Exposition universelle de 1889 : Construction de la Tour Eiffel  

 

1870-1940

 

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   HISTOIRE DE FRANCE
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70 ans d'histoire (1870-1940)

 

FABRY (Jean), 1876-1968 : Officier et homme politique. Né à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) le 6 juin 1876, Jean Fabry est officier de chasseurs alpins, diplômé de Saint-Cyr et de l’Ecole de guerre. Il perd une jambe au combat en 1915 et refusant sa mise à la retraite, il met sur pied l’Ecole des officiers d’état-major puis part avec le Joffre aux Etats-Unis, comme chef de cabinet, afin de négocier l’entrée des Américains dans la guerre. Journaliste, il collabore à L’Avenir dont il devient le rédacteur puis le directeur. Député de Paris de 1919 à 1936, il suit de très près les questions militaires. Représentant de France à la commission des armements de la SDN, il entre au gouvernement dans le 3ème cabinet Poincaré et le ministère François-Marsal du 29 mars au 13 juin 1924 comme ministre des Colonies. A la suite des élections du 11 mai 1924, redevenu député, il est élu président de la commission de la Défense. C’est un ardent avocat de la ligne Maginot et un adversaire acharné de toute mesure allant contre l’esprit du traité de Versailles Daladier lui propose dans son second cabinet le portefeuille de la Défense nationale et de la Guerre qu’il administre du 30 janvier au 4 février 1934, mais il démissionne quelques jours plus tard quand il apprend le déplacement du préfet de police Chiappe. Il retrouve ce portefeuille dans le quatrième Il retrouve le portefeuille de la Guerre du 7 juin 1935 au 23 janvier 1936 dans le quatrième cabinet Laval où il bénéficie enfin d’un peu de temps pour diriger son administration. En six mois, il crée un fonds d’armement commun à toutes les armes et se montre favorable à l’armée de métier. Sénateur du Doubs de 1936 à la guerre, ile 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et est déclaré inéligible à la Libération. Il décèdera Montreuil-sous-Bois le 1er juin 1968.

FACHODA (Crise de) : L'Afrique, principal champ de l'expansion coloniale européenne du XIXe siècle, est le théâtre d'une concurrence entre les États européens. Alors que la France envisage une conquête territoriale suivant un axe est-ouest de Dakar à Djibouti, le Royaume-Uni vise la constitution d'une continuité territoriale entre Le Caire et Le Cap, c'est-à-dire suivant un axe nord-sud. La croisée de ces deux axes donne lieu à la confrontation de Fachoda, en 1898. Fachoda est une ville du Soudan, située sur la rive droite du Nil Blanc. Ancienne garnison égyptienne qui a été abandonnée en 1884, c'est donc une ville en ruine que se disputent les puissances européennes. Mais elle représentait la place principale de tout le Bahr al-Ghazal, immense territoire d'une superficie équivalente à celle de la France. En 1897, le capitaine Jean-Baptiste Marchand partit de la côte atlantique de l'Afrique pour une expédition vers l'est, à travers la forêt tropicale avec 13 officiers et sous-officiers blancs, 150 tirailleurs sénégalais et plusieurs milliers de porteurs. Deux autres expéditions devaient le rejoindre depuis l'Éthiopie mais subirent différentes vicissitudes qui les en empêchèrent. Cependant deux membres de l'une d'entre elles se trouvèrent à Fachoda en compagnie du Négus d'Éthiopie 40 jours avant l'arrivée de Marchand et y plantèrent même le drapeau français, drapeau que ne découvrit pas Marchand parvenu sur le Nil en juillet 1898 et qui occupa Fachoda le 13. Le 25 août un combat les opposa à 3000 derviches mahdistes montés sur deux steamers le Safieh et le Tewfikieh. Une expédition belge commandée par le baron Francis Thanis était également parti de Stanleyville au Congo belge vers Fachoda en septembre 1896 avec 5000 fantassins indigènes et 37 canons. Elle atteignit le lac Albert en février 1897. Cependant l'avant-garde ne tarda pas à se rebeller en avril et ses hommes, de l'ethnie cannibale des Tetela se retournèrent contre leurs officiers puis le 18 mars attaquèrent le gros de la colonne dont les hommes se rangèrent du côté de leurs congénères. Les Belges mirent trois années à réprimer cette révolte, ce qui les mit hors de la course. Les deux protagonistes avaient profité d'un apparent désintérêt anglais pour le Soudan. Les Britanniques défendaient les intérêts égyptiens mais avaient perdu le Soudan depuis la révolte madhiste et la mort du général Gordon à Khartoum le 26 janvier 1885. À la même époque une armée britannique, sous les ordres de Lord Kitchener remontait le Nil pour affronter l'armée mahdiste. Partie le 18 mars 1896 la force britannique – qui faisait construire une ligne ferroviaire sur son trajet –, atteignit la capitale soudanaise, Omdurman le 30 août 1898 au terme d'une longue campagne, et, le 2 septembre, vainquit les 45 000 derviches à la bataille d'Omdurman. Quelques jours après les Anglais capturaient le Tewfikieh qui revenait de Fachoda et leur apprit la présence d'Européens. Le 18 septembre, Kitchener et ses 20 000 hommes entrèrent dans la ville et rencontrèrent Marchand et ses 250 hommes pour protester au nom du khédive. Kitchener plaça la région sous la loi martiale en attendant une décision diplomatique. Le gouvernement français de Henri Brisson (sous la présidence de Félix Faure) reçut aussitôt un ultimatum de Londres lui intimant de faire se retirer la colonne Marchand. La France était alors en pleine Affaire Dreyfus dont l'une des thématiques était la trahison nationale, et l'opinion publique appela à en découdre avec l'ennemi héréditaire. De son côté l'opinion anglaise acceptait mal qu'une poignée de Français s'attribuent les bénéfices de la défaite des mahdistes acquise par l'Angleterre. Le dénouement Le rapport de force était trop inégal et Théophile Delcassé, le ministre des Affaires étrangères, visait avant tout à reprendre un jour l'Alsace et la Lorraine aux Allemands, ce pourquoi il lui fallait obtenir une alliance avec le Royaume-Uni. Par conséquent, il donna le 10 novembre l'ordre à Marchand de se retirer pour des « raisons sanitaires », alors même que l'opinion publique commençait à se désintéresser de l'Afrique pour porter toute son attention sur l'Affaire Dreyfus. Le 11 décembre 1898, le drapeau égyptien flottait sur Fachoda. Un accord signé entre les deux pays en 1899 confirma le renoncement de la France à toute ambition sur la vallée du Nil. Les historiens considèrent généralement que cette affaire permit le rapprochement politique de la France et l'Angleterre, qui aboutit à l'Entente Cordiale le 8 avril 1904. 18 septembre 1898. Le 18 septembre 1898, une armée anglo-égyptienne de 20.000 hommes, conduite par le général Lord Kitchener, remonte le Nil après avoir vaincu les Soudanais au terme d'une campagne brutale et meurtrière à Omdourman. À Fachoda, sur les bords du Nil blanc, au cœur du Soudan, elle rencontre une expédition française arrivée sur place trois mois plus tôt. Cette expédition, baptisée «mission Congo-Nil», comprend huit gradés, dont le capitaine Charles Mangin, et plus de 250 tirailleurs sénégalais sous les ordres du chef de bataillon Jean-Baptiste Marchand (35 ans). Elle est partie deux ans plus tôt, le 24 juillet 1896, de Loango, un poste français sur le littoral atlantique, au nord du fleuve Congo. Lequel, de l'Anglais ou du Français, cédera la place ? La possession du Soudan et la continuité des empires coloniaux sont en jeu. La course au drapeau Depuis qu'elle a occupé l'Égypte, en 1882, l'Angleterre rêve de constituer à son profit un axe nord-sud Le Caire-Le Cap. Elle veut aussi éviter qu'une puissance rivale ne s'installe sur les bords de la mer Rouge, aux portes de l'Égypte et du canal de Suez par lequel passe le trafic maritime entre Londres et les Indes britanniques. Dès 1893, la République française, de son côté, s'est mise en tête de relier Dakar, sur l'Atlantique, à Djibouti, sur la mer Rouge, à travers le bassin du Nil. L'idée lui en a été soufflée par le roi des Belges Léopold II, qui est en concurrence avec les Anglais dans la région entre Congo et Nil. Elle l'a d'autant mieux adoptée qu'elle supporte mal la mainmise de son ennemie héréditaire, l'Angleterre, sur l'Égypte à laquelle la rattachent des liens affectifs depuis l'épopée de Bonaparte et la construction du canal de Suez. La défaite des Italiens à Adoua face aux Éthiopiens, le 1er mars 1896, précipite l'intervention anglaise au Soudan. Dès le 12 mars 1896, le Premier ministre Robert Salisbury décide de conquérir le pays. Il veut sécuriser l'Égypte en soumettant les contrées du Haut-Nil. C'est plus que n'en peut supporter le ministre français des Affaires étrangères, Gabriel Hanotaux, fervent partisan de la colonisation. Il esquisse un rapprochement avec l'Allemagne dans la perspective d'une confrontation avec la «perfide Albion». Il réactive par ailleurs le projet de mission militaire de Marchand, qui vise à conclure des traités d'amitié avec les chefs locaux dans toute la région qui sépare le Congo du Nil afin de prendre de court les Britanniques. Pour séduire les chefs africains, Marchand emporte pas moins de 70.000 mètres de textile et 16 tonnes de perles vénitiennes, sans compter cognac, Pernod, champagne, truffes, foie gras,... pour les besoins des gradés ! L'expédition remonte le Congo puis le Bahr-el-Ghazal avant d'arriver au Nil. Elle utilise un petit bateau à vapeur, le Faidherbe, pour remonter les rivières. Lorsque celles-ci ne sont pas navigables, il faut démonter le bateau et le transporter à dos d'homme. Il en va ainsi sur 200 km ! La petite troupe hiverne dans la région des Grands Lacs. C'est enfin le 12 juillet 1898 que Marchand peut hisser le drapeau tricolore à Fachoda, sur les bords du Nil. Le lieu est rebaptisé Fort Saint-Louis. Mais quand arrive le général Horatio Kitchener, sirdar (commandant en chef) de l'armée anglo-égyptienne, celui-ci fait hisser au-dessus des masures du village le drapeau... égyptien. Embarras des Français qui soutiennent l'indépendance de l'Égypte contre son protecteur britannique et surtout ne font pas le poids face à l'armée anglo-égyptienne. Au bord de la guerre À Paris, la République est présidée par Félix Faure et le gouvernement dirigé par le radical d'extrême gauche Henri Brisson. L'affaire Dreyfus bat son plein. Au ministère des Affaires étrangères, Théophile Delcassé a succédé à Gabriel Hanotaux, trop accommodant avec les Allemands. Devant l'ultimatum de Londres ordonnant à la colonne Marchand de se retirer, l'opinion publique, surexcitée, s'apprête à en découdre avec l'ennemi héréditaire. Mais face à l'inflexibilité du Premier ministre anglais, Paris se résout à composer. Théophile Delcassé veut par-dessus tout reprendre aux Allemands l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. Il a besoin pour cela de l'alliance anglaise. Le 10 novembre, faisant fi de la fierté nationale, il donne l'ordre à la colonne Marchand de se retirer de Fachoda. Ulcéré, Marchand, élevé au grade de commandant, cède la place en janvier 1897. Il continue sa route vers l'Abyssinie où le Roi des Rois lui fait un accueil impérial, avant de rejoindre l'Océan Indien... Déjà, l'opinion publique se détourne de l'Afrique et n'a plus d'yeux que pour l'affaire Dreyfus. Il ne reste de l'expédition qu'un monument discret dans le bois de Vincennes, aux portes de Paris. Le Soudan sera anglais... et l'on oubliera très vite que deux grandes nations proches et prétendument civilisées faillirent se jeter l'une contre l'autre pour la possession d'une région que les protagonistes avaient eux-mêmes décrite comme «un pays de marécages et de fièvres» (Salisbury) ou «un pays peuplé par des singes et par des Noirs pires que des singes» (Hanotaux). Les Français et les Anglais signeront peu après, le 8 avril 1904, l'Entente cordiale. Ils entreront côte à côte en guerre,10 ans plus tard, contre les Allemands. Sur l'incident de Fachoda et les rivalités coloniales en Afrique, je recommande un très passionnant ouvrage : Le partage de l'Afrique 1880-1914 (Henri Wesseling, Denoël 1996). FAGUET (Emile), 1847-1917 : Critique. FAISCEAU : FALCOZ (Henri), 1884-1936 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) le 6 mai 1884, député de Savoie de 1924 à 1936, Henry Falcoz, franc-maçon, consacre une bonne partie de son travail parlementaire à la commission des Travaux publics. Récompensé par Tardieu, il est nommé dans son second ministère sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics du 2 mars au 28 novembre 1930 auprès de Georges Pernot. Il doit cependant démissionner quelques mois plus tard au moment de l’affaire Oustric où il est impliqué. Il décède à Neuilly-sur-Seine le 24 mai 1936.

FALLIÈRES (Armand), 1841-1831 : Avocat et homme politique. Armand Fallières naît le 6 novembre 1841 à Mézin, dans le département du Lot-et-Garonne. A priori, les origines d’Armand Fallières ne semblent pas le prédisposer à occuper les fonctions les plus élevées de l’Etat. Petit-fils d’un forgeron, fils d’un greffier de justice de paix, il passe son enfance dans ce bourg viticole, avant de rejoindre Toulouse, puis Paris. Après avoir fait son droit, Armand Fallières devient avocat et s’inscrit au barreau de Nérac en 1866. Il y plaide quelques procès politiques, défendant notamment un groupe de jeunes gens qui avaient chanté La Marseillaise sur le passage d’une procession. Cet engagement dans les rangs républicains, cet intérêt pour les affaires publiques le poussent à entrer en politique. Il exerce tout d’abord des responsabilités locales. La même année, en 1871, avec l’avènement de la Troisième République, il est élu maire de Nérac et conseiller général du canton. Enfin, en 1876, à l’âge de trente-cinq ans, Fallières fait son entrée à l’Assemblée nationale comme député de son département natal. A la Chambre des députés, Armand Fallières siège parmi les membres du groupe de la gauche républicaine. Il fait ainsi partie de ces "363" qui, le 20 mai 1877, affirment leur opposition au pouvoir en place en votant un ordre du jour de défiance au maréchal de Mac-Mahon. La Chambre est alors dissoute. Quatre années plus tôt, l’élu du Lot-et-Garonne avait d’ailleurs été rappelé à l’ordre pour avoir manifesté trop bruyamment au moment de la démission d’Adolphe Thiers par le président du Conseil, le Duc de Broglie. Réélu peu après, au mois d’octobre 1877, il s’affirmait rapidement aux côtés des opportunistes et était appelé pour la première fois, au mois de mai 1880, à exercer des responsabilités gouvernementales. Pendant douze années, pratiquement sans discontinuer, Armand Fallières demeure au gouvernement. Il occupe ainsi quatre portefeuilles différents, mais aux responsabilités liées à l’époque - ceux de l’Intérieur, des Cultes, de l’Instruction publique et de la Justice – dans huit cabinets successifs. Collaborateur de Ferry au ministère de l’Instruction publique puis ministre de l’Intérieur, Fallières incarne un des idéaux de la Troisième République : la promotion sociale par le mérite, scolaire puis professionnel. L’homme rassure par sa bonhomie joviale d’homme du Sud-Ouest. Son physique imposant, son sens de la conciliation hérité d’une lecture assidue de Montaigne et sa patience lui valent le respect et la sympathie d’une large fraction du milieu parlementaire. C’est probablement pour cet ensemble de raisons que le président de la République Jules Grévy lui confie la tâche de former un gouvernement après la démission brutale de Duclerc, le 29 janvier 1883. Ainsi, quand à 41 ans seulement, le 29 janvier 1883, Fallières devient président du Conseil, le mandat qui s’ouvre paraît-il prometteur. Or, sa présidence ne dure que 3 semaines. Se réservant l’Intérieur, il reconduit la majorité des ministres du cabinet précédent. Fallières se fixe pour priorité de l’affaire des prétendants qui a entraîné la chute de son prédécesseur. En d’autres termes, il doit statuer sur la situation des princes (Orléans et Bonaparte) vivant en France. Le 30 janvier, épuisé par les préoccupations des jours précédents, il doit s’interrompre au beau milieu d’un discours qu’il prononce à ce sujet. Il laisse alors au garde des sceaux Devès la responsabilité de poursuivre la discussion devant le Sénat. Le lendemain, les débats reprennent à la Chambre ; le gouvernement parvient à élaborer un projet de loi « autorisant le gouvernement à expulser les chefs des maisons ayant régné sur la France et à mettre en disponibilité les princes considérés comme n’ayant pas conservé en France l’attitude de citoyens ». La vague de cette formulation propice à tous les durcissement inquiète de nombreux modérés. A l’évidence, les membres du gouvernement jugent nécessaire de réagir au manifeste antirépublicain que le prince Jérôme Napoléon a fait afficher sur les murs de Paris dans la nuit du 15 au 16 janvier précédent : « Le pouvoir exécutif est affaibli, incapable, impuissant. Les Chambres sont sans direction et sans volonté. Le mal réside dans la Constitution, qui met le pays à la discrétion de huit cents sénateurs et députés. » Le 1er février, dans une séance de nuit à la Chambre, la proposition du gouvernement est largement votée. Mais, onze jours plus tard, une majorités de sénateurs, plus conservateurs que les députés, rejettent le texte au profit de la proposition Say, menaçant seulement de bannissement les princes ayant réalisé « soit acte de prétendant, soit une manifestation ayant pour but d’attenter à la sûreté de l’Etat ». S ‘estimant désavoué , Fallières présente sa démission le lendemain, le 21 février 1883. La carrière politique de Fallières ne s’achève pas pour autant : ministre (de l’Instruction, de l’Intérieur, puis de la Justice) à de nombreuses reprises entre 1883 et 1892 et, en 1890, il est élu sénateur, toujours dans son fief du Lot-et-Garonne, et siège désormais dans la Chambre haute. De 1892 à 1899, l’élu n’est que peu présent dans l’hémicycle. En effet, au cours de ces années, il ne prend pas une seule fois la parole en séance publique. Le 3 mars 1899 cependant, il est élu Président du Sénat, succédant à ce poste à Émile Loubet, devenu Président de la République. Le 22 septembre 1900, les deux plus hauts personnages de l’État sont présents au Banquet des Maires qui se déroule dans le parc du palais de l'Élysée et qui réunit les élus de la Nation à l’occasion du centenaire de la première République. Auparavant, Armand Fallières présidait également la Haute Cour de Justice qui condamna Paul Déroulède à dix ans de bannissement, le 5 janvier 1900, pour "complot contre la sûreté de l’État". Le 18 janvier 1906, à Versailles, Armand Fallières est élu Président de la République au premier tour de scrutin, par 449 voix contre 371 à Paul Doumer. Georges Clemenceau, tout comme la plupart des parlementaires radicaux, ont préféré cet homme modéré à son concurrent, pourtant affilié au même parti, mais à qui ils reprochent le fait d’avoir abandonné Émile Combes et le « Bloc des gauches » deux années plus tôt. Six mois après son élection, le 25 octobre, Fallières fait d’ailleurs appel à Clemenceau pour diriger le gouvernement. Cependant, le caractère indépendant, la personnalité turbulente de Clemenceau, ainsi que sa politique sans compromissions, lui valent la défection puis l'opposition des socialistes. Ces derniers lui reprochent en particulier la répression féroce des grèves ouvrières. Après trois années d’exercice, le cabinet Clemenceau connaît l’usure du pouvoir. Le tournant du siècle voit également se multiplier les dissensions à l’intérieur de la gauche. Aussi Armand Fallières fait-il appel à Aristide Briand, dont le gouvernement entre en fonctions le 24 juillet 1909. Au moment où les discussions à la Chambre se font plus virulentes, notamment à propos des lois militaires, où la situation internationale se fait plus incertaine, Briand apparaît aux yeux du président de la République comme l’homme de "l’apaisement". Celui-ci se rappelle notamment que l’ancien militant de la grève générale est aussi l’habile rapporteur de la loi de séparation de l’Église et de l’État. Le nouveau président du Conseil souhaite la disparition des conflits sociaux grâce à la "participation" des syndicats et du patronat aux débats en cours. Coup politique ou véritable mise en place d’une démocratie sociale ? L’expérience tourne court. En cette année 1911, les tensions internationales s’accroissent également. Ernest Monis, à présent au pouvoir, prend l’initiative de faire occuper Fez, au Maroc, au mois de janvier. Le 1er juillet suivant, une canonnière allemande, la Panther, est envoyée à Agadir, pour tenter de s'opposer à cette violation du traité d’Algésiras par la France. Alors que la guerre menace, le cabinet Caillaux parvient à un accord avec la diplomatie de Guillaume II. Et le 4 novembre, les deux puissances coloniales rivales signent une convention par laquelle l'Allemagne accepte de se désintéresser du Maroc en échange d'une partie du Congo. L’année suivante, le 30 mars, forte de cet accord, la France établit son protectorat sur le Maroc. Ce succès diplomatique flatte l’esprit cocardier des Français et Raymond Poincaré, président du Conseil à l’époque, est élu Président de la République, le 17 janvier 1913. Le mandat d’Armand Fallières est en effet arrivé à son terme, tandis que dans les Balkans la situation s’est aggravée... Retiré dès lors de la scène politique, Armand Fallières décède le 22 juin 1931, à Villeneuve de Mézin (Lot-et-Garonne), dans sa commune natale.

FALLIÈRES (André), 1875-1968 : Né à Villeneuve-de-Mézin (Lot-et-Garonne) le 30 septembre 1875 André Fallières est le fils du président Armand Fallières. Docteur en droit, il est élu député radical après la Première Guerre mondiale. Spécialiste des questions économiques, il entre au gouvernement dans le neuvième cabinet Briand comme sous-secrétaire d’Etat aux Finances du 10 mars au 22 juin 1926. Il ne reste que douze jours à ce poste, mais est nommé du 23 juillet 1926 au 1er juin 1928 ministre de l’Assistance et de la Prévoyance sociales dans le quatrième cabinet Poincaré du 23 juillet 1926 au 1er juin 1928. Il démissionne de son poste à la suite de son échec électoral. Il décèdera à Villeneuve-de-Mézin le 20 août 1968.

FANTIN-LATOUR (Henri), 1836-1904 : Peintre et lithographe. Né à Grenoble en 1836

FARRE (Jean, Joseph, Frédéric, Adolphe), 1816-1887 : Général et homme politique. Né à Valence (Drôme) le 5 mai 1816, polytechnicien et officier de génie, le général Farre remporte en novembre 1870 la bataille d’Amiens. Nommé en Algérie, il s’attire les sympathies de la gauche et est plusieurs fois proposé pour le portefeuille de la Guerre. Dufaure souhaite qu’il remplace le général Borel, mais Mac-Mahon refuse ce choix. Il doit donc attendre le premier cabinet Freycinet puis dans le premier ministère Ferry pour entrer au gouvernement comme ministre de la Guerre du 28 décembre 1879 au 24 mars 1887. Il réorganise alors son administration, réserve les grades d’officiers territoriaux aux officiers retraités, se propose de supprimer les aumôniers militaires et rend autonome les services de santé. Enfin, il supprime les tambours, au grand regret des plus traditionnalistes. Son action au moment de l’expédition de Tunisie lui est vivement reprochée, son système de renforts par petites unités empêche en effet une véritable mobilisation de l’armée. Il décède à Paris le 24 mars 1887.

FARRÈRE (Frédéric-Charles-Pierre-Edouard Bargone, dit Claude), 1876-1957 : Homme de lettres.

FAUCONS ROUGES : L’organisation « Les Amis de l’Enfance ouvrière », plus connue sous le nom de Faucons rouges, est fondée par Georges Monnet et son épouse en novembre 1932 sous la présidence de Marcel Déat. C’est une organisation d’éducation socialiste de l’enfance te de la jeunesse, en réaction au scoutisme trop religieux, militariste et nationaliste. L’idéologie des Faucons rouges se résume ne quatre points : par l’auto-discipline et l’auto-critique, l’enfant sera éduqué contrairement à l’enseignement bourgeois. C’est ainsi qu’il pourra préparer l’instauration d’un monde socialiste. Le programme des faucons rouges contient diverses techniques d’éducation destinées à développer l’esprit de la collectivité. Le mouvement ponctue sa vie par des fêtes qui, sous la forme de Républiques, sont de véritables organisations de société en miniature. La première République a lieu à Seekamp en 1927. En 1932, c’est à Draveil près de Paris que se tient la République « Solidarité » réunissant 900 participants dont 154 Français. Cette République avait une forte coloration allemande et on y chantait l’hymne des Faucons rouges allemands. Les époux Monnet dénocent bientôt le caratère trop germanique du mouvement français. Ils écartent Löwenstein qui avait parrainé la création des Faucons rouges en France et effectuent le retour à un folklore national. Germaine Monnet devient l’animatrice des Faucons rouges. Plusieurs « républiques nationales » ou internationales se déroulent dès lors en France. La dernière République dénommée « Travail » se tient en 1937 à Chambly dans l’Oise. Le mouvement des Faucons rouges n’a pas eu une grande importance numérique en France ; mais son influence est grande, en particulier dans le milieu des Auberges de jeunesse qui est le prolongement naturel de l’activité des enfants Faucons rouges devenus adolescents ou adultes.

FAURE (Elie), 1873-1937 : Médecinet historien. Né à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) le 4 avril 1873, Elie Faure est le frère de Jean-Louis Faure et de Léonce Faure et le neveu d’Elisée Reclus. Méfiant des partis, il se mèle d’une certaine manière au mouvement socialiste, enseignant à l’Université populaire, écrivant des livres dont l’orientation politique n’est pas niable, adhérant au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et Artistes révolutionnaires, collaborant parfois à L’Humanité et à Commune, et président à la fin de sa vie les Amis de l’Espagne républicaine. Il passe pour avoir influencé fortement André Malraux. Citons de lui : L’Esprit des Formes, essai sur les données générales de la philosophie de l’histoire ; Hitoire de l’Art ; Nietzsche ; Dostoïesky ; La Conquête. Il décède à Paris le 29 octobre 1937.

FAURE (Félix), 1841-1899 : Homme politique.

FAURE (Firmin-André-Nazaire), 1864-19 : Avocat et homme politique. Originaire de Quillan (Aude), Faure est élu député d’Oran en 1898 comme candidat révisionniste antijuif, ayant à son programme l’abrogation du décret Crémieux (qui avait donné la nationalité française aux indigènes juifs d’Algérie, mai ne l’accordait pas aux musulmans). Il s’inscrit au Groupe parlementaire antisémite présidé par Edouard Drumont, qui venait d’être élu député d’Alger. Son discours à la Chambre en faveur de Déroulède lui vaut la censure et l’exclusion temporaire. Il déjoue la cabale de ses adversaires à Oran en sollicitant le renouvellement de son mandat, non en Algérie mais en région parisienne. Candidat à Saint-Denis, il est élu contre le député sortant dreyfusiste Renou. Il avait fait toute sa campagne contre Waldeck-Rousseau qu’il appelle « le ministère Dreyfus », promettant à ses auditoires ouvriers de défendre la maind’œuvre française contre les travailleurs immigrés qui envahissent les chantiers. Il est, au cours de sa législature, l’un des parlementaires qui demandent que soient organisées les retraites ouvrières si souvent promises. Vigoureusement attaqué dans sa circonscription, il se représente en 1902 et va se présenter en vain en Dordogne.

