HABERT (Henri-Ernest-Marcel Habert, dit Marcel), 1862-1937 : Avocat et homme politique. Né à Montfort-l’Amaury (Sein-et-Oise) le 20 septembre 1862, Marcel Habert est élu député de Rambouillet en 1893 sous « l’étiquette révosionniste rallié », réélu en 1898, prosélyte de la république plébiscitaire, partisan du général Boulanger, il interpelle le gouvernement sur le scandale de Panama, l’affaire Dreyfus, les menées anarchistes, la défense nationale. Lieutenant de Déroulède à la Ligue des Patriotes, il participe, le 23 février 1899, à la tentative pour entraîner le général Roget à l’Élysée. Acquitté par la cour d’Assises, il est inculpé de complot contre la sûreté de l’État, s’enfuit puis se constitue prisonnier et est condamné par la Haute Cour de justice à cinq ans de bannissement et déchu de son mandat de député en 1901. Elu député de la Seine en 1919, il participe, en vue des élections législatives de 1924, – qui sont un échec pour la droite – à la création de l’Action nationale républicaine, front groupant la Ligue civique, le Ligue des Patriotes, l’Action libérale populaire, la Fédération des républicains démocrates et la Fédération républicaine. Il a été durant de longues années l’un des rédacteurs politiques de La Patrie. Il décède à Paris le 8 octobre 1937.
JACQUEMARD (M.) : La carrière politique de Marcel Habert (1862-1937), maîtrise d'histoire, Université de Paris X Nanterre, 1986.
HACHETTE (René), 1886-1940 : Armateur et homme politique. Né à Paris le 26 mars 1886, René Hachette, élu sénateur en 1932 de l’Aisne. Réélu en 1939, il est nommé sous-secrétaire d’Etat aux Finances du 21 mars au 10 mai 1940 dans le gouvernement Reynaud, il est chargé de l’Economie nationale. Il y reste à peine deux mois et décèdeen cours de mandat, à Paris, le 18 août 1940.
HALÉVY (Ludovic), 1834-1908: Librettiste, auteur dramatique et romancier. Né à Paris le 1er janvier 1834, Ludovic Halévy entre dans l'administration en 1852. où il est notamment rédacteur au Corps législatif, puis chef de bureau au ministère des Colonies. Sa carrière littéraire prit rapidement un tour suffisamment favorable pour lui permettre de quitter l'administration en 1865. Il collabore pour de nombreux livrets d'opérettes avec Léon Battu, Hector Crémieux, et surtout Henri Meilhac (1831-1897), avec qui il donna les livrets des plus célèbres opérettes de Jacques Offenbach et de Georges Bizet. Citons : Pomme d'api (1873) ; Carmen (1875) ; La Boulangère a des écus (1875) ; Le Fandango (1877) ; Le Petit Duc (1878) ; La Petite Mademoiselle (1879) ; Janot (1881) ; La Chauve-souris (1904).
Le duo Halévy-Meilhac compose également des vaudevilles et des comédies comme Madame attend Monsieur, 1872 ; Le Réveillon, 1872 ; Les Sonnettes, 1872 ; Tricoche et Cacolet, 1872; Le Roi Candaule, 1873 ; L'Été de la Saint-Martin, 1873 ;
Toto chez Tata, 1873 ; La Petite marquise, 1874 ; L'Ingénue, 1874 ; La Veuve, 1874 ; La Boule, 1874 ; Le Passage de Vénus, 1875 ; Loulou, 1876 ; Le Prince, 1876; La Cigale, 1877; Le Petit Hôtel, 1879 ; Lolotte, 1879 ; Le Mari de la débutante, 1879 ; La Roussotte, 1881 ; Théâtre de Meilhac et Halévy (8 volumes, 1899-1902. Il est également l'auteur de deux romans, L'Abbé Constantin (1882) et Criquette (1883), qui sont de très grands succès de librairie à la fin du XIXe siècle. En rupture avec la noirceur des romans naturalistes, ils dépeignaient un monde certes réaliste mais où tous les personnages sont bons et vertueux. Ce succès lui ouvre les portes de l'Académie française, où il est élu en 1884. Vers 1878, Ludovic Halévy, flanqué de sa cousine Geneviève Bizet, future Madame Strauss et hôtesse d'un célèbre salon littéraire, recevait le tout Paris artistique et littéraire, lors des « jeudi de Ludovic ». Il décède à Paris le 7 mai 1908.
HALÉVY (Elie), 1870-1937 : Philosophe et historien. Né le 6 septembre 1870, Élie Halévy, élèvre brillant, s'intéresse à la philosophie, où il obtient un premier prix au concours général. En 1890, il entre à l'École normale où il fréquente Xavier Léon, Célestin Bouglé, Alain et Léon Brunschvicg et Dominique Parodi.1Il fonde avec Xavier Léon la Revue de métaphysique et de morale qui commence à paraître en 1893. La Théorie plationicienne des sciences, 1896 ; La Formation du radicalisme philosophique, 1901-1904 ; La Jeunesse de Bentham 1776-1789 , 1901.
En 1901, il passe son doctorat sur la "formation du radicalisme philosophique" une étude sur Jeremy Bentham et l'utilitarisme. A partir de 1892, Halévy, à la demande d'Emile Boutmy, commence à donner un cours à l'École libre des sciences politiques sur "L'évolution des idées politiques dans l'Angleterre au XIXe siècle". En 1900, un second cours lui est confié sur le développement du socialisme. Ses cours sur l'Angleterre ont donné naissance à son Histoire du peuple anglais au XIXe siècle (1913-1923).
Elie Halévy fut à la fois préoccupé par les idées sociales et proche du libéralisme. Après la Première Guerre mondiale, il lui est proposé un poste à la Société des Nations qu'il a refusé afin de se consacrer à la fin de son histoire de l'Angleterre au dix-neuvième siécle. Il donne des conférences au Royal Institute of International Affairs un think tank anglais spécialisé dans les relations internationales. Il est l'un des premiers à rapprocher le fascisme et le communisme dans des conférences qui sont publiées en 1938 sous le titre de l’L'Ère des tyrannies. Il décède le 21 août 1937.
HALÉVY (Daniel), 1872-1962 : Ecrivain. Fils de Ludovic et frère cadet d'Elie Halévy, Daniel est né à Paris le 12 décembre 1872. Appartenant au milieu de la haute bourgeoisie parisienne, ses études se déroulent au lycée Condorcet, où il se lie avec Proust. Il découvre Nietzsche, dont il publie les premières traductions dès sa sortie de lycée et suit, à partir de 1892, des études d'arabe à l'Ecole des langues orientales. En 1897, il s'engage dans l'affaire Dreyfus et contribue à recueillir des signatures pour la pétition des intellectuels. Une des leçons qu'il tire de l'Affaire l'amène à s'engager dans un mouvement d'éducation populaire en participant à la création de la Société des Universités populaires (mars 1899).
L'immédiat avant-guerre est caractérisée par son engagement à gauche et ses relations personnelles (Georges Sorel, Charles Péguy, Paul Desjardins) qui pour certaines d'entre elles se distendront quelques années plus tard.
Après la Première Guerre mondiale, à laquelle il participe en tant qu'interpète auprès des alliés, vient le temps de la reconnaissance et de la notoriété. Bernard Grasset lui confie la direction de la collection des "Cahiers verts" (1921) qui lancera de nombreux jeunes écrivains. Son salon du quai de l'Horloge devient un lieu de rencontre entre des hommes de lettres de générations et de sensibilités politiques différentes. En même temps, Daniel Halévy entreprend des voyages en Europe, et se fait le défenseur d'une Europe intellectuelle et cosmopolite qu'il voit disparaître (Courrier de Paris, 1932, et Courrier d'Europe, 1933). Cette époque est aussi pour lui le temps d'un retour progressif à l'histoire, étroitement mêlée à une évolution très nettement pessimiste et conservatrice qui le conduira à la critique de la République parlementaire (Décadence de la liberté, 1931), de même qu'à l'observation de la disparition de la civilisation rurale (Visite aux paysans du Centre, 1921 et 1934). Sa réflexion historique se traduit, entre autres, par deux essais sur les débuts de la IIIe République, La fin des notables (1930) et La République des ducs (1937) ainsi que sa participation étroite à la fondation de la Société d'histoire de la IIIe République. Ses essais associent l'histoire des débuts du régime républicain et la critique dans un sens clairement antiparlementaire. Malgré l'emploi de certains thèmes réactionnaires, il se tient nettement à distance de Maurras et de ses disciples.
La défaite lui fait écrire un essai, Trois épreuves: 1914, 1987, 1940 (1941) qui tend à soutenir les premières réformes du gouvernement de Vichy. Son évolution personnelle, qualifiée de "réactionnaire" dans l'entre-deux-guerres lui vaudront une disgrâce dans l'après-guerre. Il meurt à Paris le 4 février 1962.
Sébastien (L.) : Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionalisme, Paris, Grasset, 2001.
HALGOUET (Maurice-Marie-Joseph de Poulpiquet du), 1847-1919: Lieutenant-colonel et homme politique. Né à Renac (Ille-et-Vilaine) le 11 décembre 1847, ancien élève de Polytechnique, du Halgouet fait la campagne de 1870. Elu député d’Ille-et-Vilaine en 1895 comme candidat de la droite, il est réélu successivement souvent sans concurrent, jusqu’à sa mort. Il était membre fondateur de l’association de la presse monarchique et catholique. Il décède à Renac (Ille-et-Vilaine) le 1er avril 1919.
HALPHEN (Fernand-Gustave), 1872-1917: Compositeur. Né à Paris, le 18 février 1872, Fernand Halphen, fils de Georges, négociant en diamants et d’Henriette Antonia Stern1, a tout d’abord travaillé sous la direction de Gabriel Fauré dès l’âge de 10 ans, avant de rentrer quelques années plus tard au Conservatoire national supérieur de musique des Paris. Là, il recueillit le précieux enseignement que prodiguait alors Ernest Guiraud dans sa classe de composition. Ancien Premier Grand Prix de Rome en 1859, celui-ci avait succédé à Victor Massé au Conservatoire et était entré à l’Institut en 1891, c’était un maître de grande valeur qui forma également Dukas, Debussy, Gedalge et Satie. Après le décès de son professeur, survenu en mai 1892, Halphen fréquenta alors la classe de Massenet, lui aussi ancien Premier Grand Prix de Rome en 1863 et membre de l’Institut. Dans cette même classe se côtoyaient à cette époque de futurs grands musiciens : Henri Rabaud (Prix de Rome 1894), Florent Schmitt (Prix de Rome en 1900), Charles Koechlin et Reynaldo Hahn ! Premier prix de fugue en 1895, il obtenait l’année suivante le deuxième second Grand Prix de Rome avec sa cantate Mélusine, derrière Jules Mouquet et Richard d’Ivry.
Fernand Halphen est connu principalement comme compositeur, même si ses œuvres n’ont pas toujours obtenu le succès auquel elles pouvaient légitimement prétendre, du moins dans la durée. Parmi son catalogue, on relève une Symphonie en 4 parties, qui fut exécutée à Paris et à Monte-Carlo, une Suite d’orchestre, une pantomime : Hagoseida, un ballet : Le Réveil du faune, ainsi que plusieurs autres pièces symphoniques et de nombreuses mélodies. Il s’est également intéressé à la musique de chambre avec notamment une Sonate pour violon et piano et a aussi composé quelques pages pour l’orgue. Il décède à Paris le 16 mai 1917.
HAMELIN (Octave), 1856-1907: Philosophe. Né le 22 juillet 1856, professant un idéalisme dialectique, Octave Hamelin enseigne la philosophie à l'université de Bordeaux dès 1884, à l'École normale supérieure et à la Sorbonne dès 1905. Il écrit notamment : Essai sur les éléments principaux de la représentation (1907), Le Système de Descartes (1911), Le Système d'Aristote (1920). Il décède le 11 septembre 1907 à Paris.
HANAU MARTHE (Affaire) : Marthe Hanau est née à Paris, le 1er janvier 1886. Ses parents sont de petits commerçants juifs originaires d'Alsace. A l'âge de vingt-deux ans, elle épouse Lazare Bloch, mais se sépare rapidement de lui après qu'il eut dilapidé sa dot au jeu. Marthe voit là l'occasion de vivre sa vie comme elle l'entend, mais son indépendance et son homosexualité affichée ne font pas bon ménage avec l'époque. Au lendemain de la Grande guerre, Marthe Hanau monte une petite usine de parfumerie. C'est à cette époque, que démarre son intérêt pour la finance et à la Bourse, des domaines exclusivement masculins. En 1925, Marthe Hanau crée La Gazette du Franc, une revue destinée en principe à soutenir la monnaie nationale, mais qui lui sert surtout à lancer en Bourse certains titres de sociétés qu'elle avait elle-même constituées.
Après ces premiers pas dans le monde de la finance, Marthe Hanau crée un groupe de gérance financière. Elle est aidée dans son projet par des industriels et des politiciens renommés, comme André Citroën et Aristide Briand. Ce groupe propose aux petits épargnants un taux d'intérêt nettement supérieur à ceux habituellement appliqués par les banques (8%). Mais les activités de Marthe Hanau inquiètent sérieusement les banquiers traditionnels et le milieu politique. La presse commence à attaquer celle qu'elle surnomme " La Banquière ", en dénonçant son train de vie dans un hôtel particulier proche du bois de Boulogne, ses voitures luxueuses et ses fréquentes incursions dans les salles de jeu. Les souscripteurs de ses différentes sociétés se groupent en comités de victimes et portent plainte contre elle.
