GADAUT (Antoine-Elie), 1841-1897 : Médecin et homme politique. Né à Sainte-Mayme-de-Pereyrol (Dordogne) le 26 avril 1841, Gadaud, docteur en médecine, volontaire pour le secours aux blessés en 1870 aux postes les plus exposés, entre au parlement en 1885. Ministre de l’Agriculture du 26 janvier au 1er novembre 1895 dans le cabinet Bourgeois, il tente d’innover mais n’a pas le temps d’avoir une réelle influence sur l’agriculture nationale. Il décède à Périgueux (Dordogne) le 29 octobre 1897.
GALIBER (Charles-Eugène), 1824-1909 : Vice-amiral et homme politique. Né à Castres (Tarn) le 2 juillet 1924, ancien élève de l’Ecole navale, Galiber commande un temps le détavhement français à Madagascar et parvient à aplanir les difficultés avec la mission anglaise locale. Membre du conseil d’amirauté à son retour en France, il est nommé ministre de la Marine du 6 avril 1885 au 6 janvier 1886 dans le cabinet Brisson. Il décède à Paris le 25 janvier 1909.
GALLÉ (Émile), 1846-1904 : Verrier et céramiste. Après une période d'apprentissage dans différentes villes d'Europe, Weimar et Meisenthal entre autres, Emile Gallé est associé à l'entreprise de négoce et de décoration de faïence et de verrerie de son père dès 1867. Dix ans plus tard, il reprend à son compte l'affaire familiale et étend ses activités à l'ébénisterie en 1885. Déjà remarqué à l'Exposition de la Terre et du Verre en 1884, Emile Gallé est consacré à l'Exposition universelle de Paris en 1889 par trois récompenses pour ses céramiques, ses verreries et son mobilier. Mais la céramique, au grand regret d'Emile Gallé, n'a plus les faveurs du public. Il s'oriente vers le travail du verre, domaine dans lequel il développe et crée de nouveaux procédés de fabrication. Ses recherches aboutissent en 1898 au dépôt de deux brevets, l'un concernant la marqueterie de verre et l'autre, la patine sur verre.
Son oeuvre, aux multiples références, exprime la diversité des intérêts d'Emile Gallé où la nature joue un rôle dominant, mais non exclusif. Ses engagements patriotiques et politiques trouvent leur forme la plus aboutie aux expositions universelles de Paris en 1889 et 1900 avec des pièces comme la table " Le Rhin " (qui revendique le retour d'une Alsace-Lorraine unie à la France) ou encore des installations spectaculaires comme " Les sept cruches de Marjolaine " (en faveur de la réhabilitation de Dreyfus). Engagé très tôt dans le renouvellement des arts décoratifs, Emile Gallé diffuse, dans ses dépôts français mais aussi anglais et allemand, des pièces de série de qualité, grâce à l'industrialisation de sa production. En 1901, il est le fondateur et le premier président de l'Ecole de Nancy, " Alliance Provinciale des Industries d'Art ".
-THIEBAUT. Emile Gallé. Paris, Gallimard, 2004
-LE TACON. Emile Gallé, artiste des temps nouveaux. Strasbourg, La Nuée bleue, 2004
GALLI (Louis-Henri-Désiré Gallichet, dit), 1853-1922 : Journaliste et homme politique. Né à Chalons-sur-Marne (Marne) le 16 novembre 1853, rédacteur à La Semaine républicaine, au Voltaire, à l’Evènement, dont il devient secrétaire général, Galli est l’un des fondateurs de la Ligue des Patriotes et rédacteur en chef du Drapeau, son organe. Il collabore à La Cocarde, au Jour et à l’Intransigeant et est syndic de l’association des journalistes républicains. Ami personnel de Paul Déroulède, il soutient la campagne du général Boulanger et prend part au mouvement nationaliste déchaîné par l’affaire Dreyfus. Elu conseiller municipal de Paris en 1900, il conserve son siège jusqu’en 1919. Aux élection législatives de 1914 il est élu député du Parti républicain démocratique de la Seine. Réélu en 1919 sur la liste d’union républicaine nationale et sociale, il décède en cours de mandat à Paris le 20 mai 1922.
GALLIENI (Joseph-Simon), 1849-1916 : Maréchal et homme politique. Né à Saint-Béat (Haute-Garonne) le 24 avril 1849, Joseph Gallieni, après l'école militaire de Saint Cyr, entre dans l'infanterie de marine avec le grade de sous lieutenant en 1870. Il participe à la guerre contre la Prusse où il est blessé et fait prisonnier. Capitaine en 1878, il est envoyé en Afrique au Niger où il négocie avec le Sultan Ahmadou, un traité accordant à la France le commerce du Haut Niger (1881). Lieutenant colonel, il est envoyé au Tonkin (1893-1895), où il lutte contre les pirates chinois puis consolide la présence en organisant l'administration du pays. Son principal collaborateur est alors le commandant Lyautey. Gouverneur général de Madagascar de 1896 à 1905, il rétablit l'ordre dans la nouvelle colonie française et dépose la nouvelle reine, Ranavalona III (elle doit renoncer à régner et partir en exil) puis rentre ensuite en France où il est placé en réserve. Pour pacifier les pays colonisés, il préconisait la méthode de la « tache d'huile ». Selon le général Gallieni, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines, comme l'administration, l'économie et l'enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et de ses langues.
Le 26 août 1914, il est nommé gouverneur militaire de Paris et parvient à la victoire de la bataille de l'Ourcq, notamment par la réquisition des taxis. En dépit d’une très mauvaise santé, il accepte de poste de ministre de la Guerre du 29 octobre 1915 au 16 mai 1916 que lui propose Briand dans son cinquième cabinet. Soumis aux « recommandations » incessantes du grand quartier général et des parlemantaires, son mal empire et après sa démission, meurt des suites d'une longue maladie à Versailles le 27 mai 1916. On le nomme Maréchal à titre posthume en 1921. Il a été également l’auteur de nombreux ouvrages.
GALLIFFET (Gaston-Alexandre-Auguste, marquis de), 1830-1909 : Général et homme politique. Né à Paris le 30 janvier 1830, Galliffet est caractérisé comme un officier de cavalerie au courage extraordinaire, habitué de la cour impériale et pourfandeur de la commune. Il profite d’une année de prison pour concevoir une importante réorganisation de la cavalerie, qu’il s’emploie à mettre en œuvre lorsqi’il est nommé à la tête de cette armée. « Aristocrate jusqu’au bout des ongles », il est parfaitement loyal vis-à-vis du régime, aussi bien au moment du boulangisme que de l’affaire dreyfis. C’est pour cette qualité que Waldeck-Rousseau lui propose le ministère de la Guerre du 22 juin 1899 au 20 mai 1900 dans son cabinet. Soucieux de mettrre fin au malaise de larmée consécutif à l’affaire, il reste célèbre pour avoir déclaré : « l’incident est clos ». il en profite tout de même pour modifier les procdures de notation et d’avancement, qui étaient la chasse gardée de l’état-major, et supprime l’inspection générale. Il doit faire face aux attaques aux attaques de tous abords, l’extrême gauche parle de provocation et la droite n’accepte pas une alliance qu’elle considère comme contre nature. Peu habitués aux joutes parlementaires, fatigué de la froideur de ses collègues et épuisé physiquement, il démissionne au bout d’un an en désignant son successeur. Il meurt à Paris le 9 juillet 1909.
GALLIMARD (Gaston), 1881-1975 : Editeur. Né à Paris le 18 janvier 1881, son père, Paul Gallimard, est un rentier qui collectionne les livres rares et les tableaux impressionnistes. Gaston Gallimard étudie sept ans au Lycée Condorcet, où il fait la connaissance de Roger Martin du Gard. Il arrête ses études après avoir obtenu son baccalauréat en 1898.
À vingt ans, Gallimard est un dandy qui semble destiné à suivre les traces de son père et devient secrétaire de l’auteur dramatique Robert de Flers. En 1910, la Nouvelle Revue française crée un comptoir d’édition et engage Gallimard comme gérant. Celui-ci apporte avec André Gide et Jean Schlumberger le capital nécessaire. En 1913, il est nommé administrateur du théâtre du Vieux-Colombier qui vient d’être créé. Il fait connaissance avec la comédienne Valentine Tessier, qui deviendra sa maîtresse.
Lors de la Première Guerre mondiale, Gallimard cherche par tous les moyens à se faire réformer. Il fait plusieurs séjours dans des sanatoriums. Ses activités d’éditeur tournent au ralenti. En 1917, il part pour six mois à New York où il accompagne la troupe du Vieux-Colombier dans une tournée de propagande pour la culture française.
En 1918, après un second séjour aux États-Unis, il décide de créer une véritable entreprise clairement distincte de la NRF, la librairie Gallimard. Au début des années 1920, une campagne de presse contre l’influence croissante de la NRF est lancée. La riposte face à cette « croisade de longues figures » mobilise tout l’entregent de Gallimard.
En 1928, la création de ZED-publications vise à lancer des hebdomadaires (Détective, Voilà, Marianne…) et des revues (Revue du cinéma…) tout en protégeant la librairie Gallimard des éventuels échecs. L’hebdomadaire de faits divers Détective rencontre un très grand succès.
En 1933, il produit le film Madame Bovary de Jean Renoir, dont le rôle principal est tenu par Valentine Tessier. C’est un échec commercial.
Gallimard fuit la Seconde Guerre mondiale dans le sud de la France et ne revient à Paris qu’après l’Armistice de 1940. Continuant sa carrière après la Libération, il décèdera à Neuilly-sur-Seine (Seine) le 25 décembre 1975.
ASSOULINE (P.) : Gaston Gallimard : Un demi-siècle d’édition française, Balland, 1984, Folio, 2006.
GAMBETTA (Léon-Michel), 1838-1882 : Avocat et homme politique. Fils d’un émigré génois établi à Cahors, Léon Gambetta est considéré comme l’une des figures emblématiques de la IIIeme République. Né le 2 avril 1838 à Cahors (Lot), Léon Gambetta fait ses études supérieures à Paris où il devient avocat en 1860. Il accède à la notoriété en 1868 en s’opposant au régime de Napoléon III ; lors de sa plaidoirie en faveur de Delescluze — accusé pour avoir voulu élever une statue à la mémoire du député Baudin, mort sur les barricades en s’opposant au coup d’État de 1851 —, il transforme le prétoire en tribune politique : il y prononce un sévère réquisitoire contre le second Empire et entre alors dans l’opposition républicaine. Dans la foulée, il se présente aux élections de 1869. Élu à Marseille et Paris, il s’affirme comme l’un des principaux tribuns de la Chambre, mettant son talent oratoire au service de son refus du bellicisme germanophobe. Mais le patriote finit néanmoins par voter les subsides lors de l’entrée en guerre.
Le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite de Sedan, Léon Gambetta prend part à une journée révolutionnaire à l’issue de laquelle, s’étant rendu à l’Hôtel de Ville de Paris, il y proclame la République avec Jules Ferry et Jules Favre. Ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale du 4 septembre 1870 au 6 février 1871, il annonce à tous les préfets la proclamation de la République puis s’échappe de Paris en ballon. Réfugié à Tours, puis à Bordeaux avec le gouvernement, il prend le portefeuille de la Guerre du 9 octobre 1870 au 6 février 1871 et cherche, sans succès, à réorganiser l’armée française grâce à une opération de mobilisation des départements mais impose aux militaires des civils plus politiques que techniciens.
Farouche patriote et désormais partisan de la guerre à outrance contre la Prusse, Léon Gambetta entend instaurer, avec Charles de Freycinet, une dictature de Salut public — à l’image de celle de 1793 — pour prolonger le combat contre les Allemands. Ce radicalisme l’amène à démissionner peu après l’armistice du 28 janvier 1871, qu’il assimile à une trahison. Il souhaite en effet que tous les députés ayant servi sous Napoléon III (qu’il tient pour coresponsables du conflit) soient frappés d’inéligibilité ; devant le refus du gouvernement, il quitte ses fonctions le 6 février. Cette volte-face ne l’empêche pas, au contraire, de briller lors des élections suivantes. En effet, en vertu du droit aux candidatures multiples, il est élu dans neuf départements et choisit symboliquement le Bas-Rhin, traumatisé par la guerre. En outre, il s’associe aux députés alsaciens pour dénoncer l’annexion des départements de l’Est par l’Allemagne (mars).
Radical, Léon Gambetta l’est encore lorsqu’il abandonne sa députation après la signature du traité de Francfort, puis quand il refuse de prendre parti dans le débat autour d’une Commune qu’il considère avant tout comme une lutte fratricide. Réélu à Marseille et Paris en juillet 1871, il rejoint les rangs radicaux, à l’extrême gauche de l’hémicycle, et fait montre d’une activité débordante, parcourant la province pour dénoncer le cléricalisme et convaincre les Français de la grandeur de l’idéal républicain. Pour défendre ses thèses, il fonde la République française en novembre de la même année ; le journal végète un temps avant de s’imposer comme un quotidien d’influence, s’opposant avec force à l’idée de la restauration. Peu à peu cependant, Léon Gambetta rallie des options moins radicales. Certains lui reprochent alors vertement d’être un opportuniste, notamment lorsqu’il soutient Adolphe Thiers, qui vient de déclarer que la « République sera conservatrice ou ne sera pas ». En fait, Léon Gambetta reste farouchement laïque et anticlérical, mais juge que la question de l’intégration républicaine impose une réflexion et des réformes raisonnées.
Il s’oppose à la vision d’un bouleversement radical, tel le principe de la révolution sociale défendue par les socialistes. Pour lui, la République ne peut s’enraciner durablement que dans la modération et grâce à un gouvernement « ennemi des chimères » appuyé sur le soutien de la classe moyenne émergente, dont il pressent l’importance : « une souche sociale nouvelle », selon ses propres termes, aspirant à l’ascension sociale. Ascension sociale qui est, à ses yeux, le ferment même de l’intégration républicaine de toute l’hétérogène nation, depuis les ouvriers jusqu’à la bourgeoisie. C’est également au nom de cette modération qu’il s’oppose à la politique de l’Ordre moral du président de la République Mac-Mahon, mais qu’il s’allie aux centristes pour voter les lois constitutionnelles de 1875, créant notamment le Sénat — dénoncé par les radicaux et les socialistes comme une institution impériale alors que lui-même y voit un « grand conseil des communes de France ». Quoique décriée, l’action de Léon Gambetta fait des émules. L’homme et son approche conciliatoire de la République jouissent d’une immense popularité. Lorsque, au lendemain de la crise du 16 mai 1877, il parcourt le pays dans le cadre de la campagne électorale, il défend ses vues envers et contre tout, prenant la tête du mouvement qui aboutit à la victoire définitive du régime républicain. Sa véhémence lui vaut d’ailleurs une condamnation après qu’il a publiquement prévenu le président Mac-Mahon que le résultat des élections lui imposera de « se démettre ou de se soumettre ». De retour à la Chambre à la tête de plus de 300 députés, il obtient dans un premier temps la nomination du gouvernement républicain de Jules Dufaure. Puis, le 30 janvier 1879, il pousse Mac-Mahon à la démission. Pourtant, il refuse la succession à l’Élysée, préférant favoriser la candidature de Jules Grévy. Il apparaît alors comme le chef de file du camp républicain. Il n’en reste pas moins que l’autoritarisme de Léon Gambetta et son désir de voir mener une politique coloniale audacieuse permettant à la France de préserver son rang de « grande puissance », entament progressivement son crédit auprès de nombreux républicains. Certains craignent en outre que, fort de son sens tactique et de sa popularité, il accède à la présidence du Conseil et y développe un pouvoir personnel, faisant triompher sa conception conciliatrice de la République. Aussi, lorsque, en 1879, Jules Ferry et Jules Grévy fondent la Gauche républicaine, Léon Gambetta est le chef de l’autre famille républicaine, l’Union, tenue à l’écart du pouvoir par le président Grévy.
À Gambetta n’échoit que la présidence de l’Assemblée nationale. Cette fracture au sein du mouvement républicain le met dans une situation plus délicate encore après la victoire de sa tendance aux élections de novembre 1881 et sa réélection à Paris. Alors qu’il est appelé à former le gouvernement qu’il veut très ouvert et qu’il nomme « grand ministère » (14 novembre), les dirigeants républicains refusent d’y siéger. Léon Gambetta ne peut rassembler que de jeunes membres de l’Union républicaine, promis pour certains à de belles carrières (notamment Pierre Waldeck-Rousseau et Félix Faure), ce qui vaut au gouvernement d’être surnommé le « ministère de commis ». Il se prononce tout de suite pour la réorganisation de la Justice, de la Prévoance sociale et de l’Armée, ainsi que pour « la stricte application du régime concordataire ». Mais la méfiance s’installe aussi bien chez ses adversaires que chez les républicains qui lui reprochent de confier des responsabilités à des conservateurs et qui s’inquiètent de la volonté de Gambetta de gouverner « au dessus des partis ». Son ton autoritaire et la circulaire adressée au préfets affirmant la volonté de constituer une administration forte et expliquant implicitement aux députés que leurs requêtes devaient désormais passer par l’intermédiaire des représentants de l’Etat, le privent rapidement de son soutien parlementaire. Cependant, c’est lui_même qui d’éclenche l’issue du conflit. Découragé par son échec en Egypte, il dépose un projet prévoyant l’inscription du scrutin de liste dans la Constitution. Devant l’hostilité de la commission chargée de l’examen du texte, il pose la question de confiance et défend le scrutin de liste dans l’un de ses discours. Cela ne suffit pas à emporter l’adhésion de la Chambre qui l’oblige à démissionner en rejettant son texte. Non seulement politique, la crise est aussi financière et internationale. Les amuvaises récoltes, la destruction du vignoble par le Phylloxera, la baisse du prix de la terre et le ralentissement de l’industrie de l’industrie, associés au Krach de l’Union générale font chuter les rentrées dues aux impôts et mettent en diffisulté les finances nationales. Pris entre les feux croisés de la gauche et de la droite, le ministère est renversé le 27 janvier 1882, après soixante-quatorze jours de direction. C’est alors que Gambetta retrouve sa place à la gauche de la Chambre et que ses amis préparent son élection à la présidence de la République. Il meurt prématurément, à quarante-quatre ans, le 31 décembre 1882 à Ville-d’Avray, suite au maniement malencontreux d'un revolver (d'aucuns pensent qu'il manipulait celui-ci en se disputant avec sa maîtresse Léonie Léon). Borgne, il se faisait toujours représenter ou photographier de profil. Ses funérailles, événement national, marquent la fin de la République balbutiante.
AMSON (D.) : Gambetta où le rêve brisé, Paris, Editions Tallandier, 1994.
GAMELIN (Maurice-Gustave), 1872-1958 : Général. Né le 20 septembre 1872 à Paris dans une famille de militaires, Maurice Gamelin sort major de Saint-Cyr (1893). Il est attaché à l'état-major du général Joffre (1902-1911). Chef de son cabinet en 1914, il participe à la bataille de la Marne en septembre. Gamelin servit avec compétence sous les ordres de Joseph Joffre. En 1914, il rédigea les instructions qui allaient conduire à la victoire de la Marne. Général en 1916, il se distingue lors de la bataille de la Somme, puis devant Noyon en 1918.
De 1919 à 1924, le général Gamelin dirige la mission militaire française au Brésil. Puis il est nommé commandant des troupes françaises au Levant (1924-1929). A ce poste, il achève la pacification du territoire. Rentré en France, il prend le commandement de la XXe région militaire à Nancy, puis, en 1931, il succède à Weygand au poste de chef d'état-major général. A partir de 1935, il cumule cette fonction avec celle d'inspecteur général de l'armée. Avant lui, seul Joffre avait eu autant de pouvoir. Il deviendra ensuite le premier titulaire du poste de chef d'état-major de la Défense nationale en 1938, avec une mission de coordination entre les trois armes. Maurice Gamelin est un protégé d'Édouard Daladier, ce qui explique sans doute en partie une telle ascension. Jouissant d'un grand prestige il est commandant en chef des forces franco-britanniques en 1939. Confiant dans la stratégie défensive et la protection de la ligne Maginot, il met les unités les plus modernes de l'armée en Belgique et les plus faibles dans les Ardennes. Son échec en mai 1940, entraîne son remplacement par Weygand (19 mai 1940). Après la défaite, il est arrêté le 6 septembre 1940, puis inculpé au procès de Riom en 1942. Libéré en mai 1945, il décèdera le 18 avril 1958.
GANCE (Abel), 1889-1981 : Réalisateur, scénariste et producteur. Né à Paris le 25 octobre 1889, Abel Gance compte parmi les plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma français. Il s'affirme dès 1918 comme un cinéaste novateur, dont le style empreint de lyrisme tranche sur la production de l'époque. J'accuse (1919) et La Roue (1923) font de lui un réalisateur vedette, tandis que Napoléon (1927) est l'un des derniers grands succès français du cinéma muet. Mais le grave échec financier de La fin du monde (1931) brise sa carrière. Citons encore de lui : La folie du docteur Tue (1916), Barberousse (1917), La Dixième symphonie (1918), Mater Dolorosa (1918), La Roue (1923), Au secours ! (1924), La Dame aux camélias (1934), Le Roman d'un jeune homme pauvre (1935), Lucrèce Borgia (1935), Jérôme Perreau, héros des barricades (1935), Napoléon, version remaniée du film de 1927(1935), Le Voleur de femmes (1936), Un grand amour de Beethoven (1936), J'accuse (1938), Louise (1939). Il décèdera à Paris le 10 novembre 1981.
GANDARA (Antonio de la), 1861-1917 : Peintre et pastelliste. Gandara, né à Paris le 16 décembre 1861 d'un père espagnol et d'une mère française, est élève de Gérôme, de Cabanel, et de Boutard à l'Ecole Nationale et Spéciale des Beaux-Arts de Paris où il est admis en 1878. On le retrouve proche de Rodolphe Salis, fondateur du Chat noir, et contribuant au Salon des Incohérents.