FAURE (Paul), 1878-1960 : Homme politique. Né à Périguex (Dordogne) le 3 juin 1878 Paul Faure est le plus jeune maire de France en 1904. Socialiste, il se retrouve à la tête de la SFIO après le congrès de Tours. Considéré par Blum comme « le meilleur d’entre nous », il dirige avec ce dernier Le Populaire et entre au Parlement en 1924. Lors de la victoire du Front populaire, il est nommé ministre d’Etat sans portefeuille du 4 juin 1936 au 17 janvier 1938 dans le premier cabinet Blum et le 3ème ministère Chautemps. Il garde le même portefeuille du 13 mars au 9 avril 1938 dans le second cabinet Blum. Il se charge alors principalement des relations entre le gouvernement et le parti et la nationalisation des industries d’armement. Il s’oppose alors à la répression lors des occupations d’usines et à tout compromis avec « les puissances d’argent ». Il juge trop importantes les dépenses militaires. Il décèdera à Paris le 16 novembre 1960.

FAURE (Jean-Louis), 1863-1944 : Chirurgien. Né à Saint-Foy-la-Grande en 1863, Jean-Louis Faure est ke frère de l’agronome Léonce Faure et de l’Historien Elie Faure. Professeur de clinique gynécologique à la faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences, Jean-Louis Faure est l’auteur de plusieurs ouvrages ou études de médecine, sur les grands chirurgiens, sur Claude Bernard. Si son frère Elie apporte son soutien à la gauche, il est, lui, plutôt favorable à la droite avec sa participation au Centre de Propagande des Républicains nationaux dont il était membre du conseil d’administration. Il décèdera à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde) en 1944.

FAURE (Sébastien), 1858-1942 : Pédagogue anarchiste. Issu d’une famille de la haute bourgeoisie catholique, le jeune Sébastien Faure envisageait de devenir missionnaire. La mort de son père le contraignit à y renoncer pour se consacrer à sa famille. Le contact avec la vie quotidienne l’amena à réfléchir, à lire des auteurs jusque-là proscrits. Il perdit la foi et décida de rompre avec le milieu d'où il était issu. Il s’enrôla dans l’infanterie mais la vie militaire le déçut rapidement et il termina son engagement simple soldat. Après un séjour d’un an en Grande-Bretagne, Sébastien Faure s’intéressait alors aux questions sociales et commença sa carrière de militant. D’abord adepte de Jules Guesde, il fut candidat du Parti ouvrier aux législatives d’octobre 1885, recueillit 600 voix et fit découvrir son talent d’orateur. Ses activités militantes provoquèrent la séparation des époux Faure. Installé à Paris, il se détacha peu à peu du guesdisme et s’intéressa au mouvement anarchiste. Il devint un ardent propagandiste de l’idéal libertaire, parcourant la France en tout sens pour présenter des conférences aux titres percutants ou provocateurs : Douze preuves de l’inexistence de Dieu, La Pourriture parlementaire, Ni commander, ni obéir... Ses tournées, minutieusement préparées, obtinrent bientôt un grand succès. Ses principales cibles étaient l’État, le Capital et la religion. Sa bibliographie est abondante et les titres de journaux ou périodiques qu’il fonda ou auxquels il a collaboré sont nombreux. Il attira ainsi l’attention de la police et fut plusieurs fois arrêté, condamné et emprisonné. En pleine période terroriste (la propagande par le fait), les lois scélérates permirent même la tenue du spectaculaire procès des Trente (août 1894) dans lequel il fut impliqué. L’affaire Dreyfus l’absorba à partir de février 1898. Il rédigea un J’accuse plus violent que la lettre de Zola, publia une brochure, Les Anarchistes et l’affaire Dreyfus, multiplia les conférences et entraîna avec lui les libertaires qui avaient d’abord considéré que la question ne les regardait pas. Il s’investit ensuite dans la propagande néo-malthusienne aux côtés d’Eugène Humbert, puis, désireux de concentrer ses efforts sur une œuvre unique au lieu de les disperser au hasard des circonstances, il entreprit de faire vivre une communauté éducative fondée sur les principes libertaires : La Ruche. La guerre de 1914-1918 révéla de profondes divergences au sein du mouvement anarchiste. Tandis que Pierre Kropotkine et Jean Grave se ralliaient à L’Union sacrée, Errico Malatesta restait résolument antimilitariste. En France, Sébastien Faure fut un des premiers à prendre ouvertement position en publiant un manifeste intitulé Vers la paix qui lui valut une convocation au ministère de l’Intérieur au cours de laquelle il fut persuadé par Louis-Jean Malvy d’interrompre sa campagne pacifiste. Celle-ci fut reprise par d’autres militants anarchistes : Louis Lecoin, Pierre Ruff, Pierre Chardon, Émile Armand, puis plus tard par Sébastien Faure lui-même avec la publication d’un hebdomadaire de quatre pages intitulé Ce qu’il faut dire. Cependant Sébastien Faure sortit physiquement ébranlé, moralement et politiquement brisé. Victime d’une campagne de calomnies et de rumeurs malveillantes il surmonta néanmoins une congestion pulmonaire et mit sur pied l’imprimerie La Fraternelle, fit paraître en 1922 le premier numéro de Le Revue anarchiste qui compta 35 livraisons, puis assuma la direction et la coordination de L’Encyclopédie anarchiste. Il participa encore à une vaste campagne de soutien aux victimes de la guerre d’Espagne et se rendit à Barcelone et sur le front de Saragosse, mais les prises de position de la C.N.T.-F.A.I. le conduisirent à prendre ses distances puis à dresser un bilan plutôt négatif de l’expérience espagnole. Pendant la Seconde guerre mondiale, quelque peu dépassé par les événements, il séjourna à Royan avec sa femme qu’il avait retrouvée après quarante ans de séparation. Il y mourut d’une congestion cérébrale le 14 juillet 1942.Cet homme, pilier du mouvement anarchiste, avait bien mal débuté. Il naquit le 6 janvier 1858, à Saint-Etienne, dans une famille traditionaliste et conservatrice. Il devient effectivement séminariste, puis jette aux orties une soutane qu'il n'avait jamais porté. Sensible aux idées socialistes, il avait adhéré au Parti ouvrier français et se présenta aux élections de 1885. Orateur et propagandiste de très grand talent, Sébastien Faure se dépensant sans compter, devint un des militants les plus actifs du mouvement libertaire. Aussi, c'est tout "naturellement" qu'il se retrouve en 1895, avec Louise Michel, à la fondation du Libertaire. Cette année 1895 fut une année forte pour le mouvement libertaire. Profitant de l'émotion causée par les attentats de Emile Henry, Vaillant et Caserio, les pouvoirs publics "organisèrent" un procès monstre, passé dans l'Histoire sous le nom de "procès des Trente". Tout le "gratin" du mouvement libertaire de l'époque se retrouva sur les bancs du Palais de Justice… ou en cavale à Bruxelles. Le temps fort de ce procès fut la plaidoirie de Sébastien Faure. Résultat : 27 acquittements et 3 condamnations, pour des délits proches du délit commun. En 1898, l'affaire Dreyfus atteignit son point culminant. Après avoir hésité, Sébastien Faure se rangea dans le camp des dreyfusards, entraînant avec eux la majorité du mouvement. On peut remarquer que dans les affrontements dans la rue avec les antidreyfusards (entre autres dans le 10e arrondissement de Paris), seuls les militants libertaires s'affrontèrent avec les "patriotes". Ce dynamisme, cet engagement médusèrent un homme comme Ludovic Trarieux. Ce dernier, grand bourgeois bordelais, premier président de la toute neuve Ligue des Droits de l'Homme, avait voté les "lois scélérates" sur les menées anarchistes en 1894. La deuxième grande œuvre de Sébastien Faure fut bien sûr la création de "La Ruche" à Rambouillet. En principe, tous les lecteurs du Monde libertaire connaissent par cœur cette expérience. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, il faut lire, toute affaire cessante : Les écrits pédagogiques de Sébastien Faure ou Sébastien Faure et la Ruche, de Roland Lewin. La guerre de 1914-1918 fut fatale à cette expérience, qui dut s'arrêter en 1917. Depuis, un an, depuis avril 1916, Sébastien Faure publiait un journal contestataire et antimilitariste : Ce qu'il faut dire (CQFD), diffusé dans l'armée française et même sur les bâtiments de la marine de guerre. En 1918, Sébastien Faure avait 60 ans et une vie déjà bien remplie. Il ne se sentait pas le courage de relancer " La Ruche ". Entre les deux guerres mondiales, sa troisième grande œuvre fut la publication de l'Encyclopédie anarchiste : cinq volumes, 2 893 pages. C'est une réalisation gigantesque. Des milliers d'articles, des centaines de collaborateurs, c'est encore aujourd'hui une mine historique et idéologique. La première édition de 1934 (réalisée grâce aux efforts des trois mousquetaires : Durutti, Ascaso et Jover) étant épuisée, une seconde édition eut lieu à Caracas en 1974, sous l'égide du groupe Sébastien Faure de Bordeaux. Qui entreprendra une troisième édition, bien nécessaire ? Parallèlement, Sébastien Faure poursuivait son activité éditoriale, soit comme animateur de l'imprimerie "La Laborieuse", soit par la parution d'ouvrages : Propos subversifs, Mon opinion sur Dieu, Mon Communisme… Rappelons également qu'il s'implique dans la fameuse polémique " Plate-forme - Synthèse ", dont les échos sont parvenus jusqu'à nous ; la Fédération anarchiste de 1995 s'inspirant, pour son fonctionnement, de la synthèse parisienne. Il eut le plaisir de voir vivre en Espagne une expérience dont bien des aspects avaient été prévus dans son activité théorique. Jusqu'à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il continua à parcourir les départements pour y donner des conférences, dont le public était toujours très fourni. Ses qualités d'orateur étaient célèbres. Les quelques enregistrements sur disques qui nous restent de lui en donnent malheureusement une pauvre idée. De ses lointaines études en classe de réthorique, il conservait le goût pour le balancement du rythme ternaire, qui devait ravir les assistants. Essayez de lire un texte de Sébastien Faure, en le disant à haute voix. Vous verrez que ces textes sont plus faits pour être dits que pour être lus. Un exemple ? En 1942, à Royan, Sébastien Faure nous quittait. Le 14 juillet, La Ruche De 1904 à 1917, Sébastien Faure loua, près de Rambouillet, un domaine de 25 ha comprenant une vaste maison et plusieurs bâtiments annexes ainsi que des dépendances, un grand jardin potager, des prairies et des bosquets. 60 personnes environ y vécurent en permanence : une quarantaine d’enfants des deux sexes, enfants de prolétaires ou orphelins, et une vingtaine d’adultes ayant volontairement choisi de seconder Sébastien Faure. La prospérité et la renommée de La Ruche induisirent quatre mille demandes d’inscription en 10 ans, qui ne purent évidemment pas être satisfaites. Les enfants acceptés étaient soigneusement sélectionnés : en bonne santé, entre 6 et 10 ans, ils devaient s’engager à rester à La Ruche jusqu’à 16 ans révolus. Il ne payaient aucun frais de pension, et les 20 collaborateurs étaient tous bénévoles. La Ruche accueillit aussi des camarades de passage, désireux de participer momentanément à cette expérience concrète ou exilés politiques. Les principes pédagogiques de Sébastien Faure s’inspiraient de ceux de Paul Robin, résumés par la célèbre formule : " bonne naissance, bonne éducation, bonne organisation sociale ". L’originalité de l’entreprise était d’être complètement indépendante, moralement et matériellement. Le but poursuivi était de porter au maximum de développement toutes les facultés de l’enfant : physiques, intellectuelles et morales. On menait de front l’instruction générale, l’enseignement technique et professionnel. L’éducation physique était régulièrement pratiquée, les jeux collectifs et les longues marches, associés à une alimentation saine, produisaient des enfants robustes, agiles, adroits et endurants. Les petits partageaient leur temps entre la classe, les jeux et les menus services. Les moyens, de 13 à 15 ans, passaient une partie de la journée en classe, l’autre à l’atelier ou aux champs, selon les principes de l’éducation intégrale. Les grands cessaient d’aller en classe et suivaient un stage de deux ou trois années en apprentissage ou aux champs, mais pouvaient compléter leur instruction aux cours du soir, par des lectures ou des discussions avec leurs aînés. Garçons et filles vivaient ensemble, comme frères et sœurs au sein d’une même famille, malgré les controverses suscitées alors par le " système de la coéducation des sexes ". Sébastien Faure privilégiait la " tête bien faite " au détriment de la " tête bien pleine " et la méthode inductive, c’est-à-dire positive et rationnelle, était préférée à la méthode déductive dogmatique. Les salles de classes présentaient un aspect vivant, gai, doux, prédisposant l’enfant à s’y plaire. Les récompenses et les punitions en étaient absentes, ainsi que toute forme de classement. Les collaborateurs chargés de l’enseignement disposaient d’une assez large liberté dans l’organisation de leur travail. Ils restaient plus ou moins longtemps, ce qui constitua la seule véritable faiblesse de l’enseignement à La Ruche, le successeur ne prenant pas forcément en compte le travail accompli par celui qu’il remplaçait. La musique et le chant tenaient une grande place à La Ruche et Sébastien Faure harmonisait lui-même certains chants. L’éducation morale était principalement fondée sur l’exemple et la discussion, et refusait l’autorité sous toutes ses formes. Les ateliers avaient une fonction éducative et une fonction utilitaire : ils permettaient à La Ruche de subvenir presque entièrement à ses propres besoins. Il fut même envisagé d’améliorer leur productivité et de travailler pour l’extérieur, constituant ainsi une source de revenus. Seul l’atelier d’imprimerie atteindra cet objectif. Les conférences de Sébastien Faure constituaient une importante source de revenus qui permettait de combler le déficit chronique de La Ruche. Chaque dimanche et lors de sa fête annuelle, La Ruche recevait de nombreux visiteurs. Enfin, chaque année, La Ruche organisait un voyage dans une région ou dans une autre. Seuls les moyens y participaient. Ces voyages constituaient à la fois une détente, une manifestation de propagande et une source de revenus : dans chaque ville qu’il traversait, le groupe donnait un concert payant qui était interrompu par une causerie de Sébastien Faure, et les enfants vendaient pendant l’entracte des brochures de Sébastien Faure ou des cartes postales de leur communauté. La guerre de 1914-1917 désorganisa la vie paisible de La Ruche et Sébastien Faure dut se résoudre à fermer l’institution à la fin de février 1917. Roland Lewin, Sébastien Faure et " La Ruche ", Cahiers de l’I.H.P.L., Ivan Davy, Vauchrétien, 1989.

FAURÉ (Gabriel), 1845-1924 : Compositeur. Pamiers (Ariège) 12 mai 1845 — † Paris 4 novembre 1924. Compositeur. Il est le plus jeune des six enfants de Toussaint-Honoré Fauré et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène-Laprade. En 1849 la famille s'installe près de Foix, à Montgauzy où Toussaint-Honoré est nommé directeur de l'Ecole normale. Fauré prend l'habitude de jouer l'harmonium de la chapelle jouxtant l'école, il est conseillé par une vieille dame aveugle. En octobre 1854, après avoir obtenu une bourse, Fauré entre à l'École de musique classique et religieuse de Paris, communément appelée École Niedermeyer. En plus des études générales, il suit des cours d'orgue (Clément Loret), d'harmonie (Louis Dietsch), de contrepoint et de fugue (Xavier Wackenthaler), de piano de plain-chant et de composition (Niedermeyer). Le 28 juillet 1865, après avoir régulièrement obtenu des premiers prix de piano et de composition, il quitte l'école les études achevées, en remportant le premier prix de composition avec Le Cantique de Jean Racine (opus11). Il obtient son premier poste d'organiste à la basilique Saint-Sauveur de Rennes qu'il occupe de janvier 1866 à mars 1870. Il donne également quelques leçons de piano et compose intensément. En 1868 assure la partie d’harmonium dans le Faust de Gounod au Grand Théâtre de Rennes. Entre mars et août 1870 il est organiste (orgue de chœur) à l'église Notre-Dame-de-Clignancourt de Paris, il s'enrôle dans la Garde Impériale le 16 août (guerre franco-prussienne) et participe à plusieurs engagements dans la région parisienne. Le 25 février 1471, un mois après la capitulation, il participe à la création de la Société Nationale de Musique (avec : César Franck, Ernest Guiraud, Camille Saint-Saëns, Jules Massenet, Henri Duparc, Jules Garcin Théodore Dubois, Paul Taffanel et Romain Bussière). Il habite alors avec son frère Arnaud à Paris (45 rue des Missions). Il est démobilisé le 9 mars 1871. Il est pendant quelques semaines organiste de l'église Saint-Honoré d'Eylau dans le XVIe arrondissement de Paris. Pendant la Commune de Paris il réside à Rambouillet puis l'été il enseigne la composition à Cours-sous-Lausanne (en Suisse), où l'École Niedermeyer est réfugiée. Il est de retour à Paris en octobre et loge à l'emplacement actuel du 167 boulevard de Saint-Germain (qui était alors le 19 rue Taranne). Il tient l'orgue du chœur de l'église Saint-Sulpice, où Widor tient le grand orgue. Il fréquente le salon de Saint-Saëns où se rencontre la société musicale parisienne, et au cours de l'année 1872, Saint-Saëns l' introduit dans le salon de Claudine Viardot, où il rencontre, en plus des fondateurs de la Société Nationale de Musique, Renan, Gounod, George Sand ou Flaubert. En 1874, il est suppléant de Saint-Saëns à l'église de la Madeleine (Messager le remplace à Saint-Sulpice), et il déménage rue de Parme. Il est élu le 22 novembre 1874 Secrétaire de la Société Nationale de Musique. En avril 1877 Théodore Dubois remplace Saint-Saëns au grand orgue de la Madeleine, Fauré est nommé maître de choeur. 1877, il déménage rue Mosnier (IXe arrondissement de Paris). Il est fiancé quelques temps à Marianne Viardot, la fille de Pauline. Il compose à cette époque sa Première sonate pour violon, son Premier quatuor avec piano et la Ballade pour piano. En décembre 1877 il est à Weimar où il rencontre Liszt qui trouve sa Ballade trop difficile à jouer. En avril 1879 il est à Cologne où il assiste à la représentation de l' Or du Rhin et de La Walkyrie. Il passe l'été 1881 à Villerville en Normandie et y compose sa Messe basse pour chœur de femmes. En 1882, il rencontre de nouveau Liszt à Zürich. Il se marie le 27 mars 1883 avec Marie Frémiet, la fille d'un sculpteur en vogue. Ils s'installent dans le XVIIe arrondissement de Paris, 93 avenue de Niel. Ils ont deux fils, Emmanuel (1883-1971) et Philippe (1889-1954). Pour subvenir aux besoins de sa famille, il organise un service journalier à la Madeleine (son «travail de mercenaire»), et donne des leçons de piano et d'harmonie. Ses musiques lui rapportent peu, son éditeur, qui vend ses partitions 50 francs pièce, ayant le tout des droits. En 1886, il achève son second quatuor avec piano et déménage au 154 boulevard Malesherbes. En 1885 l'Institut lui décerne le prix Chartier pour sa musique de chambre. Le 16 janvier 1888, il dirige des esquisses de son Requiem à l'occasion des obsèques de H. Lesoufaché à l'église de la Madeleine. En mars 1888, il fait un premier voyage à Bayreuth en compagnie de Messager et y retrouve Debussy et Bréville. En mai-juin 1891, il séjourne à Venise, où il est reçu par la princesse de Polignac, puis demeure brièvement à Florence. Il a une liaison avec Emma Bardac, qui sera la seconde épouse de Debussy. Il lui dédicace La bonne chanson et le Salve regina. Le premier juin 1892, il est nommé inspecteur des conservatoires nationaux en province, en remplacement d'Ernest Guiraud. Il entame une longue série de voyages à Londres, où il se rendra chaque année jusqu'en 1900 (où ses amis les Maddisons, Frank Schuster et John Singer Sargent organisent des concerts privés). Le 21 janvier 1893, une première version de son Requiem est donnée à l'église de la Madeleine (il ne sera finalisé dans son orchestration qu'en 1900), et le 26 octobre, pour les obsèques de Charles Gounod, il dirige la maîtrise alors que Saint-Saëns tient le grand orgue. Le 19 mai 1894, il est candidat à l'Institut, mais Théodore Dubois est élu par 20 voix contre 4. Le 10 Janvier 1896, il tient le grand orgue pour les obsèques de Paul Verlaine, et le 2 juin il succède à Théodore Dubois. Il subit un nouvel échec à l'Institut, Charles Lenepveu est élu par 19 voix contre 4. Le 2 juin 1896 il succède à Théodore Dubois au grand orgue de l'église de la Madeleine, en octobre il succède à Massenet à la classe de composition du Conservatoire de musique. Ce poste lui avait été refusé quatre ans auparavant, car Ambroise Thomas trouvait sa musique trop révolutionnaire. Il a comme élèves : Ravel, Florent Schmitt, Koechlin, Louis Aubert, Roger-Ducasse, Enescu, Paul Ladmirault, Nadia Boulanger, Émile Vuillermoz. En 1898, il compose une musique de scène pour la version anglaise de Pelléas et Mélisande de Maeterlinck (pour petit orchestre, qui est orchestré par Koechlin). Le 12 juillet, dans le cadre de l'Exposition universelle, son Requiem dans sa version chœur et orchestre est donnée sous la direction de Paul Taffanel. Les 27 et 28 août 1900 il crée Prométhée à Béziers, dans un théâtre de plein-air devant 15.000 spectateurs. Cette œuvre est conçue pour trois ensembles de cuivres, 100 cordes, 12 harpes, chœurs et solistes. Cette œuvre sera redonnée au même endroit les 25 et 27 août 1901, et à Paris les 5 et 15 décembre 1907. Avec l'aide de Roger Ducasse, il en réalise une version pour orchestre symphonique qui est créée à l'Opéra de Paris le 17 mai 1817. C'est au cours de la première, à Béziers qu'il rencontre la pianiste Marguerite Hasselmans (sœur du violoncelliste et chef d'orchestre Louis Hasselmans) qui restera sa compagne. De 1903 à 1921 il est critique musical au Figaro. Le 5 avril 1903 il est fait Officier de la Légion d'honneur. Pendant l'été, il est sujet aux premiers troubles auditifs. Entre 1904 et 1913 il enregistre une série de rouleaux pour la société Hupfeld and Welte-Mignon dont on a conservé ou réédité : 3e Romance sans paroles, 1ère Barcarolle, 3e Prélude, Pavane, 3e Nocturne, Sicilienne, Thème et variations, 1ère, 3e et 4e Valses-caprices. Le 15 juin 1905, il succède à Théodore Dubois à la direction du conservatoire de musique de Paris. Il y entreprend quelques réformes qui lui valent le surnom de «Robespierre». Il est élu en 1909 à l'Institut au fauteuil laissé vacant par Ernest Reyer. En 1910 il entreprend un tournée de concerts qui le mène à Saint-Petersburg, Helsinki et Moscou. La première de Pénélope le 10 mai 1913 à Paris est un triomphe, mais la faillite du Théâtre des Champs-Élysées en mois d'octobre interrompt les représentations, et la première guerre mondiale ne laisse pas envisager une reprise dans un autre théâtre. En 1917, il est élu président de la Société Nationale de Musique. Le 26 avril il est fait Grand officier de la Légion d'honneur, et le premier octobre suivant quitte la direction du Conservatoire. Le 20 juin 1922, on lui rend un hommage national en Sorbonne. Le 31 janvier 1923 il reçoit la Grande croix de la Légion d'honneur