Marthe Hanau est arrêtée une première fois le 4 décembre 1928. Inculpée pour escroquerie et abus de confiance, elle est emprisonnée à la prison Saint-Lazare. Elle entame une grève de la faim, s'évade de l'hôpital Cochin où elle a été transférée, mais regagne ensuite spontanément la prison. Libérée sous caution, Marthe Hanau promet d'indemniser les souscripteurs. Elle fonde un nouveau journal, La gazette des Nations. Mais elle est à nouveau arrêtée le 8 avril 1932, et une nouvelle fois remise en liberté sous caution. Deux ans plus tard, en juillet 1934, Marthe Hanau est jugée en appel et condamnée à trois ans de prison ferme. Son pourvoi en cassation est rejeté et elle est incarcérée à la prison de Fresnes. C'est là que quelques mois plus tard elle se suicide, le 14 juillet 1935, en avalant un tube de Véronal. Elle était âgée de quarante-huit ans.
DESANTI (D.) : Marthe Hanau : la banquière des années folles, Paris, Fayard, 1968.
MAZENOD (L.), SCHOELLER (G.) : Dictionnaire des femmes célèbres, Paris, Robert Laffont-Bouquins, 1992.
MONTREYNAUD (F.) : Le XXe siècle des femmes, Paris, Nathan, 1989.
HANOTAUX (Albert-Auguste-Gabriel), 1853-1944 : Historien et homme politique. Né à Beauvoir (Aisne) le 19 novembre 1853, Gabriel Hanotaux, historien de formation, devient député de l’Aisne de 1886 à 1889. Ala suite de l’affaire de Panama, il entre au gouvernement pour la première fois à l’âge de quarante et un ans. Nommé ministre des Affaires étrangères du 30 mai 1894 au 31 octobre 1895 dans le troisième cabinet Herriot, il s’emploie à renforcer la position française aussi bien en Europe que dans les Colonies et négocie pour l’alliance avec la Russie. Il prône un modus vivendi avec l’Allemagne, pour assurer le développement colonial face au Royaume-Uni. Dans le conflit sino-japonais, il manoeuvre assez habilement pour contenter les Russes et les Chinois sans pour autant froisser les Japonais ! Avec son bon sens terrien et son accent picard, il affirme qu’un grand état est stérile s’il n’a pas de colonies. Aussi fait-il envoyer un corps expéditionnaire à Madagacar et parvient-il à convaincre le Parlement d’accorder son soutien financier à l’opération. Il appuie la mission Marchand au Soudan et consolide l’uccupation française en extrême-Orient au cours de son second passage au quai d’Orsay du 29 avril 1896 au 27 juin 1898 dans le cabinet Méline. Son élection à l’Académie française en 1897 récompense ses travaux d’érudition mais aussi son importante action en faveur de la détente des relations internationales en cette fin de XIXème siècle. Battu au Sénat en 1904, il est délégué de la Société des Nations en 1919 et ambassadeur extraordinaire à Rome en 1920. Il a écrit de nombreux ouvrages dont : Histoire du cardinal de Richelieu (1888) ; Histoire de la France contemporaine (1871-1900) (1903-1908) ; L’Histoire de la Nation française (1913) et L’Histoire de la Nation égyptienne (1931-1940), etc. Il décèdera à Paris le 11 avril 1944.
HARCOURT (famille d’) :
Charles-François-Marie, duc d’Harcourt (1835-1895), né à Paris le 21 juin 1835, devient le représentant du Calvados de 1871 à 1881, date à laquelle il ne se représente pas. Il décède à Paris le 4 novembre 1895.
Pierre-Louis-Bernard, comte puis marquis d’Harcourt, né à Paris le 20 août 1842, représentant du Loiret à l’Assemblée nationale de 1871, il est battu aux élections législatives de 1876 et de 1877 et se désintéresse de la vie politique. Il décède à Paris le 8 avril 1914.
Charles-Félix-Marie, comte d’Harcourt, officier de chasseurs à pied né à Paris le 18 avril 1870 est le second fils du duc François d’Harcourt, aide de camp de Mac-Mahon. Il démisionne de l’armée en 1902. Conseiller général de Thury-Harcourt en 1908, engagé pendant la Première Guerre mondiale, il est blessé deux fois et, démobilisé, est élu député du Calvados de 1919 à 1924, incrit au groupe de l’entente républicaine démocratique. Elu sénateur du Calvados en 1925, réélu en 1930 et 1939, il vote les pleins pouvours au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Officier de la Légion d’honneur et de l’ordre de l’Empire britannique, crois de guerre 1914-1918, il décède à Paris le 24 juillet 1956.
HARRIAGUE-SAINT-MARTIN (Morro-chco), 1849-1905 : Propriétaire-rentier et homme politique. Né à Hasparren (Basses-Pyrénées) le 8 octobre 1849, maire d’Hasparren et conseiller général, Morrochco Harriague Saint-Martin se présente comme candidat républicain aux élections législatives de 1889 mais est battu. Il prend sa revanche en 1893. Sa profession de foi, rédigée en français et en basque, précise un programme de défense de l’agriculture et de la religion. Réélu en 1898 et en 1902, il décède en cours de mandat le 8 août 1905 à Paris.
HARRY (Myriam Perrault-Shapira, dit Myriam), 1869-1958: Romancière. Née le 21 février 1869 à Jérusalem, Myriam Harry est la cadette d'une famille protestante. Sa carrière de romancière commence véritablement en 1898, avec Noël à Bethléem. Suivent La Pagode de l'île flottante, paru en 1902, Petites Epouses (1902) et L'Ile de Volupté (1907).
En 1904, elle achève La Conquête de Jérusalem, récompensé par le prix Fémina. Rédactrice au Temps pendant deux ans, 1906 et 1907, elle tient la rubrique « Impressions tunisiennes ». Sa visite de la capitale tunisienne et des environs lui inspire un récit de voyage, Tunis la Blanche (1910) et deux romans Madame Petit-Jardin (1909) et La Divine chanson (1911). A son retour en France, en 1907, elle adhère à la Société des Gens de lettres, parrainée par les frères Paul et Victor Margueritte.
L'année 1911 marque le début d'une nouvelle amitié : celle de Myriam Harry et de Jules Lemaître (1853-1914) à qui elle a offert un exemplaire de Tunis la Blanche. Il lui suggère d'écrire ses souvenirs, aussi lui envoie-t-elle le manuscrit de son nouveau roman La Petite fille de Jérusalem, lequel retrace son enfance en Palestine et son départ pour l'Allemagne. Juste avant de mourir, en 1914, Ce titre paru chez Fayard est le premier volume du cycle Siona, du nom de l'héroïne, il connaît un immense succès. Pendant la guerre, Myriam Harry s'occupe d'une maison de convalescence pour soldats musulmans, à Royan. Jusqu'à l'armistice, elle ne publie rien, préparant, comme lui avait conseillé Jules Lemaître, la suite de sa série avec Siona chez les Barbares devenu plus tard Siona à Berlin. Ces titres paraissent en 1918; en 1919 c'est Siona à Paris et en 1921 Le Tendre cantique de Siona.
Entre 1919 et 1934, Myriam Harry effectue plusieurs voyages au Proche-Orient. Cette période est de loin la plus prolifique de sa carrière : elle publie Les Amants de Sion (1923) première enquête sur les colonies sionistes par une non-juive et La Vallée des Rois et des Reines : au pays de Toutankhamon (1925), récit d'un voyage fait en compagnie de Pierre Benoît (1886-1962). Elle y fait également paraître deux romans : Le Premier baiser (1927) et Le Petit prince de Syrie (1929) ; ce dernier titre retrace, de façon romanesque, sa rencontre avec celui qui est, par la suite, devenu son fils adoptif. C'est chez Flammarion qu'elle fait paraître sa première biographie Cléopâtre (1934), ainsi qu'un recueil de nouvelles Le Mannequin d'amour (1927), un roman Amina, ma colombe (1931) et quelques relations de voyage dont La Nuit de Jérusalem (1928), La Jérusalem retrouvée (1930), Terre d'Adonis, Au pays des Maronites et des Druzes (1930), La Tunisie enchantée (1931) et Les Derniers harems (1933).
En 1934, Myriam Harry est nommée chevalier de la Légion d'Honneur, en qualité de femme de lettres. Dans D'autres îles de volupté (1940) paru chez Ferenczi et fils, elle évoque leur traversée aller et retour, leur décevante visite de Zanzibar, leur enthousiasme pour La Réunion. Les années de guerre sont difficiles, Myriam Harry voit certaines de ses oeuvres à succès, cenurées. Elle ne renonce pourtant pas à l'écriture et fait paraître un titre par an entre 1939 et 1949. Elle reprend ses anciennes notes de voyage, donne chez Flammarion Femmes de Perse, jardins d'Iran et Irak en 1941, La Princesse Turquoise, roman de la cour de Turquie (1942) et Micador (1944). Elle meurt le 10 mars 1958, à l'âge de 89 ans.
HAUET (Fernand-Napoléon-Albert), 1867-1941 : Administrateur et homme politique. Né à Boué (Aisne) le 5 août 1867, Hauet est directeur d’une usine de filature et de tissage à La Thiérache. Il dévient maire de Boué et conseiller général en 1904 (mandat qu’il conservera jusqu’à sa mort). Elu député de la gauche républicaine dans le département de l’Aisne aux élections de 1906, il s’inscrit à la gauche radicale. Réélu successivement jusqu’à sa mort, ce franc-maçon ne prend pas part sur les pouvoirs constituants au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il décèdera à Pougues-les-Eaux (Nièvre) le 14 décembre 1941.
HAUGOUMAR DES PORTES (Charles), 1841-1917 : Propriétaire-agricole et homme politique. Né à Lamballe (Côte-du-Nord) le 18 décembre 1841, conseiller général à Lamballe en 1871, Charles Haugoumar des Portes est élu sénateur monarchiste et catholique dans son département natal en 1893. Réélu en 1894 et en 1903, il démissionne de son mandat en 1911 pour cause de cécite et décède à Lamballe le 30 décembre 1917.
HAUSS (René), 1896-19 : Imprimeur et homme politique. Né à Strasbourg le 25 janvier 1896, il est codirecteur du journal autonomiste Elz (Elsass-lothringische Zeitung). Conseiller général de Seltz de 1928 à 1934 puis conseiller municipal, de Strasbourg, il est élu député de Colmar aux élection de 1929. Il intervient ainsi dans la discussion de la politique gouvernementale à l’égard de l’Alsace-Lorraine. Avec Roos et Schall, il fonde, en septembre 1931, le parti (séparatiste) du Pays indépendant. Ne se représentant pas aux élections législatives de 1932, il est accusé en 1939 au procès des séparatistes de Nancy où il est libéré l’année suivante.
HAUSSMANN (Georges), 1847-1902 : Avocat et home politique. Né à Versailles (Seine-et-Oise) le 13 juillet 1847, issu d’une vielle famille de manufacturiers alsaciens, Georges Haussmann est attaché au cabinet du préfet de la Seine, la baron Haussmann, son cousin. Officier de mobiles en 1870, il s’inscrit au barreau de Versailles, se présente aux élections législatives de 1885 où il est battu. Il milite pour le général Boulanger et pour une révision de la Constitution. Elu député de Versailles en 1889, battu en 1893, il est réélu en 1898. Il décède en cours de mandat, à Versailles, le 18 janvier 1902.
HAUTE COUR DE JUSTICE : Créée par la Constitution notamment par les lois des 16 et 24 février 1875 pour traiter les accusations de haute trahison envers les représentants de l'État (Président de la République, ministres), elle est composée, de parlementaires des deux assemblées (Sénat et Assemblée nationale). La Haute Cour de Justice de la Troisième République s’est réunit six fois : pour le général Boulanger (1889), Paul Déroulède (1899), Louis Malvy (1918), Joseph Caillaux (1919), Marcel Cachin (1923) et Raoul Péret (1931).
La Haute Cour de justice est composée de députés qui votent l'accusation, et des sénateurs qui jugent. L'article 12 de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875, dispose que le Sénat peut être constitué en cour de justice pour juger toute personne prévenue d'attentat commis contre la sûreté de l'Etat. Un décret du président de la République, rendu en conseil des ministres, est nécessaire pour constituer le Sénat en Haute Cour. D'après le même article, une loi doit déterminer les modes d'accusation, d'instruction et de jugement. Votée le 9 avril 1889 et promulguée le lendemain, la loi du 10 avril 1889 se borne à tracer les grandes lignes de la procédure suivie devant la Haute Cour, laissant au Sénat le soin de combler les lacunes à l'aide des dispositions du code d'instruction criminelle.
Les premiers articles de la loi du 10 avril 1889 précisent que la cour n'a pas l'obligation de tenir ses séances au Palais du Luxembourg, bien qu'elle y siège dans les faits. Les sénateurs-juges doivent être présents aux audiences, toute absence faisant l'objet de motifs d'excuse.
Les articles suivants se réfèrent à l'instruction, confiée à une commission composée de neuf sénateurs. Une fois terminée, celle-ci laisse place au procès proprement dit. Les débats, dirigés par le président du Sénat, sont publics. Au commencement de chaque audience, il est procédé à l'appel nominal. Les sénateurs qui n'auront pas été présents à toutes les audiences ne peuvent pas concourir au jugement.
Après l'audition des témoins, le réquisitoire du ministère public, les plaidoiries des défenseurs et les observations des accusés qui ont les derniers la parole, le président déclare les débats clos et la cour se retire en chambre du conseil pour délibérer.
