MABILLE (Jules-Louis), 1843-1870 : Sculpteur. Né à Valenciennes en 1843, élève de Jouffroy, Mabille a laissé un gracieux Icare essayant ses ailes (1877) ; un Cupidon (1878), une statue représentant la Ville de Lille. Il décède à Paris en 1897.
MABILLEAU (Léopold), 1853-1941 : Professeur et économiste. Né en 1859 à Beaulieu (Indre-et-Loire), Léopold Mabilleau, élève de l’Ecole normale supérieure en 1873, agrégé de philosophie en 1876, devient élève à l’Ecole française de Rome de 1876 à 1878. Docteur ès-sciences en 1881, il enseigne la philosophie à la faculté des lettres de Toulouse, puis à Paris aux écoles normales et au Musée pédagogique.
Conseiller municipal de Toulouse de 1884 à 1888, il est nommé en 1890 professeur à la faculté de lettres de Caen. Il rencontre le monde de l’économie sociale après être devenu en 1897 le secrétaire du fondateur du Musée social et, était appelé à suppléer, au Collège ed France, Charles Lévêque, dans son cours de philosophie ancienne.
De 1900 à 1926, il enseigne également les assurances et la prévoyance sociales au Conservatoire national des arts et métiers. En 1902, il est élu le premier président de la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF). Il fait beaucoup pour propager une image positive de la Mutualité. Ensuite, dès 1904, Mabilleau comprend que l’État va jouer un rôle croissant dans la protection sociale et que les mutualistes doivent composer avec lui. Enfin, il jouit d’un rayonnement international grâce aux tournées de propagande en faveur de la mutualité qu’il fait à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Amérique latine ; il est aussi le président de la Fédération internationale de la mutualité qui, de 1905 à 1914, jette les premières bases d’une action mutualiste internationale. À partir de 1914, son rôle est moindre ; contraint de démissionner de ses responsabilités en 1921, il meurt dans l’oubli en 1941. Il a écrit : Etude historique sur la philosophie de la Renaissance en Italie (Cesare Cremoni), et De perfectione apud Leibnizium (1881) ; Histoire de l’école de Padoue (1880) ; Victor Hugo (1893) ; Histoire de la philosophie atomistique ; la Prévoyance sociale en Italie (1898) ; la Coopération en France (1900) ; la Mutualité française (1904).
MACÉ (Jean), 1815-1894 : Publisciste et homme politique. Né le 22 août 1815 à Paris, Jean Macé s’adonne d’abord à l’enseignement puis devient rédacteur à La République, et devient le principal fondateur de la Ligue de l’enseignement en 1866. Sénateur inamovible en 1883, il est l’auteur de : Les Idées de Jean François (1872-1873) ; La Grammaire de Melle Lili (1878) ; La France avant les Francs (1881) ; La Ligue de l’enseignement (1890) ; Philosophie de poche (1893). Il décède le 13 décembre 1894 à Monthiers.
MACÉ (Gustave), 1835-1904 : Fonctionnaire. Né en 1835 à Paris, ancien chef de la sécurité, Gustave Macé essaie d’introduire sans succès d’utiles réformes dans son administration. On lui doit : Le Service de la Sûreté (1884) ; Mon premier crime (1885) ; Un joli monde (1887) ; Gibier de Saint-Lazare (1888) ; Mes lundis en prison (1889) ; Mon musée criminel (1890) ; Lazarette (1891) ; Un centgarde (1893) ; Crimes impunis (1897) ; etc. Il décède à Champigny en 1904.
MACÉ-MONTROUGE (Marguerite-Elisa Macé, dite), 1836-1898 : Actrice et comédienne. Née à Paris le 24 mai 1836, elle débute à l'École lyrique dans la Fille terrible et la Veuve de quinze ans de Pierre Adolphe Capelle puis au Gymnase avant de passer aux Bouffes-Parisien. Elle joue ensuite à la Porte Saint-Martin pour repartir en tournée (Bruxelles) où elle rencontre le chanteur Louis Montrouge avec qui elle revient à Paris, aux Folies Marigny créant toute une série de rôles où on lui trouve, pendant les années, des qualités extraordinaires de verve et de brio.
Directrice du café-concert La Tertulia, sis à Paris d'octobre 1871 à septembre 1873, elle quitte Paris en 1874, pour rejoindre son mari au Caire où, en sa compagnie, elle joue presque tous les rôles des opérettes de l'époque avant de revenir encore une fois à Paris (Athénée) où elle est de toutes les pièces jusqu'en 1897 pour, enfin, prendre sa retraite et mourir, pensionnaire de la Société des Artistes, le 26 novembre 1898.
Parmi ses titres de gloire, citons : Joséphine vendue par ses sœurs de Victor Roger en 1886 et L'Hôtel du Libre-Échange de Feydeau en 1894.
MAC-MAHON (Marie-Edme-Patrice-Maurice de), 1808-1893 : Maréchal et homme politique. Né le 13 juillet 1808 au château de Sully (Saône-et-Loire) près d'Autun, Patrice de Mahon est issu d’une famille irlandaise et fils d’un pair de France Sorti de l'École militaire de Saint-Cyr, il prend part à l'expédition d'Alger, devient colonel en 1845, général de brigade en 1848 et divisionnaire en 1852. Il participe à la Guerre de Crimée en 1855, il mena avec succès l'attaque sur les ouvrages fortifiés de Malakoff.
Après son retour en France, il fut comblé d'honneurs et fait sénateur. Il se distingue encore lors de la campagne d'Italie de 1859 et prend une part capitale à la victoire de Magenta. Pour ces brillants services, il reçoit le bâton de maréchal et est titré duc de Magenta. Il reste de 1864 à 1870, gouverneur général de l’Algérie.
Il participa à la guerre franco-allemande de 1870, essuie plusieurs défaites en Alsace et lors de la bataille de Sedan où il est blessé dès le début des combats. Il est fait prisonnier lors de la capitulation de Sedan. Après la signature de la paix, il est nommé à la tête de l'armée dite « versaillaise » qui réprime sévèrement la Commune de Paris.
Porté par sa popularité, il est élu président de la République après la chute d'Adolphe Thiers le 24 mai 1873, et projète une restauration de la monarchie. Mais l'échec de cette restauration le conduit à voter le septennat présidentiel. Les affaires politiques lui sont en fait totalement étrangères et il laisse la direction des affaires aux vice-présidents du conseil, d’abord au au duc de Broglie, puis au général de Cissey, et, après le vote de la Constitution le 21 février 1875, à Buffet.
Les élections de 1876 ayant envoyé à la Chambre une majorité républicaine, il prend pour présidents du Conseil Dufaure, puis Jules Simon, qu’il congédie brusquement, le 16 mai 1877. Mac Mahon constitue alors un ministère conservateur sous la direction du duc de Broglie. Il convaint le Sénat de dissoudre la Chambre et fait un voyage à travers le pays pour assurer le succès des Conservateurs aux élections, tout en protestant qu'il ne désirait pas renverser la République. C'est ce qu'on a appelé « le coup du 16 mai ». Cependant, les élections suivantes du 14 octobre donnent à la gauche une majorité de 120 sièges et le ministère de Broglie démissionne le 19 novembre. Mac Mahon tente d'abord de former un gouvernement de fonctionnaires dirigé par le général de Rochebouët, mais la Chambre ayant refusé d'entrer en contact avec lui, Rochebouët démissionne dès le lendemain et le président se voit contraint de rappeler Dufaure, à la tête d'un ministère de gauche. Il conserve son poste jusqu'en 1878, pour permettre la paix politique pendant l'Exposition Universelle mais, les élections sénatoriales du 5 janvier 1879, ayant livré cette assemblée à la gauche, Mac Mahon, qui ne dispose plus d'aucun soutien parlementaire, préfère démissionner le 30 janvier 1879. Jules Grévy lui succède. Il décède le 8 octobre 1893 au château de la Forêt, à Montcresson (Loiret).
BROGLIE (G. de) : Mac Mahon, Paris, Perrin, 2000.
LAFORGE (L.) : Histoire complète de Mac Mahon, maréchal de France, duc de Magenta (1808– 1893) : D'après des documents originaux et des pièces officielles, Paris, Lamulle et Poisson, 1898.
SEMUR (F.-C.) : Mac-Mahon, Paris, Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2005.
MAC-NAB (Maurice), 1856-1889 : Littérateur et chansonnier. Né à Vierzon le 4 janvier 1856, employé des postes, Maurice Mac-Nab commence à chanter ses poésies et des chansons fantaisistes au Café de l'Avenir dans le quartier latin de Paris, puis obtient au Chat-Noir un grand succès : Le Bienheureux Labre, Les Sous-préfets supprimés, La Ballade des accents circonflexes, La Chanson de capucin, et surtout Un Bal à l’Hôtel de Ville, L’Expulsion des princes, qui deviennent rapidement populaires. On lui doit trois recueils : Poèmes mobiles, Monologues (1885), avec des illustrations de l’auteur ; Poèmes incongrus (1887) ; Chansons du « Chat-Noir » (1890). Il décède à Paris en 1889.
MAC-ORLAN (Pierre Dumarchey, dit Pierre), 1882-1970 : Ecrivain. Né à Péronne (Somme) le 26 février 1882, après avoir eu une vie mouvementée et voyagé en Italie, Belgique, Hollande et en Tunisie, Pierre Mac-Orlan fait de la peinture et débute au Journal en 1911. C'est ainsi que Pierre Mac Orlan signe ses premiers textes, qui lui valent un début de notoriété. Un recueil de ses contes voit le jour avec Les Pattes en l'air (1911), suivi des Contes de la pipe en terre (1913), puis de deux romans, à l'humour grinçant, qui le consacre définitivement comme écrivain : La Maison du retour écœurant (1912) et Le Rire jaune (1914). Mobilisé au début de la Première Guerre mondiale et blessé en 1916, il publie après cette expérience Les Poissons morts (1916) suivi de La Fin, souvenirs d’un correspondant aux armées (1919) ; Bob bataillonnaire (1920) et s’est fait une spécialité dans les romans d’aventure : l’U 713 (1917) ; Le Chant de l’Equipage (1918) ; La Clique du café Brebis ; A bord de « l’Etoile Matutine » (1920), où il évoque la vie des flibustiers du XVIIIème siècle ; Le Petit manuel du parfait aventurier (1920) ; Le Nègre Léonard et Maître Jean Mullin (1920) ; La Cavalière Elsa (1921), aventure de la Russie soviétique ; La Fin (1922) ; La Vénus internationale (1923) ; Marguerite de la nuit (1924), Sous la lumière froide (1926) ; Le Quai des brumes (1927) ; Les Vrais Mémoires de Fanny Hill (1929) ; La tradition de minuit (1930) ; La bandera (1931) ; Quartier réservé (1932) ; Filles d'amour et Ports d'Europe (1932) ; La Nuit de Zeebrugge (1934) ; Le Tueur n°2 (1935) ; Le Carrefour des trois couteaux (1940).
En sa qualité de grand reporter, recruté par Pierre Lazareff, Mac Orlan se rend notamment en Allemagne, où il rend compte de la Révolution allemande, et où il retourne régulièrement jusqu'en 1937, observateur lucide de la dégradation de la situation sociale et témoin inquiet des progrès de l'Hitlérisme. Il est également envoyé en Tunisie faire des reportages sur la Légion étrangère, en Angleterre pour couvrir un fait-divers sordide, qui lui permet d'étudier les méthodes de Scotland Yard, en Italie où, en 1925, il fait une interview de Mussolini. De ces reportages, Mac Orlan tirera également la matière de plusieurs romans : ainsi du Camp Domineau (1937) pour les reportages sur la Légion, ou de Dinah Miami (1928) pour les reportages sur la Prohibition. Il décèdera le 27 juin 1970 à Saint-Cyr-sur-Morin (Seine-et-Marne).
MADAGASCAR (Expédition de) : Faisant suite à l'accord franco-britannique du 5 août 1890, les Français envoient en décembre 1894, 21.000 hommes (dont 7.000 convoyeurs indigènes) dans une campagne de conquête de l'île de Madagascar. Les troupes expéditionnaires, dirigées par le général Duchesne, débarquent à Majunga en mars 1895. Le royaume Hova de Madagascar était potentiellement défendu par une armée de 35.000 hommes, mais ils n'opposent qu'une résistance sporadique, occasionnant à peine 20 morts du côté français. Cependant, d'importantes difficultés logistiques ralentissent l'expédition qui n'atteint Tananarive, la capitale, que le 1er octobre. Mal acclimatés, 5.736 hommes des troupes expéditionnaires sont décimés par le paludisme et la fièvre typhoïde.
MADELIN (Emile-Louis-Marie), 1871-1956 : Historien et homme politique. Né à Neufchateau (Vosges) le 8 mai 1871, Louis Madelin suit les cours de l’université de Nancy et est auditeur libre de l’Ecole des chartes. Agrégé de l’Université, élève de l’école française de Rome, docteur ès lettres, il se fait connaître du grand public par une monographie de Fouché (1901), à laquelle succède Croquis lorrain (1905) et une étude sur la Rome de Napoléon (1904). Il y déploie des qualités de mouvement et de vie qui, en 1910, valent à un nouvel ouvrage, sur La Révolution, le grand prix Gobert. Après lui avoir donné comme complément une biographie de Danton (1912), il consacre quelques ouvrages aux épisodes de la Grande Guerre dont il avait été le témoin avec La victoire de la Marne (1916) ; L'aveu, la bataille de Verdun et l'opinion allemande (1916) ; La mêlée des Flandres, l'Yser et Ypres (1917) ; Verdun. La bataille de France (1921) ; Le chemin de la victoire, 2 volumes (1921) ; Le Maréchal Foch (1925). Il revient ensuite à ses anciennes études en écrivant dans l’Histoire de la nation française, publiée sous la direction de Hanotaux, l’Histoire politique de 1515 à 1804. Citons encore : La France du Directoire (1922) ; La colline de Chaillot (1925) ; La France de l'Empire (1926) ; Les hommes de la Révolution (1928) ; Consulat de Bonaparte (1929) ; La Fronde (1931) ; Le Consulat et l'Empire (1932) ; Les grandes étapes de l'Histoire de France (1933) ; Lettres inédites de Napoléon à l'impératrice Marie-Louise, écrites de 1810 à 1814. Napoléon. La Contre-Révolution sous la Révolution (1935) ; Le crépuscule de la monarchie (1936) ; François Ier, le souverain politique (1937) et commence à partir de 1937, une Histoire du Consulat et de l'Empire.