FAUTRIER (Jean), 1898-1964 : Peintre. Né le 16 mai 1898 à Paris, Jean Fautrier est éduqué en Angleterre puis, de retour en France, est engagé volontaire comme ambulancier en 1917. Gazé à Montdidier, il sera définitivement réformé en 1921. C'est avec ses Tyroliennes en habits du dimanche en 1922 que Fautrier fait son entrée dans les salons parisiens. Suivrons : Nu noir (1926) et Bouquet de lilas (1926). Il reçoit un accueil favorable de la part de la critique et du milieu littéraire parisien, en particulier par le jeune André Malraux. Cette rencontre sera suivie d'une longue amitié et de plusieurs préfaces de cet auteur aux expositions du peintre. La première préface se fait sous l'impulsion de Malraux. Ce dernier désire en effet, dans le cadre de ses fonctions à la N.R.F., que Fautrier illustre un texte de son choix. Le peintre porte son choix sur les Illuminations de Rimbaud. Malheureusement, le texte n'appartenant pas à Gallimard, Fautrier doit alors illustrer un autre texte. Il choisit L'Enfer de Dante. Mais, malgré le fougueux enthousiasme du peintre, le projet ne verra jamais le jour. Seule l'exposition à la galerie de la N.R.F., préfacée par Malraux, illustrera le travail de Fautrier. Cependant, cette expérience si elle est loin d'enthousiasmer critiques et acheteurs fait entrer Fautrier dans le cercle des intellectuels. Mais l'Histoire s'envenime et Fautrier s'exile. Il devient moniteur de ski puis monte une boite dans laquelle il fait jouer du jazz à Tignes entre 1934 et 1938. De retour à Paris en 1938, il consolide ses amitiés avec les intellectuels parisiens dont Ponge, Eluard, Char, Ganzo, Bataille, Paulhan. Continuant sa carrière pendant la guerre et après la Libération, il décèdera le 21 juillet 1964 à Châtenay-Malabry. BOURRIT (B.) : Fautrier ou le désengagement de l'art, Paris, Éditions de l'Épure, 2006. CABANNE (P.) : Jean Fautrier, Paris, Edition de la Différence, Classique du XXI° siècle, 1988. Collectif : Jean Fautrier, Martigny (Suisse), Éditions de la Fondation Giannada, 2004. PAULHAN (J.) : Fautrier l'enragé, rééd., Paris, Gallimard, 1991. PEYRÉ (Y.) : Fautrier, Paris, Éditions du Regard, 1990. FAUVISME : C’est lors du 3e Salon d'automne du 18 octobre au 25 novembre 1905, à Paris, que sont réuni pour la première fois dans la même salle (la fameuse salle VII, dite La cage aux fauves) l'ensemble des peintres qui constitueront le courant fauviste et qui s'achèvera moins de dix ans plus tard, au début des années 1910. En fait, dès 1908, il est déjà à son crépuscule. Son influence marqua néanmoins tout l'art du XXe siècle, notamment par la libération de la couleur. Le chef de file du fauvisme était Henri Matisse, mais d'autres grands artistes, comme André Derain, Maurice de Vlaminck ou encore Georges Braque en ont fait partie. Le fauvisme est caractérisé par l'audace et la nouveauté de ses recherches chromatiques. Les peintres avaient recours à de larges aplats de couleurs violentes, pures et vives, et revendiquaient un art basé sur l'instinct. Ils séparaient la couleur de sa référence à l'objet afin d'accentuer l'expression et réagissaient de manière provocatrice contre les sensations visuelles et la douceur de l'impressionnisme.» De nombreux historiens de l'art remettent en cause l'existence du mouvement fauviste, mettant en valeur la diversité des styles pratiqués par les artistes fauves, et l'absence d'identité commune clairement définie. Selon Derain, lui-même : « Le grand mérite de cette épreuve fut d'affranchir le tableau de tout contact imitatif et conventionnel ». En effet, le fauvisme ne possède pas les éléments qui caractérisent une école : ni théorie, ni style unitaire. L'utilisation des couleurs pures, souvent citée comme point de ralliement des fauves, n'est en fait pas partagée par tous : la Plage de Fécamp de Marquet, quoique tout à fait fauve dans sa composition, n'utilise que des couleurs grisées, assombries. Le fauvisme ne pourrait donc constituer qu'un « accord momentané entre de jeunes artistes indépendants soumis au même climat d'époque ». D'autres historiens de l'art contestent cette vision, comme Lebensztein, pour qui le fauvisme est un phénomène européen, voire occidental, qui se développe dans un contexte d'immense dynamisme artistique (la décennie 1904-1914 voit une succession très rapide de nombreuses transformations). Pour lui, on peut reconnaître à ces artistes des éléments communs : la simplification et l'accentuation des formes, l'autonomisation relative de la couleur, l'aplatissement de l'espace, l'apparence d'improvisation rapide, la texture, brutalement visible, l'immédiateté agressive. Le fauvisme se caractérise aussi par des rejets, en particulier celui du modelé traditionnel, de la sophistication décorative et de la thématique littéraire mise en avant par les artistes symbolistes. Les compositions en diagonale sont assez fréquentes, ainsi que l'emploi d'un cerne noir ou bleu nuit autour des personnages. Le mouvement fauve n'est pas né de rien, loin de là. Plusieurs influences communes peuvent être reconnues dans les œuvres de ses artistes. Les impressionnistes et les pointillistes constituent la première source. Leur touche particulière, qui juxtapose des couleurs pures au lieu de les mélanger, laissant à l'œil du spectateur le soin d'effectuer un travail de recomposition, est reprise par Matisse, qui fut élève de Signac à l'été 1904, et qui le transmet à son tour à Derain. Luxe, calme et volupté (1904) en est un exemple emblématique. Manguin lui-même est à la fois proche de Matisse et de Signac ou Cross, peintres divisionnistes s'il en est, tandis que Camoin fait directement référence à Manet par la concision de son dessin. Les couleurs cristallines impressionnistes sont également reprises, notamment par Manguin, dont la palette est dominée par des tons jaunes et orangés lumineux. Dufy, quant à lui, reprend fréquemment le thème de la Rue Montorgueil de Monet, dans ses 14 juillet au Havre ou rue pavoisée. Le déploiement des drapeaux en travers de la rue est prétexte au déploiement de la couleur, ce que Monet avait déjà remarqué, et que Marquet avait utilisé la même année (14 juillet au Havre). Néanmoins, la composition, avec les lignes des drapeaux qui s'entrecroisent, est très novatrice. D'autres, comme Raoul Dufy, Marquet ou Girieud utilisent plutôt la technique de Gauguin, avec de grands aplats. Matisse et Derain n'hésitent pas non plus à s'en servir, et oscillent parfois entre les influences pointillistes et de Gauguin. Dans Japonaise au bord de l'eau Matisse montre cette hésitation, en utilisant des touches assez longues quoique distantes l'une de l'autre, et même, à certains moments, des aplats. De même, Derain compose parfois ses toiles avec de larges rubans de couleurs (Le faubourg de Collioure, 1905), alors que, dans des œuvres contemporaines (Bateaux dans le port de Collioure, Effets de soleil sur l'eau), il n'utilise que de petites touches juxtaposées. Le style de Gauguin se retrouve dans un autre élément : l'utilisation du cerne autour des personnages. Celui-ci est particulièrement visible dans la danse d'André Derain (1906). Il est également important de souligner l'influence que Louis Valtat (1869-1952) eut auprès de Matisse et des futurs fauves, Rouault, Marquet, Camoin, Manguin, Puy et quelques autres qui suivaient en 1896 l'enseignement de Gustave Moreau à l'École des Beaux Arts de Paris. Valtat présenta d'ailleurs, aux côtés de Kandinsky et Jawlensky, cinq peintures dans la salle XV du Salon d'automne de 1905 ; mais dès le Salon des Indépendants de 1896, il exposa des peintures réalisées à Arcachon durant l'hiver 1895-1896, ainsi que quatre-vingts aquarelles, des dessins et des bois gravés qui comprenaient déjà des caractéristiques du fauvisme : des couleurs pures, des formes simplifiées, des perspectives abolies et des ombres supprimées. Cézanne aussi est une source d'inspiration importante. Dans La Gitane de 1905, peinte à Saint-Tropez, Matisse reprend ainsi la géométrisation du corps des personnages caractéristique du solitaire d'Aix. Derain quant à lui s'en inspire dans La danse, pour mener sa réflexion sur la place de la figure humaine dans un paysage, autant que dans Les baigneuses de 1907, pour styliser ses figures. De même, la composition du Port de Collioure, très réfléchie, fait beaucoup penser à Cézanne. Chez Vlaminck, c'est plutôt l'héritage de Van Gogh que l'on retrouve, comme le montre Partie de campagne réalisée en 1907. Bien qu'hostile aux institutions muséales, il avait découvert cet artiste lors d'une exposition en 1901 chez Bernheim-Jeune, ce qui avait définitivement orienté sa carrière vers la peinture. C'est d'ailleurs à cette même exposition que Derain le présenta à Matisse. Enfin, une dernière influence est loin d'être négligeable : celle des « arts premiers », océanien et africain. Ces arts exotiques, très décriés au XIXe siècle pour leur «laideur» et déjà plus ou moins remis à l'honneur par Gauguin, sont collectionnés par les artistes qui les découvrent lors des exposition universelles. De nombreuses œuvres présentent des personnages aux visages stylisés en forme de masque, comme c'est le cas par exemple pour La Gitane de Matisse. JEANCOLAS (C.) : L'Art fauve, éd. FWW. FAVRE (Gabriel-Claude-Jules), 1809-1880 : Avocat et homme politique. Né à Lyon le 21 mars 1809, Jules Favre commence sa carrière comme avocat. Son talent d’orateur lui vaut très tôt une excellente renommée : il plaide pour les républicains et les socialistes poursuivis par les gouvernements royal et impérial et collabore à divers journaux comme Le Droit, Le Monde ou Le National. Après la révolution de 1848 il est élu député de Lyon à l'Assemblée constituante, où il siège parmi les républicains modérés, puis du Rhône sous la Seconde République. Après le coup d'État du 2 décembre 1851, il se retire de la politique et revient à sa profession d’avocat où il se distingue en défendant Felice Orsini, qui avait organisé un attentat contre Napoléon III. En 1858, il est élu député de Paris et est un des « Cinq » qui donnent le signal de départ pour l'opposition républicaine à l'Empire. En 1863, élu député du Rhône, il devient le chef du parti républicain et prononce quelques discours où il dénonce la guerre du Mexique et l'occupation de Rome. Ces discours, éloquents, clairs et incisifs, lui valent un fauteuil à l'Académie française en 1867. Elu député de la Seine en 1869, il s’oppose, avec Thiers, à la guerre contre la Prusse en 1870 et, à la nouvelle de la capitulation de Napoléon III, il exige la destitution de l'Empereur. Dans le gouvernement de la Défense nationale, il devient vice-président et ministre des Affaires étrangères sous la présidence du Général Trochu, chargé de la tâche pénible de négocier la paix avec l'Allemagne victorieuse. Il se révèle moins adroit comme diplomate qu'il l’avait été comme orateur et commet plusieurs bévues irréparables. Sa déclaration célèbre du 6 septembre 1870, selon laquelle on ne cèderait à l'Allemagne « pas un pouce de nos territoires, pas une pierre de nos forteresses » est un morceau d'éloquence auquel Bismarck réplique le 19 en déclarant à Favre qu’il faudrait céder l'Alsace et la Lorraine comme condition de paix. La faiblesse de Favre était de ne pas pouvoir s’appuyer sur une assemblée régulièrement élue qui aurait eu des pouvoirs plus légitimes que le gouvernement de la Défense Nationale et il s’oppose au départ du gouvernement de Paris assiégé. Au cours des négociations de paix, il doit tout céder à Bismarck. Il prend des dispositions pour l'armistice du 28 janvier 1871 sans connaître la situation militaire et sans consulter le gouvernement de Bordeaux. Par une grave inadvertance il néglige d'informer Gambetta que l'armée de l'Est (80 000 hommes) n'avait pas été comprise dans l'armistice et elle est ainsi obligée de se réfugier en territoire neutre. Il ne montre aucune compétence diplomatique pendant les négociations du traité de Francfort et c’est Bismarck qui impose toutes les conditions. A partir de février 1871, membre du gouvernement Thiers, il est un des adversaires les plus déterminés de la Commune de Paris, dont il injurie les membres, provoquant la protestation indignée des députés de Paris. Discrédité, il quitte le ministère, le 2 août 1871, mais reste à l’Assemblée nationale comme député du Rhône. Élu sénateur du Rhône en 1876, il continue à soutenir la République contre l'opposition de droite jusqu'à sa mort. Comme avocat, il soutient encore plusieurs cause célèbres, notamment celles de héritiers de Naundorff, contre le comte de Chambord. Auteur du Gouvernement de la Défense Nationale (1871-1875) où il explique son rôle en 1870-1871, il décède à Versailles le 19 janvier 1880. G. Hanotaux, Histoire de la France contemporaine (1903, sqq.) E. Benoît-Lévy, Jules Favre (1884). PERROD (P.A.) : Jules Favre : avocat de la liberté (1988).

FAYE (Hervé-Auguste-Etienne-Alban), 1814-1902 : Professeur et homme politique. Né à Saint-Benoît-du-Sault (Indre) le 5 octobre 1814, Polytechnicien et membre de l’Institut, il est appelé, en 1873, à remplacer Delaunay comme professeur d’astronomie et de géodésie à l’Ecole polytechnique. A la mort de Le Verrier en 1877, il devient inspecteur général de l’enseignement supérieur pour les sciences. Attiré un moment par la politique, il se présente, sans succès, aux élections de mai 1877 comme candidat conservateur. Le 23 novembre suivant Mac-Mahon le choisit comme ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-arts du 23 novembre au 12 décembre 1877 dans le cabinet de Rochebouët. Grand-croix de la Légion d’honneur, il décède à Paris le 4 juillet 1902.

FAYE (Etienne-Léopold), 1828-1900 : Homme politique. Né à Marmande (Lot-et-Garonne) le 16 novembre 1828, élu député de la gauche républicaine, Léopold Faye est nommé sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur du 16 mai au 11 décembre 1876 dans le quatrième cabinet Dufaure. Ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts du 12 décembre 1887 au 2 avril 1888 dans le premier ministère Tirard, il maintient la censure dramatique dont le Parlement demandait la suppression. Il revient une dernière fois au gouvernement comme ministre de l’Agriculture du 22 février 1889 au 16 mars 1890 dans le second ministère Tirard. Il décède à Birac-sur-Trec (Lot-et-Garonne) le 5 septembre 1900.

FÉDÉRATION DES RÉPUBLICAINS DÉMOCRATES : Groupe à tendance catholique constitué en 1920, se réclamant de Lacordaire, Lamennais, Lamartine, Albert de Mun et l’abbé Lemire. Ses principaux étaient le docteur Thibout, nommé président, Charles Bertrand et Louis Rollin, tous trois député de la Seine en 1924.

FÉDÉRATION DES RÉPUBLICAINS RÉNOVATEURS : Fondée en 1923 par J. Correaud de Prous, un prodigieux animateur des milieux modérés de l’entre-deux-guerres. Les principales personnalités dirigeantes sont : le professeur Hadamard, André Lichtenberger, Emile Bergeron, l’amiral Berryer, Dunod, éditeur, le professeur Marion, etc. Ses revues sont : France et Monde et France Vivante.

FÉDÉRATION NATIONALE CHRÉ-TIENNE :

FÉDÉRATION RÉPUBLICAINE : FEMMES (vote des) :