Il expose un Saint Sébastien percé de Flèches au Salon des Champs-Elysées en 1883, puis présente chaque année à partir de 1891 de nombreuses œuvres aux Salons de la Société des Beaux-Arts. Médaille d'argent de l'Exposition Universelle de Paris en 1900, médaille d'Or à Munich la même année, officier de la Légion d'Honneur, chevalier de l'Ordre Royal d'Isabelle la Catholique, ce peintre de grand talent expose notamment en France, en Autriche, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Belgique. Il brillait par la finesse des traits, par une utilisation intelligente des couleurs, et par une technique prodigieuse et ses succès ne manquèrent pas de faire quelques jaloux parmi ses confrères.
L'artiste dessina ou peignit son époque : portraits d' Anna de Noailles, Sarah Bernhardt, Leconte de Lisle, Verlaine, Robert de Montesquiou, Rodolphe Salis, Princesse de Chimay, Jean Lorrain, Prince de Polignac, Grande Duchesse de Mecklembourg, Madame Gautreau, Madame Burke-Roche, Ida Rubinstein, Polaire, Liane de Pougy, Lina Cavalieri, Eva-Christiane de Hermaines, Whistler, Comtesse de Montebello, … mais aussi de nombreuses vues de Paris, quelques natures mortes, et quelques œuvres symbolistes (Don Quichotte).
Gandara servit de modèle à Marcel Proust dans Jean Santeuil. Jean Lorrain s'inspira de La Petite Fille en Jaune et de La Dame en Vert, pour écrire Sonyeuse. Gandara meurt à Paris le 30 juin 1917.
GARCHERY (Jean-Louis), 1872-1957 : Employé de commerce et homme politique. Né le 1er janvier 1872 à Nolay (Côte-d’Or), Jean Garchery adhère au parti socialiste assez jeune et est élu conseiller municipal du XIIème arrondissement de Paris après la Première Guerre mondiale. Lorsque se produit la scission de Tours en 1920, il suit la majorité du parti et, trois ans plus tard, entre au comité directeur du parti communiste. Aux élections législatives de 1924, il est l’un des deux communistes élus dans le 2ème secteur de la Seine. Mais il est battu lors des élections de 1928. L’année suivante, il est, avec cinq autres conseillers municipaux de Paris, exclu du parti communiste. Il fonde alors avec eux le parti ouvrier et paysan qui prend bientôt le nom de parti d’unité prolétarienne (PUP). C’est sous cette étiquette qu’il est élu de nouveau député dans le XIIème arrondissement de Paris en 1932. Avec les huit autres députés du PUP, il constitue à la Chambre un groupe parlementaire dont il prend la présidence. Réélu en 1936, toujours comme « pupiste », il rejoint bientôt le groupe socialiste, le PUP ayant été absorbé par la SFIO. Votant le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, il est déclaré inéligible et exclu du parti socialiste à la Libération. Il décèdera le 12 février 1957 à Nice (Alpes-Maritimes).
GARDES DES SCEAUX :
Liste des Gardes des Sceaux :
-Isaac Crémieux, Ministre de la Justice, 4 septembre 1870 - 18 février 1871,
-Jules Dufaure, Avocat, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, 19 février 1871 - 24 mai 1873
-Octave Depeyre, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 26 novembre 1873 - 21 mai 1874 ;
-Jacques de Broglie, garde des Sceaux, Ministre de la Justice, 17 mai - 22 novembre 1877 ;
-Jules Dufaure, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
12 décembre 1877 - 3 février 1879 ;
-Gustave Humbert, premier président de la Cour
des Comptes, garde des Sceaux, Ministre de la Justice, 30 janvier - 6 août 1882 ;
-Eugène-Henri Brisson, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 30 mars 1885 - 6 janvier 1886 ;
-Charles Demole, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 7 janvier - 10 décembre 1886 ;
-Jean Sarrien, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 11 décembre 1886 - 29 mai 1887 ;
-Armand Fallières, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 12 décembre 1887 - 2 avril 1888, 17 mars 1890 - 27 février 1892 ;
-Léon Bourgeois, directeur au ministère de l'Intérieur, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 6 décembre 1892 - 3 avril 1893 ;
-Antonin Dubost, conseiller d'Etat, garde des Sceaux,
Ministre de la Justice, 3 décembre 1893 - 29 mai 1894 ;
-Jean Sarrien, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 28 juin - 30 octobre 1898 ;
-Ernest Monis, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 22 juin 1899 - 6 juin 1902 ;
-Ernest Vallé, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 7 juin 1902 - 20 janvier 1905 :
-Joseph Chaumié, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 21 janvier 1905 - 13 mars 1906 ;
-Jean Sarrien, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 14 mars - 24 octobre 1906 ;
-Aristide Briand, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 24 janvier 1908 - 23 juillet 1909 ;
-Louis Barthou, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 24 juillet 1909 - 2 novembre 1910 ;
-Antoine Perrier, avoué, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 2 mars - 23 juin 1911 ;
-Jean Cruppi, avocat général près la Cour de cassation, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 24 juin 1911 - 13 janvier 1912 ;
-Aristide Briand, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
14 janvier 1912 - 20 janvier 1913 ;
-Louis Barthou, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
21 janvier - 21 mars 1913 ;
-Antony Ratier, avoué, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 22 mars - 8 décembre 1913 ;
-Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, maître des requêtes au Conseil d'Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 9 décembre 1913 - 8 juin 1914 ;
-Alexandre Ribot conseiller d'Etat, garde des Sceaux,
ministre de la Justice, 9 - 12 juin 1914 ;
-Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, garde des Sceaux,
Ministre de la Justice, 13 juin - 25 août 1914 ;
-Aristide Briand, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 26 août 1914 - 28 octobre 1915 ;
-René Viviani, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 29 octobre 1915 - 11 septembre 1917 ;
-Raoul Péret, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 12 septembre - 15 novembre 1917 ;
-Louis Nail avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 16 novembre 1917 - 19 janvier 1920 ;
-Gustave l'Hopiteau, avoué, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 20 janvier 1920 - 15 janvier 1921 ;
-Laurent Bonnevay, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 16 janvier 1921 - 20 janvier 1922 ;
-Louis Barthou, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
21 janvier - 4 octobre 1922 ;
-Maurice Colrat, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 5 octobre 1922 - 28 mars 1924 ;
-Edmond Lefébvre du Prey, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 29 mars - 13 juin 1924 ;
-René Renoult, avocat, garde des Sceaux,
ministre de la Justice, 14 juin 1924 - 16 avril 1925
-Théodore Steeg, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
17 avril - 10 octobre 1925 ;
-Anatole de Monzie, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 11 octobre - 28 octobre 1925 ;
-Camille Chautemps, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 29 octobre - 27 novembre 1925 ;
-René Renoult, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
28 novembre 1925 - 8 mars 1926 ;
-Pierre Laval, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 9 mars - 18 juillet 1926 ;
-Maurice Colrat, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
19 - 22 juillet 1926 ;
-Louis Barthou, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
23 juillet 1926 - 2 novembre 1929 ;
-Lucien Hubert, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 3 novembre 1929 - 20 février 1930 ;
-Théodore Steeg, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
21 février - 1er mars 1930 ;
Raoul Péret, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 2 mars - 16 novembre 1930 ;
Henri Chéron, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 17 novembre 1930 - 26 janvier 1931 ;
-Léon Bérard, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 27 janvier 1931 - 19 février 1932 ;
-Paul Reynaud, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 20 février - 2 juin 1932 ;
-René Renoult, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
3 juin - 17 décembre 1932 ;
-Abel Gardey, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 18 décembre 1932 - 30 janvier 1933 ;
-Albert Dalimier, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 26 octobre - 25 novembre 1933
-Eugène Raynaldy, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 26 novembre 1933 - 29 janvier 1934 ;
-Henri Chéron, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
10 février - 14 octobre 1934 ;
-Henri Lemery, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 15 octobre - 7 novembre 1934 ;
-Georges Pernot, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 8 novembre 1934 - 6 juin 1935 ;
-Léon Bérard, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 7 juin 1935 - 24 janvier 1936 ;
-Yvon Delbos, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 25 janvier - 3 juin 1936 ;
-Marc Rucart, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 4 juin 1936 - 21 juin 1937 ;
-Vincent Auriol, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 22 juin 1937 - 17 janvier 1938 ;
-César Campinchi, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 18 janvier - 12 mars 1938 ;
-Marc Rucart, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
13 mars - 9 avril 1938 ;
-Paul Reynaud, garde des Sceaux, ministre de la Justice,
10 avril - 31 octobre 1938 ;
-Paul Marchandeau, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 1er novembre 1938 - 11 septembre 1939 ;
-Georges Bonnet, avocat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, 12 septembre 1939 - 20 mars 1940 ;
-Albert Serol, avocat, garde des Sceaux ministre de la Justice, 21 mars - 15 juin 1940.
GARIN (Maurice) :
GARNIER (Charles), 1825-1898 :
Architecte.
GARDEY (Abel), 1882-1957 : Homme politique. Né à Margouet-Meymes (Gers) le 21 novembre 1882, Abel Gardey a été trois fois ministre mais est resté trop peu de temps pour avoir eu une réelle action au gouvernement. Sa réputation de spécialiste des affaires financières et agricoles acquise au parlement par ses discours retentissants et ses très nombreuses interventions sur ce sujet le fait remarquer par Herriot. Nommé ministre de l’Agriculture dans son troisième cabinet du 3 juin au 17 décembre 1932, il est nommé ensuite ministre de la Justice du 18 décembre 1932 au 30 janvier 1933 dans le ministère Paul-Boncour. Enfin, ministre du Budget du 26 octobre au 25 novembre 1933 dans le premier ministère Sarraut, il présente un projet de redressement de plus de deux milliards d’économies qui, complètement modifié par la Chambre, provoque la chute du gouvernement. Il décèdera le 10 octobre 1945.
GARNIER-PAGÈS (Louis-Antoine), 1803-1878 : Homme politique. Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 16 février 1803, Garnier-Pagès prends part à la révolution de 1830, devient député de l’Eure en 1842, membre du gouvernement prisoire en 1848, maire de Paris, puis ministre des Finances. Il entre au Corps législatif comme député de l’opposition en 1864 et vote en 1870 contre la guerre. Du 4 septembre 1870 au 8 février 1871, il est membre du gouvernement de la Défense nationale mais le souvenir de son impopularité en 1848 empêchera ses congénères de lui confier un portefeuille et demeure contonné à un rôle très secondaire. Rentré dans la vie privée en 1871, il décède à Paris le 30 octobre 1878. Il était l’auteur de nombreux livres dont L’Opposition et l’Empire (1873).
GASNIER-DUPARC (Alphonse-Henri), 1879-1945 : Avocat et homme politique. Né à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) le 21 juin 1879, Gasnier-Duparc est élu en 1932 sénateur d’Ille-et-Vilaine et se spécialise à la fois dans les questions maritimes et juridiques. Cet avocat est nommé ministre de la Marine par Blum dans son premier cabinet du 4 juin 1936 au 21 juin 1937. Il met en place un certain nombre de mesures destinées à rajeunir et à augmenter la flotte et doit face aux quelques incidents qui ont lieu alors dans les ports et les arsenaux. Il effectue aussi un voyage d’étude au Maroc et préside à cette occasion le congrès fédéral du parti radical. Réélu au au Sénat dans le même département de 1933 à 1941, il décèdera à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le 10 octobre 1945.
GASTON-GÉRARD (Gaston Gérard, dit), 1878-1969 : Avocat et homme politique. Né à Dijon (Côtes-d’Or) le 30 avril 1878, Gaston-Gérard est d’abord avocat, conseiller général puis devient maire de sa commune natale et député de la Côte-d’Or de 1928 à 1932 et de 1936 à 1942.
Infatigable défenseur de la culture, il associe son nom au renouveau du tourisme français dans les années 1930. Tardieu en profite pour lui confier le haut-commissariat au Tourisme du 2 mars au 12 décembre 1930 dans son second cabinet puis Laval lui confie dans son premier ministère le sous-secrétariat d’Etat aux Travaux publics, chargé du toursime du 27 janvier au 12 juin 1931. Il garde le même ortefeuille dans le troisième cabinet Laval puis est nommé sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics et à la Marine marchande du 20 février au 2 juin 1932 dans le troisième cabinet Tardieu. Pour lui, « la France est l’atelier de réparation de l’outillage humain ! » et il souhaite la rendre plus accessible. Pour ce faire, il travaille à l’amélioration du réseau routier et de l’hôtellerie. Ayant voté les pouvoirs constituants au maréchal Pétain, il est écarté de la politique après la Libération. Il décèdera à Dijon le 5 février 1969.
GAUCHE :
GAUCHE DÉMOCRATIQUE :
GAUGUIN (Eugène-Henri-Paul), 1848-1903 : Peintre. Chef de file de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis, son œuvre est très largement considérée comme celle d'un peintre français majeur du XIXème siècle.
Né à Paris le l7 juin 1848, après avoir fait ses études à Orléans, Gauguin s'embarque dans la marine marchande puis dans la marine française et navigue sur les mers du monde durant six ans. À son retour en France en 1870, il se convertit en agent de change à la bourse à Paris et connaît un certain succès dans ses affaires. Après son premier tableau, Le Lac dans la plaine (1873), il fait la connaissance du peintre Camille Pissarro et voit la première exposition du courant impressionniste. Il devient amateur d'art et s'essaye alors à la peinture. La Seine au pont d'Ièna (1875), Paysage d'automne (1877), Mette Gauguin cousant (1878), Jardin sous la neige (1879), Les Maraîchers de Vaugirard (1879), Étude de nu ou Suzanne cousant (1880), Intérieur du peintre à Paris, rue Carcel (1881), Jardin à Vaugirard (1881). Il expose par conséquent avec les impressionnistes en 1876, 1880, 1881, 1882 et 1886.
En 1882, il abandonne son emploi à la bourse pour se consacrer à sa nouvelle passion, la peinture. Entre 1886 et 1891, Gauguin vit principalement en Bretagne (à l'exception d'un voyage au Panama et en Martinique en 1887 et 1888) où il est le centre d'un groupe de peintres expérimentaux connus comme l'école de Pont-Aven. Rouen, Les Toits bleus (1884), Mette Gauguin en robe du soir (1884), Conversation dans les prés. Pont-Aven (1888), Le calvaire breton (1889).
Sous l'influence du peintre Émile Bernard, son style évolue, il devient plus naturel et plus synthétique. Il cherche son inspiration dans l'art indigène, dans les vitraux médiévaux et les estampes japonaises. Il découvre ces dernières à travers Vincent Van Gogh en 1888 alors qu'ils vivent ensemble deux mois (d'octobre à décembre) à Arles, dans le sud de la France, passant leur temps à peindre. Ils travaillent ensemble et peignent alors la série sur les Alyscamps.
En 1891, ruiné, Gauguin s'embarque pour la Polynésie, s'installe à Tahiti puis dans les Îles Marquises. Les caractéristiques essentielles de sa peinture (dont l'utilisation de grandes surfaces de couleurs vives) ne connaissent pas beaucoup de changements. Il soigne particulièrement l'expressivité des couleurs, la recherche de la perspective et l'utilisation de formes pleines et volumineuses. Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous ? , qu'il considère lui-même comme son testament pictural. Il est très inspiré et peint 70 toiles en quelques mois dont Manao Tupapau (1892), Autoportrait au chapeau (1893). Mais après quelques années de bonheur, des soucis administratifs et plus personnels (mort de sa fille préférée Aline) le minent. Il a également des problèmes de santé : une blessure à la jambe qui ne guérit pas depuis 1894, une crise de syphilis, si bien qu'il déprime et tente de se suicider. Affaibli, fatigué de lutter, il meurt le 9 mai 1903.
DANIEL DE de MONTFREID (G.) : Sur Paul Gauguin (inclut des bois dessinés et gravés d'après Paul Gauguin par Daniel de Monfreid), La Rochelle, Rumeur des âges, 2003. DANIELSSON (B.) : Gauguin à Tahiti et aux îles Marquises. Papeete, Les éditions du Pacifique, 1975.
GAULLE (Charles-André-Joseph-Marie de), 1890-1970 : Général et homnme politique. Né à Lille (Nord) le 22 novembre 1890, Charles de Gaulle est originaire d’un milieu traditionaliste et conservateur. Elève des Jésuites, de Gaulle va terminer ses études en Belgique après leur expulsion, puis suit les cours du collège de la rue de Vaugirard et de Stanislas à Paris. Entré à Saint-Cyr en 1909, il en sort treizième de sa promotion en 1912 et affecté au 33ème régiment d’infanterie d’Arras où il apour chef le colonel Pétain. En 1914, il participe au combat comme lieutenant et est blessé à trois reprises. En 1916, il est même laissé pour mort sur le champ de bataille. En fait, il n’est que prisonnier et tente à cinq reprises de s’évader des geôles ennemies avant de se retrouver au camp d’Ingolstadt. En 1921, il devient professeur adjoint d’histoire militaire à Saint-Cyr et, en 1922, entre à l’Ecole supérieure de guerre. Il en sort en 1924 avec un rang médiocre, critiqué par ses instructeurs à cause de son « état d’esprit de roi en exil ». En 1927, de Gaulle est imposé par Pétain comme conférecier à l’Ecole de guerre. En 1929, il commande le 19ème bataillon de chasseurs à Trêves, en 1932, il est promu lieutenant-colonel et est affecté, l’année suivante, au secrétaraiat du conseil supérieur de la Défense nationale. Il publie deux de ses plus célèbres œuvres : Le Fil de l’Epée (1932) et Vers l’armée de métier (1934) dans lesquels il prône une réforme profonde de la stratégie militaire française et la mécanisation de l’armée. Les principaux responsables de la politique militaire française lui sont hostiles, mais ses idées sont mieux accueillies par les journalistes et certains hommes politiques comme Paul Reynaud. En 1939, la publication de son ouvrage La France et son armée, vaste histoire de l’armée française, provoque de vives tensions avec Pétain. Opposé aux accords de Munich, il adresse, en 1940, à 80 personnalités, un memorandum : « l’avènement de la France mécanique », dans lequel il s’en prend avec vigueur aux conceptions de l’état-major. Lors de l’offensive allemande, il commande la 4ème DCR, et est l’un des seuls officiers français à avoir réussi à freiner l’avance ennemie. Le 5 juin 1940, de Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire avant d’être appelé par Reynaud au sous-secrétariat d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre. A ce titre, il rencontre la premier ministre anglais Winston Churchill et étudie avec lui, dans l’hypothèse d’une armistice, les conditions d’une poursuite de la lutte hors de France. En prenant connaissance de la demande d’armistice de Pétain, de Gaulle regagne Londres, bien décidé à manifester son rejet de l’armistice. Dans l’appel lancé le 18 juin, peu entendu au moment de sa diffusion par la BBC, de Gaulle proclame son attachemet à la France, son refus de la capitulation. Résistant pendant la guerre, il continuera sa carrière politique après cette dernière et décèdera à Colombey-les-Eglises (Haute-Marne) le 9 novembre 1970.
GAULOIS (Emmanuel Gallian, dit Noël), 1866-1915 : Journaliste. Né en 1866, fils d’un commisssaire de police de marseille, devenu commissaire central de Rouen, Noël Gaulois fait ses études au lycée de Marseille, puis s’iinscrit à la faculté de médecine de Lille. Il abandonne ses études, pour faire du journalisme. Il collabore à la presse de gauche hostile au général Boulanger et écrit un pamphlet à succès : Le Mariage de Louise Michel avec le général Boulanger. D’accord avec Napoléon Hayard, le « roi des Camelots », il lance en mars 1891, L’Anti-Youtre, publication inspirée par les écrits d’Edouard Drumont, et adhère à la ligue antisémitique. Plus tard, dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale, il devient le lieutenant de Pierre Biétry, le créateur du mouvement jaune. Engagé volontaire à quarante-huit ans, bien qu’il soit réformé et exempté, Noël Gaulois est tué dans les tranchées de Malembois (Meuse) le 23 mai 1915.
GAUTHIER (Camille), 1870-1963 : Décorateur. Camille Gauthier entre en 1891 à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris après un apprentissage à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy. De 1894 à 1900, il est employé par Majorelle comme décorateur. Il réalise pour lui plusieurs décors de mobilier dont certains sont présentés à l'Exposition universelle de 1900. L'année suivante, il quitte l'entreprise Majorelle et, grâce à l'aide financière du tapissier Paul Poinsignon, crée sa propre fabrique de meubles. D'abord nettement influencée par le style de Louis Majorelle, la société Gauthier-Poinsignon s'en différencie par son mode de production et la clientèle ciblée. Ateliers modernisés, salles d'exposition et catalogues permettent à l'entreprise d'aborder une clientèle plus vaste que celle de Gallé ou Majorelle et de proposer du mobilier d'inspiration moderne à prix modéré. Camille Gauthier est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901.
GAUTHIER DE L’AUDE (Armand-Elzéard), 1850-1926 : Médecin et homme politique. Né à Fitou (Aude) le 28 septembre 1850, Gauthier de l’Aude est docteur en médecine. En 1881, il est élu maire de Sigean et, en 1886, fait son entrée au Conseil général de l'Aude. Il y représentera le canton de Sigean pendant quarante ans. Il occupera la présidence de cette assemblée de 1901 à 1902, de 1905 à 1906 et de 1908 à 1921. En 1894, il est élu sénateur de l'Aude appartenant au groupe de la gauche démocratique. Il gardera son siège jusqu'en 1921. Il y sera rapporteur de la commission des finances et du budget et prendra une part active à la création de l'impôt sur le revenu. Il devient rapidement un spécialiste des chemins de fer et des voies navigables au Sénat où il siège sur les bancs de la bancs de la gauche démocratique. Appelé par Rouvier dans ses deux ministères du 24 janvier 1905 au 13 mars 1906 comme ministre des Travaux publics, il est nommé ensuite ministre de la Marine du 20 mars au 8 juin 1914 dans le premier cabinet Doumergue. Il garde le même portefeuille dans le premier ministère Viviani du 13 juin au 3 août 1914. Il décède à Paris le 10 mai 1926.