Il s’était fait apprécier en même temps comme conférencier. Ses titres littéraires lui valent en 1927 un siège à l’Académie française. Député des Vosges de 1924 à 1928, il appartient à la commission des affaires étrangères et intervint dans les discussions budgétaires ou à propos de problèmes de politique étrangère, comme la ratification des accords de Locarno. Commandeur de la Légion d’honneur, Louis Madelin est élu à l’Académie française en 1927 et se retire de la vie politique. Il décède à Paris le 18 août 1956.
MADELINE (Paul), 1863-1920 : Peintre. Né à Paris en 1863, son talent, d’une justesse distinguée, le fait remarquer dans le paysage. Paul Madeline a surtout peint la Creuse, la Bretagne, la Provence, l’Alsace. Citons par exemple la Dordogne à Argentat. Il décède à Prais en 1920.
MADRASSI (Ludovic-Lucien), 1883-1956 : Peintre. Né à Paris en 1883, élève de Jérôme, Lucien Madrassi est envoyé en Orient pendant la Première Guerre mondiale, et expose e 1920 aux Indépendants une Femme de Salonique. Il voyage ensuite en Mauritanie, au Sénégal et au Soudan, fait en 1921 une exposition au musée des Arts décoratifs, et participe aux Salons de la Société nationale avec des toiles peintes dans une manière brillante : le Christ mort (1923) ; Femme âgée (1924). En 1928, il expose des pastels et des dessins rapportés d’un voyage au Karpathes notamment le Vieux rabbin.
MAEL (Charles Causse, dit Pierre), 1862-1904 ; (Charles Vincent, dit Pierre), 1851-1920 : Romanciers. Né à Lorient en 1862, suite à un accident qui l’oblige à quitter le service de la marine de l’Etat où il était rentré à la fin de ses études, Charles Causse entre alors à la Gazette de France. Il écrit en même temps ses premiers romans : La Double vue (1886) ; Pilleurs d’épaves (1887) ; Le Torpilleur 29 (1888), dont le sucès le décide à se consacrer uniquement à ce genre avec le concours d’un collaborateur rencontré au Journal des débats, Charles Vincent. Né à Nudjuffghur (Indes-Orientales) en 1851, Charles Vincent va s’associer avec Charles Causse pour écrire une série de récits. Charles Causse occupant le devant du terrain et portant seul aux yeux du public le nom de Pierre Maël, et Charles Vincent travaillant dans l’ombre, probablement peu mécontent de ne pas avoir à associer son nom à des ouvrages pour la jeunesse, lui qui caressait d’autres ambitions littéraires. Citons : L’Alcyone (1888) ; Fleur de mer (1889) ; Sauveteur (1890) ; Gaieté du bord (1890) ; Mer bleue (1890) ; Mariage mondain (1891) ; Mer sauvage (1892) ; Une Française au pole nord (1893) ; Mer bénie (1894) ; Amour d’Orient (1895) ; Fleur de France (1896) ; Le Drame de Rosmeur (1896) ; Ce que femme peut (1897) ; Eva et Lilian (1898) ; Le Cœur et l’Honneur (1898) ; Cendrillonnette (1899) ; Cœur contre cœur (1899) ; Bonheur conquis (1901) ; Comment ils aiment (1901) ; Petite-fille d-amiral (1902) ; Fleurs fanées (1902) ; Honneur, Patrie (1903) ; Au pays du mystère (1904). Lorsque Charles Causse décède à Paris en 1905, Charles Vincent continue d’écrire sous le même pseudonyme. Citons : Le Secret fu gouffre (1905) ; Femme d’officier (1905) ; Crépuscule d’amour (1906) ; Le Forban noir (1906) ; La Fille de l’aiguilleur (1907) ; L’Enigme du Transtévère (1908) ; César Borgia (1909) ; La Main d’Ombre (1909) ; Lance et Quenouille (1910) ; La Lande aux loups (1912) ; Le Talisman (1914) ; La Légende de Moïna (1915). Charles Vincent a publié divers ouvrages : Lina (1888) ; Les Cinq plaies de l’humanité : la faim (1890) ; Cœur de père (1892) ; L’Epopée nationale (1893-1894) ; D’abord vivre (1894) ; Crime vivant (1897) ; L’Epopée de l’Eglise (1900-1903) ; La Soif (1908) ; etc. Il décède à Paris en 1920.
MAGEN (Hippolyte), 1816-1886 : Littérateur. Né à Agen en 1816, il décède à Paris en 1886.
MAGINOT (André), 1877-1932 : Homme politique. Issu d’une famille mosane, André Maginot est né le 17 janvier 1877 à Paris. Il fait des études à l’École libre des sciences politiques et passe le doctorat de droit. A 23 ans, il est reçu à un concours du Conseil d'État. Il commence ensuite une carrière de haut fonctionnaire au gouvernement général de l’Algérie, puis il décide de se lancer dans la politique. D'abord conseiller général de Revigny-sur-Ornain, il est ensuite élu, en 1910, député de Bar-le-Duc (Meuse) et s’inscrit au groupe de l’action démocratique et sociale. Il conserve ce siège jusqu'à sa mort et se spécialise, à la Chambre, dans les questions militaires. Son acharnement pour la défense de la loi des trois ans et la sympathie dont il fait preuve dans les milieux poltiques en raison de son caractère affable, lui valent son entrée au gouvernement. A 36 ans, du 9 décembre 1913 au 8 juin 1914, il devient sous-secrétaire d'État à la Guerre dans le premier gouvernement Doumergue.
Lorsque la guerre éclate, estimant que sa place est au front, il s'engage comme simple soldat. En novembre 1914, il est très grièvement blessé. Pendant de longs mois, il reste hospitalisé et ne retournera plus au front. Titulaire de cinq citations et de la médaille militaire, il quitte la vie militaire avec le grade de sergent. Il est élevé au grade de chevalier dans l'Ordre national de la Légion d'honneur et décide de reprendre sa carrière politique. Mais désormais, le « sergent Maginot », héros de la guerre, président d’une association de mutilés, devient un personnage symbolique de la vie politique française où il va jouer un rôle relativement important. Président de la commission de l’armée à la Chambre en 1917, il est nommé ministre des Colonies du 20 mars au 11 septembre 1917 dans le cinquième cabinet Ribot. Il fait alors participer l’empire à l’effort de guerre en fournissant les troupes et le ravitaillemenr nécessaires.
Président de la fédération nationale des mutilés après la guerre, il devient ensuite ministre des Pensions, des Primes et des Allocations de guerre. Poste qu’il occupe du 20 janvier 1920 au 14 janvier 1922 dans les deux premiers cabinets Millerand, le ministère Leygues et le septième cabinet Briand. Nouveau département qu’il organise avec méthode, il travaille pour améliorer l’avenir des anciens combattants et de leurs familles. Ministre de la Guerre et des Pensions – poste qu’il occupe du 15 janvier 1922 au 13 juin 1924, dans les deuxième et troisième cabinets Poincaré et le ministère François-Marsal, il réorganise alors l’armée, crée la loi sur les dix-huit mois de service, la loi sur les pensions civiles et militaires, réalise le transfert du Soldat inconnu sous l’Arc de triomphe, etc. Il dirige aussi l’occupation de la Ruhr, qu’il a su imposer avec l’aide du président de la République Millerand. A la chute du cabinet François-Marsal, il retrouve son banc à la Chambre et la présidence de la commission de l’armée.
Ministre des Colonies du 11 novembre 1928 au 2 novembre 1929 dans le cinquième cabinet Poincaré et le onzième ministère Briand, il retrouve le ministère de la Guerre du 3 novembre 1929 au 20 février 1930 dans le premier cabinet Tardieu, du 2 mars au 12 décembre 1930 dans le second ministère Tardieu et du 27 janvier 1931 au 6 janvier 1932 dans les trois cabinets Laval. Il fait passer le service à un an sous la pression du Parlement, mais augmente en contrepartie les effectifs de l’armée de métier. Il fait notamment poursuivre l'édification de la ligne fortifiée le long des frontières de l'Est dite «ligne Maginot » qui avait été mise en œuvre par son prédécesseur Paul Painlevé. Il travaille ensuite sur les propositions françaises de désarmement lorsque, victime d'une épidémie de typhoïde, André Maginot meurt le 6 janvier 1932, à Paris, à l'âge de 55 ans.
MAGINOT (Ligne) : Le haut Commandement français est persuadé que la prochaine guerre, contre l'Italie ou l'Allemagne, sera une « guerre éclair » éventuellement déclenchée sans ultimatum préalable. Aussi, afin de se protéger et de se donner le temps pour mobiliser, la France conçoit-elle alors un système de fortifications qui est incontestablement l'un des chef d'oeuvres de l'art militaire : la Ligne Maginot. Elle doit son nom à André Maginot (1877-1932), homme politique de centre-droit qui, en décembre 1929, comme ministre de la Guerre, présente une loi décidant la construction d’une ligne fortifiée, couvrant, face à l’Allemagne, la frontière de l’est. Le 4 janvier 1930, la loi Maginot organisant la construction d'une ligne de fortifications allant des bords de la Méditerranée jusqu'à la frontière belge est votée. En fait, le projet est bien antérieur au vote de la loi puisqu’il est dû à Paul Painlevé, titulaire en 1925 du portefeuille de la guerre. Directement issue de la Première Guerre mondiale qui avait su s’instaurer une guerre de position dont la tranchée creusée à même la terre était l’élément clé, rendant la vie des soldats difficiles, mais la défense efficace, la ligne Maginot prévoit en effet une série de positions fortifiées reliées entre elles par des raiseaux de galeries souterraines, des wagonnets circulant sur des rails permettant un déplacement rapide d’une position à une autre.
Après avoir débloqué un crédit de 3,3 milliards de francs la ligne Maginot sera achevée cinq ans plus tard. Le chantier, le plus grand de son temps, va employer jusqu'à 20.000 ouvriers. Elle traduit les conceptions stratégiques défensives de l’état-major français et va donner aux gouvernements et aux états-majors, le sentimant d’une sécurité totale derrière une ligne infranchissable. Les fortifications débutent sur les bords de la Méditerranée, au-dessus de Menton, et s'égrènent jusqu'à la frontière belge et au-delà, y compris le long du Rhin. Le problème est que cette ligne fortifiée s'étend sur les frontières orientales de la France sauf sur le massif des Ardennes jugé par les autorités militaires infranchissable par les chars. L’éventualité de prolonger les fortifications tout le long de la frontière belge ayant été écartée pour des raisons politiques, comme une marque de méfiance envers un État dont l’amitié pour la France était traditionnelle. Les Belges refusent par ailleurs que les Français prolongent la ligne Maginot le long de leur frontière car ils craignent d'être sacrifiés en cas de nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. C'est ainsi que le long de la frontière avec la Belgique, la ligne Maginot se réduit à quelques ouvrages fortifiés de modeste importance. Les gros ouvrages de la ligne Maginot couvrent en définitive 140 km sur la frontière du nord-est, longue de 760 km de la mer du Nord à la Suisse. De l'autre côté de la frontière, le gouvernement allemand réplique dès 1937 avec une autre série de fortifications : la ligne Siegfried. Beaucoup plus légère que la ligne Maginot, elle a surtout vocation à tromper les Français sur la capacité offensive de la Wehrmacht. Dans ces conditions, l’offensive allemande de 1940, fondées sur une percée dans les Ardennes et une invasion de la Belgique, devait aboutir à contourner la ligne Maginot et à rendre inutiles des fortifications dont l’efficacité n’a, de ce fait, pas été démontrée.
SOUDAGNE (J.-P.) : L’Histoire de la ligne Maginot, Rennes, Editions Ouest-France, 2006.
BRUGE (R.) : Faites sauter la ligne Maginot, Paris, Fayard, 1973.
MARY (J.-Y.) : La Ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, Eitions Sercap, 1980.
MAGNAN (Valentin), 1835-1916 : Médecin. Né à Perpignan en 1835, Valentin Magnan s’est fait remarquer par son enseignement à l’asile clinique de Sainte-Anne à Paris, et par des travaux d’une grande portée sur les maladies mentales. Citons : Etudes expérimentales et clinique sur l’alcoolisme (1871) ; Etude clinique sur la paralysie générale (1873) ; Des diverses formes de délires alcooliques et de eur traitement (1873) ; Recherches sur les centres nerveux (1876) ; Leçons cliniques sur les maladies mentales (1887). Il est un des initiateurs des méthodes d’alitement prolongé. Il a été membre et président (1915) de l’Académie de médecine. Il décède à Paris en 1916.
MAGNARD (Lucien-Denis-Gabriel-Albéric), 1865-1914 : Compositeur. Issu d'un milieu modeste, Albéric Magnard est né le 9 juin 1865, à Paris. Il fait des études de droit avant de poursuivre des études musicales au Conservatoire en 1886 où il est élève de Dubois et de Massenet. Il demande à d'Indy, dont la notoriété est alors immense, de le prendre en mains.
II a aussi composé ses deux premières œuvres Trois pièces pour piano : Choral et fuguette, Feuille d'album, Prélude et fugue, opus l, et la Suite dans le Style ancien2, opus 2, qui sera créée à Royan le 18 août 1890.
La première pièce de la Suite est intitulée Française..
Il fréquente aussi le Tout-Paris où beaucoup de salons lui sont ouverts, en particulier celui de Robert et d'Henriette de Bonnières dont il tombera follement amoureux, lui dédiant plusieurs mélodies dont l'une, A elle, est la première pièce des Six Poèmes en musique, opus 3, et la première de ses œuvres à être exécutée en public le 31 mars 1888.
Magnard compose ensuite la Première Symphonie (1889-l890), opus 4 et son premier drame en musique, Yolande, opus 5, terminé en 1891 et créé à la Monnaie de Bruxelles le 27 décembre 1892. Y succède la Seconde Symphonie (1892-1893).
Un autre événement notable de cette période est, en décembre 1891, la rencontre de Magnard avec Julia Creton sa future épouse. Il va lui dédier les Promenades, opus 7.
L'automne 1894, durant lequel Magnard termine le Quintette pour piano et instruments à vent, opus 8, (flûte, clarinette, hautbois et basson) marque pour lui la fin de cette période que nous avons appelée la jeunesse épanouie et le début de son éloignement progressif du monde. Deux événements essentiels vont bouleverser sa vie :
Les colonnes du Figaro lui sont fermées et surtout son nom disparaît des affiches des concerts officiels. II n'y apparaît que deux fois entre 1894 et 1904 : le 20 janvier 1898, J. Raunay chante Nocturne, une mélodie qui dure trois minutes, aux concerts Colonne du jeudi à orchestre (et spectateurs) réduits et le 2 mai 1902 est créée la Sonate pour violon et piano, opus 13.