FEMMES DANS L’ACTION MONDIALE : Journal mensuel fondé en 1934 et disparu quelques années plus tard. Il était édité par le Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. FEMME SOCIALISTE (La) : Journal mensuel qui paraît de 1912 à 1940. Consacré à la propagande de l’action féminine socialiste, il était dirigé par Louise Saumoneau. FENEON (Félix), 1861-1944 : Critique d’art et journaliste. Né à Turin (Italie) le 22 juin 1861 De 1881 à 1894, Félix Fénéon est employé au ministère de la Guerre de 1881 à 1894. Il s'engage dans le mouvement anarchiste dès 1890. Il n'en collabore pas moins à de nombreux journaux ou revues libertaires tels L'Endehors, La Renaissance, La Revue Anarchiste, etc. Il serait l'auteur de l'attentat visant le restaurant Foyot, le 4 avril 1894. Après une perquisition chez lui où l'on découvre de quoi fabriquer des explosifs, il fait partie des accusés lors du « Procès des trente » en août 1894. De nombreux artistes et écrivains notamment Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau, viennent témoigner en sa faveur et est acquitté. Félix Fénéon est surtout connu comme critique d'art et découvreur de talents. On lui doit un texte de première importance, le manifeste du néo-impressionisme : Les Impressionistes en 1886. Il est co-fondateur de La Libre Revue et de La Revue indépendante (1884), est l'un des principaux rédacteurs de la revue La Vogue, puis il est rédacteur, traducteur puis secrétaire de rédaction de la Revue Blanche (janvier 1894-1903), et collabore également à La Revue moderniste, au Symboliste, à La Cravache, à La Plume, au Chat noir, aux Entretiens politiques et littéraires de Francis Vielé-Griffin, au Père peinard. Il fait découvrir et publier, des auteurs tels que Jarry, Mallarmé, Apollinaire, Jules Laforgue, Rimbaud, etc. En peinture, il contribue à faire connaître Pissarro, Seurat, Signac, Van Dongen, Matisse, etc. Il est partie prenante dans le soutien apporté à Zola et à Alfred Dreyfus. Il est un des signataires du Manifeste des intellectuels publié par L'Aurore le 14 janvier 1898. Ses Nouvelles en trois lignes, publiées à partir de 1906 dans Le Matin, en font l'un des inventeurs de la « brève » et du fragment. L'humour souvent absurde de ces textes annonce Dada et le surréalisme. Il s'éloignera pourtant après la première guerre mondiale et la révolution russe, de l'anarchisme, et se déclarera volontier communiste. Il décèdera à Châtenay-Malabry (Seine) le 29 février 1944. Jean Paulhan a écrit un essai intitulé Félix Fénéon ou le critique :. Guillaume Apollinaire, « M. Félix Fénéon », Mercure de France, CVIII, avril-mai 1914. Joan Ungersma Halperin, Félix Fénéon, trad. française D. Aury, Paris, Gallimard, 1991. Salama, William - "’Les Nouvelles en trois lignes’ de Félix Fénéon (1906) : un anarchiste au Matin", Maîtrise sous la direction de P. Gerbod, J. Girault, Paris XIII, 1996. FERRETTE (Marie-Paul-Henry), 1869-1933 : Avocat et homme politique. Né à Chardogne (Meuse) le 13 juillet 1869, Ferrette est le fils d’un instituteur. Avocat à Bar-le-Duc puis à Paris, il collabire à divers journaux comme le Républicain de Bar-le-Duc, au Courrier de l’Est et à L’Echo de l’Est. Militant nationaliste, il appartient au conseil général (1898-1910), 1928-1933) et au conseil municipal de Bar-le-Duc (1900-1908 et 1928-1933). Vainqueur aux élections législatives de 1898 dans la Meuse contre Jules Develle, il s’inscrit au groupe antisémite à la Chambre. Réélu dans la Meuse en 1902 et 1906, il est battu en 1910 par Maginot. De nouveau battu en 1914, il est élu en 1919 grâce au scrutin de liste. Battu en 1924, il ne se représente pas et, ce n’est qu’à la mort d’André Maginot en 1932, qu’il se représente et est élu. Mai l’état de santé l’a empêché de jouer un grand rôle et décède à Bar-le-Duc (Meuse) le 23 juin 1933. FERRON (Théophile-Adrien), 1830-1894 : Général et homme politique. Polytechnicien et officier de génie, le général Théophile Ferron est appelé au ministère de la Guerre du 30 mai au 12 décembre 1887 dans le premier ministère Rouvier en remplacement du général Boulanger. Il éloigne son encombrant prédécesseur, devenu trop populaire, en le nommant au commandement du 13ème corps d’armée à Clermont-Ferrand. Cela lui vaut l’hostilité de la presse radicale et des huées lors de la revue du 14 juillet. L’affaire Schnaebelé ayant relancé l’inquiétude d’une invasion allemande, il fait adopter sans problème la création d’une nouvelle division de cavalerie et de 18 régiments d’infanterie. Il marque son passage au gouvernement par d’importantes réformes des structures : suppression des compagnies de dépôts et du quatrième bataillon dans les régiments d’artillerie de montagne. Il décède à Lyon le 6 mai 1894. FERROUILLAT (Jean-Baptiste, dit Joannis), 1820-1903 : Homme politique. Né à Lyon (Rhône) le 4 mai 1820, docteur en droit Joannis Ferrouillat est élu député en 1848, puis appartient à l’opposition républicaine sous le second Empire. De nouveau député en 1870, il s’inscrit au groupe de l’union républicaine et entre dans le cabinet Floquet comme ministre de la Justice et des Cultes du 3 avril 1888 au 5 février 1889. Alors qu’il présente en baisse le budget relatif au traitement des évêques, il doit faire face à l’opposition du Sénat. Toutefois, il obtient le vote du budget des Cultes – tout en se déclarant favorable à la séparation des églises et de l’Etat – en expliquant qu’il ne faut pas « agiter inutilement le pays ». Il décède à Montpellier (Hérault) le 24 mars 1903. FERRY (Désiré), 1886-1940 : Journaliste et homme politique. Né à Metz (Moselle) le 25 octobre 1886, après des études de droit, de lettres, de sciences et de sciences politiques, Désiré Ferry devient journaliste au Matin ainsi que dans plusieurs journaux lorrains. Directeur d’un service juridique à la présidence du Conseil après la Première Guerre mondiale, il est élu député national de la Meurthe-et-Moselle en 1919. Républicain d’union nationale et ardent patriote, Désiré Ferry est nommé ministre de la Marine dans le ministère François-Marsal du 9 au 13 janvier 1924. Six ans plus tard, il est nommé ministre de la Santé publique dans le second cabinet Tardieu. Il défend alors la loi permettant aux invalides de guerre l’accession à la petite propriété. Cependant, son implication dans l’affaire du crédit municipal de Bayonne lui interdit de poursuivre une carrière politique. Battu aux élections de 1936, il se consacre à la direction du journal La Liberté. Commandant de réserve, il rejoint son régiment d’infanterie au début de la guerre et sera tué à Piennes (Meurthe-et-Moselle) le 11 janvier 1940. FERRY (Famille) : Cette famille vosgienne a donné plusieurs parlementaires à la Troisième République. Outre Jules Ferry (voir ci-dessous), il y a Son frère Charles et son neveu Abel. -Charles-Emile-Joseph-Léon FERRY (1834-1909) : Né à Saint-Dié (Vosgnes) le 25 mai 1834, Charles Ferry devient chef de cabinet de Jules Favre pendant le siège de Paris. Devenu préfet de la Haute-Saône en 1871, commissaire du gouvernement en Corse la même année, est nommé préfet de la Haute-Garonne jusqu’en 1873. Il reprend ensuite ses activités de commerce et de banque et, poussé par son frère Jules, est élu député des Vosges de 1881 à 1885 et de 1893 à 1902. Charles Ferru a eu un rôle parlementaire plus effacé que son frère et se borne à donner une approbation sans réserve à la politique opportuniste. Membre de l’Union républicaine, il vote les crédits pour l’expédition au Tonkin. Accusé par les journaux de l’opposition d’avoir entrepris, sous le couvert de la politique coloniale, des opérations financières, ce franc-maçon ne se représente pas aux élections législatives de 1885. Sénateur des Vosges de 1888 à 1891, il décède à Paris le 21 juillet 1909. -Abel-Jules-Edouard FERRY (1881-1918) : Avocat et homme politique. Né à Paris le 26 mai 1881, Abel Ferry est le neveu et fils adoptif de Jules Ferry et petit-fils du ministre Allain-Targé. D’abord avocat, Abel Ferry est élu député de la gauche radicale dans le département des Vosges de 1909 à sa mort et se fait remarquer par ses interventions en politique internationale. Ainsi, lorsque Viviani forme son premier cabinet, il le nomme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil chargé des Affaires étrangères du 14 juin au 3 août 1914. Il donne sa démission pour rejoindre le front comme simple caporal en dépit de la décision de réforme le concernant. Le président du Conseil refuse sa démission mais le laisse partir rejoindre son régiment. Il parvient à mener ses deux ‘activités » et conserve sa place dans le second ministère du 3 au 26 août 1914. Après la chute du cabinet en octobre 1915, il continuera à se battre encore six mois avant d’être nommé contrôleur des armées. Alors qu’il inspecte le nouveau fusil mitrailleur, il est fauché par un obus et meurt huit jours plus tard à Vauxaillon (Aisne) le 15 septembre 1918. FERRY (Jules-François-Camille), 1832-1893 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Dié (Vosges), Jules Ferry est l’une des figures emblématiques de la IIIème république. Son nom reste attaché à l’œuvre scolaire et à la conquète coloniale, qui marquent la France pour plusieurs décénnies. Né le 5 avril 1832 à Saint-Dié (Vosges), Jules Ferry est le fils d’un avocat. Brillant avocat, il acquiert assez tôt une certaine notoriété grâce à ses articles dans La Presse, Le Courrier de Paris, La Gazette des Tribunaux et Le Temps. Prenant part dès la première heure à la lutte contre l’Empire, se sont surtout ses attaques contre l’administration de Paris par Haussmann qui le font connaître de tout le monde en publiant les Comptes fantastiques d’Hausmann. Ce mauvais calembour fait la fortune politique de Ferry. Député en 1869, membre du gouvernement de la Défense nationale au lendemain du 4 septembre 1870 puis préfet de la Seine et maire de Paris, il s’était distingué par sa fermeté contre les manifestations du mouvement communaliste qui lui vaut le surnom de « Ferry-la-Famine ». Elu député des Vosges en 1871, Jules Ferry est nommé ministre plénipotentiaire en Grèce, où il représente la France en 1872 et 1873, puis il revient siéger à l’Assemblée nationale au sein de l’opposition républicaine. En septembre 1880, à la chute du cabinet Freycinet, Ferry est nommé par le président de la République, président du Conseil. Le cabinet était sensiblement le même que le précédent, Ferry conserve l’Instruction publique. L’œuvre principale de Ferry est de constituer la réforme scolaire qu’il a commencée dans le cabinet précédent : loi du 21 décembre 1880 sur l’enseignement secondaire des jeunes filles, loi sur la gratuité de l’enseignement primaire (16 juin 1881) et naturellement loi sur l’obligation. Par ailleurs, c’est sous ce ministère qu’aboutissement les grandes lois libérales examinées depuis que les républicains avaient accédé au pouvoir : liberté des réunions publiques (30 juin 1881), liberté de la presse (29 juillet 1881) et laïcisation des cimetières (28 juillet 1881). Dans tous les débats, il se révèle un orateur de talent. Ferry est véritablement, durant ce premier ministère, un président du Conseil « sous haute surveillance ». Au parlement, le gouvernement est sans cesse sous la pression de l’Union républicaine, soit qu’elle le critique, soit qu’elle le soutient, mais toujours du bout des lèvres. Dès la rentrée parlementaire, le 9 novembre, commence l’épreuve du harcèlement. Alors que Ferry réclame la priorité pour les lois sur l’enseignement, Waldeck-Rousseau, demande que la Chambre se préocuppe plutôt de la réforme sur la magistrature, loi militaire, intervention de l’Etat pour la poursuite du programme de construction de chemins de fer, dégrèvement fiscaux. La réforme du mode de scrutin et la révision constitutionnelle ont été écartées. Ferry a de nouveau besoin de l’appui de Gambetta pour obtenir, le 12 mai 1881, la ratification du traité du Bardo qui établissait le protetorat de la France sur la Tunisie. A cette occasion, se révèle l’existence d’un fort courant anticolonial, dominé par Clemenceau, qui va pendant quatre ans lutter contre la politique d’expansion menée sous l’égide de Jules Ferry. Toute la force de persuasion de Gambetta est nécessaire pour emporter la décision. La question du scrutin de liste occupe la devant de la scène politique en mai-juin. Le projet, défendu par l’Union républicaine, n’est pas soutenu par Jules Ferry qui décide que le cabinet s’abstiendra de prendre position. Voté par la Chambre le 19 mai, le scrutin de liste est rejeté par le Sénat le 9 juin 1881. La chute du cabinet Ferry, le 8 novembre 1881, est le résultat des élections d’août 1881 plus qu’une attaque frontale. Il est renversé sur la question tunisienne. Malgré tout, Ferry avait conservé le soutien de l’ensemble des républicains non radicaux et était parvenu à faire aboutir bon nombre de lois réclamées de longue date par la majorité. Le deuxième cabinet Ferry constitué le 18 février 1883 gouverne dans des conditions totalement différentes du précédent. Il constitue alors un ministère essentiellement d’Union républicaine, avec une lègère ouverture sur les autres groupes. Le cabinet est véritablement, dans sa structure et par les hommes qui le composent, un cabinet « opportuniste », c'est-à-dire dans la continuité du « Grand Ministère » de Gambetta. Comme Gambetta, Ferry avait envisagé de prendre la présidence sans portefeuille pour, disait-il, se placer un peu au-dessus de toutes les affaires et les diriger un peu toutes. Mais il recule devant les obstacles matériels et se contente de prendre le ministère de l’Instruction publique puis les Affaires étrangères. Le programme annoncé le 22 février s’apparente de même à celui du « Grand ministère » : réforme de la magistrature, loi municipale, lois militaires, lois sociales (caisses de retraite, sociétés de secours mutuels, syndicats professionnels), négociations avec les grandes compagnies de chemin de fer, organisation du protectorat de Tunisie. Il faut également rajouter deux engagements implicites, qui sont probablement la condition de cet accord gouvernemental : le scrutin de liste et la révision de la Constitution. La réforme de la justice est l’une des préoccupations majeures des républicains. Il s’agit, dit-on, de la rendre indépendante de l’exécutif – l’avancement des magistrats était alors opéré par la chancellerie et obéissait davantage à des critères politiques qu’à des critères de compétence. Les radicaux veulent rendre les fonctions de magistrats électives et temporaires. Le 10 mars 1883, Martin-Feuillée dépose un nouveau projet. Il propose de suspendre temporairement l’inamovibilité et conserve au gouvernement la nomination des magistrats. Quelques mesures consistent à améliorer le bon fonctionnament de la justice : augmentation des traitements, réduction du personnel sans supprimer de tribunaux et création d’un Conseil supérieur pour exercer les attributions disciplinaires. Les journaux intransigeants s’emportent sur cette réforme qui n’en est pas une ; les conservateurs crient à la dictature jacobine et à l’arbitraire. Après d’âpres discussions, la loi est votée par la Chambre, le 5 juin 1883, et par le Sénat le 1er août. Le cabinet Ferry est également très attendu sur sa politique économique et financière. L’Union républicaine a en effet dénoncé, depuis un an, le ralentissement du programme de travaux publics opéré par Léon Say pour raisons budgétaires et continue de réclamer la nationalisation de certaines compagnies de chemin de fer. Raynal, ministre des Travaux publics, entame immédiatement les négociations et propose de nouvelles conventions, qui sont signées de mai à juillet 1883. Les compagnies s’engagent à terminer le programme de Freycinet, contre toutes sortes d’avantages : abandon du droit de rachat des lignes déjà exploitées, concession d’exploitation de lignes construites au titre du plan Freycinet. L’Etat accorde de plus sa caution aux emprunts et garantis les dividendes. En échange, toutefois,, il contrôle plus étroitement le cahier des charges. Ces accords sont dénoncés par les radicaux et certains gambettistes comme une concession excessive faite aux compagnies, qui échappaient au contrôle tarifaire et au rachat par l’Etat. Méline crée le conseil supérieur de l’Agriculture et l’ordre du Mérite, tandis ue les subventions étaient attribuées aux comices et que l’enseignement primaire agricole était instauré. Toute une série de lois, décrets et mesures sont institués pour protéger la petite propriété, susciter les associations et moderniser l’Agriculture. Un projet de loi sur le crédit agricole est également déposé mais est ajourné par le Sénat. Cependant la crise économque de 1882 provoque un chômage important, notamment au sein de la population ouvrière de Paris. L’industrie du bâtiment est plus particulièrement touchée par ce retournement de tendance. A plusieurs reprises, les radicaux somment le gouvernement d’agir. Ferry repousse fermenemnt la proposition de constituer un vaste atelier national du Bâtiment sur le modèle de 1848. A ses yeux, le rôle de l’Etat n’était pas de substituer à l’initiative privée, mais d’atténuer les effets de la crise. Les travaux de l’Etat – Sorbonne, Ecole de médecine, Palais de Justice, écoles, casernes de pompiers, etc. – seraient donc accélérés. Au nom du libéralisme économique, il repouse, dans un premire tamps, les mesures protectionnistes préconisées par Méline puis fini par accepter de relever les droits de douane portant sur certains produits agricoles : betteraves, céréales, bétail. Des projets de lois sont déposés sur les accidents du travail, sur la réduction du temps de travail (journée de onze heures, repos dominical, interdiction du travail de nuit des femmes), sur les sociétés de secours mutuels, sur les retraites. Quelques-uns aboutissent, mais un grand nomnre sont renvoyés en commission, tandis que d’autres sont rejettés par le Sénat. A ceux qui se plaignaient de ces lenteurs, Ferry rétorque qu’il les préfère au despotisme d’un homme. La loi sur les associations professionnelles, qui est votée en 1884 est conçue dans cet esprit très libéral. Loi de reconnaissance officielle, préalable indispensable à la discussion avec les patrons. Le 13 mars 1883, Challemel-Lacour pronoçe son premier discours de ministre des Affaires étrangères au sénat, affirmant la nécessité pour la France d’avoir une politique d’envergure en matière coloniale. C’est ainsi que le gouvernement appuie les expéditions menées au Tonkin, au Congo et à Madagascar. Cette politique coloniale constitue le volet le plus contesté de la politique du gouvernement. Elle rassemble contre le « Tonkinois » non seulement la droite mais également l’extrême gauche et une bonne partie de la Gauche républicaine. Elle est directement à l’origine de la chute du cabinet, le 30 mars 1885, après l’annoce du désastre de Lang Son qu’avait subi l’expédition française au Tonkin. La politique étrangère de Bismarck continue d’inquiéter. Ferry dit cependant Refuser l’affacement préconisé par les conservateurs. Il préfère suivre une autre politique extérieure, un epolitique circonspecte et prudente, mais cative et digne de la France. La dernière grande réforme opérée par le cabinet concerne la révision des institutions. Depuis le vote des lois constitutionnelles de 1875, les radicaux ne cessaient de dénoncer l’existence du Sénat et celle du président de la République qui, à leurs yeux, n’étaient pas conformes à l’idéal républicain. Chaque année, un projet de révision visant à les supprimer était déposé mais il était ajourné. Pour circonscrire cette opposition qui, à terme, risquaot de fragiliser la république, Jules Ferry décide d’opérer lui-même cette révision des institutions, en supprimant les éléments les plus conservateurs dont la disparaition ne remettrait pas en cause l’ensemble de l’édifice. Il dépose son projet le 24 mai 1884. Après quelques inquiétudes, les mesures limitées qu’il préconisait sont acceptées. On supprime l’inamovibilité des sénateurs et on modifie le collège électoral en faveur des grandes villes. Cette réforme ne suffit pas cependant à faire accepter par les radicaux l’existence de la Chambre haute qu’ils jugeaient décidément trop monarchique. Le ministère Ferry est souvent mentionné pour son exceptionnelle longévité. Or, il est renversé quelques mois à peine avant les élections, alors que la question coloniale avait déjà donné lieu à plusieurs explications sans gravité. Comment l’expliquer ? Une étude détaillée du scrutin du 30 mars 1885 peut nous permettre d’avancer des élements de réponse. Le gouvernement, en butte à des difficultés militaires, avait demandé la priorité sur l’obstention d’un crédit de 200 millions pour le Tonkin, destiné à envoyer des renforts militaires. Le débat est l’occasion d’une grande explication sur la politique d’expansion coloniale menée par Ferry mais, malgré la virulence des échanges et sans vouloir sous-estimer les arguments échangés, il nous semble qu’il ne soit que la partie visible d’un combat politique souterrain. La question coloniale est le prétexte ; les motivations des uns et des autres étaient principalement politiciennes. Sur 455 votants, 149 seulement soutiennent le cabinet. Il avait manqué 80 voix à Ferry pour l’emporter. Des députés des deux groupes modérés l’avaient abandonné : 58 de l’Union républicaine et une trentaine de la Gauche républicaine. Ceux de l’Union républicaine qui ne soutiennent pas le cabinet appartiennent à l’aile gauche du groupe. Parmi ceux qui étaient inscrits simultanément à l’Union républicaine et à la Gauche radicale, 4 seulement accordèrenet leur soutien à Ferry, 17 votent non et 4 s’abstiennent. Parmi les refus, on relève les noms d’Allain-Targé, de Paul Bert, Constans, Turquet, Edmond Caze, etc. tous réputés pour leur connivence avec le radicalisme. Une partie de la gauche républicaine abandonne aussi son ancien chef : à partir du moment où Ferry s’était rapproché des opportunistes, il s’était éloigné d’une partie des députés de son groupe, ceux qui avaient toujours combattu Gambetta. Après avoir laissé Ferry instituer le scrutin de liste, beaucoup avait eu peur qu’il soit le principal bénéficiaire de cette réforme. Les législatives devaient avoir lieu à l’automne et seraient suivies de l’élection présidentielle. Or, ce n’était un mystère pour personne que Jules Ferry pensait à la succession de Grévy. Si les opportunistes avaient de nouveau la majorité à la Chambre, l’autoritaire Ferry serait probablement porté à l’Elysée. Les radicaux et certains membres de la Gauche républicaine frémissaient de cette perspective. Si la camapgne électorale n’était pas patronnée par Ferry, on lui ôtait l’arme formidable que constituait la direction de l’administration, la situation serait plus ouverte. Le ministère est renversé le 6 avril 1885 après le vote du scrutin de liste, pour éviter que Ferry ne procède à la dissolution anticipée dont il avait le projet. La postérité a retenu l’apostrophe assassine de Clemenceau : « Oui, tout est fini entre nous ; nous ne voulons plus vous entendre ; nous ne pouvons plus discuter avec vous les garnds intérêts de la patrie, nous ne voulons plus vous connaître…Ce ne sont plus des ministres que j’ai devant moi : ce sont des accusés de haute trahison sur lesquels, s’il subsiste en France un principe de responsabilité et de justice, la main de la loi ne tardera pas à s’abattre. » Dès lors, et jusqu’à sa mort, « Ferry-le-Tonkinois » est l’objet de la constante animosité de l’opinion publique. Il ne fera plus partie d’aucun ministère, sera battu à l’élection présientielle de 1887 et aux élections législatives de 1889 et ne réussit pas à devenir sénateur des Vosges. Les sénateurs l’élisent cependant président de leur assemblée quelques semaines avant a mort. Fragilisé par l’attentat dont il a été victime le 10 décembre 1887 qui le blesse de plusieurs balles de revolver, il décède à Paris le 17 mars 1893. Discours et opinions politiques de Jules Ferry, Paris, Armand Colin, 1898, 7 tomes. FERRY (J.) : La Républiques des citoyens, Paris, Imprimerie nationale, 1996, 2 volumes Lettres de Jules Ferry, Paris, Calmann-Lévy, 1914. BARRAL (P.) : Jules Ferry, une volonté pour la République, Nancy, Editions Serpenoises, 1985. GAILLARD (J.-M.) : Jules Ferry, Paris, Fayard, 1989. GREVY (J.): La République des oppotunistes, Paris, Perrin, 1998. Jules Ferry, fondateur de la République, Actes du colloque de l’EHESS, 1985. FEUILLADE (Louis), 1873-1925 : Réalisateur. Né le 29 Février 1873 à Lunel (Hérault) d'une famille de modestes commissionnaires en vins, Louis Feuillade manifeste, à peine sorti de l'adolescence, un goût profond pour la littérature. Ses poèmes sont parfois publiés dans la presse locale où, il se fait une petite réputation de critique tauromachique. Il se dirige vers Paris en 1898 pour y conquérir la gloire littéraire. Une période de profonde misère l'y attend, journaliste famélique. Au début de 1905, il commence à vendre régulièrement des scenarii chez Gaumont et obtient bientôt de les mettre lui-même en scène. En 1907, il devient directeur artistique de la maison. Il occupera ce poste jusqu'en 1918, tout en poursuivant sa propre production jusqu'en 1925, année de sa mort, il estimait à environ 800 films. Son nom est associé au fameux Fantômas, personnage créé par Marcel Allain et Pierre Souvestre en 1913 qu'il est le premier à illustrer au cinéma. D'une manière plus générale, il est le premier grand réalisateur français de film d'aventures, exploitant le format des serials, la même histoire courant sur plusieurs épisodes. ), citons : Les Vampires (1915, 10 épisodes), Judex (1916, 12 épisodes), Tih-Minh (1918, 12 épisodes), Barrabas (1919, 12 épisodes), Parisette (1921, 12 épisodes), etc. Il décède le 26 février 1925 à Nice (Basses-Alpes). FÉVRIER (André-Louis), 1885-1961 : Fonctionnaire et homme politique. Né le 30 novembre 1885 au Vigan (Gard), André Février est issu d’un milieu modeste. Fonctionnaire des PTT, il milite au parti socialiste depuis 1905. Conseiller municipal de Lyon en 1919 et adjoint au maire Edouard Herriot, André février est candidat aux élections législatives dans le Rhône en 1924, siège qu’il conserve jusqu’en 1942. Ministre du Travail du 22 juin 1937 au 17 janvier 1938 dans le troisième cabinet Chautemps, il poursuit la politique sociale du gouvernement Blum : lois sur les conventions collectives et sur les conflits du travail. Blum l’appelle d’ailleurs dans second cabinet, du 13 mars au 9 avril 1938 comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et au Trésor. Retrouvant son siège à la Chambre à la chute de cabinet, il fait partie du 21 mars au 5 juin 1940 du cabinet Reynaud comme sous-secrétaire d’Etat à l’Information et doit faire fave aux critiques concernant la censure imposée par le gouvernement et l’armée. Sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics du 5 au 16 juin 1940 dans le même ministère, il ne peut, paradoxalement, qu’approuver les destructions d’ouvrages d’art effectuées par les troupes françaises pour tenter de retarder l’avancée des troupes allemande. De nouveau ministre du Travail dans le cabinet Pétain du 16 au 27 juin 1940 il substitue son portefeuille par celui des Transmissions du 27 juin au 12 juillet 1940. Votant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, il se retire de la vie politique. Il décèdera à Lyon, le 27 avril 1961. FEYDEAU (Georges), 1862-1921 : Auteur dramatique. Issu d’une famille noble, Georges Feydeau est né à Paris le 8 décembre 1862 Il est le fils de Léocadie Bogaslawa Zelewska et présumé de l'écrivain Ernest Feydeau. Très jeune, il néglige ses études pour se consacrer au théâtre. Sa première pièce, Par la fenêtre, est jouée pour la première fois en 1882, alors qu'il a 19 ans. En 1886, il remporte un assez beau succès avec sa première pièce Tailleur pour dames avant de connaître une suite d’années difficiles. L’auteur, qui connaît alors de graves difficultés financières, songe à se faire comédien, mais les projets qu’on lui propose n’aboutiront pas. Cette année là, il épouse la très belle Marianne Carolus-Duran, fille d’un des plus célèbres artistes peintres de l’époque. Ce mariage d’amour s’accompagne d’heureuses retombées financières, car la dot de Marianne lui permet d’envisager plus sereinement une carrière d’auteur dramatique La consécration vient en 1892 avec les pièces Monsieur chasse, Champignol malgré lui et Le Système Ribadier. Feydeau renouvelle le genre du vaudeville par une étude plus approfondie des personnages. Il se moque notamment de la médiocrité des existences bourgeoises, qu'il tourne en ridicule. Dès lors, Feydeau connaît une suite ininterrompue de succès, tant en France qu’en Europe, et même aux Etats-Unis, avec notamment Un fil à la patte, Notre futur, Le Ruban, L’Hôtel du libre-échange (1894), Le Dindon, Les Pavés de l’ours (1896), Séance de nuit, Donnez, je le veux (1897), La Dame de chez Maxim (1899), La Main passe (1904), L’Age d’or (1905) ; Le Bourgeon (1906) ; La Puce à l’oreille (1907) et Occupe-toi d’Amélie (1908). Pendant l’hiver 1918-1919, il attrape la syphilis et sombre dans la folie. Il est interné dans un centre à Rueil Malmaison où il décèdera le 5 juin 1921. FICHES (affaires des) : Le général André, ministre de la Guerre dans le gouvernement d'Émile Combes, est à l'origine d'une affaire qui éclate le 4 novembre 1904. Son idée est d’établir, par des francs-maçons, des fiches de renseignements sur les opinions religieuses des officiers républicains ou plus exactement ficher les « bons » et les « mauvais » officiers républicains. Au début du XXe siècle, la République est certes bien affirmée mais il existe des poches de résistance, notamment au sein de l'armée. L'institution a eu le sentiment d'une atteinte à son honneur et à sa crédibilité avec l'affaire Dreyfus. De plus, dans l'armée et la marine, le recrutement des officiers est loin de s'être démocratisé. Les monarchistes y sont encore nombreux, l'antirépublicanisme y règne. Face au danger, réel ou supposé, d'une armée peu sûre pour le régime républicain, le général André, ministre de la Guerre (non maçon), a fait établir deux fichiers. L'un, Carthage, comprend les noms des officiers « douteux » ; l'autre, Corinthe, ceux des officiers « sûrs ». Cela ne lui semble pas suffisant. En 1901, avec l'aide du capitaine Mollin, gendre d'Anatole France, membre de son cabinet et franc-maçon, il contacte Desmons, alors président du Grand Orient de France, afin que les loges de province