiant revues et collections qui témoignent du bouillonnement intellectuel de la fin des années 1920 et des années 1930. Dans l’ouvrage qu’il publie en 1928, L’Homme contre l’argent, et où il fait le bilan de son expérience politique, Valois répudie son engagement à droite. Il fonde alors un parti républicain syndicaliste, qui ne dépassera pas la stade du groupuscule et plaide dans divers ouvrages qu’il publie dans sa maison d’édition, Un nouvel âge de l’humanité (1929), Technique de la révolution syndicale (1929), pour une République syndicaliste, rejetant désormais clairement le fascisme. Il meurt en déportation en 1945 au camp de Bergen-Belsen.

VALTON (Charles), 1851-1918 : Sculpteur. Né à Pau (Basses-yrénées), Charles Valton est considéré comme un animalier des plus considérables, continuateur des Barye et des Frémiet. Ses principales œuvres sont Lionne et se teits (1875) ; Chiens de Sant-Bernard (1881, musée de Pau) ; Lion se léchant la patte (1883, musée d’Oran) ; Tigre et tigresse (1885) ; Lionne blessée (1888) ; Loup sur une piste (1895) ; Ours blanc et mammouth ; Sous l’œil du dompteur, Groupes de lions et de lionnes (1900), Famille de mouflons à manchettes (1908) ; La première proie (1910 ; Lion au repos (1914). Il meurt à Chinon (Indre-et-Loire) en 1918.

VALUDE (), Médecin et ophtamologiste. Né à Vierzon (Cher) en 1857, Valude est chef de clinique de Panas de 1886 à 1889, il devient en 1888, médecin des Quinze-Vingts. Il est nommé président de la Société d’ophtamologie de Paris en 1900. Il collaboré au traité des maladies de l’enfance de Grancher, devient directeur des Annales d’Oculistique, et dirige avec Lagrange l’ouvrage le plus considérable qui ait été entrepris en France sur l’uculistique ; l’Encyclopédie d’Ophtalmologie en 9 volumes. Il meurt à Paris en 1930.

VANDAL (Albert), 1853-1910: Historien. Né à Paris en 1853, Albert Vandal est le fils de l’ancien directeur général des Postes sous l’Empire. Après avoir passé son doctorat en droit et entré au Conseil d’Etat, il se fait connaître dès 1876 par un récit de voyage, intitulé : En karriole à travers la Suède et la Norvège. Ce livre est suivi d’un important ouvrage historique : Louis XV et Elisabeth de Russie (1882), puis du Pacha Bonneval (1885), et d’une Ambassade françase en Orient sous Louis XV (1887) qui relate la mission du marquis de Villeneuve. Vient ensuite une œuvre plus considérable : Napoléon et Alexandre 1er , qui vaut deux fois à on auteur le grand prix Gobert, et où Vandal a étudié comme se forme l’alliance franco-russe, et comment elle vient à s’altérer et à se dissoudre. A ce grand ouvrage, qui lui ouvre les portes de l’Académie française en 1897, Albert Vandal ajoute : les Voyages du marquis de Nointel en 1901, puis un livre d’une grande importance : l’Avènement de Bonaparte (2ème volume), en 1902. Vandal, professeur à l’Ecole des sciences politiques, s’est placé au premier rang des historiens français par la sûreté de ses recherches et la hauteur de ses vues. Il meurt à Paris en 1910.

VANDÉREM (Fernand Vanderheym, dit Fernand), 1864- Littérateur. Né à Paris en 1864, Fernand Vandérem est d’abord chroniqueur en collaborant à la Revue Bleue, au Journal à l’Echo de Paris, au Gil Blas, au Figaro, à la Revue de Paris, à Candide, etc. Comme romancier et critique, il adonné : la Patronne en 1891 ; la Cendre en 1894 ; Charlie en 1895 ; le Chemin de velours, conte en 1895 ; les Deux Rives en 1897 celle de ses œuvres qui a eu le plus de succès ; la Victime en 1907 ; Gens d’a-présent en 1912-1914 ; Baudelaire et Sainte-Beuve en 1917 ; le Miroir des lettres, recueil de ses articles en 1918-1927 ; la Littérature notes et maximes (1927). Critique combatif, il a souvent écrit pour maintenir l’indépendance des lettres en face de la politique, de l’université, des philosophes. Au théâtre, il a fait représenter : le Calice en 1898 ; la Pente douce en 1901 ; les Fresnay (1908) ; Cher maître (1911) ; la Victime (avec Franc-Nohain) en 1914.

VAN TIEGHEM (), 1839-1914 : Botaniste. Né à Bailleul (Nord) en 1839, Van Tieghem est maître de conférence à l’Ecole normale et professeur de biologie à l’Ecole centrale, il est nommé en 1879, professeur de botanique au Muséum et, en 1900, à l’Iinstitut national agronomique pus il devient en 1877 secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. L’œuvre de ce savant est cobsidérable : il a donné l’anatomie végétale une précision jusque-là inconnue. Il a produt, en particulier, des études très savantes sur les myxomycètes, les ascomycètes, les bactéries et les fermentations, etc. Van Tieghem a proposé une classification nouvelle du règne végétal, et établi des divisions, parmi lesquels il faut citer : Recherches sur la structure du pistil et sur l’anatomie comparée de la fleur (1871) ; Recherches sur la symétrie botanique (1885-1888) ; traité de botanique (1884 ; 2ème édition augmentée, 1890) ; Recherches comparatives sur l’origne des membres endogènes dans les plantes vasculaires (1889) ; Recherches sur les phanérogames (1897), etc. Il décède à Paris en 1914.

VAPEREAU (Louis-Gustave), 1819-1906 : Littérateur .

VARENNE (Alexandre),

VARENNE (Francisque), 1874-1971 : Préfet honoraire et homme politique. Cousin d’Alexandre Varenne, ancien gouverneur d’Indochine et fondateur du nouveau quotidien La Montagne de Clermont-Ferrand dont il fut administreur, Francique Varenne est maire de Ravel (Puy-de-Dôme) puis chef de cabinet de Georges Mandel, ministre de l’Intérieur auquel il a consacré un livre Mon patron, Georges Mandel.
VARNEY (Louis), 1844- Compositeur.
VASSEUR (Léon), 1844-1917 : Compositeur. Né à Bapaume en 1844, Léon Vasseur est élève de l’école Niedermeyer, organiste à la cathédrale de Versailles en 1876, puis chef d’orchestre aux Folies-Bergères en 1882. Il a composé divers morceaux pour l’orgue, des fantaisies pour le piano, et il a publié une Méthode d’orgue-armonium. On lui doit de nombreuses opérettes, entre autres : la Timbale d’argent (1872), le Roi d’Yvetot (1873), la Cruche cassée (1875). Une de ses plus heureuses partitions est la Sorrentine (1886). On lui doit aussi le Droit du seigneur (1878), Madame Cartouche (1886), le Voyage de Suzette (1890), le Pays de l’or (1892), Au chat qui pelote (1897), Dans la plume (1898), etc. Il meurt à Paris en 1917.

VAUGEOIS (Henri), 1864-1916 : était un militant nationaliste français et le cofondateur de la Revue d'Action française (1899) avec Maurice Pujo. Henri Vaugeois était d'abord un professeur de philosophie de centre gauche, républicain (d'ailleurs descendant d'un conventionnel régicide). Il appartient à une cercle d'intellectuels de gauche, l'"Union pour l'action morale", qui prit parti pour la défense du capitaine Dreyfus. À ce moment, par réaction nationaliste, Henri Vaugeois et Maurice Pujo quittèrent ce cercle pour fonder, le 8 avril 1898, le premier Comité d'Action française qui deviendra l'Action française.Charles Maurras adhéra à ce mouvement et convertit ses membres à l'idée monarchique. En 1908, la Revue d'Action française (mensuelle) change de nom pour L'Action française et devient un quotidien (sous la direction de Maurras. Vaugeois continua de contribuer à l'organe du "nationalisme intégral" et, dans la lignée germanophobe et revancharde du mouvement monarchiste, il dénonça le criticisme de Kant et le gain de popularité de la pensée allemande en France. À ce courant il oppose une morale chrétienne et traditionnaliste. Plusieurs de ses écrits ont été publiés de façon postuhume par ses confrères de l'AF. L'Action française, conférence du 20 juin 1899, Paris, Bureaux de l’Action française, 1899. Au Conseil supérieur de l'instruction publique, 21 décembre 1900, Paris, Bureaux de l’Action française, 1901. Un français chez le duc d’Orléans. (M. Vaugeois à Carlsruhe. Déclaration, discours de Mr le duc d’Orléans. La charte de San Remo. Maximes politiques du comte de Paris. Interview chez le comte de Lur-Saluces), Paris, Publications de la Gazette de France, 1901. Le Banquet de ″l'Étape″, 7 juillet 1902. Discours de MM. Henri Vaugeois et Paul Bourget. Lettre du Cte Eugène de Lur-Saluces (hommage au roman L’Étape de Paul Bourget), Paris, Bureaux de l’Action française, 1902. Un français chez le duc d’Orléans. (M. Vaugeois à Carlsruhe. Déclaration, discours de Mr le duc d’Orléans. La charte de San Remo. Maximes politiques du comte de Paris. Interview chez le comte de Lur-Saluces), Paris, Publications de la Gazette de France, 1901. (et Eugène de Lur-Saluces, Firmin Bacconnier, Ferdinand Beau), Ligue d'Action française, section de l'Orne. Grande réunion privée, donnée à Alençon, le 21 octobre 1906. Allocution de M. Ferdinand Beau, discours de MM. le Cte E. de Lur-Saluces, Bacconnier et Vaugeois, Alençon, Imprimerie alençonnaise, 1906. Notre Pays. Figures de France. Voyages d’Action française. Le temps de la guerre, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1916. La morale de Kant dans l’université de France, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1917. L'interrègne, 1793-19… La Fin de l'erreur française. Du nationalisme républicain au nationalisme intégral, Paris, Librairie de l’Action française, 1928.

VENDEL (Henri), 1892-1949 : Né à Almenèches (Orne), le 9 mai 1892, Henri Vendel est d’origine rurale. Il commence ses études dans les établissements catholiques. De 1910 à 1912, il fait une licence de lettres à l’université catholique de Paris. Il entre à l’Ecole des Chartes après la Première Guerre mondiale, de laquelle il reviendra gazé. En 1921, il est nommé conservateur de la bibliothèque municipale et des musées de Châlons-sur-Marne qu’il va considérablement développer. Dès 1932, il cherche a donner une place à la lecture enfantine dans la bibliothèque et en 1938, il y ouvre une salle pour enfant et organise des dépôts de livres dans les écoles. En 1930, il conçoit un projet de bibliothèque circulante. Sa réalisation qui va représenter la première bibliothèque itinérante est encouragée officiellement par le sous-secrétarait d’Etat aux loisirs de Léo Lagrange. Pour Henri Vendel en effet, la lecture en milieu rural est le point cardinal de la démocratisation des bibilothèques. Ce bibliobus dont les premières tournées commenceront en 1938, deviendra en 1943 départemental. Entre temps, il participe en 1936, à la fondation de l’Association pour le développement de la lecture publique dont il deviendra vice-président. De 1938 à 1940, il est président de l’Association des bibliothécaires français. En 1945, il sera nommé inspecteur général des bibliothèques et de la lecture publique. Partisan résolu de l’accès libre, il aura le souci d’améliorer les conditions d’emploi du personnel des bibliothèques ainsi que leur formation, et de favoriser des installations novatrices. Elle décède à Saint-Gratien (Oise), le 28 février 1949.