Les audiences de la Haute Cour se déroulent dans la salle des séances. Pour adapter celle-ci à ses nouvelles fonctions, on procède à quelques aménagements. Pour le procès Boulanger, l'absence des accusés limite les transformations : la tribune des orateurs, où siègent le procureur général et ses deux substituts, est maintenue. Mais pour les autres procès, la tribune est enlevée et le fauteuil et le bureau du président abaissés. En outre, deux barres sont installées, l'une pour les avocats, l'autre pour les témoins, de manière que ceux-ci soient visibles des juges et du président.
Lors du procès Déroulède, le nombre des accusés - quinze - exige des arrangements complémentaires.
La partie gauche de l'hémicycle est vidée de ses fauteuils et dotée de chaises rivées au sol pour qu'y soient installés les prévenus, ainsi placés derrière leurs avocats, auxquels est réservé le banc des ministres. Une barrière sépare les prévenus des témoins, assis derrière eux. Les sièges des 85 sénateurs délogés sont installés dans le couloir qui encercle la salle, la répartition se faisant par tirage au sort.
Les audiences étant publiques, les tribunes sont ouvertes aux journalistes et aux personnes invitées par les parlementaires. Leur fréquentation lors des procès est beaucoup plus assidue qu'à l'ordinaire.
Lors de la tenue du procès Déroulède, en 1899, la grande galerie servant d'annexe à la bibliothèque se voit transformée en prison. Pour permettre d'y aménager des cellules on procède à l'évacuation des ouvrages : « deux à trois jours suffirent pour déménager les quelque 50.000 volumes et... une quinzaine de jours pour les réintégrer » note un bibliothécaire à cette occasion..
Une longue baraque, construite au centre, abrite les neuf cellules destinées aux accusés. Ces « cabines de bain de mer », « modern style » ainsi que les décrit ironiquement la presse de l'époque, mesurent chacune 5,50 m de long sur 3 m de large et 3,20 m de haut. En partie vitrées pour recevoir la lumière du jour et munies de persiennes pour la ventilation, elles offrent en outre à leurs occupants le privilège d'être équipées d'une poire électrique à réflecteur. Les cloisons rembourrées sont tendues de satinette vert olive, le plancher est recouvert d'un tapis de linoléum et le plafond est en toile blanche.
L'ameublement rudimentaire offre néanmoins toutes les commodités : un lit en fer blanc laqué, une table à tiroirs, une chaise, un meuble de toilette recouvert d'une tablette de marbre et un fauteuil rembourré de crin sont mis à la disposition de chaque prisonnier.
La terrasse qui mène au dôme de l'Horloge, le long de l'avenue de Vaugirard, est recouverte d'une toile goudronnée et affectée à la promenade des détenus. Les gardiens sont logés dans les bureaux situés au bout de l'annexe, côté nord. De l'autre côté, les pièces qui jouxtent la galerie sont réservés au greffe et à la commission d'instruction tandis que le procureur général s'installe dans le bureau de la commission des finances.
Le caractère politique des affaires portées devant le Sénat constitué en Haute Cour de justice suscite un grand intérêt, tant dans la presse que dans l'opinion publique. Nombreux sont les spectateurs qui souhaitent assister aux audiences.
Afin de garantir la sécurité indispensable au bon déroulement du procès, le président de la Haute Cour doit faire appel aux forces de police. C'est ainsi que, le 11 novembre 1899, Armand Fallières, président du Sénat, charge le préfet de police Lépine de diriger le service d'ordre de la Haute Cour au Palais du Luxembourg. Outre la garde républicaine en faction à l'entrée, un commissaire et 3 inspecteurs sont affectés à la surveillance, secondés par 10 hommes de permanence à l'extérieur du palais, 90 dans la chapelle, 50 au piquet d'honneur et 50 à la caserne Tournon. A l'intérieur, 55 hommes sont répartis entre les galeries et tribunes. En raison des audiences particulièrement tumultueuses, 3 nouveaux inspecteurs seront placés par la suite parmi les témoins assignés à parler.
Transformé pour la circonstance en institution judiciaire, le Palais du Luxembourg est rigoureusement fermé à toute personne qui n'est pas munie d'une carte spéciale. L'entrée se fait uniquement par la porte principale de la rue de Tournon.
Des cartes d'accès et des laissez-passer ont été préalablement distribués aux grands corps d'État et aux sénateurs, qui peuvent ainsi inviter du public dans la limite des places attribuées. Par l'intermédiaire du syndicat de la presse parisienne, une accréditation spéciale et nominative est accordée aux journalistes et illustrateurs des grands journaux parisiens, régionaux et étrangers. L'attribution d'une carte de presse leur permet d'accéder à la tribune qui leur est réservée.
L'organisation du Sénat en Haute Cour de justice est régie par la loi du 10 avril 1889. Son article 4 désigne le secrétaire général de la Présidence pour remplir les fonctions de greffier. Sa mission consiste à procéder aux appels nominaux des sénateurs-juges au début de chaque audience, à signer les arrêts de la Haute Cour avec le président et à notifier aux accusés l'arrêt définitif.
Pour l'assister, une dizaine de fonctionnaires sont nommés commis greffiers et prennent en charge le pointage des appels et des votes des sénateurs, la rédaction du bulletin sommaire des audiences publiques publié au Journal officiel, la rédaction du compte rendu analytique des chambres du conseil etc... Sont également mis à la disposition de la Haute Cour, les huissiers du Sénat faisant fonction d'huissiers audienciers, ainsi queles sténographes et les dactylographes. Tous sont tenus de prêter serment entre les mains du Président :
«Vous jurez et promettez de bien et légalement remplir vos fonctions, d'observer tous les devoirs qu'elles vous imposent et de tenir un secret rigoureux sur tous les faits qui viendront à votre connaissance dans l'exercice de vos fonctions. »
Pour compléter cette organisation, concierges, hommes de service et garçons de bureau accueillent, filtrent, dirigent, renseignent les témoins, journalistes et visiteurs accrédités qui se pressent dans les couloirs du Palais. Les consignes sont très strictes et précisent même, en 1901 : « il est bien entendu que les hommes de service devront être polis envers tout le monde ».
Les manquements sont rares. Tout au plus peut-on signaler, en 1889, une porte interdite malencontreusement ouverte à des journalistes et, en 1899, la convocation simultanée d'un grand nombre de témoins rendant impossible, en raison de la cohue, leur accès à l'hémicycle. Mais, dans la majorité des cas, le bilan administratif réalisé à l'issue des procès, témoigne de « l'activité et du dévouement des fonctionnaires » attachés au service du greffe, mettant en exergue leur excellente tenue, leur parfaite ponctualité et leur zèle.
La procédure suivie lors des procès de Haute Cour connaît des variations en fonction des évolutions législatives, mais également en fonction des procès eux-mêmes. Le déroulement diffère selon que les accusés sont présents ou absents, que l'on juge un « complot », comme dans l'affaire Boulanger, ou un ancien ministre, comme Joseph Caillaux. Cependant, pour l'essentiel, la trame des audiences reste la même d'un procès à l'autre.
Une audience préliminaire permet de désigner une commission chargée de l'instruction du dossier. On y procède à l'appel nominal des sénateurs, qui entendent ensuite le réquisitoire introductif d'instance du procureur.
Les audiences qui constituent le procès proprement dit débutent elles aussi par l'appel nominal des sénateurs-juges, puisque leur présence effective détermine leur participation au vote. Lors de la première séance, cet appel est suivi de l'interrogatoire d'identité des accusés. On auditionne ensuite le rapport de la commission d'instruction. Pour le procès Malvy, deux journées sont consacrées à cet exposé, qui généralement ne semble pas déchaîner les passions. Vient alors le réquisitoire du procureur général. Lors de l'affaire Boulanger, le rôle est tenu par le procureur Quesnay de Beaurepaire, ainsi décrit dans l'Illustration du 17 août 1889 : « A mesure qu'il avançait dans ses démonstrations, triomphant sans trop de peine de la gêne latente qu'il avait ressentie d'abord devant cet auditoire inaccoutumé, fouillant maintenant, avec l'assurance d'un anatomiste habile à manier le scalpel, dans la vie des accusés, se complaisant dans une implacable analyse de leur caractère et de leurs actes, c'étaient, par endroits, sous la poussée des passions politiques mal refoulées, des exclamations ironiques d'un côté, des rumeurs indignées de l'autre ! ».
D'autres portraits du procureur sont moins complaisants, beaucoup soulignant la vacuité du dossier d'accusation.
Sous la IIIe République, se tiennent au Sénat six procès de la Haute Cour de justice. Deux d'entre eux, ceux de Marcel Cachin en 1923 et de Raoul Péret en 1931, n'emportent aucune peine : le premier aboutit à un dessaisissement et le second à un acquittement, assorti d'une condamnation morale pour les procédés employés par l'accusé. Dans les autres affaires (Boulanger, Déroulède, Malvy et Caillaux), les inculpés sont reconnus coupables à des degrés divers. La Haute Cour demeure souveraine quant à la fixation des sanctions.
Les sénateurs-juges se prononcent sur les peines applicables, formulées par le Président, en commençant par la plus forte jusqu'à ce que l'une d'entre elles obtienne la majorité des voix. Lues en séance publique, notifiées aux accusés par le greffier de la Haute Cour, affichées à la porte du Sénat, les peines prononcées sont de deux natures : l'incarcération ou le bannissement.
L'incarcération frappe essentiellement les accusés de trois procès. Le général Boulanger, tout d'abord, ainsi qu'Arthur Dillon et Henri Rochefort, tous contumax, sont reconnus coupables de complot et attentat contre le gouvernement ; ils sont condamnés à la détention dans une enceinte fortifiée. Joseph Caillaux, ensuite, accusé de correspondance avec l'ennemi, est frappé d'une peine de trois ans de prison couverts par la préventive. Dans l'affaire Déroulède, enfin, un seul accusé est incarcéré à l'issue du procès : Jules Guérin. Cette condamnation est due à sa vive résistance aux forces de police venues l'arrêter dans les locaux de la rue Chabrol, à Paris.
Il revient en France, après avoir expurgé sa peine, et reçoit l'accueil de la population lotoise.
Dans les autres cas, la Haute Cour prononce des peines de bannissement. André Buffet, Paul Déroulède, Marcel Habert et le comte de Lur-Saluces notamment, reconnus coupables de complot contre la sûreté de l'État, sont bannis pour cinq ou dix ans après avoir obtenu le bénéfice des circonstances atténuantes. Fait inhabituel, Lur-Saluces, bien que contumax, dispose de cette même mesure de clémence. Quant à Louis Malvy, il est frappé de bannissement, après que la Haute Cour a créé une nouvelle incrimination en l'accusant de forfaiture.
Commentées par la presse et l'opinion publique, controversées par les juristes, les décisions de la Haute Cour ne sont susceptibles d'aucun recours. Le seul espoir des condamnés réside dans une amnistie ou une grâce présidentielle. Diverses propositions de loi d'amnistie sont déposées. En janvier 1895, celle émanant de Marcel Habert (qui sera jugé à son tour par la Haute Cour en 1899) est repoussée. Mais quelques jours plus tard, une amnistie générale est votée à l'occasion de l'élection de Félix Faure à la Présidence de la République. Bénéficiant de cette mesure, Arthur Dillon et Henri Rochefort peuvent rentrer en France. Ce dernier est accueilli à la gare du Nord par Jean Jaurès, René Viviani et des milliers de personnes
Le 13 juillet 1905, le Président de la République accorde remise du reste de leur peine à Buffet, Lur-Saluces, Guérin et Déroulède. Ce dernier refuse cette grâce et ne revient en France qu'à la faveur de la loi d'amnistie générale du 2 novembre 1905.
Cependant cette remise de peine produit une conséquence administrative inattendue : son exécution requiert une inscription en marge des arrêts de la Haute Cour, par le greffier compétent.
Or, cette dernière n'est pas une juridiction permanente. Quant au greffier, il ne fait plus partie du personnel du Sénat. Son successeur au secrétariat général de la Présidence, non assermenté, ne peut transcrire la décision présidentielle. Finalement, le Parquet de la Cour d'appel de Paris estime qu'en dehors de ce haut fonctionnaire, « personne... ne peut avoir qualité pour faire les mentions exigées par la loi puisque c'est lui qui a la garde des minutes » et pense qu'il appartient au Président du Sénat de dire le dernier mot sur cette question.
A différents stades de la procédure, la Haute Cour assure la publication de ses décisions par voie d'affichage. Deux exemples illustrent ce procédé que les contemporains de la IIIe République estiment grotesque et suranné.
Le dimanche 28 juillet 1889, de bon matin, une voiture à cheval s'engage dans la rue Dumont-d'Urville, à Paris. Elle s'arrête au n° 11 bis, devant l'hôtel du général Boulanger. Trois hommes descendent du landau pour procéder à la proclamation de l'ordonnance de la Haute Cour enjoignant à l'accusé de se présenter dans un délai de 10 jours devant la juridiction chargée de le juger.
Au son du clairon, une affiche est collée sur le mur de la demeure. Simultanément, l'un des trois personnages - exerçant les fonctions d'huissier - remet un acte imprimé au représentant du général. Puis les visiteurs repartent en calèche pour renouveler la cérémonie devant la mairie d'arrondissement et, enfin, dans la cour du Sénat, au Palais du Luxembourg.
Quelques années plus tard, dans le cadre de l'affaire Déroulède, la capitale est à nouveau le théâtre de cette mise en scène. Il s'agit, cette fois, de donner publicité aux ordonnances de déchéance prononcées contre deux accusés contumaces : Marcel Habert et le comte de Lur-Saluces. La procédure se déroule le 19 novembre 1899 à l'aube. Elle revêt un caractère plus solennel, l'huissier, le trompette et le colleur d'affiche étant entourés de journalistes.