apportent leurs propres renseignements sur la conduite des officiers et leur républicanisme. Convaincues d'oeuvrer au renforcement du régime, les autorités maçonniques acceptent. Pendant trois ans, parviendront au ministère près de 20 000 fiches. L'affaire éclate lorsque le frère Bidegain, qui appartient au secrétariat du Grand Orient, vend le fichier établi par les loges au député nationaliste Guyot de Villeneuve. A l'ouverture de la séance à la Chambre, le 28 octobre 1904, ce dernier fait état de l'existence des fiches. C'est un scandale aux yeux de la droite nationaliste. A la chambre des députés, le député nationaliste du IIe arrondissement, Syveton gifle à deux reprises le ministre de la Guerre, et, plus tard, son suicide, sans doute pour des raisons de moeurs, passera pour un crime maçonnique. Car l'antimaçonnisme va se déchaîner. Certes, le capitaine Mollin quitte l'armé, le général André démissionne le 15 novembre et le gouvernement Combes se retire, bien qu'il conserve une courte majorité théorique. Mais le mal est fait. On voit la pieuvre maçonnique partout. L'affaire a-t-elle affaibli la franc-maçonnerie ? Pas si l'on en juge par les effectifs. Le Grand Orient, longtemps fort de 17 000 membres, connaît une progression importante à partir de la victoire du Bloc des gauches : on passe de 21 000 membres en 1903 à plus de 30 000 en 1910. La progression est identique à la Grande Loge. La raison ? La franc-maçonnerie apparaît à beaucoup comme un rempart fondamental contre les menées antirépublicaines et l'établissement de fiches passe dès lors pour un simple moyen de rendre le régime plus stable. FINANCES (ministres des) : -4 septembre 1870 - 19 février 1871 : Ernest Picard -19 février 1871 - 25 février 1871 : Louis Joseph Buffet -25 février 1871 - 23 avril 1872 : Augustin Pouyer-Quertier -23 avril 1872 - 7 décembre 1872 : Eugène de Goulard -7 décembre 1872 - 25 mai 1873 : Léon Say -25 mai 1873 - 20 juillet 1874 : Pierre Magne -20 juillet 1874 - 10 mars 1875 : Pierre Mathieu-Bodet -10 mars 1875 - 17 mai 1877 : Léon Say -17 mai 1877 - 23 novembre 1877 : Eugène Caillaux -23 novembre 1877 - 13 décembre 1877 : François Dutilleul -13 décembre 1877 - 28 décembre 1879 : Léon Say -28 décembre 1879 - 14 novembre 1881 : Pierre Magnin -4 novembre 1881 - 30 janvier 1882 : François Allain-Targé -30 janvier 1882 - 7 août 1882 : Léon Say -7 août 1882 - 6 avril 1885 : Pierre Tirard -6 avril 1885 - 16 avril 1885 : Jean Clamageran -16 avril 1885 - 11 décembre 1886 : Sadi Carnot -11 décembre 1886 - 30 mai 1887 : Albert Dauphin -30 mai 1887 - 12 décembre 1887 : Maurice Rouvier -12 décembre 1887 - 3 avril 1888 : Pierre Tirard -3 avril 1888 - 22 février 1889 : Paul Peytral -22 février 1889 - 12 décembre 1892 : Maurice Rouvier -13 décembre 1892 - 4 avril 1893 : Pierre Tirard -4 avril 1893 - 3 décembre 1893 : Paul Peytral -3 décembre 1893 - 30 mai 1894 : Auguste Burdeau -30 mai 1894 - 26 janvier 1895 : Raymond Poincaré -26 janvier 1895 - 1er novembre 1895 : Alexandre Ribot -1er novembre 1895 - 29 avril 1896 : Paul Doumer -29 avril 1896 - 28 juin 1898 : Georges Cochery -28 juin 1898 - 22 juin 1899 : Paul Peytral -22 juin 1899 - 7 juin 1902 : Joseph Caillaux -7 juin 1902 - 17 juin 1905 : Maurice Rouvier -17 juin 1905 - 14 mars 1906 : Pierre Merlou -14 mars 1906 - 25 octobre 1906 : Raymond Poincaré -25 octobre 1906 - 24 juillet 1909 : Joseph Caillaux -24 juillet 1909 - 3 novembre 1910 : Georges Cochery -3 novembre 1910 - 2 mars 1911 : Louis-Lucien Klotz -2 mars 1911 - 27 juin 1911 : Joseph Caillaux -27 juin 1911 - 22 mars 1913 : Louis-Lucien Klotz -2 mars 1913 - 9 décembre 1913 : Charles Dumont -9 décembre 1913 - 17 mars 1914 : Joseph Caillaux -17 mars 1914 - 9 juin 1914 : René Renoult -9 juin 1914 - 13 juin 1914 : Étienne Clémentel -13 juin 1914 - 26 août 1914 : Joseph Noullens -26 août 1914 - 20 mars 1917 : Alexandre Ribot -20 mars 1917 - 12 septembre 1917 : Joseph Thierry -12 septembre 1917 - 20 janvier 1920 : Louis-Lucien Klotz -20 janvier 1920 - 16 janvier 1921 : Frédéric François-Marsal -16 janvier 1921 - 15 janvier 1922 : Paul Doumer -15 janvier 1922 - 29 mars 1924 : Charles de Lasteyrie -29 mars 1924 - 14 juin 1924 : Frédéric François-Marsal -14 juin 1924 - 3 avril 1925 : Étienne Clémentel -3 avril 1925 - 17 avril 1925 : Anatole de Monzie -17 avril 1925 - 29 octobre 1925 : Joseph Caillaux -29 octobre 1925 - 28 novembre 1925 : Paul Painlevé -28 novembre 1925 - 16 décembre 1925 : Louis Loucheur -16 décembre 1925 - 9 mars 1926 : Paul Doumer -9 mars 1926 - 23 juin 1926 : Raoul Péret -23 juin 1926 - 19 juillet 1926 : Joseph Caillaux -19 juillet 1926 - 23 juillet 1926 : Anatole de Monzie -23 juillet 1926 - 11 novembre 1928 : Raymond Poincaré -11 novembre 1928 - 21 février 1930 : Henry Chéron -21 février 1930 - 2 mars 1930 : Charles Dumont -2 mars 1930 - 13 décembre 1930 : Paul Reynaud -13 décembre 1930 - 27 janvier 1931 : Louis Germain-Martin -27 janvier 1931 - 3 juin 1932 : Pierre Étienne Flandin -3 juin 1932 - 18 décembre 1932 : Louis Germain-Martin -8 décembre 1932 - 31 janvier 1933 : Henry Chéron -31 janvier 1933 - 30 janvier 1934 : Georges Bonnet -30 janvier 1934 - 4 février 1934 : François Piétri -4 février 1934 - 9 février 1934 : Paul Marchandeau -9 février 1934 - 1er juin 1935 : Louis Germain-Martin -1er juin 1935 - 7 juin 1935 : Joseph Caillaux -7 juin 1935 - 4 juin 1936 : Marcel Régnier -4 juin 1936 - 22 juin 1937 : Vincent Auriol -22 juin 1937 - 18 janvier 1938 : Georges Bonnet -18 janvier 1938 - 13 mars 1938 : Paul Marchandeau -13 mars 1938 - 10 avril 1938 : Léon Blum -10 avril 1938 - 1er novembre 1938 : Paul Marchandeau -1er novembre 1938 - 21 mars 1940 : Paul Reynaud -21 mars 1940 - 5 juin 1940 : Lucien Lamoureux FINOT (Alfred), 1876-1946 : Statuaire, décorateur. Après un apprentissage à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy, Alfred Finot entre en 1895 dans l'atelier du sculpteur Barrias à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris. Portraitiste, Alfred Finot réalise de nombreux bustes et médaillons de personnalités locales. Dans le domaine de la statuaire, il est l'auteur de plusieurs compositions monumentales dont certaines commandées par Eugène Corbin (haut reliefs des Magasins Réunis, sculptures du tombeau Corbin) ou issues d'une souscription publique (monument au peintre Sellier). Ses statuettes et objets décoratifs (vases, encriers, vide-poches) d'inspiration symboliste ou naturaliste sont édités en céramique par les frères Mougin et à Rambervillers (S.A.P.C.R.), en bronze par le bijoutier Séverin Ronga (1857-1931) ou en pâte de verre par Amalric Walter (1870-1959). Alfred Finot est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901. FISCALITÉ : FLAMBEAU DES CAMARADES DU FEU (Le) : Journal menuel fondé en juin 1939, P. Morin en est le gérant et A. Pichon, le principal leader. A la fois hostile aux juifs, aux francs-maçon et aux marxistes, le journal était le porte-parole de l’association Les Camarades du feu qu’animait A. Pichon. FLAMMARION (Nicolas-Camille), 1842-1925 : Astronome. Camille Flammarion, né le 26 février 1842 à Montigny-le-Roi, (Haute-Marne) est l'aîné d'une famille de quatre enfants. Ernest, son frère cadet, sera d'ailleurs le fondateur de la maison d'éditions qui porte son nom. En 1856, Camille Flammarion rejoint les siens dans la capitale. Passionné depuis son plus jeune âge d'astronomie et de choses célestes (enfant, il a pu assister à deux éclipses), Camille Flammarion rédige à cette époque une Cosmogonie universelle. Cette étude du monde des origines sera rééditée en 1885 sous le titre Le Monde avant l'apparition de l'Homme. En 1862, il fait paraître un second ouvrage, La Pluralité des Mondes habités. Ce dernier, qui tente de répondre à la question de l'existence des extra-terrestres, obtient un grand succès auprès du public, mais est à l'origine de son renvoi. Charles-Eugène Delaunay, autre scientifique de renom, le prend alors à son service. Quelques années plus tard, ayant enfin fait l'acquisition d'une lunette (fabriquée par Secretan et muni d'un objectif de 108 mm), Camille Flammarion peut enfin se livrer à l'observation du ciel sur une petite terrasse de location. Dès l'année suivante, il adresse une première communication à l'Académie des Sciences et livre des articles aux revues scientifiques (à Cosmos notamment) ou grand public (entre autres au Magasin pittoresque). Peu après la guerre de 1870, l'homme de sciences s'installe à proximité de l'Observatoire, qui le réintègre d’ailleurs en 1876. Flammarion s'intéresse à présent au problème que posent les étoiles doubles. Ses travaux sont publiés en 1878. L'astronome décrit pour la première fois le mouvement propre d'Aldébaran, la plus brillante étoile de la constellation du Taureau. Cependant, plus que ses nombreux mémoires scientifiques, ce sont surtout ses ouvrages de vulgarisation destinés au grand public qui lui donnent la célébrité. En 1880, paraît ainsi l'Astronomie populaire. L'année suivante, paraissent également Les Étoiles et les Curiosités du Ciel, ainsi qu'une Petite Astronomie descriptive, cette dernière étant surtout destinée aux néophytes. Afin de financer ses travaux scientifiques, Camille Flammarion avait fondé en 1882 la revue L'Astronomie. Dans ses pages sont publiés ses travaux. En 1887, il fonde en effet la Société astronomique de France, qui s'installe à Paris. A cette adresse, un observatoire permet aux adhérents de la Société d'étudier le ciel. En 1912, la Légion d'Honneur est attribuée à Flammarion, au savant comme au vulgarisateur. Et à cette époque, il nourrit un autre grand projet que le déclenchement de la première guerre mondiale interrompra : la transformation de la Place de la Concorde en un vaste cadran solaire... Se situant désormais en marge de l’évolution des sciences, comme nombre de savants de sa génération, il s'intéresse désormais au problème de la vie après la mort, lui qui a toujours eu un penchant pour le spiritisme. En 1923, l'astronome est élu président de la Society for Psychical Research de Londres. Camille Flammarion décède à Juvisy-sur-Orge, le 3 juin 1925. FLANDIN (Pierre-Etienne), 1889-1958 : Avocat et homme politique. Né à Paris le 12 avril 1889, Pierre-Etienne Flandin est fils et petit-fils de parlementaires de l’Yonne. Jeune avocat inscrit au barreau de Paris, diplômé de l’Ecole libre des sciences politiques, Flandin débute sa carrière comme secrétaire de Millerand. En 1914, à 25 ans, il est élu député de l'arrondissement d'Avallon, battant le radical Gallot, le vieil adversaire de son père. Il est alors le plus jeune député de la Chambre. Pilote breveté dès 1912, il est affecté au début de la guerre à l'escadrille MF 33 et participe à la bataille de l'Yser. Très vite, il devient le député spécialiste des questions aéronautiques et, à ce titre, est chargé de plusieurs missions importantes. Au sortir de la guerre, son ascension et sa réussite politiques, qui vont s'affirmer désormais, peuvent s'appuyer sur tout un acquis de relations et d'influences locales et nationales. Il gravit les échelons du « ministère de l’Air » jusqu’à sa nomination comme sous-secrétaire aux Travaux publics, chargé de l’Aéronautique et des Transports aériens dans les premier et second ministères Millerand du 20 janvier au 17 février 1920 et du 19 février au 15 janvier 1921 puis dans le ministère Leygues à partir du 24 septembre 1920. Il peut alors appliquer la politique qu’il préconise depuis plusieurs années à la Chambre, et notamment le développement des transports aériens et de l’industrie civile.Obligé de quiitter le gouvernement le 15 janvier 1921, il continue à suivre de près les questions aériennes. De haute taille et bon orateur, ce technicien réputé s’impose rapidement comme l’une des étoiles montantes de la droite même si, du 9 au 13 juin 1924, son éphémère passage au sein du cabinet François-Marsal comme ministre du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes, par solidarité avec Millerand l’écarte des responsabilités nationales pendant plusieurs années. Responsable de l’éaroclub de France pendant dix ans, de 1922 à 1933, vice-président de la Chambre en 1928, Flandin est l'une des personnalités les plus écoutées de l'Alliance démocratique, la principale formation du Centre droit, il revient au gouvernement dans les premier et second cabinet Tardieu du 3 novembre 1929 au 20 février 1930 et 2 mars au 12 décembre 1930 comme ministre du Commerce et de l’Industrie. Face à la baisse du prix des voitures américaines, ul fait alors considérablement relever les droits de douane, afin de protéger l’industrie nationale. Ses qualités de technicien et sa compétence le conduisent à occuper le portefeuille des Finances du 27 janvier 1931 au 2 janvier 1932 dans les trois cabinets successifs Laval. La situation devient pour lui très difficile en raison de l’internationalisation de la crise de 1929. Il parvient cependant à réaménager les versements allemands prévus par le plan Young et à gérer le déficit budgétaire. Mais sa volonté de gouverner en gestionnaire et non pas en politique provoque la colère de la gauche qui l’accuse de se faire l’avocat des puissances industrielles contre l’Etat. L’affaire de « l’Aéropostale » occupe alors le devant de la scène, et la gauche en fait le procès de Flandin qui a été l’avocat de la compagnie aérienne. Après le 6 février 1934, le chef de l’Alliance démocratique intègre le cabinet Doumergue comme ministre des Travaux publics du 9 février au 8novembre 1934. A la démission de ce dernier, en novembre 1934, le président de la République Lebrun le charge de former un gouvernement. Dans un souci d’économie et d’efficacité technique, le cabinet est limité à vingt et un membres dont un seul secrétaire d’Etat. La nouvelle équipe paraît beaucoup plus faible que la précédente. Toutefois, la confiance est votée le 13 novembre à une confortable majorité. Arrivé au sommet de son parcours politique, il est, comme toute la classe politique française, confronté à de graves difficultés : la crise économique, financière et sociale, la montée des totalitarismes. Admirateur des institutions anglaises, Flandin considère le chef du gouvernement tout à la fois comme le directeur des autres ministres, le coordinateur de la majorité et l’arbitre naturel en cas de conflit institutionnel. Par conséquent, il ne s’octroie aucun portefeuille ministériel. En revanche, il renforce considérablement la présidence du Conseil en la dotant d’un cabinet chargé d’établir la liaison avec les différents ministères et de nature à lui permettre d’exercer son magistère. Enfin, le 23 décembre 1934, il installe la présidence dans des locaux indépendants, à l’Hôtel Matignon, siège de l’ambassade d’Autriche-Hongrie avant la Première Guerre mondiale. Désormais, la présidence du Conseil est devenue une réalité politique et géographique, inscrite dans les institutions. Au plan diplomatique, Flandin s’efforce de se rapprocher de l’Italie et de la Grande Bretagne pour sortir la France de son isolement et opposer une digue à l’ambition montante de l’Allemagne. Cette politique débouche sur les accords de Rome et le « front de Stresa » qui, moyennant la protection de l’Autriche n’en laissent pas moins carte blanche à Mussolini en Ethiopie. Pour compléter le dispositif, Laval signe en mai 1935 un pacte d’assurance mutuelle tandis que Flandin obtient de la Chambre le maintien pour six mois supplémentaires sous les drapeaux des classes libérables du contingent, assorti d’une extension de la durée du service à deux ans. Dans l’espoir de juguler la crise, Flandin cherche à assainir le marché en revenant de matière très progressive à la liberté économique. Parallalèment, afin de relancer les échanges, il fait baisser le taux d’intérêt et les prix des denrées de première nécessité comme le blé et le vin et refuse l’idée d’une dévaluation. Mais des divisions au sein du cabinet, ainsi que les difficultés du franc, placent le gouvernement en sursis. C’est alors que le chef du gouvernement est victime d’un grave accident de voiture qui le fragilise davantage. Pour sortir de l’impasse, il demande les pleins pouvoir en matière économique et financière, et vient lui-même justifier cette demande à la tribune, alors qu’il n’est pas encore remis. Il essuie un échec cuisant et démissionne dans la foulée le 1er juin 1935. Flandin poursuit sa carrière comme ministre d’Etat dans le quatrième cabinet Laval du 7 juin 1935 au 23 janvier 1936 puis des Affaires étrangères dans le second ministère Sarraut (24 janvier- 4 juin 1936) au sein duquel il ne parvient pas à riposter efficacement à la remilitarisation de la Rhénanie. Ecarté du pouvoir par le Front populaire, il approuve en 1938 les accords de Munich, croyant comme beaucoup qu'ils ont sauvé la paix ou du moins accordé un répit pour renforcer notre défense, et envoie des télégrammes de félicitations aux quatre signataires dont Hitler, ce qui lui sera particulièrement reproché, notamment par les communistes. En juillet 1940, à Vichy, il vote, non sans hésitations, les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Arrêté à Alger, en 1943, pour « intelligence avec l'ennemi », il est traduit en Haute Cour à la Libération, mais acquitté pour « services rendus aux Alliés » et tout de même frappé d'inéligibilité. Il meurt à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes), le 13 juin 1958. FLANDIN (P.-E.) : Paix et liberté (« L’Alliance démocratique » à l’action), Paris, Flammarion, 1938. FLÈCHE DE PARIS (La) : Journal du Front social (parti frontiste), dirigé par Gaston Bergery. La rédaction animée par Jean Maze comprenait notamment : Georges Pioch, Henri Jeanson, Jean Galtier-Boissière, Marcel Raval, Gaston Cohen, André Boll, Marcel Déat, etc. Le journal disparaît en 1939. FLERS (Robert de), 1872-1927 : Auteur dramatique. Né à Pont-l’Évêque (Calvados), le 25 novembre 1872, descendant d’une des plus vieilles familles de Normandie, Robert de Flers était le fils d’un sous-préfet de Pont-l’Évêque. Ayant un temps songé, après des études de lettres et de droit, à faire carrière dans la diplomatie, c’est finalement vers la littérature et le journalisme qu’il s’oriente. Un voyage en Orient qu’il avait fait à la fin de ses études lui inspire ses premiers écrits : une nouvelle, La Courtisane Taïa et son singe vert (1896) , un récit de voyage, Vers l’Orient (1896), et un conte, Ilsée, princesse de Tripoli (1897). C’est au théâtre cependant qu’il atteint à la célébrité. Il écrit avec Gaston de Caillavet toute une série de pièces, parmi lesquelles : Les Travaux d’Hercule (1891), Le Sire de Vergy (1903), Les Sentiers de la vertu (1904), Pâris ou le bon juge (1906), Miquette et sa mère (1906), Primerose (1911), L’Habit vert enfin, en 1913, dans lequelles auteurs raillaient avec beaucoup d’esprit l’Académie française ! Après la mort de Caillavet, Robert de Flers poursuit son œuvre théâtrale en collaboration avec Francis de Croisset : ils écrivent ensemble Les Vignes du seigneur (1923), Les Nouveaux Messieurs (1925), Le Docteur miracle (1926), et un livret d’opérette, Ciboulette (1923), sur une musique de Reynaldo Hahn. En 1921, Robert de Flers devient directeur littéraire du Figaro et fréquente un temps l’arène politique comme conseiller général de la Lozère. Elu à l’Académie française en 1920, Robert de Flers meurt à Vittel (Vosges) le 30 juillet 1927. BARILLET (P.) : Les Seigneurs du rire : Flers - Caillavet - Croisset, Paris, Arthème Fayard, 1999. FLOQUET (Charles-Thomas), 1828-1896 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Jean-Pied-de-Port (Basses-Pyrénées), le 2 octobre 1828, Charles Floquet est issu de la haute bourgeoisie positiviste et oncle par alliance de Ferry. Cet ardent républicain, longtemps collaborateur du Temps, vit sur la réputation d’avoir apostrophé le tsar Alexandre II a coup de « Vive la Pologne, monsieur » à l’occasion de la visite de l’autocrate lors de l’exposition universelle de 1867. Député de Paris à partir de 1871, puis des Basses-Pyrénées de 1882 à 1889, avant de redevenir député de la Seine jusqu’en 1893, ce franc-maçon, très lié avec Brisson, se définit comme un radical de gouvernement, favorable au « radicalisme légal contre l’agitation révolutionnaire ». Président apprécié de la Chambre depuis 1885, il succède à Tirard le 3 avril 1888 avec pour mission de réunir les différentes fractions républicaines contre la menace boulangiste. Agé de 59 ans, il semble plus à même de le faire que sa riche expérience parlementaire se double d’un talent oratoire reconnu et d’une certaine prestance. Floquet s’empare de l’Intérieur, découvrant sa volonté d’affronter directement Boulanger. Il compose une équipe à son image, républicaine de toujours et expérimentée, comme en témoigne la nomination de Goblet aux Affaires étrangères et surtout celle, toute symbolique, du premier civil à la Guerre en la personne de Freycinet. Dans sa déclaration aux Chambres, le nouveau président du Conseil prône la « conciliation des républicains ». Récusant la « révision monarchique » et les « énigmes plébiscitaires », il se déclare pourtant favorable à une « révision démocratique » afin de contrer les accusations récurrentes d’immobilité qui affaiblissent le régime et font le jeu du boulangisme. Nouvellement élu député du Nord, le général Revanche vient justement défier le président du Conseil à la tribune en lisant un manifeste anti-parlementaires le 4 juin. Floquet lui répond par la phrase restée célèbre : « A votre âge, monsieur, Bonaparte était mort ». A l’issue d’une nouvelle joute oratoire, ponctuée d’attaques féroces du général contre sa personne, Floquet n’hésite pas à défier en duel à Neuilly le 12 juillet 1888 en faveur du président du Conseil qui blesse le militaire. Fort de la popularité qu’il retire de cet épisode, Floquet se sent assez fort, à la mi-octobre, pour donner lecture de son projet, très ambitieux, de réforme constitutionnelle. Il préconise l’élection du Sénat au suffrage universel à deux degrés, le renouvellement par tiers (et simultanément) des deux Chambres tous les deux ans,, un conseil d’Etat élu par le Parlement en charge de péparer et de soutenir les lois devant les Chambres, la réduction sensible du contrôle législatif et financier du Sénat, et la suppression du droit de dissolution. Pour lutter contre l’instabilité, il propose enfin de subordonner le retraitdes ministres à un vote de la Chambre. L’ampleur de la révision suscite d’emblée une série de critiques qui rappellent celle formulées naguère à l’encontre de Gambetta. L’élection triomphale de Boulanger depuis un siècle, le 27 janvier 1889, achève ed’ébranler le ministère. Résolu à poursuivre la lutte, le président du Conseil se décide à faire établir le scrutin d’arrondissement en vue des prochaines législatives. Mais la Chambre repousse la révision, contraignant Floquet à présenter sa démission le 22 février 1889. Revenu à la présidence de la Chambre, Floquet est compromis par les retombées du scandale de Panama. Il perd cette présidence, puis son siège de député, au cours de l’été 1893. Elu au Sénat l’année suivante, il y termine sa carrière dans une relative discrétion. Il décède à Paris le 18 janvier 1896. FLORÉAL : Revue hebdomadaire de gauche paraissant pendant l’entre-deux-guerres. Fondée en 1920, par l’éditeur Aristide Quillet, Joeph Paul Boncour, alors membre du parti socialiste, en était le directeur, et Fernand Corcos, secrétaire général des Droits de l’Homme, assurait le secrétariat de la rédaction. L’université Floréal venait complèter le travail de propagande de la revue. Parmi les collaborateurs de cette revue figuraient : Albert Mathiez, Victor Margueritte, Maurice Rosatand, François Crucy… FLOURENS (Léopold-Emile), 1841-1920 : Homme politique. Né à Paris le 26 avril 1841, Emile Flourens, président de secton au Conseil d’Etat, est chargé des Affaires étrangères dans les trois ministères succesifs Goblet, Rouvier et Tirard du 13 décembre 1886. En janvier 1887, à la suite de la vive réaction de l’Allemagne, il oblige Boulanger à retirer son projet de rappel de 72 000 réservistes. Cependant, l’affaire Scnaebelé relance la tension franco-allemande, les « renenchards » poussent à l’intervention militaire, et la cote du « brav’ général » grimpe en flèche. Flourens calme une fois de plus le jeu en préparant la demande d’explication transmise à Berlin qui, en donnant une satifaction purement formelle à l’opinion, apaise la tension. Toujours partisan des méthodes pacifiques, il résout le différend opposant le résident général français à Madagascar et la tribu de la reine Ranavalo. Il décède à Paris le 6 janvier 1920. FOCH (Ferdinand), 1851-1929 : Maréchal. Né à Tarbes le 2 octobre 1851 au sein d'une famille bourgeoise et pieuse. Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier ès-lettres puis ès-sciences. Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole polytechnique, il connaît l'occupation prussienne qui s'abat sur la Lorraine. A Polytechnique, il choisit la carrière des armes et en sort en 1873 comme officier d’artillerie. Il est affecté comme lieutenant au 24e Régiment d'Artillerie, bien qu'il n'ait pas fini sa scolarité ; cela s'explique par la pénurie d'officiers qui affectait l'armée au sortir de la défaite. Il gravit alors les grades un par un, devenant capitaine à 26 ans, avant de rejoindre l'état-major en 1885. Elève à l'Ecole de Guerre la même année, il y professe de 1895 à 1901. Il y enseigne l'histoire militaire et la tactique, et devient l'un des théoriciens français de l'offensive. Il se fait connaître par ses analyses critiques de la Guerre franco-prussienne et des Guerres napoléoniennes. Il poursuit son ascension dans l'armée : promu lieutenant-colonel en 1898, il est nommé colonel en 1903, puis général de brigade (1907). Déjà, deux ouvrages ont regroupé ses conceptions stratégiques : Les Principes de la guerre (1903) et La Conduite de la guerre (1904). Il assume le commandement de l'École de Guerre de 1907 à 1911, année où il est nommé général de division; puis en 1913, général de corps d'armée, à la tête du 20e Corps d'Armée de Nancy. Le 14 août 1914, pendant la bataille de Lorraine, son corps avança vers la ligne Sarrebourg-Morhange, subissant de lourdes pertes. La déroute du 15e Corps à sa droite le contraignant, cependant, à la retraite. Foch parvint cependant à bien gérer la situation en couvrant la retraite de Nancy et en contre-attaquant, empêchant les Allemands de traverser la Meurthe. C'est pour ses actes qu'il fut choisi pour commander la IXe Armée lors de la bataille de la Marne. Il coordonne les armées britanniques, françaises et belges durant la course à la mer. Avec le chef de l'état-major, Maxime Weygand, Foch dut gérer la retraite de la Marne, alors qu'il venait à peine d'être nommé à son poste. Il aura alors ces mots restés célèbres : « Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j'attaque. ». Sa contre-attaque était la mise en pratique d'idées qu'il avait développées en tant qu'enseignant, elle lui permit de mettre un terme à l'offensive de l'armée allemande. Ce succès lui valut une nouvelle promotion et le 4 octobre, il fut nommé commandant-en-chef adjoint, de la zone Nord, avec le général Joffre. Le 13 octobre, les Allemands lancèrent une nouvelle offensive, contenue au prix de pertes très lourdes ; situation qui se reproduisit à nouveau lors de la première bataille d'Ypres. À chaque fois, Foch parvenait à sortir les troupes françaises de situations très difficiles. À l'origine de la bataille de l'Artois (1915) et de celle de la Somme (1916), il tombe en disgrâce provisoire, conséquence de sanglants échecs. En décembre 1916, Joffre le relève du commandement de l'armée et l'envoie en Italie. En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : Arès l’échec du général Nivelle sur le Chemin des Dames, Foch est rappelé comme chef d'état-major général de l'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères, président du Conseil supérieur de la guerre. Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses. Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique. Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses dernières années. Il décède à Paris le 20 mars 1929. FONSEGRIVE (George-Pierre-Lespinasse), 1852-1917 : Professeur, philosophe et écrivain. Né le 19 octobre 1852, originaire de Saint-Capraise-de-Lalinde (Dordogne), George Fonsegrive fait ses études au petit séminaire de Bergerac, est quelques mois instituteur, un an maître d'étude, prend sa licence ès lettres à Bordeaux (juillet 1874), enseigne l'histoire au collège de Blaye, puis la philosophie au collège de Bergerac (1875 à 1880). Reçu cette année-là agrégé de philosophie, il a été professeur tour à tour aux lycées de Montauban, Pau, Angoulême et Bordeaux (1887) ; il l'est à partir d'octobre 1889 au lycée Buffon, à Paris. Il devient directeur de La Quinzaine de 1896 à 1907. Penseur et homme d’action, il est l’un des guides des catholiques sociaux à la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Citons de lui : Essais sur le libre arbitre (1887) ; Eléments de philosophie (1890) ; Lettres d’un curé de canton (1895) ; Lettres d’un curé de campagne (1896) ; Le Journal d’un évêque (1897) ; Catholicisme et société (1898) ; Morale et société (1901) ; Comment lire les journaux ? (1903) ; Mariage et union libre (1904) ; Le Fils de l’esprit (1905) ; Moralité et société (1907) ; Essai sur la connaissance (1909). Il a fourni des articles à divers recueils, surtout à la Revue philosophique, et il a été un des collaborateurs les plus actifs de la Grande Encyclopédie, principalement pour les questions de logique. Il décède à Paris en 1917. FOREST (Louis Nathan, dit Louis), 1872-1933 : Journaliste et homme de lettres. Après des études à Lunéville et Nancy, Louis Forest obtient une licence de droit à Paris et un diplôme de l'Ecole des Langues Orientales. Journaliste, on le retrouve au sommaire de nombreuses revues auxquelles il donne des articles historiques, littéraires, géographiques et scientifiques. Forest a joué un rôle important dans les milieux modérés après la Première Guerre mondiale, non seulement comme rédacteur politique du quotidien Le Matin, mais aussi comme fondateur et directeur de L’Animateur des temps nouveaux, publication hebdomadaire qui paraîtra de 1926 à 1933 dénonçant les abus de la fiscalité et combattant, souvent avec habileté, l’étatisme et le marxisme. Louis Forest écrit pour la scène une adaptation du Faust et du Colonel Chabert. Il a laissé des livres et un recueil de portraits des Défenseurs de la justice (1899) qui le place parmi les Dreyfusards. Il finit sa carrière comme conseiller général de Seine-et-Oise. FORGEOT (Pierre), 1888-1956 : Avocat et homme politique. Né à Anglure (Marne) le le 10 mars 1888, Pierre Forgeot, fils de viticulteurs, devient docteur en droit puis avocat. Il se lance alors dans une carrière politique comme député de la Marne, élu en 1914 et réélu en 1919 sur la liste d’entente républicaine. Il ne se représente pas en 1924 mais, réélu député de la Marne en 1928, ce républicain socialiste est choisi par Poincaré puis par Briand dans son onzième cabinet comme ministre des Travaux publics du 11 novembre 1928 au 2 novembre 1929. Son administration n’a pas laissé de souvenirs très particuliers. Forgeot est réellu député de la Marne en 1932, mais renonce à se présenter en 1936, désirant se consacrer aux affaires. Il décèdera à Paris le 30 juin 1956. FORT (Jules-Jean-Paul), 1872-1960 : Poète. Né le 1er février 1872à Reims (Marne), Paul Fort donne ses premiers poèmes au Mercure de France en 1896. Ils constitueront le début des Ballades françaises dans une suite continuera jusqu'à sa mort. Il fonde en 1905 le Théâtre d’Art qui deviendra le Théâtre de l'Œuvre, crée en 1905 la revue Vers et Prose et contribue à donner au quartier du Montparnasse, à Paris, sa renommée artistique Paul Fort fréquente parmi les écrivains et poètes les plus connus de son temps : Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Pierre Louÿs ou André Gide. Il est l'auteur d'une œuvre poétique abondante mêlée de symbolisme, de simplicité et de lyrisme, utilisant le plus souvent le verset. Parmi ses œuvres théâtrales, citons : Louis XI, curieux homme (1921) ; Ysabeau (1924) ; Le Camp du Drap d'or (1926) ; Les Compères du roi Louis (1926) ; Guillaume le Bâtard (1928). Fait Commandeur de la Légion d’honneur, il avait aussi été élu Prince des Poètes en 1912. Il décèdera le 20 avril 1960 à Montlhéry (Seine-et-Oise). Paul Fort, de Pierre Béarn, Paris, Seghers, 1965 (1re édition, 1960),. (collection Poètes d'aujourd'hui) Le Paul Fort que j'ai connu, de Marie-Thérèse Donnay, Paris, Debresse, 1961, In-16e (19 cm), 125 p., portrait, fac-similé, couv. ill. Hommage à Paul Fort, prince des poètes, ouvrage collectif, Paris, Flammes vives [numéro spécial de la revue Flammes vives]. 