ORY (P.) : La belle illusion, Paris, Plon, 1994.
VENDREDI : hebdomadaire littéraire, politique et satirique, né d'une réaction d'intellectuels de gauche (André Chamson, Andrée Viollis, Jean Guéhenno,É) au 6 février 34. C'est l'hebdomadaire du Front populaire. Son premier numéro sort le 8 novembre 1935 et il meurt avec le Front populaire, en novembre 1938.
VÉRINE (Madame), 1883-1959 : Marguerite Gourgey est née en 1883 d’un père médecin de la banlieue pauvre d’Ivry, ouvert aux questions sociales. En 1904, elle épouse Emile Lebrun, médecin légiste dont elle aura plusieurs enfants. Ecrivain, chantre de l’amour, elle prend le nom de Vérine et devient critique littéraire au Figaro. En 1927, active et connue dans les milieux catholiques, elle milite à l’Union féminine civique sociale (UFCS). Avec Mme G. Jean Camus, qui deviendra sa fidèle collaboratrice, elles suivent assidûment les travaux de la commission de l’UFCS « Moralité publique ». Toutes deux, proposent à Andrée Buttillard d’instituer un enseignement médico-pédagogique pour éveiller les femmes à leur rôle de mère. Andrée Butillard invite Madame Vérine à fonder une école et à en établir un programme. Disciple de Rousseau et de Montessori, intéressée par l’éducation nouvelle, Madame Vérine publie en 1928 La mère initiatrice. Elle fait une conférence sur l’éducation sexuelle pour un comité d’études qui se réunit dans une salle de la Cour de Cassation. C’est à cette occasion qu’elle évoque l’idée, déjà vivante aux Etats-Unis, d’une « école des parents ». Le 2 janvier 1929, les premiers cours de l’école des parents commencent rue de Vaugirard. En 1930, L’Ecole des parents « école mutuelle d’éducateurs » prend son autonomie à Paris, d’autres associations se créent en province. Madame Vérine publie cette même année, un ouvrage L’enfance. D’autres ouvrages pédagogiques suivront et connaîtront un grand retentissement. Madame Vérine évolue dans la grande bourgeoisie catholique parisienne qu’elle séduit par ses idées novatrices sur l’éducation. Mais elle a également le souci de laisser venir à elle des personnalités israélites et protestantes. On retrouve à l’école des parents des premières années des éducateurs déjà engagés dans les Eclaireurs-de-France comme Georges Bertier, Louis François ou Jacques Guérin-Desjardins des Eclaireurs unionistes. En 1934, elle met sur pied le diplôme d’éducatrices familiales. Les cours ont lieu au Musée social. L’Ecole des parents connaît des dissensions internes au moment du Front populaire et de la guerre d’Espagne. L’association est alors en veilleuse.

ROLLET (H.) : Andrée Butillard et le féminisme chrétien, Paris, Spes, 1960.

VERGEAT (Marcel), 1891-1920 : Syndicaliste. Né à Saint-Étienne en 1891, Marcel Vergeat est fils de commerçants modestes. Il est ouvrier mécanicien notamment dans les usines d’automobiles. Très jeune, il fréquente le Foyer populaire de Belleville et les milieux anarchistes. Au cours d’une manifestation commémorative de la Commune en 1910, il est arrêté. Peu à peu, il s’engage davantage dans la lutte ouvrière : en 1912, il est à la fois trésorier de la Jeunesse révolutionnaire de la Seine et secrétaire de la Jeunesse syndicaliste des métaux. Il collabore également au Cri des jeunes syndicalistes. Cette feuille cessa de paraître en 1914. Réformé, Vergeat n’est pas mobilisé. La guerre qui avait bouleversé tous les partis, accentuait les divisions au sein de la CGT, les organisations ouvrières se désagrègent. Depuis plus d’un an, retiré de l’action militante, Vergeat ressuscita les formations des jeunes syndicalistes et d’intéressa au Comité d’action international, organisation pacifiste qui done naissance au Comité pour la Reprise des Relations Internationales. Il régide, en 1916, le manifeste des Jeunesses Syndicalistes dans lequel celles-ci se rallient au programme pacifiste de Klenthal et de Zimmerwald. Il adhéra au Comité de défense syndicaliste et contribue à la renaissance des syndicats minoritaires. C’est comme délégué de ces derniers qu’il se rend à Moscou en 1920. Il disparaît au large des côtes russes. O ne devait jamais le revoir.

VERGNE (Louis) 1890-1991 : Louis Vergne est né le 20 juin 1890 à Crocq, dans le département de la Creuse. Il est le troisième enfant de la famille, après Marie, l’aînée, et son frère Gabriel. Il a ensuite une sœur cadette, prénommée Marguerite. Ses parents sont de petits agriculteurs. Sur une propriété de sept hectares, ils pratiquent la polyculture et l’élevage de vaches à lait. C’est dans ce milieu profondément rural qu’il grandit. Jusqu’à l’âge de 8 ans, il est scolarisé à l’école du village. Il part ensuite poursuivre ses études au petit séminaire de Felletin, puis à l’institution Notre-Dame de Guéret. C’est là qu’il passe son baccalauréat de lettres (latin et grec), obtenu avec la mention "assez bien". En 1909, il s’inscrit à l’école de commerce de Nancy. Conscrit de la classe 1910, il est appelé sous les drapeaux en 1911. C’est au 37e R.I. de Nancy qu’il effectue son service militaire, ce qui n’a rien de surprenant, étant donné son lieu de résidence de l’époque (s’il était resté à Crocq, il aurait sans aucun doute rejoint le 78e R.I. de Guéret). En 1914, il est sergent et s’apprête à retourner à la vie civile, lorsque l’imminence d’une guerre fait basculer son destin. Il est en convalescence dans la Creuse vers la fin du mois de juillet mais, presque guéri, il décide de rejoindre son régiment lorsque les bruits de mobilisation se font plus insistants. Il est donc de retour à la caserne lorsque la guerre est déclarée. Comme tous les corps de troupe des 20e et 21e C.A., le 37e R.I. est l’un des meilleurs régiments d’infanterie de l’armée française. Dès que la certitude d’un conflit avec l’Allemagne est acquise, il doit se positionner face à la frontière pour couvrir le débarquement, la concentration puis le déploiement des corps d’armée affectés au front de Lorraine. Le cas échéant, c’est lui qui devra subir le premier choc d’une opération ennemie précoce... Après trois années de préparation, le sergent Vergne, comme tous ses camarades, est au mieux de ses capacités militaires. Le 37e R.I. appartient au 20e C.A., commandé par un chef déjà célèbre : le général Foch. Lorsque la campagne commencera, il devra franchir la frontière pour participer à une puissante offensive en Lorraine allemande. Sa division, la 11e D.I., est surnommée la "Division de Fer", ce qui en dit long sur sa valeur. Les opérations de couverture se sont déroulées dans les meilleures conditions possibles, comme à la manœuvre. Le 11 août, le 20e C.A. quitte ses positions en avant de Nancy pour se rapprocher de la Seille et de la frontière. L’heure de l’offensive est proche. Ce jour-là pourtant, alors qu’aucune véritable bataille n’est engagée, Louis Vergne est blessé au cours d’un tir d’artillerie allemand. Il est évacué sur la Gironde. Il n’est pas exagéré de penser que cette première blessure lui a sauvé la vie. Le 14 août en effet, son régiment participe à l’offensive générale de la 2e Armée. Après des débuts encourageants, cette vaste marche en avant est brutalement stoppée. La bataille de Morhange, à laquelle participe le 37e R.I. est une sanglante désillusion. La fine fleur de l’armée française, battue, doit se replier sur ses positions de couverture, laissant sur le terrain plusieurs milliers de morts. Le sergent Vergne revient sur le front en octobre, plusieurs semaines après que la bataille de la Marne eut mis un terme aux espoirs allemands d’une victoire rapide. Il est alors titulaire du brevet de chef de section, obtenu au dépôt du régiment (replié à Troyes). Les premières batailles ont causé de réelles hécatombes dans les rangs des officiers subalternes. Les sous-officiers les plus capables sont rapidement instruits puis brevetés pour prendre leur place. En octobre 1914, les deux adversaires se livrent une lutte aussi confuse qu’acharnée autour d’Arras et dans les Flandres. Louis Vergne rejoint son nouveau régiment (le 237e R.I., régiment de réserve du 37e) sur les pentes de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, ancien lieu de pèlerinage devenu un bourbier meurtrier. Il y passe l’automne et l’hiver 1914-15, dans des conditions effroyables. Il est nommé sous-lieutenant et retiré du front en avril 1915. Renvoyé à Troyes au dépôt commun des régiments de Nancy, il est chargé d’instruire les recrues de la classe 1916. De retour au front en octobre suivant, il est affecté à un autre régiment lorrain, le 79e R.I. Après l’Artois, il découvre le front de Champagne, avant d’être dirigé sur un secteur tranquille de Lorraine. Le séisme du 21 février 1916 met un terme à cette relative quiétude. Très vite, le 79e R.I. doit à son tour être dirigé sur Verdun pour y participer à l’endiguement de l’offensive allemande. Il est employé dans le secteur du Mort-Homme et de la cote 304. C’est là que le 10 avril Louis Vergne est à nouveau blessé à une jambe, gravement cette fois-ci. Après une deuxième période de convalescence, il retrouve son régiment en novembre. Commence alors une vie sans horizon. Sa blessure étant trop grave pour lui permettre de reprendre un service actif, il est condamné à passer le reste de la guerre au dépôt régimentaire. Cette perspective ne l’enchante guère aussi, à la première occasion, se porte-t-il volontaire pour l’artillerie spéciale. En prévision de la future grande offensive de printemps, l’armée française met sur pied une force blindée, dont le général Estienne est l’ardent promoteur. Affecté au 15e groupe du groupement de chars Schneider du commandant Lefèvre, le lieutenant Vergne devient l’un des pionniers de l’arme mécanique. Les mois qui suivent sont consacrés à l’entraînement et aux améliorations techniques, à Cercottes puis au camp de Champlieu, près de Compiègne. L’ancien fantassin se révèle un fin conducteur. Il teste les nouveaux matériels et assure les démonstrations dynamiques lors des visites de personnalités. Mais si le fait de participer activement à la naissance d’une nouvelle arme est exaltant, l’absence d’action est toujours pesante. Le 15 septembre 1917, il assure la réception des premiers chars d’un nouveau modèle livrés à Champlieu : le futur Renault F.T. 17. À la tête de sa section (la 1re section de la 301e compagnie de chars légers, du 1er B.C.L.), il expérimente l’engin et s’exerce à son emploi sur le champ de bataille. Responsable de la manœuvre de démonstration organisée lors de la visite de Clemenceau à Champlieu, il est pour beaucoup dans l’adoption officielle de celui qui sera bientôt surnommé "le char de la Victoire". À la suite des offensives allemandes de mars et mai 1918, les chars légers doivent être lancés dans la mêlée. Le 3 juin, le lieutenant Vergne commande la charge épique des F.T. 17 de la 301e sur la ferme de Vertefeuille (dans l’Aisne, au nord-est de la forêt de Villers-Cotterêts). Ce combat est depuis entré dans la légende de l’arme blindée française ; il constitue le plus beau fait d’armes de Louis Vergne. Il y a fait 140 prisonniers, détruit deux bataillons et gagné sa croix de chevalier de la Légion d’Honneur. Les combats acharnées du printemps et de l’été sont suivis d’une période d’instruction près de Fontainebleau. C’est de là que la 301e compagnie de chars légers part, en octobre, pour sa dernière campagne. Elle est envoyée en Belgique où, sur un terrain difficile et face à un ennemi tenace, elle subit de très lourdes pertes en hommes et en matériel. Le retour à la vie de garnison (à Senlis) qui suit l’armistice est interrompu en juin 1919 par l’envoi du 1er B.C.L. dans les Balkans. L’armée française y assure une délicate mission de maintien de l’ordre dans les anciennes provinces de l’empire austro-hongrois et en Roumanie. Du Danube à Constantinople, Louis Vergne passe dix mois dans cette région. À partir du mois de mai 1920 commence une longue et monotone période de vie de garnison à Tours, Versailles puis Béziers. Il fait alors (déjà) figure de vétéran des chars d’assaut et ses grandes compétences en matière d’emploi tactique des blindés, ou de technique, sont précieuses. Le 10 décembre 1926, il est fait officier de la Légion d’Honneur. En 1929 toutefois, il abandonne les armes combattantes pour rejoindre le service de l’Intendance, dans lequel il terminera sa carrière militaire. En 1939, il est affecté à Clermont-Ferrand. Il est alors détaché auprès du ministère de l’Air et chargé de créer le magasin général d’habillement de l’Air. Celui-ci se distingue notamment par un atelier de coupe remarquable. Après la défaite, il est nommé intendant de l’habillement et des subsistances pour Clermont-Ferrand et sa région. L’invasion allemande de la zone libre transforme cette fonction pacifique en un poste de première importance. L’intendant militaire Vergne s’efforce par tous les moyens de camoufler des quantités considérables de vivres et de matériels. Pour la seule année 1943, son action se résume à trois chiffres : 50 tonnes de nourriture, 40.000 paires de chaussures et 36 wagons de tissu ont pu être sauvés grâce à lui. Soupçonné, il est arrêté par la Gestapo et emprisonné à la prison militaire de la rue Pélissier. Cette mésaventure ne lui fait pas changer de cap. En 1944, il continue à verser clandestinement la paye des officiers et sous-officiers de sa circonscription passés dans le maquis et à faire parvenir du ravitaillement à certains groupes F.F.I. Le 23 août 1944, il n’hésite pas à faire pression en personne sur les autorités allemandes pour éviter que les approvisionnements ne soient détruits au moment de la retraite. Il obtient de son homologue l’intendant Schafft l’assurance que les dynamitages n’auraient pas lieu. Une fois Clermont et sa région libérées, ces vivres sont distribués à la population civile et le matériel sert à équiper les groupes F.F.I. d’Auvergne. Après la guerre, en reconnaissance de sa carrière mais également de la part prise dans le camouflage puis le sauvetage des approvisionnements de Clermont-Ferrand, il est nommé intendant général et prend le commandement du service de l’intendance de la 13e Région. Admis à faire valoir ses droits à la retraite, il quitte le service actif le 16 avril 1946, pour entamer une seconde carrière professionnelle dans le civil et prendre la direction du service du matériel d’une importante entreprise de travaux publics. Quelques années plus tard, il crée une fabrique de parpaings de pouzzolane. Partageant désormais son temps entre Clermont-Ferrand, où il réside, et Crocq, il est élu conseiller municipal de son village natal le 10 mai 1953 et conserve cette charge élective jusqu’en mars 1965. Le 21 novembre 1958, il est fait commandeur de la Légion d’Honneur. Parallèlement à ces activités professionnelles et publiques, il s’implique beaucoup dans la vie associative de sa région, notamment au sein de l’association des anciens élèves de l’école Notre-Dame de Guéret et auprès des officiers de réserve de l’Intendance de la région Centre. À partir de la fin des années soixante, une grave maladie de la rétine, qui entraîne une importante baisse de la vue, le contraint à cesser progressivement ses activités. Installé à Clamart en 1980, il passe pourtant ses derniers jours à Crocq, où il décède le 31 mars 1991. Il y repose dans son caveau familial.