A l'issue du procès Déroulède, l'arrêt portant condamnation des accusés fait l'objet d'une publication analogue, sous la forme d'une affiche de grand format énumérant la liste des infractions commises par les condamnés et celle des peines retenues contre chacun d'eux.
Bredin Jean-Denis, Joseph Caillaux, Hachette, Paris, 1980.
Garrigues Jean, Le général Boulanger, Olivier Orban, Paris, 1991
Jolly Jean, Dictionnaire des Parlementaires Français, PUF, Paris, 1960
Joly Bertrand, Déroulède, l'inventeur du nationalisme français, Perrin, Paris, 1998
Lindon Raymond et Amson Daniel, La Haute Cour, PUF, Paris, 1987
Morice Bernard, Les procès de Haute Justice au Palais du Luxembourg, France Empire, Paris, 1972
Morice Bernard, Le Palais du Luxembourg et le destin des hommes, France Empire, Paris, 1971
Répertoire Général Alphabétique du Droit Français, Librairie du recueil Sirey, Paris, 1928
Robert Adolphe et Cougny Gaston, Dictionnaire des Parlementaires Français, Bourloton, Paris, 1889.
HAVARD (Oscar-Jean-Joseph), 1845-1922 : Journaliste. Né à Villedieu (Manche) le 24 mai 1845, Havard, après de solides études, dirige le Journal d’Avranches, puis devient le secrétaire de rédaction de la Revue du monde catholique. Il est, ensuite, rédacteur à L’Avenir catholique, et chronique parlementaire du Français. Lieutenant aux Gardes mobiles d’Avranches en 1870, il se distingue dans l’armée de Chanzy. La guerre terminée, il est rédacteur au Monde, tout en collaborant à divers journaux de province et de l’étranger.
Républicain sous l’Empire, mais les actes des républicains l’amènent à la monarchie. Il appartient à la fraction royaliste hostile au général Boulanger, aux côtés du duc de Broglie, Denys Cochin et du comte d’Haussonville. Il est également rédacteur à La Libre parole. C’est lui qui rédigeait l’article de tête à la place d’Edoauard Drumont. Il a animé longtemps La Correspondance parisienne royaliste, qui fournissait des articles à la presse de province. Considéré comme l’un des meilleurs journalistes de son temps, il exerce sa profession qui était pour lui un véritable sacerdoce jusqu’à sa mort. Il a eu une influence certaine sur le droite royaliste. Son activité littéraire est d’ordre historique. On retiendra de lui : Le Moyen-âge et ses institutions (1876) ; Les Femmes illustres de la France (1884) ; Les Fêtes de nos pères (1897) ; La Persécution et la résistance (1907) ; La Révolution dans nos ports de guerre, Toulon, Brest, Rochefort (1911-1913) ; Le Prêtre-soldat dans l’histoire (1919). Il décède à Saint-Pair-sur-Mer (Manche) en juin 1922.
HAYEM (Georges), 1841-1933 : Médecin. Né en 1841 à Paris, Hayem a obtenu son DES de médecine en 1868 et son agrégation de médecine en 1872. En 1986, il devient membre de l'Académie de Médecine. Il fut l'un des fondateurs de l'hématologie et a mis au point l'hémocytomètre pour le comptage des plaquettes (ou thrombocytes), une solution pour compter les hématies, entre autres.
On lui doit également la mise au point d'une solution isotonique qui lui a permis de sauver de la déshydratation un nombre conséquent de ses malades pendant les grandes épidémies de choléra. Ce succès lui valut d'ailleurs le surnom de « Docteur choléra ».
HAYEZ (Paul-Emmanuel-Englebert), 1859-1935 : Maître-verrier et homme politique. Né à Douai (Nord) le 22 octobre 1859, Paul Hayez dirige et développe à vingt-deux ans une verrerie d’Aniche. A vingt-cinq ans, il devient conseiller municipal et est élu député du Nord de 1893 à 1898. Il ne demande pas le renouvellement de son mandat en 1898, mais est élu sénateur du Nord en 1905 et s’inscrit à l’union démocratique et radicale. Réélu successivement, il décède en cours de mandat, à Douai, le 3 octobre 1935.
HÉBRARD (François-Marie-Adrien), 1834-1914 : Journaliste et homme politique. Né à Grisolles (Tarn-et-Garonne) le 1er janvier 1834, rédacteur au Temps, il en devient le directeur en 1867. En 1871, lors de la Commune, il transfert à Saint-Germain la direction d’une édition du Temps. Le calme revenu, il fait du Temps le journal officieux de la Troisième République. Cette position incite Hébrard à garder une attitude prudente lors des diverses affaires de l’époque : Boulanger, Panama, Dreyfus, etc., d’autant que sa rédaction, talentueuse, mais d’opinions très diverses, est partagée à chaque fois. Elu sénateur de la Haute-Garonne en 1876, il est réélu en 1888. Battu en 1897, il ne se répresente pas et se consacre à son journal et au syndicat de la presse parisienne dont il est le président. Il décède à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) le 29 juillet 1914.
Son frère Jacques Hébrard, né à Grisolles le 21 février 1841 rédacteur au Temps se spécialise dans la politique intérieure. Ce franc-maçon est élu sénateur de l’Inde en 1882 et, battu en 1891, est élu sénateur de la Corse en 1894. Il ne se représente pas en 1903 pour des raisons de santé et décède à Menton (Basses-Alpes) le 5 avril 1917.
HENNEQUIN (Emile), 1859-1888: Critique littéraire. Né à Palerme en 1859, auteur d’essais de Critique scientifique (1888) où, contrairement à la théorie de Taine, il s’attachait à démontrer que le génie crée son milieu. Dans le même esprit, Hennequin a publié des éudes de critiques scientifiques comme Ecrivains francisés (1889) ; Quelques ecrivains français (1890). Il décède à Samois en 1888.
HENNER (Jean-Jacques), 1829-1905: Peintre. Né le 5 mars 1829 à Bernwiller, fils de paysan alsacien, Henner s'exile à Paris lors de la grave crise économique et alimentaire que connaît l'Alsace dans les années 1846-1847. Il entre à l'École des Beaux-Arts en 1848 et fréquente l'atelier de Michel Martin Drolling. Il emporte le grand Prix de Rome en 1858 et séjourne cinq ans à la Villa Médicis.
Auteur d'une œuvre abondante, il a une réputation de portraitiste et de dessinateur hors pair, apprécié de son vivant. Il est resté toute sa vie à l'écart des évolutions artistiques de son époque. Fidèle à ses racines, il peint après la défaite de 1870, L’Alsace. Elle attend, toile emblématique de la perte de sa province natale.
Citons encore de lui : La Femme au Parapluie (1874) ; Naïade (1875) ; Madeleine Pleurant (1879) ; Le Christ mort (1879) ; L’Eglogue (1879) La femme à la fontaine (1880) ; Hérodiade (1880) ; Une baigneuse (1881) ; La Liseuse (1883) ; Fabiola au voilà rouge (1885) ; Portrait de Madame Kessler (1886) ; Portrait de Germaine Dewis (1892) ; Christ aux donateurs (1896-1902) ; La Vérité (1898-1902) ; Rêverie (1904-1905). Elu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1889, il décède le 23 juillet 1905 à Paris.
Face à l'impressionnisme, Jean-Jacques Henner, le dernier des romantiques, 2007 (RMN)
HENNESSY (James-Richard-Charles), 1867-1945 : Officier de marine et homme politique. Né à Cherves-de-Cognac (Charente) le 26 juillet 1867, issu d’une famille d’illustrateurs bien connus, Hennessy entre à l’Ecole navale et fait carrière dans la marine nationale, puis en démissionne pour diriger les affaires familiales. Elu député de la Charente en 1906, il s’inscrit à l’union républicaine et est réélu successivement. En 1921, il démissionne de son mandat de député après avoir été élu sénateur de la Charente. Il vote pour la loi de 40 heures en 1936 et hostile au pacte germano-soviétique, approuve les accords de Munich. Réélu en 1930 et 1939 sénateur, il ne prend pas part au vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il décèdera en cours de mandat à Paris le 16 mai 1945.
HENNESY (Jean-Patrick), 1874-1944 : Industriel et homme politique. Né à Richemont (Charente) le 26 avril 1874, Jean Hennessy est l’héritier d’une grande maison de Cognac. Elu député successivement de 1910 à 1932 dans le département de la Charente, il se fait le défenseur de la politique régionale et de la SDN. Il est nommé ministre de l’Agriculture du 11 novembre 1928 au 21 février 1930 dans le cinquième ministère Poincaré, poste qu’il conserve dans les cabinets Briand et Tardieu. Elu député des Alpes Maritimes de 1936 à 1942, il décèdera à Lausanne (Suisse) le 4 novembre 1944.
HENNIQUE (Léon), 1851-1935 : Romancier naturaliste et auteur dramatique. Né à Basse-Terre (Guadeloupe) le 4 novembre 1851, Léon Hennique étudie la peinture mais se consacre après la guerre de 1870 à la littérature. Il publie en 1876, dans La République des lettres, un fragment de drame romantique, Les Hauts Faits de M. de Ponthau. Suivent d’autres romans comme La Dévouée : les héros modernes (1878) ; L'Accident de M. Hébert (1883) ; Pœuf (1887) ; Un caractère (1889).
Ami d'Émile Zola, il s'en détache ultérieurement pour se ranger aux côtés de Goncourt et de Daudet et manifeste avec les antidreyfusards, tout en gardant des relations relativement cordiales avec son ancien maître. Exécuteur testamentaire et colégataire avec Alphonse Daudet d'Edmond de Goncourt, il s'occupe activement de la fondation de l'Académie Goncourt, dont il assuma la présidence de 1907 à 1912.
Il contribue, avec sa nouvelle L'Affaire du grand 7, au recueil collectif Les Soirées de Médan (1880). Mais il préférait écrire pour le théâtre: L'Empereur Dassoucy (1879) ; Pierrot sceptique (1881) ; Jacques Damour (1887); Esther Brandès (1887); La Mort du duc d'Enghien (1888) ; Amour (1890); La Menteuse (1892) ; L'Argent d'autrui (1893) ; Deux Patries (1895) ; Jarnac (1909). Il décède à Paris le 25 décembre 1935.
HENRIOT (Philippe), 1899-1944 : Homme politique. Né à Reims (Marne) le 7 janvier 1889, Philppe Henriot enseigne dans une école catholique de Gironde. De 1925 à 1932, il s'engage dans le militantisme catholique de droite aux côtés du général de Castelnau et de l'abbé Bergey. Il donne des conférences organisées par la Fédération nationale catholique et publie des articles dans La Liberté du Sud-Ouest. Elu député de la Gironde de 1932 à 1942, il est élu vice-président de la Fédération républicaine et coordonne au plan national les Jeunesses de la Fédération (JFR), créées en 1935.
Inscrit à la Fédération républicaine, il est anticommuniste, antisémite, antimaçon et antiparlementaire. Durant l'entre-deux-guerres, il est violemment anti-hitlérien, avant de défendre vigoureusement, en 1938, les accords de Munich. A la chute de la Troisième République, il se rallie au maréchal Pétain et soutient la politique de la Révolution nationale. Il est abattu le 28 juin 1944 à Paris.
HENRIQUE-DULUC (Louis-Henri-Paul), 1845-1906 : Fonctionnaire et homme politique. Né à Vico (Corse) le 31 juillet 1846, officier d’infanterie, puis secrétaire général de l’Aube, il fonde en 1882, L’Avenir des Colonies. Délégué de Saint-Pierre-et-Miquelon, commissaire de plusieurs expositions coloniales, il est nommé directeur de La Politique coloniale. Elu député de l’Inde en 1898 et en 1902, radical, il est membre de plusieurs commissions et dépose une proposition de loi ayant pour objet de compléter l’article 69 de la loi du 29 juillet 1881 sur le régime de la presse et une proposition de résolution invitant le gouvernement à mettre à l’étude la question des câbles sous-marins. Il soutient les ministères Waldeck-Rousseau et Combes et obtient la laïcisation du collège de Pondichéry. Battu en 1906, il a écrit divers ouvrages sur les colonies françaises. Il décède à Paris le 5 juin 1906.
HENRY-SIMON (Henry-Louis Simon dit), 1874-1926: Industriel et homme politique. Né à Labruguière (Tarn) le 20 mai 1874, Henry-Simon est un industriel extrêmement cultivé. Elu député du Tarn de 1910 à 1926, il met toute sa compétence au service de la commission des Affaires étrangères et du groupe radical socialiste. Au front pendant la Première Guerre mondiale, Clemenceau le rappelle et lui propose le poste de ministre des Colonies dans son second ministère du 16 novembre 1917 au 19 janvier 1920. Il s’emploie alors au développement économique des territoires d’outre-mer et maintient les banques centrales dotées de pouvoir d’émission. Il meurt à Paris le 2 décembre 1926.
HÉRARD (Jean), 1888-1966 : Avocat et homme politique. Né au Vésinet (Seine-et-Oise) le 6 juillet 1888, Jean hébrard, docteur en droit, devient bâtonnier. Elu député du Maine-et-Loire de 1928 à 1936, il se fait remarquer et entre au gouvernement. Daladier le nomme dans son second Cabinet du 30 janvier au 8 février 1934 comme sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Il n’a le temps que d’expédier les affaires courantes avant que le cabinet ne démissionne. Il décèdera à Angers (Maine-et-Loire) le 14 avril 1966.
HÉRAUD (Marcel), 1883-1960 : Avocat et homme politique. Né à Cérilly (Allier) le 8 mai 1883, Marcel Héraud, élève au collège Stanislas devient avocat puis est élu conseiller municipal du VIème arrondisemment de Paris en 1919. Conseiller général, il est élu député de la Seine de 1924 à 1942, s’inscrivant au groupe de la gauche républicaine démocratique.