A la mort de son père, Magnard approche de ses 30 ans. C'est un homme petit, sec, un visage très coloré aux traits réguliers et aux yeux très bleus.
Cette conception qui exige beaucoup trop de la réalité ne peut engendrer que des désillusions avec ses corollaires, le pessimisme et la misanthropie. Magnard n'y échappera, pas mais sans qu'il ne garde une lueur d'espoir. C'est sans doute la raison pour laquelle les pièces funèbres présentes dans plusieurs de ses ouvrages ne sont jamais conclusives et que les péroraisons de ses œuvres sont sinon toujours lumineuses en tous cas jamais désespérées sauf Bérénice.
Magnard se remet au travail trois mois après la mort de son père et c'est pour lui rendre hommage avec le Chant funèbre, opus 9. Il compose ensuite l'Ouverture, opus 10 et la Troisième Symphonie, opus 11 inspirée par l'Auvergne. Il s'attelle ensuite à son second drame en musique, Guercœur, opus 12, dont il avait achevé le livret en juillet 1894. Cette partition, la plus longue qu'il ait écrite (elle dure trois heures) lui demandera quatre ans de travail (mars 1897 à mars 1901). Il écrit après, en cinq mois, la Sonate pour violon et piano, opus 13.
Dans les trois actes de Guercœur Magnard expose sa vision très sombre du monde (trahison, violence, infidélité) et sa confiance en l'avenir de l'humanité grâce à l'addition des efforts immortels de chacun. Pour ce faire, il a imaginé une histoire très particulière en trois actes et cinq tableaux : Les regrets - Les illusions, l'amant, le peuple - L'espoir.
Le 13 janvier 1898, Zola publie dans l'Aurore son célèbre " J'accuse ". Magnard le soutient immédiatement dans une lettre qui sonne comme une fanfare.
II signe ensuite les différentes pétitions publiées par L'Aurore demandant la révision du procès et la libération de Piquart. Il sera le premier musicien à le faire. Signeront également Savard et Kœchlin. Mais Magnard ne s'arrête pas là. En septembre 1899 a lieu à Rennes le procès en révision et Dreyfus est condamné à dix ans de détention (il est reconnu coupable avec circonstances atténuantes). Dix jours après ce verdict, il est gracié par le président Loubet7. Magnard est scandalisé et démissionne immédiatement de son grade de sous-lieutenant dans des termes si inconvenants que la lettre remonte sur le bureau du directeur de l'infanterie, le général Millet qui alerte le ministre de la guerre, de Gallifet. Sa démission est refusé et il doit la renouveler un an après dans des termes plus policés et plus officiels. Parmi les défenseurs de Dreyfus, le verrier E. Gallé8 n'était pas un des moindres. Magnard le connaissait bien et l'admirait. Il lui dédiera l'Hymne à la Justice, opus 14, composé en 1902. Au-delà du drame vécu par Dreyfus, Magnard y dénonce tous les dénis de justice et annonce dans sa péroraison le triomphe de la justice. Cette Hymne a été la première œuvre exécutée lors du concert inaugural de l'orchestre national libéré donné le 28 septembre 1944 sous la direction de M. Rosenthal.
Et il travaille inlassablement, composant le Trio opus 18, un autre drame en musique, Bérénice, opus 19, dont son ami Poujaud lui a soufflé le sujet. Le livret l'occupe de janvier à juillet 1905 et la partition d'octobre 1905 à décembre 1908. Il s'agit de l'histoire de la séparation de Titus et de la reine de Judée, Bérénice qui ne peuvent se marier en raison de l'hostilité du peuple romain qui refuse une reine juive. Il compose ensuite la Sonate pour violoncelle et piano, opus 20 et la Quatrième Symphonie, opus 21, écrite directement sur partition d'orchestre. Il commence à l'écrire en janvier 1912 et l'achève en avril 1913.
Son ultime composition, les Douze poèmes en musique, opus 22, composés sur six poèmes de Chénier et six de Marceline Desbordes-Valmore est perdue.
En 1914, il perdit la vie à 49 ans, dans son manoir à Baron (Oise) en résistant contre une attaque allemande, qui détruisit le manuscrit de Guercœur, son second opéra ainsi que celui de Yolande. Guy Ropartz, un ami de longue date, reconstitua par la suite la partition de Guercœur qui fut représenté pour la première fois en 1931.
Boucher (Maurice). " Albéric Magnard ". Editions de la Maison des deux-collines. Lyon, 1919.
Carraud (Gaston). " La vie, l’œuvre et la mort d’Albéric Magnard ". Rouart, Lerolle et Cie. Paris, 1921.
Ducros (Frédéric). " L’œuvre vocal d’Albéric Magnard ". Maîtrise d’éducation musicale. Paris Sorbonne, 1984.
Michel (Fabien). " Albéric Magnard, sa vie, son œuvre de piano et de musique de chambre ". Maîtrise d’éducation musicale. Université Louis Lumière, Lyon II, 1991.
Perret (Simon Pierre), Halbreicht (Harry). " Albéric Magnard ". Fayard. Paris, 2001.
MAGNAUD (Paul), 1848-
Paul Magnaud naît à Bergerac le 20 mai 1848. Il est le fils unique d'un fonctionnaire de l'Enregistrement et des Domaines. Après avoir effectué des études dans les lycées d'Agen et de Périgueux, l'adolescent obtient la première partie de son Baccalauréat. Le patriotisme dans lequel il baigne depuis l'enfance le pousse bientôt à se porter volontaire dans la Garde Mobile du Lot-et-Garonne, peu après la déclaration de guerre à la Prusse. Après la chute du Second Empire et la proclamation de la République, Paul Magnaud est mobilisé dans la seconde Armée de la Loire, commandée par le général Chanzy. Le 26 janvier 1871, il est d'ailleurs nommé au grade de lieutenant.
Quelques jours plus tard, la signature de l'armistice signifie son retour à la vie civile. En 1872, Paul Magnaud, désireux de mener une carrière de jusriste, décide de faire son droit. Il monte alors à Paris, s'inscrit à la faculté et s'installe à proximité, rue de la Huchette puis rue Saint-André-des-Arts, dans le quartier Latin. L'étudiant franchit sans obstacle les étapes du cursus universitaire. Licencié en 1875, il soutient sa thèse puis est admis auprès du barreau de Paris, en tant qu'avocat stagiaire. Quelques années plus tard, en 1880, Magnaud fait son entrée dans la magistrature, étant nommé substitut à Doullens, dans la Somme, le 22 décembre. L'année suivante, il devient juge d'instruction à Montdidier, avant d'être muté à Senlis en 1883 et enfin à Amiens en 1885.
Magnaud ambitionne alors de devenir président du tribunal civil de Château-Thierry, dans l'Aisne, dont il sait le siège vacant. Ce poste l'intéresse car la cité castelthéodoricienne est plus proche de Paris que la capitale picarde. Le magistrat y est nommé officiellement le 5 juillet 1887. Celui-ci lui procure à l'époque un revenu de 5.000 Francs, de quoi s'installer confortablement dans la petite ville de province. L'année suivante cependant, Magnaud proteste auprès de ses supérieurs de la modestie de son traitement. Il est vrai que ses anciennes fonctions auprès de la Cour d'appel lui aurait à présent rapporté 6.500 Francs. Cette affaire fait naître à son encontre une certaine hostilité au sein de sa hiérarchie. D'autant plus que le juge se fait bientôt remarquer par certains de ses arrêts. N'a t-il point fait acquitter le dénommé Bardoux, vagabond de son état, un voleur à la tire pris pourtant en flagrant délit, le 27 décembre 1889...
D'autres incidents suscitent également la polémique à Château-Thierry. Peu après l'assassinat du président de la République, Sadi Carnot, le 24 juin 1894, le juge Magnaud refuse de s'associer en tant que magistrat à la cérémonie religieuse en la mémoire de l'homme d'État défunt, comme le lui demande le préfet de l'Aisne. Il est certes présent dans l'assistance, mais en uniforme de capitaine d'état-major territorial et dans le public, non au siège qui lui a été réservé ! Quelques mois plus tard d'ailleurs, Paul Magnaud s'abstient de se venir à la sous-préfecture afin de présenter ses vœux au représentant du gouvernement. L'année suivante, le magistrat se marie avec Marie-Thérèse Beneix-Vernet. Le couple s'installe ensuite à Chierry, une localité située à quelques kilomètres de Château-Thierry, toujours dans la vallée de la Marne.
Deux années plus tard, le juge Magnaud est à l'origine de l'affaire Louise Ménard. Cette dernière, une fille-mère âgée de vingt-trois ans, vient de voler un pain chez un boulanger de sa localité, Charly-sur-Marne, ce pourquoi elle est convoquée au tribunal de Château-Thierry, le 4 mars 1898. La jeune femme doit alors répondre du délit de vol, après la plainte déposée par le boulanger, son cousin. Allant à l'encontre du réquisitoire prononcé par le procureur, le président Magnaud acquitte la prévenue, faisant valoir son état d'absolue nécessité, comme le lui permet l'article 64 du code pénal, interprété pour la circonstance. Ce dernier fait en effet référence à une éventuelle "force à laquelle on ne peut résister". Il est vrai que n'ayant rien mangé depuis deux jours, Louise Ménard avait déjà entamé au trois quart le pain volé lorsque les gendarmes l'ont interpellé à son domicile. Suivant son invitation, la jeune fille rejoint son juge après l'audience. Il lui donne alors une pièce de cinq francs, de quoi notamment rembourser le larcin. L'affaire fait grand bruit. La presse parisienne se place du coté du magistrat axonais et Georges Clemenceau lui attribue le surnom de "bon juge" dans un article de son journal L'Aurore, qui paraît le 14 mars suivant. Le président du Conseil Brisson est néanmoins interpellé à la Chambre des députés à propos du jugement rendu par Paul Magnaud, qui se déclare incompétent pour se prononcer sur une affaire en cours. Le procès est en effet jugé en appel à Amiens. C'est d'ailleurs le sénateur-maire et ancien ministre René Goblet qui prend la défense de Louise Ménard. Celle-ci est de nouveau et définitivement acquittée, le 22 avril 1898.
Dès lors la célébrité ne va plus quitter le "bon juge de Château-Thierry", d'autant plus que celui-ci continue à officier avec une clémence inusitée. Il acquitte ainsi un jeune mendiant, puis se fait de nouveau remarquer pour ses prises de position féministes. Eulalie Michaud, séduite par un fils de bonne famille, est condamnée à un Franc d'amende pour avoir jeté une pierre dans la rue sur celui qui l'avait abandonnée. Le 24 août 1900, une autre jeune fille est elle aussi mise à l'amende pour le décès de son enfant, à la suite d'un accouchement clandestin. C'est d'ailleurs à Château-Thierry et devant le président Magnaud que plaide pour la première fois Jeanne Chauvin, la première avocate de France. Fort de cette notoriété, celui-ci est nommé président d'honneur du Congrès de l'Humanité réuni à Paris lors de l'Exposition universelle de 1900. Le "bon juge" préside également le sixième Congrès international d'anthropologie criminelle, qui se réunit à Turin en 1906. Au cours des années écoulées, nombre de reportages lui ont été consacrés, dans La Vie au grand Air ou même dans L'Illustration. Dans L'Assiette au Beurre ou dans Le Rire, les caricaturistes ont brocardé le "bon juge". Celui-ci voit néanmoins se multiplier les cartes postales à son effigie. Il est en effet devenu une des figures populaires de la Belle Époque.
Suivant les recommandations de Clemenceau, Paul Magnaud décide ensuite d'entrer en politique. Le 17 juillet 1906, il est élu député de l'Aisne sous l'étiquette radical-socialiste. Ceci l'oblige à quitter le tribunal de Château-Thierry, où il avait été nommé dix-neuf ans auparavant. Auprès de la Commission de la réforme judiciaire, son œuvre de parlementaire est bien mince. Il ne parvient pas à faire adopter par ses pairs le projet d'une "loi de pardon" permettant aux magistrats d'acquitter avec davantage de facilités les délinquants occasionnels. Déçu par cette expérience, Magnaud ne se représente pas aux nouvelles élections législatives organisées en 1910. Il choisit de revenir à la pratique du droit. Nommé au mois d'avril de l'année suivante auprès du tribunal de la Seine, il s'installe alors avec son épouse à Ablon-sur-Seine. Pendant la première guerre mondiale, le président Magnaud, à présent âgé de soixante-six ans, est chargé en tant que chef de bataillon d'infanterie territoriale de la surveillance des quartiers de la ville de Reims touchés par les bombardements allemands. Après la fin du conflit, en 1923, il est d'ailleurs élevé à ce titre au grade de commandeur de la Légion d'honneur. Mis à la retraite, Paul Magnaud décède le 27 juillet 1926 à Saint-Yreix-la-Perche, en Haute-Vienne.
MAGNE (Pierre), 1806-1879 : Avocat et homme politique. Né à Périgueux (Dordogne) le 3 décembre 1806, Pierre Magne fait des études de notaires puis d’avocat. Sous-secrétaire d’état dès 1847, il continue sa carrière politique comme ministre sous la Seconde République et le second Empire. Au début e la Troisième République il est nommé ministre des Finances, au lendemain de la chute de Thiers, dans les cabinets de Broglie et Cissey, soit du 25 mai 1873 au 20 juillet 1874. Tout en restant fidèle à Napoléon III, Magne est partisan d’une politique d’attente pour le parti bonapartiste et d’union de l’ensemble des conservateurs. Il solde les derniers versements de l’indemnité due à l’Allemagne, et à faire face aux déficites qui étaient les onséquences des dépenses dues à la guerre et à la Commune. Il se heurte à ce propos à l’Assemlée qui n’accepte pas toutes les augmentations de taxes qu’il souhaite, et, malade, décide de démissionner. Elu sénateur en 1876, il vote contre l’avènement de la République et soutient Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Il décède au château de Montaigne (Dordogne) le 17 février 1879.