VÉRINE (Victorine), 1892-1985 : Née le 18 septembre 1892 à Antibes (Alpes-Maritimes), Victorine Vérine est la fille de Lazare Vérine, commerçant, et de Juliette Vassaux, tous deux protestants. Victorine Vérine quitte Antibes pour venir travailler dans l’Aisne auprès de sa cousine Thérèse Mertillo, infirmière, infirmière diplômée de l’école Florence Nightingale de Bordeaux. Elle est engagée, en 1919, par le comité américain pour les régions dévastées (CARD) fondé par deux américaines Anne Morgan et Anne Murray-Dike. De 1917 à 1924, pour la CARD de France, Victorine Vérine ouvre des bibliothèques. La première est une bibliothèque pour enfants dans un centre d’hébergement à Boullay-Thierry, en 1917. Un personnel français formé manque pour animer ces bibliothèques. Des bibliothécaires américaines viennent former des bibliothécaires français. Victorine Vérine suit ces cours en 1923. Elle travaille d’abord à Anisy-le-Château puis à Blérancourt enfin à la bibliothèque de Soissons. Elle commence à organiser des centres de distribution des livres dans les petits villages : les bibliothèques circulantes. En 1931, au congrès de la lecture publique à Alger, elle présente un rapport sur les bibliothèques circulantes de l’Aisne. En 1933, elle inaugure avec Henri Vendel, un bibliobus qui lui permet de circuler dans toute la région. En 1936, elle est membre du conseil de l’Association pour le développement de la lecture publique (ADLP). En 1937, elle ouvre à Soissons une bibliothèque pour enfants dans le grenier de la bibliothèque municipale. Jusqu’à la fin de sa vie, elle est active dans les bibliothèques de l’Aisne. Elle décède le 6 mai 1985 à Antibes.

VERLAINE (Paul), 1844-1896 : VERNE (Jules), 1828-1905 :
VÉRONE (Maria), 1874-1938 : Féministe. Née à Paris le 20 juin 1874, Maria Vérone est issue d’une famille de parents militants de la libre-pensée. La mort de son père l’oblige à renoncer au professorat de mathématiques, elle gagne d’abord sa vie en confectionnant des parures féminines. En 1889, à quinze ans, elle est secrétaire du congrès international de la Libre-pensée. En 1894 elle est institutrice. Après trois ans d’activité, elle est révoquée alors qu’elle a deux enfants à charge, pour avoir plaidé la laïcité lors d’une conférence. Elle travaille alors dans un petit théâtre comme choriste. De 1897 à 1900, elle écrit dans La Fronde de Marguerite Durand où elle rédige la chronique juridique sous le nom de Thémis. Elle adhère en 1900 à la Ligue du droit des femmes dont elle devient secrétaire générale puis présidente en 1919 jusqu’à sa mort en 1938. Comme journaliste, elle inaugure l’accès des femmes aux délibérations du Conseil général de la Seine. En 1902, elle provoque un incident au congrès de la Ligue de l’enseignement pour obtenir la désignantion d’une femme, mais B. Schweig, seule candidate n’est pas élue. Elle est l’amie de Blanche Edwards-Pilliet, une des premières femmes internes en médecine. En 1904, elle est secrétaire générale de la Ligue française pour le droit des femmes (LFDF). Tout en continuant à enseigner, elle passe son baccalauréat et entreprend des études de droit. Avocate, elle est en 1908, la première femme à plaider en Cour d’assises. En 1908, elle épouse en secondes noces, un confrère, G. Lhermitte, qui lui succèdera après sa mort, à la vice présidence de la LFDF. En 1909, elle fait adopter par la ligue des droits de l’homme le principe de l’égalité des droits politiques des deux sexes. Soucieuse de l’enfance coupable, elle participe à la création des tribunaux pour enfants et en 1914, elle est membre de la commission extraparlementaire pour la rédaction du code de l’enfance. A partir de 1916, dès sa création, elle participe, avec Jules Siegfried à la Section d’études féminines du Musée social où elle entame un travail sur l’incapacité civile de la femme mariée. Elle dirige à partir de 1919 et jusqu’à sa mort le journal Le Droit des femmes. En 1919, elle fait partie d’un groupe d’intellectuels socialistes en rupture avec la SFIO, partisans d’un travaillisme à la française et qui créent le nouveau Parti socialiste français. Elle est de toutes les manifestations suffragistes et pacifistes de la LFDF. En 1934, elle participe au Comité de défense du travail féminin. A la veille de sa mort, elle est au comité d’honneur de la conférence internationale des femmes pour la défense de la paix, de la liberté et de la démocratie. Elle décède à Paris le 23 mai 1938.

VERSAILLES (Traité de) :

MIQUEL (P.) : La paix de Versailles et l’opinion publique française, Paris, Flammarion, 1972.

VEUILLOT (Eugène), 1818-1905 : Journaliste. Né en 1818, Eugène est le frère de Louis Veuillot qui lui confie, au journal L’Univers, les rubriques de politique intérieure et de politique extérieure. A la mort de ce dernier, Eugène Veuillot prend la direction du journal et y défend le Ralliement (à la République) demandé par le pape Léon XIII, avec autant de passion que son frère avait défendu l’ultramontisme. Sa sœur, Élise Veuillot, qui l’entend autrement, se brouille alors avec lui et fonde, en 1893, avec Auguste Roussel et Arthur Loth, un nouveau journal catholique et monarchiste : La Vérité, devenue en 1900, La Vérité française.

VEUILLOT (François), 1870-1952 : Journaliste. Fils de Eugène Veuillot, François rentre très vite à L’Univers et il en devient le principal animateur après la mort de son père. Il est le co-directeur du journal après l’absorption de La Vérité française par celui-ci. Il se proclamait alors « catholique intégral ». Dans son journal, il a ainsi définit « catholicisme intégral » : « L’expression est aujourd’hui fort usitée ; elle répond à un besoin… Elle a jailli spontanément de la clairvoyance alarmée des plus convaincus. Ils ont discerné que le pire fléau de notre temps, c’était moins la diminution decatholiques dans le monde que la diminution de la vérité chez les catholiques ». Pendant la Première Guerre mondiale, il anime avec Monseigneur Baudrillart, le Comité catholique de propa-gande française et est par la suite l’un des principaux rédacteurs de La Croix. Il a pendant de longues années, présidé en second la Corporation des publiscistes Chrétiens.

VICTOR HUGO (Le) : Ce journal républicain éphémère est fondé en 1881 par un groupe de jeunes militants de gauche dont faisait partie Jean-Bernard, le futur directeur de La Presse associée. Ce dernier en était le rédacteur en chef. Victor Hugo avait accpeté qu’on prenne son nom par la lettre suivante : « Cher confrère, dites tous les jours à cette noble jeunesse dont vous faites partie tout ce que vous avez dans l’âme ; le devoir, la conscience, la liberté, le goût du bien, l’amour du beau et si ma lettre vous paraît une bonne enseigne, prenez mon noms, je vous le donne et je vous remercie. Votre ami, Victor Hugo ». L’autographe de cette curieuse lettre se trouvait, encadrée, dans les bureaux de La Presse associée avant la Guerre.

VICTOR-PEYTRAL (Victor dit), 1874-1964 : Homme politique français né le 18 octobre 1874 à Marseille et décédé le 20 avril 1964 à Draguignan (Var)Il est le fils de Paul Peytral Député radical des Hautes-Alpes de 1912 à 1919 Sénateur des Hautes-Alpes de 1920 à 1930 Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 12 septembre au 16 novembre dans le gouvernement Paul Painlevé (1) Ministre des Travaux Publics du 14 juin 1924 au 17 avril 1925 dans le gouvernement Édouard Herriot (1)

VIDAL (Gaston), 1888- Journaliste.

VIDAL (Paul), 1863-1931 : Compositeur. Né à Toulouse en 1863, Paul Vidal est élève des conservatoires de Toulouse, puis à Paris où il obtient le premier prix d’harmonie en 1879 et le premier prix de fugue en 1881, il remporte en 1883 le grand prix de Rome. Dès le retour d’un voyage en Allemagne et en Italie, il se livre à l’enseignement, et publie d’abord quelques mélodies, puis écrit succéssivement de la musique de scène de trois pièces représentée au Théâtre-Libre : le Baiser, la Reine Fiamette, et Matapan, celle des trois pantomimes : Pierrot assassin, Colombine pardonnée, et Révérences ; enfin, celle de quatre pièces de marionnettes : Noël, la Dévotion à Saint André, les Mystères d’Eleusis, et l’Amour dans les enfers. Nommé sous-chef des chœurs à l’opéra en 1889, il devient chef du chant en 1892 et, en dernier lieu, chef d’orchestre en 1906. Il exerce de 1914 à 1919 les fonctions de directeur de la musique à l’Opéra-Comique. Il a donné : la Chanson du tzigane (1 acte, 1890), Éros (1892), la Maladetta (1893), Guernica (1895), la Burgonde (1898), l’Impératrice (1901), Ramsès (1908). On lui doit d’autre part des motets, des cantates, des mélodies, des suites d’orchestre, etc. Vidal a été nommé au Conservatoire : professeur de solfège en 1884, professeur d’accompagnement au piano en 1896, professeur de composition en 1910. Il meurt à Paris en 1931.