Il doit son passage au gouvernement à sa fidélité envers Tardieu et à son centre républicain. Nommé sous-secrétaire à la présidence du Conseil et à l’Intérieur du 3 novembre 1929 au 20 février 1930 dans le premier cabinet Tardieu, il est chargé du budget et règle diverses affaires qui vont des inondations à l’aménagement de la région parisienne. Il garde le même portefeuille du 2 mars au 12 décembre 1930 dans le second cabinet Tardieu. Ministre de la Santé publique dans le cabinet de Paul Reynaud du 21 mars au 5 juin 1940, il est renvoyé de son poste pour avoir refusé toute concession au profit de l’Italie. Le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il décèdera à Paris le 17 septembre 1960.
HÉRAULT (René-Célestin-Alfred), 1837-1926 : Homme politique. Né à Châtellerault (Vienne) le 27 août 1837, René Hérault est issu d’une famille de banquier. Député républicain de la Vienne de 1876 à 1885, il entre au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat aux Finances du 21 avril 1885 au 6 janvier 1886 dans le ministère Brisson. Battu aux alections de 1885, il abandonne la politique pour la cour des Comptes dont, à sa mort, il était le premier président honoraire. Il décède à Paris le 5 juillet 1926.
HERBIN (Auguste), 1882-1960 : Peintre. Né Quiévy le 29 avril 1882, Auguste Herbin étudie à l'École des Beaux-Arts de Lille de 1898 à 1901 puis s'installe à Paris. Il peint d'abord dans le style impressioniste : l'influence de l'impressionisme et du post-impressionisme est visible dans les toiles qu'il envoie au Salon des Indépendants en 1906. Il se rapproche progressivement du cubisme. Au Salon des Indépendants de 1910 il est exposé dans la même salle que Jean Metzinger, Albert Gleizes et Fernand Léger, et en 1912 il participe à l'importante exposition de la Section d'Or.
Pendant la première guerre mondiale, Herbin est affecté à la décoration d'une chapelle militaire au camp de Mailly-le-Camp, et plus tard à des travaux de camouflage dans une usine d'aviation.
Herbin produit ses premières toiles abstraites en 1917. Il est remarqué par Léonce Rosenberg qui lui achète plusieurs toiles et le prend sous contrat à la Galerie de l'Effort Moderne où il expose à plusieurs reprises entre 1918 et 1921. En 1919 Herbin décide d'abandonner le cubisme, pour lui dépassé; il écrit à Gleizes: « L'art ne peut être que monumental. » Il réalise alors sa série d'« objets monumentaux ». Ses peintures sur bois géométriques en relief remettent en question le statut de la peinture de chevalet. Cependant elles sont très mal accueillies, y compris par les critiques favorables au cubisme. Herbin se retire au Cateau-Cambrésis. Entre 1922 et 1925 Herbin revient, en proie au doute et sur les conseils de Rosenberg, à un style figuratif. Il désavouera plus tard les paysages, les natures mortes et les scènes de genre de cette époque, telles que Les joueurs de boules (1923, Musée National d'Art Moderne, Paris), dans lesquelles il représente les objets sous forme de volumes simplifiés.
En 1931 il expose au Salon Association 1940 d'où sortira le groupe Abstraction-Création qu'il fonde avec Georges Vantongerloo. Il se consacre dans ces années à une peinture entièrement géométrique faite de formes simples en aplats de couleurs pures, alternant avec des formes ondulantes. En 1946 Herbin met au point son « Alphabet plastique », essai de codification des correspondances entre lettres, couleurs et formes. En 1949 il présente à la galerie La Gentilhommière à Paris son livre L'art non figuratif, non objectif où il expose son alphabet plastique, livre qui deviendra l'une des références majeures de la peinture abstraite de cette époque. mort à Paris en 1960
Bibliographie [modifier]
L’Art non figuratif, non objectif, Auguste Herbin, introduction de Pierre Peissi, Paris, Édition Lydia Conti, 1949.
Œuvres [modifier]
Réalité spirituelle, huile sur toile (1938), Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis
HERCE (Urbain de, comte), 1861-1918 : Propriétaire-agricole et homme politique. Né àIzé (Ille-et-Vilaine) le 1er mai 1861, catholique libéral et traditionnaliste, Urbain de Herce succède à son père comme mire de Montenay et est élu député de Mayenne en 1906, s’inscrivant au groupe des droites. Réélu en 1910 et en 1914, il défend avec ardeur la cause e l’agriculture. Il est l’un des membres fondateurs de l’association de la presse monarchique et catholique des départements. Il décède à Montenay (Mayenne) le 7 janvier 1918.
HÉRÉDIA (José-Maria de), 1842-1906: Poète. Issu d'une vieille famille espagnole, José-Maria de Hérédia nait le 22 novembre 1842 à La Fortuna. Il vient en France de bonne heure pour y poursuivre ses études. Parallèlement à ses études, il écrit des poèmes, spécialement des sonnets, publiés à de rares intervalles dans les revues, ne sont réunis qu’en 1893 en un volume, Les Trophées (118 sonnets), qui est couronné par l'Académie française, retrace l’hitoire du monde.
Il avait déjà été lauréat de l'Académie pour une traduction de l'espagnol, l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne (1877-1878) par le capitaine Bernal Diaz del Castillo et il traduit aussi Historia de la Monja Alférez (1894). Il publie à La Revue des Deux Mondes, au Temps et au Journal des débats. Il est élu à l'Académie française en 1894. Les vers de Hérédia sont la plus parfaite expression de la doctrine parnassienne. Son seul dessein est d’évoquer des visions d’art, de peindre, de sculpter, , ciseler des parfaites images de la beauté, empruntées d’ailleurs à tous les spectacles de la vie du passé et du présent : la Grèce, Rome et les Barbares, l’Orient, les conquérants espagnols, l’Italie de la Renaissance, la Bretagne.
Lors du voyage des souverains russes à Paris, en 1896, José-Maria de Heredia compose le Salut à l'Empereur. Il devient en 1901 conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal. Il créé en 1902 la Société des Poètes français avec Sully Prudhomme et Léon Dierx. Il décède le 2 octobre 1905 au château de Bourdonné, près de Houdan (Sein-et-Oise).
HÉRÉDIA (Sévériano de), 1836-1901: Homme politique. Né à La Havane (Cuba) le 8 novembre 1836, ce fils de grand propriétaire cubain est l’un des seuls ministres « étrangers » de la Troisième République. Elu député de la Seine en 1881, réélu en 1885, ce franc-maçon est nommé ministre des Travaux publics dans le cabinet Rouvier du 30 mai au 11 décembre 1887 où il travaille à l’installation du métro. Battu aux élections législatives de 1889 et de 1893, il se retire de la vie politique. Il décède à Paris le 9 février 1901.
HÉRICOURT (Pierre), 1895-1965 : Journaliste. Né à Paris en 1895, ce militant royaliste est, au retour de la Première Guerre mondiale, l’un des principaux rédacteurs de l’Action française. Il publie en 1922, à la Nouvelle Librairie N Nationale qu’animait Georges Valois, deux livres de guerre, Le 418ème et La Dernière des guerres. Dans les colonnes du quotidien monarchiste, il mène campagne contre l’envahissement de la France par les Américains et pour la défense de l’industrie et du commerce français. Dès le début de la guerre d’Espagne, il est l’un des principaux soutiens nationalistes et du général Franco. Nommé, en 1943, consul général de France à Barcelone, il décède en Espagne en 1965.
HÉRISSON (Anne-Charles), 1831-1893 : Avocat et homme politique. Né à Surgy (Nièvre) le 12 octobre 1831, Hérisson est d’abord docteur en droit puis devient avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation. Elu maire de Paris (Vieme arrondissement) en 1871, il devient le représentant de la Haute-Saône à l’Assemblée nationale de 1874 à 1876, puis député de la Seine de 1878 à 1885.
Ce franc-maçon est nommé ministre des Travaux publics du 10 août 1882 au 20 février 1883 dans les cabinets Duclerc et Fallières et défend son budget afin de mener a terme les travaux engagés par ses prédécesseurs. Ministre du Commerce du 21 février 1883 au 14 octobre 1884 dans second cabinet Ferry, il autorise de nouveau l’importation de salaisons de porc en provenance des Etats-Unis. Il décède à Surgy le 23 novembre 1893.
Son fère Marie-Sylvestre Hérisson, né à Surgy le 2 août 1835 est élu député de la Nièvre de 1881 à 1889. Battu aux élections législatives, puis aux élections sénatoriales, il est élu enfin séntauer en 1896, réélu en 1897. Il décède en cours de mandat à Surgy le 6 septembre 1900.
HÉROULT (Paul-Louis-Toussaint), 1863-1914 : Physicien. Né le 10 avril 1863 à Thury-Harcourt (Calvados), Paul Héroult, ingénieur des Mines, se lance dans des travaux portant sur l’électrosidérurgie et sur la production d'aluminium. En électrosidérurgie, Héroult est le véritable inventeur des fours à électrode verticales, et le type de four créé par lui est encore de beaucoup le plus répandu et son procédé pour la fabrication de l’aluminium, découvert en 1886, est, le seul procédé industriel d’extraction de ce métalL Paul Héroult est connu pour d'autres inventions, parmi lesquelles la conduite auto-portée (inventé en 1896 à l'usine de la Praz) toujours utilisée pour transporter l'eau du haut des montagnes, au-dessus des rivières jusqu'aux usines hydrauliques, évitant ainsi la construction onéreuse de ponts. Il a travaillé sur des projets d'hydroglisseurs (1904). En 1903, il reçoit le titre de docteur honoris causas de l'Université d'Aix-la-Chapelle. En 1904, il est fait chevalier de la légion d'honneur. Paul Héroult meurt le 9 mai 1914 à Antibes.
HERR (Lucien), 1864-1926 : Bibliothécaire. Né en 1864 à Altkirch, Lucien Herr, dont la famille choisit en 1872 de rester française, devient bachelier à 15 ans, agrégé de philosophie à 22 et voyage à sa sortie de l’Ecole en Allemagne et en Russie. En 1888, il est nommé bibliothécaire de l'Ecole normale supérieure. Il conservera ce poste jusqu'à sa mort. Parallèlement, il collabore à de nombreuses revues et devient secrétaire de rédaction de la Revue de Paris. A partir de 1889, il milite au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire et, en 1892, sa rencontre avec Jaurès amène ce dernier à une « conversion » au socialisme. Pendant l'affaire Dreyfus, Lucien Herr mène, avec Zola, Clemenceau, Jaurès, Lazare, Scheurer-Kestner et Péguy, un infatigable combat pour la vérité. Très lié à Léon Blum, il amène de nombreux normaliens sur la voie du socialisme. En 1904, il co-fonde avec Jean Jaurès le quotidien l'Humanité et favorise par son intense travail militant au sein du « Groupe de l'unité socialiste » qui aboutit en avril 1905 au Congrès d'unification du Globe et à la création de la SFIO..
Il exerce une influence sur nombre d'intellectuels de l'époque comme Léon Blum, Charles Péguy, Charles Andler. Il participe avec Jaurès à la fondation du journal L'Humanité auquel il donnera son nom. Après la Première Guerre mondiale, il contribue à renouer les relations intellectuelles avec les allemands et, dès 1920, reçoit pour mission de négocier à Berlin le réapprovisionnement des bibliothèques de France.
Directeur du Musée pédagogique en 1916, il meurt à Paris en 1926.
ANDLER (C.) : Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932.
HERRIOT (Edouard), 1872-1957: Professeur et homme politique. Edouard Herriot est à Troyes (Aube), le 5 juillet 1872, non pas, comme il s’est plu à le dire, dans une famille du peuple mais das un milieu qui avait déjà entamé son ascension sociale.Son arrière-grand-père était manœuvre, son grand-père caporal, son père un officier sorti du rang. Edouard va profiter des possibilités de promotions sociale que l’école républicaine offre aux latinistes brillants. En 1887, lors d’une visite au lycée de la Roche-sur-Yon, un inspecteur général remarque ses dons en version latine et lui offre une bourse au collège Sainte-Barbe afin de pouvoir préparer le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Ainsi, venu à Paris, Edouard Herriot se révèle un élève brillant. Il se lie, à la même époque, avec l’écrivain Maurice Barrès chez qui sa tante Céleste est gouvernante. En 1891, il intègre la section lettres de la rue d’Ulm qu’il décrit comme « un foyer de liberté ». Ayant peu de goût pour la philosophie, d’autant plus qu’il ne partage pas l’admiration de ses maîtres pour l’école de pensée allemande, il opte pour l’agrégation de lettres où il obtient la première place. Herriot est une illustration parfaite de ces professeurs qui vont entrer en République pour améliorer le fonctionnement d’un système dont les fondements sont, sans conteste aucun à leurs yeux, les meilleurs possibles. Sur un plan plus intime, ses trois années passées à la rue d’Ulm lui font perdre les dernières traces de sa foi et le confortent dans une position de rationalisme critique.
Après avoir effectué son service militaire, Herriot est nommé à Nantes en 1895 puis l’année suivante, il prend une classe de rhétorique au lycée Ampère à Lyon. Parmi les « khâgneux » qui suivent ses cours se trouvent de futurs dirigeants du radicalisme comme Edouard Daladier ou Yvon Delbos. Ses conférences à la faculté de lettres valent au jeune professeur de faire son entrée dans les salons de la bonne société de tendance libérale, chez les Aynard par exemple, ou radicale. Il y rencontre sa future femme Blanche Rebatel et jusqu’à la trentraine, il ne se soucie guère de la politique bien qu’il ait adhéré au comité radical du Vième arrondissement de Lyon.