GEDALGE (André), 1856-1926 : Compositeur et pédagogue. Né à Paris le 27 décembre 1856, André Gedalge a été l'un des plus remarquables musiciens de sa génération. Il commence par travailler comme libraire-éditeur à Paris et spécialisé dans les livres de prix (pour les écoles laïques). Ce n'est qu'en 1886, à l'âge de 28 ans, qu'il entre au Conservatoire de Paris dans la classe d' Ernest Guiraud, répétiteur de Jules Massenet et, enfin, professeur de contrepoint et de fugue. En 1886, il remporte le Second Prix de Rome.
En 1891, il écrit la musique d’un pantomime en quatre actes, le Petit Savoyard, représenté aux Nouveautés, celle de Pris au Piège en 1895, en un acte et, en 1900, du ballet en un acte Phœbé représenté à l’Opéra-Comique. La même année, il est récompensé par le prux Cressent avec un ouvrages en deu actes, Hélène. Il a écrit un Quatuor d'archet, un recueil de mélodies les Vaux de Vire, des chansons enfantines, trois symphonies. À signaler que sa 3e symphonie en fa majeur et son concerto pour piano et orchestre (écrit en 1899) sont considérés comme des œuvres maîtresses de la musique française. Il est l’auteur égalemet d’ouvrages pédagogiques l'Enseignement de la Musique par l'éducation de l'oreille (1922) et un Traité de la fugue.Il décède le 5 février 1926 à Chessy (Seine-et-Marne).
COMBARIEU (J.) et DUMESNIL (R.) H istoire de la Musique - tome IV (Ed. A. Collin.
GENTIN (Fernand-Pierre), 1876-1946 : Ouvrier et homme politique. Né à Reims (Marne) le 27 septembre 1876, Fernand Gentin, après ses études, passe quelques temps en usine et dix ans comme exploitant agricole. Elu député socialiste de l’Aube de 1932 à 1942, il devient le spécialiste à la Chambre des modifications de territoires, regroupements ou séparations de communes. Il acquiert une réputation de compétence et d’honnêteté qui lamène au gouvernement. Nommé ministre des PTT du 18 jznvier au 12 mars 1938 dans le quatrièe cabinet Chautemps puis ministre de la Santé publique du 13 mars au 9 avril 1938 dans le second cabinet Blum, il manque de temps pour pouvoir agir vraiment. En revanche, nommé ministre du Commerce du 10 avril 1938 au 20 mars 1940 par Daladier dans son troisième cabinet Daladier, il met en place un plan de lutte contre le déficit du commerce extérieur et lance l’idée « d’économie orientée » où l’Etat aurait un rôle à jouer. Il décèdera à Paris le 24 avril 1946.
GERMAIN-MARTIN (Louis-Germain Martin, dit), 1872-1948 : Homme politique. Né au Puy-en-Velay (Haute-Loire) le 7 novembre 1872, Germain-Martin est agrégé, docteur en droit et diplômé de l’Ecole des chartes. Il débute en politique en 1903 comme adjoint au maire de Dijon. Elu député de la gauche radicale dans l’Hérault en 1928, il est tout de suite nommé par Poincaré dans son cinquième cabinet puis par Briand dans onzième ministère comme sous-secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Industrie, chargé des PTT du 13 novembre 1928 au 2 novembre 1929. Ministre des PTT du 2 mars au 12 décembre 1929 dans le cabinet premier Tradieu, il révoque alors 260 employés, rétablit la discipline et acquiert une réputation de censeur et de réorganisateur. Le président du Conseil est séduit et, dans son deuxième cabinet, lui confie le ministère du Budget du 2 mars au 12 décembre 1930. Là, il lutte contre les prébendes et, nommé ministre des Finances par Steeg du 13 décembre au 26 janvier 1931 puis du 3 juin au 17 décembre 1932 dans le troisième cabinet Herriot. La crise internationale est alors à son apogée et il tente d’adapter les principes théoriques de l’économie aux réalités de la conjoncture. Partisan du libéralisme, il accepter pourtant d’aider les banques les plus en difficultés. Malgré la prudence et la modération de son action, les rentrées financières de l’Etat baissent inexorablement et la balance des comptes se déséquilibre. Il tente alors avec succès une conversion des rentes à 4, 5% et défend le franc à la conférence de Lausanne, où il est le délégué du gouvernement. Il retrouve la rue de Rivoli du 9 février 1934 au 31 mai 1935 des les cabinets successifs de Doumergue et Flandin. La situation est alors castatrophique et les caisses de l’Etat pratiquement vides. Aidé par la Caisse des dépôts, il redresse la situation, réalise plusieurs opérations d’escompte, place un emprunt de plus d’un milliard de francs aux Pays-Bas et réussit à ramener l’encaisse-or de la Banque de France à son niveau de 1932. Il travaille aussi à la mise en place d’un important plan de restructuration économique, mais, en désaccord avec ses collègues, présente sa démission, entraînant celle du gouvernement. Retournant à son siège de député de l’Hérault qu’il gardera jusqu’en 1936, il décèdera à Paris le 04 octobre 1948.
GEORGES-BERTHOULAT (Pierre-Louis-Félix-Georges Berthoulat, dit), 1859-1930 : Journaliste et homme politique. Né au Châtelet (Cher) le 16 août 1859, licencié en droit, chef de cabinet du préfet du Cher, il devient, en 1885, secrétaire général du département du Cantal. Il démissionne en 1888 pour devenir rédacteur et secrétaire général du Progrès de Lyon, puis collaborateur à La République Française. Candidat malheureux aux élections législatives du Cher en 1898, il devient éditorialiste et directeur de La Liberté à Paris. Il lutte alors contre « le radicalisme dreyfusard » et le « collectivisme internationaliste » et est élu député de Seine-et-Oise en 1902. Il combat l’anticléricalisme du ministère Combes et, battu aux élections législatives de 1906, il est élu sénateur de Seine-et-Oise en 1920. Réélu en 1927, il décède en cours de mandat à Paris le 5 juillet 1930.
GERVAIZE (Ludovic-Charles-Victor-Jules), 1857-1939 : Avocat et homme politique. Né le 15 f évrier 1857 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), Ludovic Gervaize est élu député de Nancy en 1898 contre Maurice Barrès. Il s’inscrit au Parlement au groupe radical nationaliste ainsi qu’au groupe parlementaire antisémite, présidé par Drumont. Ses interventions à la Chambre portent essentiellement sur : l’usage de noms autres que ceux résultant des actes de naissance, l’incompatibilité des fonctions judiciaires avec certains mandats politiques. Par la suite, son activité politique perd de sa rigueur. Réélu en 1902, il est battu de justesse en 1906 et disparaît de la scène politique. Il décède le 9 décembre 1939 à Cannes (Alpes-Maritimes).
GICQUEL DES TOUCHES (Albert-Auguste), 1818-1901 : Vice-amiral et homme politique. Né à Brest (Finistère) le 10 avril 1818, Gicquel Des Touches, ancien élève de l’Ecole navale, est directeur du personnel au ministère de la Marine. Il est préfet maritime à Lorient quand il est nommé ministre de la Marine et des Colonies du 17 mai au 22 novembre 1877 dans le troisième ministère du duc de Broglie. Il décède à Versailles (Seine-et-Oise) le 19 mai 1901.
GIDE (André), 1869-1951 : Ecrivain. André Gide est né et mort à Paris (22 novembre 1869-19 février 1951). Ses origines éclairent déjà sa personnalité, complexe, fuyante, balancée en des aspirations contradictoires vers la liberté totale et vers le conformisme, tout ensemble sensuelle et puritaine, prédestinée aux doutes et aux retours, à l'inquiétude : Gide était de souche protestante, à la fois paysanne et bourgeoise, Cévenol par son père, se rattachant à la bourgeoisie d'affaires normande par sa mère. Mais, dans l'enfance, ce fut un protestantisme rigide et assez triste qui domina, marquant pour toujours le jeune élève de l'Ecole Alsacienne ; il fit des études irrégulières ; silencieux, ses maîtres le trouvaient même un peu stupide ; en fait, il vivait replié sur lui-même, perdu dans son inconscient, ne trouvant quelque joie que dans des émotions de nature. A la ferveur religieuse s'oppose bientôt en lui une sensualité précoce, qui se cherche, troublée, dans la honte et la hantise du péché. Lorsque Gide atteint ses vingt ans, c'est l'époque du symbolisme, et il commence à publier dans de petites revues de l'Ecole.
Déjà il connaît Pierre Louÿs, à Montpellier il a rencontré Paul Valéry, et on l'introduit chez Mallarmé. C'est en 1891 qu'il publia son premier livre, qu'il intitule "œuvre posthume" : Les Cahiers d'André Walter, histoire d'un jeune homme qui s'épuise, manque le monde et sa vie par excès de richesse intérieure, par impuissance à se choisir. Le livre n'a aucun succès – Gide l'a d'ailleurs fait éditer à ses frais, comme les Poésies d'André Walter, à la langue aussi symboliste, aussi mièvre. Le vrai Gide n'est pas dans ces tentatives de jeunesse, mais dans la crise spirituelle qu'il commence de traverser à cette époque et qui l'amènera
à secouer les contraintes du piétisme familial. L'occasion de sa libération sera un voyage en Algérie, accompli en 1893-1894 ; il tombe malade et, au cours de sa convalescence s'abandonne pour la première fois à une exaltation naturelle. C'est sous l'influence symboliste qu'il avait encore écrit Le Traité du Narcisse (1891), La Tentation amoureuse et Le Voyage d'Urien (1893).
Deux ans plus tard, Paludes, satire des milieux parisiens, marque déjà une transition ; mais on peut dire que Gide ne commence vraiment qu'avec Les Nourritures terrestres (1897), qui chantent la complicité d'un jeune être avec toutes ses faims, tous ses désirs, la recherche de la ferveur dans une communion avec la joie du monde charnel, la valeur de la surprise pour aviver cette ferveur, enfin le refus de toutes les servitudes familiales, sociales, religieuses, personnelles même, car la liberté ne se vit que dans l'instant et seulement chez l'être en perpétuel état de naissance.
Ce message allait attirer à Gide – malgré lui, ne cessa-t-il de prétendre – bien des disciples. Mais était-ce vraiment tout Gide ?
L'hédonisme des Nourritures n'est qu'un sursaut indispensable, le début d'une recherche du moi, de son équilibre surtout, et l'auteur de Saül, publié seulement en 1903 mais écrit dès 1898, sait bien qu'il existe aussi des servitudes pour l'homme en apparence libéré mais tenaillé par ses désirs. Alternance de l'ivresse sensuelle et d'un certain puritanisme, tel est le trait caractéristique de l'œuvre gidienne jusque vers 1910, l'austérité de La Porte étroite (1909) répondant ainsi à l'Immoraliste qui célébrait la joie de la convalescence et le monde des couleurs, des parfums, du corps peu à peu retrouvé. L'auteur d'Isabelle (1912), de L'École des Femmes, de La Symphonie pastorale, est déjà plus sûr de lui, et de son rôle de réformateur qu'il jouera avec tant de succès dans la période d'après-guerre. Solitaire encore, presque complètement inconnu, il a pourtant brillamment participé à la vie littéraire, soit en collaborant à la revue L'Ermitage où il retrouve Claudel , Henri Ghéon, Jammes, Paul Valéry, soit, bien plus encore, en fondant en 1908, avec Copeau et Jean Schlumberger, la Nouvelle Revue Française. Etre soi, "s'exiger tel qu'on est", libre de la société, libre de son passé, infiniment disponible, ces thèmes, qui figuraient déjà dans les Nourritures, sont repris en 1914 dans les Caves du Vatican, roman (mais l'auteur l'appelle "sotie") d'un comique irrésistible, mais qui devra surtout son immense influence au personnage de Lafcadio, vivante et fascinante illustration de la théorie de 1'"acte gratuit", c'est-à-dire de l'acte qui n'a pas de cause, ne sert à rien, n'est fait que par plaisir pur, et où l'on peut voir comme l'apogée de la disponibilité gidienne.
L'impuissance où nous sommes de soumettre l'homme à des lois, Gide avait pu l'éprouver personnellement en 1912, lorsqu'il avait été appelé à siéger comme juré à la cour d'assises de la Seine-Maritime, comme on le voit dans ses Souvenirs de la cour d'assises. Les Caves du Vatican vont cependant consommer la rupture de Gide et des catholiques : Ghéon, Jammes et surtout Claudel, rencontré en 1905, et qui avait espéré convertir Gide après La Porte étroite en 1909, mais qui irrita son ami en lui demandant des explications brutales sur ses mœurs ; Gide y vit une "sommation".
Pendant la guerre de 1914-1918, alors qu'il se dévoue pour les réfugiés, c'est à son propre puritanisme que Gide doit faire face ; un moment même il semble y céder, donne son adhésion morale à L'Action française et traverse une nouvelle crise religieuse. Mais l'immédiat après-guerre va lui donner la célébrité : de nombreux jeunes disciples, fervents, excessifs même, frères et cousins du héros de Radiguet, se montrent impatients de réagir contre la grandiloquence patriotique dont on les a gorgés pendant les hostilités. Ils se reconnaissent dans Nathanaël, et plus encore dans Lafcadio. Ils cherchent un libérateur, et se tournent vers cet écrivain âgé maintenant de plus de cinquante ans et qui, malgré une œuvre déjà considérable, n'était connu, jusqu'à la guerre, que des milieux lettrés. Mais on prône alors la "démobilisation de l'intelligence" et n'est-ce pas à cette démobilisation que n'ont cessé de convier tous les livres de Gide ? Non que toutes les résistances soient vaincues : en 1923, le Dostoïewski suscite une vive réaction d'Henri Massis ; Henri Béraud mène contre Gide la "croisade des longues figures" ; la publication de Corydon et de Si le grain ne meurt scandalise les gens moraux.
Mais, auprès de la jeune génération, Les Faux-Monnayeurs, œuvre complexe, de proportions considérables, grand roman mais sans unité, et qui vaut surtout par ce qu'il renferme de confession, vaut à Gide un nouveau succès, en 1925. Le retournement définitif est accompli vers 1930, et le gros de 1'opinion littéraire, qui à la même époque découvre Proust, Freud, D.H. Lawrence, se range du côté de Gide.
La préoccupation d'autrui, le sens social, qui s'étaient un moment manifestés pendant la Grande Guerre, reprennent alors le dessus chez Gide : en 1926 il part pour l'Afrique noire, rapporte de ce long voyage deux livres qui sont un réquisitoire contre le colonialisme et suscitent une commission d'enquête – Voyage au Congo et Le Retour du Tchad. L'éveilleur de liberté commence à méditer sur les conditions de la liberté, sa réforme individuelle l'achemine naturellement vers la réforme sociale (à la façon de Rousseau, et l'on peut dire de Gide qu'il fut le Rousseau de notre temps) ; ainsi, à partir de 1930, le voit-on dénoncer le capitalisme, proclamer ses sympathies pour l'État sans religion, sans classe, sans familles, et annoncer, dans ses pages de journal intime, qu'il est prêt à donner sa vie pour le triomphe de l'U.R.S.S. Mais un voyage à Moscou provoque sur cet enthousiasme un effet de douche froide : Gide, pour qui la liberté signifiait avant tout liberté bourgeoise de l'écrivain, se fût peut-être accommodé de Trotski, non de Staline, et il exhale ses rancœurs dans Retour de l'U.R.S.S. et dans Retouches à mon retour de l'U.R.S.S. en 1937. Les trois actes d'Œdipe, écrits en 1930 et joués en 1932 par les Pitoëff, avaient déjà mis sur la scène l'échec d'une liberté. Mais, dés 1930 l'œuvre était pour ainsi dire achevée : Gide était le premier écrivain de l'époque, mais l'enthousiasme de la jeunesse commençait à le déserter pour des littérateurs plus "engagés", comme André Malraux : le temps de Lafcadio était passé, ou plutôt Lafcadio filait courir les révolutions de Chine et l'Espagne. Devant l'événement, Gide prenait au contraire, non sans quelque affectation, une attitude gœthéenne : il commente Racine, pendant la campagne de 1940 et, l'occupation survenant, il marque pendant quelques mois une certaine hésitation sur l'attitude à prendre. En 1942, il rejoignit Tunis, et, après son retour a Paris en 1945, il ne publiera plus que Thésée, une traduction de Hamlet depuis longtemps en chantier, et une adaptation scénique du Procès de Kafka. En novembre 1947, il recevait le Prix Nobel de Littérature, en décembre 1950, la Comédie-Française représentait une comédie tirée des Caves du Vatican ; mais une maladie de cœur, contractée au cours d'un voyage en avion, devait emporter l'écrivain (le 19 février 1951).
L'influence de Gide a été immense : il est bien, selon le mot de Malraux, "le contemporain capital" de tous les hommes nés à la vie intellectuelle et sensible entre 1920 et 1935. Gide fut le témoin d'un temps, et défini malgré lui par ce temps où l'appel à la liberté bénéficiait encore de facilités matérielles aujourd'hui compromises. Mais on ne se lassera sans doute pas de lire le Journal et d'y suivre Gide "avec son visage inquiet, ses doutes et la somme fuyante de ses pensées". Quoi qu'il advienne de l'œuvre, le personnage ne s'oubliera pas.
GIGNOUX (Claude-Joseph), 1890-1966 : Journaliste, professeur et homme politique. Né à Lyon (Rhône) le 29 novembre 1890, Claude-Joseph Gignoux est agrégé de droit puis est élu député d’action démocratique dans la Loire. Nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à l’Intérieur, chargé de l’Economie nationale du 3 septembre 1931 au 13 janvier 1932 dans le second cabinet Laval, il essaie de faire prévaloir les idées qu’il avait déjà connaître lors de sa carrière de journaliste et de professeur. Il garde le même portefeuille du 14 janvier au 19 février 1932 dans le 3ème cabinet Laval. On lui doit plusieurs biographies de grands ministres des Finances, dont la meilleure est incontestablement celle du baron Louis auquel il vouait une grande admiration. Il décèdera à Paris le 17 avril 1966.
GIGOUT (Eugène), 1844-1925 : Compositeur, organiste et professeur. Né à Nancy le 23 mars 1844, Eugène Gigout reçoit ses premiers rudiments musicaux à l'école chorale de la cathédrale de Nancy. En 1857, il entre à l'École de Musique Religieuse de Niedermeyer où il suit, entre autres, les cours de Gustave Lefèvre, Camille Saint-Saëns et de Clément Loret. Il se marie avec Caroline-Mathilde Niedermeyer et demeure à l'école de son beau-père comme professeur de contrepoint, de fugue de plain-chant et d'orgue.
En 1863 il est titulaire de l'orgue de l'église Saint-Augustin à Paris (il le sera 62 années durant) mais attend jusqu'en 1866 la finition de son orgue par Baker. Construit avec un système électro-pneumatique inusité à l'époque, il dû être refait par Cavaillé-Coll en 1899. A partir de1868, il donne de nombreux concerts et participe à des inaugurations d'orgues dans plusieurs pays. En 1885, il fonde une école d'orgue et d'improvisation. En 1911 il succède à Guilmant comme professeur d'orgue au Conservatoire de musique de Paris. Il compte parmi ses élèves : son neveu Léon Boëllmann, Fauré, Messager, Roussel, André Marchal. Il décède à Paris le 9 décembre 1925.
FAURÉ GABRIEL, Hommage à Gigout. Floury, Paris 1923
DUFOURCQ NORBERT, Eugène Gigout. Numéro spécial des «Cahiers et mémoires de l'orgue» (27) 1982
SABATIER F., Eugène Gigout. Dans G. Cantagrel, «Guide de la musique d'orgue», Paris, 1991, p. 403-404
GILLET (Louis), 1876-1943 : Historien et historien d’art. Né à Paris, le 11 décembre 1876, Louis Gillet entre à l’École Normale Supérieure en 1896 où il y est condisciple de Romain Rolland, et se lie d’amitié avec Charles Péguy, à qui il devait consacrer un ouvrage. Un périple qu’il effectue enfant en Italie avec ses parents lui donne précocement le goût des voyages, et n’est pas pour rien dans sa vocation d’historien de l’art. Louis Gillet obtient une chaire à l’université Laval de Montréal avant de se fixer dans l’Oise où il devint conservateur du musée Jacquemart-André.
Spécialiste des questions d’art à la Revue des deux mondes, Louis Gillet consacre encore son talent à faire mieux découvrir à ses contemporains la richesse des autres cultures européennes. Fin connaisseur de l’Italie, il consacre également plusieurs études à la littérature anglaise. Son œuvre témoigne avec la plus grande érudition de l’étendue de son savoir et du vaste champ dans lequel s’exprime sa curiosité. Il était intéressé tout autant par les grands peintres classiques que par l’architecture religieuse ; on citera pour mémoire : Nos maîtres d’autrefois : Les Primitifs français (1904), Raphaël (1907), Histoire artistique des Ordres Mendiants (1912) ; La Peinture au XVIIe et XVIIIe siècles (1913), La bataille de Verdun (1921), Watteau (1921), Histoire des arts (1922), Lectures étrangères (1925), Trois variations sur Claude Monet (1927), Sainte-Beuve et Alfred de Vigny (1929), La Cathédrale de Chartres (1929), Shakespeare (1931), Rome et Naples (1934), Londres et Rome (1935), La cathédrale vivante (1935), Essai sur l’art français (1937), Rayons et ombres d’Allemagne (1937).
Un grand quotidien du soir confie à cet anglophile, journaliste à ses heures, le reportage sur le couronnement du roi Georges VI, à Londres, en 1936. Elu à l’Académie française en 1935, il décèdera le 1er juillet 1943.
GIRARD (Théodore), 1851-1918 : Magistrat et homme politique. Né à Montils (Charente-Inférieure) le 14 janvier 1851, Théodore Girard est magistrat suppléant, puis est élu sénateur des Deux-Sèvres en 1895, réélu en 1900 et en 1909. Girard est nommé garde des Sceaux du 3 novembre 1910 au 1er mars 1911 dans le second cabinet Briand. Son passage au ministère est marqué par le dépôt d’un projet de loi réprimant plus efficacement l’avortement. Retournant à son siège de sénateur à la chute du cabinet, il décède en cours de mandat à Paris le 1er mars 1918.