VIDAL DE LA BLACHE (Paul), 1845-1918 : Professeur et géographe. Né à Pézenas en 1845, Paul Vidal de la Blache est élève de l’École d’Athènes au sortir de l’École normale. Cet agrégé des lettres en rapporte deux thèses de doctorat et les soutient à la Sorbonne en 1871. En 1875, il est nommé maître de conférence à l’École normale supérieur, dont il ne tarde pas à devenir sous-directeur pour la section des lettres.Vidal de la Blache succède à Auguste Himly comme professeur de géographie à la faculté des lettres de Paris et est élu en 1906 à l’Académie des sciences morales et politique à la place d’Albert Sorel. Son enseignement et ses publications font de lui, le maître d’une florissante école de géographes français qui prennent la sciene, et surtout la géologie, pour base de leurs recherches, et dont les Annales de géographie sont l’organe depuis 1891. Ses œuvres principales sont, outre sa thèse sur Hérodote Atticus (1871), États et Nations de l’Europe autour de la France (1889), la Rivière Vincent Pinzon (1902), Tableau de la géographie de la France (1903), la France de l’Est (1917), le Bassin de la Sarre (1919), enfin des Principes de géographie humaine (1922). En outre, Paul Vidal de la Blache a fondé en 1891 et dirigé jusqu’à sa mort les Annales de géographie ; il est l’auteur d’un Atlas général, Vidal-Lablache, enfin il conçoit le plan et et prépare la publication d’une grande géographie universelle en quinze tomes. Il meurt à Tamaris (Var) en 1918.

VIE INTELLECTUELLE (La) : Revue mensuelle fondée en 1929 et lancée par les éditions du Cerf, lesquelles publient également Sept, la revue La Vie Spirituelle et La Vie des Jeunes.

VIELLARD (Louis), 1879- : Administrateur de sociétés et homme politique. Député du Territoire de Belfort de 1914 à 1919 puis sénateur du même département de 1927 à 1942, il appartient aux milieux libéraux et modérés. Président de la Société forestière de Franche-Comté, vice-président des Ateliers de constructions mécaniques essieux et ressorts, administrateur de la Société alsacienne des mines de potasse, des Usines Vermot-Valère-Mabille, des Entrepôts Stein, d’Argental, d’alimentation et consommation de Lentheim. Il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 et se retire définitivement de la vie politique.

VIGER (Albert), 1843-1926 : Homme politique. Né à Jargeau (Loiret), le 19 octobre 1843, Albert Viger est d’abord député radical du Loiret, département essentiellement agricole puis, devient vice-président du groupe agricole de la Chambre. Appelé par Ribot le 11 janvier 1893 pour occuper le portefeuille de l’Agriculture dans son second cabinet. Il garde cette place durant neuf ministères d’abord dans les trois gouvernements Dupuy et le gouvernement Casimir-Perier jusqu’en janvier 1895 où il est remplacé par Gadaud, et en 1896 et 1897 où le président du Conseil Méline s’est attibué le poste.

VIGNAUX (Paul), 1904-1970 : Syndicaliste. Né à Péronne (Somme), le 18 décembre 1904, Paul Vignaux est issu d’une famille pyrénéenne, son père étant receveur principal des contributions indirectes. Vignaux fait de brillantes études qui le mènent du lycée de Bordeaux à la rue d’Ulm. Il obtient en 1927 l’agrégation de philosophie. La pensée médiévale demeure pour lui une source constante d’inspiration. Militant de l‘ Association catholique de la jeunesse française (ACJF), il s’intéresse très tôt au syndicalisme (son père, fonctionnaire, militait déjà au sein d’un syndicat autonome). Avec F. Henry, il fonde les les Ecoles normales de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) : il n’y dispense pas d’un savaoir théorique, tourné vers la culture générale, mais une méthode de travail et les outils intellectuelsindispensables aux militants ouvriers pour analyser le monde dans lequel ils vivent. Engagé dans la Résistance, il quitte la France pour New-York, où il fonde en 1942 une Ecole libre des hautes études. Catholique et ardent défenseur de la laïcité, qui constitue « son état naturel », il fonde en 1937 le Sundicat général de l’éducation nationale (SGEN) : il se montre très attaché à l’idée d’une tâche commune de tous les membres de l’enseignement. Il décède à Saragosse (Espagne), le 26 août 1987.
VIGO (Jean), 1905-1934 : Cinéaste. Né le 24 avril 1905, Jean Vigo est le fils de Miguel Almereyda et d’Emily Cléro, militants anarchistes, puis socialistes. Très jeune, il est emmené de réunions en meetings. Le 31 juillet 1914, aux côtés de son père, il assiste, au café du Croissant à Paris, à l’assassinat de Jaurès. Son père est arrêté le 6 avril 1917. Il meurt dans une cellule de la prison de Fresnes en août 1917. L’enquête officielle conclut au suicide. Cette disparition tragique va déterminer l’existence de Jean Vigo. Pour échapper au climat de haine qui entoure la mort de son père, il doit quitter Paris pour Montpellier où il est reccueilli par la famille Aubès. Sous le nom de Jean Sallès, il est inscrit dans une école de Nîmes, puis au collège de Millau, l’Aveyron étant une région convenant mieux à sa santé déjà fragile. Pendant les vacances, Aubès lui apprend les rudiments de la photographie et lui conseille de s’orienter vers les métiers de la prise de vue cinématographique. D’octobre 1922 à juillet 1925, il est inscrit à la demande de sa mère, au lycée de Chartres, comme interne. Puis, il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne. En 1926, il est atteint par la tuberculose et part se reposer à Font-Romeu. Convaincu de l’innocence de son père, il y poursuit les travaux pour sa réhabilitation. Il rêve toujours de faire du cinéma. Accompagné de sa future épouse rencontrée à Font-Romeu, Jean Vigo s’installe à Nice, en 1928, où s’étaient ouverts trois ans auparavant les studios de la Victorine. Deux rencontres vont permettre à Jean Vigo de faire son « entrée en cinéma ». Autant-Lara, alors jeune cinéaste le reçoit et le recommande à Bunel, chef-opérateur à la société de production Franco-Films. Il y est embauché et reçoit le soutien de Germaine Dulac qu’il vient de cannaître. C’est en qualité de quatrième assistant opérateur qu’il prend contact avec le métier de cinéaste et avec un appareil de prise de vues. En 1929, Jean Vigo commence à penser à la réalisation d’un film personnel qui aurait la ville de Nice pour sujet. Il présente son projet à Boris Kaufman, un jeune chef-opérateur qu’il vient de rencontrer. Ce dernier, né en Russie, est le frère du théoricien du « Cinéma-œil » Dzija Vartov. Il accepte de travailler avec Jean Vigo. Ils tournent ensemble À propos de Nice. Le film est présenté pour la première fois en mai 1930 au théâtre du Vieux-Colombier transformé en cinéma d’avant-garde. En juin, une nouvelle présentation a lieu. A cette occasion, Jean Vigo prononce une causerie intitulée Vers un cinéma social où il précise sa conception du cinéma : « Le documentaire social se distingue du documentaire tout court et des actualités de la semaine par le point de vue qu’y défend nettement son auteur. Le documentaire social exige que l’on prenne position car il met les points sur les i. S’il n’engage pas un artiste, il engage au moins un homme. Ceci vaut bien cela… Le documentaire social devra nous déciller les yeux… » Pour que cette conception du cinéma ait droit de cité, il faut montrer les films qui ke représentent. Or, ces œuvres sont généralement interdites ou difficilement accessibles. C’est pour faire reculer ces formes de censures que Jean Vigo fonde à Nice, le cinquième ciné-club de France : Les Amis du Cinéma. La première séance (septembre 1930) est présidée par Germaine Dulac qui soutient activement ce qu’elle appelle « des groupements de spectateurs indépendants, réunis dans le but de soutenir toute œuvre sincère, toute tentative marquant l’ambition louable de creuser l’expression cinématographique, de l’amplifier, de la développer hors des traditions et des préjugés instaurés par les découvertes déjà faites et le goût trop facile de la majorité des publics. » Fin novembre 1930, Jean Vigo participe au IIe congrès du Cinéma indépendant organisé à Bruxelles. Il y rencontre des cinéastes comme J. Ivens et H. Storck venu présenter comme en écho à : A propos de Nice son film Images d’Ostende. Avec ce dernier, devenu ami, il poursuit le « bon combat » du ciné-club de Nice. Un bulletin est crée en mars 1932. Tous les films d’avant-garde y sont présentés. En décembre 1932, Jean Vigo, fidèle aux idéaux de son père, est le premier cinéaste qui adhère à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, que dirigent notamment Paul Vaillant-Couturier, Henri Barbusse et Léon Moussinac. Cet engagement servira d’exemple à d’autres metteurs en scène en scène. Son second film, Zéro de conduite, est présenté en 1933.. La commission de censure interdit sa diffusion. Seule demeure possible la projection en ciné-clubs. L’interdiction ne sera levée qu’en 1945. En dépit de cette catastrophe, le Producteur Nounez maintient son soutien et permet à Jean vigo de tourner L’Atatlante. Le film sort en septembre 1934, un mois avant son décès à 29 ans. Il meurt à Paris le 9 octobre 1934.

SALES-GOMES (P-E) : Jean Vigo, Paris, Seuil, coll. Cinémathèque, 1957. LHERMINIER (P.) : Jean Vigo, Paris, Seghers, coll. Cinéma d’aujourd’hui, 1967.

VILDRAC (Charles Messager, dit), 1882-1971 : Écrivain. Né à Paris, le 22 novembre 1882, Vildra écrit de nombreuses pièces de théâtre, des essais, des essais et des critiques sur la peinture moderne. Homme de gauche, il participe à diverses journaux marxistes : L’Humanité, Commune, la revue de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, Regards, le magazine commu-niste, ainsi qu’à Vendredi, hebdomadaire politique et littéraire de gauche. Il appartient à La Maison de la Culture et à l’Union des théâtres indépendants de France, tous deux sous influence communiste. L’URSS est à ses yeux « une grande voie libre au sol ferme, aux perspectives lointaines par où tout un peuple audacieusement s’avance » ; ce qui ne l’emêche pas de se rendre compte que la bureaucratie russe et le GPU exerçaient une dictature qui n’était pas celle du prolétariat. C’est au Lycée Voltaire qu’il écrit ses premiers poèmes. En 1901, il publie son premier livre : Le Verlibrisme où il défend le vers traditionnal. Après avoir épousé Rose en 1903, la sœur de Georges Duhamel, il publie en collaboration avec son beau-frère, Notes sur la technique poétique en 1910. Il a laissé de très nombreux ouvrages : récits, relations de voyage, contes, poêmes, pièces de théâtre, depuis ses Chants du désespéré parus en 1920, en passant par Poussette joué par Pitoëff 1936. Il décède à Saint-Tropez le 25 juin 1971.
VILGRAIN (Ernest), 1880-1946 : Homme politique. Né à Frouard (Meurthe-et-Moselle) le 29 octobre 1880, Ernest Vilgrain est, dès 1915, détaché au mnistère du Commerce et du Ravitaillement avant d’être nommé directeur du Ravitaillement au début de 1917. Le lendemain de l’installation du second cabinet Clemenceau, le nouveau sous-secrétariat d’Etat spécialement chargé de ces questions lui est tout naturellement confié à du 17 ovembre 1917 au 20 janvier 1920. Doté d’attributions importantes il s’occupe principalement des céréales. Il est à l’origine de l’oraganisme interallié d’achat du blé, le Wheat Executive, à Londres, en 1916, et connaît parfaitement ce domaine. Sa politique consiste jusqu’à la fin de la guerre à taxer un grand nombre de produits. Par la suite, il crée des magasins gouvernementaux, les très populaires « baraques Vilgrain ». Dans ces baraquements militaires installés à Paris et en banlieue, on trouve tous les produits de première nécessité à près d’un tiers moins cher que dans le commerce. Pour la province, il organise le transport des marchandises par trains entiers réduisant sensiblement les coûts. Grâce à cette action énergique, il réussit à contenir la hausse des prix au moment critique de la fin de l’économie de guerre. Il reste aussi l’un des rares membres du gouvernement de la IIIème République à n’être intervenu à la Chambre.