Comme beaucoup d’autres hommes de sa génération, l’affaire Dreyfus marque son entrée en politique, spécialement après le suicide du colonel Henry, en août 1898, qui le pousse dans le camp des partisans de l’Affaire. Devenu membre de la Ligue des droits de l’Homme, il révèle ses dons d’orateurs. En mai 1904, arès s’être difficilement fléchir par le docteur Victor Augagneur, maire de Lyon, il est élu conseiller municipal du Ier arrondissement de Lyon puis adjoint au maire, chargé de l’enseignement. L’année suivante marque un tournant de sa vie. Il soutient sa thèse principale consacrée à « Madame Récamier et ses amis », ainsi qu’une thèse secondaire sur des « Fragments politiques » de Madame de Staël. Enfin, Victor Augagneur devient gouverneur de Madagascar. Le fauteuil de maire devient alors vacant et avec le soutien de ce dernier, que Herriot est élu maire de Lyon le 3 novembre. Fauteuil qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dès lors, il se découvre une tature d’homme politique de premier plan. De constitution physique robuste, gros mangeur et dormant peu, il est un travailleur infatigable doublé d’un orateur d’exception. L’homme cultive une certaine bonhomie et son profil débonnaire de fumeur de pipe est bien connu de ses administrés dont il reçoit souvent les doléances au cours de ses promenades lyonnaises dominicales. Considérant que la ‘commune est la cellule essentielle de la patrie, il fait preuve d’audace et d’efficacité dans sa gestion. L’une de ses premières décisions du nouveau maire a des conséquences décisives sur l’urbanise lyonnais : il nomme architecte de la ville Tony Garnier, qui peut mettre en pratique les programmes proposés dans la Cité industrielle. L’exemple le plus concret reste la construction de l’hôpital municipal de Grange-Blanche. Dans le logement social, la collaboration de Garnier et d’Herriot va aboutir à la mise en place de l’un des premiers grans ensemble de France, la cité des Etats-Unis. Novateur en matière d’aménagement urbain, il ne l’est pas moins en ce qui concerne l’éducation, avec l’attribution de bourses aux élèves de l’enseignement primaire, ou dans son action sociale en créant une maison des mères.
L’un des principaux traits rarement évoqué du principat d’Edouard Herriot est la falsification des recensements lyonnais. Sand doute un Lyonnais sur cinq est un faux.
Il parvient au premier plan du Parti radical à partir de 1906, côtoyant des figures telles qu’Emile Combes, Théodore Steeg ou Albert Sarraut. Elu conseiller général du Rhône en 1910, il fait une entrée discrète au Sénat deux ans plus tard. La Première Guerre mondiale offre à Herriot l’occasion de montrer ses qualités de gestionnaire, en ralançant notamment en 1916, la très ancienne foire de Lyon. Le 12 décembre de la même année, c’est à quarante-quatre ans qu’il devient ministre pour la première fois dans le gouvernement Briand (décembre 1916-mars 1917) où il en charge du portefeuille des Travaux-publics, des Transports et du Ravitaillement. L’institution de la carte de pain va faire de lui le ministre de la pénurie et du rationnement. Sa réputation de bon gestionnaire de Lyon pendant les premères années du conflit et la publication de son ouvrage Agir, dans lequel il élabore un plan pour la renaissance que doit connaître la France de l’après-guerre, ne sont pas étrangères à cette promotion. Cependant ces quelques mois difficiles marquent la fin de son apprentissage politique et lui confèrent une stature nationale.
En septembre 1919, Herriot est élu président du Parti radical, grâce au nombre grandissant d’adversaires qu’y compte le Tigre. La première année de son mandat à la tête du Parti radical commence mal. Herriot est contesté par tous au sein du parti et il n’en est que le « chef nominal ». Il va essayer de reconstruire un parti que tous disent à l’agonie après la victoire du Bloc national en choisissant l’orientation à gauche, ce qui, pour lui, signifie la défense du régime républicain. Ce choix statégique dui doit aboutir au Cartel des gauches ne l’empêche pas de privilégier les notables aux dépens des militants.
Au même moment, il quitte le Sénat pour entrer au Palais-Bourbon (novembre 1919) où domine une large majorité de droite. Bénéficiant de l’affaiblissement socialiste lié à la scission du Congrès de Tours, il devient de facto le chef de la gauche parlementaire. Poursuivant la tradition laïque, il s’oppose vigoureusement au rétablissement d’une ambassade de France à Rome et au maintien du Concordat de 1801 dans les territoires recouvrés. Convaincu que l’avenir de l’Europe réside dans une entente franco-allemande, il souhaite assoulir la position française dans la délicate question des réparations.
Ayant ancré son parti à gauche, il se rapproche avec circonspection de la SFIO en lançant des appels à l’union. Sans réellement surmonter leurs nombreuses divergences, tant de politique extérieure qu’économique, les deux formations se retrouvent dans leur commune hostilité au Bloc national qui, selon elles, bafoue les principes républicains. La stratégie s’avère payante puisque, aux élections législatives de mai 1924, le Cartel des gauchhes obtient la majorité à l’Assemblée nationale.
On le sait, la victoire du Cartel des gauches va entraîner la démission du président de la République Alexandre Millerand. Cette démission, Herriot a tout fait pour l’éviter : elle lui a été imposée par les groupes de pression de son propre camp L’election de Gaston Doumergue à la présidence de la République aux dépens de Painlevé, le candidat officiel du Cartel, est un nouveau camouflet pour Herriot qui mesure ainsi les faiblesses de sa majorité. Cependant, le 15 juin, deux jours après l’élection de Doumergue, il constitue un gouvernement largement radical mais il comprend très rapidement l’extrême précarité de sa situation en s’épuisant à d’incessantes négociations, non seulement avec le Parlement (le Sénat lui st hostile), mais surtout avec ses alliés théoriques de la SFIO.
D’emblée, il donne un gage de bonne volonté à sa majorité en faisant transférer, le 23 novembre 1924, les cendres de Jean Jaurès au Panthéon. De manière moins symbolique, il réaffirme sa volonté de laïcisation en tentant d’éteindre l’application de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat à l’Alsace et à la Lorraine, ou bien en réclamant la fermeture de l’ambassade de France rétablie au Vatican depuis 1921. Accusé de vouloir revenir à un anticléricalisme militant qui n’est plus de mise, il se déprécie dans l’opinion publique. En matière de politique étrangère, il s’efforce de régler la question des réparations en adhérant au plan Dawes, de renforcer la SDN, il se rapproche des Britanniques et il reconnaît l’Union soviétique en octobre 1924. En matière de politique sociale, il répond à l’attente de la CGT en intituant, en janvier 1925, le Conseil national économique. Plus importante quant à ses conséquences est l’autorisation de se syndiquer accordée aux fonctionnaires. Violemment attaqué par la droite, pour ses tentatives malheureuses d’arbitrage lors des conflits sociaux, le gouvernement ne séduit pas non plus les socialistes, ni a fortiori les communistes qui le jugent timoré.
Herriot, qui est peu au fait des questions économiques, pourtant essentielles depuis la fin de la guerre, provoque l’ire des milieux financiers en proposant, sous la pression des socialistes, l’instauration de l’impôt sur le capital. En désaccord avec son ministre des Finances, Herrit dénonce dans une formule restée célèbre, le « mur d’argent » avant de chuter le 11 avril 1925 moins d’un an après sa constitution. Painlevé lui succède et Herriot est élu président de la Chambre.
En juillet 1926, piégé par le président de la République qui veut démontrer à l’opinion les contradictions de sa politique, Herriot tente de former un nouveau gouvernement à partir du 20. La panique financière qui s’ensuit est telle qu’il est renversé dès le lendemain, autorisant ainsi le retour triomphal de Poincaré en sauveur du franc.
Dès le lendemain, Herriot accepte de devenir ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement Poincaré. Dès lors la position du maire de Lyon est des plus inconfortables au sein de son parti. L’aile gauche avec Edouard Daladier, mène campagne contre lui et Herriot doit abandonner la présidence du Parti radical à Albert Sarraut. Deux ans plus tard, pour éviter toute scission du Parti radical de plus en plus hostile à la participation ministérielle, Herriot démissionne du gouvernement Poincaré. Pour autant, Herriot ne s’avoue pas vaincu et entame la reconquête du Parti radical dont Daladier est le président. A Lyon, à l’occasion de la seconde crise municipale provoquée par le parti de Léon Blum, Herriot se afit élire triomphalement en définissant une politique centriste qui apparaît aux yeux des radicaux comme une solution à leurs difficultés. Ses succès locaux sont confirmés au plan national et Herriot retrouve la présidence du Parti radical en 1931. Il remporte les élections de mai 1932 grâce à une tactique de séistements réciproques mis en place avec la SFIO qui, une nouvelle fois, n’accorde qu‘ « un soutien sans participation » à son troisième cabinet. En effet, Herriot est nommé président du Conseil le 3 juin 1932. Il gouverne alors au centre, recevant meêm l’appui de la droite pour son action de déflation économique ou pour sa politique étrangère, ce qui suscite la colère socialiste et le conduit inévitablement à la démission, le 14 décembre 1932.
Bien que touché par le discrédit dont sont victimes les radicaux après l’affaire Stavisky, Herriot entre au gouvernement dit de « trêve » formé par Doumergue, en mars 1934, en tant que ministre d’Etat Il conserve ce titre jusqu’en janvier 1936 dans les gouvernements Flandin et Laval, au même moment où se constitue le Front populaire. Au plan local, fidèle à son choix centriste, il est réélu maire de Lyon en s’assurant une majorité absolue contre la gauche et contre la droite. Ayant abandonné la tête du Parti radical à Daladier, en décembre 1935, il quitte le gouvernement un mois plus tard, sans se douter qu’il renonce à l’avant-scène politique. En dépit de ses réserves à l’égard du Front populaire, il redevient président de la Chambre des députés en juin 1936. Il retrouve, non sans ironie, dans l’échec du Front populaire et de son chef Léon Blum, un sentiment de déjà vu. Il fait d’ailleurs partie de ceux qui ont contribué à sa dislocation.
La denière législature de la IIIème République est une nouvelle occasion de reclassement : Herriot est désormais favorable à l’union des gauches et la crise de Munich révèle son opposition à la politique de Daladier. Il assiste consterné à la mise à mort des valeurs républicaines qui ont fondé son engagement, lors du vote des pleins pouvoirs au Maréchal le 10 juillet 1940. S’opposant au régime de Vichy, il est emprisonné en Allemagne en 1944. Après la guerre, il continue sa carrière politique en éant réélu notamment à la présidence du Parti radical. Ayant pris froid, il entre à l’hôpital de Saint-Genis-Laval et y meurt le 26 mars 1956.
BERNSTEIN (S.) : Edouard Herriot ou la République en personne, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1985.
BERNSTEIN (S.) : Histoire du Parti radical, 2 volumes, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1990 et 1982.
BRUYAS (J.) : Edouard Herriot, Paris, Editions Horvath, 1985.
CHAUVY (G.): Edouard Herriot (1872-1956) ou le radicalisme triomphant, Lyon, LUGD, 1996.
Edouard Herriot, études et témoignages, Paris, Publications de la Sorbonne, 1975.
JEANNENEY (Jean-Noël) : Leçon d’histoire pour une gauche au pouvoir. La faillite du Cartel (1924-1926), Paris Le Seuil, 1976.
MURON (L.) : Edouard Herriot, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1997.
SOULIE (M.) : La Vie politique d’Edouard Herriot, Paris, Armand Colin, 1962.
HERVÉ (Edouard), 1835-1899 : Journaliste. Orignaire de Saint-Denis-de-la-Réunion, Edouard Hervé sort major de l’Ecole normale et se lance dans le journalisme. Libéral sous l’Empire, il collabore au Courrier du dimanche, puis crée en 1867, Le Journal de Paris, journald d’opposition. Mais c’est surtout avec Le Soleil, qu’il fonde en 1873, qu’Edouard Hervé acquiert une grande notoriété dans la presse française. Ce libéral d’avant 1870 se mue en monarchiste sous la Troisième République. Il tente de rapprocher les deux branches de la famille royale et surtout les deux tendances du mouvement royaliste. C’est en vain. Il prend brusquement le parti des orléanistes et rompt avec les légitimistes. Le Soleil était devenu l’organe du parti orléaniste et Edouard Hervé le conseiller intime et écouté du comte de Paris. A ce titre, il peut être considéré comme l’un des inspirateurs du mouvement monarchiste d’avant la période qui précède la venue du mouvement d’Action française. Elu à l’Académie française en 1886, il est l’auteur de La Presse et la législation de 1852.
HERVÉ (Gustave), 1871-1944 : Journaliste. Né à Brest (Finistère) en 1871, Gustave Hervé est d’abord professeur de l’Université qu’il doit quitter en 1901, à la suite d’un procès retentissant motivé par les articles antimilitaristes qu’il avait donnés au journal le Pioupiou de l’Yonne. Il se fait ensuite inscrire au barreau en 1908, et fonde le journal socialiste la Guerre sociale. Lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale, il se signale par l’ardeur de ses sentiments patriotiques, abandonne le parti socialiste en 1916, donne à son journal le titre de la Victoire, combat le défaitisme et soutient le ministère Clemenceau. Son évolution politique s’est accentuée par son retour aux idées de conservation sociale comme par l’intransigeance de son patriotisme. Auteur de nombreux ouvrages : Leur Patrie (1910) ; Mes crimes, ou onze ans de prison pour délits de presse. Modeste contribution on à l'histoire de la liberté de a presse sous la 3e République (1912) ; La conquête de l'armée (1913) ; L'Alsace Lorraine (1913) ; Propos d'après guerre (1919) ; Après la Marne (1915) ; La patrie en danger (1915) ; Nouvelle histoire de France (1930) ; Nouvelle histoire de l'Europe (1931) ; C'est Pétain qu'il nous faut (1935). Il décède à Paris en 1944.