GIRAUDOUX (Hippolyte-Jean), 1882-1944 : Ecrivain et auteur dramatique. Né à Bellac (Haute-Vienne) le 29 octobre 1882, Jean Giraudoux se lance dans la littérarure et dans la diplomatie. Paraissent alors Les Provinciales, puis l’Ecole des indifférents. Il participe à la Première Guerre mondiale et, plusieurs fois blessé, il est alors envoyé au Portugal et aux Etats-Unis comme instructeur militaire. Après la guerre – au cours de laquelle il avait publié Simon le Pathétique - une autobiographie, et Amica America – il reprend du service dans la diplomatie et devient secrétaire d’ambassade à Berlin, chef des services de presse du quai d’Orsay, membre de la commission des dommages de guerre en Turquie, inspecteur des presses diplomatiques et consulaires. Cela, sans cesser d’écrire, notamment des pièces à succès où il pose les éternels problèmes de la fidélité et de l’orgueil, de la guerre et de la paix : Judith ; Intermezzo ; Electre ; Ondine ; et, aussi, La guerre de Troie n’aura pas lieu.
Au moment de la Seconde Guerre mondiale, il est nommé Commissaire à l’Information du 29 juillet 1939 au 16 juin 1940 dans le troisième cabinet Daladier puis dans le ministère Reynaud ; Il souhaite que ses services et surtout la radio travaillent avec une plus grande sincérité mais le contexte l’empêche de mener à bien une tâche à laquelle il n’était pas préparée. Continuant son œuvre littéraire pendant la guerre, il décèdera à Paris le 31 janvier 1944.
GIRAULT (Charles-Louis), 1851-1932 : Architecte. Né à Cosne-sur-Loire (Nièvre) en 1851, élève d'Honoré Daumet à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1873, Charles Girault remporte le premier grand prix de Rome en 1880. Le sujet de l'épreuve finale s'intitule « Un hospice pour les enfants malades, sur les bords de la Méditerranée ». Le jeune lauréat devient pensionnaire de l'Académie de France à Rome, du 28 janvier 1881 au 31 décembre 1884. De retour à Paris, sa première commande importante est le Palais de l'Hygiène, pour l'Exposition universelle de 1889.
En 1896, il construit au sein de l'Institut Pasteur une crypte destinée à accueillir les cendres de l'illustre savant. Il prend pour modèle le mausolée de Galla Placidia à Ravenne et fait un large usage du marbre et des mosaïques.
Charles Girault remporte le concours pour le Petit Palais et dirige le chantier du Grand Palais en coordonnant les travaux des trois architectes lauréats : Deglane, Louvet et Thomas. Après la clôture de l'Exposition universelle, le prestige de Girault lui vaut d'être élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France en 1902. Il est choisi par le roi Belge Léopold II pour agrandir le château de Laeken (1901-1911), construire le Palais du Congo à Tervueren et ériger l'arc du Cinquantenaire (1904- 1910) à Bruxelles. Il décède à Paris en 1932.
GIRAULT (Suzanne Depollier, dite Suzanne), 1882-1973 : Femme politique. Née le 28 juillet 1882 à La Chaux-de-Fonds, de son vrai nom Suzanne Depollier, Suzanne Girault était restée quatorze ans à Odessa, avant la Première Guerre mondiale, pour y enseigner le français.
Elle est à Kiev au début de la révolution russe. On ne sait pas exactement comment elle a été gagnée à la cause du communisme. Elle adhère à un petit groupe de communiste français à Moscou et sert comme interprète au cours du second congrès du Komintern en 1920. Elle est ensuite employée par la tchéka (ancêtre du Guépéou).
Rentrée en France, elle devient l'une des principales dirigeantes de la Fédération de la Seine du PCF et rentre au Bureau politique du Parti en 1923 jusqu'en 1925. Partisane de Zinoviev contre Trotski, elle appartient au sein du parti français à la même tendance qu'Albert Treint, avec qui elle assurera la direction du parti à partir de l'été 1924.
Une perquisition menée à son domicile en 1925 montre que c'est notamment par elle que transitent les fonds du Komintern vers le parti français. Fidèle à Zinoviev contre Staline et confiant ouvertement son hostilité à Staline à Manouilsky, elle est évincée de la direction du PCF dans les derniers jours de 1925. A la même date, elle est condamnée avec Pierre Sémard à treize mois de prison pour propagande antimilitariste à l'occasion de la Guerre du Rif.
Elle est signataire en 1927 d'un appel au XIVeme congrès du parti russe pour demander la réintégration des oppositionnels et l'instauration d'un véritable centralisme démocratique, ce qui lui vaut d'être exclue du parti en 1928, en même temps que Treint. Elle est réintégrée au parti en juin 1930 et est affectée à divers petits postes de permanent, alors que son compagnon Léon Sauvage, de qui elle a eu une fille en 1925, devient adjoint d'Emile Dutilleul comme administrateur de L'Humanité.
Arrêtée par la police à son domicile parisien en avril 1940, elle continue sa carrière politique après la Libération et décèdera le 20 septembre 1973.
Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, T1 et T4, Fayard
Marcel Body, Un ouvrier limousin au cœur de la révolution russe, Spartacus, 1986.
GIRERD (Cyprien-Jean-Jacques-Marie-Frédéric), 1832-1916 : Avocat et homme politique. Né à Nevers (Nièvre) le 1er mai 1832, Cypren Girerd est d’abord avocat puis devient préfet de la Nièvre en 1870. En janvier 1871, il est révoqué de ce poste par Gambetta pour avoir montré trop d’indépendance vis à vis du pouvoir. Elu député de la gauche républicaine dans le département de la Nièvre de 1871 à 1881, il est nommé, dans le cinquième cabinet Dufaure, sous-secrétaire d’Etat à l’Agriculture et au Commerce du 22 décembre 1877 au 3 février 1879 où il prend une part active à l’organisation de l’exposition univerelle de 1878. Il garde le même portefeuille, du 7 février au 27 décembre 1879, dans le cabinet Waddington puis dans les ministères successifs Freycinet et Ferry. Il décède à Paris le 9 avril 1916.
GLAIS-BIZOIN (Alexandre-Olivier), 1800-1877 : Avocat et homme politique. Né à Quintin (Côtes-du-Nord) le 9 mars 1800, Glais-Bizoin est député de 1831-1848, Glais-Bizoin est le député républicain au corps législatif de 1863-1869, représentant la Bretagne puis la Seine à la fin du second Empire. Membre du gouvernement de la Défense nationale du 4 septembre 1870 au 17 février 1871, Glais-Bizoin est souvent considéré comme un peu ridicule par ses collègues. Il est aux côtés de Gambetta dans sa marche sur l’Hôtel de Ville afin de proclamer la République et devient donc incontournable. Lorsque le ministère prend sa première décision en dissolvant le Corps législatif, c’est lui qui va annoncer la nouvelle à la foule massée dans la salle des séances du Palais-Bourbon. Il fait ensuite évacuer l’hémicycle et fait pauser les scellés. Quelques jours plus tard, il est envoyé à Tours auprès de Gambetta avec le vice-amiral Fourichon, l’autre doyen du gouvernement. Paris est en effet inquiet de l’énergie mise par Gambetta à gouverner le pays et notamment de sa volonté de changer les maires en place. Mais le prestige du « fatal ballon », selon Glais-Bizoin, empêchera les deux sages, qui ne s’entendent d’ailleurs pas très bien, de contrôler quoique ce soit. Ils se rallient alors à Gambetta et le suivent à Bordeaux. Il décède à Lamballe (Côtes-du-Nord) le 6 novembre 1877. Ses souvenirs de gouvernement sont parus sous le titre de Dictature de cinq mois.
GLEIZES (Albert), 1881-1953 : Peintre. Considéré comme l'un des initiateurs du cubisme, Albert Gleizes est né le 8 décembre 1881 à Paris. Neveu du peintre Léon Comerre, grand prix de Rome en 1875, les premières toiles figuratives d'Albert Gleizes sont "impressionnistes". Mais son admiration pour Paul Cézanne le pousse à rompre avec la peinture descriptive pour privilégier le plan, les volumes, la multiplicité des points de vue. Il s'oriente vers une peinture dite "cubiste" que le public découvre en 1911 au Salon des Indépendants.
Le cubisme initial de Gleizes donne la part belle aux volumes («La femme aux phlox», 1910). Quelques toiles traitent l’objet figuratif de façon déstructurée comme Picasso («La dame aux bêtes», 1914), pourtant le cubisme de Gleizes garde une certaine originalité par l’expression réaliste et schématique de ses personnages au sein d’un paysage aux formes géométriques et déstructurées («L’Homme au balcon», 1912).
La sombre palette de Gleizes de ses débuts s’éclaircie et il n'hésite pas à employer de larges aplats de couleurs vives et franches («La Parisienne», 1915). À partir de 1917, il revient à des représentations moins déstructurées («La Femme au gant»). La composition de ses tableaux respecte une grammaire aussi rigoureuse que stable inventée par le peintre : recherche du rythme, goût pour la géométrie (rotation et translation du plan), abstraction du sujet («Peinture à sept éléments cadencés et rythmés »).
Il adhére en 1931 au mouvement "Abstraction-Création" . Gleizes rédige un certain nombre d’ouvrages théoriques relatifs à la peinture : «Homocentrisme», «La forme et l’histoire», «La peinture et ses lois» et, Du cubisme, en collaboration avec Metzinger (1912) ; Du Cubisme et des moyens de le comprendre, 1920 La Mission créatrice de l’Homme dans le domaine plastique, 1921 La Peinture et ses lois, ce qui devait sortir du Cubisme, Paris, 1924 Tradition et Cubisme. Vers une conscience plastique. 1927 Peinture et Perspective descriptive, conférence faite à la Fondation Carnegie pour l’Union Intellectuelle française, à Paris, 1927 Kubismus, Bauhausbücher 13, Munich, Albert Langen Verlag, 1928 Vie et Mort de l’Occident Chrétien, 1930 Vers une Conscience plastique : La Forme et l’Histoire, 1932 Art et Science, Sablons, 1933 Homocentrisme ; Le retour de l’Homme chrétien; Le Rythme dans les Arts plastiques, 1937 La Signification Humaine du Cubisme, Causerie faite par Albert Gleizes au Petit Palais, 1938mort le 23 juin 1953 à Saint-Rémy-de-Provence.
GOBLET (René-Marie), 1828-1905 : Avocat et homme politique. Né à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), le 26 novembre 1828, René Goblet est avocat de formation et cofondateur sous l’Empire du Progrès de la Somme, le quotidien républicain de la Picardie. Procureur général à la cour d’Amiens après le 4 septembre 1870, ce franc-maçon de fait élire député de la Somme en 1871 puis de la Seine pendant dix-sept ans. Dirigeant de La Petite République, farouche opposant de l’ordre moral, il devient sous-secrétaire d’Etat à la Justice du 5 février au 27 décembre 1879 dans le cabinet Waddington, ministre de l’Intérieur du 30 janvier au 6 août 1882 dans le deuxième ministère Freycinet. Il fait expulser les bénédictins de leur abbaye de Solemses et dépose aussi le projet de loi permettant aux conseils minicipaux (sauf Paris) d’élire les maires. Il propose également de réduire les pouvoirs du gouvernement en matière d’expulsion des étrangers, de pratiquer la décentralisation administrative et de créer des conseils cantonnaux. Pour faire patienter les partisan d’une mairie centrale à Paris, il promet un texte sur l’organisation de la capitale. Ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes dans les cabinets successifs de Brisson et Freycinet du 6 avril 1885 au 10 décembre 1886, il se prononce pour la désaffection du Panthéon et amorce une évolution personnelle vers la gauche. Cependant, il rétablit le budget en faveur du clergé d’Algérie et des chanoines, mais suspend le traitement d’un certain nombre d’ecclésiastique engagés politiquement. Il augmente le droits et les attributions des universités de province et réforme l’enseignement secondaire. A la suite de la démission de Freycinet, Goblet se voit confier par le président de la République Grévy la tâche de former un gouvernement en raison de ses affinités avec les radicaux.
Le nouveau président du Conseil, âge de cinquante-huit ans, constitue le 11 décembre 1886 un ministère de concentration républicaine dans lequel il est en charge de l’Intérieur. Fait essentiel, le général Boulanger conserve le portefeuille de la Guerre.
Goblet n’est probablement pas un homme politique de tout premier plan mais le monde parlementaire apprécie sa prudence et rend hommage à son honnêteté. Le 11 décembre 1886, le nouveau chef du gouvernement se déclare avec netteté coutumière favorable à l’ordre financier, à la régularité du budget et à la réalisation d’économie. En règle générale, il se défie des réformes pour lesquelles, dit-il, « il n’appartient ni au Parlement, ni au gouvernement de devancer l’opinion publique ». Trois jours plus tard, Clemenceau, qui supporte difficilement de ne pas être au pouvoir, le prend à partie, lui enjoignant notamment d’engager la séparation des Eglises et de l’Etat. Le président du Conseil lui répond qu’il juge cette réforme contraire au vœu de la majorité du pays. D’emblée, le divorce est consommé avec l’aile gauche de la majorité.
Au début de l’année 1887, c’est en posant la question de confiance qu’il obtient le vote des fonds secrets du ministère de l’Intérieur. On le voit peu après rallier les modérés en prononçant la dissolution du conseil municipal de Marseille qui avait levé sa séance le 18 mars « en l’honneur et en commémoration de la Commune ».
S’opposant à la création d’une mairie centrale de Paris, réclamée par le mouvement municipaliste parisien, il dépose un projet de loi qui conserve au gouvernement la direction de la police, tout en étendant les prérogatives du conseil parisien dont le mode d’élection serait changé selon un système de représentation proportionnelle. Après l’avoir combattue, Goblet se rallie finalement à l’idée d’une disjonction du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine. Mais aucune suite ne sera finalement donnée à ce projet.
Médiocre orateur, manquant d’autorité, il s’attire bientôt la réputation d’un homme sans conviction. L’histoire de son bref ministère est surtout marquée par l’affaire Schnaebelé : dans un climat diplomatique tendu, l’arrestation le 20 avril 1887 de ce commissaire de police français, soupçonné d’espionnage par Bismarck, semble devoir mettre le feu aux poudres. Goblet propose l’envoi immédiat d’un ultimatum à Berlin. Boulanger présente donc à Grévy un ordre mobilisant les troupes de couverture, mais le président refuse de la signer.
Finalement, Bismarck choisit de libérer Schnaebelé, à la joie de l’opinion qui plébiscite le courage de Boulanger et attribue à sa fermeté la victoire diplomatique remportée. Inquiets par la popularité du « général Revanche », les opportunistes derrière Ferry et Rouvier décident de faire tomber le gouvernement. Grévy, ulcéré par l’attitude bravache de Goblet qui regrette de ne pas avoir conclu par la guerre « toutes ces querelles d’allemands », donne son accord.
En se prononçant début mai pour une augmentation des impôts, Goblet fournit lui-même le prétexte recherché. Un ordre du jour de confiance est repoussé alors que le projet de résolution de la commission du budget, hostile au ministère, est largement adopté. Goblet n’a plus qu’à remettre sa démission le 30 mai 1887, entraînant Boulanger dans sa chute, ce qui était l’objectif premier. Au moment du scandale des décorations, Grévy fait de nouveau appel à Goblet pour former un nouveau gouvernement, mais ce dernier refuse.
Ministre des Affaires étrangères du 3avril 1888 au 21 février 1889 dans le cabinet Floquet, il maintient l’ambassade du Vatican et fait adopter des accords commerciaux avec la Tunisie et la Grèce. Il sera ensuite l’un des fondateurs du parti radical en 1901 avec Brisson et Bourgeois. Il décède à Paris le 13 décembre 1905.
GODARD (Benjamin-Louis-Paul), 1849-1895 : Compositeur. Né à Paris le 18 août 1849, Benjamin Godard est le fils de riches commerçant installés rue de Cléry à Paris passant sa jeunesse dans la vaste demeure familiale de Taverny. Ses parents possèdent également un Hôtel particulier 34 rue de Pigalle à Paris. Il suit, comme sa sœur des cours de violon avec Richard Hammer. Il entre au Conservatoire de Paris où il étudie le violon avec Henri Vieuxtemps et la composition avec Reber. Après la guerre de 1870, la fortune familiale connaît des revers, et la propriété de Taverny est vendue. Godard s'installe à Montlignon en pleine forête et aime se rendre à Paris à Bicyclette.
En décembre 1878, sa Symphonie dramatique Le Tasse, reçoit le Prix de la ville de Paris ex-aequo avec le Paradis perdu de Théodore Dubois. Le 4 avril 1880, au Concert populaire, il dirige Diane, poème antique sur un poème de M. E. Guinan. En janvier 1884, il crée l'opéra Pedro de Zalamea au Théâtre royal d'Anvers. En 1884, il tente de raviver les «Concerts populaires» au Cirque d'hiver, après la retraite de Pasdeloup. Mais ce sont alors les Concerts Colonne et Lamoureux. Le 20 août 1887, il est chargé de la classe d'ensemble de musique de chambre au Conservatoire de Paris en remplacement de René Baillot.
En 1887, après le refus de plusieurs salles de créer Jocelyn, un opéra sur un livret d'Armand Silvestre et de Victor Capoul d'après Lamartine, on sollicite le directeur du théâtre de l'Odéon à Paris. On l'invite à une audition, il se montre aimable, indique qu'il serait peut-être possible de créer cette œuvre dans son théâtre après la fermeture de la saison et avec l'autorisation du minisère. L'annonce de la création d'un opéra de Benjamin Godard dans le deuxième théâtre français est aussitôt répandue et nourrit quelques temps les conversations de coulisses et les colonnes des quelques journaux. L'oeuvre la plus célèbre de Benjamin Godard est créée au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles le 25 février 1888 et au Théâtre du Château d'eau à Paris le 13 octobre suivant. Le célèbre ténor Victor Capoul réalisait ainsi son projet d'adieu à la scène. Il est promu Chevalier de la légion d'honneur en 1889. Il décède à Cannes 10 janvier 1895.
GODART (François-Pierre-Marie-Justin), 1871-1956 : Avocat et homme politique. Né Lyon (Rhône) le 26 novembre 1871, Justin Godart est docteur en droit puis avocat radical-socialiste. Elu député du Rhone de 1906 à 1926, il se spécialise sur les questions sanitaires et sociales.
Nommé sous secrétaire d’Etat à la Guerre du 1er juillet 1915 au 12 décembre 1916 et du 14 décembre 1916 au 11 septembre 1917, il garde le même portefeuille complété avec l’Intérieur du 12 septembre au 15 novembre 1917 et du 17 novembre 1917 au 5 février 1918. Chargé du service de santé militaire durant la quasi-totalité de la Première Guerre mondiale, il se rend sur le terrain, et notamment à Verdun, afin d’évaluer l’efficacité de ce service. Il doit faire face à la critique parlementaire qui lui reproche l’insuffisance de préparation sanitaire des diverses offensives militaires. La polémique la plus grave lorsqu’on apprend qu’un militaire a réussi à exercer illégalement les fonctions de médecin militaire. Il est alors obligé de démissionner. Godart revient au gouvernement comme ministre du Travail, de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales du 14 juin 1924 au 16 avril 1925 dans le premier cabinet Herriot. Il met alors en place le conseil national économique consultatif dont la création était depuis longtemps demandée par la CGT et admet de facto l’existence des syndicats dans la fonction publique. Il est nommé une dernière fois ministre de la Santé publique du 3 juin au 17 décembre 1932 dans le troisième ministère Herriot. Elu sénateur du Rhône en 1926, il décèdera à Paris le 13 décembre 1956.
GODIN (Jules), 1844-1925 : Avocat et homme politique. Né à Versailles (Sene-et-Oise) le 14 mars 1844, Jules Godart est d’abord avocat puis magistrat. Il siège au Sénat de 1891 à 1909 comme représentant des Indes françaises, lorsqu’il est nommé comme ministre des Travaux publics du 17 septembre au 31 octobre 1898 dans le second cabinet Brisson. Retournant au Sénat à la chute du cabinet, il décède au Perray-en-Yvelines (Seine-et-Oise) le 21 décembre 1925.
GOIRAN (François-Louis-Auguste), 1847-1927 : Général et homme politique. Né à Nice (Basses-Alpes) le 27 avril 1847, Goiran est boursier à Polytechnique puis officier d’artillerie et commande le 6ème corps d’armée. Le général Goiran entre au gouvernement à la suite de l’accident survenu à Berthaud au Bourget. Il est nommé ministre de la Guerre du 27 mai au 26 juin 1911 dans le ministère Monis. Il décède à Johannesburg (Afrique du Sud) le 21 décembre 1925.
GOMOT (Pierre-Auguste-Hippolyte), 1837-1927 : Avocat et homme politique. Né à Riom (Puy-de-Dôme) le 12 octobre 1837, Pierre Gomot est un avocat républicain, partisan de Gambetta et de Ferry. Il entre au gouvernement du 9 novembre 1885 au 6 janvier 1886 comme ministre de l’Agriculture dans le premier cabinet Brisson. Elu sénateur du Puy-de-Dôme en 1891, il est réélu en 1900, 1909 et 1920 et décède, en cours de mandat, à Paris le 8 novembre 1927.
GOUGEARD (Auguste), 1827-1886 : Général et homme politique. Né le 15 novembre 1827 à Lorient (Morbihan), ancien capitaine de frégate, Auguste Gougeard fait campagne en Afrique, en Crimée, en Extrême-Orient, mais il doit renoncer à servir à la mer pour raison de santé. A la fin de 1870, Gougeard sert sous Chanzy, dans la IIe Armée de la Loire et s'illustre à la bataille du Mans, les 10 et 11 Janvier 1871. A la tête de ses troupes, il reprend le plateau d'Auvours aux Prussiens, permettant ainsi à l'armée de la Loire d'opérer librement sa retraite du Mans. Conseiller d’Etat et ancien officier supérieur de la Marine, Gougeard, très lié à Gambetta, devient ministre de la Marine du 14 novembre 1881 au 29 janvier 1882 dans le ministère de ce dernier. Il entreprend alors de réorganiser son administration, mais le temps lui manque et son successeur reviendra sur toutes ses décisions. Ses opinions politiques de gauche lui avaient valu le surnom de « chaloupier rouge ». Il décède à Paris le 10 mars 1882.