VILLE (Pierre, Alphonse), 1839-1918 : Mercier en gros et homme politique. Maire de Moulins (Alliers), Pierre Ville est conseiller général, député républicain de l’Allier de 1889 à 1903, puis sénateur de 1903 à 1918. Franc-maçon et co-fondateur de l’Association pour les réformes républicaines.

VILLIERS DE L’ISLE ADAM (Auguste, comte de), 1838-1889 : Mathias, comte de Villiers de l’Isle-Adam est né à Saint-Brieuc le 7 novembre 1838. Il appartient à l’une des vieilles familles de France. En 1847, l’enfant entame des études qui le mènent dans différents établissements de Bretagne et de Normandie. Il est ainsi successivement élève à Tréguier, à Rennes, à Laval, à Vannes et à Saint-Brieuc. En 1852 enfin, Villiers de l’Isle-Adam entre au Lycée de Saint-Brieuc, en tant qu’externe. Il ne parvient cependant pas à obtenir le Baccalauréat en 1855. Monté à Paris, le jeune homme mène une vie de bohème, fréquentant les cafés et les théâtres, leurs coulisses également. Au mois de juillet 1858, s’essayant enfin à la littérature, Villiers rédige un premier opuscule intitulé Deux Essais de poésie, puis publie à compte d’auteurs au mois de décembre de l’année suivante ses Premières Poésies, un recueil de vers d’inspiration romantique, en hommage à Alfred de Vigny. Il collabore ensuite à diverses revues et fait bientôt la connaissance du poète Charles Baudelaire puis de Stéphane Mallarmé. Sa famille le rejoint alors dans la capitale, le forçant au mois de septembre 1862 à effectuer une retraite à l’abbaye de Solesmes, afin de s’éloigner quelques temps de l’actrice Louise Dyonnet. Il publie Isis en 1862. En 1863, il revendique le trône de Grèce au nom de sa parenté avec les Villiers Le Bel d’Isle Adam. Villiers de l’Isle-Adam s’éprend ensuite d’Estelle Gautier, fille cadette du poète, qu’il espère épouser. En vain, sa famille lui refusant son consentement et l’argent nécessaire, car 1864 marque la faillite de son père. Dans les années qui suivent, l’écrivain édite, à ses frais et hors commerce, deux drames en prose sans grand relief, Elen en 1865, et Morgane en 1866. Au mois d’octobre 1867, il fonde la Revue des Lettres et des Arts, une feuille qui paraîtra jusqu’en mars 1868. Poursuivant son travail de littérateur à côté de ses activités journalistiques, il publie un long récit, Claire Renoir, ainsi que L’Intersigne. En compagnie de son ami Catulle Mendès, Villiers de l’Isle-Adam effectue ensuite deux longs séjours en Allemagne, ce qui le mène à Triebschen, en la demeure du compositeur Richard Wagner à qui il est présenté. Au mois de mai 1870, un drame La Révolte est représenté à cinq reprises au Vaudeville, à Paris. Alors que la capitale vient de connaître un long siège organisé par les armées prussiennes, Villiers participe, sous le pseudonyme de Marius, à la rédaction du journal Le Tribun du Peuple, favorable à la Commune. Il reniera très tôt ses sympathies communalistes. En 1872, l’écrivain achève un nouveau drame en prose, Axel, puis entame en 1874 la publication de nouvelles dans la presse parisienne. Ces textes composeront plus tard les Contes cruels. A cette époque, il nourrie des projets d’union avec une jeune Anglaise, Anne Eyre Powells. Ceux-ci échouent de nouveau. Le Nouveau Monde paraît en 1880 et ne sera joué qu’en 1883 au Vaudeville. En 1881, Marie Dantine qu’il emploie à son domicile donne naissance, le 10 janvier, à un fils Victor. Villiers reconnaîtra l’enfant sur son lit de mort. En 1882, il est candidat malheureux, sur une liste légitimiste, aux élections municipales dans le XVII° arrondissement de Paris. Le 9 février 1883 enfin, paraît chez Calmann-Lévy la première édition des Contes cruels. Villiers de l’Isle-Adam fait paraître plusieurs de ses productions : L’Ève future en 1886, qui donne vie à un automate féminin, ainsi que L’Amour suprême, puis Tribulat Bonhomet, en 1887. Toujours aussi peu enclin à apprécier la République, l’écrivain et son antiparle-mentarisme trouvent à s’exprimer avec l’agitation boulan-giste. Il accompagne ce mouvement cocardier et populiste, qui voit dans le général Boulanger l’instrument de la Revanche et l’artisan du renouveau de la France. Villiers s’inscrit au Comité central de la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède, un des " sonneurs de clairon " les plus agités. En 1888 toujours, il publie les Histoires insolites, le 27 février, puis des Nouveaux Contes cruels, le 13 novembre suivant. Une tournée de conférences effectuée en Belgique du 14 février au 10 mars de la même année ajoute à la fatigue de l’écrivain. Villiers de l’Isle-Adam est en effet atteint d’un cancer des voies respiratoires. Stéphane Mallarmé ouvre une souscription parmi ses amis pour subvenir à ses besoins. Le 12 août 1889, il entre à l’hospice des Frères de Saint-Jean-de-Dieu, à Paris, et épouse le surlendemain Marie Dantine dans sa chambre de malade. Villiers de l’Isle Adam décède le 18 août 1889.

VINATIER (Jean, Baltazar, Alexandre), 1832-1882 : Médecin et homme politique. S’opposant à l’Empre, Vinatier est nommé membre de la Commission départementale de l’Allier en décembre 1870. Il est élu maire de Lurcy-Lévy en 1871, remplacé en 1874, nommé à nouveau en 1876, révoqué en 1877 puis rétabli en 1878. Conseiller d’arrondissement et conseiller général, il devient député de l’Allier en 1881 (inscrit à l’Union républicaine), mais il meurt l’année suivante.

VINCENT (Hyacinthe), 1862 : Médecin. Né à Bordeaux en 1862, Hyacinthe Vincent rentre à l’École de santé militaire où il devient, en 1889, préparateur en bactériologie. Professeur agrégé en 1896, après avoir été directeur, à Alger, du laboratoire de l’Hôpital du Dey, il obtient, en 1902, la chaire de bactériologie et d’épidémiologie du Val-de-Grâce. Directeur, par la suite, du Service antityphique de l’armée, il est, au moment où il prend sa retraite, médecin inspecteur général, membre de l’Académie de médecine (1907) et de l’Académie des sciences (1922). Il est nommé ultérieurement professeur d’épidémiologie au Collège de France. L’œuvre scientifique de Hyacinthe Vincent est considérable. Il faut signaler surtout, la découverte de l’infection fusospirillaire et l’angrine qu’elle détermine (angine de Vincent) ; l’application du Chlore au traitement des plaies infectées ; sa mémorable contribution à la prophylaxie vaccinale de la fièvre typhoïde et paratyphoïde) grâce auquel fût arrêtée une redoutable épidémie typhique qui dévissait dans l’armée française au début de la Première Guerre mondiale ; la découverte (avec Stoedel) d’un sérum contre la gangrène gazeuse, celle de sérums contre le streptocoque et le colibacille ; la découverte des cryptotoxines, etc.
VIOLLE (Jules), 1841-1923 : Physicien. Né à Langres en 1841, Jules Violle, ancien élève de l’École normale supérieure de Paris, il prend le grade de docteur ès-sciences en 1870. Il est successivement professeur à la faculté des sciences de Lyon (1883), puis maître de conférence à l’École normale supérieure (1890). En 1891, il est également professeur au Conservatoire des arts et métiers. Il propose l’étalon de lumière qui porte son nom (1881). Il invente, en 1882, le calorimètre à refroidissement, dont le principe a conduit à la fabrication des bouteilles isolentes ? On doit à Violle une nouvelle théorie des geysers, des origines sur l’origine de la grêle et les moyens de la combattre, l’exploration de l’atmosphère par ballons-sondes. Il est élu membre de l’Acdémie des sciences en 1897 à la place de Fizeau. Citons son traité de physique, qui fait autorité et ses expériences sur la température du soleil et sur la détermination de l’équivalent mécanique de la chaleur. Il meurt à Fexin, près de Dijon en 1923.

VIOLLET (Jean), 1875-1956 : Écclésiastique. Né à Paris en 1875, Jean est le fils de Paul Viollet, archiviste, professeur de droit à l’École des Chartes et membres de l’Institut et de Cornélie Boudet. Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand, où il est influencé par la philosophie allemande de Liebnitz et par les travaux sociologiques de Frédéric Le Play, accordant une place primordiale à la famille, à la propriété et au droit de tester, par la constitution sociale de l’humanité. Malgré divers obstacles, il se destine à la prêtrise et entre au séminaire sulpicien d’Issy-les-Moulineaux. Dreyfusard passionné, il est renvoyé quelques temps dans sa famille. Après l’achèvement de ses études, il sera finalement ordonné le 20 octobre 1901, avec dispense des délais. Nommé dans une paroisse populaire et déchristianisé du quartier de Plaisance à Paris, il est chargé de l’animation d’un cercle catholique ouvrier en déclin. Jean Viollet contribue dès 1902 dans le XVIIIe arrondissement puis en 1913 dans le XIVe arrondissement à la création des toutes premières associations familiales, se démarquant d’un action exclusivement revendicative en faveur des seules familles nombreuses, il les conçoit comme étant avant tout entraide, d’éducation et de services. En 1902 également, il fonde « la société du logement ouvrier » et crée une caisse locale pour lutter contre les expulsions. Ainsi commencent les œuvres du Moulin-Vert. Promoteur de « l’assistance éducative » au domicile de la famille, il lance une revue du même nom en 1906, puis en 1908, à l’attention de ses « visiteurs » des familles, il fonde l’Ecole libre d’assistance privée, la première du genre, dont l’enseignement évolue rapidement de la charité aux connaissances familiales et sociales. Elle deviendra l’Ecole libre d’action sociale et charitable en 1912. Parallèlement, il s’efforce d’unir les œuvres charitables. Il est aumônier et brancardier durant les hostilités de 1914-1918 et à partir de la fin 1917 aumônier de la Mouffe. De retour au Moulin Vert en 1919, il fonde avec Marie Diémer et Apolline de Gourlet l’école Pro Gallia, qui fusionne en 1926 avec celle des surintendantes, pour l’unification du service social. A son initiative, sa cousine crée, toujours en 1919, l’aide aux mères de familles, qui sera parmi les origines des travailleuses familiales. Après la guerre, il développe ses associations familiales dans plusieurs arrondissements ouvriers de Paris et, en mai 1919, constitue un organisme central, qui deviendra en 1920 la Confédération générale des familles (CGF). La CGF développe des revendications, mais l’opposition grandit avec le Comité central des ligues de familles nombreuses. Les « familiaux » se distinguent alors des « natalistes ». En 1920, il fonde l’association du mariage chrétien et développe les centres de préparation au mariage (ancêtres des conseillers conjugaux). En 1927, il crée encore la Mutualité familiale dans le cadre du Moulin-Vert, puis en 1930 une nouvelle revue L’Action familiale. Membre du comité d’honneur de la Ligue française pour les auberges de jeunesse de Marc Sangnier en 1929. En 1940, il fonde l’Institut des hautes études familiales à Lyon et participa activement aux organisations et instances de la politique familiale sous Vichy et notamment à la naissance du Corps familial (associations de famille en 1942 et l’Union nationale des associations familiales, UNAF en 1945). Il décède à Paris en 1956.