1952. Paul Fort à Montlhéry ou Le poète est dans le pré, d'Antoine Antonakis et François Fort (son fils), édition du Soleil Natal, 1990. FOUILLÉE (Alfred), 1838-1913 : Moraliste. Existence et développement de la volonté Note sur Nietzsche et Lange : « le retour éternel » Nietzsche et l'immoralisme La Propriété sociale et la démocratie (1884) Le Socialisme et la sociologie réformiste Humanitaires et libertaires au point de vue sociologique et moral, publié par Augustin Guyau, Paris, F. Alcan, "Bibliothèque de philosophie contemporaine", 1914. GUYAY (A.) : La philosophie et la sociologie d'Alfred Fouillée, Paris, F. Alcan, 1913. JANET (P.) Notice sur la vie et les oeuvres de M. Alfred Fouillée. Académie des Sciences Morales et Politiques, Séances et Travaux. Compte rendu séance du 8 avril 1916, 76è année, tome 86, (185è de la collection), 1916, II (P. 225-253; 392-416). FOULD (Gaston-Marie-Achille-Armand), 1890-1969 : Eléveur-viticulteur et homme politique. Né à Condé-sur-Sarthe (Orne) le 19 septembre 1890, Achille Fould est issu d’une famille de politiciens et de financiers. D’abord éleveur-viticulteur, puis président du groupe de défense paysanne, Fould devient ensuite maire d’une commune rurale. Elu député modéré des Hautes-Pyrénées de 1919 à la guerre, il suit les traces de son grand-père, ministre de Napoléon III, en entrant au gouvernement comme sou-secrétaire d’Etat à l’Agriculture dans le premier cabinet Laval du 27 janvier 1931 au 13 janvier 1932 afin d’assister Tardieu. Lorsque ce dernier passe à la Guerre au début 1932, Fould est nommé ministre de l’Agriculture du 14 janvier au 19 février 1932 dans le troisième cabinet Laval. Il élabore alors toute la partie agricole du plan d’équipement national qui se met en place. Enfin, lorsque Tardieu forme son premier gouvernement, il se trouve nommé sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale du 20 février au 2 juin 1932. En quelques mois, il travaille à mettre en place la législation concernant la péréquation des pensions. Il décèdera à Saint-Julien-Beychevelle (Gironde) le 14 octobre 1969. FOULON (Maurice-Eugène), 1886-1968 : Instituteur et homme politique. Né à Pantin (Seine) le 16 septembre 1886, Maurice Foulon, instituteur, commence sa carrière politique à Aubervilliers, commune dont Laval est le maire. Elu député de la Seine de 1928 à 1936, il devient, en 1930, son premier adjoint et le remplace tout naturellement à la Chambre lorsqu’il s’installe au Sénat. Spécialiste des questions scolaires et sociales, il entre dans les trois cabinets successifs Laval comme sous-secrétaire d’Etat au Travail et à la Prévoyance sociale du 27 janvier 1931 au 19 février 1932 avec mission d’étudier le problème du chômage. Il participe une dernière fois au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur du 20 février au 2 juin 1932 dans le troisième cabinet Tardieu. Il décèdera à Paris le 22 février 1968. FORT-CHABROL : A l’occasion de procès en révision d’Alfred Dreyfus à Rennes, le président du Conseil Waldeck-Rousseau, craignant alors une émeute nationaliste et monarchiste, décide d’engager des poursuites contre les dirigeants des ligues nationalistes, accusés de complot contre la sûreté de l'État. Le 12 août 1899, les autorités font arrêter Déroulède et les dirigeants de la Ligue des Patriotes, ainsi que les chefs des Jeunesses royalistes et de la Ligue antisémite. Mais, refusant d'obtempérer au mandat d'amener lancé contre lui, le président de la Ligue antisémite, Jules Guérin, se retranche dans le « Grand Occident de France », situé rue de Chabrol, à Paris. Avec une quinzaine de collaborateurs, Guérin se barricade et résiste pendant 38 jours, les forces policières ayant cerné le bâtiment. Les fenêtres de la rue sont louées à des enthousiastes venus les encourager et l'immeuble, mis en état de siège, ravitaillé à partir d'un logement loué au 114 de la rue Lafayette. Lancés des toits, les paquets n'atteignaient pas tous leur but ; certains tombant dans la rue. Le 9 septembre, Alfred Dreyfus est à nouveau reconnu coupable mais est gracié par le président de la République. Abasourdis, les assiégés du « Fort Chabrol » se rendent le 20 septembre 1899, après trente-huit jours de résistance. Guérin est par la suite condamné à dix ans de réclusion (pour le siège et l'affaire de la Patrie française). La sentence sera commuée plus tard en bannissement. LE TEXIER (R.) : Le fol été du Fort Chabrol, Paris, France-Empire, 1990. FOURCADE (Jacques-Manuel), 1862-1943 : Avocat et homme politique. Né le 5 août 1962, fils d’un procureur impérial devenu sous la Troisième République, président de la Cour d’appel de Lyon, manuel Fourcade est l’un de avocats les plus célèbres de l’entre-deux-guerres. D’abord bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, il est le conseiller des grandes compagnies de chemins de fer, d’assurances et des grandes banques. Conseiller général des Hautes-Pyrénées depuis 1919, il devient maire de Vic-en-Bigorre en 1925, puis est élu en 1927 sénateur du même département. Il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain qui le nommera l’année suivante membre du Conseil national. Il décèdera le 26 décembre 1943. FOURICHON (Léon-Martin), 1809-1884 : Vice-amiral et homme politique. Né à Thiviers (Dordogne) le 10 janvier 1809, l’amiral Fourichon ancien élève de l’Ecole navale, est nommé gouverneur de Cayenne en 1852 puis président du conseil des travaux de la marine en 1864. Bien qu’orléaniste, il entre au gouvernement de Défense nationale du 4 septembre 1870 au 17 février 1871 comme ministre de la Marine et des Colonies. Dès le 15 septembre 1870, il rejoins Crémieux à Tours avec Glais-Bizoin et ajoute à ses fonctions celle de ministre de la Guerre qu’il occupe du 16 septembre au 5 octobre 1870. Il s’occupe alors de la première armée de la Loire. Refusant la subordination de l’autorité militaire aux civils, il démissionne au profit de Crémieux, de son poste de ministre de la Guerre, en attendant l’arrivée de Gambetta. Il est nommé ministre de la Marine du 9 mars au 11 décembre 1876 dans le quatrième cabinet Dufaure puis de la Marine et des Colonies du 12 décembre 1876 au 16 mai 1877 dans le ministère Simon. Il décède à Paris le 23 novembre 1884. FOURMIES (Fusillade de) : Le 1er mai 1891, pour la deuxième fois, les organisations ouvrières du monde entier se préparent à agir par différents moyens dont la grève pour l'obtention de la journée de 8 heures, conformément aux directives de l'Internationale ouvrière. En France, le contexte est plus répressif qu'il ne l'était l’année précédente. A Fourmies, petite ville textile du Nord proche de la frontière belge tout juste sortie d'une longue grève, le patronat a menacé de licenciement les ouvriers qui arrêteraient le travail et obtenu du préfet qu'il mobilise un important dispositif de maintien de l'ordre. En l'absence de forces spécialisées, c'est alors, en France, à l'armée qu'incombe cette mission. Deux compagnies d'infanterie ont été mobilisées. En fin de journée, les soldats tirent sur quelques centaines de manifestants qui tentent d'obtenir la libération de grévistes interpellés dans la matinée et emprisonnés dans la mairie. Les affrontements se soldent par neuf morts, dont quatre jeunes femmes et un enfant. Ces morts, promus martyrs, vont devenir un symbole de la République répressive et de classe. « Car à Fourmies, c'est sur une gamine que le lebel fit son premier essai… » (Montéhus). FOURNIER (Emile-Eugène-Alix), 1864-1897 : Compositeur. Né à Paris le 11 octobre 1864, Emile-Eugène-Alix Fournier débutait ses études musicales à l’Ecole de musique classique et religieuse de Niedermeyer, à l’époque où Henri Lutz, Camille Andrès, Alfred Marichelle, Henri Letocart et Claude Terrasse la fréquentaient également. Il rejoignait ensuite le Conservatoire de Paris, notamment César Franck dans sa classe d’orgue (1885), ainsi que Léo Delibes et Théodore Dubois dans leur classe de composition et d’harmonie. Il se présentait à plusieurs reprises au Concours de Rome, entre autres en 1889 et en 1891. La première année lui valut un deuxième Second Grand Prix. Même s’il fut le seul récompensé, il ne se satisfit pas de cette place et concourut vainement l’année suivante. En 1891 Alix Fournier se présentait à nouveau et remportait cette fois-ci le premier Second Grand Prix avec la cantate L’Interdit. Dépité de ne pouvoir décrocher le premier Grand Prix, il abandonna le Conservatoire et se consacra à la composition, en écrivant notamment de nombreuses mélodies. Mais la mort le surprit quelques années plus tard, le 12 septembre 1897 à Joinville-le-Pont, non loin de Paris, sans lui laisser le temps de donner sa pleine mesure ; il n’avait pas encore atteint sa 33ème année ! Sa comédie lyrique Stratonice, poème de Louis Gallet, eut cependant quelque succès, après que l’Académie des Beaux-Arts l’eut récompensé au septième concours Cressent. Elle est jouée le 9 décembre 1892 à l’Académie nationale de musique. FOURNIÈRE (Joseph-Eugène), 1857-1913 : Ecrivain et homme politique. Né à Paris le 31 mai 1857, Eugène Fournière entre dans le mouvement socialiste suite à une condamnation à l’occasion des grèves de Bessèges en 1882. Rédacteur au Cri du Peuple et à La Petite République, conseiller municipal de Paris à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, il est élu député socialiste inédepndant de l’Aisne de 1898 à 1902. Il dirige ensuite La Revue socialiste, enseigne au Conservatoire des Arts et Métiers et devient maître de conférences à l’Ecole Polytecnique. Auteur de nombreux ouvrages de doctrine, nottamment Théories socialistes au XIXème siècle de Babeuf à Proudhon (1905), il décède à Arcueil (Seine-et-Oise) le 6 janvier 1914. FOURTOU (Marie-François-Oscar Bardi de), 1836-1897 : Homme politique. Né à Ribérac (Dordogne) le 3 janvier 1836, ancien bonapartiste et « homme de poigne » énergique, Oscar de Fourtou reste célèbre pour avoir été le bras séculier de « l’ordre moral » à l’école, puis dans le pays. Député conservateur en 1870, il est remarqué par Thiers qui le nomme ministre des Travaux publics du 7 décembre 1872 au 18 mai 1873 dans le premier cabinet Dufaure. Accusé alors de se convertir un peu trop vite à la République, il est « conservateur libéral pour les uns et « libéral conservateur pour les autres » selon le portrait d’Edmond de Texier. Après un court passage au Cultes comme ministre dans le second cabinet Dufaure du 18 au 2 mai mai 1873, il est charge de gérer le ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts du 26 novembre 1873 au 21 mai 1874 dans le second cabinet du duc de Broglie. Assurant qu’il faut « ramener les intelligences dans la voie de la vérité », il met en disponibilté plusieurs enseignants républicains, rétablit la censure, change le nom du lycée Condorcet qui devient le lycée Fontanes et confie les peintures du Panthéon à Puvis de Chavannes. Ministre de l’Intérieur du 22 mai au 20 juillet 1874 dans le ministère Cissey, il se prononce en faveur de l’organisation des pouvoirs de Mac-Mahon. Il garde le même portefeuille dans le troisième ministère de Broglie du 17 mai au 22 novembre 1877, il révoque plus de 200 fonctionnaires républicains, introduits de nombreux bonapartistes dans son administration et pouruit un certain nobre de journaux. S’il n’est pas un doctrinaire, il pense cependant que l’autorité doit venir d’en haut et que le pays demande qu’on le fasse marcher ! Il décède à Paris le 6 décembre 1897. il décède à Paris le 6 décembre 1873. FRACHON (Benoît), 1893-1975 : Ouvrier métallurgiste et homme politique. Né le 13 mai 1893 au Chambon-Feugerolles (Loire), dans une famille de mineurs, Benoît Frachon est ouvrier métallurgiste à l'âge de 13 ans et adhère à la CGT dès ses 16 ans. Il appartint alors à un petit groupe libertaire créé en 1909 par des mineurs et des ouvriers métallurgistes. Il diffusait La Guerre sociale, l'hebdomadaire de Gustave Hervé, lisait La Vie ouvrière de Pierre Monatte, participe à quelques manifestations d'action directe comme le sabotage de lignes télégraphiques et téléphoniques. Frachon, qui a participé à la grève générale de décembre 1912 contre la loi de trois ans, est appelé au service militaire en 1913. Après la Première Guerre mondiale, il était de retour au Chambon-Feugerolles et adhère au parti communiste. Candidat à des élections municipales partielles en 1922, il est élu et devient adjoint au maire de Chambon. Mais le mandat municipal ne le passionnait guère. Aussi bien, démissionne-t-il le 25 août 1924 de ce mandat électif. Dirigeant de la grande grève des métallurgistes de Saint-Étienne la même année, Frachon s'affirme et devient secrétaire permanent de l'Union départementale de la CGTU puis, devint, en 1925, secrétaire de la commission syndicale d'une nouvelle et vaste région du parti communiste qui comprenait le Rhône, la Loire, la Saône-et-Loire, la Haute-Loire, l'Ain, le Jura, l'Ardèche, une partie de l'Isère : Frachon accédait ainsi à une importante responsabilité dans l'organisation communiste, au poste essentiel du travail syndical. À partir de 1928, Frachon accède à des responsabilités supérieures. En accord avec les orientations de la direction de l'Internationale communiste, il participe à des réunions à Moscou et entre au bureau politique du PCF : Frachon est l'archétype de cette génération de dirigeants communistes qui connaît une promotion très rapide (trois ans en l'occurrence). Au début des années 1930, Frachon se trouve au cœur de la ligne qui triomphe dans le communisme français, faite du repli de la tendance sectaire et de recherches de l'unité à la base avec les ouvriers et non avec les dirigeants socialistes ou syndicalistes « confédérés » (appelés ainsi pour les différencier des unitaires de la CGTU). Alors que se développent en France les premiers effets de la crise de 1929, le communisme et le syndicalisme à volonté révolutionnaire voient leur audience se rétrécir. Frachon, comme beaucoup de militants, subit les conséquences de la répression gouvernementale et connaît la prison de la Santé. Dès 1931, il est porteur d'analyses alors nouvelles sur le mouvement syndical, attirant l'attention sur la nécessité de s'attacher aux petites revendications des travailleurs. Il devient le porte-parole convaincu de la lutte pour l'unité syndicale, sous la bannière de la CGTU, sur la base de la défense des revendications et des intérêts de la classe ouvrière. Frachon veut gagner les masses ouvrières : pour cela il faut d'abord s'occuper de la réalité ouvrière, réaliser le front unique des exploités, refuser de faire « faire le tour du monde à des prolétaires dont la préoccupation dominante est l'augmentation de leurs salaires » ». À partir de 1933, devenu secrétaire de la CGTU, Frachon se situe au cœur d'une stratégie unitaire qui recherche non seulement le rapprochement avec les ouvriers confédérés et socialistes, mais aussi avec leurs dirigeants. Dirigeant de premier plan de la CGT après la réunification syndicale de 1935, Frachon participe à la rencontre CGT/CGPF (patronat) du 6 juin 1936 à l'hôtel Matignon. Il est 15 heurs lorsque débutent les négociations. Le rapport de force est tel que celles-ci ne s'éternisent pas : à 1 heure du matin, les accords de Matignon sont signés. Au début de la Seconde Guerre mondiale, la signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939 met définitivement fin à l'unité syndicale : les communistes de la CGT sont sommés de désavouer le pacte et Frachon, bien que s'étant prononcé dans La Vie ouvrière pour une défense nationale antifasciste, est déchu de son mandat. Dans la Résistance, Benoît Frachon sera l'un des principaux dirigeants du PCF clandestin, plus spécialement chargé de l'action syndicale. Il décèdera le 1er décembre 1975. SOURCES : R. Mouriaux, La CGT, Seuil 1982. - Benoît Frachon, Pour la CGT, mémoires de lutte, 1902-1939, éditions sociales 1981. - Documentation personnelle et témoignage de Mounette Dutilleul. FRANC-MAÇONNERIE : La franc-maçonnerie est une société secrète et initiatique dont les origines prêtent à de nombreuses polémiques. En mars 1871 commence la Commune de Paris, dans laquelle les francs-maçons de la capitale s'impliqueront fortement. Le Frère Thirifocq, militant socialiste, membre de la loge « le libre Examen » du Suprême conseil de France demande que les bannières maçonniques soient plantées sur les remparts et qu'elles soient « vengées » (sic) dans le cas où elles seraient trouées par les balles des Versaillais. De nombreux francs-maçons figurent parmi les révolutionnaires, dont Jules Vallès ou Élisée Reclus. Le 29 avril 1871 eut lieu une grande manifestation rassemblant devant les forces versaillaises plusieurs milliers de francs-maçons des deux obédiences derrière des dizaines de bannières. Cette manifestation fut suivie de l'entrevue entre les deux émissaires de la Commune (dont Thirifocq) et Adolphe Thiers, qui se solda par un échec puis par l'écrasement de la Commune par les Versaillais. Contrairement à celles de Paris, les loges de province ne soutinrent pas la Commune et, dès la fin de celle-ci, le Grand Orient désavoua officiellement l'action des loges parisiennes pour se rallier à Thiers et à la Troisième République dans laquelle il fut amené à jouer un rôle de premier plan. Le 8 juillet 1875, Jules Ferry (futur ministre de l'Instruction Publique de la République) et Émile Littré (auteur du dictionnaire éponyme) sont initiés par la loge « la Clémente Amitié ». La République française, qui veut ouvrir des écoles laïques sur tout le territoire entre en conflit ouvert avec l'Église catholique qui s'y oppose. C'est dans ce contexte que le Grand Orient, qui apporte officiellement son soutien à la République, décide en 1877 de supprimer pour ses membres l'obligation de croire en l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme, et pour ses loges l'obligation de travailler « A La Gloire du Grand Architecte de l'Univers ». En théorie chaque loge reste libre de son choix de continuer ou pas à respecter cet ancien landmark de la franc-maçonnerie, mais en pratique, dans un climat envenimé par 30 années de conflit ouvert entre la République et l'ancienne religion d'État, toutes les références à la religion seront progressivement supprimées des rituels du Grand Orient. Du côté du Suprême Conseil de France, l'obligation traditionnelle n'est pas supprimée, mais son Grand Commandeur Crémieux rappellera avec vigueur dès 1876 que sa juridiction n'impose « aucune forme au Grand Architecte de l'Univers ». Le Suprême Conseil doit également faire face à une fronde des loges des trois premiers grades, qui entendent s'affranchir de sa tutelle. Il finira par leur accorder leur indépendance au sein de la Grande Loge de France (2e du nom) fondée en 1894 pour administrer les trois premiers grades de la franc-maçonnerie du Rite écossais ancien et accepté. De 1893 à 1899, la France voit se constituer la première obédience maçonnique mixte, qui deviendra très rapidement internationale: l'Ordre mixte international du Droit humain, qui adopte lui aussi le Rite écossais ancien et accepté. Pour l'histoire de la franc-maçonnerie française, le XXe siècle débute avec un scandale qui laissera des traces durables et qui témoigne bien de l'implication de la franc-maçonnerie de l'époque dans la politique : l'affaire des fiches. Elle débute en 1901 lorsque le général André, ministre de la guerre et franc-maçon met en fiches les convictions philosophiques et religieuses de quelque 27000 officiers, pour gérer leur avancement. Les renseignements sont fournis par des centaines de francs-maçons dans tout le pays. En 1904, la presse s'empare de l'affaire. Le scandale est immense et s'achèvera par la démission du général André19. En 1913, deux Loges, « le Centre des Amis » et la « Loge Anglaise 204 » quittent le Grand Orient et fondent la « Grande Loge nationale indépendante et régulière », qui sera immédiatement reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre et qui restera jusque dans les années 1960 principalement animée par des Anglais ou des Américains résidant en France. En 1948, cette obédience changera de nom pour celui de Grande Loge nationale française qu'elle porte encore aujourd'hui. Si le courant pacifiste qui apparaît en France avant la Première guerre mondiale se manifeste aussi dans la franc-maçonnerie, il disparaît dans celle-ci comme dans le reste du pays dès le début du conflit et le premier cabinet d'Union sacrée comprend 9 francs-maçons. Une conférence internationale réunit en janvier 1917, au siège de la Grande Loge de France, plusieurs obédiences européennes. Il y est lancé un appel à la création de la Société des Nations. Une conférence similaire réunit en juin 1917 les réprésentants de 16 obédiences alliées ou neutres au siège du Grand Orient de France avec les mêmes objectifs20. Après les pertes dues à la guerre, la franc-maçonnerie française reprend sa progression : le Grand Orient de France passe de 23000 membres en 1919 à 33000 dans les années 1930, tandis que la Grande Loge de France passe de 6300 membres à 16000 sur la même période20. En 1922, le congrès de l'Internationale communiste, à la demande de Zinoviev, interdit la double appartenance au parti communiste et à la franc-maçonnerie. La plupart des francs-maçons socialistes qui avaient choisi le parti communiste après la scission du congrès de Tours le quittent alors. Des loges de réfugiés russes, fermées par les bolchéviques, se reconstituent en France : « Astrée » à la Grande Loge, « l'étoile du Nord » et « la Russie libre » au Grand Orient20. Entre les deux guerres mondiales, la franc-maçonnerie française occupe une place majeure dans l'appareil politique de la République et s'implique fortement dans ses combats. Elle sera donc particulièrement touchée lorsque la République s'effondrera face aux troupes allemandes en 1940. FRANC-MAÇONNERIE CONTRE LA FRANCE (La) : Journal de la ligue antimaçonnique de France fondé par le comte Armand de Puységur en 1934 et qui disparaît en 1936. FRANC-MAÇONNERIE DÉMASQUÉE (La): Revue antimaçonnique créée en 1884 ayant comme directeur l’abbé de Bessonies, alors vicaire de Notre Dame des Victoires, puis par l’abbé J. de Villemont. Cette revue disparaît en 1924, dans des circonstances assez mystérieuses. FRANÇAISE (La) : Journal féministe fondé en 1905 et dirigé avant la Seconde guerre mondiale par Cécile Brunschwicg. FRANCE (Jacques-Anatole-François-Thibault France, dit Anatole), 1844-1924 : Ecrivain. Né à Paris, le 16 avril 1844, Anatole France est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la Troisième République dont il est également l’un des plus importants critiques littéraires, et comme l’une des consciences les plus significatives de son temps, s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle. D'abord bibliothécaire au Sénat, poète de l'école parnassienne, il collabore ensuite au Journal des Débats, au Journal officiel, au Temps, etc. Il a écrit des études biographiques et de critique littéraire et publié divers romans : Le Crime de Sylvestre Bonnard, publié en 1881, est couronné par l'Académie. Cette œuvre est remarquée pour son style optimiste et parfois féerique qui tranche avec le naturalisme qui règne alors. Sa relation avec Madame Arman de Caillavet lui inpire Thaïs, publié en 1890, roman historique de la rencontre du paganisme et du christianisme et Le Lys rouge en 1894. Parmi ses œuvres, citons aussi : Les quatre romans de L’Histoire contemporaine (L’Orme du mail en 1897, Le Mannequin d’osier 1897, L’Anneau d’améthyste en 1899 et Monsieur Bergeret à Paris en 1901) ; Le Procureur de Judée (1902) ; Histoires comiques (1903) ; Sur la pierre blanche (1905) ; L'Affaire Crainquebille (1901) ; L’Île des Pingouins (1908) ; Les Contes de Jacques Tournebroche (1908) ; Les Sept Femmes de Barbe bleue et autres contes merveilleux (1909) ; Les dieux ont soif (1912) ; La Révolte des anges (1914). Les romans de l’enfance : Le livre de mon ami publié en 1885, le Petit Pierre en 1918, sont l’œuvre d’un être délicat, tourné vers le passé, vers le rêve, vers sa propre personne. Il rouvre discrètement le récit psychologique et le plaisir de conter. Elu à l'Académie française en 1896, Anatole France a pris parti dans les luttes politiques qui ont divisé la France à la fin du XIXe siècle et au commencement du XXe siècle, notamment autour de l’affaire Dreyfus. Il est un ardent défenseur des droits de l’Homme, et persuadé que la démocratie assure la liberté de l’individu, de l’individualisme même dont il est épris. Prix Nobel de Littérature en 1921, il meurt à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire) le 12 octobre 1924. Ernest Seillère, La Jeunesse d'Anatole France, 1934 Ernest Seillère, Anatole France, Critique de son Temps, 1934 Victor Giraud, Anatole France, 1935 Léon Carias, Les Carnets intimes d'Anatole France, 1946 Claude Aveline, Anatole France, 1948 FRANCE CHRÉTIENNE (La) : Publication antimaçonnique hebdomadaire fondée en 1887 et organe du Conseil antimaçonnique de France. Son directeur, l’abbé de la Rive, réunissait dans chaque numéro un certain nombre de documents exceptionnels fournis le plus souvent, par Léo Taxil, l’un de ses principaux collaborateurs. FRANCE OUVRIÈRE (La) : Journal des travailleurs nationaux fondé en 1930 par les ouvriers Henru Bourgoin et A. Derieux avec le consours de Henry Coston qui signait ses articles contre la finance internationale. Paraissant d’abord sous le titre de La Révolte ouvrière, le journal prit un nouveau départ en 1931 en changeant de nom pour La France ouvrière, plus rassurant pour le patronat et tente ainsi de se développer. Mais il devient une feuille jaune, perd la faible audience acquise au début et disparaît en 1933. FRANCE RADICALE (La) : Journal hebdomadaire des républicains radicaus et radicaux-socialistes fondé en 1932 et disparu en 1939. Il était dirigé par Robert Louis, ancien secrétaire général de la rédaction du Radical, vice-président de l’association fraternelle des journalistes. FRANCHET D’ESPEREY (Louis-Félix-Marie-François), 1856-1942 : Maréchal. Issu d'une famille bourgeoise de tradition légitimiste, né à Mostaganem, en Algérie, le 25 mai 1856, Franchet d’Espèrey sort de Saint-Cyr en 1876. Affecté au 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, le jeune lieutenant fait ses premières armes pendant la campagne de Tunisie de 1881.Après un stage à l’École de Guerre, il part se battre au To contre les Pavillons noirs. Rentré en France, il commande à Stenay un bataillon de Chasseurs à pied. Il prend part en 1900 à l’expédition de Chine contre les Boxers au cours de laquelle son cousin, l'ambassadeur allemand Klemens von Ketteler trouva la mort, puis commande le 60e Régiment d'Infanterie à Besançon. Il est nommé général de division en 1912, et le général Lyautey lui confie le commandement des troupes du Maroc. Pendant la période difficile des débuts du Protectorat, il prend une part importante à la pacification et à l’organisation du pays. Rappelé en France, Franchet d’Espèrey reçoit en novembre 1913 le commandement du 1er Corps d'Armée à Lille. Il se distingue à la bataille des Frontières d’août 1914, puis en rejetant dans l’Oise, à Guise le corps allemand de La Garde. Le généralissime Joffre lui confie, le 3 septembre, le commandement de la Ve Armée, en pleine retraite et menacée d’être encerclée et coupée. Franchet d'Espèrey se montre à la hauteur de la situation. Faisant faire demi-tour à ses hommes, il attaque, entraînant à ses côtés l’armée britannique du général French, se précipite dans la brèche entre les armées Bülow et Kluck ; il joue un rôle capital dans la décision et l’exécution de la grande bataille. « Son rôle, écrit Joffre dans ses mémoires, mérite d’être souligné devant l’histoire. C’est lui qui a rendu possible la victoire de la Marne ». Franchet d'Espèrey commande le groupe d’armées de l’Est en 1916, puis le groupe d’armées du Nord en 1917. Il perd son fils, Louis, sous-lieutenant d’infanterie, tué à Douaumont, et son frère, colonel commandant le 333e Régiment d'Infanterie (lui restaient sa fille, Jacqueline, et sa sœur). En juin 1918, il est appelé au commandement en chef des armées