GOULARD (Marc-Thomas-Eugène de), 1808-1874 : Avocat et homme politique. Né à Versailles (Seine-et-Oise) le 28 novembre 1808, Eugène de Goulard représente la tendance orléaniste au sein du gouvernement. Elu député des Hautes-Pyrénées en 1871, il est nommé ministre de l’Agriculture et du Commerce du 6 février au 23 avril 1872 dans le premier cabinet Dufaure. Il est ensuite nommé ministre des Finances du 23 avril au 7 décembre 1872 dans le même cabinet et lance alors l’emprunt destiné à payer les indemnités réclamées par l’Allemagne et libérer ainsi le territoire. En remplacement de Jules Lefranc, le président du Conseil le nomme ensuite ministre de l’Intérieur du 6 février 1872 au 17 mai 1873. Il espère ainsi apaiser les conservateurs qui désapprouvent l’instauration progressive de la République. Rendu furieux par cette dérive, Goulard destitue plusieurs fonctionnaires progressistes et refuse de publier dans le Moniteur officiel une intervention du ministre de l’Instruction publique, Simon. Il démissionne et oblige le président du Conseil à remanier son gouvernement. Il décède à Versailles le 4 juillet 1874.
GOUDEAU (Emile), 1849-1906 : Journaliste, romancier et poète français. Né à Périgueux (Dordogne) le 29 août 1849, fils de Germain Goudeau (1814-1858), architecte à Périgueux, et cousin de Léo Goudeau, parent de Léon Bloy, Émile Goudeau, après des études au séminaire, est surveillant dans différents lycées avant d'entrer comme employé au ministère des Finances, ce qui lui laisse le loisir de se consacrer avant tout à la poésie. Citons de lui : Fleurs du bitume (1878) ; Poèmes ironiques (1884) ; La Revanche des bêtes (1884) ; La Vache enragée (roman, 1885) ; Voyages et découvertes du célèbre A'Kempis à travers les États-Unis de Paris (1886) ; Les Billets bleus (nouvelles, 1887) ; Le Froc (roman, 1888) ; Dix ans de bohème (mémoires, 1888) ; Corruptrice (roman, 1889) ; Paris qui consomme (fantaisie, 1893) ; Chansons de Paris et d'ailleurs (1896) ; Poèmes parisiens (1897) ; La Graine humaine (roman, 1900).
En 1878, il avait fondé le Cercle des Hydropathes. Il décède en 1906.
GOURDEAU (Gaston), 1883-1957 : Ingénieur et homme politique. Né à Saint-Cosme-en-Vairais (Sarthe) le 19 février 1883, Gaston Gourdeau est ingénieur des Arts et Métiers et ancien directeur au ministère du Commerce et de l’Industrie. Il ne fait que deux courts passages au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat au Travaux publics. La première fois dans le cabinet Steeg du 13 décembre 1930 au 26 janvier 1931, il est chargé des Travaux publics et du Tourisme. Il retrouvé alors son banc de député puis est chargé du Tourisme du 3 juin au 17 décembre 1932 dans le troisième cabinet Herriot. Elu député de la Sarthe de 1928 à 1936, il décèdera au Mans (Sarthe) le 9 octobre 1957.
GOURMONT (Rémy de), 1858-1915 : Ecrivain. Né à Bazoches-au-Houlme (Orne), le 4 avril 1858, Remy de Gourmont entreprend des études de droit à Caen en 1876 obtenu et obtient en 1879 son diplôme de bachelier en droit. il se fixe à Paris et en 1881 et commence à collaborer à des périodiques catholiques tels que Le Monde ou Le Contemporain. Entre 1882 et 1886, il publie divers ouvrages de vulgarisation historique mais c'est avec un roman, Merlette (1886) qu'il fait véritablement ses débuts littéraires.
Auteur d'une œuvre poétique qui s'inscrit pour une part dans le courant symboliste - dont il sera par ailleurs le plus grand critique -, Rémy de Gourmont est également romancier et dramaturge. Il a surtout signé une série d'essais qui ont apporté une contribution majeure à la réflexion dans le domaine de l'esthétique. On lui doit des romans : Sixtine (1890) ; Le Fantôme (1893) ; Le Château singulier (1894) ; Proses moroses (1894) ; Histoire tragique de la princesse Phénissa (1894) ; Histoires magiques (1894) ; Phocas (1895) ; Le Pèlerin du silence (1896) ; Les Chevaux de Diomède, (1897) ; D'un pays lointain. Miracles. Visages de femmes. Anecdotes (1898) ; Le Songe d'une femme. Roman familier (1899) ; Une nuit au Luxembourg (1906) ; Un cœur virginal (1907) ; Couleurs, contes nouveaux (1908) ; Lettres à l'Amazone (1914) ; Monsieur Croquant (1918) ; La Patience de Grisélidis (1920) ; Lettres à Sixtine (1921) ; Le Vase magique (1923) ; Fin de promenade et trois autres contes (1925), des poèmes : Litanies de la rose (1892) ; Fleurs de jadis (1893) ; Hiéroglyphes (1894) ; Les Saintes du Paradis (1899) ; Oraisons mauvaises (1900) ; Simone, poème champêtre (1901) ; Divertissements (1912) ; Poésies inédites (1921), ainsi que des pièces de théâtre et surtout des études et des essais.
En 1889, Remy de Gourmont est, avec Alfred Vallette, Louis Dumur, Ernest Raynaud, Jules Renard, au nombre des fondateurs du Mercure de France, auquel il collaborera pendant vingt-cinq ans. En avril 1891, il y publie un article intitulé Le Joujou Patriotiste dans lequel il soutient que les affinités artistiques et culturelles profondes entre la France et l'Allemagne, qui devraient amener un rapprochement des deux pays, sont contrariées par les passions nationalistes Journal.
Il publie, quasi-exclusivement au Mercure de France, une œuvre vaste et abondante, composée de romans, de pièces de théâtre, de recueils de poésie et surtout d'essais qui témoignent d'une profonde érudition. Esprit d'une remarquable érudition qui le fait ennemi des systèmes, il est notamment l'auteur de L'esthétique de la langue française (1899), La culture des idées (1900), et Le problème du style (1902). Rémy de Gourmont a également laissé une importante correspondance : Lettres à l'amazone publiées en 1914. Il meurt d'une congestion cérébrale le 27 septembre 1915 à Paris.
Dr Paul Voivenel, Remy de Gourmont vu par son médecin. Essai de physiologie littéraire. Paris, Éditions du Siècle, 1924.
Marcel Coulon, L'enseignement de Remy de Gourmont. Paris, Éditions du Siècle, 1925.
Karl D. Uitti, La passion littéraire de Remy de Gourmont. Princeton University/PUF, 1962.
Charles Dantzig, Remy de Gourmont. "Cher vieux daim !". Monaco, Éditions du Rocher, 1990.
Anne Boyer, Remy de Gourmont. L'écriture et ses masques. Paris, Champion, 2002.
GRAËFF (Michel-Ignace-Auguste), 1812-1884 : Inspecteur et homme politique. Né à Schleithal (Bas-Rhin) le 11 mars 1812, Michel Graëff est polytechnicien et inspecteur général des Ponts et Chaussées. Il est nommé par le général de Rochebouët pour gérer le portefeuille des Travaux publics du 23 novembre au 12 décembre 1877 mais le gouvernement démissionne le lendemain de sa nomination et n’a le temps que d’expédier les affaires courantes. Il décède le 6 août 1884. Il est l’auteur de Mémoire sur le mouvement des eaux dans les réservoirs à alimentation variable (1873), Traité hydraulique (1882-1883).
GRANET (Félix-Armand-Etienne), 1849-1936 : Homme politique. Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 29 juillet 1949, Félix Granet est d’abord préfet puis directeur du personnel au ministère de l’Intérieur. Député radical, des Bouches-du-Rhône de1881 à 1893, il entre au gouvernement comme ministre des PTT du 7 janvier 1886 au 29 mai 1887 dans le cabinet. Il est surtout connu pour avoir favorisé un certain nombre de fonctionnaires pour des raisons politiques. Il décède à Saint-Raphaël (Var) le 12 mars 1936.
GRASSET (Bernard), 1881-1955 : Editeur. Né en 1881 à Montpellier, Bernard Grasset, orphelin très jeune, est élevé par son oncle. Reçu docteur ès sciences économiques, il s’installe à Paris et, en 1907, fonde Les Editions Nouvelles. Il publie son premier livre Mounette, suivi de plusieurs autres, souvent à compte d'auteur, jusqu'au premier et énorme succès de A la manière de... pastiches signés Paul Reboux et Charles Muller, et deux Goncourt consécutifs en 1911 et 1912 : Monsieur des Lourdines d'Alphonse de Châteaubriant et Filles de la pluie d'André Savignon. En 1913, il publie à compte d'auteur le premier livre d'un certain Marcel Proust Du côté de chez Swan après que le manuscrit eut été refusé au Mercure, chez Ollendorf et chez Fasquelle.
En 1920, s'ouvre pour lui la grande période ; il lance les quatre M : André Maurois, François Mauriac, Henry de Montherlant et Paul Morand. En 1921, il confie à Daniel Halevy la - future - prestigieuse collection « Les Cahiers verts » avec comme premier titre Maria Chapdelaine de Louis Hémon, et le succès que l'on sait. Puis s'attachent à lui Cocteau, Radiguet, Cendrars, Drieu la Rochelle, Guehenno, Giono, Soupault, Delteil, Ramuz, Malraux... C'est à lui que l'on doit le passage de l'édition traditionnelle (à la fin du XIXe siècle, les tirages étaient de 2 000 à 2 500 exemplaires) aux premiers livres vendus à 10 000 exemplaires : c'est à lui que l'on doit la publicité littéraire, l'envoi des services de presse, bref l'événement littéraire.
Après la Seconde Guerre mondiale, il est accusé de collaboration qui débouche sur un non-lieu. Bernard Grasset reprit alors la direction de la maison et décèdera à Parisen 1955.
GRAVE (Jean), 1854-1939 : Anarchiste. Né le 16 octobre 1854 à Le Breuil-sur-Couze (Puy-de-Dôme), dans une famille pauvre, Jean Grave et sa famille abandonne l'Auvergne pour s'installer à Paris, où il commence à étudier l'école des frères. Il publit en 1892, La société mourante et l'anarchie, vulgarisation des thèses de Kropotkine qui lui vaudra par la suite, après le vote des lois scélérates, deux ans de prison et 1.000 francs d'amende pour cause de provocation au pillage, au meurtre, au vol, à l'incendie, etc.
Créateur de la revue Les Temps Nouveaux, en 1895 qui fera plus de 900 numéros, il écrit aussi Les aventures de Nono (1901).
Jean Grave est l'un des signataires du Manifeste des seize, manifeste réunissant plusieurs militants anarchistes de longue date qui affirmait un soutien aux gouvernements qui allaient participer à l'écrasement, jusqu'au bout de l'Allemagne. Par sa garde vigilante de la "pure doctrine" communiste libertaire, il recevra les critiques de plusieurs libertaires dont Victor Serge et Rirette Maîtrejean qui l'accuseront de sectarisme. Jean Grave, qui ne supportait pas les individualistes, illégalistes et naturiens, aurait aussi été un vieil ennemi de Libertad au sein du mouvement libertaire allant jusqu'à faire courir la rumeur que Libertad était un indicateur de police (Bien que les archives de la police prouvent qu'il n'a pas été un mouchard). Auteur de Décolonisation (1912), il décède à Vienne-en-Val (Loiret) le 8 décembre 1939.
J.Grave, Quarante ans de propagande anarchiste, annoté par Mireille Delfau et préface par Jean Mailer, Paris, Flammarion, 1971.
Charles Malato. De la Commune à l'Anarchie, Paris, Stock, 1894.
GRESLEY (Henri-François-Xavier), 1819-1890 : Général et homme politique. Né à Wassy (Haute-Marne) le 9 février 1819, le général Gresley, polytechnicien est fait prisonnier en Allemagne en 1870. Conseiller d’Etat et sénateur inamovible, il est nommé dans le cinquième cabinet Dufaure ministre de la Guerre du 16 mai 1877 au 27 décembre 1879. Poste qu’il garde dans le ministère Waddington. Lorsqu’il propose à Mac-Mahon le déplacement de cinq commandants de corps d’armée et la mise en disponibilité de cinq autres – dans le cadre de l’épuration républicaine menée par Dufaure -, il pousse le maréchal à la démission. Ce dernier, déjà fortement atteint par la crise de 1877, refuse en effet de « frapper de braves officiers » et procède effectivement à la mise en disponibilité et au remplacement par des républicains de douze officiers généraux, dont le duc d’Aumale. A l’exception de l’impérialiste Bourbaki, ils sont cependant tous nommés inspecteurs généraux. On lui doit aussi l’exécution de la Marseillaise dans les cérémonies officielles. Il décède à Paris le 2 mai 1890.
GRÉVY (Jules), 1807-1891 : Avocat et homme politique. Né le 15 août 1807 à Mont-sous-Vaudrey (Jura), Jules Grévy obtient une licence de droit à Paris et devient avocat. Sous la monarchie de juillet, il plaide lors de procès politiques contre les monarchistes.
Sa carrière politique débute à la suite de la révolution de 1848 : il est nommé commissaire de la République dans le Jura par le gouvernement puis est élu député du Jura en 1848. Lors des débats relatifs à l'élaboration de la Constitution, il propose « l'amendement Grévy », contre l'élection du président de la république au suffrage universel, qui est repoussé. Cet amendement montrait son refus de légitimer le pouvoir d'une seule personne au-dessus de tout, dans l'exécutif. En 1849, Jules Grévy est élu à l'assemblée législative, puis vice-président de celle-ci. Le 2 décembre 1851, lors du coup d'État, il est arrêté, puis finalement libéré, et retourne au barreau. Il est élu membre du conseil de l'ordre des avocats du Barreau de Paris en 1862, puis, en 1868, bâtonnier de l'ordre des avocats.
Il revient à la politique à la fin du second Empire : élu député du Jura en 1868, il siège dans l'opposition. Il est hostile, avec Gambetta et Thiers, à la déclaration de guerre contre l'Allemagne en 1870. En février 1871, il est élu président de l'Assemblée nationale jusqu’à sa démission en avril 1873. Il confiera le pouvoir à Thiers lors de l'insurrection de la commune, qu'il condamne. Il est président de la Chambre des députés à partir de 1876. Républicain modéré, il deviendra chargé de la direction du parti républicain à la mort de Thiers, en 1877. Il est une première fois candidat à l'élection présidentielle de 1873. Le 30 janvier 1879, le président Mac-Mahon démissionne. Le jour même, les parlementaires élisent Jules Grévy à la présidence de la République. Il annonce qu'il n'ira jamais à l'encontre de la volonté populaire, et de fait, abandonne l'exercice du droit de dissolution. Les prérogatives constitutionnelles, compromises par Mac-Mahon, sont mises à l'écart, pour préserver la séparation de la fonction de l'exécutif et du législatif. On parle alors de « constitution Grévy », pour l'affaiblissement de l'exécutif (Présidents de la république et du conseil), au profit d'une république parlementaire.
Durant son mandat, sa rivalité avec Gambetta se manifeste dans la mesure où il s'efforce de l'écarter de la présidence du conseil, celui-ci ne siégea que 73 jours au « Grand ministère ». En politique extérieure, il se montre très attaché à la paix, ce qui lui a valu un conflit avec le boulangisme naissant, revanchard contre l'Allemagne. Il s'oppose également à l'expansion coloniale. En politique intérieure, il soutient les mesures anticléricales de ses ministres (Jules Ferry contre l'enseignement des congrégations, politique anticléricale du président du Conseil Charles de Freycinet)
Grévy est réélu à la présidence de la république, en 1885. C'est à l'occasion du décès de Victor Hugo, le 22 mai 1885, qu'il décide de rendre au Panthéon de Paris le statut de temple républicain, statut qu'il a conservé depuis lors. Des funérailles y seront organisées le 1er juin 1885.
En 1887 éclate le scandale des décorations : le gendre du président, Daniel Wilson a été convaincu de trafic d'influence. Il vendait des nominations dans l'Ordre de la Légion d'honneur. Les chambres contraignent alors Grévy à la démission le 2 décembre. Cette affaire a contribué à l'agitation nationaliste.
Jules Grévy meurt le 9 septembre 1891 à Mont-sous-Vaudrey. Il reste le symbole de la mise en place des idées républicaines dans les institutions politiques, et dans la manière d'exercer la fonction de président de la république.
GRIFFE (La) : Hebdomadaire politique et littéraire fondé en 1918 et disparu en 1939, dont Jean-Michel Renaitour, député de l’Yonne, est le rédacteur en chef. Le journal a pendant plusieurs années trois annexes : La Griffe aéronautique et sportive, La Griffe cinématographique et La Griffe financière.
GRIFFUELHES (Victor), 1874-1922 : Syndicaliste. Né à Nérac (Lot-et-Garonne) le 14 mars 1874, Victor Griffuelhhes fait de courtes études au petit séminaire et devient ouvrier-cordonnier comme son père. A dix-sept ans, il part pour Bordeaux et fait ensuite son tour de France. A Paris, en 1893, il devient blanquiste et, au retour de son service militaire, il se présente aux élections sans espoir. Sundiqué de la fédération des cuits et peaux, il gravit assez vite les échelons et est bientôt délégué de l’union syndicale de la Seine, puis son secrétaire. Fin 1901, il est élu au secrétariat de la CGT et y reste jusqu’en 1909. Il particie au congrès d’Amiens en 1906 et, par la suite, il met l’accent sur le côté pacifiste et antimilitariste du mouvement ouvrier. Déçu par l’attitude des syndicalistes allemands avec lesquels il voulait établir un plan d’action en vue d’empêcher la guerre, menaçante depuis 1905, il démissionne du secrétariat de la CGT et est remplacé par Léon Jouhaux. Il décède en 1922.
GRINDA (Edouard-Joseph-Auguste), 1866-1959 : Chirurgien et homme politique. Né à Nice (Basses-Alpes) le 20 décembre 1866, chirurgien de profession, le docteur Grinda est élu député d’action républicaine et sociale dans son département natal de 1919 à 1932. A la Chambre, il se consacre principalement aux questions de prévoyance sociale et d’hygiène, et s’emploie à la réorganisation des hôpitaux. Nommé ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 13 décembre 1930 au 26 janvier 1931 dans le cabinet Steeg, il met en place une action consistant à lutter contre « les menées révolutionnaires [par] une politique sociale généreuse ». De plus, il parvient à faire voter un texte rajustant les rentes des mutilés. Son action est de courte durée, le gouvernement ayant démissionné. Il décèdera à Nice le 28 mars 1959.
GRIVART (Louis-René-Joachim), 1829-1901 : Professeur et homme politique. Né à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 30 juillet 1829, Grivart est docteur en droit et professeur à la faculté de Rennes. Bâtonnier, il est élu député orléaniste d’Ille-et-Vilaine en 1871. Du 22 mai 1874 au 9 mars 1875, il est ministre de l’Agriculture dans le cabinet Cissey. A la chute du cabinet il retrouve son siège de député jusqu’en 1876 et, la même année est élu sénateur d’Ille-et-Vilaine. Réélu en 1893 et 1897, il décède en cours de mandat, à Rennes, le 3 août 1901.
GROUPE D’ACTION ET DE DÉFENSE LAÏQUE : Groupe sénatorial animé, autour de 1930, par le maçon et sénateur de l’Isère Joseph Brenier, dont il est le président. Il était assisté des sénateurs et maçon :Cuminal , vice-président, Joseph Loubet, questeur et Désiré Valette. La présence de ces personnalités à la tête du groupe laissait à penser qu’il s’agissait bien d’une association parlementaire paramaçonnique, bien que d’autres membres éminents, comme Albert Lebrun, n’en étaitent pas initiés.
GROUPES DE PRESSION POLITIQUE :
GROUPE OUVRIER ET PAYSAN : Groupe parlementaire crée après la dissolution du parti communiste en 1939 par les députés communistes restés fidèles à la Troisième internationale malgré la signature du pacte germano-soviétique. 43 membres étaient comptabilisés en septembre 1939 pis 51 en octobre. Arthur Ramette, député du Nord (1932-1940), en est le président, et Florimond Bonte, dépté de la Seine (1936-1940), le secrétaire.
GROUPE PARLEMENTAIRE ANTISÉMITE : Constitué en 1898 à la Chambre des députés, ce groupe était présidé par Edouard Drumont, qui venait d’être élu député d’Alger. Il comprenait dix-huit autres membres et ne dure que le temps d’une législature, Drumont n’ayant pas été réélu en 1902.
GROUSSET (Paschal), 1844-1909 : Journaliste et homme politique. Né le 7 avril 1844 à Corte (Corse), Paschal Grousset fait des études de médecine à Paris qu’il abandonne et se tourne alors vers le journalisme. Ses articles publiés dans le journal Le Temps, sous le pseudonyme de Philippe Daryl, portant essentiellement, sur le sport et l'éducation tot comme son ouvrage La Renaissance physique (1888). Il écrira pourtant un tome de l'Encyclopédie des Sports de 1892 consacré aux jeux de balles et de ballons (et sera l'un des principaux artisans de l'introduction du football en France). Mais il cherche davantage à promouvoir les jeux français que les sports anglais qu'il discrédite dans plusieurs articles du Temps. Il crée en octobre 1888, la Ligue Nationale d'Education Physique qui globalement rejette la compétition sportive en la considérant comme politiquement et moralement néfaste.
Grousset est un opposant résolu du régime impérial, il devient rédacteur en chef de La Marseillaise. Malgré ses opinions, il s’engage durant la guerre de 1870. Avec l'arrivée de la Commune de Paris, il débute une carrière d’homme politique. Le 26 mars 1871, il est élu membre du Conseil de la Commune par le XVIIIe arrondissement, puis il est désigné comme délégué aux Relations extérieures. Son engagement politique et son travail dans le journalisme le conduiront à s’occuper des problèmes relatifs à l’enseignement. Il est également membre de la commission exécutive. Il vote pour la création du Comité de Salut public. Après l'écrasement de la Commune, il est condamné par le gouvernement Thiers à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Il rentre en France lors de l’amnistie de 1880. En 1893, il devient député socialiste de la Seine et le restera jusqu’à sa mort. On lui doit notamment l'électrification de plusieurs musées et librairies parisiens et leur ouverture tardive; il espérait par là amener les masses populaires à la culture.