VIOLLETTE (Maurice), 1870-1960 : Avocat et homme politique. Né à Janville (Eur-et-Loir), le 3 septembre 1870, Maurice Viollette devient avocat et se lance dans la politique en se faisant élire député d’Eure-et-Loir (1902-1919, 1924-1929), conseiller général à partr de 1904 et maire de Dreux à partir de 1908. Homme de presse, il fonde à Dreux, en 1902, L'Action républicaine qui fusionne rapidement avec Le Réveil national, et à Chartres, en 1920, L'Indépendant d'Eure-et-Loir. En 1902, il commence une carrière ministérielle comme chef du secrétariat particulier du minitre du Commerce Millerand. En plus de ses activités strictement politiques, Maurice Viollette continue son métier d'avocat. C'est ainsi qu'il assure à partir de 1910 la défense du général Toutée, commandant de la région militaire d'Oujda au Maroc, qui a été démis de son commandement parce qu'il s'était opposé à des captations de terrains par une société privée et avait pris la défense des propriétaires locaux. Fidèle à ses convictions, il s'oppose encore une fois aux pratiques hégémoniques de certains colons et à la lâcheté de l'administration. Il témoigne également devant la Haute Cour en faveur de son ami Joseph Caillaux, pour lequel il constitue un dossier fort documenté rassemblant toutes les minutes du procès, utilisant les mémoires personnels de Caillaux et ses relations des négociations qu'il a menées avec l'Allemagne entre 1910 et 1911. Dans le même temps, il est un témoin agissant des errements de son temps confirmant son souci constant de la préservation des droits individuels et de la lutte contre les abus du pouvoir. Parallèlement à sa carrière politique, il mène une activité de législateur, proposant en 1910 une modification de l'article 38 de la loi sur la presse, de façon à interdire la publication et la mise en scène de crimes de sang. Il vise ainsi tous les journaux à scandale de l'époque qui constituent, selon lui, une incitation à la violence pour les jeunes.Futur membre du conseil de l’ordre du Grand Orient de France, il est inscrit à la Chambre au groupe républicain socialiste. Nommé rapporteur du budget des colonies à partir de 1911, Maurice Viollette entreprend une lutte sans merci contre les abus de toute nature, voire les violences, dont sont victimes les populations autochtones. Très soucieux des libertés individuelles, il s'insurge contre les mauvais traitements réservés aux colonisés que ce soit en Indochine, aux îles Wallis ou aux Nouvelles-Hébrides, adoptant des positions proches de ses amis de la Ligue des droits de l'Homme. Parallèlement, il dénonce vigoureusement plusieurs scandales financiers, tant au Congo qu'en Indochine. La révélation du scandale de la Compagnie de la N'Goko-Sangha, puissante société concessionnaire au Congo, qui obtient du gouvernement une indemnité considérable en compensation de l'abandon de certains avantages mais n'en continue pas moins des activités parfois à la limite de la légalité, marque l'avant-guerre. De la même manière, il s'en prend en Indochine à la collusion de certains colons de l'Annam avec le banditisme local et au laxisme des représentants de l'administration à l'égard de ces pratiques. Capitaine de chasseurs alpins, il obtient la croix de guerre au début de la Première Guerre mondiale, avant d’être appelé à la Chambre, puis au gouvernement, le 20 mars 1917 et ce, jusqu’au 4 juillet de la même année. Il occupe le poste délicat de ministre du Ravitaillement général et des Transports maritimes dans le cinquième cabinet Ribot (mars-septembre 1917). Il essaie de rationaliser l'approvisionnement, mais la brièveté de ce mandat ne lui donne guère de moyens d'actions. Le 4 juillet, on lui adjoint un sous-secrétariat d’Etat chargé des Transports maritimes confié à Anatole de Monzie, et le 11 septembre le gouvernement démissionne. Maurice Viollette retourne alors au Palais-Bourbon, devient président du Conseil général d'Eure-et-Loir en 1921. Gouverneur général de l'Algérie de 1925 à 1927, Maurice Violette manifeste les mêmes préoccupations. Il prend la défense des intérêts des autochtones, s'interroge sur la situation réelle des indigènes, se soucie des conditions sanitaires et de la protection de la mère et de l'enfant. Simultanément, il mène une lutte sans concession contre le développement du communisme et surveille les premiers développements du fascisme italien. De même, il souhaite instaurer une forme de citoyenneté pour les musulmans d'Algérie, car il est persuadé que le maintien de la présence française ne sera garanti que par cette mesure. En butte à l'hostilité des colons et ne pouvant atteindre les objectifs qu'il s'est fixés, il démissionne en 1927. Il est alors nommé en 1928 rapporteur de la commission d'enquête sur les pétroles, il prend grand soin de préserver l'indépendance nationale et dénonce les risques encourus en accordant un monopole sur les carburants à une compagnie étrangère. il est élu sénateur à partir de 1929 jusqu’en 1938. A l’occasion de la formation du premier cabinet de Blum en juin 1936, il retrouve un poste ministériel. C’est au titre de représentant d’une des formations associées au gouvernement (l’union socialiste et républicaine du sénateur Paul-Boncour, dont il est le vice-présdent) qu’il est nommé à partir du 4 juin, ministre d’Etat sans portefeuille. Il garde ce poste sous Chautemps jusqu’au 17 janvier 1938, puis, après deu mois d’interruption, dans le second cabinet Blum du 13 mars au avril 1938. Il s’occupe de mettre sur pied sn fameux projet de participation des élites algériennes à la vie publique. L’idée est de donner à 20.000 algériens environs (fonctionnaires, diplômés de l’enseignement supérieur, etc.) les mêmes droits qu’aux européens, afn de former un collège électoral mixte et unique. Si ce projet, connu sous le nom de « Blum-Viollette », enthousiasme les dirigeants algériens, l est à tel point combattu par les Européens que le parlement refuse de l’examiner. Continuant sa carrière politique après la guerre, il décède à Dreux (Eure-et-Loir), le 9 septembre 1960

-GASPARD (F.) : "Viollette l'arabe", les collections de l'Histoire, n° 11, avril 2001, p. 87-89. -MUSEE DES BEAUX-ARTS (CHARTRES), GASPARD Françoise, "Maurice Viollette, un homme, trois républiques, 1870-1960", Chartres, 1985, 95 p. -REMOND (R.) et GASPARD (F.) : "De Dreux à Alger, Maurice Viollette, 1870-1960 : actes du colloque de Chartres", Paris, L'Harmattan, 2000, 207 p. -VIOLLETTE (M.) : "Journal de guerre, 1913-1919", office d'édition du libre d'histoire, 1994, (des faits et des hommes), 245 p.

VITICULTEURS DU MIDI (agitation des) : Aux mois de mai-juin 1907 a lieu une crise viticole, l’un des épisodes les plus graves de la crise sociale qui affecte la France sous le ministère Clemenceau. Les origines de cette crise sont la reconstitution du vignoble détruit pas le phylloxera dans les quatre départements du Languedoc (Gard, l’Aude, l’Héraut et les Pyrénées-Orientales) sous forme de plants très productifs et la concurrence des vins d’Algérie et la chaptalisation. Il en résulte une situation de surproduction d’autant plus grave que la vigne est pratiquement une monoculture, particulièrement dans l’Héraut. La surproduction a pour conséquence la mévente des vins, l’effondrement des cours et un très vif mécontentement des viticulteurs. Pour faire face à cette crise, la Confédération générale viticole réalise, à partir de mai 1907, une sorte d’union sacrée entre les producteurs, des plus petits aux plus grands. Le mouvement de protestation qui était parti du Comité viticole d’Argelliers dirigé par le viticulteur Marcellin Albert et secondé par Ferroul, l’ancien député socialiste de Narbonne, gagne les villes de Béziers, Perpignan, Narbonne et Carcassonne. Peu à peu, des manifestations de masse de plus en plus violentes se produisent, atteignant le 9 juin leur sommet avec un rassemblement de 700 000 personnes à Montpellier. Le maintien de l’ordre incombe à des régiments recrutés dans la région, dont les soldats refusent d’obéir aux ordres de répression qui leur sont donnés. La mutinerie la plus grave est celle de Béziers, le 21 juin, où le 17e régiment d’infanterie, majoritairement composé, selon l’usage, de réservistes et de conscrits du pays, craint que les soldats venus des régions septentrionales ne menacent leurs compatriotes. Refusant d’obéir aux ordres des officiers, ils quittent leur caserne, pillent une poudrière et se joignent à la foule, mettent crosse en l’air (ce qui vaudra aux « mutins » d’être expédiés en Tunisie). L’agitation du midi dégénère en crise grave. Dans les quatre départements concernés, les maires et conseillers municipaux des régions viticoles présentent leur démission collective, de même qu’Albert Sarraut, sous secrétaire d’Etat à l’intérieur et député de Narbonne. Des perceptions, préfectures et sous-préfectures sont attaquées. Des affrontements sanglants entre les troupes et les populations soulevées ont eu lieu à Perpignan, Béziers et Narbonne où quatre manifestants sont tués les 19 et 20 juin. Clemenceau réplique par de nouvelles démonstrations de force. D’abord la répression. Le 19 juin, il fait arrêter trois membres du comité de défense viticole d’Argelliers dont Ferroul et fait poursuivre trois autres qui ont disparu dont Marcelin Albert. Contre les émeutes, il envoie la troupe exigeant que force reste à la loi. Enfin, il fait voter par les Chambres et promulguer le 29 juin 1907 une loi réprimant la chaptalisation abusive. Il va même profiter de la naïveté de Marcelin Albert pour discréditer le chef du mouvement. Le 23 juin, Marcelin Albert se présente au ministère de l’Intérieur et demande à voir Clemenceau. A l’issue de leur conversation, ce dernier lui offre un peu d’argent pour rentrer dans le Midi. Ce détail, propagé, fait perdre tout prestige au chef de la révolte qui se constitue prisonnier après son retour à Montpellier. Au cours du mois de juillet, l’ordre est à peu près rétabli. Un certain nombre de maires reprennent leur démission. La mise en liberté provisoire des membres incarcérés du comité d’Argelliers et le remplacement des régiments d’infanterie à recrutement régional par des régiments d’autres régions contribue à l’apaisement des esprits. Quatre ans plus tard, les viticulteurs de l’Aube se mobilisent pour une tout autre cause. Malgré la mauvaise récolte de 1910, le cours du raisin reste bas. Les viticulteurs de la Marne suspectent les marchands d’avoir acheté et vendu sous le nom de champagne des vins de l’Aube, en infraction au décret du 17 décembre 1908 qui limite l’aire géographique de l’appellation. Ils s’attaquent aux chais et aux fûts des viticulteurs et négociants de l’Aube, qui répliquent sur un mode similaire à Ay et à Epernay en premier lieu. Tous sont soutenus par leurs élus respectifs. La troupe s’interpose. Le décret est finalement reporté.