alliées à Salonique. Il obtient, après une campagne de quatorze jours, la capitulation de l’armée germano-bulgare. L’armistice du 29 septembre 1918 ouvrait de vastes perspectives. Le Haut Commandement allemand, qui en est conscient, se décide à demander l’armistice sur tous les fronts. Il n’a pas tenu à Franchet d'Espèrey que sa magnifique victoire n’ait pas été exploitée. En Crimée et à Odessa, il redresse la situation critique des forces françaises. Cinquante années de services lui valent, le 19 février 1921, la dignité de Maréchal de France. Le 2 novembre 1930, il représente la France à la cérémonie du couronnement de l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié Ier. Il est nommé président de la Société de géographie en 1933 et il est élu membre de l’Académie française le 15 novembre 1934. Il décède le 8 juin 1942 à Saint-Amancet. FRANCISME : Ligue d’extrême-droite fondée en septembre 1933 par Marcel Bucard, un ancien collaborateur de François Coty et du journal La Victoire. Son but est le prise du pouvoir, la suppression du parlementarisme et la mise en place d’une représentation corporative. La ligue crée en mai 1934 Le Franciste, journal hebdomadaire officiel. Lors de son premier congrès en juin 1934, le Francisme adresse des télégrammes de félicitations à Hitler et à Mussolini. En fait, cette ligue aux effectifs insignifiants n’est qu’une assez plate imitation du fascisme italien, dont elle copie les uniformes et dont ellev reçoit des subventions qui lui permettent de survivre. Le Francisme est d’ailleurs concurrencé par une autre ligue portant le même nom, dirigée par Plisson et Coston, dont le journal La Libre Parole Populaire (organe mensuel antijuif et antimaçonnique) a surtout pour objet le lutte contre les communistes et les deux groupes désignés comme des adversaires dans son sous-titre. FRANCO-ALLEMANDES (relations) : FRANCO-AMÉRICAINES (relations) : FRANCO-BRITANNIQUES (relations) : FRANCO-ITALIENNES (relations) : FRANCO-RUSSES (relations) : FRANCO-SOVIÉTIQUES (relations) : FRANÇOIS-ALBERT (François Albert, dit), 1877-1933 : Journaliste et homme politique. Né à Bordeaux (Gironde) le 4 avril 1877, François-Albert est agrégé de lettres et commence sa carrière publique par le journalisme. Conseiller général, élu sénateur de la Vienne en 1920 Herriot fait appel à lui quatre ans plus tard dans son premuier cabinet comme ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts du 14 juin 1924 au 16 avril 1925. Il rétablit alors l’enseignement moderne dès la sixième, et maintient le grec obligatoire à partir de la quatrième. Il prépare la gratuité de l’externat dans les collèges et les lycées publics, mais doit faire face à une forte agitation estudiantine à la suite de la nomination à la faculté de droit de Paris dun professeur « cartelliste ». A titre de blâme, la Chambre réduit le traitement du ministre à 100 francs seulement ! Lors de la démission du cabinet, François-Albert redevient sénateur, mais est battu deux ans plus tard. Elu député des Deux-Sèvres en 1928, il succède à Herriot à la tête du groupe radical-socialiste à la Chambre, avant d’être nommé une dernière fois au gouvernement comme ministre de Travail et de la Prévoyance sociale du 31 janvier au 15 octobre 1933 dans le premier cabinet Daladier. Il meurt à Paris le 23 novembre 1933. FRANÇOIS-MARSAL (Frédéric), 1874-1954 : Banquier et homme politique. Né à Paris le 16 mars 1874, Frédéric François-Marsal est major de sa promotion d’infanterie à Saint-Cyr en 1894 puis membre de l’état-major de Paul Doumer en Indochine (1900-1904). Il devient ensuite banquier avant de rejoindre le grand quartier général de Joffre en 1915, puis le cabinet de Clemenceau en 1917 dont il dirige les services d’études financières et économiques. Attaché à la délégation française à la conférence de paix, il est l’un des trois non-parlementaires à intégrer les deux cabinets Millerand du 20 janvier au 23 septembre 1920, comme ministre des Finances. Il garde le même portefeuille dans le gouvernement suivant de Leygues du 24 septembre 1920 au 15 janvier 1921. Il essaie une politique déflationniste destinée à effcer les effets de la guerre sur l’économie.Il sait prendre des initiatives et n’hésite pas à décider seul d’accorder une aide française à la Pologne menacée par les Soviétiques. Elu sénateur du Cantal en janvier 1921 après son passage au gouvernement, il retrouve aussi le journalisme. Il retrouve le portefeuille des Finances dans le troisième ministère Poincaré du 29 mars au 8 juin 1924. A la suite de la victoire du Cartel des gauches, vainqueurs des législatives de 1924, François-Marsal est chargé de constituer un gouvernement minoritaire, dans le seul but d’affirmer publiquement ses droits et de placer les gauches devant leurs responsabilités. Partisan d’une politique déflationniste et de rigueur budgétaire, ardent défenseur de l’occupation de la Ruhr, il a tout pour déplaire au Cartel qui interprète logiquement sa nomination à la présidence du Conseil le 9 juin 1924 comme un défit à la souveraineté parlementaire. Le ministère présidé par François-Marsal est l’un des rares ministères mort-nés de la IIIème République et le plus bref. Son ministère, présenté le 10 juin, est aussitôt renversé à l’issue d’un débat contradictoire durant lequel il a rempli sa mission en lisant le message de Millerand dénonçant l’irresponsabilité politique de la présidence et, par ricochet, le « coup d’Etat parlementaire » orchestré par le Cartel. François-Marsal démissionne aussitôt, entraînant dans sa chute le président de la République Millerand qui refuse d’engager une crise politioque de grande ampleur. Battu aux sénatoriales en octobre 1929, François-Marsal retourne à l’écriture et aux affaires. Administrateurs de nombreuses sociétés, président de plusieurs organismes dont l’Union coloniale française, il collabore régulièrelent à La Revue des Deux Mondes et intègre l’Académie des sciences morales et politiques comme membre libre en 1928. Il décèdera à Gisors (Eure), le 28 mai 1958. BURNAND (R.) : Un homme, un Français, un chef, François-Marsal, Paris et Aurillac, U.S.H.A., 1928. FRANÇOIS-PONCET (André), 1887-1978 : Journaliste et homme politique. Né à Provins (Seine-et-Marne) le 13 juin 1887, ancien élève du collège Sanislas et de l’Ecole normale supérieure, André François-Poncet commence sa carrière publique dans le journalisme. Elu député d’union républicaine, il occupe alors les postes de sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement technique et des Beaux-Arts du 13 novembre 1928 au 2 novembre 1929 dans le cinquième cabinet Poincaré, du 3 novembre au 20 février 1930 dans le premier ministère Tardieu et de l’économie nationale du 2 mars au 12 décembre 1930 dans le second cabinet Tardieu et du 27 janvier au 3 septembre 1931 dans les deux premiers cabinets Laval. Il a été précédemment membre de la commission économique internationale aux Etats-Unis et a fondé la Société d’information et d’études économiques. Il devient ensuite ambassadeur à Berlin dès 1931, et à Rome en 1938. De ces deux missions capitales pour sauver la paix, il a laissé la narration de deux volumes de souvenirs, inoubliables tant par la qualité du style que par les informations qu’il apporte sur la vie diplomatique de la décennie. Il décèdera à Paris le 8 janvier 1878. FRANKEL (Léo), 1844-1896 : Orfèvre et homme politique. Né à Obuka-Ujlak (Hongrie) le 28 février 1844, fils d’un médecin israélite, Léo Frankel devient militant révolutionnaire. Il participe à la Commune de Paris, dont il est le délégué au Travail (29 mars 1871) puis aux Finances (5 avril 1871). Blessé au cours des combats de rues dans le foubourg Saint-Antoine, il parvient à s’échapper et à s’exiler à l’étranger (Angleterre, Suisse, Allemagne). Condamné à mort par contumace, il ne rentre en fFrance qu’après l’amnistie générale. Il revient à Paris en 1888, et reprend la lutte révolutionnaire collaborant notamment à La Bataille. Il décède à Paris le 29 mars 1896. FRANKLIN-BOUILLON (Franklin Bouillon, dit Henry), 1870-1937 : Journaliste et homme politique. Né à Saint-Hélier (Jersey, Royaume-Uni) le 3 septembre 1870, Franklin-Bouillon est rédacteur au Journal et devenu membre du parti radical-siocialiste, ce franc-maçon devient rédacteur en chef du Radical. Elu député de Seine-et-Oise de 1910 à 1919, il devient le spécialiste de la politique étrangère. Il refuse un portefeuille dans le cabinet Briand en 1915 en raison de son état de santé. Il accepte cependant un poste de ministre d’Etat sans portefeuille dans le premier cabinet Painlevé du 27 septembre au 15 novembre 1917 où il a une grande influence sur le président du Conseil. Ce radical préside ensuite la commission des Affaires étrangères à la Chambre et se montre farouchement opposé au traité de Versailles. Réélu député de Seine-et-Oise de 1923 à 1936, il meurt à Paris le 12 novembre 1937. FRATERNITÉ : Organe de liaison des travailleurs français et émigrés (antifascistes), publié en 1936-1938. FRÉHEL (Marguerite Boulc'h, dite), 1891-1951 : Chanteuse. Née à Paris le 13 juillet 1891, fille de concierge et d'origine bretonne, Fréhel a grandi dans les quartiers les plus populaires de Paris. À quinze ans, elle est vendeuse au porte à porte. Son travail lui permet de rencontrer la Belle Otero, artiste alors adulée, qui admire son audace et ses formes ainsi que sa voix particulière, et lui propose de chanter sous le nom de « Pervenche ». Son répertoire « réaliste » commence à la faire connaître entre 1908 et 1910, date à laquelle elle épouse Robert Hollard (alias Roberty), un jeune comédien amateur de music-hall qu'elle avait rencontré à la taverne de l'Olympia. Elle noue ensuite une relation de courte durée avec Maurice Chevalier qui décide de la quitter pour Mistinguett. Bien qu'auréolée de succès, Fréhel, ainsi surnommée désormais en référence au cap breton du même nom fuit une vie sentimentale désastreuse et finit par plonger dans l'alcool et la drogue. Elle quitte la France pour l'Europe de l'Est et la Turquie, d'où l'ambassade de France la rapatrie dans un état lamentable en 1923. En 1925, l'« inoubliable inoubliée » remonte sur les planches de l'Olympia pour le plus grand plaisir d'un public qui ne se lasse pas de ses couplets réalistes. Citons : L'Obsédé (1930), Pauvre grand (1930), Sous la blafarde (1930), Comme un moineau (1930), Comme une fleur (1931), La Coco (1931), Quand on a trop de cœur (1931), La Chanson du vieux marin (1931), À la dérive (1931), Musette (1932), Le Grand Léon (1933), C'est un mâle (1933), La Peur (1935), Il encaisse tout (1935), Il est trop tard (1935), Où sont tous mes amants (1935), Rien ne vaut l'accordéon (1935), La Valse à tout le monde (1936), Le Fils de la femme poisson (1936), Les filles qui la nuit ... (1936), Maison louche (1936), Tel qu'il est (1936), Et v'la pourquoi (1936), Pépé le moko (1936), Sous la flotte (1936), Tout change dans la vie (1936), C'est un petit bal musette (1936), Pleure (1937), Derrière la clique (1938), L'Amour des hommes (1938), La Chanson des fortifs (1938), La Môme Catch-catch (1938), Ohé ! les copains ! (1939), La Der des der (1939), La Java bleue (1939), Sans lendemain (1939). Son physique méconnaissable - elle s'est considérablement empâtée - lui ouvre paradoxalement les portes du cinéma. Elle tourne notamment dans Cœur de lilas en 1931, La Rue sans nom en 1934, Le Roman d'un tricheur en 1936, Pépé le Moko en 1937, L’Innocent en 1937, La Rue sans joie en 1938, Le Puritain en 1938, Une Java en 1939, Berlingo et Compagnie en 1939, L’Entraîneuse en 1940. Elle décèdera le 3 février 1951 à Paris. FRÉMICOURT (Charles-Victor-Jules), 1877-1967 : Homme politique. Né à Lens (Pas-de-Calais) le 27 septembre 1877, ancien directeur des affaires civiles auprès du garde des Sceaux et ancien conseiller d’Etat, Charles Frémicourt est le premier président de la Cour de cassation lorsque le maréchal Pétain lui confie le ministère de la Justice du 16 juin au 12 juillet 1940. Il décèdera à Bettencourt (Nord) le 16 juillet 1967. FREY (Charles-Albert), 1888-1955 : Journaliste et homme politique. Né à Starsbourg le 26 février 1888, ancien journaliste de langue allemande, Charles Frey entre dans la chambre « bleu horizon » comme député de Strasbourg. Laval le nomme douze ans plus tard, du 27 janvier 1931 au 19 février 1932 sous-secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Industrie dans ses trois cabinets successifs. Il y travaille en priorité sur la législation concernant les brevets d’invention. Il meurt à Strasbourg e 14 octobre 1955. FREYCINET (Charles-Louis de Saulces de), 1828-1923 : Homme politique. Né le 14 novembre 1828 à Foix (Ariège), Charles de Freycinet commence sa carrière d’ingénieur dans la compagnie des Chemins de Fer du Midi. Malgré tout, ce brillant technocrate ne se désintéresse pas de la chose politique : de 1864 à 1871, il est condidat officiel du pouvoir impérial, il est conseiller du Tarn-et-Garonne. La véritable entrée en politique de Freycinet est le fruit de la guerre franco-prussienne et de sa rencontre avec Gambetta. En 1870, Freycinet lui propose ses services à pour le gouvernement de Défense nationale. Au lendemain de la défaite de Sedan, il est nommé préfet du Tarn-et-Garonne le 6 septembre 1870 et démissionne le 7 octobre 1870 pour rejoindre Gambetta à Tours. Ce dernier fait de Freycinet son délégué auprès du département de la guerre (8 octobre 1870-9 février 1871), fonction où celui-ci se relève un auxiliaire précieux dans l’organisation de la lutte armée en province. Cette participation à la défense nationale est décisive pour la carrière politique de Freycinet : son travail avec Gambetta allait définitivement l’inscrire dans le camp républicain, tandis que l’expérience d’une fonction très technique le distinguerait de la majorité de la classe politique. Gambetta avait saisi combien les compétences de Freycinet pourraient être utiles au parti républicain qui comptait plus d’avocats que d’ingénieurs. C’est pourquoi il l’intégre à l’équipe du journal qu’il fonde en 1871, La République française, et appuie auprès de ses amis républicains sa candidature à diverses élections partielles. Après l'armistice, il se retire en même temps que Gambetta et ne reviendra à la politique qu'en 1876 où il est élu au sénateur de la Seine. A partir de cette date, il prend quelque distance avec son mentor. Au palais du Luxembourg, il ne s’inscrit pas au groupe gambettiste de l’Union républicaine mais à la Gauche républicaine, plus modérée et proche de Jules Ferry et cessa sa collaboration avec La République française. Mais il ne rompt pas ouvertement avec Gambetta et passe pour un de ses fidèles. Le 14 décembre 1877, c’est en tant que tel que Dufaure, en constituant son cabinet, le choisit comme ministre des Travaux publics jusqu’au 4 février 1879. Il occupe, dans le ministère Waddington (4 février-28 décembre 1879), ce même portefeuille très technique où il montre sa capacité de médiation, réunissant Léon Say et Gambetta, que leurs conceptions économiques séparaient, autour d’un fameux plan de développement des voies ferrées et des voies navigables. Ce plan ouvre la voie à des discussions tarifaires avec les compagnies, et permet d'aboutir aux conventions de 1883 stipulant que le gouvernement accordait sa garantie aux compagnies pour l'achèvement du réseau ferroviaire. Ce plan d'équipement ambitieux prévoyait la construction de 18 000 km de voies ferrées, 1 900 km de canaux modernisation des ports, etc.... La Chambre lui vote 350 millions de crédits le 7 mars 1878, qu'il affecte essentiellement aux développements portuaires. Il obtient en janvier 1879 un décret de Mac Mahon sur la réorganisation des voies navigables et ferroviaires. Il réforme la législation minière en février 1879. A la fin décembre 1879, après la chute du cabinet à majorité centre gauche de Waddington, le président de la République Jules Grévy demande à Freycinet de former un nouveau gouvernement. Ce choix est habile. Appeler Freycinet, c’est écarter Gambetta tout en espérant que le nouveau président du Conseil saurait affirmer son autonomie. La composition du cabinet se fait cependant sous l’égide secrète de Gambetta, qui se venge ainsi de ne pas avoir été consulté, en tant que président de la Chambre des députés, par le président de la République. La liste définitive du nouveau cabinet est arrêtée le 28 décembre. Freycinet s’est réservée les Affaires étrangères. Le cabinet est résolument de tonalité gauche républicaine, puisque la majorité de ses membres y étaient inscrits : Magnin aux Finances, Jules Ferry à l’Instruction publique, Varroy aux Travaux publics, Tirard à l’agriculture, le vice-amiral Jauréguiberry à la Marine ainsi que les sous-secrétaires d’Etat Wilson, Raynal, Cyprien Girerd et Sadi Carnot. L’Union républicaine, toutefois, connaissait une notable progression, avec trois ministres choisis dans ses rangs : Cazot à la Justice et Lepère à l’Intérieur, qui tous deux avaient présidé le groupe parlementaire gambettiste, le général Farre à la Guerre ainsi que les sous-secrétaires d’Etat Constant et Turquet. Le Centre gauche voyait sa participation réduite à la portion congrue, puisque seul Cochery, ministre des Postes et Télégraphes, était inscrit dans ce groupe.Ce cabinet marque la fin de la tentative républicaine libérale sous la IIIème République et le glissement vers la gauche du centre de gravité de la vie politique. Il gouverne pendant huit mois, jusqu’au 19 septembre 1880, sous la haute surveillance de Gambetta que Freyciney consulte régulièrement. Les deux questions majeures que Freycicinet eut à gérer sont celle de l’aministie des communards et celle des décrets anticléricaux, en constiruent les deux exemples manifestes. Les deux furent lises à l’ordre du jour par les radicaux, soutenus par l’aile gauche de l’Union républicaine, impatients de réaliser immédiatement des mesures qu’ils estimaient conformes à un régime républicain. Freycinait jugeait l’amnistie trop prématurée, mais doit céder à la pression de Gambetta, lui-même poussé par certains de ses amis et par son électorat de Belleville. Après des débats mouvementés, l’amnistie est votée en juin-juillet 1880. En revanche, Freycinet ne veut pas céder aux mesures réclamées par les mêmes contre les congrégations, à commencer par les jésuites. La politique anticléricale inaugurée par le précédent cabinet est cependant poursuivie, à l’initiative de Jules Ferry et malgré les réticences de centre gauche, d’une partie de la Gauche républicaine, du président de la République et du président du Conseil. Freycinet tente, à propos des décrets relatifs aux congrégations, de négocier secrètement avec le vatican afin de trouver une formule de conciliation qui éviterait l’expulsion brutale. Le 20 20 août 1880, de passage à Montauban, il affirme publiquement sa volonté de ne pas brusquer la situation. Il est alors attaqué par les journaux radicaux et gambettistes. Les ministres proches de Gambetta, Constans et Cazot, donnèrenet leur démission, ce qui oblige le cabinet à se retirer, le 19 septembre 1880. Ainsi s’inaugurait l’ère de l’instabilité parlementaire, qui allait âtre la maladie chronique du régime. La politique de surenchère menée par l’extrême gauche, jointe à l’inexistence d’une droite constitutionnelle, allait fragiliser les gouvernements en place sans permettre à l’opposition, formée d’une coalition de circonstance entre les extrêmes, de constituer une majorité de substitution. De fait, le cabinet que compose Jules Ferry pour succéder à Freycinet est, à l’exception de Varroy et du vice-amiral Jauréguiberry, qui a préféré suivre Freycinet dans sa disgâce, composé des mêmes hommes que celui de son prédécesseur. Entre deux postes ministériels, Charles de Freycinet revenait dans l'Administration. Lorsqu'il venait de démissionner de ses fonctions de président du conseil, Freycinet est chargé en qualité d'ingénieur en chef d'une mission d'étude sur l'exploitation des chemins de fer en France et à l'étranger. Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 30 janvier au 7 août 1882, Freycinet met en place un cabinet dans un contexte fondamentalement différent. Il avait refusé, en novembre 1881, d’entrer dans le « Grand ministère »dans lequel Gambetta avait voulu, sans succès, rassembler tous les chefs républicains. Pis encore, en laissant annoncer dans les couloirs de la Chambre des députés qu’il était prêt à constituer un cabinet de remplacement, Freycinet avait sans aucun doute précipité la dislocation de la majorité. Gambetta es ses amis lui en gardent un rancune tenace. La nouvelle équipe ministèérielle prend ses fonctions le 30 janvier 1882, soit à peine trois jours après la démission de Gambetta. Freycinet qui prenait les Affaires étrangères, réussit à attirer près de lui les personnalités du parti républicain. Léon Say avait laissé la présidence du Sénat pour prendre les Finances, Jules Ferry est ministre de l’Instruction publique (avec les Beauc-Arts : on avait supprimé le ministère des Arts créé par Gambetta). Presque tous les ministres sont issus des rangs de la Gauche républicaine, les deux exceptions les plus notables sont Goblet, ministre de l’Intérieur, proche du radicalisme, et Léon Say. Freycinet aurait voulu garder quelques ministres du précédent cabinet, pour s’assurer du soutien des opportunistes, mais Gambetta décline, en leur nom, la prposition. Le nouveau cabinet comprenait, en outre un nolbre relativement important de sénateurs. Il pouvait donc apparâitre comme le cabinet de la revanche, celle de la Gauche républiacine et celle du Sénat sur Gambetta. Freycinet avait, sur le papier, réussi à former un cabinet prestigieux, mai suaquel il manquait un élément essentiel, l’unité. Il allait apprendre a ses dépens que l’on ne pouvait pas gouverner sans l’Union républicaine de Gambetta. Toutes les réformes attendues et promises aux républicains (réforme judiciaire, loi sur le divorce, organisation du protectorat tunisien, question de la mairie centrale de Paris, etc), avortent, faute d’une véritable direction et d’une majorité solide à la chambre des députés. Les mesures principales sont menées à l’initiative du ministre de l’Instruction publique Jules Ferry, qui conduit à son terme la loi sur l’obligation et la laïcité de l’enseignement primaire et engage la réforme de l’enseignement secondaires spécial. Finalement, c’est sur une suestion de politique extérieure, et plus excatement les négociations relatives à la question d’Egypte, que l’indécision du président du Conseil allait éclater au grand jour. Freycinet fait l'erreur de ne pas associer la flotte française à la flotte britannique pour bombarder Alexandrie, ce qui a conduit à l'abandon de l'influence française en Egypte ce qui provoque la chute de son cabinet, le 7 août 1882. Après la chute de son gouvernement, Freycinet devient ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Brisson du 6 avril 1885 au 7 janvier 1886 puis inspecteur général de 1ere classe des mines en mars 1886. Le troisième cabinet Freycinet, qui gouverne du 7 janvier au 11 décembre 1886, est, lui aussi, une formule composite rassemblée après la fin du long ministère Ferry. Le cabinet Brisson, formé pour préparer les élections de l’automne 1885, n’avait duré que quelques mois. Après sa chute, en décembre suivant, Jules Grévy pressent de nouveau Freycinet, qu’il affectionne. Celui veut se récuser mais le président insiste si bien qu’il accepte, à son corps défendant, écraira t il ultérieurement. Freycinet, qui ne dispose pas d’une équipe soudée et soucieux de se démarquer de Jules Ferry, met sur pied une combinaison de concentration républicaine, c'est-à-dire non pas un cabinet homogène, comme celui de son prédécesseur, mais une équipe hétéroclite, fruit d’une large coalition parlementaire. Granet (Postes et Télégraphes), Lockroy (Commerce) appartiennent à l’extrême gauche, Goblet (Instruction publique et Sarrien (Intérieur) à la Gauche radicale. La Gauche républicaine était représentée par Carnot (Finances) et Jules Develle (Agriculture). Les gambettistesobtenanient les Travaux publics (Baïhaut et la Justice (Demole), Freycinet gardait les Affaires étrangères. La presse républicaine salue l’évènement de celui qui, après l’autoritaire et impopulaire Jules Ferry, passait pour un libéral, dans la mesure où il ne refuse pas tout contact avec les radicaux et acceptait même de les faire entrer dans son gouvernement. Cette coalition était trop large pour avoir un vrai programme. En tenaient lieu la réduction des dépenses, que Sadi-Carnot s’efforce de mettre en œuvre, et la loi sur la Laïcité du personnel enseignant (30 octobre 1886). Ce cabinet est marqué principalement par les débuts du mouvement boulangiste. Freycinet confie le portefeuille de la Guerre au général Boulanger (recommandé par Clemenceau) qui ne tarde par à se faire remarquer de l’opinion publique. Ses premières mesures et ses déclarations ronflantes enthousiasment les radicaux. Il raye des cadres de l’armée les ducs d’Aumale, d’Alençon, de Nemours et de Chartres, ainsi que le prince Murat. Il améliore l’ordinaire de l’armée et prend diverses initiatives patriotiques : guérites peintes aux couleurs nationales, revues équestres et la propagande habile qu’il sut distiller dans le pays lui valent rapidement une grande popularité. Lors de la revue du 14 juillet 1886, à Longchamps, la foule l’acclame longuement. Ferry, lui, décide de ne plus soutenir le gouvernement si Freycinet ne se séparait pas de son encombrant ministre. Il est suivi dans sa campagne par Jules Develle qui réclame un remaniement ministériel. Jules Steeg, qui préside le principal groupe parlementaire républicain, l’Union des gauches, s’efforce d’entraîner les républicains modérés à sa suite tandis que Joseph Reinach, nouveau directeur de La République française, inaugure une virulente camapgne de presse contre Freycinet. La personnalité de Boulanger restant un ferment de division. La majorité reste fragile. Le 18 octobre, les radicaux interpellent le cabinet à propos de l’emploi des troupes dans la grêve de Vierzon. Le gouvernement Freycinet est renversé sur une question budgétaire annexe malgré le gouvernement, la Chambre avait voté la suppression des sous-préfets), le 3 décembre 1886. Ce troisième cabinet Freycinet ne finit donc pas plus glorieusement que les deux autres. A chaque fois, le président du Conseil manquait d’une assise parlementaire solide. Sa nomination était le fruit d’un choix personnel du président de la République et d’une coaltion républicaine de circonstance. Son excessive discrétion est sans doute le meilleur faire-valoir du bouillant Boulanger, les Français préférant le brillant de l’officier de parade à la grisaille de l’homme de dossiers. Cet échec ne met pas fin à la carrière politique de Freycinet. Candidat à la Présidence de la République en 1887 après la démission de Jules Grévy, il se retire face à Sadi Carnot qui est élu. Paradoxalement, il est appelé à la rescouse par Floquet, dans son gouvenement du 3 avril 1888 au 17 mars 1890, pour aider à circonscrire le boulangisme où il est nommé ministre de la Guerre. Premier civil à accéder à ce poste, il conserve ce portefeuille sous cinq cabinets successifs. Après que le cabinet Tirard fut tombé sur le problème de la politique douanière, Freycinet va prendre la présidence du Conseil pour près de deux ans, du 17 mars 1890 au 18 février 1892 avec le portefeuille de la Guerre ; c'est de loin le plus long de ceux qu'il a présidés. Son gouvernement n’était qu’un replâtrage du précédent où, encore une fois, il cherche à constituer ule large coalition de toutes les tendances du parti républicain. Les radicaux Léon Bourgeois (Instruction publique) et Jules Roche (Commerce) côtoient les libéraux Ribot (Affaires étrangères) et Yves Guyot (Travaux publics) et les opportunistes Rouvier (Finances), Fallières (Justice), Jules Develle (Agriculture), Constan (Intérieur), Eugène Etienne (sous-secrétariat aux Colonies). En dépit de sa durée (environ deux ans), aucune réforme ne distingue se ministère, trop hétérogène pour élaborer un vrai programme. Placé entre l'agitation boulangiste et le scandale de Panama, il connut des heures relativement paisibles et même quelques succès. Sur le plan social, il dut faire face aux premières manifestations du 1er mai. Celles de 1891, à Fourmies, dégénérèrent en une fusillade qui fit plusieurs victimes. Un début de législation sociale marque cette période : loi du 8 juillet 1890 sur les délégués mineurs, loi du 2 juillet 1890 sur la suppression des livrets ouvriers ; préparation de la loi du 31 octobre 1892 sur le travail des femmes et des enfants. Le vote des tarifs douaniers en 1892 occupa longuement les Chambres pendant toute la durée du ministère. Charles de Freycinet n'avait pas été, dans ses précédents cabinets, un grand ministre des Affaires étrangères. Mais il faut lui rendre cette justice que c'est sous sa direction et en plein accord avec lui que Ribot réussit le coup de maître de l'alliance franco-russe. Désormais, la France cessait d'être isolée. Le ministère tomba sur la question religieuse. Le pape Léon XIII, soucieux de détacher la cause de la religion catholique de celle de la monarchie, entreprend des démarches afin d’inciter le clergé et les catholiques de France à accepter le régime républicain. Mais les radicaux, craignant que ces déclarations ne cachent une volonté d’investir la République pour mieux la détruire de l’intérieur, cherchent à empêcher le rapprochement entre le pape et le ministère. Le radical Trouillot demande l’urgence sur un projet de loi relatif aux associations, préalable indispensable à la séparation des Eglises et de l’Etat. Le ministère se retire le 18 février 1892. Encore une fois, Freycinet avait été dépassé par la surecnchère des radicaux, qui refusaient le principe même d’une quelquonque entente avec le clergé. Ses difficultés à gouverner sont en partie le reflet des contradictions et des divisions du « parti républicain » qui se révèle incapable de former une véritable majorité de gouvernement. S’il a fait entrer les radicaux dans ses cabinets, Freycinet ne parvient pas à les plier aux contraintes de l’exercice du pouvoir. Son tempérament quelque peu indécis, qui passait pour du libéralisme, ne put jamais dominer le manque de discilple et d’unité de la gauche. Ministre de la Guerre du 27 février 1892 au 11 janvier 1893 dans le gouvernement Loubet, mais sans que son nom ne soit jamais officiellement prononcé, il