MAGNIN (Pierre, Joseph), 1824-1910 : Homme politique. Né à Dijon (Côte-d’Or) le 1er janvier 1824, Magnin, sénateur inamovible est spécialiste des questions financières. Nommé ministre de l’Agriculture et du Commerce du 4 septembre 1870 au 18 février 1871 dans le gouvernement de la Défense nationale, il est chargé de l’approvisionnement de la capitale. Il fait entrer le plus possible de céréales et d’animaux afin de préparer le siège et installe des moulins à vapeurs. Dès la signature de l’armistice, il parcourt la France afin de récolter le maximum de vivres et réussit ainsi à alimenter Paris. Il entre une dernière fois au gouvernement comme ministre des Finances du 28 décembre 1879 au 13 novembre 1881 dans le premier cabinet Freycinet et Ferry. Il décède à Paris le 22 novembre 1910.
MAHIEU (Pierre, Joseph), 1864-19 : Ingénieur et homme politique. Né à Capelle (Nord) le 2 février 1864, Albert Capelle, polytechnicie, devient ingénieur des Ponts et Chaussées. Nommé en 1911 directeur du personnel au ministère des Travaux publics puis, en 1920, secrétaire général du ministère. Il démissionne de l’aministration quand il se fait élire sénateur. Remarqué par Tardieu, il lui confie le ministère de l’Intérieur du 20 février au 2 juin 1932 dans son troisième ministère. Il décède à Cherbourg (Manche) le 25 mai 1926.
MAHY (François, Césaire de), 1830-1906 : Médecin et homme politique. Né à Saint-Pierre de la Réunion le 22 juillet 1830, François de Mahy devient membre de l’Assembl ée nationale de 1871 à 1875. Élu député de son île natale de 1876 à 1906, il est pnommé ministre de l’Agriculture dans le second ministère Freycinet, et les ministères Duclerc et Fallières soit du 30 janvier au 20 février 1883. Premier titulaire civil du ministère de la Marine et des Colonies par intérim du 31 janvier au 20 février 1883, il retrouve ce portefeuille du 12 décembre 1887 au 5 janvier 1888 dans le premier cabinet Tirard. Plusieurs fois vice-président de la Chambre, ce franc-maçon décède à Paris le 19 novembre 1906.
MAÎTRE (Claude, Henri), 1883-1946 : Journaliste et homme politique. Né à Louhans (Sapone-et-Loire) le 26 novembre 1883, Henri Maître, diplômé de l’Ecole libre des sciences politiques, commence sa carrière comme journaliste avant de s’intéresser à la politique. Elu député radical socialiste d’extrème gauche, il est nommé pour quelleque temps jours, du 19 au 22 juillet 1926, sous-secrétaire d’Etat aux Finances, chargé des Régions libérées dans le second cabinet Herriot. Il décèdera à Beausoleil (Basses-Alpes) le 16 décembre 1946.
MAILLOL (Aristide), 1861–1944 : Maillol est né à Banyuls-sur-Mer, (Pyrénées-Orientales), dans le Roussillon, en 1861. Il étudie au lycée Saint-Louis de Gonzague de Perpignan avant de venir étudier à Paris en 1882 où il fréquente le cours de Jean-Léon Gérôme, et, à partir de 1885, l' École nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y suit l'enseignement d'Antoine Bourdelle, qui l'accueille en 1889 alors qu'il est en proie à des difficultés financières.
Il rencontre Paul Gauguin en 1892 qui l'encourage à poursuivre ses études. La même année, visitant le musée de Cluny, il découvre les arts décoratifs, techniques et styles qui ne cesseront de l'influencer toute sa vie. En 1890, il se tourne vers la tapisserie et crée un atelier de tissage à Banyuls. En 1894, après un an passé en Italie, il s'oriente vers la sculpture. Il se fait connaître en exposant ses premières oeuvres en 1897 à la société nationale des Beaux-Arts, ce qui lui permet de trouver un mécène deux ans plus tard en la personne de la princesse Bibesco.
Du 15 au 30 juin 1902, il organise sa première grande exposition à la galerie Vollard (Paris). La carrière de l'artiste débute alors : en 1905, La Méditerranée connaît un franc succès au salon d'automne de Paris ¿ il en fera don à la ville de Perpignan. En 1908, il exécute le très contesté (en raison de la nudité du personnage) Monument d'Auguste Blanqui, pour le compte de la commune de Puget-Théniers - mais ce ne sera qu'en 1923 que Maillol honorera sa première commande d'Etat : une Méditerranée en marbre (Musée d'Orsay). L'année suivante, le Comte Harry Kessler, son plus important protecteur, lui commande Le Désir et Le Cycliste, pendant que le collectionneur russe Ivan Morozov lui demande Les Quatre saisons. La première exposition Maillol à l'étranger se déroule à Rotterdamer Kunstring (Pays-Bas) dès 1913, précédant de douze ans une exposition outre-Atlantique à Buffalo.
Eprouvé par la Première Guerre mondiale, il réalise gratuitement dans l'Entre-Deux Guerres quatre monuments commémoratifs : à Elne en 1921, à Céret en 1922, à Port-Vendres en 1923 et à Banyuls-sur-Mer en 1933. Bon représentant de l'école des Nabis, Maillol accorde toute la primauté au traitement esthétique au détriment du rapport à l'histoire. Sur le monument de Banyuls, il traite le sujet au moyen d'un triptyque : Guerrier mourant ou Immolation, L'épouse et la mère ou la Consolation, Les trois jeunes filles ou le Deuil. Ses figures, en relief, sont massives. Celle du soldat, disproportionnée par rapport au reste de la composition, est représentée grandeur nature afin de résister à l'épreuve du temps. Les deux autres tableaux sont organisées sur le modèle de la frise des Panathénées : les personnages tels des kouroi attiques, thorax de face et jambes de profil, se succèdent en se superposant les uns aux autres.
Le sculpteur rencontre Dina Vierny, fille d'un révolutionnaire ukrainien, en 1934, qui sera son modèle pendant dix ans. En hommage à Henri Barbusse, Maillol façonne La Rivière en 1939 , avant de se retirer à Banyuls-sur-Mer, au moment de la déclaration de guerre.
Victime d'un accident de voiture alors qu'il revient de rendre visite à Raoul Dufy à Vernet-les-Bains, il décède le 27 septembre 1944, laissant inachevée sa dernière ¿uvre, Harmonie.
Source : Cahn I., L'ABCdaire de Maillol, Paris, Flammarion, 1999 - Les monuments aux morts de la Grande Guerre, Paris, M.P.C.I.H., 1991 - Lorquin B., Aristide Maillol, Paris, Editions du Seuil, 2005
MAJORELLE (Louis), 1859-1926 : Industriel, artiste décorateur et ébéniste. Né à Toul en 1859, Louis Majorelle suit les cours de Théodore Devilly et Charles Pêtre à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy puis Louis Majorelle est reçu à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1877 et fréquente l'atelier du sculpteur Aimé Millet. Deux ans plus tard, le décès de son père l'oblige à revenir à Nancy. Il reprend avec son frère Jules l'entreprise familiale de fabrique de mobilier et de faïence.
En 1894, après une production d'inspiration historique, Louis Majorelle remplace le décor vernis ou peint du mobilier rocaille et japonisant au profit du décor marqueté à références naturalistes et symbolistes. Reconnu essentiellement pour son travail d'ébéniste, Louis Majorelle développe une production de meubles à deux niveaux : la première concerne le mobilier de luxe, fabriqué à Nancy rue du Vieil Aître, et la seconde, le mobilier bon marché de série qui est réalisé à partir de 1905 dans les ateliers de Pierre Majorelle à Bouxières, près de Nancy.
Le travail du métal est développé dans ses ateliers pour la réalisation des bronzes ornant le mobilier, mais aussi pour les luminaires en collaboration avec Daum à partir de 1898.
Il fait éditer ses céramiques dans différents ateliers de la région lorraine et réalise des modèles d'objets en grès pour Alphonse Cytère (Rambervillers) et les frères Mougin.
Ses multiples activités l'amènent à ouvrir de nombreux magasins d'exposition, notamment à Paris, Lyon et Oran.
En 1901, il est un des vice-présidents de l'Ecole de Nancy. Il décède à Nancy en 1926.
BOUVIER, Majorelle. Une aventure moderne. Paris, Bibliothèque des Arts, Metz, Serpenoise, 1991.
DUNCAN, Louis Majorelle. Paris, Flammarion, 1991
BOUVIER, La villa Majorelle. Nancy, AAMEN, 1986.
MALHERBE (Edmond, Paul, Henri), 1870-1963 : Né le 21 août 1870 à Paris, Malherbe entre au CNSM en 1884 : 1ère médaille de solfège 1886, 1er prix d’harmonie 1891, 2ème prix contrepoint et fugue 1895. Elève de composition de Massenet et de Fauré. En 1897, ce dernier note à propos de son élève : " A composé récemment un remarquable sextuor pour instruments à vent d’une forme excellente. " 1er Second Grand Prix de Rome en 1898 (pas de Grand Prix décerné cette année), 2ème Premier Grand Prix de Rome en 1899 (derrière Charles Levadé). Prix Trémont de l’Académie des Beaux-Arts à trois reprises (1907, 1913 et 1921), Grand Prix musical de la Ville de Paris en 1950. Compositeur prolifique, il est l’auteur de symphonies, d’une dizaine d’opéras (Radegonde, Madame Pierre, L’Avare, L’Emeute, Cléanthis ou la Veuve sans l’être, Anna Karénine, Le Mariage forcé, Néron, L’Amour et Psyché…), d’une pantomime (Monsieur de Pourceaugnac), de chœurs, de mélodies (Amour et parfum, Complainte, Fleurs et Papillons...), de pièces pour piano (Air de ballet, Caprice, Danses anciennes en forme de menuet, Gavotte dans le style ancien, Pièces enfantines, Scherzo, Valses...) et de musique de chambre, notamment 2 Quatuors à cordes (2 violons, alto, cello), un Sextuor à vent (remarqué par Fauré), un Nonette pour cordes et piano, une Sonate pour violon… On lui doit également deux ouvrages didactiques : Système musical et clavier à tiers de tons, avec notice et plan (1891) et L’harmonie du système musical actuel à demi-tons (1920). Il décèdera le 7 mars 1963 à Corbeil-Essonnes (91).
MALLARMÉ (André, Victor), 1877-1856 : Professeur, avocat et homme politique. Né à Bouzéria (Algérie) le 6 août 1877, André Mallarmé devient Professeur de droit puis Avocat en Algérie. Président de la gauche radicale à la Chambre, il est nommé par Herriot sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics, chargé des Ports, de la Marine marchande et des Pêches, poste qu’il occupe dans son second cabinet du 19 au 22 juillet 1926. Il retrouve le même portefeuille du 3 novembre 1929 au 20 février 1930 dans le premier cabinet Tardieu puis devient ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones du 2 mars au 12 décembre 1930 dans le second ministère Tardieu. Poste qu’il conserve dans le second cabinet Doumergue du 9 février au 7 novembre 1934. Enfin, il devient ministre de l’Education nationale dans le ministère Flandin du 8 novembre 1934 au 31 mai 1935. Il décèdera à Paris le 8 avril 1956.
MALLARMÉ (Stéphane), 1842-1898 :
MALRAUX (André), 1901-1976 :
MALVY (Louis-Jean), 1875-1949 : Avocat et homme politique. Né à Figeac (Lot) le 1er décembre 1875, Malvy devient docteur en droit puis avocat avant de s’intéresser à la politique. Membre du cabinet de Léon Bourgeois en 1901, il se fait élire député radical socialiste et devient, à la Chambre, le spécialiste des questions économiques et financières. Il commence sa carrière comme sous-secrétaire d’Etat à la Justice, chargé des services plénitentiaires dans le cabinet Monis du 2 mars au 26 juin 1911. Très proche de Caillaux, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, à l’Intérieur et aux Cultes du 27 juin 1911 au 13 janvier 1912 dans son unique cabinet. Dès lors, il est toujours considéré comme son représentant et le meilleur agent de sa politique financière. Doumergue lui confie le ministère du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télécommunications du 9 décembre 1913 au 17 mars 1914 puis, après l’assassinat de Gaston Calmette par la femme de Caillaux, le président du Conseil est obligé de remanier son gouvernement. Malvy est nommé ministre de l’Intérieur à partir du 17 mars jusqu’au 8 juin 1914. Il restera à ce poste pendant la quasi-totalité de la Première Guerre mondiale. Pendant cette période, soit du 13 juin 1914 au 31 août 1917, soucieux de préserver l’union sacrée et bien qu’anticlérical, il donne des instructions aux préfets pous suspendre les mesures prises en application de la loi de Séparation des églises et de l’Etat et rouvre ainsi la porte aux congrégations. Aux début des hostilités, il fait expulser 7.000 étrangers, mais refuse de faire procéder aux 3.000 arrestations prévues de syndicalistes pacifistes et extrémistes (la fameux « carnet B »). Il obtient leur neutralité par la négociation. Cette mesure, indispensable pour assurer la cohésion de la nation, lui est vivement reprochée par ceux qui le suspectent de défaitisme. A Bordeaux, où le gouvernement s’est réfugié, le comportement de Malvy étonne beaucoup. On le rencontre dans les grands restaurants où il arbore toujours un air léger e désinvolte. L’hostilité d’une partie de la droite rejaillit à propos de l’affaire du Bonnet rouge. Avec l’accord du Conseil des ministres, Malvy finance cet influent périodique socialiste tirant à 40.000 exemplaires, qui prône l’union face à l’ennemi. Mais, du jour au lendemain, le journal bascule dans le défaitisme et reçoit des fonds allemands. Même si les subventions gouvernementales sont immédiatement coupés, l’occasion est trop belle pour ne pas accuser le ministre. Il devient la victime toute désignée de l’échec des offensives de 1917 et de la lassitude qui gagne le pays. Le 29 juillet, Clemencea l’attaque violemment à la Chambre durant un discours de deux heures. Pour se défendre, il démissionne un mois plus tard. Traduit en Haute Cour de justice à sa demande, il est inculpé de forfaiture et condamné à cinq ans de bannissement. Exilé en Espagne, il ne rentre en France qu’en 1924 et retrouve son siège à la Chambre. Président de la commission des Finances, il est alors nommé ministre des Finances du 9 mars au 10 avril 1926 par Briand dans son neuvième cabinet. Le scandale est immédiat au sein du Parlement qui oblige Malvy a démissionner au bout d’un mois. Il réduit considérablement son activité politique, mais on retiendra de son passage au gouvernement sa loi sur le maintien du concordaten Alsace-Lorraine. Il décèdera à Paris le 9 juin 1949.