Gilles Heuré, Gustave Hervé. Itinéraire d'un provocateur. De l'antipatriotisme au pétainisme, Paris, La Découverte, collection L'espace de l'histoire, 1997.
HERVEY (Maurice-Paul), 1855-1936 : Officier et homme politique. Né à Paris le 12 novembre 1855, ancien élève de Polytechnique, breveté de l’Ecole de Guerre, Hervey démissionne de l’armée en 1890 pour exploiter un domaine familial. Conseiller général, il est élu sénateur de l’Eure en 1912 et réélu sans interruption jusqu’à sa mort, en cours de mandat, survenue à Notre-Dame-du-Vaudreuil (Eure) le 14 novembre 1936. Il avait été vice-président du Sénat de 1925 à 1928.
HERVIEU (Paul-Ernest), 1857-1915 : Auteur dramatique. Né à Neuilly-sur-Seine (Seine) le 2 novembre 1857, issu d'une famille bourgeoise, Paul Hervieu se destine tout d’abord au barreau, devient avocat et fréquente un moment les milieux politiques. Il obtient en 1881 un poste d’attaché d’ambassade à Mexico. Il démissionne et intéressé surtout par la littérature, il se consacre principalement à l’écriture, tout en fréquentant des salons littéraires et mondains.
En 1883, commence sa longue amitié avec Octave Mirbeau, dont il devient le confident. Il collabore cette année-là, sous le pseudonyme de Liris, à l'éphémère revue que fonde son nouvel ami, Les Grimaces, hebdomadaire satirique et de combat anti-opportuniste, mais aussi antisémite. Pourtant, à l'instar de Mirbeau, qui fera partie des intellectuels dreyfusistes les plus engagés, Hervieu sera dreyfusard, ce qui lui vaudra un échec lors de sa première candidature académique.
Préoccupé par les problèmes sociaux de son époque, il les expose dans des romans psychologiques et mondains, à la manière de Paul Bourget tels que Diogène le Chien (1882) ; La Bêtise parisienne : Choses de l'amour, Insinuations psychologiques, Curieux usages, Croquis, du Costume féminin. (1882) ; Les Yeux verts et les yeux bleus (1886) ; L'Alpe homicide (1886) ; L'Inconnu (1887) ; Deux Plaisanteries : Histoire d'un duel, Aux Affaires étrangères (1888) ; Flirt (1890) ; Peints par eux-mêmes (1893) ; Œuvres : Diogène le Chien, l'Esquimau, Argile de femme, Une scène de collège, Krab, la Matrone adultère, Attentat à la pudeur, Guignol, Prologue de l'Incendie de Sodome, Peints par eux-mêmes (2 volumes, 1894-1898) ; L'Armature, roman (1895) ; Le Petit Duc. Figures falotes et figures sombres (1896) ; Le Bienheureux du Val de Pralognan (1921), et dans des pièces de théâtre, volontiers moralisatrices comme Les Paroles restent, (1892) ; Point de lendemain (1895) ; Les Tenailles (1895) ; La Loi de l'homme (1897) ; La Course au flambeau (1901) ; L'Énigme (1901) ; Théroigne de Méricourt (1902) ; Le Dédale (1903) ; L'Armature (1905) ; Le Réveil (1905) ; Connais-toi (1909) ; Modestie (1909) ; Bagatelle (1912) ; Le Destin est Maitre (1914). Voulant analyser rigoureusement une situation et en montrer les conséquences inéluctables, il met en scène des personnages qui se conduisent avec une logique extrême, sans la moindre humanité, attentifs uniquement au sentiment du devoir et aux conventions sociales. Elu à l’Académie française en 1900, il décède à Paris le 25 octobre 1915.
HESTAUX (Louis), 1858-1919 : Dessinateur, peintre et décorateur. En 1871, la famille Hestaux quitte la ville de Metz annexée et s'implante à Nancy. Louis Hestaux commence sa formation artistique à Nancy en suivant les cours du soir de l'Ecole municipale de dessin de 1872 à 1873. Il entre comme dessinateur chez Gallé en 1876 et en devient l'un des principaux collaborateurs jusqu'en 1919, assurant la direction artistique de l'entreprise à la mort d'Emile Gallé.Participant à l'élaboration de pièces d'exception comme la table Le Rhin ou la jardinière Flora marina, Flora exotica présentées à l'Exposition universelle de 1889, Louis Hestaux réalise également des décors pour des pièces de grande série. Il expose à son compte de nombreux meubles et objets décoratifs menuisés d'inspiration symboliste, ainsi que des dessins, aquarelles et peintures. Décorateur, il fournit des décors de tissus à Charles Fridrich, édités par la Maison d'Art Lorraine.
Louis Hestaux est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901. Il décède à Nancy en 1919.
HEUZEY (Louis-Charles-Léon), 1863-1901 : Industriel et homme politique. Né à Paris le 25 décembre 1863, Heuezy est le petit-fils d’un ancien député de la Mayenne et le fils d’un archéologue membre de l’Institut. Licencié en droit, il est élu député de Laval en 1898 et s’inscrit au groupe préogressiste. il décède en cours de mandat à Paris le 19 juin 1901. Ce décès entraîne une élection partielle à laquelle se présente Pierre Heuzey, avocat et propriétaire, né à Paris le 5 mars 1875 se présente aux élections législatives de 1910 où il est élu dans la Nièvre. Neuf jours plus tard, il se tue accidentellement et décèdé à Paris le 18 juin 1910.
Son frère, Charles-Eugène Heuzy, propriétaire, né à Paris le 31 juillet 1876 est élu député de la Nièvre en 1910 et s’inscrit à la gauche radicale. Il abandonne la vie politique en 1914 et décède à Paris le 3 octobre 1938.
HIRSCHAUER (Auguste-Edouard), 1857-1944 : Général et homme politique. Né en 1857, fils d’un commissaire spécial des chemins de fer, Hirschauer sort de Polytechnique a dix-neuf ans. Il entre dans le Génie, sort premier de l’Ecole de Guerre en 1889 et est officier d’ordonnance du chef d’état-major de l’armée. Général de brigade en 1914, il commande le Génie du camp retranché de Paris. En 1915, il commande une brigade d’infanterie, puis, général de division, le 18ème Corps d’armée et en 1917, la 2ème armée. Au moment de l’armistice de 1918, il est nommé gouverneur de Strasbourg et, en 1919, admis au cadre de réserve. En 1920, il est élu sénateur de la Moselle, il le restera jusqu’en 1944. Il ne prend pas part au vote du 10 juillet 1940 sur l’attribution des pleins pouvoirs au méracal Pétai à cause de son éloignement. Il a collaboré a de nombreuses revues et fut administrateur de sociétés. Il décèdera en cours de mandat 1944.
HOMOSEXUALITÉ : Les années 1870-1940 constituent, en France, un tournant pour l ‘histoire des homosexualités. La fondation des premiers mouvements homosexuels militants, la mise en place dune scène homosexuelle active, et la visibilité nouvelle de l’homosexualité dans la littérature et la presse ne doivent cependant pas conduire à sous-estiméer la réalité et la répression et la prégnance des discours homophobes, qui continuent de se fire sentir, de manière différente suivant la classe, le genre ou le milieu d’origine des individis, durant toute la période.
C’est au XIXème siècle que le sodomite, « criminel devant Dieu » coupable d’un acte infamant méritant un châtiment supreme laisse la place à « l’homosexuel » criminel contre la société mis aussi le « malade » « pervers » « dégénéré » relevant autant du cabinet du médecin que du tribunal.
De fait, ce sont les théories médicales et psychiatriques qui ont plus que d’autres facteurs, contribué à la « spécification » de l’homosexualité selon l’expression de Michel Foucault. Pendant longtemps, la littérature médicale sur l’homosexualité se distingue par la confrontation de définitions contradictoires et par la multiplications de vocables concurrents, supposés cerner au plus près la réalité homosexuelle (Inversion, uranisme, unisexualité, bisexualité hermaphrodisme psychique sentiment sexuel contraire…). Désireux d’établir une nosologie de l’homosexualité, les médecins et psychiatres se mettent en quete de preuve physiologiques, susceptibles d’établir l’orientation sexuelle du sujet. Dans son ouvrage précurseur de 1857, Une étude médico-légale sur les attentats aux mœurs, Ambroise Tardieu, médecin conseil auprès des tribunaux, avait déjà dressé un eliste de « signes de la pédérastie », qui insistait sur l’apparence physique du sujet (maquillage vêtements clinquants, malprpreté) et distinguait homosexualité active et passive (repérable selon lui à la « déformation infundibuliforme de l’anus »). A la fin du XIXème siècle, ce sont les théoriciens de la dégénérescance qui rencontre le plus vif echo. L’homosexualité est alors définie comme une « perversion », qui peut-être innée (c’est « l’inverti-né »), et ne saurait donc être poursuivie pénalement, mais aussi acquise (par séduction, prostitution, vice) et qu’il convient alors de combattre par un traitement approprié. De manière générale, si certain psychiatres, comme Jean Martin Charcot ou Victor Magnan dans leur article « Inversion du sens génital et autres perversions sexualles », paru dans les Archives de neurologie en 1882, insistent sur les qualités viriles de leur patient, la plupart des médecins s’accordent au contraire à relever des signes inducutables de féminité chez l’homosexuel.
Malgré le caractère souvent infamant de telles descriptions , certaines lesbiennes comme certains homosexuels s’identifièrent aux stéréotypes médicaux, sans doute parce qu’ils fournissaient à la ois un modèle et une justification, et les intégrèrenent de manière toute nouvelle, dans leurs œuvres. Marce Proust dans Sodome et Gomorrhe (1921-1922), dresse ainsi un panorama exheausif des différentes théories médicales en vigueur sur l’homosexuaité au début du siècle.
Aussi, plus encore que les théories médicales, est-ce le scandale qui joue fréquemment le rôle révélateur de l’homosexualité auprès du grand public, notamment par les nouveaux médias de massr, squi cherchaient, en les régalant d’un habile mélange de faits divers et de « perversions », à captiver l’attention de lecteurs versatils. Ainsi, en novembre 1903, lors du procès du baron d’Adelswärd-Fersen et de son ami Albert Hamelin de Waren, accusés d’ »outrages publics à la pudeur » et d’ »incitation de mineurs à la débauche » sur la personne de jeunes collégiens du lycée Condorcet, qu’ils invitaient dans leur garçonnière sous le prétexte de lecture poétiques et de tableaux vivants.
Le lien entre effémiunement et homosexualité, suggéré par les travaux des médecins et des psychiatres, ne se fait donc que lentement. Si la figure du dandy décadent était idéalement incarn par Jean Lorrain ou Robert de Montesquiou.
Durant la Première Fuerre mondiale, le rejet de l’homosexuel du côté de l’étranger, voire de l’ennemi, laisse olaner le soupçon de trahison, d’autant plus que l’inverti, souvent accablé de tares supposées inhérentes à l’autre sexe, était représentée comme lâche et bavard, un danger piur la sécurité et la défense nationale. Dans Le Temps retrouvé (1927), Marce Proust en 1927, évoque le climat de suspicion qui entoure alors les homosexuels (la baron de Charlus est surnommé « Frau van den Bosch »)
Contrairement aux autres pays européens, les années 1870-1940 sont marquées en France par l’essor du militarisme homosexuel très limité. A la fois parce que l’homosexualité n’est pas condamnée par la loi et parce que l’affirmation homosexuelle de type communautaire se heurte au modème républicain universaliste qui accorde un statut aux individus, mais pas aux minorités. Si Corydon, publié en 1924, fait d’André Gide le héraut des homosexuels, il reste cantonné à la défense de la « pédérastie »., qu’il oppose à l’ « inversion », et entérine l’idée d’une homosexualité élitiste et intellectuelle qui ne correspond guère à la réalité de l’époque. Une revue baptisée Inversions est certes fondée en 1924 par Gustave Beyria et Gaston Lestrade, un employé de bureau et un employé des Postes, sur le modèle des revues allemandes, mais elle bénéficie d’aucun soutien de la part des milieux intellevctuels et littéraires, à des rares exceptions près, et disparaît rapidement, victime de la censure.
La visibilité de certains réseaux intellectuels ne doit cependant pas masquer la variété des subcultures homosexelles qui se mettent en place, dans les grandes villes europééennes de la fin du XIXème siècle. Avec Berlin, Paris s’affirmement comme l’une des capitales homosexuelles. Bien que la police organise une surveillance officieuse des principaix lieux de rencontre, comme les parcs, les quais de Seine, les bains publics, les promenoirs des théâtres, les arcades du Palais-Royal, les Champs-Elysées, la capitale française exerce une attraction réelle sur les homosexuel(le)s, soucieux (ses) d’échapper, dans la grande ville anonyme, au conformisme moralisateur de la province, ou à la surveillance inquisitrice de leur pays d’origine. Espace concédé par la ville sur ses marges, la subculture homosexuelle parisienne croise alors celle de la pègre et des bas-fonds, autour de Montmartre, Pigalle et Montparnasse. Si les bars homoseuels et lesbiens y sont nombreux, l’espérance de vie d’un établissement est cependant rarement supérieur à un an, en raison des rafles, des scandales fréquents qui ruinenet la réputation des clubs
HONNORAT (André), 1868-1950 : Homme politique. Né à Paris le 10 décembre 1868, André Honorat, est plusieurs fois chef de cabinet de ministres avant ce devenir député. A la Chambre, il se fait remarquer par l’intense activité qu’il déploie. Nommé ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts du 20 janvier 1920 au 15 janvier 1921 dans les deux cabinets Millerand et le ministère Leygues, il défend son budget et obtient le transfert, au Panthéon du cœur de Gambetta et la translation de la dépouille du soldat inconnu. Il décèdera à Paris le 24 juillet 1950.