Écrivain pour la jeunesse sous le pseudonyme d'André Laurie, il débute en proposant deux ébauches de romans : Les 500 millions de la Bégum et L'étoile du Sud. Vient ensuite L'Épave du Cynthia (1885). Il va s'affirmer grâce à la série des Vies de Collège dans tous les Pays et à ses Romans d'Aventure. En particulier : L'Héritier de Robinson (1884), Le Capitaine Trafalgar (1886), Les exilés de la Terre (1887), De New York a Brest en sept heures (1889), Le Secret du Mage (1890), Le rubis du grand Lama (1892), Atlantis (1895), Le Maitre de l'Abime (1905), Spiridon le muet (1909). Il décèdera à Saint-Mandé (Seine) le 9 avril 1909.
Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Flammarion, collection Champs, 1978
GRUBER (Jacques), 1870-1936 : Décorateur et peintre-verrier. Née à Sundhouse le 25 janvier 1870, Jacques Gruber étudie, à partir de 1889, à Paris à l'Ecole des Arts Décoratifs, à l'Ecole des Beaux-Arts et fréquente l'atelier du peintre Gustave Moreau. En 1893, il entre chez Daum comme chef décorateur et enseigne à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy jusqu'en 1916.
Avant qu'il ne possède son propre atelier de vitrail en 1904, Jacques Gruber fait réaliser ses projets chez le verrier Charles Gauvillé. Bien que s'intéressant principalement à cette technique, Jacques Gruber ne délaisse pas les autres aspects des arts décoratifs. Il collabore en effet avec plusieurs industriels et artisans nancéiens auxquels il fournit des modèles et des décors de mobilier, de reliure, d'objets en grès flammé. Il dessine également des menus et des programmes pour les imprimeurs nancéiens.
Il est le maître verrier nancéien auquel s'adressent Louis Majorelle, Eugène Corbin, Albert Bergeret, mais également la Chambre de Commerce, la brasserie Excelsior, le Crédit Lyonnais, les Magasins Réunis, etc. Son oeuvre, d'une grande qualité graphique et parfois picturale, aux inspirations naturalistes mais aussi symbolistes, est une véritable synthèse des techniques verrières de l'époque. Jacques Gruber s'installe à Paris à partir de 1914 et connaît une période prospère de renouvellement artistique pendant la période Art Déco. Il est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901. Il décède à Paris le 15 décembre 1936.
DIERKENS-AUBRY et al., Jacques Gruber, ébéniste et maître-verrier, 1871-1936. Bruxelles, 1981
GRUMBACH (Salomon), 1884-1952 : Journaliste et homme politique. Né à Hattstatt (Alsace) le 6 janvier 1884, Salomon Grumbach est issu d’une famille israélite d’Alsace. Il milite dans le mouvement révolutionnaire et collabore à L’Humanité de Jean Jaurès, qui l’envoie en Suisse où il est correspondant du journal socialiste en 1914. Après la Première Guerre mondiale, il est délégué par les socialistes de Haute-Alsace à la conférence internationale de Berne en février 1919, et la même année, désigné par eux comme candidat aux élections législatives de novembre sans succès. Ce n’est qu’en 1928 qu’il est élu député de Mulhouse. Il entre alors au comité central de la Ligue des Droits de l’Homme pour laquelle il prend fréquemment la parole. Battu aux élections de 1932, il abandonne l’Alsace et choisit une circonscription dans le Tarn. Il est élu de justesse en 1936. Au Parlement, il soutient tout naturellement le gouvernement du Front populaire et, à la commission des Affaires étrangères, dont il est le vice-président, il se consacre plus spécialement aux affaires allemandes : Ses interventions le font taxer de « bellicisme » par certains de ses collègues, y compris dans les rangs socialistes. Lors du vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, il ne peut s’exprimer étant alors à bord du Massilia qui avait quitté la France pour le Maroc et ne fait plus parler de lui. Il décèdera le 13 juillet 1952 à Neuilly-sur-Seine (Seine).
GUÉRIN (Félix-Armand-Eugène), 1849-1929 : Avocat et homme politique. Né à Carpentras (Vaucluse) le 27 juillet 1849, Eugène avocat est surtout connu comme un avocat antiboulangiste. Il devient rapidement maire de Carpentras, puis sénateur du Vaucluse le 4 avril 1893, avant d’être nommé le même jour secrétaire du Sénat et garde des Sceaux. Poste qu’il occupe dans le ministère Dupuy jusqu’au 2 décembre 1893. Renonçant au premier poste, il garde un étroit contact avec la Chambre haute devant laquelle il présente tous ses projets concernant la justice. Outre des textes sur le mouillage et l’alcoolisation des vins, il propose une loi contre les menées anarchistes, qu’il s’emploie à expliquer article par article pour se défendre de faire adopter une loi d’exception. Il garde le même portefeuille dans le deux ministères Dupuy et le troisième cabinet Ribot du 30 mai 1894 au 25 janvier 1895, marqué par les débuts de l’affaire Dreyfus. Il décède Paris le 25 avril 1929.
GUÉRIN (Jules-Napoléon), 1860-1910 : Journaliste. Né à Madrid (Espagne) le 10 octobre 1860, en réaction contre la loge maçonnique du Grand Orient de France, Jules Guérin fonde la ligue antimaçonnique et antisémite du Grand Occident de France (issue de la Ligue antisémitique de France fondée en juin 1896) qui est particulièrement active et virulente lors de l'affaire Dreyfus.
Journaliste anti-dreyfusard et militant antisémite proche d'Édouard Drumont (avec lequel il se brouillera plus tard), directeur de la Ligue antisémite formée dans la foulée de l'affaire, Guérin était également membre de la Ligue de la patrie française. Il est impliqué dans le coup d'État manqué mené notamment par Paul Déroulède en 1899. Comme ses compatriotes (parmi lesquels se trouvent les royalistes André Buffet et Eugène de Lur-Saluces) ralliés par le Duc d'Orleans, Guérin est poursuivi pour complot contre la sûreté de l'État. Il se réfugie alors dans l'immeuble qu'occupait l'organisation du Grand Occident de France, rue Chabrol (siège de son journal) à Paris avec une douzaine d'hommes armés et y soutient un siège qui dura 38 jours (épisode dit du "Fort Chabrol"). La garde républicaine et la police dirigée par le prefet Lépine sont apparus comme inefficaces,cela suscite des railleries dans l'opinion publique. Après sa reddition, il est arrêté; le gouvernement de defense républicaine decide de poursuivre les meneurs en Haute Cour, condamné au bannissement et à l'exil.
Jules Guérin poursuit malgré tout son activité antisémite et sa propagande anti-dreyfusarde jusqu'à sa mort à Paris en 1910.
Le Procès de la Patrie française, Perrin et Cie, 1899.
BIRNBAUM (P.) : La France de l' affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994.
GUERNIER (Charles-Joseph-Eugénie-Marie), 1870-1943 : Homme politique. Né à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le 26 avril 1870, Charles Guernier est un ancien pensionnaire de la fondation Thiers, agrégé et docteur en droit. Député radical d’Ille-et-Vilaine de 1906 à 1924 et de 1928 à 1942, il se spécialise rapidement dans les affaires maritimes et est nommé en 1913, ministre plénipotentiaire à la conférence internationale de Londres pour la sauvegarde de la vie humaine en mer.
Quelques mois plus tard, il entre dans le quatrième cabinet Ribot comme sous-secrétaire d’Etat à la Marine, chargé de la Marine marchande du 10 au 13 juin 1914. Il n’a que le temps de prendre contact avec son poste avant la démission du gouvernement. Durant la Première Guerre mondiale, il est nommé haut-commissaire auprès du gouvernement britannique afin de coordonner les services de transport, de ravitaillement et du charbon entre les deux états. Poste qu’il occupe du 10 avril au 11 septembre 1917 dans le cinquième cabinet Ribot. Il mène d’autre part les négociations maritimes au nom de la France auprès du gouvernement anglais et auprès de l’Office du charbon. Enfin, il présente la France dans les comités interalliés pour l’achat du blé, du sucre ou des navires, ainsi qu’au sein du comité chargé de l’affrètement. Nommé commandeur de l’ordre du Bain, il rentre en France un ana avant l’armistice. Il est ensuite nommé ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones du 27 janvier 1931 eu 19 février 1932 dans les trois cabinets Laval et crée le service social des PTT. Il est nommé une dernière fois au gouvernement comme ministre des Travaux publics et de la Marine marchande du 20 février au 2 juin 1932 dans le troisième cabinet Tardieu. Il décèdera à Paris le 19 février 1943.
GUERRE D’ESPAGNE :
PECH (Y.) : Les services secrets républicains espagnols en France, Portet-sur-Garonne, 2005.
GUERRE D’ÉTHIOPIE :
En avril 1935, la rencontre de Stresa entre la France, l’Italie et le Royaume Uni semble constituer l’esquisse d’un front anti allemand
GUERRE (Ministère de la) :
-11 février 1871 - 5 juin 1871 : Général Auguste Le Flo (1804-1887)
-5 juin 1871 - 24 mai 1873 : Général Ernest Courtot de Cissey (1810-1882)
-25 mai 1873 - 24 novembre 1873 : Général du Barail (1820-1902)
-26 novembre 1873 - 16 mai 1874 : Général du Barail (1820-1902)
-22 mai 1874 - 15 août 1876 : Général Ernest Courtot de Cissey
-15 août 1876 - 2 décembre 1876 : Général Jean-Auguste Berthaut
-12 décembre 1876 - 16 mai 1877 : Général Jean-Auguste Berthaut
-17 mai 1877 - 19 novembre 1877 : Général Jean-Auguste Berthaut
-23 novembre 1877 - 24 novembre 1877 : Général Gaétan de Grimaudet de Rochebouet (1813-1889)
-13 décembre 1877 - 30 janvier 1879 : Général Borel
-4 février 1879 - 26 décembre 1879 : Général Gresley
-28 décembre 1879 - 19 septembre 1880 : Général Jean Joseph Frédéric Albert Farre
-23 septembre 1880 - 10 novembre 1880 : Général Jean Joseph Frédéric Albert Farre
-14 novembre 1880 - 27 janvier 1882 : Général Jean-Baptiste-Marie Campenon
-30 janvier 1882 - 29 juillet 1882 : Général Jean-Baptiste Billot ((1828- )
-7 août 1882 - 28 janvier 1883 : Général Jean-Baptiste Billot -31 janvier 1883 - 18 février 1883 : Général Jean Thibaudin (1822- )
-21 février 1883 - 9 octobre 1883 : Général Jean Thibaudin
-9 octobre 1883 - 3 janvier 1885 : Général Jean-Baptiste-Marie Campenon (1819- )
-3 janvier 1885 - 30 mars 1885 : Général Lewal
-6 avril 1885 - 29 décembre 1885 : Général Jean-Baptiste-Marie Campenon
-7 janvier 1886 - 3 décembre 1886 : Général Georges Boulanger
-11 décembre 1886 - 18 mai 1887 : Général Georges Boulanger
-30 mai 1887 - 4 décembre 1887 : Général Théophile Ferron (1830- )
-12 décembre 1887 - 30 mars 1888 : Général Logerot
-3 avril 1888 - 14 février 1889 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-22 février 1889 - 4 mars 1890 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-17 mars 1890 - 19 février 1892 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-27 février 1892 - 28 novembre 1892 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-6 décembre 1892 - 10 janvier 1893 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-11 janvier 1893 - 30 mars 1893 : Général Loizillon
-4 avril 1893 - 25 novembre 1893 : Général Loizillon
-3 décembre 1893 - 23 mai 1894 : Général Auguste Mercier
-30 mai 1894 - 27 juin 1894 : Général Auguste Mercier
-1er juillet 1894 - 15 janvier 1895 : Général Auguste Mercier
-28 janvier 1895 - 28 octobre 1895 : Général Zurlinden
-1er novembre 1895 - 23avril 1896 : Godefroy Cavaignac
-29 avril 1896 - 15 juin 1898 : Général Jean-Baptiste Billot
-28 juin 1898 - 5 septembre 1898 : Godefroy Cavaignac
-5 septembre 1898 - 17 septembre 1898 : Général Zurlinden
-17 septembre 1898 - 26 octobre 1898 : Général Chanoine
-1er novembre 1898 - 6 mai 1899 : Charles Louis de Saulces de Freycinet
-6 mai 1899 - 12 juin 1899 : Camille Krantz
-22 juin 1899 - 29 mai 1900 : Général marquis Gaston de Galliffet (1830-1909)
-29 mai 1900 - 4 juin 1902 : Général Louis Joseph André (1838-1913)
-7 juin 1902 - 15 novembre 1904 : Général Louis-Joseph André (1838-1913)
-15 novembre 1904 - 18 janvier 1905 : Henri Maurice Berteaux
-24 janvier 1905 - 12 novembre 1905 : Henri Maurice Berteaux
-12 novembre 1905 - 9 mars 1906 : Eugène Étienne
-14 mars 1906 - 19 octobre 1906 : Eugène Étienne
-25 octobre 1906 - 20 juillet 1909 : Général Georges Picquart
-24 juillet 1909 - 2 novembre 1910 : Général Jean Brun
-3 novembre 1910 - 23 février 1911 : Général Jean Brun
-23 février 1911 - 27 février 1911 : Aristide Briand (par intérim)
-2 mars 1911 - 27 mai 1911 : Henri Maurice Berteaux
-27 mai 1911 - 23 juin 1911 : Général Goiran
-27 juin 1911 - 11 janvier 1912 : Adolphe Messimy (1869-1935)
-14 janvier 1912 - 12 janvier 1913 : Alexandre Millerand
-12 janvier 1913 - 18 janvier 1913 : Albert Lebrun
-21 janvier 1913 - 18 mars 1913 : Eugène Étienne
-22 mars 1913 - 2 décembre 1913 : Eugène Étienne
-9 décembre 1913 - 3 juin 1914 : Joseph Noulens
-9 juin 1914 - 13 juin 1914 : Théophile Delcassé
-13 juin 1914 - 26 août 1914 : Adolphe Messimy
-26 août 1914 - 29 octobre 1915 : Alexandre Millerand
-29 octobre 1915 - 16 mars 1916 : Général Joseph Simon Gallieni (1849-1916)
-16 mars 1916 - 12 décembre 1916 : Général Roques
-12 décembre 1916 - 14 mars 1917 : Général Louis Hubert Gonzalve Lyautey (1854-1934)
-15 mars 1917 - 18 mars 1917 : Contre-amiral Marie-Jean Lacaze(par intérim)
-20 mars 1917 - 7 septembre 1917 : Paul Painlevé
-12 septembre 1917 - 13 novembre 1917 : Paul Painlevé
-16 novembre 1917 - 18 janvier 1920 : Georges Clemenceau
-20 janvier 1920 - 16 décembre 1920 : André Lefèvre (1869-1929)
-16 décembre 1920 - 16 janvier 1921 : Flaminius Raiberti (1862-1929)
-16 janvier 1921 - 15 janvier 1922 : Louis Barthou (1862-1934)
-15 janvier 1922 - 14 juin 1924 : André Maginot (1877-1932)
-14 juin 1924 - 17 avril 1925 : Charles Nollet
-17 avril 1925 - 29 octobre 1925 : Paul Painlevé
-29 octobre 1925 - 28 novembre 1925 : Édouard Daladier (1884-1970)
-28 novembre 1925 -19 juillet 1926 : Paul Painlevé
-23 juillet 1926 - 26 juillet 1929 : Paul Painlevé
-29 juillet 1929 - 22 octobre 1929 : André Maginot (1877-1932)
-13 décembre 1930 - 27 janvier 1931 : Louis Barthou
-27 janvier 1931 - 6 janvier 1932 : André Maginot
-14 janvier 1932 - 20 février 1932 : André Tardieu
Ministre de la Défense nationale :
-20 février 1932 - 3 juin 1932 : François Piétri (1882-1966)
Ministres de la Guerre :
-3 juin 1932-14 décembre 1932 : Jean-Paul Boncour (1873-1972)
-18 décembre 1932 - 31 janvier 1933 : Édouard Daladier
-31 janvier 1933 - 30 janvier 1934 : Édouard Daladier (à vérifier)
Ministres de la Défense nationale et de la Guerre :
-30 janvier 1934 - 4 février 1934 : Jean Fabry (1876-1968)
-4 février 1934 - 9 février 1934 : Joseph Paul-Boncour
Ministres de la Guerre :
-9 février 1934 - 8 novembre 1934 : Philippe Pétain
-8 novembre 1934 - 7 juin 1935 : Louis Maurin (1869-1956)
-7 juin 1935 - 24 janvier 1936 : Jean Fabry
-24 janvier 1936 - 4 juin 1936 : Louis Maurin (2èm fois)
Ministres de la Défense nationale et de la Guerre :
-4 juin 1936 - .........1937 : Édouard Daladier
.........1937 - .........1938 : Édouard Daladier
10 avril 1938 - 18 mai 1940 : Édouard Daladier
18 mai 1940 - 16 juin 1940 : Paul Reynaud
Ministre de la Défense nationale :
16 juin 1940 - 11 juillet 1940 : Maxime Weygand
GUERRE DE 1870 :
GUERRE DE 1914-1918 : Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche, François-Ferdinand étaient asssassiné à Sarajevo. Le gouvernement autrichien ayant reçu aussitôt une promesse sd’appui allemand est décidé à supprimer le danger serbe en allant au besoin jusqu’à la guerre générale. On a attendu cependant jusqu’au 23 juillet pour remettre l’ultimatul à la Serbie de sorte que Poincaré et Viviani, en visite à Saint-Petersbourg les 23-23 juillet, ne reçoivent la nouvelle qu’en arrivant à Stockholm, sur le chemin du retour, le 25 juillet. Il est difficile d’apprécier dans quelle mesure Poincaré est indirectement responsable de la guerre par l’appui qu’il a promis au gouvernement russe. Il a confirmé qu’il exécuterait toutes les obligations imposées par l’alliance, mais a conseillé d’éviter toute mesure qui pourrait entraîner une réplique allemande. Pourtant, il est certain que l’occasion lui était offerte de faire renaître la question de l’Alsace-Lorraine, et de se débarrasser du militarisme prussien : ce sont les deux buts initiaux de la guerre du côté français.
L’opposition à la guerre qui menace vient essentiellement de la CGT et du parti socialiste. Devant la menace de grèves ou de troubles, Malvy, ministre de l’Intérieur, a fait dresser la liste des responsables syndicaux et politiques à arrêter en cas de mobilisation. Mais le CGT n’est pas d’accord avec Jaurès sur le sens à donner à la grève : il s’agit pour elle de la transformer en grève générale révolutionnaire, tandis qu’elle est pour Jaurès le moyen d’imposer la paix. Pourtant quand l’ultimatum est donné à la Serbie, , l’unité, ce vieux rêve de Jaurès tend à se faire entre syndicalistes et socialistes. Le 27, à l’appel de La Bataille Syndicaliste, 30.000 personnes manifestent devant Le Matin, le plus belliqueux des journaux parisiens ; le même jour, Dumoulin, Jouhaux et Jaurès sont à Bruxelles, où ils rencontrent leurs camarades allemands sans aboutir à une position commune. Le 30 juillet une réunion commune est tenue par les responsables syndicaux et socialistes ; Jouhaux propose une manifestation massive à Paris, que Jaurès refusepour l’immédiat, de crainte d’affoler l’opinion pacifiste, mais non révolutionnaire, et de laisser croire aux Allemands que la France est au bord de la guerre civile. On sait par ailleurs que les syndicats allemands ont assuré le chancelier qu’ils n’entraveraient pas la mobilisation.
Le 31 juillet, Jaurès est assassiné et sa disparition allait achever l’effondrement du camp pacifiste. Le même jour, un ultimatum allemand était adressé à la Russie et Bethmann-Hollwegg chargeait son ambassadeur à Paris de demander au gouvernement français, en forme d’ultimatum (18 heures), quelle srait son attitude en cas de guerre germano-russe ; au cas improbable où la France resterait neutre, l’Allemagne réclamerait comme gages Toul et Verdun, qu’elle restituerait après la guerre. Le même soir, à 22 heures, le Comité Confédéral de la CGT décidait d’annuler les résolutions (pacifistes) des congrès antérieurs et de se rallier aux déclarations du parti socialiste en « s’asseyant sur les principes ».
Le 1er août, la déclaration de guerre allemande est adressée à la Russie. Les socialistes et responsables syndicaux français savent qu’ils ne seraient pas suivis s’ils s’opposaient résolument à la guerre ; Malvy le sait aussi, qui ordonne de surseoir à l’applicationDès le début de la guerre, on témoigne de la ferveur ou de la résolution avec laquelle on entra dans une guerre « franche et joyeuse », qui devait conduire rapidement jusqu’à Berlin. Dès août 1914 l’espoir du reconquête triomphante de l’Alsace-Lorraine avait disparu et l’on s’enfonça très vite dans une guerre d’usure où furent sacrifiées les forces démographiques les plus vives de la nation.
*Les opérations. Le plan conçu par Schlieffen et mis au point par Moltke faisait porter le plus gros de l’effort contre la France pour la liquider rapidement et se reporter ensuite contre la Russie. Il impliquait l’entrée de la Belgique et l’encerclement général de l’armée française, qui serait refoulée par l’aile droite marchante allemande vers la Suisse et les Vosges, et contrainte de combattre le dos à la frontière. Le commandant en chef français, Joffre, sachant les intentions ennemies, comptait sur une résistance belge suffisante pour avoir le temps de lancer une offensive en Alsace-Lorraine en corrélation avec l’offensive russe, et donner tout son sens à cette guerre.