MALVY (Affaire) : Louis Malvy, député radical-socialiste du Lot, est choisi en 1914 comme ministre de l'Intérieur, poste qu'il conserve dans les ministères Briand et Ribot jusqu'en 1917. Cette année là, Léon Daudet, directeur du journal royaliste L'Action française, adresse au Président de la République Raymond Poincaré une lettre accusant Malvy de trahison. A la demande de ce dernier, la lettre est lue devant les députés par Paul Painlevé, président du Conseil et ministre de la Guerre, le 4 octobre 1917. Malvy y est accusé d'avoir fourni des renseignements à l'Allemagne sur les projets militaires et diplomatiques français, en particulier le projet d'attaque du Chemin-des-Dames, et d'avoir favorisé les mutineries militaires de juin 1917. Malvy sait qu'il a de nombreux ennemis. Ses adversaires politiques, au nombre desquels on trouve Clemenceau, lui reprochent la nonchalance de son action comme ministre de l'Intérieur. Une violente campagne de presse s'étant déclenchée contre lui, il compte y mettre un terme en provoquant un débat devant la Chambre des députés, non « pour se disculper d'actions aussi folles que grotesques », explique-t-il, mais pour que le nouveau gouvernement dise « si l'union sacrée peut être exploitée contre ceux-là même qui l'ont le plus scrupuleusement respectée ».
Espérant être lavé de tout soupçon, il demande la constitution d'une commission de 33 membres chargés d'examiner s'il y a lieu de le mettre en accusation pour crimes commis dans l'exercice de ses fonctions ministérielles. Mais la commission n'a pas juridiquement le pouvoir de juger et ne peut, après avoir voté la mise en accusation, que renvoyer l'affaire devant le Sénat constitué en Haute Cour de justice. Malvy ayant démissionné en septembre 1917, c'est la première fois que cette juridiction d'exception est saisie d'une inculpation contre un ancien ministre. Aussi, est-il nécessaire de voter une loi définissant la procédure à suivre. Ce texte est promulgué le 5 janvier 1918.
Dès lors, le procès peut avoir lieu. Les débats occupent une douzaine d'audiences sous la présidence d'Antonin Dubost, président du Sénat. Le procureur général Merillon reproche à l'accusé sa complaisance envers Vigo, dit Almereyda, et envers Sébastien Faure, l'un directeur du journal le Bonnet rouge et l'autre anarchiste fiché par la police. Il relève aussi la faiblesse de l'accusé à l'égard de la propagande pour la paix au sein de l'armée et dénonce son laxisme face aux grèves ouvrières. Enfin, il met en cause l'attitude de Malvy dans l'affaire de l'espion allemand Lipscher, ainsi que son peu d'empressement à faire arrêter les criminels figurant dans le carnet B, sur lequel sont portés les individus considérés comme dangereux en cas de conflit armé.
Malvy se défend d'avoir pratiqué une politique personnelle au sein du gouvernement. Il invoque la politique d'union sacrée, difficilement compatible, selon lui, avec l'application du carnet B ou la répression contre la classe ouvrière. Il est couvert par les anciens présidents du Conseil qui l'ont compté au sein de leur cabinet.
La Haute Cour rend son arrêt définitif le 6 août 1918. Elle déclare Malvy innocent du crime de trahison mais le reconnaît coupable de forfaiture pour « avoir méconnu, violé et trahi les devoirs de sa charge ». Créant une nouvelle incrimination, la Haute Cour doit aussi définir la peine qui s'appliquera. Ce sera le bannissement, pendant une durée de 5 ans.
Cette condamnation n'interrompt pas la carrière politique de Malvy : les électeurs du Lot lui renouvelleront constamment leur confiance en maintenant son mandat de député de 1924 jusqu'à la seconde guerre mondiale. En outre, il exercera à la Chambre les responsabilités de président de la commission des finances et redeviendra même, en 1926, ministre de l'Intérieur.
MANAUT (René, Victor), 1891- : Homme politique. Né à Paris le 23 septembre 1891, René Manaut, diplômé d’HEC, commence sa carrière, en 1917, comme chef de cabinet du ministre de la Reconstruction industrielle, Louis Loucheur. Remarqué par Tardieu, le président du conseil le nomme dans son premier cabinet comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à l’Intérieur du 3 novembre 1929 au 20 février 1930. Il conserve ce portefeuille dans le second cabinet Tardieu du 2 mars au 12 décembre 1930.
MANDAT PARLEMENTAIRE :
MANDEL (Louis Rothschild, dit Georges), 1885-1944 : Journaliste et homme politique. Né à Chatou (Seine-et-Oise) le 5 juin 1885, Louis Rothschild, après avoir pris le nom de sa mère, entre dans le journalisme, notamment à l’Aurore puis, s’intéresse à la politique. Membre des cabinets Sarraut à l’Intérieur, puis de Clemenceau à la présidence du Conseil. Elu député en 1919, il contrôle le Parlement pour le compte du Tigre. Mandel accède enfin au gouvernement, après plusieurs tentatives comme ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones du 8 novembre 1934 au 24 janvier 1936 dans les cabinets Flandin, Bouisson et Laval. Flandin ayant préféré l’avoir près de lui au gouvernement que contre lui à la Chambre. « Machiavel est devenu facteur », commentent ses adversaires, toujours prêts à dénoncer les faux diplômes dont il fait état. Gardant le même portfeuillle du 24 janvier au 4 juin 1936, il est chargé du Service central d’Alsace et de Loraine dans le second cabinet Sarrault. Il gère son département en politique et obtient des résultats satisfaisants en améliorant le rendement de cette administration. Il s’inquète avant tout du besoin des usagers et travaille sans relâche, recevant jusqu’à minuit et n etenant pas compte des jours fériés. Lorsqu’il s’attaque vivement aux syndicats, ceux-ci révèlent en retour qu’il se fait communiquer les télégrammes reçus par de nombreux hommes politiques et utilise largement les écoutes téléphoniques. Il installe rue de Grenelle le premier studio de télévision et développe les émissions de radio. Avec l’arrivée du Front populaire, il est obligé de laisser sa place et il quitte le ministère sous les huées du personnel. Nommé ministre des Colonies du 10 avril 1938 au 18 mai 1940 dans les cabinets Daladier et Reynaud, il développe l’équipement de l’Indochine et favorise l’armée coloniale de circonscription. Au momen de l’invasion allemande, Paul Reynaud le nomme ministre de l’Intérieur du 18 mai au 16 juin 1940. Partisan de la résistance à outrance, il est arrêté par le gouvernement Pétain, avant d’être libéré avec les excuses du Maréchal et de s’embarquer sur le Massilia. Fait prisonnier par les Allemands, il est livré à la milice et exécuté le 7 juin 1944 en forêt de Fontainebleau lors de son transfert en France.
MANENT (Jean-Marie, Gaston), 1884-1964 : Professeur et homme politique. Né à Mauléon –Hautes-Pyrénées) le 24 avril 1884, Gaston Manent est professeur dans le primaire avant de s’intéresser à la politique. Elu dé uté, il siège à la Chambre comme radical socialiste et se spécialise dans les questions d’enseignement. Nomm2 sous-secrétaire d’Etat au Commerce du 13 mars au 9 avril 1938 dans le second cabinet Blum, en collaboration avec Pierre Co, il défend l projet de loi sur les débits de boissons. Il décèdera à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) le 21 juin 1964.
MANGON (Charles, François, Hervé), 1821-1888 : Ingénieur et homme politique. Né à Paris le 31 juillet 1821, Hervé Mangon, polytechnicien, devient ingénieurs des Ponts et Chaussées. Nommé ministre de l’Agriculture à partir du 6 avril dans le premier cabinet Brisson, il ets battu aux législavives de 1885 et remplacé par Pierre Gomot le 9 novembre 1885. Membre de l’Académie des scinces depuis 1872, il décède le 17 mai 1888.
MANTOUX (Maurice), 1877-1956 : Historien. Historien de l'économie, notamment de la Révolution industrielle en Grande-Bretagne, avec La Revolution Industrielle au XVIIIe Siecle; Essai sur les Commencements de la Grande Industrie Moderne en Angleterre (1906). Interprète de Georges Clemenceau à la Conférence de Versailles en 1919 Les délibérations du conseil des quatre 24 mars-28 juin 1919 . notes de l'officier interprête paul mantoux., CNRS éditions, 1955 et co-fondateur de l'Institut de hautes études internationales de Genève.
Il a fait partie, en 1934, du Bureau d’Etudes Sociales que Léon Jouhaux, alors secrétaire de la CGT, a créé sur le modèle du Bureau d’études sociales du Parti ouvrier Belge.
MARANNE (Georges) :
MARCÈRE (Louis, Emile, Gustave Deshayes de), 1828-1918 : Magistrat et homme politique. Né à Domfront (Orne) le 16 mars 1828, Emile Marcère devient magistrat puis se fait élire député républicain. Cabinet Considéré comme l’un des pères de la loi constitutionnelle et des lois organiques de la Troisième République, il devient du 11 mars au 11 décembre 1876 sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur dans le quatrième Dufaure puis, remplace Ricard à son décès comme ministre del’Intérieur du 15 mai au 11 décembre 1876 dans le même cabinet. Il doit alors lutter contre les préfets royalistes ou bonapartistes révoqués par son prédécesseur et qui plaident leur cause – non sans quelques succès – auprès de Mac Mahon. Farouche partisan de la République, il s’attire ainsi les foudres des conservateurs. Ainsi, son projet de loi permettant que les honneurs militaires soient rendus lors des enterrements civils l’oblige à démissionner devant l’opposition de la droite. Il garde le même poste dans le cinquième cabinet Dufaure et dans l’unique cabinet Waddington du 13 décembre 1877 au 4 mars 1879. Il révoque alors les 82 préfets et sous-préfets installés par le duc de Broglie et envoie des instructions afin de faire appliquer sur la presse et le colportage d’une façon « très libérale ». Il rompt avec la pratique des candidatures officielles lors des élections, remplace quelques maires conservateurs et plaide pour la « neutralité la plus entière » de l’administration. Waddington lui confie en plus l’intérim du département des Cultes à partir du 4 février. Il tente alors d’empêcher le remplacement du préfet de police par un homme trop marqué à gauche, mais échoue et présente sa démission le 4 mars. Dernier sénateur inamovible, il décède le 26 avril 1918 à Messei (Orne).
MARCHAND (Jean-Baptiste), 1863-1934 :
Jean-Baptiste Marchand est né le 22 novembre 1863 à Thoissey, dans le département de l’Ain. Engagé volontaire le 17 septembre 1883 comme simple soldat au 4e régiment d’Infanterie de Marine, il rejoignait l’école Militaire d’Infanterie de Saint-Maixent le 23 avril 1886. Il en sortait sous-lieutenant en décembre 1887 et, après six mois au 1er régiment d’Infanterie de Marine, devenait officier de tirailleurs sénégalais. Il devait effectuer dès lors l’essentiel de sa carrière outre-mer, et surtout en Afrique (Sénégal, Soudan Français, Haut-Oubangui, etc.).
Le 22 juin 1896, il recevait le commandement d’une mission d’exploration baptisée Mission Congo-Nil. Il était alors capitaine depuis le 19 décembre 1892. Dans le contexte de la rivalité coloniale franco-britannique en Afrique, le rôle de cette "mission Marchand" était primordial. Il s’agissait, en se portant les premiers sur le Nil depuis les territoires d’Afrique occidentale sous contrôle français, de contester l’hégémonie britannique sur le grand fleuve et d’implanter au sud de l’Égypte un nouveau protectorat français. Pour cette expédition aussi hasardeuse des points de vue sanitaire que militaire, logistique ou politique, Marchand n’avait négligé aucun détail. Faisant preuve de la plus grande minutie dans la préparation, il s’était entouré d’officiers expérimentés, dont un certain lieutenant (puis capitaine) Charles Mangin, qui devait faire parler de lui pendant la Grande Guerre...
Le 10 juillet 1898, la colonne arrivait à Fachoda. La place était aussitôt mise en état de défense avant que, le 19 septembre, les choses ne se compliquent avec l’arrivée de lord Kitchener. Celui-ci venait de remporter la victoire d’Omdurman et ne comptait pas laisser des "Européens quelconques" lui interdire de contrôler le cours du Nil, de son delta jusqu’à ses sources... Après quelques négociations, les Britanniques établirent vite un blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devint très vite internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se tendirent à un point qui fit craindre, l’espace d’un instant, qu’une guerre fût possible. Jouet malheureux des événements diplomatiques, Marchand (nommé chef de bataillon entre-temps, le 1er octobre 1898) avait toutes les peines du monde à communiquer avec Paris. En janvier 1899, un accord fut finalement trouvé entre les deux puissances coloniales. La Mission Congo-Nil évacua Fachoda sur ordre. Elle avait rempli sa mission mais ne pouvait tenir tête indéfiniment à une armée britannique beaucoup plus puissante.
Le 6 juillet 1899, le commandant Marchand était à nouveau affecté au 4e régiment d’Infanterie de Marine. Il était désormais nanti d’une popularité nationale, qui semblait bien le promettre au plus bel avenir militaire. Le 5 janvier 1900, il devenait lieutenant-colonel, après seulement quinze mois passés au grade inférieur ! En septembre suivant, il partait pour la Chine avec le corps expéditionnaire français chargé, au sein d’une force internationale, de s’opposer à la révolte des Boxers. Il y servait jusqu’en avril 1902. De retour en France, il était nommé colonel le 1er octobre 1902 et prenait la tête du 8e régiment d’Infanterie Coloniale. Le 17 mai 1904, il donnait sa démission de l’armée française. Il était alors chef de corps du 4e R.I.C.