VIVIANI (René), 1863-1925 : Avocat et homme politique. Né le 8 décembre 1863 à Sidi-bel-Abbès (Algérie), René Viviani est le fils d’un conseiller général d’Oran d’origine corse. Il fait ses études dans cette ville avant d’étudier le droit à Paris. Il s’inscrit au barreau d’Alger et se fixe finalement dans la capitale où il devient secrétaire de la conférence des avocats vant d’entrer en politique comme secrétaire de Millerand. Rédacteur en chef de La Petite République, avocat-conseil du Syndicat général des ouvriers et employés du chemin de fer, il défend les grévistes poursuivis devant les tribunaux, devient l’avocat des cheminots grévistes et l’un des défenseurs des ouvriers de la grande grève de Carmaux. Il est élu député socialiste de Paris (Vème arrondissement) en 1893 et réélu en 1898 jusqu’en 1902 puis de 1906 à 1910. Il sera ensuite élu député de la Creuse de 1910 à 1922 et enfin sénateur de ce département de 1922 jusqu’à sa mort en 1925. C’est à lui que les femmes doivent de pouvoir exercer le métier d’avocat (Loi et de 1899). En 1905, il est l’un des artisans de l’unité du Parti socialiste. Très violemment anticlérical, il se félicite de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, se réjouissant que la République ait « éteint dans le ciel des étoiles qui ne se rallumeront pas ». Cet orateur d’exception, franc-maçon participe à la fondation de L’Humanité puis, abandonnant le Parti socialiste, il s’affilie au Parti républicain socialiste, groupe charnière permettant à ses membres de pouvoir entrer dans un gouvernement « bourgeois », facilité interdite aux membres de la SFIO. Ainsi, durant quatre ans, de 1906 à 1910 dans le ministère Clemenceau (octobre 1906-juillet 1909) puis dans le minisrère Briand (juillet 1909-novembre 1910), il reçoit un portefeuille crée tout spécialement : celui du Travail et de la Prévoyance sociale. Il fait voter des lois sur le repos hebdomadaire, les assurances et les pensions pour les travailleurs mais il n’approuve l’attitude répressive de Briand envers les cheminots et fait tomber le cabinet en démissionnant. Redevenu député de la Creuse, il refuse d’intégrer les gouvernement Monis en 1911 , Poincaré en 1912 et Barthou en 1913. Finalent, en décembre 1913, le président du Conseil Doumergue lui confie le portefeuille de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, et c’est à lui que Poincaré fait appel après les élections de 1914, favorables à la gauche, parce qu’il le sait peu disposé à l’abrogation de la loi de trois ans sur le service militaire. Après la démission de Doumergue, début juin, le président de la République décide de faire appel à Viviani en lui proposant la présidence du Conseil. Après quarante-huit heures passées à tenter de mettre sur pied un cabinet, il renance. Mais après l’échec précoce de Ribot qui ne gouverne que cinq jours amène le président de la République à réitérer son offre, même si ses préventions ne sont pas dissipées à l’encontre d’un homme qui n’appartient pas à sa famille politique et à la réputation peu flatteuse d’être psychologiquement fragile et peu porté sur l’effort. Mais l’état des partis nécéssite une nette inflexion à gauche et Viviani, socialiste indépendant, semble être le seul à pouvoir rassembler un majorité durable sur son nom tout en rassurant Poincaré sur le maintien de la loi des trois ans. Le 13 juin 1914, de nuit, à l’Elysée, Viviani qui est désigné comme président du Conseil et forme son nouveau premier gouvernement. Dviviani s’octroie les Affaires étrangères. Le 16 juin, dans sa séance inaugurale, Viviani annonce le lancement d’un emprunt, se déclare favorable au vote de l’impôt sur le revenu et au maintien de la loi des trois ans, à titre provisoire cependant. La confiance est votée. Le 3 juillet, le Sénat entérine l’impôt sur le revenu qu’avait défendu depuis trois ans Joseph Caillaux. Conçu comme un cabinet de réformes sociales, le ministère va être submergé par l’entrée en guerre. Le 16 juillet 1914, au cours d’un voyage en Russie accompli au coté de Poincaré, Viviani prend connaissance de l’ultimatum lancé par l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Le président tente d’abord la médiation. Partisan de la paix, il fait tout pour la préserver en multipliant les efforts de conciliation et c’est lui qui, pour prouver la volonté de paix de la France, donne l’ordre de faire reculer de dix kilomètres les troupes des frontières avec l’Allemagne. De mêm, il tente de freiner la Russie. Mais dans l’escalade qui conduit à la guerre, il se montre le plus en retrait par rapport au chef de l’Etat ; son influence pèse peu au regard de celle du président de la République qui assume l’essentiel du pouvoir et a tendance à le mépriser. Le 31 juillet, l’assassinat de son ami Jean Jaurès à Paris sonne le glas des dernières espérances pacifiques. Le soir même, Viviani fait afficher sur les murs de Paris une affiche rendant hommage au tribun. Dès le lendemain, il lui faut pourtant décréter la mobilisation générale . Le 3 aout, le gouvernement allemand déclare la guerre à la France et, dans l’esprit de l’Union sacrée, il remanie son cabinet en y faisant entrer les socialistes. Seul fait majeur, Viviani abandonne le portefeuille des Affaires étrangères à Doumergue. Ainsi, pour la premère fois depuis l’avènement de la IIIème république, le président du Conseil assume exclusivement sa fonction de chef de gouvernement. Sur le front, la situation des armées françaises se dégrade rapidement à l’issue de la bataille des frontières. Sous la pression conjuguée de Poincaré et de la majorité parlementaire, Viviani, après avoir démissionné le 26 aout, se décide le même jour à procéder au remaniement d’envergure qu’exigent les circonstances. Il appelle à ses côtés des hommes d’expérience, issus de presque tous les partis, afin de concrétiser le rassemblement désiré. Les plus grands noms de la République reviennent aux affaires comme Delcassé, Millerand, Ribot, Briand, Guesde… Pour sensiblement élargi qu’il soit, le cabinet n’est pas le reflet de l’Union nationale puisqu’en demeure exclus les conservateurs et les catholiques. Au début septembre, le gouvernement est transféré à Bordeaux. Alors que le chef de l’Etat est installé à la préfecture, Viviani loge à l’hôtel de ville. Pendant près de quatre mois, les deux têtes de l’exécutifagissent sans contrepoids parlementaire. La victoire de Joffre sur la Marne marque la fin du calvaire. D’un avis général, la fébrilité du président du Conseil ne cesse de s’accroître au fur et à mesure du prolongement de son séjour dans la capitale girondine. Tenu à l’écart par Poincaré, en mauvais terme avec Millerand, il confie devenir neurasthénique à plusieurs proches. Venu du socialisme pacifique, l’ancien disciple de Jaurès est écartelé quotidiennement entre les idéaux de sa jeunesse et l’obligation de mener une guerre à outrance qui s’elise maintenant dans les tranchées et ne cesse de s’étendre au monde. Le 10 décembre, le gouvernement revient à Paris. Envisageant l’hypothèse d’une guerre plus longue que prévue à l’origine, le gouvernement juge légitime et nécessaire de convoquer le Parlement afin de l’associer à la conduite du conflit. Outre le principe de la permanence de la Chambre, accordé d’emblée sous la pression des socialistes, Viviani s’accorde avec les partis pour l’instauration d’un contrôle parlementaire accru sur la Défense nationale. Dès janvier 1915, la commission sénatoriale élève des critiques acerbes contre la politique de Millerand, transformé en boux émissaire commode des premières défaites. Soutenu par Viviani, le ministre de la Guerre surmonte victorieusement le débat. En réalité, le gouvernement décline en poids et en prestige tandis que le front offre des perspectives de plus en plus sombres. Début octobre 1915, la démission de Delcassé lui porte le coup de grâce. Nerveusement et physiquement épuisé par les mois terribles qu’il vient de vivre, Viviani quitte la présidence du Conseil où Briand le remplace. Ce dernier lui succéde le 29 octobre 1915, il lui confie la Justice, puis la Justice et l’Instruction publique et les beaux-Arts (1916-1917). Ribot le garde dans son cinquième cabinet à la Justice (mars-septembre 1917). Apr7s la guerre, il est également chargé des missions diplomatiques, en Russie avec Albert Thomas, aux Etats-Unis avec le maréchal Joffre. En 1921, il accompagne Briand aux Etats-Unis comme délégué de la Conférence navale de Washington. En 1920 et 1921, il représente la France à la Société des Nations. En 1922, il est élu au Sénat. Un an plus tard, en février, le décès de sa femme l’affecte profondément, alors qu’il était déjà traumatisé par la mort de son beau-fils tué au combat. Il ne se remet pas de ce double choc et en juin 1923 il est touché par une attaque d’apoplexie au cours d’un procès au Palais de justice. Il demeure paralysé et décède au Plessis-Robinson (Seine), le 7 décembre 1925.

RENOUVIN (P.) : Les formes du gouvernement de guerre, Paris, PUF, 1925.

VIVIEN (Pauline Tarn, dite Renée), 1877-1909 : Poétesse. Renée Vivien est née à Londres en 1877 dans une famille d'origine anglo-américaine. Elevée en France, son père meurt à Paris et, toute jeune, elle va voyager à travers le monde jusqu'en Grèce et en Inde. Elle parle de nombreuses langues et l'exotisme de sa personne contribue au mystère qui entoure son existence et ses poèmes. Elle subit l'influence du Parnasse, mais c'est d'abord une sorte de préciosité hellénique, revue par la littérature anglaise, qu'on voudrait évoquer à son propos. Elle débute par des vers : Études et Préludes (1901), Cendres et Poussières (1902), sont empreints de sensualité et de langueur. Elle publie ensuite : Brumes de fjords (1902), poèmes en prose, où elle reproduit les légendes du Nord ; Évocations (1903), poésies, expriment la souffrance du désir et les effets de l'amour jusqu'aux affres de la mort. Cette douleur, dans sa vie et dans son inspiration, cet épuisement du corps, conduisent Renée Vivien vers un mysticisme qui s'affirme de plus en plus. Elle mérite pleinement le nom de Sapho moderne, et elle se réclame de la poétesse de Lesbos dont elle propose une traduction en 1903 : Sapho, traduction nouvelle avec le texte grec. Elle se fait le chantre de la Grèce voluptueuse des amours saphiques avec toute la violence contenue d'une féminité complexe. Ses passions aussi sont violentes et elle s'entoure du lourd parfum de roses et de violettes pour recevoir un groupe d'amies, dont Colette Willy, à l'ombre des hommes. Suivent Les Kitharèdes (1904), où elle traduit, en les accompagnant d’études passionnées, les fragments de quatorze poétesses grecques. Citons encore : Du vert au violet (1903), poèmes en prose, inspirés de légendes de tous pays ; la Vénus des aveugles (1904) ; Une femme m’apparut, roman (1904) ; la Dame à la louve (1904), recueil de nouvelles ; un recueil de vers, intitulé : Á l’heure des mains jointes (1906) ; et les Flambeaux éteints, poésies (1907), etc. Renée Vivien célèbre avec complaisance les amours saphiques. Son inspiration, d’un charme morbide, dérive de Baudelaire. Elle meurt à Paris en 1909, et en 1910 paraît : Haillons, Dans un coin de violettes, invoquent la paix, le repos et l'harmonie auxquels aspirent l'âme et le corps dans un retour à l'amour pur et rêveur. Son dernier recueil, Le Vent des vaisseaux, publié également après sa mort, atteint le calme et cet état d'extinction du désir contre lesquels la plus mystérieuse des poétesses du début du siècle s'était battue tout au long de sa vie.