Le 2 août, le roi des Belges Albert Ier fut sommé de laisser passer les armées allemandes et, sur son refus, le 4 août l’artillerie allemande écrasait Liège, mais le soir même l’Angleterre se joignait à la France. Les Allemands occupèrent rapidement presque toute la Belgique et, le 15 août, ils étaient à la frontière française, tandis que les offensives lancées par Joffre à l’Est, échouaient. Le 24 août commençait la retraite qui devait conduire les forces françaises du nord jusqu’à la Marne, où les Allemands furent arrêtés les 6-10 septembre. Chacun des adversaires tenta ensuite de tourner le front opposer par le nord ; cette « Course à la mer » aboutit à la fin de l’année 1914 à la construction d’un front continu de la Mer du Nord aux Vosges.
De décembre 1914 à février 1916, le front se stabilise. De part et d’autre il faut refaire les stock de munitions ; le soldat s’enterre et connaît toutes les souffrances de la guerre de tranchées. On tente cependant quelques percées coûteuses qui échouent : sur Saint-Mihiel, au sud de Verdun, en avril 1915, en Artois (mai), et en Champagne (septembre). La guerre s’étend aux Dardanelles, où les franco-anglais essaient en vain de passer les Détroits, et en Grèce, où le général Sarrail se trouve bloqué à Salonique.
Le 21 février 1916, les Allemands lancent l’attaque sur le saillant de Verdun, défendu par le général Pétain. La bataille, le plus importante de la guerre, met 300.000 hommes hors de combat de chaque côté ; mais les Allemands ont dû arrêter leur offensive le 1er juillet, après une avance maximum d’une dizaine de kilomètres, pour porter des renforts sur la Somme, où l’armée franco-anglaise a lancé une contre-offensive avec l’aide des chars. A la fin de l’années, le général Nivelle, qui a remplacé Pétain, reprend les forts de Vaux et de Douaumont, annulant les succès allemands : le front est à nouveau stabilisé.
*Problèmes politiques. Au niveau politique, Dès le 26 août 1914, le président du Conseil René Viviani a remanié son gouvernement pour réaliser l’union nationale. Delcassé, Millerand, Briand, sont ministres ainsi que Guesde, devenu ministre d’Etat, et Sembat, ministre des Travaux publics. Jouhaux, de son côté, participe au Comité du Secours National. Contre cette Union sacrée, peu de résistances : à la CGT, Merrheim et Monatte essaient de former un groupe d’opposition autour de la Vie Ouvrière, mais le journal disparaît presque aussitôt. Quelques tracts sont rédigés par le syndicat des instituteurs et par les groupes féministes (« femmes socialistes, éveillez-vous »). Chez les socialistes, une faible opposition se groupe autour de Paul Faure, Pierre Laval, et du Populaire du centre, contre une guerre voulue par le Tzar. Les articles publiés par Romain Rolland en Suisse, dans le Journal de Genève, à partir du 22 septembre 1914, eurent davantage d’échos. Il y condamnait le militarisme prussien, mais se refuser à l’identifier au peuple allemand. Ces articles, interdits en France par la censure, furent d’abord diffusés clandestinement par des pacifistes, puis en fin de compte sous le titre Au-dessus de la mêlée en novembre 1915. Au Parlement, l’opposition est nulle, le gouvernement, qui s’est transporté à Bordeaux le 2 septembre, a pratiquement les pleins pouvoirs jusqu’en décembre 1914.
Quand la prévision d’une guerre longue s’affirme, le Parlement et les socialistes commencent à s’émouvoir. En janvier 1915, Millerand, ministre de la Guerre, est attaqué par Clemenceau au nom de la Commission sénatoriale de l’armée pour l’insuffisance de la préparation. La Commission souhaiterait envoyer des missions de contrôle dans les usines et à l’armée, mais Joffre s’y refuse et Millerand l’appuie. La IIème Internationale s’inquiète, elle, de l’extension de la guerre (mai 1915). En septembre 1915, deux syndicalistes français, Merrheim, des Métaux, et Bourderon, des Tonneliers, assistent, avec Trotsky, Lénine, Ledebour, à la conférence de Zimmerwald, qui conclut à la transformation de la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire. Les deux représentants français font connaître le Manifeste d’une Lettre aux abonnés de la Vie Ouvrière, sans grand succès.
Viviani démissionne en octobre 1915, sans avoir été mis en minorité, devant l’attitude de Joffre qui refuse toujours un contrôle parlementaire. Dans le ministère Briand (octobre 1915-dédembre 1916), le catholique conservateur Denys-Cochin est sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Gallieni est à la Guerre, et Sembat est toujours ministre. L’Union sacrée est renforcée, mais Gallieni s’oppose plus directement à Joffre et lit, le 7 mars 1916, une note où il condamne le Quartier Général qui dépasse son rôle strictement militaire. Briand l’abandonne et le remplace en août par le général Roques, ami de Joffre. Le conflit d’autorité est provisoirement réglé.
Cependant, au Congrès du parti socialiste de décembre 1915, le XIIème depuis l’unité, le premier depuis la guerre, trois tendances apparaissent : les majoritaires avec Cachin, Sembat, Thomas, sont toujours partisans de l’Union Sacrée jusqu’à la victoire. Les minoritaires avec Laval et longuet se prononcent pour une paix blanche. Enfin, un faible courant « zimmerwaldien » apparaît , fortifié par la présence à Paris de nombreux immigrés russes (Totsky). Au Congrès de Kienthal (ou IIème Zimmerwald), qui se tient en Suisse en avril 1916, trois députés français sont présents, Brizon, Blanc et Raffin-Dugens. Le Congrès demande aux socialistes des 23 organisations présentes de refuser la participation au gouvernement et le vote des crédits militaires.
Au Parlement, la bataille de Verdun a réveillé les critiques et le gouvernement doit accepter en juin 1916 la réunion des Chambres en « Comité secret », puis la création d’un « Contrôle parlementaire aux armées ». On reproche au gouvernement de se laisser mener par le commandement et de manquer d’énergie. Briand remplace en décembre Joffre par Nivelle et remanie son gouvernement le 13 décembre. Le nombre des ministres est diminué. Un Comité de guerre plus efficace comprend, autour du président du Conseil, les ministres de la Guerre, de la Marine, de l’Armement et des Finances ; et surtout, Jules Guesde et Marcel Sembat ne sont plus ministres. En effet, au XIIIème Congrès socialiste qui se tient à Paris quelques jours plus tard, les anciens minoritaires, partisans d’une paix sans annexion et sans indemnité, sont presque à égalité avec les majoritaires. Au moment où se préparent les grandes offensives de 1917, l’Union sacrée est en voie de liquidation.
GUERRE DE 1939-1940 :
GUERRE DU RIF :
GUESDE (Jules-Basile-Mathieu, dit), 1845-1922 : Journaliste et homme politique. Jules Guesde naît le 11 novembre 1845 à Paris. Après avoir reçu une éducation classique, il trouve à s’employer à la Préfecture de la Seine, en tant qu’expéditionnaire. Cependant ses préoccupations intellectuelles le poussent vers le journalisme. Il collabore ainsi quelques temps au Courier français de Vermorel, avant de fonder un journal d’opposition, Les Droits de l’Homme. Alors que la France du Second Empire déclare la guerre à la Prusse, Bazille est condamné à six mois de prison pour avoir, dans une profession de foi républicaine, situé l’ennemi non sur le Rhin mais aux Tuileries.
Libéré après la défaite de Sedan et la proclamation de la République, celui qui se fait appelé Jules Guesde soutient le gouvernement de la Défense nationale. Il s’indigne cependant que l’on parle à présent d’armistice et de cessation des combats. Le journaliste se prend dès lors de sympathie pour l’élan patriotique qui saisit le peuple parisien assiégé et pour la Commune de Paris. Toutefois, il ne participe pas au gouvernement révolutionnaire. Après la répression de la Semaine sanglante menée par les Versaillais, Guesde, saisi d’horreur, s’exile à l’étranger au mois de juin 1871.
Installé à Genève, Jules Guesde se lie à James Guillaume, un des membres influents de la première Internationale ouvrière, fondée à Londres en 1864. Celui-ci convertit le jacobin à l’anarchisme. Guesde se sent en effet attiré par ces thèses libertaires, inspirées des écrits de Mikhaïl Bakounine. En Suisse, le penseur russe lutte à l’époque contre l’autoritarisme de Karl Marx, qui désire faire de la fédération ouvrière une organisation centralisée. Après son entrée à la Fédération jurassienne, Jules Guesde milite ainsi pour l'autonomie des sections dans les colonnes de son journal, Le Réveil international. Il se rend bientôt en Italie, résidant à Milan en 1874 puis à Rome. C’est là qu’il publie deux ouvrages de réflexion politique, un Essai de Catéchisme socialiste en 1875 puis, l’année suivante, Le Livre rouge de la Justice sociale.
De retour en France en 1876, Jules Guesde se rapproche des cercles marxistes. Il fait ainsi la connaissance d’un journaliste allemand, Karl Hirsch, qui lui fait découvrir la pensée de son compatriote. Au mois de novembre 1877, Guesde fonde alors le premier journal marxiste français, un hebdomadaire baptisé L’Égalité, qui paraît jusqu’en 1883. Il se fait également militant au sein de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste. En 1878, l’activiste est condamné à six mois de détention et à deux cent francs d'amende pour avoir, malgré l'interdiction gouvernementale, convoqué à Paris un congrès ouvrier. Incarcéré à la prison de Sainte-Pélagie, Jules Guesde rédige alors le Programme et Adresse des socialistes ainsi qu’une brochure intitulée Collectivisme et révolution. L’année suivante, il est à l’origine de la fondation de la Fédération du Parti des Travailleurs Socialistes de France au congrès qui se tient à Marseille du 20 au 31 octobre 1879.
Au mois de mai 1880, Jules Guesde se rend à Londres demander à Karl Marx et à Friedrich Engels de cautionner le programme du Parti Ouvrier Français (P.O.F.) qui naît au mois de novembre suivant au congrès du Havre. Celui-ci se construit donc à partir des principes collectivistes, abandonnant le mutuellisme proudhonien. Guesde finance aussi de multiples publications sous formes de journaux et autres brochures, organise des meetings dans les communes ouvrières ou des manifestations au retentissement national pour la fête du travail du 1er mai.
Le fondateur du Parti Ouvrier Français est élu député de Roubaix le 3 septembre 1893. Il siège ainsi à la Chambre jusqu’en 1898, année où le candidat marxiste est défait par Eugène Motte, le représentant du grand patronat local. Au mois d’avril 1905, la fondation de la Section Française de l’Internationale ouvrière (S.F.I.O.) marque une étape supplémentaire dans le développement du socialisme en France. Les principaux représentants de la gauche s’unissent ainsi au sein d’un même parti politique. Parmi ses adhérents, le courant guesdiste est massivement représenté, s’opposant aux partisans de Jean Jaurès. Depuis de nombreuses années, les deux leaders manifestent d’ailleurs publiquement leur opposition. Celle-ci se cristallise autour de la participation à la vie parlementaire et gouvernementale et se montre au grand jour lors du Congrès international socialiste, qui se tient à Paris au mois de septembre 1900. Ce succès est l’aboutissement du travail de pédagogie de ses représentants qui par la rédaction d’un hebdomadaire, Le Socialiste, ou grâce à une vaste entreprise d’édition, L’Encyclopédie socialiste, sur l’initiative de Compère-Morel, travaillent depuis des années à la pénétration du marxisme.
Le 20 mai 1906, Jules Guesde est réélu député, cette fois-ci à Lille. Dans les années qui suivent sa fondation, la S.F.I.O., qualifiée d’abord de révolutionnaire, se transforme en un parti réformiste. Le parti socialiste se coupe ainsi progressivement de son soutien principal, le monde syndicaliste. Le 31 mars 1910, cependant, en accord avec la C.G.T., Guesde vote contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, dans laquelle il voit, en raison du prélèvement opéré sur les salaires, un "vol législatif" qui s’ajoute au séculaire "vol patronal".
Alors qu’éclate le premier conflit mondial pendant l’été 1914, Jules Guesde se démarque une fois de plus des prises de position de Jean Jaurès. Faisant fi de l’internationalisme marxiste, il se rallie à l’Union Sacrée. Celui qui s’était opposé en 1899 à la participation du socialiste Alexandre Millerand à un ministère « bourgeois » entre ainsi du 26 août 1914 au 29 octobre 1915, en tant que ministre d’État sans portefeuille, dans les gouvernements Viviani. Il devient minitre d’Etat du 29 octobre 1915 jusqu’au 12 décembre 1916 dans le cinquième cabinet Briand. Dans la tourmente du conflit, Jules Guesde adopte d’ailleurs un discours nationaliste. Il se fait l’intermédiaire des groupes parlementaires socialistes auprès du gouvernement et du président du Conseil, et obtient ainsi que la Chambre siège en permanence jusqu’à la fin du conflit. Sa santé ne lui permettant plus d’assister aux séances du Conseil, il se retire au moment de la formation du sixième cabinet Briand.
Au mois d’octobre 1917, il s’inquiète ainsi des conséquences de la révolution bolchevique dans la Russie des Tzars sur l’évolution du conflit qui oppose la France aux puissances centrales. Au mois de décembre 1920, s’il ne participe pas au Congrès de Tours, Guesde cautionne le courant favorable au maintien de la « vieille maison » S.F.I.O. face à ceux des socialistes qui prônent la création d’un Parti communiste français placé sous l’égide du Kominterm, le troisième Internationale fondée au mois de mars 1919. Peu avant sa mort, survenue dans la pauvreté et la maladie le 28 juillet 1922 à Saint-Mandé, Jules Guesde laisse tout de même ce message : « Veillez sur la révolution russe ».
GUIEYSSE (Pierre-Paul), 1841-1914 : Ingénieur et homme politique. Né à Lorient (Morbihan) en 1841, ce polytechnicien, attiré par l’égyptologie, se livre à d’interminables recherches sur les inscriptions hiéroglyphiques et les, papyrus et publie de nombreux mémoires sur leurs résultats. Attiré par la politique, il est élu conseiller général du Morbihan en 1881, puis député de ce département en 1890. Il reste au Parlement jusqu’en 1910 et est nommé ministre des Colonies. Ardent dreyfusiste, il appartient à la Ligue des Droits de l’Homme et à la franc-maçonnerie. Il décède à Paris en 1914.
GUILBEAUX (Henri), 1884-1938 : Ecrivain. Né en Belgique de parents français, Henri Guilbeaux milite jeune dans le mouvement socialiste, collaborant à diverses revues littéraires où il préconise le rapprochement franco-allemand. Ardent jauressiste, il est peu à peu ulcéré par les manœuvres politiciennes qu’il croit découvrir dans le camp socialiste et verse alors dans le syndicalisme révolutionnaire. Lorsque commence la Première Guerre mondiale, il s’affirme résolument pacifiste, et avec ses amis de la Vie ouvrière, il soutient la position prise par Romain Rolland. Réformé en 1915, il gagne la Suisse en mai de la même année et devient, sur la recommandation de Romain Rolland, l’un des secrétaires de la section civile de l’Agence internationale des prisonniers de guerre. En Janvier 1916, il fonde la revue Demain, qu’il a beaucoup de mal a faire passer en France lorsqu’elle y est interdite. Il y est aidé par quelques militants pacifistes, notamment par l’institutrice Lucie Collard. Il était en même temps, le délégué de La Vie ouvrière en Suisse. En cette qualité, il participe à plusieurs congrès pacifiste tenus en territoire helvétique et aux rencontres qui ont lieu pour la création de la IIIème Internationale (CRRI). Naturellement, il était surveillé de très près par les services spéciaux français en Suisse qui voyaient en lui un agent au service de l’Allemagne. Du pacifisme, Henry Guilbeaux passe, en 1917, à l’action révolutionnaire. Ainsi, prend-il une part active aux négociations relatives au passage de Lénine à travers l’Allemagne en gagner pour gagner la Russie.
GUILBERT (Yvette), 1865-1944 : Chanteuse. Née à Paris le 20 janvier 1865, Yvette Guilbert entre, à seize ans, elle comme vendeuse aux grands magasins Le Printemps à Paris.
En 1885, elle suit des cours d'art dramatique. Elle fait ses premiers pas au théâtre aux Bouffes du Nord, puis passe au Cluny. Fin 1885 : Yvette Guilbert rencontre Charles Zidler, directeur de l'Hippodrome et le créateur du cabaret parisien Moulin-Rouge.2
En 1887, elle entre aux Nouveautés, où elle a notamment un petit rôle dans une pièce de Feydeau. L'année suivante, elle passe aux Variétés, où, là encore, elle n'a que de petits rôles. Elle décide alors de se tourner vers la chanson et le café-concert. En 1889, elle obtient un engagement à l'Eldorado, qu'elle quitte presqu'aussitôt pour entrer à l'Éden-Concert, mais ne parvient toujours pas à se faire un nom.
En août 1889, Freud vient l'écouter à l'Eldorado sur les conseils de Mme Charcot. Par la suite, Freud affichera dans son bureau une photo dédicacée par elle et ils entretiendront une correspondance assez suivie. Le succès n'arrive qu'en 1891, après un engagement au Moulin Rouge qu'elle doit à la confiance de Charles Zidler.
Atteinte d'une grave maladie à partir de 1900, elle finira quand même par remonter sur scène, au Carnegie de New-York en 1906, puis au Casino de Nice en 1913, mais avec un répertoire tout à fait nouveau, composé de chansons plus "littéraires", comportant des reprises de poésies anciennes et modernes, ainsi que des chansons du Moyen-Age.
Elle consacre la fin de sa vie à refaire les grandes salles d'Europe et d'Amérique, ouvre une école de chant à Bruxelles, tourne dans quelques films, rédige des chroniques, fait de la mise en scène, anime des émissions de radio, écrit des livres.
Yvette Guilbert enregistre ses chansons pendant presque quarante ans, ce qui lui vaut de nombreux enregistrements conservés, du début du cylindre commercialisé aux disques enregistrés électriquement. Yvette Guilbert meurt à Aix-en-Provence le 4 février 1944. (Bouches-du-Rhône).
GUILLAIN (Antoine-Florent), 1844-1915 : Ingénieur et homme politique. Né à Paris le 7 février 1844, Antoine Guillain entre d’abord à Polytechnique puis devient ingénieur des Ponts. Nommé directeur au ministère des Travaux publics avant de devenir député du Nord de 1896 à 1910, il s’allie aux plus grandes familles fortunées du Nord par son mariage ce qui lui permet de poursuivre son ascension sociale. Il est nommé ministre des Colonies par Dupuy dans son quatrième et cinquième ministère du 1er novembre 1895 au 28 avril 1896 mais refuse le poste dans le cabinet Waldeck-Rousseau. Il décède à Paris le 19 avril 1915.
GUILLAUMAT (Marie-Louis-Adolphe), 1863-1940 : Général et homme politique. Né à Bourgneuf (Charente-Inférieure) le 4 janvier 1863, le général Guillaumat est un sort major de sa promotion à Saint-Cyr, devient officier de légion puis professeur à l’Ecole de guerre. Commandant suprême des arnées alliées d’Orient en 1917, gouverneur de Paris en 1918 et enfin commandant supérieur interallié des troupes d’occupation en Allemagne. Nommé ministre de la Guerre du 23 juin au 18 juillet 1926 das le dixième cabinet Briand, il souhaite réorganiser et rendre plus efficace la lourde administration qui lui est confiée. L’échec du gouvernement ne lui permet pas d’effectuer des actions significatives. Il décède à Nantes (Loire-Inférieure) le 18 mai 1940.
GUIMARD (Hector), 1869-1942 : Architecte et décorateur. Né à Lyon le 10 mars 1867, Hector Guimard part étudier à l’Ecole des Arts décoratifs de Paris, tente le Prix de Rome, mais échoue à plusieurs reprises : architecte non diplômé, il en concevra une grande amertume. Guimard débute dans les années 1890 sa carrière d’architecte par la conception d’hôtels particuliers où il met à profit la leçon de Viollet-le-Duc : à l’extérieur du bâtiment des saillies traduisent les aménagements intérieurs, tandis que la façade est animée et la symétrie classique rejetée. Il conçoit également du mobilier destiné à s’accorder pleinement à l’architecture.
Les principes essentiels de l’art de Guimard sont la logique, l’harmonie, et le sentiment. Architecture et arts décoratifs doivent satisfaire au programme de chacun, en utilisant les ressources industrielles modernes et en appliquant les progrès de la science à toutes les branches de l’activité humaine. Influencé par l’art japonais, Guimard cherche à exprimer le caractère véritable de la matière utilisée pour ses bâtiments (terre cuite émaillée, brique rouge ou émaillée, fer peint, pierre de taille…), et non à le dissimuler, comme c’est le cas dans l’architecture néo-baroque des années 1900 (par exemple au Grand Palais).
En 1895, il commence son chef-d’œuvre, le Castel Béranger, à Paris. Rompant avec la rigidité haussmannienne, le bâtiment multiplie les décrochements et les matières polychromes. Guimard laisse visibles les matériaux, notamment la structure de fer. Mais sa grande innovation est avant tout graphique : c’est la fameuse ligne courbe et rythmée, typiquement Art Nouveau, dont il anime également le mobilier conçu spécialement pour le bâtiment.
Guimard reçoit par la suite de nombreuses commandes de maisons, villas, « castels ». Citons : Maison Coilliot (Lille, France) en 1898-1900, Villa Bluette (Hermanville, Calvados) en 1899, Castel Henriette (Sèvres) en 1901, Castel Val (Auvers-sur-Oise) et la Villa La Sapinière (Hermanville) en 1903 ; Castel Orgeval (Villemoisson-sur-Orge), Hôtel Léon Nozal (XVIe arrondissement de Paris), Chalet Blanc (Sceaux) et le Castel Orgeval (2 avenue de la Mare-Tambour, Villemoisson-sur-Orge) en 1904 ; l’Hôtel Deron Levet (Sceaux) en 1905, l’Immeuble Trémois (XVIe arrondissement de Paris) en 1909, l’Hôtel Mezzara (XVIe arrondissement de Paris) en 1910.
En 1900 lui sont commandées les entrées du métro, qui susciteront rapidement de vives critiques. Peu à peu ses œuvres acquièrent de la monumentalité et abandonnent l’asymétrie au profit d’une masse pleine et harmonieuse (ainsi de la synagogue de la rue Pavée, à Paris, édifiée en 1913).