Sa carrière civile a nettement moins d’éclat que sa carrière coloniale. Il entra en journalisme et s’essaya à la politique, mais sans grand succès. C’est pendant cet intermède qu’il épousa mademoiselle de Saint-Roman et s’installa dans le Gard. Il reprit l’uniforme avec le déclenchement de la Grande Guerre. En août 1914, comme colonel de réserve, il était nommé adjoint au général gouverneur de Belfort. Le 8 septembre, il prenait la tête de la 2e brigade coloniale. Il était blessé une première fois le 1er octobre par un éclat d’obus qui lui fracassait le tibia, mais ne quittait son poste qu’après avoir mené à bien sa mission. Il revenait au front un mois plus tard, incomplètement guéri. Le 20 février 1915, il recevait les étoiles de général de brigade puis, le 14 mai, devenait commandant par intérim de la 10e D.I.C. Malgré quelques parenthèses, il devait conserver ce poste jusqu’à la fin de la guerre. Le 25 septembre 1915, alors que ses troupes participaient à la deuxième bataille de Champagne, il était très grièvement blessé au ventre par une balle de mitrailleuse. Mais il en fallait plus pour abattre cette force de la nature qui avait déjà maintes fois triomphé des fièvres tropicales. Après une période de convalescence, il retrouvait sa division. Il était une nouvelle fois blessé le 17 octobre 1916 dans la Somme, par éclat d’obus cette fois, mais refusait de se faire évacuer et conservait son commandement. C’est qu’en plus de sa remarquable santé, le général Marchand était doté d’un caractère peu commun. Orageux mais sensible, souvent obstiné et d’humeur changeante, il était aussi dur à la douleur que jusqu’au-boutiste pour lui-même. Le 4 avril 1917, il était nommé général de Division du cadre des officiers de réserve. On le trouve ensuite avec sa division sur le chemin des Dames, devant Verdun (secteur de Douaumont), sur le saillant de Saint-Mihiel (hiver et printemps 1918) puis devant Château-Thierry, fin mai, où il interdit aux Allemands le passage de la Marne. Il resta fidèle à ce champ de bataille sur lequel il combattit jusqu’au 27 juin, puisqu’il y revint le 21 juin 1925, pour participer à l’inauguration du nouveau pont sur la Marne (il avait lui-même donné l’ordre de détruire le précédent...!). Jean-Baptiste Marchand quittait l’armée, définitivement cette fois, le 4 avril 1919. Il est mort à Paris le 13 janvier 1934 et fut inhumé à Thoissey, son village natal de l’Ain.
MARCHANDEAU (Paul), 1882-1968 : Avocat, journaliste et homme politique. Né à Gaillac (Tarn) le 10 août 1882, Paul Marchandeau est docteur en droit et bâtonnier de Reims, journaliste à La Lanterne. Elu député en 1926, il commence sa carrière ministérielle avec un poste de sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à l’Intérieur qu’il occupe du 23 février au 1er mars 1930 dans le premier cabinet Chautemps. Nommé sous-secétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Colonies du 13 décembre 1930 au 26 janvier 1931 dans le ministère Steeg, il accepte ensuite le poste de sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Colonies du 3 juin au 17 décembre 1932 dans le troisième cabinet Herriot. Du 26 novembre 1933 au 29 janvier 1934, il est nommé ministre du Budget dans le second cabinet Chautemps et se consacre au rétablissement de l’équilibre budgétaire tout en exonérant d’impôts les traitements les plus bas. Ministre des Finances du 4 au 8 février 1934 dans le second cabinet Daladier, il prend la responsabilité de faire imprimer du papier monnaie plutôt que de semer la panique en refusant d’ouvrir les guichets de la banque de France qui manque alors de liquidités. En fait, la démission du gouvernement suffit à calmer les esprits. Nommé ministre de l’Intérieur du 13 octobre au 7 novembre 1934 dans le second cabinet Doumergue, il recontre secrètement le colonel de La Rocque et parvient à lui faire annuler une importante manifestation destinée à faire chuter le gouvernement et qui devait prendre des allures de 6 février. Ministre du Commerce et de l’Industrie dans le cabinet Flandin du 8 novembre 1935 au 31 mai 1935, il soutient le petit commerce et l’artisanat. Il en profite pour aussi pour réformer certains points de la législation commerciale. Il retrouve le ministère des Finances du 18 janvier au 12 mars 1938 dans le quatrième cabinet Chautemps et du 10 avril au 1er novembre 1938 dans le troisième ministère Daladier. Il est alors favorable au contrôle des changes, procède à la troisième dévaluation en trois ans et lance de nouveaux emprunts. La situation devenant de plus en plus difficile, le président du conseil échange son portefeuille avec celui de Reynaud. Devenu minisitre de la Justice à partir du 1er novembre 1938, il signe à ce titre le décret interdisant les attaques de presse contre les juifs. Il démissionne le 13 septembre 1939 laissant sa place à Georges Bonnet. Il décèdera à Paris le 30 mai 1968.
MARCOMBES (Marie, Jean, Philippe), 1877-1935 : Médecin et homme politique. Philippe Marcombes, né à Murat (Cantal) le 5 décembre 1877, est médecin de formation où il exerçe sa profession d'abord comme médecin militaire puis comme médecin généraliste à Clermont-Ferrand. De nouveau médecin militaire pendant la Première Guerre mondiale, il terminera le conflit avec le grade de lieutenant-colonel. Il sera décoré de la légion d'honneur (officier), de la Croix de guerre et de la Distinguished Service Cross.
Elu député radical, il se spécialise à la Chambre des questions de santé et d’instruction publique. Il est remarqué par Herriot qui le nomme dans son troisième cabinet, à partir du 3 juin 1932, sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale, chargé de l’Education physique. Il garde le même poste dans le ministère Paul-Boncour jusqu’au 30 janvier 1933. Sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale, chargé de l’Enseignement technique du 26 octobre au 25 novembre 1933 dans le ministère Sarraut, il devient sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à l’Intérieur du 26 novembre 1933 au 29 janvier 1934 dans le second cabinet Chautemps.
Il est un éphémère ministre de l'Education nationale du 7 au 13 juin 1935 dans le gouvernement de Pierre Laval. Il décéde brutalement d'une embolie six jours après sa nomination à l'ouverture du Conseil des ministres au Palais de l'Élysée le 13 juin.
MARGAINE (Alfred), 1870-1953 : Ingénieur et homme politique. Né le 18 janvier 1870 à Sainte-Menehould (Marne), Alfred est le fils d'Henri Margaine, député, puis sénateur, républicain. Faisant ses études supérieures à l'École polytechnique et devient ingénieur des Ponts et Chaussées, avant de s’intéresser à la politique. Elu député en 1910, dès le premier tour, dans la circonscription qui élisait autrefois son père, il devient membre du parti républicain radical et radical-socialiste.
Pendant son premier mandat, le député Margaine appartient à la commission des chemins de fer et à celle des travaux publics. Réélu en 1914, et constamment jusqu'en 1940, il se spécialise à la Chambre sur les questions des affaires ferroviaires et extérieures. Il entre au gouvernementdu 10 au 13 juin 1914 comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre dans le quatrième cabinet Ribot. A la chute du cabinet, il retrouve son ban de député et interpelle le gouvernement, entre autres, sur les concessions pétrolières en Algérie. Il reste à la commission des affaires extérieures de 1919 à 1924, mais quitte celle des chemins de fer pour la commission d'Alsace-Lorraine, et se consacre essentiellement à la politique étrangère. Il est ainsi rapporteur de la loi ratifiant le traité de Saint-Germain et de celle ratifiant la convention internationale sur le Danube. Il réclame aussi la reconnaissance de l'URSS par la France.
De 1924 à 1928, Henri Margaine porte principalement son intérêt sur les questions économiques : le pétrole, d'abord, le charbon et l'acier ensuite, les céréales, enfin. Il réclame l'intervention de l'État pour assurer l'approvisionnement et lutter contre les ententes entre les gros industriels. De 1928 à 1932, tout en continuant de travailler sur les questions d'économie et d'affaire étrangères (il dénonce par exemple l'entente financière germano-américaine), il porte davantage son intérêt sur les questions agricoles.
Du 3 juin au 17 décembre 1932, Henri Margaine est nommé sous-secrétaire d'État aux Travaux publics dans le troisième cabinet Herriot. Revenu à la Chambre des députés, il concentre son attention sur les questions diplomatiques et militaires, jusqu'en 1940. Le 10 juillet 1940, il vote contre les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Il meurt le 17 avril 1953 à Rochecorbon (Indre-et-Loire).
MARGUE (Guillaume, Léon), 1828-1888 : Avocat et homme politique. Né à Salornay-sur-Guye (Saône-et-Loire) le 14 juillet 1828, Guillaume Margue est le fils d'un ancien notaire devenu juge de paix. Il étudie le droit et s'inscrit au barreau de Mâcon. Républicain, en opposition à l'Empire, il devient conseiller général du canton de Cluny (1873-1880), et est élu député de la 1ère circonscription de Mâcon en 1876, il siège à gauche, parmi les radicaux. Adversaire du gouvernement du Seize-Mai, Margue fait partie des 363. Réélu comme tel en 1877, il se rapproche de la majorité modérée, et appuie les ministères républicains de la législature. Il prend part à un grand nombre de discussions parlementaires, mais un certain renom lui vient surtout d'un bruyant incident de séance. On l'entent distinctement un jour, au milieu d'un tumulte soulevé par plusieurs députés de la droite, traduire à haute voix son impression par un mot, un seul, celui qu'avait déjà illustré le général Cambronne. Ce mot ne nuit pas à sa fortune politique. Réélu député en 1881, Margue est nommé, lors de la constitution du cabinet Gambetta à partir du 14 novembre 1831, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Il s'associa aux actes du chef de l'opportunisme, quitte les affaires avec lui le 29 janvier 1882. Il revient au pouvoir comme sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Cultes dans le ministère Ferry (du 27 février 1883 au 17 mai 1884), prit encore quelquefois la parole, vota tantôt avec l'Union républicaine, tantôt avec la gauche radicale, et, porté, le 4 octobre 1885, sur la liste opportuniste de Saône-et-Loire, échoue aux élections et est nommé conseiller à la cour de Paris. Margue était le beau-frère du critique estimé M. Henri de La Pommeraye. Il meurrt à Salornay-sur-Guye le 13 septembre 1888.
MARIE (André, Désiré, Paul), 1897-1974 : Avocat et homme politique. Né à Honfleur (Calvados) le 3 décembre 1897, André Marie embrasse la carrière d'avocat, mais est très vite touché par le virus de la politique. Il devient député radical en 1928, il a 31 ans. Du 26 octobre au 25 novembre 1933, André Marie entre au gouvernement comme sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil et à la Marine dans le cabinet d'Albert Sarraut, chargé tout particulièrement de l'Alsace-Lorraine. Il devient ensuite sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux affaires étrangères du 30 janvier au 8 février 1934 dans le second cabinet Daladier avant de représenter la France à la Société des Nations. Déporté à Buchenwald à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il continue sa carrière politique après la Libération. Il meurt à Barentin le 12 juin 1974.
MARIN (Louis), 1871-1960 : Professeur, philosophe et homme politique. Né à Faulx (Meurthe) le 7 février 1871, Louis Marin est professeur d'ethnographie. Engagé dans les rangs de la fédéfartion républicaine dès 1903, il devient vice président de l’Assemblée en 1923 tout en s’intéressant à la Lorraine. Elu député de la Meurthe-et-Moselle en 1905, il siège au centre droit puis entre au gouvernement comme ministre des Régions libérées du 29 mars au 13 juin 1924 dans le troisième cabinet Poincaré et l’éphémère ministère François-Marsal.
Considéré à la Chambre comme un orateur chaleureux à sa moustache « gauloise », à son éternelle veste bleue et à sa lavallière à pois blancs, Marin retrouve le ministère des Pensions du 23 juillet au 10 novembre 1928 dans le quatrième gouvernement Poincaré. Chef de l’opposition aux ministères Briand, Tardieu ou Herriot, il est nommé ministre de la Santé publique et de l’Education physique par Doumergue dans son second cabinet du 9 février au 8 novembre 1934. Symbole de la droite nationaliste, il appartient aux cabinets Flandin, Bouisson, Laval comme ministre d’Etat, poste qu’il occupe du 8 novembre 1934 au 23 janvier avant de faire partie du gouvernement Reynaud du 10 mai au 16 juin 1940 où il combat l’idée d’armistice et prêche la résistance à outrance. Il refuse de participer au vote qui, le 10 juillet 1940, donnant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, il décèdera à Paris le 23 mai 1960.
MARINE ET COLONIES :
Liste des ministres de la Marine et des Colonies
Martin Fourichon : 4 septembre 1870
Min. de la Marine et des Colonies
Louis-Pierre-Alexis Pothuau : 19 février 1871
25 mai 1873
Charles de Dampierre d'Hornoy
id.
22 mai 1874
Louis-Raymond de Montaignac de Chauvance id.
9 mars 1876
Martin Fourichon
id.
23 mai 1877
Albert Gicquel des Touches
id.
23 novembre 1877
Albert Roussin
13 décembre 1877
Louis-Pierre-Alexis Pothuau
4 février 1879
Jean-Bernard Jauréguiberry
23 septembre 1880
Georges-Charles Cloué
id.
14 novembre 1881
Maurice Rouvier
Min. du Commerce et des Colonies
30 janvier 1882
Albert Berlet
Sous-secrétaire d'Etat aux Colonies
22 septembre 1883
Félix Faure
Id.
28 avril 1885
Armand Rousseau
Id.
15 janvier 1886
Jean Delaporte
Id.
7 juin 1887
Eugène Etienne
Id.
5 janvier 1888
Félix Faure
Id.
19 février 1888
Jean Delaporte
Id.
14 mars 1889 Eugène Etienne
Id.
8 mars 1892
Emile Jamais
Id.
17 janvier 1893
Théophile Delcassé
Id.
3 décembre 1893
Maurice Lebon
Id.
20 mars 1894
Ernest Boulanger
Ministre des Colonies
30 mai 1894
Théophile Delcassé
Id.
26 janvier 1895
André Chautemps
Id.
4 novembre 1895
Pierre Guieysse
Id.
29 avril 1896
André Lebon
Id.
28 juin 1898
Georges Trouillot
Id.
1er novembre 1898
Antoine Guillain
Id.
22 juin 1899
Albert Decrais
Id.
7 juin 1902
Gaston Doumergue
Id.
24 janvier 1905
Etienne Clementel
Id.
18 février 1906
Etienne Clementel
Id.
14 mars 1906
Georges Leygues
Id.
25 octobre 1906
Raphaël Milliès-Lacroix
Id.
24 juillet 1909
Georges Trouillot
Id.
3 novembre 1910
Jean Morel
Id.
2 mars 1911
Adolphe Messimy
Id.
27 juin 1911
Albert Lebrun
Id.
14 janvier 1912
Albert Lebrun
Id.
12 janvier 1913
René Besnard
Id.
6/9
Ministres et secrétaires d'Etat
:
21 janvier 1913
Jean Morel
Id.