HORIZONS NOUVEAUX : Journal de propagande française à l’étranger publié entre les deux guerres par Louis Dumat, ancien député national de Paris.
HOUX (Le) : Revue de propagande néo-nationaliste publiée au cours des années 1930 par Provost de la Fardinière, l’un des dirigeants des Jeunesses Patriotes.
HOVELACQUE(Abel), 1843-1896 : Linguiste et homme politique. Né à Paris le 14 novembre 1843, Abel Hovelacque devient, en 1876, professeur d’anthropologie linguistique à la fondation Broca. Conseiller municipal de Paris en 1878, réélu en 1881 mais battu en 1884, il est réélu en 1886 et 1887. Entre temps, il avait été battu aux élections législatives de 1881 et 1885 mais élu en 1889 comme républicain indépendant dans le département de la Seine. Son opposition au boulangisme le brouille avec son ami Rochefort. Ce franc-maçon dépose à la Chambre une proposition de loi tendant à la suppression des congrégations religieuses et à la nationalisation de leurs biens dès 1893.Il démissionne l’année suivante pour cause de santé et décède à Paris le 22 février 1896.
HUBBARD (Gustave-Adolpe-Acille-Nicolas), 1858-1927: Avocat et homme politique. Né à Madrid (Espagne) le 22 mai 1858, député de Seine-et-Oise de 1885 à 1898, ubbard interpelle le gouvernement en 1882 sur l’affaire Panama et, en 1893, sur la politique général. Mais, affilié à la franc-maçànnerie, il fait preuve d’un acharnement anticlérical que se manifeste par des amendements tendant à supprimer l’embassade de France au Vatican, à proposer la séparation des églises et de l’Etat et par des interpellations contre les manifestions ultramontaines des évêques de France, l’action politique du clergé et la diffusion des « catécismes électoraux ».. En 1898, il se présente à Fontainebleau où il est battu, puis en 1901 dans les Basses-Alpes où il est élu, ce qui lui permet de poursuivre son action anticléricale. Réélu en 1902, il ne se représente pas en 1906 et reprend sa place au barreau. Auteur d’ouvrages d’histoire sur l’Espagne, sur Les Communes de Paris et des Notions d’économie politique, il décède à Paris le 14 mai 1927.
HUBERT (Lucien), 1868-1938 : Administrateur et homme politique. Né au Chesne-Populeux (Ardennes) le 27 août 1868, Lucien Hubert, administrateur des colonies, est élu député des Ardennes en 1897 et réélu jusqu’en 1910, s’inscrivant au groupe de l’union démocratique et se spécialise dans les affaires étrangères. Il démissionne de son mandat de député en 1911 pour devenir sénateur des Ardennes et réélu jusqu’à sa mort. Contrôleur des armées en 1914-1918, il est, après l’armistice, rapporteur du budget des Affaires étrangères, puis des Colonies. Franc-maçon, il est délégué de la France à la Société des Nations de 1927 à 1929. Remarqué par Tardieu, celui-ci le fait entrer comme ministre de la Justice dans son premier cabinet du 3 novembre 1929 au 20 février 1930. Auteur de nombreux ouvrages littéraires, économiques et politiques, il décède à Charleville (Ardennes) le 18 mai 1938.
HUGO (Victor), 1802-1885 :
HUGON (Pierre), 1851-1933 : Médecin et homme politique. Né à Clavières (Cantal) le 28 août 1851, Pierre Hugon est élu député du Cantal en 1898 comme antidreyfusard, anticollectiviste, partisan de la neutralité religieuse et de l’impôt sur le revenu. Réélu en 1902 et 1906, il est battu en 1910 et, est réélu en 1914. Battu en 1919 et échouant aux élections législatives de 1924, il se retire de la vie politique et décède à Saint-Flour (Cantal) le 26 novembre 1933.
HUGUES (Léon-Charles-Frédéric), 1858-1931 : Manufacturier et homme politique. Né à Saint-Quentin (Aisne) le 19 avril 1858, Hugues est élu député de l’Aisne en 1907 e remplacement de son frère François (1848-1907). Battu en 1910 et en 1914, il retrouve son siège en 1919 pour le reperdre en 1924. Il décède à Saint-Quentin le 14 novembre 1931.
HUGUES (Paul-Marie-Antonin, vicomte d’), 1859- ?: Propriétaire agricole et homme politique. Né à Gap (Hautes-Alpes) le 12 septembre 1859, d’Hugues est le fondateur et directeur du Publicateur des Alpes et du Clairon des Alpes. Ami d’Edouard Drumont, il se présente à la députation dans les Basses-Alpes en 1893. Elu, il interpelle le gouvernement sur « les dangers de l’infiltration de la race juive en France ». Battu aux élections de 1898, on perd toute trace de son activité ultérieure.
HUGUET (Auguste-Victor), 1822-1919 : Propriétaire et homme politique. Né à Boulogne-sur-Mer (Calvados) le 28 décembre 1822, élu sénateur du Pas-de-Calais en 1876, Auguste Huguet le restera pendant quarante-trois ans en cinq mandats successifs. Doyen d’âge du Sénat depuis 1912, survivant des premières élections sénatoriales de la Troisième République, il décède en cours de madat à Boulogne-sur-Mer le 18 javier 1919.
HULIN (Pierre-Auguste-Gaston), 1882-1944: Avocat, journaliste et homme politique. Né à Poitiers (Vienne) le 24 juillet 1882, Gaston Hulin est le fils d’un mécanicien des chemins de fer. Iscrit au barreau de Poitiers, il devient journaliste à La France de Bordeaux et du Sud-Ouest. Il s’intéresse de près à la politique en militant au sein du parti radical socialiste et devient conseiller municipal de Poitiers puis conseiller général. Elu député de la Vienne de 1924 à 1928 pui de 1932 à 1936, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à la Guerre dans le premier cabinet Daladier du 31 janvier au 3 juillet 1933 mais il doit démissionner pour se défendre contre le barreau de Poitiers qui l’avait radié. Il décèdera à Gross Rosen (Allemagne) le 29 novembre 1944.
HUMBERT (affaire) :
HUMBERT (Gustave-Amédée), 1822-1894: Jurisconsulte et homme politique. Né à Metz (Moselle) le 28 juin 1822, Gustave Humbert est professeur agrégé de droit à Toulouse et à Grenoble. Il est élu, en 1871, député républicain modéré de la Haute-Garonne à l’Assemblée nationale. Elu sénateur inamovible en 1875, il devient vice-président du groupe de la gauche républicaine. Nommé ministre de la Justice et des Cultes du 30 janvier au 6 août 1882 dans le second cabinet Freycinet, il parvient à faire repousser les deux réformes embarrassantes souhaitées par le Parlement : l’organisation judiciaire et l’élection des juges. De plus, avec Jules Ferry, il mène a bien le projet de neutralité de l’école. La religion devient une matière facultative et le jeudi un jour ferrié destiné à permettre aux parents de faire donner une instruction religieuse à leurs enfants. Devenu premier président de la Cour des comptes en 1890, ce franc-maçon dirige, en partie, l’édition française du Manuel des institutions romaines de Mommsen de Marquardt. Il meurt à Beauzelle (Haute-Garonne) le 24 septembre 1894.
HUMBERT (Albert), 1835-1886: Ecrivain et dessinateur.
HUMBERT (Ferdinand), 1842-19 : Peintre d’histoire.
HUMBERT (Alphonse-Jean-Joseph), 1844-1922) : Journaliste et homme politique. Né à Paris le 21 février 1844, Humbert collabore très tôt à des feuilles d’opposition à l’Empire dont La Marseillaise, puis, partisan de la Commune, au Père Duchesne, ce qui lui vaut une condamnation aux travaux forcés à perpétuité par le conseil de guerre. Envoyé à Nouméa, il est amnisté en 1879 et, la même année, est nommé conseiller municipal de Paris. Battu aux élections législatives de 1879 dans le Vaucluse puis à la fois à Paris et à Lyon en 1881, il est condamné par le tribunal correctionnel pour apologies de faits qualifiés de crimes dans ses articles au Petit Parisien, à L’Intrasigeant, à L’Action, etc. Elu député radical-socialiste de la Seine en 1893, réélu en 1898, il est battu en 1902 et se retire de la vie politique. Il décède à Paris le 27 décembre 1922.
HUMBERT (Georges, Marie), 1859-1921: Mathématicien.
HUMBERT (Georges, Louis), 1862-1921: Général.
HUMBERT (Charles), 1866-1927: Officier, précepteur et homme politique. Né à Loison (Meuse) le 28 mai 1866, capitaine officier d’ordonnance du général André, ministre de la Guerre, il démissionne en 1904 pour protester contre l’affaire des fiches. Il devient précepteur jusqu’au moment où il est engagé au Matin comme secrétaire général. Elu député de la Meuse en 1906, il est sénateur de la Meuse de 1908 à 1920. Collaborant au Journal qu’il achète en 1915, il est accusé de l’avoir payé avec des fonds d’origine allemande. Il est arrêté le 12 février 1918, mais est acquitté plus tard. Battu aux élections sénatoriales de 1920, il se retire de la vie politique. Il a écrit plusieurs ouvrages dont : Sommes-nous défendus ? ou L’œuvre française aux colonies… Il décède à Paris le 1er novembre 1927.
HUMBERT (Eugène-Jean-Baptiste), 1870-1944 : Représentant de commerce. Né à Metz le 6 mars 1870, militant libertaire, il est le gérant et l’administrateur de la revue Régénération créée par paul Robin, de 1896 à 1908. Il est le créateur et animateur du périodique néo-malthusien Génération Consciente (1908-1914), et de La Grande Réforme (1931-1939). Il décèdera à Amiens le 25 juin 1944.
HUYGHENS (cahiers de) :
HUYSMANS (Joris-Karl), 1848-1907 : Ecrivain et critique d’art. Né à Paris le 5 février 1848, Joris-Karl Huysmans descend d'une longue lignée d'artistes peintres flamands. Poursuivant une carrière de fonctionnaire pendant trente ans, il publie à compte d'auteur en 1874 un recueil de poèmes intitulé Le Drageoir à épices qui est réédité et rebaptisé l'année suivante Le drageoir aux épices. En 1876, il édite son premier roman Marthe, histoire d'une fille suivi de Les Sœurs Vatard (1879). Il participe à la publication en 1880 d'un recueil collectif intitulé Les Soirées de Médan, véritable manifeste en acte du naturalisme, où il insère Sac au dos (1880). Ses œuvres peignent alors des existences ternes et une vie quotidienne fade dans En Ménage (1881) et À vau-l'eau (publié à part en 1882). Déjà apparaissent son pessimisme et son dégoût pour un monde moderne composé « de sacripants et d'imbéciles ».
À rebours (1884) rompt nettement avec l'esthétique naturaliste ; les « tendances vers l'artifice » du héros, Des Esseintes, sont, « au fond, des élans vers un idéal ». Un autre personnage, Durtal (Là-bas, 1891), exprime aussi l'évolution que connaît Huysmans ; cette étape satanique, où se mêlent occultisme et sensualité, précède sa conversion à la foi chrétienne (La Cathédrale, 1898 et L'Oblat, 1903 ; Sainte Lydwine de Schiedam ; 1901) à laquelle l'ont amené des préoccupations esthétiques : l'écrivain, en effet, en vient au catholicisme, attiré par l'art qu'il avait fondé, comme il avait été séduit par le talent des impressionnistes (Degas, Monet, Pissarro, Odilon Redon) dont il se fait le défenseur dans L'Art moderne (1883).
Au terme d'une difficile évolution, Huysmans cherche à « atteindre les en deçà et les après », à faire un « naturalisme spiritualiste » tout en gardant son goût du détail cru, des termes rares et de la brutalité véhémente du style, « la langue étoffée et nerveuse du réalisme ». Il se retire chez les bénédictines à Paris. On lui découvre un cancer de la machoire en 1905. Conformément à ses convictions religieuses, il décide d'accepter la douleur et de ne rien faire pour la soulager. Il meurt deux ans plus tard, le 12 mai 1907 à Paris.
BALDICK (R.) : Vie de J.K. Huysmans, Denoël, 1975.
BORIE (J.) : Huysmans, le Diable, le célibataire et Dieu, Grasset et Fasquelle, 1991.
LOCMANT (P.) : J.-K. Huysmans, Le forçat de la vie, Bartillat, 2007.
HYMANS (Max-Robert), 1900-1961: Ingénieur, avocat et homme politique. Né à Paris le 2 mars 1900, Max Hymans, ingénieur des Arts et Manufactures devient avocat à la cour de Paris en 1927, puis se dirige vers la politique. Il est élu comme député de l'Indre de 1928 à 1942. Au cours de sa carrière politique, il sera successivement membre de la Commission des Finances, rapporteur du budget de l'Air, puis nommé sous-secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Industrie (il sera à ce titre responsable de l'Exposition internationale de 1937) dans le troisième cabinet Chautemps du 22 juin 1937 au 17 janvier 1938, puis au Finances du 18 janvier au 12 mars 1938 dans le quatrième cabinet Chautemps. .En 1939, dans l'Artillerie, il fait preuve de son courage et de son patriotisme. Surtout resté célèbre pour avoir crée Air France, il décèdera à Saint-Cloud le 7 mars 1961
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