fut indirectement compromis dans l'affaire de Panama. Simplement, le 10 janvier 1893, il fut discrètement éliminé au cours du remaniement du cabinet Ribot. Il occupe également le même portefeuille du 1er novembre 1898 au 6 mai 1899. Ministre d'Etat du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916. Membre de l'Académie des sciences (1882, division des académiciens libres). Membre de l'Académie française le 11 décembre 1890. Charles de Freycinet rentre dans le rang, entouré du respect de ses collègues. Il se tient quelques mois sur la réserve, mais il ne pouvait rester inactif. Il est élu en 1894 président de la commission de l'armée au Sénat, poste important et délicat en cette période où commence l'affaire Dreyfus. Le 1er novembre 1898, il est de nouveau ministre de la Guerre, dans le quatrième Cabinet Dupuy. Freycinet est alors dans sa 70e année et l'acceptation d'un tel portefeuille, en de semblables circonstances, constitue une preuve de dévouement. Faire respecter l'armée, ce sera la mission de confiance que devra assumer Freycinet. Mais le climat politique est tel qu'il n'y pourra pas tenir plus de six mois et demi. « Je suis trop vieux pour la bataille », confiera-t-il à Raymond Poincaré. Freycinet, apparemment, n'était pas très favorable à la cause de Dreyfus. L'opposition révélera après sa démission et malgré les dénégations gouvernementales, qu'un désaccord sérieux l'opposait à ce sujet à Delcassé. Mais officiellement, la raison de son départ fut l'extrême découragement qu'il ressentait après une interpellation des plus houleuses. Ce départ était un adieu, ou presque. Freycinet retourna à la présidence de la commission sénatoriale de l'armée. Ses interventions en séance publique se raréfièrent au fil des années. Esprit universel et travailleur acharné, il écrivit alors, en dehors de quelques souvenirs politiques, comme son ouvrage sur La Question d'Egypte (1905) des oeuvres de hautes mathématiques : Les planètes télescopiques, application de la théorie de Laplace (1900), Sur les principes de la mécanique rationnelle (1902), De l'expérience en géométrie (1903). Il fera une symbolique réapparition au gouvernement d'octobre 1915 à décembre 1916 comme ministre d'Etat dans un cabinet Briand. A quatre-vingts-sept ans, il faisait encore l'admiration de Poincaré par son énergie au travail et l'intelligence de ses vues. En 1920, il se retire définitivement de la vie politique après avoir été constamment réélu, dès le premier tour, les 4 janvier 1891, 28 janvier 1900 et 3 janvier 1909, avec 579 voix sur 667 votants, 456 sur 765 et 630 sur 934. Il mourait à Paris le 14 mai 1923, dans sa 95e année. Comme il occupait à l'Académie française, depuis 1891, le fauteuil d'Emile Augier, son éloge y fut prononcé le 11 février 1926. Son successeur, Emile Picard, concluait ainsi : « Un homme n'a pas été mêlé pendant cinquante ans aux affaires de son pays sans être en butte à bien des critiques. Mais quelque jugement que l'Histoire prononce sur certains points de son oeuvre, le délégué de 1870 qui, en des circonstances désespérées, réussit à organiser la défense nationale, le ministre de la guerre qui mit notre armée au niveau de sa tâche nous apparaît dès aujourd'hui comme ayant bien mérité de la Patrie. » Il meurt le 14 mai 1923 à Paris. FREYCINET (C. de) : Souvenirs, Paris, Librairie Delagrave, 1912 et 1913, 2 volumes. GREVY (J.) : La République des opportunistes, Paris, Perrin, 1998. FRIANT (Emile), 1863-1932 : Peintre. Emile Friant commence sa formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy et expose dès l'âge de quinze ans au Salon local. Il poursuit ses études à Paris dans l'atelier du peintre Alexandre Cabanel et devient à vingt ans second prix de Rome. Peintre naturaliste, Emile Friant réalise essentiellement des portraits et des scènes de la vie quotidienne. Ses toiles puisent leur caractère instantané dans le procédé photographique. Après le succès de l'Exposition universelle de 1889, qui le couronne d'une médaille d'or pour La Toussaint, Emile Friant reçoit de nombreuses commandes de portraits de personnalités nancéiennes et américaines. Son apport aux arts décoratifs est plus restreint que ceux des peintres Camille Martin ou encore Victor Prouvé. Il donne à Louis Majorelle, en collaboration avec Camille Martin, un décor de mobilier sur le thème de Don Quichotte et fait réaliser chez René Wiener une reliure illustrant " La guillotine et les exécuteurs des arrêtés criminels pendant la Révolution ". Il est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy dès 1901. Il enseigne à l'Ecole nationale des Beaux-Arts en 1906. SALMON, MIDANT, WEISBERG. L'Ecole de Nancy, peinture et Art nouveau. Cat exposition musée des Beaux-Arts. Paris, RMN, 1999 Emile Friant (1863-1932). Regard sur l'homme et l'oeuvre. Cat.exposition musée des Beaux-Arts. Nancy, 1988 FRONT (Le) : Journal néo-socialiste fondé en 1935 et disparu au début de la Seconde Guerre mondiale. Organe de l’Union socialiste et républicaine. FRONT LATIN (Le) : Revue lancée à l’époque des sanctions contre l’Italie pour défendre l’idée latine compromise. Animateurs : Philippe de Zara et Ferdinand Sorlot, éditeur. FRONT MONDIAL (Le) : Dans l’entre-deux-guerres, organe du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme. FRONT NATIONAL-SYNDICALISTE : Mouvement anti-démocratique et socialiste fondé en 1933. Son organe, L’Assaut, était dirigé par Jean Roumanès et rédigé par Pierre Andrieu, Jean-François Thomas, Guy Dancourt, Bernard Feuilly, Jean-Edouard Giraud, Raymond Sazenac, etc. FRONT NATIONAL DU TRAVAIL (Parti de la Liberté) : Mouvement fondé en 1937, son organe est Le Peuple Libre. Dirigé par Joseph Bilger, un militant paysan d’Alsace, et André Chaumet, journaliste bonapartiste, ses principaux collaborateurs sont : Georges Bernard, Jean Lorrain, Maurice Koch, H.-R. Bellanger, etc. Le mouvement et le journal disparaissent peu avant la Seconde Guerre mondiale. FRONT POPULAIRE : Le Front populaire, également connu sous le nom de Rassemblement populaire est la coalition de dix partis et organisations de gauche constituée en juin 1935 et qui devait durer jusqu’en novembre 1938. C'est en réaction à la journée du 6 février 1934 que les partis de gauche décidèrent de s'unir contre ce qu'ils considéraient être « le danger fasciste », afin d'éviter à la France selon eux, de reprendre le même régime dictatorial que ses pays voisins. Elle est le premier acte du Front populaire qui naît officiellement le 14 juillet 1935. Toutefois, l'évolution vers l'unité n'a pas été évidente. Dans un premier temps, la direction du PC est hostile à tout rapprochement avec la SFIO. Mais les émeutes de février 1934, en France, ainsi que l'installation solide d'Hitler au pouvoir convainquent Staline d'abandonner la tactique « classe contre classe » élaborée dans les années 1920. Dès lors, le PC adopte une attitude résolument unitaire, et ajoute l'adjectif français à son nom. C'est d'ailleurs le dirigeant communiste Maurice Thorez qui, en 1934, par des articles dans le journal L'Humanité, appela pour la première fois en France à la formation d'un « Front populaire » (l'expression est de Eugen Fried). Il présenta d'ailleurs son projet quelques semaines plus tard devant la Chambre des députés. Il proposa aussi d'associer à ce Front populaire le Parti radical-socialiste, qui était le mieux représenté à l'Assemblée nationale et qui, après la dislocation du second Cartel des gauches participait à un gouvernement d'Union Nationale avec le centre droit et la droite modérée. La chambre des députés le 3 mai 1936 Les accords du Front populaire permirent la victoire aux élections législatives le 3 mai 1936 et débouchèrent sur le premier gouvernement à dominante socialiste de la IIIe République. La gauche avait alors obtenu 386 députés sur 608, dont 147 pour la SFIO. Le front populaire prépare des élections législatives avec ce programme : Pain : contre la misère de la crise sociale ( chômage...) ; Paix : face à la montée en Allemagne, en Espagne (guerre civile) et en Italie de régimes politiques fascites menaçants ; Liberté : face à la montée des dictatures qui ne respectent pas les libertés fondamentales. La gauche profite de son unité (les reports de voix, notamment communistes, sont meilleurs qu'en 1928 et 1932), de la crise économique, et de l'absence d'une politique alternative à droite, où l'argument de campagne principal est l'anticommunisme. Les élections de 1936 traduisent également une évolution à l'intérieur de la gauche, le Parti radical perdant des électeurs, notamment ruraux, au profit de la SFIO (et, plus marginalement, du PCF), cependant que la SFIO voit une partie de ses électeurs ouvriers préférer le PCF. Léon Blum, alors dirigeant de la SFIO, devint président du Conseil à partir du mois de juin. Il « ne se chargeait d'aucune responsabilité particulière pour se consacrer tout entier à la direction du gouvernement ». Le gouvernement était alors composé seulement de 20 socialistes, 13 radicaux et deux républicains socialistes, les communistes le soutenant de l'extérieur. Ce gouvernement (Composition du gouvernement) de Front populaire fut le premier à accueillir trois femmes ministres (Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvicg) alors que celles-ci n'avaient toujours pas le droit de vote. Un sous-secrétariat d'État aux Sports et aux loisirs fut créé , dirigé par Léo Lagrange.(il fut tourné en dérision par la droite et l'extrême-droite qui le qualifiaient de « ministère de la paresse »). Avant la formation du nouveau gouvernement, des premières grèves éclatent dans des usines d’aviation, au Havre, à Toulouse et à Courbevoie. Le 11 mai, 600 ouvriers et 250 employés des usines Breguet arrêtent le travail pour demander la réintégration de deux militants licenciés pour avoir fait grève le 1er mai. L’usine est occupée et les tentatives de la police de déloger les grévistes échouent, les dockers se solidarisant des grévistes. En deux jours les grévistes obtiennent satisfaction. Le 24 mai le rassemblement en souvenir de la commune de Paris rassemble 600 000 participants, brandissant des drapeaux rouges et chantant des hymnes révolutionnaires. Le lendemain de nombreuses grèves débutent en région parisienne, qui obtiennent généralement rapidement satisfaction. Le 28, les 30 000 ouvriers de Renault à Billancourt entrent dans la grève. Un compromis est trouvé avec la CGT, mais la lame de fond continue, et à partir du 2 juin des corporations entières entrent en grève : la chimie, l’alimentation, le textile, l’ameublement, le pétrole, la métallurgie, quelques mines, etc. À partir du 5, les vendeurs de journaux, les tenanciers de kiosques, les employés des salles de spectacles, les commis, les garçons de café, les coiffeurs, des ouvriers agricoles etc. font grève, souvent pour la première fois. Pour la première fois également les entreprises sont occupées par les grévistes, qui organisent des comités de grève. Se trouve remis en cause le principe de la propriété privée des moyens de production. Des bals sont donnés dans les usines ou les grands magasins, des compagnies de théâtre (comme le groupe Octobre de Jacques Prévert) jouent des pièces. On compte 12 000 grèves, dont 9 000 avec occupation, entraînant environ 2 millions de grévistes. Le patronat hésite à employer la force pour évacuer les usines et préfère la négociation. Le gouvernement Blum formé le 4 juin cherche à faire cesser le mouvement de grève. Les accords de Matignon sont signés dans la nuit du 7 au 8 en échange de l’évacuation des usines. Mais la reprise n’est pas immédiate, et bien des délégués des usines en grève souhaitent continuer le mouvement. À partir du 11 juin, le PC milite pour l’arrêt des grèves, Maurice Thorez déclarant qu'« il faut savoir arrêter une grève dès que satisfaction a été obtenue ». Le mouvement gréviste reflue peu à peu. Le succès électoral a donc éveillé chez l'ensemble des travailleurs un immense espoir. Ainsi, un mouvement de grève et d'occupation d'usines se mit en place, gagnant toute la France. Près de deux millions de travailleurs débrayèrent, paralysant le pays. Les patrons, craignant au plus haut point une révolution bolchevique, s'empressèrent de négocier sous l'égide du gouvernement dans le but d'obtenir la reprise du travail. Ainsi, le 7 juin 1936, les accords de Matignon furent signés par la CGT et le patronat, à l'initiative du gouvernement. Ces accords mettaient en place entre autres le droit syndical et prévoyaient une hausse des salaires de plus de 7 à 15 % selon les branches soit environ 12% de moyenne sur toute la france. Quelques jours plus tard, bien que ces mesures ne figurent pas dans le programme du Front Populaire, par deux lois votées par le Parlement, les premiers congés payés (2 semaines) furent instaurés, et la semaine de travail passa de 48 à 40 heures. Pour les ouvriers et employés partant en vacances, Léo Lagrange créa des billets de train avec 40 % de réduction, qui existent toujours. Ces accords n'empêchèrent pas les grèves et les occupations de se poursuivre, souvent jusqu'en juillet. Le 29 juillet, fut votée la retraite des mineurs et, le 28 août, une loi sur les allocations chômage. Une politique de nationalisations fut mise sur pied, dans l'industrie aéronautique, d'armement (7 août), puis dans les chemins de fer (naissance de la SNCF en 1938). La Banque de France ne fut pas nationalisée, mais la tutelle de l'État s'accrut et le droit de vote s'étendit à tous les actionnaires (il était jusqu'alors réservés aux 200 plus gros). Le 28 août, fut adopté un budget de 20 milliards de francs pour de grands travaux. Un Office national interprofessionnel du blé (Onib) eut pour charge de soutenir les prix payés aux agriculteurs, très durement touchés par la crise. Georges Monnet, ministre de l'Agriculture, ne réussit pas à faire adopter la création d'autres offices pour les autres productions, devant les réticences du Sénat, mais l'Onib servit de modèle aux structures créées après la Libération, voire à celles mises en place par la Politique agricole commune (PAC). La politique d'électrification des communes rurales, très énergique dans les années 1920 sous Henri Queuille, fut reprise. En matière coloniale, les réalisations furent plus difficiles en raison du profond conservatisme des colons, très puissants, et du dynamisme de certains mouvements politiques locaux (principalement en Algérie), qui préfèrent souvent l'indépendance à l'égalité des droits. Ainsi, le projet Blum-Violette étendant la nationalité française à certains Algériens est-il bloqué par le Sénat, comme le projet d'accorder l'indépendance aux mandats du Liban et de la Syrie. En Tunisie, les colons les plus influents « tinrent l'avènement du Front populaire pour une catastrophe cosmique et [le sous-secrétaire d'État] Pierre Viénot pour l'Antéchrist [...] » (Charles-André Julien, dans Léon Blum, chef de gouvernement) : ils déployèrent donc tous leurs efforts pour saboter la politique menée. Mais pour la première fois, un dialogue est ébauché, une politique réformiste est envisagée : c'est un premier dépassement du clivage entre le colonialisme pur et dur d'une part, la sécession immédiate d'autre part, d'où nait, après 1944, la décolonisation. Le code de l'indigénat est vidé de sa substance, puis complètement abrogé, par Marius Moutet, qui s'efforce d'améliorer le sort des colonisés et de les associer à l'administration de leurs territoires. La nomination d'un noir, Félix Éboué, comme gouverneur de la Guadeloupe, puis du Tchad, est une petite révolution. Le Front populaire fit aussi un gros effort en matière d'éducation et loisirs. La scolarité obligatoire fut portée dès 1936 à quatorze ans, les passerelles entre l'enseignement primaire et les lycées furent multipliées — dans le prolongement de l'œuvre entreprise par Édouard Herriot quelques années plus tôt — les collections des grands musées furent enrichies et leurs tarifs réduits pour les gens modestes. Le musée d'art moderne, le musée des arts et traditions populaires, le palais de la Découverte, le musée de l'Homme et le CNRS sont des créations du Front populaire. L'ENA fut créée en 1945 par Michel Debré sur un projet de Jean Zay qui n'avait pas pu voir le jour à cause de la guerre. Le contexte international fut également une autre cause. En effet, alors que la guerre civile en Espagne venait d'éclater en juillet 1936, les communistes affrontèrent les socialistes et les radicaux pour savoir si la France devait soutenir militairement les républicains espagnols face aux Franquistes. Sous la pression du gouvernement conservateur britannique de Baldwin et des radicaux, Léon Blum décida la « non-intervention » française, à un moment où la société française est, suite à la Grande Guerre profondément pacifiste dans sa majorité et ainsi il rempli les plans d'Hitler dont le but était d'isoler la France pour mieux la briser (« Car il faut qu'on se rende enfin clairement compte de ce fait : l'ennemi mortel, l'ennemi impitoyable du peuple allemand est et reste la France. Peu importe qui a gouverné et qui gouvernera la France ; que ce soient les Bourbons ou les Jacobins, les Napoléons ou les démocrates bourgeois, les républicains cléricaus ou les bolchéviks rouges.1 » ou encore « Une deuxième guerre viendra. Il faut, auparavant, isoler si bien la France que cette seconde guerre ne soit plus une lutte de l'Allemagne contre le monde entier, mais une défense de l'Allemagne contre la France qui trouble le monde et la paix.2 »). Léon Blum et son gouvernement ont laissé le fascisme s'implanter aux portes de la France plutot que de venir en aide aux républicains espagnols. La Grande-Bretagne pouvait d'autant plus influer sur la politique française que l'hémorragie de capitaux depuis 1935 avait réduit presque à néant les réserves d'or de la banque de France, mettant le pays sous la dépendance britannique. L'Espagne républicaine fut aidée par l'arrivée des Brigades Internationales. Les gouvernements français et britannique pactisent avec Hitler en signant l'accord de Munich le 28 septembre 1938. Ils décidèrent d'offrir à Hitler la Tchecoslovaquie en espèrant que son armée se dirigera après sur l'URSS. C'est grace à un fort anticommunisme et à la peur du bolchévisme que la France et le Royaume-Uni sont resté les bras croisés pendant qu'Hitler se reconstituait une armée. Après sa démission, Léon Blum conditionna, jusqu'en 1939, le soutien la SFIO à la poursuite de cette assistance. Conscient des menaces fascistes sur la paix, il augmenta sensiblement les dépenses militaires du pays. La nationalisation des industries d'armement et la politique énergique des nouveaux responsables relancèrent le potentiel français d'armement. On peut noter que les rapports avec l'Italie furent beaucoup plus difficiles qu'avec l'Allemagne, en raison de la politique agressive de Mussolini dans les colonies, et notamment en Éthiopie, seul état africain indépendant en Afrique à cette époque, dont la chute entraina le discrédit de la Société des Nations, et aussi du fait de la proximité de la colonie française de Djibouti. Mais les difficultés de la France ne furent pas pour autant effacées. En effet, la France était dans une grave crise économique depuis 1931, et la politique économique du Front populaire ne parvint pas à relancer la production, la consommation, ni à réduire le chômage. Ainsi, la hausse des prix annula vite celle des salaires prévue par les accords de Matignon. Ce fut une des causes de la chute du Front populaire, très vivement critiqué par la presse dès l'automne 1936. Une campagne médiatique agressivement diffamatoire conduisit Roger Salengro, ministre SFIO, à se suicider en novembre. Celui-ci, accusé de traîtrise durant la Première guerre mondiale, est acquité mais ne supporte pas de voir son honneur sali. Sur le plan intérieur, le gouvernement Blum parvint à résoudre la crise sociale. Mais dès l'été 1936, il dut faire face à diverses difficultés, parmi lesquelles la dévaluation du franc à cause de la situation monétaire et la politique financière en général, qui transformèrent l'inquiétude de la droite en opposition résolue. Le 13 février 1937, il décide également une pause dans les réformes. Des réformes importantes comme les retraites sont alors abandonnées[réf. nécessaire]. La pause ne rencontre guère la réussite, puisqu'elle déçoit l'aile gauche de la SFIO et le PCF sans apaiser l'opposition de droite, qui la considère comme un aveu de faiblesse du gouvernement. Les calomnies de l'extrême droite visaient toutes les personnalités du Front populaire. Elles eurent notamment pour conséquence le suicide du ministre de l'Intérieur Roger Salengro. L'arrivée de Blum au pouvoir déclencha aussi une vague d'antisémitisme d'une très grande ampleur. Dans la presse française se formèrent deux camps bien distincts, d'une part les partisans du Front populaire (L'Humanité, Le Populaire, L'Œuvre, Vendredi, Marianne, etc.), d'autre part les opposants (L'Action française, L'Ami du peuple, Le Jour, Candide, Gringoire, Je suis partout, à l'extrême droite ; L'Écho de Paris, Le Temps à droite etc.). Entre ces deux positions, très peu de journaux ou d'hebdomadaires jouèrent la carte de la neutralité. La presse allant dans le sens du Front populaire était largement plus faible que la presse d'opposition, et l'une comme l'autre contribueront à l'échec du gouvernement du Front populaire. C'est dans la presse étrangère, notamment anglo-saxonne, que parurent les analyses les plus objectives. Le 21 juin 1937, le premier gouvernement Blum présente sa démission. Le radical Camille Chautemps prend sa succession. Il reprend, à un rythme ralenti, les réformes du Front populaire, créant, notamment, la SNCF. L'aggravation de la situation économique (creusement du déficit budgétaire) pousse Chautemps à réclamer les pleins pouvoirs, ce qui lui est refusé le 9 mars 1938, en partie à cause des votes socialistes[réf. nécessaire]. Son ministère prend fin suite à ce refus. Ensuite, en mars-avril 1938, après avoir été rappelé le 13 mars par le président de la République Albert Lebrun, Léon Blum forma un éphémère gouvernement, puis démissionna, n'arrivant pas à obtenir les pleins pouvoirs financiers auprès du Sénat, dans le but d'appliquer de grandes réformes financières pour sortir la France du marasme économique. Le radical Édouard Daladier le remplaça, décidé à « remettre la France au travail » et revint sur plusieurs réformes du Front populaire. Le bilan du Front populaire est à certains égards mitigé, mais cette brève expérience permit tout de même un nombre important d'avancées dans de nombreux domaines, en particulier dans le domaine social : congés payés, semaine de quarante heures, établissement des conventions collectives, prolongement de la scolarité à 14 ans, etc. Malgré tous les problèmes auxquels a dû faire face le Front populaire, il a marqué les mémoires, et suscitera bien des passions. Ainsi, le régime de Vichy tentera en vain de le faire passer pour responsable de la défaite française face à l'Allemagne nazie (voir le Procès de Riom). Mais surtout, on retiendra de cette période ces grèves joyeuses, et les premiers congés payés qui permirent pour la première fois aux travailleurs de partir en vacances, cette « embellie dans les vies difficiles », comme le dit Léon Blum. Jean-Paul Brunet, Histoire du Front populaire, PUF, 1991, nouv. éd., 1998. Daniel Lefeuvre, Michèle Margairaz, et Danielle Tartakovski, Histoire du Front populaire, éd. Larousse, 2006 Jules Moch, Le Front populaire, grande espérance, éd. Perrin, 1971 Pierre Renouvin et René Rémond (dir.), Léon Blum, chef de gouvernement. 1936-1937. Actes du colloque, éd. Armand Colin, 1967 Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Editions Serpenoise, 2006. Danielle Tartakowsky, Le Front populaire : la vie est à nous, éd. Gallimard, 1996 Michel Winock et Séverine Nikel, La Gauche au pouvoir. L'héritage du Front populaire, éd. Bayard, 2006 Jacques Kergoat, La France du Front populaire, La Découverte, 1996 Henri Noguères, La Vie quotidienne en France au temps du Front populaire. 1935-1938, éd. Hachette, 1977 Daniel Peschanski (dir.), Les Élites locales dans la tourmente. Du Front populaire aux années cinquante, CNRS éditions, 2000 FRONT RÉPUBLICAIN : Rassemblement de modérés et de radicaux-nationaux crée en 1935 et disparu peu après les élections de 1936. Son président était Franckin-Bouillon. Parmi ses membres dirigeants, citons : Edmond Barrachin, Roger Sarret. FRONT UNIVERSITAIRE (Le) : Journal mensuel des étudiants antifascistes fondé en 1934 et disparu peu parès. Son directeur était H. Chrétien. FROSSARD (Octave-Louis dit Ludovic-Oscar), 1889-1946 : Instituteur et homme politique. Né à Foussemagne (Territoire-de-Bellefort) le 5 mars 1889, Ludovic-Oscar Frossard est un ancien instituteur révoqué pour ses idées d’extrême-gauche. Il devient alors journaliste. Secrétaire général du parti communiste de 1920 à 1922, puis socialiste modéré, il entre à la Chambre comme député SFIO de la Martinique. En complet désaccord avec la majorité de son parti, il accepte le poste de ministre du Travail dans les quatres ministères successifs de Bouisson, Laval et Sarraut du 1er juin 1935 au 3 juin 1936. Après avoir refusé de nombreux postes gouvernementaux, il se décide à prendre la responsabilité d’un secteur qui l’ a toujours préoccupé au cours de son travail parlementaire. Il se montre alors partisan de la politique de déflation et essaie d’en atténuer les effets pour les salariés. Il prend des mesures en faveur des caisses de retraites et de secours, réforme les assurances sociales ainsi que les sociétés de secours mutuel et fait passer la retraite des mineurs de 55 à 50 ans. Au moment des grêves de mai 1936, il s’interroge longuement sur l’éventuelle utilisation de la force pour faire évacuer les lieux de travail. Mais la négociation met fin à ses inquiétudes dans les premiers jours de juin. Ministre d’Etat dans le quatrième cabinet Chautemps du 18 janvier au 12 mars 1938, il est chargé des Services de la présidence du Conseil. Il mène alors les négociations destinées à faire cesser le conflit social de l’alimentation en région parisienne. Il est ensuite nommé par Blum ministre de la Propagande dans son second cabinet du 13 mars au 9 avril 1938. Ministre des Travaux publics du 10 avril au 23 août 1938 dans le troisième cabinet Daladier, il devient mnistre de l’Information dans le ministère Reynaud du 21 mars au 5 juin 1940 puis minsitre des Travaux publics du 5 au 16 juin 1940 dans le même ministère. Il garde le même portefeuille dans le cabinet Pétain du 16 juin au 12 juillet 1940 auquel vient se rajouter les Transmissions du 16 au 27 juin 1940. Il se montre favorable à une demande d’armistice afin de pouvoir refuser devant les conditions inacceptables que ne manquerait pas de poser l’Allemagne. Ainsi le pays serait dopé et reprendrait le combat sans état d’âme. Il décèdera à Paris le 11 février 1946. FROT (Eugène), 1893-1983 : Avocat et homme politique. Né à Montargis (Loiret) le 2 octobre 1893, Eugène Frot, avocat socialiste, entre au gouvernement aux côtés de Paul-Boncour comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères du 18 décembre 1932 au 30 janvier 1933. Il devient ensuite ministre de la Marine marchande dans les cabinets Daladier et Chautemps (du 31 janvier au 25 octobre 1933 et du 26 novembre 1933 au 9 janvier 1934) puis ministre du Travail et de la Prévoyance sociale dans les ministères Sarraut et Chautemps (du 26 octobre au 25 novembre 1933 et du 9 au 29 janvier 1934). Ministre de l’Intérieur du 30 janvier au 8 février 1934 dans le second cabinet Daladier, il demande le 3 février le déplacement de Chiappe à le suite de l’affaire Stavisky. Les ligues laissent courir le bruit qu’il va obtenir leur dissolution et l’agitation monte. Le soir du 6 février, il parvient à s’extraire de l’Assemblée vers 6 h et file vers la place Beauvau d’où il est le plus a l’aise pour diriger les actiions de police. Bien qu’il n’ait pas pris à partie le jour-même, on lui reprochera longtemps d’avoir téléguidé la fusillade du Palais-Bourbon. En fait, il semble qu’il n’ait donné aucun ordre, ni celui de tirer, ni celui de ne pas tirer. Vaincu par la campagnes de calomnies dont il fait l’objet, il démissionne avec tout le cabinet et perd rapidement son influence et sa vitalité. Sa carrière politique est terminée. Il décèdera à Château-Landon (Seine-et-Marne) le 10 avril 1983. FRUCTIDOR : Journal bimensuel fondé en 1907 et disparu au début de la Seconde Guerre mondiale. Organe de la Fédération des Jeunesses laïques et républicaines FUCHS (Paul), 1864-1940 : Avocat et journaliste. Né à Paris le 9 avril 1864, Paul Fuch est le fils de Philippe, Jacques, Edmond Fuchs (1837-1889), célèbre géologue et minéralogiste français. Etudiant en droit, il rencontre probablement Laurent Tailhade vers 1888 dans le salon de la comtesse de Beausacq ou dans celui de la marquise d'Osmond, qu'il fréquente en compagnie de son père. Dès lors une indéfectible amitié le liera à l'auteur du Pays du Mufle. C'est Tailhade qui l'introduit au Décadent, où il donne des " Quatorzains " inspirés par son mentor, avec lequel il signe également des chroniques sous le pseudonyme collectif d'Hotspur. Alors qu'il rencontre Mallarmé chez Madame Manet (Suzanne Leenhoff) en 1893, il n'ose aborder le maître et il demandera à Tailhade de l'introduire dans le cénacle de la rue de Rome. Avocat à la Cour d'Appel de Paris, il aura surtout exercé le métier de journaliste et de conférencier. Rédacteur au Figaro, où il rédige le courrier des Lettres, dans la rubrique signée "les Alguerils", de 1905 à 1932, il y cumulera, après la guerre, la fonction de secrétaire de Robert de Flers, le directeur littéraire. Engagé volontaire en août 1914. Il sera envoyé au front en Picardie, mais sera réformé en juin 1915 pour raison de santé ; ce qui l'amènera à occuper le poste de secrétaire de la rédaction de Je Sais Tout de 1916 à 1920. Critique dramatique au Crapouillot à partir de 1919, il collabore à L'Echo National, fondé le 10 janvier 1922, par André Tardieu et qui regroupe l'état-major clemenciste. Le grand magazine culturel viennois, Die Bühne, fera également appel à sa plume entre 1925 et 1928, pour des articles de critique dramatique. Chevalier de la Légion d'Honneur et membre du Comité de la critique dramatique et musicale, Paul Fuchs décédera, à Paris, le 23 novembre 1940. .

 
     
 
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