VLAMINCK (Maurice de), 1876-1958 : Peintre. Né à Paris en 1876 d’un père belge et d’une mère lorraine, tous deux musiciens, Maurice de Vlaminck va vivre avec ses parents au Vésinet en 1879. Marié en 1894, il apprend le dessin avec les peintres Robichon et H. Rigal et travaille dans l’île de Chatou en étant surtout influencé par les Impressionnistes. Après son service militaire entre 1896 et 1899, Vlaminck donne, pour vivre, des leçons de musique et joue comme violonniste au Théâtre du Château d’Eau. En 1900, il rencontre Monet et se lie d’amitié avec Derain avec lequel il loue un atelier dans l’île de Chatou. Vlaminck éprouve comme une sorte de révélation en visitant en 1901 une exposition consacrée à Van Gogh. A partir de ce moment, il travaille en s’inspirant du principe de la couleur pure que le maître hollandais avait appliqué dans son œuvre pour se diriger tout naturellement vers le Fauvisme dont il devient un des représentants les plus importants. Avec Derain, Matisse, Braque et d’autres artistes, Vlaminck est un remarquable peintre fauve d’autant plus qu’il n’avait fréquenté aucune académie. Il est donc un peintre travaillant à l’instinct qui parvient à produire des œuvres puissamment colorées durant près d’une dizaine d’années avant la disparition brutale du Fauvisme. Bizarrement, la carrière de Vlaminck marque brutalement le pas à l’orée de la Première Guerre mondiale après avoir inexplicablement changé de style. Il est vrai que réfractaire à l’idée de fréquenter une académie pour se perfectionner, il ne prend pas non plus la peine de devenir le porte-étendard du Fauvisme et qu’il n’envisage pas une seconde d’avoir des élèves sous son aile en préférant mener sa barque à sa guise. Longtemps peu concerné par le fait de savoir s’il pouvait vivre de sa peinture, Vlaminck ouvre donc la voie à l’Expressionnisme en France mais son influence est surtout manifeste parmi nombre de peintres étrangers venus s’établir à Paris alors que ce mode d’expression reste pratiquement ignoré par les artistes autochtones. Entre 1903 et 1912, Vlaminck s’intéresse essentiellement aux paysages des environs de Chatou tout en s’attirant les faveurs d’Ambroise Vollard qui lui achète son fond d’atelier en 1906 et ce, après qu’il eû fait sensation l’année précédente au Salon des Indépendants où un critique parle pour la première fois de la « cage aux fauves ». Le Fauvisme représente en lui-même une volonté de tout dévoiler et de tout unifier avec la rage de peindre en plus, cette rage qui habite Vlaminck d’emblée et qu’il conserve plus tard en peignant à la chaîne des paysages aux ciels torturés. Anti académique par essence et d’un naturel frondeur, Vlaminck n’a pas de difficulté à devenir révolutionnaire sans toutefois parvenir à le rester. La quarantaine venue, il fini par ressembler à ces sans-culottes dépassés par les événements après avoir fait la révolution. Ce personnage bourru ancré dans ses certitudes et peu enclin à admirer les maîtres qui avançaient tels Picasso ou Braque, poursuit ainsi son chemin en produisant des œuvres, tourmentées certes, mais sombres et plutôt répétitives. Encensé par de nombreux critiques, et surtout par André Salmon, Vlaminck n’a pas à se remettre en question en continuant à produire à profusion des paysages, des natures mortes et quelques portraits qui sont à mille lieues de valoir ses magnifiques toiles de l’époque fauve. Au mieux, on peut dire de Vlaminck qu’il est un tigre transformé en matou dès le début des années 1910. Au pire, on peut avancer que le fauve perd sa patte pour ne plus produire que des œuvres insipides et lassantes. Il est vrai qu’il est quelque peu conduit à abandonner le Fauvisme en suivant inconsciemment les conseils de Salmon et consorts qui prônent durant les années 1920 un retour aux racines de la peinture française pour remettre à l’honneur un art lisible, vivant et humain et se débarrasser des idées farfelues de certains intellectuels ou de spéculations maladives. Pour Salmon, le Cubisme a eu une influence néfaste au point d’exercer des ravages sur les esprits et d’étouffer dans l’œuf toute inspiration. On peut croire qu’en se dirigeant vers une peinture moins spectaculaire et moins agressive, Vlaminck trouva des appuis solides qui malheureusement lui firent perdre une grande partie de sa verve d’antan. Il est non moins vrai qu’en restant à l’écart de la vie artistique parisienne et en vivant quelque peu retiré tout en étant le bon père d'une famille nombreuse, Vlaminck se transforma au fil des ans en artisan dénué d’inspiration en ayant peut-être acquis le sentiment d’être devenu le peintre de la France profonde. Ayant perdu ses repères, il eut la malencontreuse idée de faire partie de ce groupe d’artistes qui allèrent visiter Berlin à l’invitation des nazis durant l’occupation allemande, ce qui le rendit moins sympathique après la guerre mais ne l’empêcha nullement de continuer à peindre inlassablement des paysages qui furent loin de refléter sa gloire passée. Vlaminck renia le Fauvisme probablement parce que les Français restèrent rébarbatifs à ce mode d’expression qui perdura en Allemagne sous le label d’Expressionnisme allemand jusqu’à l’avènement du nazisme. Derain, qui préféra fréquenter une académie pour se perfectionner après s’être formé au contact de Vlaminck en abandonnant lui aussi les couleurs pures pour revenir à un académisme de bon aloi et à une palette plus sourde, eut ensuite une carrière semblable à celle de son ami alors que Braque et Matisse explorèrent des voies nettement plus fécondes. Spectaculaires en tant qu’artistes fauves, Vlaminck et Derain devinrent des peintres plutôt mièvres aidés en cela par des critiques devenus farouchement xénophobes après la Première Guerre Mondiale. On leur tiendra cependant rigueur de ne pas avoir conservé un esprit révolutionnaire ni d’avoir su sublimer leurs talents après avoir largement contribué à la gloire du Fauvisme qui, il est vrai, n’a été qu’un bref intermède dans l’histoire de l’art français.

VOGÜÉ (Melchior, marquis de), 1829-1916 : Archéologue et diplomate. Né à Paris, le 18 octobre 1829. Archéologue, collaborateur de la Revue des Deux Mondes, membre de l'Académie des Inscriptions, auteur d'une Histoire religieuse et des arts de l'Orient, il est nommé par Thiers ambassadeur à Constantinople en 1871 et à l’ambassade de Vienne de 1875. Il donne sa démission lors de la chute de Mahon (1879). Homme de foi et catholique militant, Melchior de Vogüé prend une part décisive au développement d’institutions œuvrant dans ce domaine : Office central des œuvres charitables, Œuvre de la propagation de la foi, Œuvre des écoles d’Orient, Société de secours aux blessés militaires. Membre fondateur de cette dernière société, il en assura le fonctionnement dans le centre de la France durant la guerre de 1870 et il la présida à partir de 1904. Sous son impulsion se regroupèrent les trois sociétés qui formèrent la Croix-Rouge française. Le 30 mai 1901, il est élu à l'Académie française. Outre un grand nombre de monographies sur divers sujets d’archéologie chrétienne, on lui doit quelques ouvrages d’histoire moderne : Villars d’après se correspondances et des documents inédits (1888) ; le Duc de Bourgogne et le Duc de Beauvilliers (1900). Il meurt le 10 novembre 1916.

VOGÜÉ (Eugène, vicomte de), 1848-1910 : Littérateur. Né à Nice le 24 février 1848, Eugène de Vogüé commence par faire une carrière diplomatique de 1871 à 1882 comme secrétaire d’ambassade à Constantinople, au Caire puis se onsacre tout entier aux lettres, collabore à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats. Dans la préface de son important ouvrage sur le Roman russe (1886), Eugène de Vogüé donnant le signal du mouvement dit néo-chrétien, faisant appel aux partisans de l’idéalisme pour lutter contre le naturalisme en littérature le positivisme en philosophie. Le livre lui-même contribue à propager, avec la connaissance du roman russe, le mysticisme d’un Tolstoï ou d’un Dostoïevsky. Il a publié encore Syrie, Palestine, Mont-Athos (1876) ; Histoires orientales (1879) ; chez les pharaons ; Boulacq et Saqquarah (1879) ; les Portraits du Siècle (1883) ; le Fils de Pierre le Grand, Mazeppa ; un changement de règne (1884) ; Histoires d’hiver (1885), Souvenirs et Visions (1887) ; Spectacles contemporains (1891) ; Heures d’histoire (1893) ; Cœurs russes (1894) ; Devant le siècle (1896) ; Regards historiques et littéraires (1897) ; Histoire et poésie (1898) ; Jean d’Agrève (1898), Les Morts qui parlent, roman de mœurs parlementaires (1899) ; le Rappel des ombres (1900) ; Pages d’histoire (1902) ; le Maître de la mer (1903) ; Sous l’horizon : hommes et choses d’hier (1904) ; Maxime Gorki (1905) ; les Routes (1911). Élu membre de l’Académie française le 22 novembre 1888, il devient également député de l’Ardeche de 1893 à 1898. Il meurt à Paris le 24 mars 1910.

VOISIN (Félix), 1832-1915 : Magistrat et homme politique. Né à Paris en 1832, il devient substitut à Melun puis il est nommé après le 4 septembre 1870, procureur de la République à Melun. Élu député en 1871, il siège à l’Assemblée nationale dans le groupe du centre-gauche. Préfet de police (février-octobre 1876), il est nommé conseiller à la Cour de cassation, et prend sa retraite en 1907. Il consacre une part de son activité à des études sociales et philanthropiques, qui lui valent un siège à l’Institut en 1907. Il meurt à Paris en 1915. Félix Voisin, né à Paris le 3 décembre 1832 et mort à Paris le 28 janvier 1915, est un magistrat et homme politique français. Docteur en droit, il est avocat, puis juge suppléant à Versailles en 1860, substitut à Étampes en 1863, à Melun en 1864 et à Versailles en 1868.1 Devenu procureur de la République à Melun en 1870, il est arrêté par les autorités allemandes. Alors qu'il est retenu prisonnier en Allemagne, ses amis posent sa candidature à l'Assemblée nationale et il est élu député de Seine-et-Marne du 8 février 1871. À l'Assemblée, il est l'auteur de plusieurs rapports importants, notamment sur la loi relative à la surveillance de la haute police, en 1873, et sur l'éducation et le patronnage des jeunes détenus, en 1874. Il est ensuite préfet de police du 10 février 1876 au 16 décembre 1877,2 puis conseiller à la Cour de cassation. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1907. Ambroise Vollard Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Aller à : Navigation, Rechercher Fils de notaire né à Saint-Denis de la Réunion le 3 juillet 1866 et mort à Versailles le 22 juillet 1939, Ambroise Vollard fut un grand marchand de tableaux et galeriste français. Biographie [modifier] Le jeune Ambroise Vollard quitte son île natale pour poursuivre des études à Montpellier mais c'est dans la capitale qu'il fera finalement son droit. Il y développe une passion pour la peinture qui l'amène à ouvrir sa galerie d'art en 1890. Il ouvre sa première galerie parisienne en 1893. Il exposera par la suite de nombreux artistes majeurs comme Paul Gauguin ou Henri Matisse, ce dernier en 1904. Il en fréquentera beaucoup d'autres, notamment Paul Cézanne ou Auguste Renoir, qui peindront son portrait, ainsi que les Nabis. En outre, en 1898, Pierre Bonnard, Ker-Xavier Roussel et Édouard Vuillard exécutent à sa demande des lithographies en couleur. Et c'est chez lui qu'a lieu en juin 1901 la première exposition d'œuvres de Pablo Picasso, peintre espagnol qui a également peint son portrait. Il devient l'ami de Maurice de Vlaminck et contribue énormément à sa reconnaissance. Plus tard, il rencontre également Alfred Jarry. À son contact, il se découvre écrivain et commet notamment plusieurs Ubu durant la Première Guerre Mondiale dont son Ubu Colonial. Il se lance dès 1889 dans l'édition et publie de nombreux poètes dans des recueils illustrés par autant de grands maîtres. Il tente de lancer en 1895 une revue, l'Estampe moderne, qui ne connaîtra qu'un seul numéro. Il est nommé officier de la légion d'honneur en 1911. En 1914, il ferme sa galerie parisienne, transferant ses tableaux dans la région de Saumur. Il ne rouvre qu'en 1919 après la fin des hostilités. Il en est cependant expulsé du fait du percement du boulevard Haussmann en 1924, l'obligeant à déménager dans le VIIe arrondissement. Le 23 août 1939, Le Réunionnais annonce la mort d'Ambroise Vollard dans un accident de voiture. VUILARD (Edouard), 1868-1940 : Peintre. Né le 11 novembre 1869 à Cuiseaux (Saône et Loire), Edouard Vuillard se consacra très tôt à la peinture en produisant d’abord des natures mortes finement exécutées à la fin des années 1880. A la fois secret mais aussi sociable, vivant en vase clos et ayant de pour amis de nombreux intellectuels, Vuillard s’intéressa rapidement à représenter un univers intime dans ses œuvres après avoir subi l’influence de Gauguin vers 1890. Il se rapprocha alors du groupe des Nabis et fit preuve d’une rare audace en traitant ses sujets avec des couleurs et des à plats pour chercher à aller au fond des choses avec la minutie d’un entomologiste. Vuillard s’attacha ainsi à peindre le quotidien avec la hargne du détail et de l’atmosphère, à la manière d’un photographe cherchant à fixer un moment bien particulier. A partir de 1893, il alla à l’encontre de la mode des grands formats en peignant souvent des petites toiles pleines de charme et de mystère après avoir choisi comme modèles sa mère et ses amis, Mme Desmarais, les frères Natanson, Le docteur Vaquez, Henri Bernstein, les Bernheim ou Claude Anet. Créées dans la solitude, les peintures de Vuillard exaltèrent l’harmonie et l’intimisme à leur plus haut niveau sans qu’il cherchât à tirer profit de son talent sur la scène artistique. Tout au long de sa vie, l’artiste manifesta une profonde modestie et une pudeur exacerbée en restant pratiquement calfeutré chez lui pour travailler inlassablement jusqu’à sa mort en 1940. Ce ne fut donc qu’après sa disparition qu’il fut vraiment découvert par le grand public.

 
     
 
Document sans nom

Document sans nom Document sans nom