Après la Première Guerre mondiale, Guimard se fait ingénieur et son architecture se standardise. En 1938 il s’exile aux Etats-Unis, et y meurt quatre ans plus tard, le 20 mai 1942.
GUINGOT (Louis), 1864-1948 : Peintre, décorateur. Louis Guingot entre en 1880 à l'Ecole des Beaux-Arts et à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris. De retour à Nancy vers 1895, il fréquente le milieu artistique nancéien. Peintre de formation, il se spécialise dans la décoration murale d'édifices publics (Verdun, Vittel, Amiens, Charmes, Nancy) et religieux (Vaubexy, Haraucourt, Jeanménil) : il réalise pour le restaurant-brasserie Thiers en 1899 une série de huit peintures (dont six illustrant l'histoire de Gargantua) et décore le portique du Palais des Fêtes de l'Exposition internationale de Nancy en 1909. La quasi-totalité de ces peintures murales ayant disparu, son oeuvre ne nous est connue que par des photographies anciennes.
Décorateur, il collabore avec René Wiener à la création de reliures et travaille à l'élaboration de nouveaux procédés de décoration sur tissus, tentures et peluches. Pendant la première guerre mondiale, il est reconnu pour avoir participé à l'invention de la tenue militaire camouflage avec Jean-Baptiste Eugène Corbin. Louis Guingot est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901.
GUIRAUD (Ernest), 1837-1892 : Compositeur et professeur de musique. Né à La Nouvelle-Orléans le 23 juin 1837, Ernest Guiraud obtient, au Conservatoire, le 1er prix de piano en 1858 et obtient en 1859, le prix de Rome à l'unanimité.
Il donne à l'Opéra-Comique Le Kabold (1870), Piccolino (1876). Cette même année, il est nommé professeur d’harmoonie au Conservatoire, et, en 1880, professeur de composition. En 1882, il reparaît à l’Opéra-Comique avec Galante aventure (1882). À l'Athénée, Madame Turlupin (deux actes qui eurent un grand succès en 1872). À l'Opéra, le ballet de Gretnagreen (1873).
Sa Première suite d'orchestre, exécutée en 1872 aux Concerts populaires, est bien accueillie, et la dernière partie, Carnaval, est parfois jouée. Il s'était lié d'une vive amitié avec Georges Bizet. Dans ce domaine, il enrichit l'opéra Carmen par des récitatifs en remplacement des dialogues originaux. De même, il achève l'orchestration des Contes d'Hofmann d'Offenbach. Son opéra Frédégonde (1895) est terminé par Camille Saint-Saëns.
Elu membre de l'Académie des beaux-arts en 1891, il est nommé professeur de composition au Conservatoire en remplacement de Victor Massé et décède à Paris le 6 mai 1892.
GUIRIEUD (Pierre), 1976-1940 : Peintre. Né à Paris au sein d’une famille originaire des Alpes de Haute-Provence, Pierre Girieud passa son enfance et son adolescence dans cette région avant de s’établir en 1900 à Montmartre où il pratiqua la peinture en autodidacte tout en fréquentant Picasso, Villon, Marquet, Puy, Manguin et Camoin. Il fut également l'ami d’écrivains comme Mac Orlan, Carco et Dorgeles et ce fut avec ce dernier qu’il participa à la mystification de Boronali, ayant en tant que placier au Salon des Indépendants, inscrit le tableau peint par la queue de l'âne sous le titre de "Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique". Grand admirateur de Gauguin, Girieud se mit à peindre des œuvres dans le style des Nabis dès 1901.Après avoir exposé en compagnie de Maillol en 1901, il débuta l’année suivante au Salon des Indépendants à Paris et joua très tôt un rôle important parmi les artistes qui étaient en révolte contre l’art officiel et contre l’Impressionnisme qui représentait pour eux une impasse. Il adhéra ainsi au Fauvisme et fit partie des peintres qui exposèrent leurs œuvres lors du Salon d’Automne historique de 1905 où il montra cinq tableaux. Il montra aussi ses œuvres à la galerie Berthe Weil en compagnie de Metzinger, Fornerod et Friesz puis avec Le Fauconnier, il se joignit en 1909 à la « Nouvelle Association des Artistes de Munich » que venaient de créer son ami Kandinsky, Kubin et Jawlensky et participa aussi en Russie au Salon de la Toison d’Or. Dès 1907, il eut droit à sa première exposition personnelle organisée par Daniel Kahnweiler et en 1910-11, Franz Marc le fit exposer à la galerie Tannhauser à Munich. Très tôt remarqué comme un artiste d’avant-garde, Girieud se fixa en 1911 à Marseille et, revenu au classicisme lors de la Première Guerre Mondiale, il se consacra à des œuvres de décoration, surtout des fresques, des décors d’opéra et des illustrations. Ses œuvres sont présentes dans 22 musées dont l’Hermitage à Saint-Pétersbourg, le Musée Pompidou à Paris, le Lebauchhaus de Munich, le Musée Cantini de Marseille et l’Annonciade à Saint-Tropez. Girieud, qui fut tour à tour un peintre symboliste, nabi, fauve, expressionniste puis néo-classique, participa à un nombre incalculable d’expositions en France et en Europe avant de tomber dans un anonymat difficile à expliquer après la Première Guerre Mondiale laquelle le marqua toutefois profondément. Cet artiste talentueux qui aurait pu marquer l’histoire de l’art de son empreinte demeure un mystère pour les historiens d'art.
GUIST’HAU (Henri-Gabriel), 1863-1931: Avocat et homme politique. Né à Saint-Pierre (Réunion) le 22 septembre 1863, Gabriel Guist’hau est un orphelin sans fortune. Il fait ses études de droit à Nantes où il devient docteur. Devenu avocat, il cotoie Briand et décide de se lancer dans une carrière politique. Radical socialiste, il est élu député de Loire-Inférieure de 1910 à 1924 et devient rapporteur de l’important budget des Cultes à la Chambre et, lorsque Briand forme son deuxième son dexième cabinet, il lui propose de poste de sous-secrétaire d’Etat à la Marine. Poste qu’il occupe du 3 novembre 1910 au 1er mars 1911. Il semploie alors à soutenir le programme gouvernemental de construction des bâtiments militaires. Nommé ministre de l’nstrcution publique et des Beaux-Arts du 14 janvier 1912 au 20 janvier 1913 dans le cabinet Poincaré, il revendique un retour à la culture classique, fait célébrer la bicentenaire de Jean-Jacques Rousseau et se penche sur la protection sociale des professeurs du primaire.
Nommé ministre du Commerce et de l’Industrie du 21 janvier au 21 mars 1913 dans le troisième et quatrième cabinet Briand, il fait voter la loi sur lenseignement industriel et commercial et celle sur le statut des personnels qui y sont rattachés. A la chute du cabinet et pendant quatorze ans, il retrouve son siège de député de Nantes à la Chambre puis accespte de nouveau un poste au sein du septième cabinet Briand. Nommé ministre de la Marine du 16 janvier 1921 au 14 janvier 1922, il réorganise cette arme grvement touchée pendant la Première Guerre mondiale et met en œuvre la première tranche de sa reconstruction. Il décède à Nantes (Loire-Inférieure) le 27 novembre 1931.
GUITRY (Lucien-Germain), 1860-1925 : Comédien. Né à Paris le 13 décembre 1860, entré au Conservatoire en 1876, Lucien Guitry fait ses débuts sur scène dans La dame aux camélias en 1878. Après avoir passé neuf ans à Saint-Pétersbourg, il entre au théâtre de l'Odéon en 1891 et à celui de la Renaissance en 1895. Partenaire de Réjane sur scène, Lucien Guitry interprète des pièces de Bataille, de Bernstein...
A partir de 1919, il joue dans des créations de son fils Sacha. A la fin de sa carrière, Lucien Guitry propose des interprétations très personnelles du Misanthrope en 1922, du Tartuffe en 1923 ou de L' école des femmes en 1924. Il décède à Paris le 1er juin 1925.
GUITRY (Alexandre-Georges-Pierre Guitry, dit Sacha), 1885-1957 : Comédien, dramaturge et metteur en scène. Né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg (Russie), Sacha Guitry est le fils du précédent. Élève médiocre, Sacha Guitry se révèle très tôt brillant comédien, et bien vite excellent auteur et metteur en scène. Il écrit lui-même ses propres pièces, parfois en moins de trois jours, et en assure la mise en scène et l'interprétation. Nono (1905) remporte un vif succès. Mais l'échec de La Clef, en 1907, décourage un temps Sacha Guitry, et c'est le soutien indéfectible d’Octave Mirbeau qui lui donne le courage de continuer : admiratif et reconnaissant, Sacha Guitry sollicite une préface de lui pour sa Petite Hollande, en 1908, et lui consacre une pièce, Un sujet de roman, qui est créée, en 1924, par son père Lucien Guitry, dans le rôle du grand écrivain. Citons ses autres pièces : La Prise de Berg-Op-Zoom (1912) ; La Pèlerine écossaise (1914) ; Deux couverts (1914) ; La jalousie (1915) ; Faisons un rêve (1916) ; Jean de La Fontaine (1916) ; Un soir quand on est seul (1917) ; Le mari, la femme est l'amant (1919) ; Mon père avait raison (1919) ; Le comédien (1921) ; Désiré (1927) ; Le nouveau testament (1934) ; Le Mot de Cambronne (1936) ; Quadrille (1937) ; Le Bien-Aimé (1940).
Homme d'esprit à l'humour caustique, c'est Sacha Guitry qui découvre et lance Raimu dans Faisons un rêve. Il fait les délices du public mais s'attire également la jalousie des critiques. Sacha Guitry utilise au théâtre les techniques qu'il utilise au cinéma : s'approprier les règles, les codes d'un genre, les détourner et les plier à son propre style. Mais avec le cinéma, les rapports sont d'abord très tendus. Il fait une première tentative en 1915, en réalisant Ceux de chez nous, en réaction à un manifeste allemand exaltant la culture germanique. Comme Jouvet, il reproche au cinéma de ne pas avoir la même puissance que le théâtre, et ne s'y met qu'en 1935. Comprenant que le cinéma permet une survie, en fixant les images sur la pellicule, il décide de mettre en boîte certaines de ses pièces de théâtre. D'abord Pasteur (1935). La même année, il réalise Bonne chance et donne le premier rôle féminin à Jacqueline Delubac. En 1936, il réalise à partir de la pièce qu'il a écrite, Le nouveau testament. Puis, toujours en 1936, il réalise Le roman d'un tricheur, pour beaucoup son chef-d'œuvre. Dans ce film, réalisé presque sans dialogue, à l'exception de quelques scènes, Guitry met en scène l'unique roman qu'il a écrit, Mémoires d'un tricheur. Paraitront ensuite : Mon père avait raison (1936) ; Faisons un rêve (1936) ; Le Mot de Cambronne (1937) ; Désiré (1937) ; Les Perles de la Couronne (1937) ; Quadrille (1937) ; Remontons les Champs-Élysées(1938). En 1939, il est élu à l'Académie Goncourt, et réalise la même année Ils étaient neuf célibataires, avec de nombreuses vedettes dont Elvire Popesco.
Aves le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la situation se complique pour le parisien Guitry qui ne veut pas quitter la capitale. Pendant quatre ans, à l'écart de toute pensée politique, il continue sa vie d'homme de théâtre et de cinéma, pensant ainsi assurer la présence de l'esprit français face à l'occupant allemand. Il décèdera le 24 juillet 1957 à Paris.
GUY (Alice), 1873-1968 : Réalisatrice. Née à Saint-Mandé le 1er juillet 1873, de parents éditeurs, Alice Guy partage son enfance entre le Chili, la France et Carouge en Suisse. En 1894, elle obtient le poste de secrétaire au Comptoir général de la photographie des frères Max Richard qui est racheté par Léon Gaumont en 1895. Elle suit les découvertes des Frères Lumière et exploite leurs inventions en associant l'art théatrale elle tourne un court-métrage de fiction en 1896 à Belleville, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction de l'histoire du cinéma. Le film est projeté et gagne de telles recettes qu'elle prend la direction des productions de prises de vues cinématographiques Gaumont. Elle se tient au courant des recherches d'Étienne-Jules Marey, Georges Demeny, et met au point les premiers trucages de cinéma, usant de caches, de surimpressions, projetant la bande à rebours, … Elle peut utiliser le parlant dès 1902 grâce au chronophone de Demeny. La Vie du Christ en 1906 est l'un des premiers films. La même année, elle parvient à coloriser La Fée Printemps.
Elle s'installe aux États-Unis et fonde deux sociétés de cinéma en 1910, qui produisent les films de Charles Chaplin. Le succès lui permet d'investir dans une technologie plus avancée et de créer un studio à Fort Lee (New Jersey), qui devient la capitale du cinéma en studio avant de rentrer en France en 1922. Elle avait tourné plus de 600 films. Elle meurt le 24 mars 1968 à Mahwah dans le New-Jersey, aux États-Unis.
GUYAU (Jean-Marie), 1854-1888 : Moraliste. Né le 28 octobre 1854 à Laval, passionné par la poésie et la philosophie, Jean-Marie Guyau lit tous les grands textes avec une préférence pour Hugo, Corneille, Musset, Épictète, Platon, et Kant. Licencié ès lettres à dix-sept ans, il se mit aussitôt à traduire le Manuel d’Épictète et fit précéder sa traduction d’une étude éloquente sur la philosophie stoïcienne. À dix-neuf ans, il est couronné par l’Académie des sciences morales et politiques dans un concours exceptionnellement brillant, pour un mémoire sur la morale utilitaire depuis Épicure jusqu’à l’École anglaise contemporaine. L’année suivante, il était chargé d’un cours de philosophie au lycée Condorcet. Enseignant au lycée Condorcet, sa santé ébranlée le force presque aussitôt de renoncer à l’enseignement. il a écrit des ouvrages pédagogiques : La Première année de lecture courante (1875) ; Partie du maître (1880) ; L'Année enfantine de lecture (1883) ; L'Année préparatoire de lecture courante (1884), in-18, 216 p., fig. ; Méthode Guyau. Lecture par l'écriture (1893). Suite aux premières atteintes de sa maladie, il va dans le Midi, où il écrit de nombreux ouvrages philosophiques et des poésies. Son oeuvre majeure, Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction (1885), profondément novatrice, semble avoir beaucoup impressionné (et sans doute influencé) Nietzsche ; La Littérature chrétienne du IIe au IVe siècle, extraits des Pères de l'Église latine, suivis d'extraits des poëtes chrétiens (1876) ; La Morale d'Épicure et ses rapports avec les doctrines contemporaine (1878) ; La Morale anglaise contemporaine, morale de l'utilité et de l'évolution (1879) ; Vers d'un philosophe (1881) ; Les Problèmes de l'esthétique contemporaine (1884) ; L'Irréligion de l'avenir, étude sociologique (1886) ; L'Art au point de vue sociologique (1889) ; Éducation et hérédité : étude sociologique (1889) ; La genèse de l'idée de temps (1890). Il décède à Menton (Basses-Alpes) le 31 mars 1888.
GUYNEMER (Georges-Marie-Ludovic, Jules), 1894-1917 : Aviateur. Georges Guynemer est né à Paris le 24 décembre 1894, dans une famille aisée de l'aristocratie normande. Elève doué, mais dissipé, il est bachelier à dix-huit ans et prépare l'Ecole polytechnique.A la déclaration de guerre, il veut s'engager, mais son aspect chétif le fait refuser dans l'infanterie puis dans la cavalerie. Après deux ajournements par le conseil de révision, il réussit toutefois à entrer dans cette arme nouvelle qu'est l'aviation. Guynemer commence son entraînement à Pau comme élève-mécanicien. Devenu élève-pilote, il effectue son premier vol le 10 mars 1915. La même année, il est promu caporal à l'école d'Avord qu'il quitte bientôt pour rejoindre l'escadrille n3 à Vauciennes. Equipée de « Morane-Saulnier » et commandée par le capitaine Brocard, celle-ci va devenir « l'escadrille des cigognes », composée de fameux « as » : Guynemer, mais aussi Fonck, Dorme, Heurtaux. Le 19 juillet 1915, avec son mécanicien Guerder qui sert la mitrailleuse, Guynemer remporte sa première victoire. En septembre, il est promu sergent. Après plusieurs missions spéciales, il renoue en décembre avec la victoire en combat aérien. La Légion d'Honneur lui est remise des mains du président de la République.
Le 12 mars 1916, son unité rejoint le front de Verdun alors que l'aviation allemande est maîtresse du ciel. Il remporte d'emblée une victoire mais, le lendemain, il est blessé et doit être évacué. Il regagne son unité le 26 mai 1916 à Amiens, et participe à la bataille de la Somme où il remporte 21 victoires officielles en 6 mois. Le 5 juillet 1917, le général Franchet d'Esperey lui remet les insignes d'officier de la Légion d'Honneur. Guynemer, qui totalise alors 42 victoires, n'a pas encore 23 ans; il est capitaine et célèbre : journaux et revues étalent son nom à la "une" et relatent ses exploits, étendant sa renommée dans la France entière. Outre ses missions de pilote, Guynemer se passionne pour la technique, passe du temps dans les ateliers, participant à la mise au point du moteur-canon et à la réalisation d'une ciné-mitrailleuse.
En juillet 1917, l'escadrille est transférée en Flandres. Les combats sont violents : Guynemer a atteint sa 50ème victoire, mais a plusieurs fois été lui-même "descendu". Bien que compensant toujours une constitution plutôt fragile par une formidable énergie, il se montre maintenant davantage tourmenté. Le haut-commandement a prévu de l'envoyer à l'arrière, comme instructeur. Le 11 septembre 1917, il décolle de Saint Pol-sur-Mer sur son Spad XIII ( le "Vieux Charles" ) accompagné du lieutenant Bozon-Verduraz. Au dessus de Poelcapelle, en Belgique, un combat aérien s'engage. Le lieutenant perd de son vue son coéquipier. Guynemer ne reviendra pas.
Sa fin reste en grande partie couverte d'une voile de mystère. Il aurait été abattu alors qu'il lançait une attaque contre un biplace de la "Jasta 3". Sur les lieux du crash, une patrouille allemande aurait découvert son cadavre et ramené ses papiers d'identité. Mais dans la nuit du 11 au 12 septembre 1917, le formidable bombardement britannique qui bouleversa le secteur aurait fait disparaître dans sa tourmente l'avion et le corps du prestigieux pilote.
BORDEAUX (H.) : Vie héroïque de Guynemer, le chevalier de l'air, Paris, Plon, 1918.
ROY (J.) : Guynemer, l'ange de la mort, Paris, Albin Michel, 1986.
OSCHÉ (P.) : Guynemer, les avions d'un As, Paris, Lela Presse, 1998.
DECAUX (A.) : C'était le XXe siècle T1 : le regard de Guynemer, Paris, Pocket, 1999.
GUYOT (Yves-Prosper), 1843-1928 : Employé et homme politique. Né à Dinan (Côtes-su-Nord) le 6 septembre 1843, Yves Guyot, auteur d’une Histoire des Prolétaires (1873), devient député de la Seine de 1885 à 1893. Nommé ministre des Travaux publics du 22 février 1889 au 26 février 1892 dans le second cabinet Tirard et le quatrième cabinet Freycinet, Yves Guyot se fait le champion de l’inauguration des multiples réalisations que l’expansion nationale permet de réaliser. Il devient vite le « ministre inaugurateur » pour les uns ou « ministre juif errant » pour les autres. Radical extrémiste mais libéral et opportuniste, il démocratise les chemins de fer en obtenant, par le dégrèvement de la grande vitesse, une baisse de 27% des tarifs de troisième classe. Il décède à Paris le 22 février 1928.
GUYOT-DESSAIGNE (Jean-François-Edmond), 1833-1907 : Avocat et homme politique. Né à Brioude (Haute-Loire) le 25 décembre 1933, Guyot-Dessaigne devient docteur en droit, avocat puis décide d’entamer une carrière de magistrat. Maire de Cunlhat, président du conseil général du Puy-de-Dôme, député de ce département en 1885, il devient président de la commission de Réforme du code d’instruction criminelle avant d’être nommé au gouvernement. Ministre de la Justice et des Cultes du 5 au 21 février 1889 dans le cabinet Floquet, il n’a le temps que de régler les affaires courantes. Ministre des Travaux publics du 1er novembre 1895 au 28 avril 1896 dans le cabinet Bourgeois, son action se porte essentiellement sur l’établissement des tarifs de transport de la houille. Redevnu député à la chute du mnistère, il continue à suivre de près les affaires des chemins de fer et participe aux travaux des grandes commissions, dont celle chargée de l’enquête sur le scandale de Panama. Du 25 otobre 1906 au 31 décembre 1907, Guyot-Dessaigne retrouve son poste de ministre de la Justice dans le premier cabinet Clemenceau. Il réforme les procédures de divorce, de légitimation des enfants et d’assistance judiciaire. Il modifie les textes concernant les aliénés et s’occupe de la carrière des magistrats. Epuisé par son intense activité, déjà victime de plusieurs défaillances, il succombe à un arrêt cardiaque en sortant du Sénat le 31 décembre 1907.
GUYOT DE VILLENEUVE (Jean-Pierre), 1864-1909 : Officier et homme politique. Né à Saint-Briouze (Cher) le 9 février 1864, frère du député Camille Guyot de Villeneuve (1862-1939), il est candidat est élu député en 1902. Il s’est rendu célèbre par son interpellation dans le cadre de l’affaire des fiches. Le 28 octobre 1904, Guyot de Villeneuve révèle à la tribune de la Chambre que le ministère de la Guerre établissait des fiches sur les officiers à l’aide de renseignements politiques fournis par le secrétaire du Grand Orient de France. Après ce scandale, le ministère Combes déconsidéré, ne survit que quelques mois. Mais la haine que Guyot de Villeneuve avait déchaînées contre lui-même lui valent un échec aux élections législatives suivantes des 1906. Il décède à Paris le 3 mai 1909 des suites d’un accident d’automobile.
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