18 février 1913
Jean Morel
Id.
22 mars 1913
Jean Morel
Id.
9 décembre 1913
Albert Lebrun
Id.
9 juin 1914
Maurice Maunoury
Id.
13 juin 1914
Maurice Reynaud
Id.
26 août 1914
Gaston Doumergue
Id.
29 octobre 1915
Gaston Doumergue
Id.
12 décembre 1916
Gaston Doumergue
Id.
20 mars 1917
André Maginot
Id.
12 septembre 1917
René Besnard
Id.
16 novembre 1917
Henry Simon
Id.
20 janvier 1920
Albert Sarraut
Id.
18 février 1920
Albert Sarraut
Id.
24 septembre 1920
Albert Sarraut
Id.
16 janvier 1921
Albert Sarraut
Id.
15 janvier 1922
Albert Sarraut
Id.
29 mars 1924
Jean Fabry
Id.
9 juin 1924
Jean Fabry
Id.
14 juin 1924
Edouard Daladier
Id.
17 avril 1925
André Hesse
Id.
29 octobre 1925
Léon Perrier
Id.
28 novembre 1925
Léon Perrier
Id.
9 mars 1926
Léon Perrier
Id.
23 juin 1926
Léon Perrier
Id.
19 juillet 1926
Adrien Dariac
Id.
23 juillet 1926
Léon Perrier
Id.
11 novembre 1928
André Maginot
Id.
29 juillet 1929
André Maginot
Id.
3 novembre 1929
François Pietri/AlcideDelmontId.
21 février 1930
Lucien Lamoureux/Alcide Delmont
Id.
2 mars 1930
François Pietri
Id.
13 décembre 1930
Théodore Steeg
Auguste Brunet
Id.
27 janvier 1931
Paul Reynaud
Blaise Diagne
Id.
13 juin 1931
Paul Reynaud
Id.
14 janvier 1932
Paul Reynaud
Id.
http://perso.wanadoo.fr/yekrik.yekrak/
Page 6
Dominique.Chathuant@wanadoo.fr
7/9
Ministres et secrétaires d'Etat :
20 février 1932
Louis de Chappedelaine
Id.
3 juin 1932
Albert Sarraut
Gratien Candace
Id.
18 décembre 1932
Albert Sarraut
Gratien Candace
Id.
31 janvier 1933
Albert Sarraut
Id.
6 septembre 1933
Albert Dalimier
Id.
26 octobre 1933
François Piétri
Id.
26 novembre 1933
Albert Dalimier
Id.
9 janvier 1934
Lucien Lamoureux
Id.
30 janvier 1934
Henry de Jouvenel
Ministre de la France d'Outre-mer
9 février 1934
Pierre Laval
Ministre des Colonies
13 octobre 1934
Louis Rollin
Id.
8 novembre 1934
Louis Rollin
Id.
1er juin 1935
Louis Rollin
Id.
7 juin 1935
Louis Rollin
Id.
24 janvier 1936
Jacques Stern
Id.
4 juin 1936
Marius Moutet
Id.
22 juin 1937
Marius Moutet
Id.
18 janvier 1938
Théodore Steeg
Id.
13 mars 1938
Marius Moutet
Id.
10 avril 1938
Marius Moutet
Gaston Monerville
Id.
21 mars 1938
Georges Mandel Gaston Monerville
Id.
18 mai 1940
Louis Rollin
Id.
16 juin 1940
Albert Rivière
Id.
18 juin 1940
Lieut.-Col. Antoine, chef des services Coloniaux du Conseil de Défense de l'Empire Français
MARION (Paul), 1899-1954 :
MARITAIN (Jacques), 1882-1973 :
Robert Marjolin
Robert Marjolin (1911-1986) est un diplomate et homme politique français. Il fut membre de l'académie des sciences morales et politiques
Les années de formation [modifier]
Il a travaillé dés l'âge de 14 ans. Vers 19 ans, il reprend ses études en partie grâce à Georges Bourgin, directeur adjoint des archives nationales. En juin 1931, il rencontre Célestin Bouglé qui s’intéresse à lui et l’envoie en juillet 1931 à Londres, puis grâce à une bourse Rockefeller à Yale où il passera une année, de 1932 à 1933. À son retour, il rédige pour Bouglé, qui s’intéresse au syndicalisme, un document intitulé L’évolution du syndicalisme aux États-Unis.
Les activités politiques dans les années trente [modifier]
Dans les années 1930, il fait partie du groupe Révolution constructive, un groupe influencé par les idées planistes de de Man. Il quittera rapidement ce groupe, en même temps que Claude Lévi-Strauss (le futur anthropologue) et que Pierre Dreyfus (le futur PDG de Renault), car il se méfie du planisme. En 1945, il sera l’adjoint de Jean Monnet au plan. Dans ses mémoires, il précisera que pour lui la planification ne signifiait ni dirigisme ni socialisme (Marjolin 1986, p.67).
L'économiste [modifier]
Pro-européen, ami de Raymond Aron, il est, en 1938 au moment du colloque Walter Lippmann, membre de l’association des amis d’Elie Halévy et travaille à l’ l’I.S.R.E.S (Institut scientifique de recherches économiques et sociales) dirigé par Charles Rist. Il est également en contact avec Lionel Robbins de la L.S.E (London School of Economics) qu’il verra souvent au Reform Club pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque Jean Monnet, en 1943, est chargé par Charles de Gaulle de préparer le ravitaillement de la France, il le rejoint à Washington.
Le haut fonctionnaire [modifier]
À la fin de la guerre, Robert Marjolin recrute Alexandre Kojève à la Direction de la recherche et des études économiques (DREE). Après la guerre, en 1945, il est l’adjoint de Jean Monnet au plan, avant de devenir secrétaire général de l’OECE (Organisation européenne de coopération économique) de 1947 jusqu’au début 1955.
Il travailla ensuite au cabinet du socialiste Christian Pineau, ministre des affaires étrangères, et enseigna l'économie à l'Université de Nancy.
Entre 1958 et 1967, il est commissaire européen, vice-président de la CEE en charge de l’économie et des finances.
En 1962, avec Robert Triffin, économiste belgo-américain membre de l’un "think tank" alors influent, le Conseil des relations extérieures de New York, et conseiller économique du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet, il élabore un programme d'action pour le deuxième étage de la Communauté économique européenne. Ce programme se proposait de réformer le traité de Rome dans le sens d'interprétation maximaliste de l'article 108, ouvrant la voie à la réalisation d'une Union économique et monétaire.
Notes et références [modifier]
Marjolin Robert (1986), Le travail d’une vie, Paris, Robert Laffont
Les archives de Robert Marjolin ont été déposées à la fondation Jean Monnet
MARQUET (Adrien, Théodore, Ernest), 1884-1955 : Dentiste et homme politique. Né à Bordeaux (Gironde) le 6 octobre, Adrien Marquet, dentiste de profession adhère à vingt ans à la SFIO. Il représente l’aile droite du mouvement et fonde avec Déat le parti socialiste français en 1933. Il entre au gouvernement la première fois comme ministre du Travail du 9 février au 8 novembre 1934 dans le second cabinet Doumergue. Il lutte contre le chômge en instituant un proramme de travaux considéré comme la première tentative française de planification. Il se penche aussi sur le mécanisme financier des assurances sociales.A la chute du gouvernement, et, avec sa réputation, Flandin lui propose le ministère de la Guerre qu’il refuse. Favorable à un rapprochement franco-allemand, il est partisan de l’armistice en 1940. Député-maire de Bordeaux, c’est lui qui accueille le gouvernement et s’occupe plus particulièrement des parlementaires qui souhaitent l’arrêt de la guerre ou qui sont encore hésitants. Par solidarité avec Laval qui n’a pas obtenu les Affaires étrangères, il refuse le portefeuille de l’Intérieur. Il est nommé ministre d’Etat par Pétain du 23 au 27 juin 1940 puis ministre de l’Intérieur à partir du 27 juin. Continuant sa carrière politique, il quitte définitivement le gouvernement en septembre 1940. Il décèdera à Bordeaux le 3 avril 1955.
MARQUET (Albert), 1875-1947 :
MARQUET (Adrien, Théodore, Ernest), 1884-1955 : Dentiste et homme politique. Né à Bordeaux (Gironde) le 6 octobre 1884, Adrien Marquet devient dentiste et, s’intéressant à la politique, adhère à la SFIO à vingt ans. Il représente l’aile droite du mouvement et fonde avec Marcel Déat la parti socialiste français en 1933. Après le 6 février 1934, il est nommé ministre du Travail du 9 février au 8 novembre de la même année dans le second cabinet Doumergue. A ce poste, il institue un programme de travaux pour lutter contre le chômage qui constitue la première tentative de planification.
MARRAUD (Pierre), 1861-1958 : Préfet et homme politique. Né à Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne) le 8 janvier 1861, Pierre Marraud est nommé préfet en 1900, conseiller d’Etat, directeur des pensions au ministère de la Guerre, puis commissaire du gouvernement à la fin de la Première Guerre mondiale. Elu sénateur radical socialiste en 1920, il entre au gouvernement comme ministre de la Justice dans le septième cabinet Briand du 16 janvier au 14 janvier 1922. Il fait alors voter la loi instituant le 11 novembre comme jour férié. Au moment du rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican, il récuse l’idée que le nonce est un ministre officieux des Cultes et que ce rétablissement puisse froisser le patriotisme italien. Il devient ministre de l’Instruction publique à quatre reprises du 11 novembre 1928 au 20 février 1930 (cinquième cabinet Poincaré, onzième ministère Briand, premier ministère Tardieu) et du 2 mars au 12 décembre 1930 (second cabinet Tardieu). Il décèdera à Paris le 23 mars 1958.
MARSEILLAISE :
14 février 1879 , La Marseillaise, hymne national
La chambre des députés adopte "La Marseillaise" comme hymne national français. Composée pour l'armée du Rhin en 1792 par l'officier Claude Rouget de Lisle, l'air était déjà devenu "chant national" en 1795 (26 messidor an III), mais ce texte n'avait jamais été officialisé.
MARTEL (Edouard, Alfred), 1859-1938 :
Édouard Alfred Martel naît à Pontoise le 1er juillet 1859. Issu d’une famille de juristes, il effectue de brillantes études au lycée Condorcet à Paris. Le jeune homme s’initie à la géographie et aux sciences naturelles. Cette passion trouve son origine dans les voyages effectués pendant son enfance en compagnie de ses parents, époque où il découvre le monde souterrain. En 1866 en effet, la famille Martel en villégiature dans les Pyrénées effectue la visite des grottes de Gargas. D’autres séjours offrent également au jeune homme la possibilité de parcourir l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne. Grand lecteur de l’œuvre de Jules Verne, Édouard Alfred Martel remporte en 1877 le premier prix de géographie au concours général. En 1879, il visite en Autriche la grotte d’Adelsberg, le plus vaste système de cavernes alors connu en Europe. Après avoir effectué son service militaire et obtenu une licence de droit, Édouard Alfred Martel devient en 1886 avocat agréé auprès du tribunal de commerce de la Seine.
Le magistrat parisien consacre ses loisirs et ses périodes de vacances à voyager à travers la France. Il profite de ses déplacements pour effectuer des travaux de cartographie. A partir de 1883, il s’attache notamment aux plateaux désolés des Causses, creusés par les gorges du Tarn, de la Jonte, de la Dourbie et du Lot. Le 27 juin 1888, il s’engage ainsi avec quelques autres compagnons dans une cavité rocheuse où coule un ruisseau connu sous le nom de Bramadiau. Deux kilomètres de galerie sont bientôt reconnus par l’expédition. Édouard Alfred Martel publie l’année suivante un recueil de souvenirs et d’observations, Les Cévennes, dans lequel il montre les beautés de la région. Puis, en 1894, paraît Les Abîmes. L’auteur décrit dans ce nouvel ouvrage le monde souterrain découvert pendant les années précédentes. En effet, pendant les six campagnes menées de 1888 à 1893, Édouard Alfred Martel a visité 230 cavités et reconnu 250 kilomètres de galeries dont il a effectué les relevés précis. Il raconte ainsi dans son ouvrage ces explorations en compagnie du forgeron Louis Armand, ces descentes acrobatiques dans les puits verticaux, assis sur un bâton attaché à une longue corde en son milieu, habillé en costume de ville et coiffé de son chapeau melon. Le public s’initie ainsi à la "spéléologie", terme qu’il préfère à celui de "grottologie". L’ouvrage, couronné par l’Académie des Sciences, procure à Édouard Alfred Martel la renommée et la notoriété.
Le spéléologue multiplie ensuite les exploits. Il s’intéresse en priorité aux souterrains des Causses mais visite également les cavernes des régions calcaires de Savoie, du Jura, de Provence ou des Pyrénées. L’ensemble du continent européen devient bientôt son terrain de parcours. Après quelques explorations en Belgique, il se rend en Autriche en 1893 puis voyage en Dalmatie et en Bosnie-Herzégovine. Au Monténégro, il étudie le cours de la Trebinjicica, la plus longue rivière souterraine du monde. En Grèce, il s’intéresse aux régions marécageuses, aux relations entre les eaux stagnantes de la surface et le réseau hydrologique souterrain. Quelques nouvelles explorations en Grande-Bretagne sont la matière d’un compte rendu, Irlande et cavernes anglaises, publié en 1897.
En 1895, Édouard Alfred Martel fonde la Société de Spéléologie. Il lance également le bulletin périodique Spelunca. A partir de 1899, la passion l’emporte définitivement et le spéléologue se détache de ses activités professionnelles pour se consacrer uniquement aux recherches scientifiques. Sa dixième campagne de fouilles et la découverte en 1897de l’aven Armand, sur le causse Méjean en Lozère, connaissent un retentissement national. C’est en effet la plus importante révélation depuis celle du gouffre de Padirac, près de Rocamadour, en 1889. Dans ce dernier lieu, plusieurs expéditions effectuées à la même époque lui permettent de le rendre accessible au public. Celui-ci se passionne d’ailleurs pour ses recherches. Plus d’un millier de spectateurs assistent en 1890 à l’une de ses descentes.
En 1901 et 1902, 150 cavités sont visitées en France, en Suisse et en Belgique. Ces dernières explorations lui permettent de rédiger Les Cavernes et les Rivières souterraines de la Belgique. En 1903 et à la demande du gouvernement russe, il visite le littoral de la mer Noire. En 1908 et 1909, Édouard Alfred Martel travaille à la demande du ministère de l’agriculture dans les Pyrénées, au Pays Basque notamment. Ces années ont vu la rédaction et la publication de L’Évolution souterraine, la synthèse des travaux accomplis par le spéléologue. En 1910, celui-ci est en Macédoine et en Asie Mineure. Puis, en 1912, il se rend aux États-Unis sur l’invitation de la société de géographie de Washington, s’étonnant d’ailleurs du peu d’intérêt que l’on porte à son art outre-Atlantique.
Le déclenchement de la guerre met bientôt fin à ses explorations. Édouard Alfred Martel sert en tant qu’infirmier bénévole. Il se retire ensuite en Provence de 1917 à 1919, avant de reprendre ses activités scientifiques. Il multiplie alors les conférences et les publications : un Nouveau Traité des Eaux souterraines en 1922, Les Causses et Gorges du Tarn en 1926, La France ignorée en 1928. L’année précédente, il a présidé à l’inauguration de l’aven Armand qui est désormais lui aussi ouvert au public.
A partir de 1936 cependant les problèmes de santé se multiplient. Édouard Alfred Martel décède le 3 juin 1938 dans son château de la Garde, près de Montbrisson, après avoir consacré sa vie à la spéléologie naissante et visité 1.500 grottes dans le monde entier.
MARTEL (Louis, Joseph), 1813-1892 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Omer (Pas-de-Calais) le 13 septembre 1813, Joseph Martel devient docteur en droit, avocat puis magistrat. Elu député antirépublicain en 1849, il est réélu en 1871. Sénateur inamovible en 1875, il entre dans le cabinet Simon du 12 décembre 1876 au 16 mai 1877 comme ministre de la Justice et des Cultes. L’opposition avec les catholiques est alors importante. Les évêques font signer une pétition demandant aux Chambres de faire « respecter l’indépendance » du pape. Le ministère la fait saisir pour ne pas envenimer les relations avec l’Italie et interdit le congrès public des associations catholiques de France. Il meurt à Evreux (Eure) le 4 mars 1892.
MARTIN (Henri), 1860-1943 :
MARTIN (Camille), 1861-1898 : Peintre, artiste décorateur. Elève à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy, Camille Martin remporte le prix Jacquot en 1881, ce qui lui permet de poursuivre ses études à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris. Il est, selon le critique d'art Roger Marx, l'un des artistes les plus doués de sa génération.
L'arrivée à Nancy du Japonais Tokouso Takashima en 1885 sensibilise l'art de Camille Martin à l'Extrême-Orient. L'essentiel de sa peinture est orienté vers le paysage, notamment vosgien, ce qui vaut à l'artiste l'appellation de " peintre de sapins ". Camille Martin travaille également plusieurs techniques des arts décoratifs, l'émail, la céramique, le cuir, le bois brûlé. Il réalise des maquettes de monuments, des panneaux décoratifs. Dessinateur, il donne des modèles de monogrammes, d'ex-libris, de lettres illustrées, de couvertures de revues ainsi que des affiches, dont celle de l'exposition d'art décoratif des galeries Poirel en 1894, organisée par l'architecte Charles André et qui regroupe les artistes de la future Ecole de Nancy.
Il collabore également à quelques reprises avec d'autres artistes de l'Ecole de Nancy. Il signe en collaboration avec Emile Friant un décor de mobilier pour Louis Majorelle et dessine, pour l'orfèvre Kauffer, le bol à punch offert à l'amiral Avellan et aux officiers du cuirassé russe venus à Nancy en 1893. La même année, avec Victor Prouvé et René Wiener, il révolutionne l'art de la reliure au Salon parisien du Champ-de-Mars. C'est cette exposition qui vaudra à l'Ecole de Nancy sa première reconnaissance nationale et internationale. La mort prématurée de Camille Martin ainsi que la dispersion de son atelier ne laissent que très peu de traces de son oeuvre.
MARTIN DU GARD (Roger), 1881-1958 : Ecrivain.
MARTIN-FEUILLÉE (Félix), 1830-1896 : Avocat et homme politique. Né le 25 novembre 1830 à Rennes (Ille-et-Vilaine), Félix Martin-Feuillée fait son droit dans sa ville natale où il est reçu docteur. Inscrit au barreau de Rennes, et, volontaire, il s’engage comme capitaine des gardes-mobiles d’Ille-et-Vilaine à la guerre franco-allemande et à la défense de Paris pendant le siège. Décoré de la Légion d’honneur, il est élu ensuite député de l’Ille-et-Vilaine en 1876. Il siège à gauche et ne tarde pas à devenir un des membres les plus actifs de la majorité. Il entre au gouvernement dans le cabinet Waddington du 4 mars au 27 décembre 1879 comme sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux Cultes. Il conserve son poste dans le premier cabinet Freycinet, le premier ministère Ferry et l’unique gouvernement Gambetta du 29 décembre 1879 au 29 janvier 1882 mais cette fois-ci à la Justice. Un an après la chute de dernier cabinet, il entre dans le second cabinet Ferry comme ministre de la Justice du 21 au 27 février 1883 auquel vient se rajouter le portefeuille des Cultes jusqu’à la chute du cabinet le 5 avril 1885. La colère des républicains s’exerce alors contre la justice jugée trop réactionnaire. Avec l’autorisation du président du Conseil, il prépare la loi du 30 août 1883 qui épure la magistrature : suppression de plusieurs centaines de sièges et de l’inamovilité des juges et possibilité de mise à la retraite d’office des juges assis. Il travaille aussi sur la loi contre les criminels récidivistes en prévoyant une peine perpétuelle s’apparentant aux travaux forcés, et encourage la loi sur le divorce proposée par le député radical Naquet. Il décède le 5 août 1898 à Derval (Loire-Inférieure).
MARTINAUD-DÉPLAT (Léon, Jean), 1899-1969 : Avocat et homme politique. Né à Lyon (Rhône) le 9 août 1899, Martinaud-Déplat est avocat avant de s’intéresser à la politique. Il est élu député de la Seine de 1932 à 1936 et devient secrétaire général du comité exécutif du parti radical socialiste dès 1929. il est choisi par Daladier dans son cabinet comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères du 30 janvier au 8 février 1934. Continuant sa carrière après la Libération, il décèdera à Paris le 5 octobre 1969.
MARTINET (Marcel), 1887-1944 : Syndicaliste. Né à Dijon (Côte d’Or), le 22 août 1887, Marcel Martinet est le fils d’un commis de pharmacie et d’une institutrice. Ancien élève à l’École normale supérieure et poète à ses heures, il renonce à la carrière universitaire. Il gagne sa vie comme rédacteur à l’Hôtel de Ville de Paris et pretique le « refus de parvenir » pour se sentir de « plain-pied avec le peuple » (comme le dit son ami A. Thierry, auteur des Réflexions sur l’éducation qui l’a profondément influencé). Journaliste, romancier et dramaturge, il participe à la revue l’Effort libre de J-R Bloch et y développe le débat de l’art social et révolutionnaire qu’il préfère appeler l’art du peuple ou art prolétarien.Il préconise également l’auto-éducation de la classe ouvrière, les rendez-vous d’ouvriers réunis autour de quelques livres, la culture des bâtisseurs de cathédrales. Mais il dénigre les réunions éducatives où viennent parler des ténors telles quelles se déroulent dans les « tristes universités populaires ».
Martinet collabore bientôt à la Vie ouvrière où il rencontre des syndicalistes comme Monatte, Rosmer et Hasfeld qui deviennent ses amis. Son engagement militant, proche du syndicalisme révolutionnaire, s’affirme : c’est à l’action syndicale qu’il attribue la possibilité d’une auto-émancipation par l’éducation en commun. Il adhère au Parti communiste dès sa fondation en 1924. Il est, depuis 1921, le premier directeur littéraire d l’Humanité. Son activité de critique est celle d’un éveilleur ; ami de M. Pottecher, il soutient ses tentatives pour faire un théâtre du peuple à Bussang, et épaule également l’écrivain H. Poulaille. Insistant sur l’importance du livre dans la culture prolétarienne, il soutient les librairies en particulier la Librairie du travail et la Librairie de l’humanité. Dans les années 1930, il tente de lancer au même moment que Pierre Monatte, une bibliothèque ouvrière, projet de collection sur le mouvement ouvrier.
Son ouvrage, Le Prolétariat et la culture, qui paraît en 1935 est une réédition des articles de 1921 publié dans L’Humanité (qu’il a quitté en 1924). Contraint par son diabète à une demi-retraite depuis 1924, il n’en poursuit pas moins ses activités de militant de la culture jusqu’à sa mort. Il est en effet un des derniers représentants de ces intellectuels proches du mouvement du syndicalisme révlutionnaire qui associe refus de parvenir et résistance à l’égard de la direction du Parti communiste a qui il reproche de confondre action culturelle et propagande. Il décède à Saumur le 18 février 1944.
MAITRON (J) : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Editions ouvrières, 1975.
ORY (Pascal) : La belle illusion. Culture et politique sous le signe du Front populaire 1935-1938, Paris, Plon, 1994.
MARTONNE (Emmanuel de), 1873-1955 : Géographe.
MARTY (Jean, Antoine), 1838-1916 : Bâtonnier et homme politique. Né à Carcassonne (Aude) le 31 janvier 1838, Jean Marty est docteur en droit et bâtonnier de Carcassonne. Vice-président de l’union des gauches à la Chambre en 1885, il est nommé ensuite ministre du Commerce, de l’Industrie et des Colonies à partir du 3 décembre 1893 dans le cabinet Casimir-Perier. Le 20 mars 1894, le portefeuille des Colonies lui est retiré et garde son poste jusqu’au 29 mai 1894. Il décède à Carcassonne le 5 novembre 1916.
MARTY (André), 1886-1956 : Homme politique.
MARUÉJOULS (Pierre, Adolphe, Emile), 1837-1905 : Journaliste et homme politique. Né à Villefranche-de-Rouergue ( Aveyron) le 4 août 1837, Emile Maruéjouls est journaliste au Temps, avant de s’intéresser à la politique. Elu député de l’Aveyron de 1886 à 1908, il est président de la commission du Travail et fournit un important travail parlementaire. Remarqué par Brisson, ce dernier le nomme dans son cabinet ministre du Commerce, de l’Industrie des Postes et des Télégraphes du 28 juin au 31 octobre 1898. Il retrouve le poste des Travaux publics dans le gouvernement Combes du 7 juin 1902 au 23 janvier 1905. Il meurt à Sainte-Croix (Aveyron) le 5 novembre 1916.
MARXISME :
MASSÉ (Louis, Alfred, François, Pierre), 1870-1951 : Avocat, journaliste et homme politique. Né à Pougues-les-Eaux (Nièvre) le 3 juin 1870, Alfred Massé est avocat et journaliste. Rapporteur de a loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905 à la Chambre, il devient ensuite vice-président de la Chambre. Nommé ministre du Commerce et de l’Industrie du 2 mars au 26 juin 1911 dans le cabinet Monis, il retrouve le portefeuille du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes dans le cabinet Barthou du 22 mars au 8 décembre 1913. Elu sénateur de 1920 à 1924, il décèdera à ? le 28 décembre 1951.
MASSÉ (Pierre), 1879-1942 : Avocat et homme politique. Né à Ribérac (Dordogne) le 13 décembre 1879, Pierre Massé est docteur en droit, avocat et officier d’infanterie au débute de la Première Guerre mondiale. Blessé, il retrouve son banc de député à la Chambre. Nommé au gouvernement par Painlevé dans son premier cabinet, il occupe le poste de sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à la Guerre du 12 septembre au 15 novembre 1917. Il met en place tout le système des pensions et, chargé aussi du Contentieux, c’est lui qui signe l’ordre d’exécution de l’espionne Mata-Hari. Il décèdera en déportation à Auschwitz (Pologne) en octobre 1942.
MASSENET (Jules, Emile, Frédéric), 1842-1912 : Compositeur. Un an après Chabrier, à Montaud, près de Saint-Étienne, naissait le vingt et unième enfant d'un officier impérial en demi-solde, Jules-Émile-Frédéric Massenet, qui allait marquer non seulement une date mais une étape décisive dans le développement de notre style lyrique national. Pendant sa longue carrière qui va de 1867 à 1912, cet habile stratège a livré plus de trente batailles théâtrales et les a presques toutes gagnées. Une pareille continuité dans la fortune lui a valu bien des jalousies mais la postérité commence à le juger avec un peu plus de sang-froid. Il vint de très bonne heure à Paris où sa vie fut consacrée tout entière à son art ou, plus exactement, à son absorbant métier. Après de brillants succès au Conservatoire dans les classes de Bazin, de Reber et d'Ambroise Thomas, il obtient le Grand Prix de Rome, et ses « envois » scolaires de la Villa Médicis attestent déjà la maturité de son talent puisqu'on y trouve, à côté d'une Ouverture symphonique fort bien venue et d'un Requiem demeuré inédit, une œuvre aussi complète que sa Marie-Madeleine qui compte parmi les productions les plus significatives de toute sa carrière.
A son retour à Paris il reçoit un bon accueil dans les concerts symphoniques, puis inaugure sa prestigieuse campagne théâtrale avec sa Grand' Tante qui lui ouvre les portes de l'Opéra-Comique. Il a vingt-cinq ans. A partir de ce moment ce travailleur méthodique et acharné va nous donner vingt-trois opéras et opéras-comiques, dix partitions de musique de scène, trois ballets, six drames sacrés, vingt ouvrages symphoniques, deux cents mélodies, une trentaine de duos, trios et choeurs, de la musique religieuse et des pièces de piano. Une pareille production lui a assuré une influence considérable sur le climat musical de son temps : cette influence a été rendue plus décisive encore par son enseignement technique. Massenet, en effet, nommé professeur de composition au Conservatoire, a formé un très grand nombre de disciples qui, tout en conservant leur personnalité, ont tous gardé l'empreinte plus ou' moins nette du génie mélodique de leur maître. Qu'il suffise de nommer parmi eux Gustave Charpentier, Xavier Leroux, Alfred Bruneau, Gabriel Pierné, Reynaldo Hahn, Paul Vidal, Henri Rabaud, Georges Marty, Gustave Doret, Gaston Carraud, Savard, Charles Levadé, André Bloch, Silver et Max d'0lone, et de rappeler tout ce que l' Enfant Prodigue et la Damoiselle Elue de Debussy doivent à ce spécialiste de la « mélodie avouée » pour souligner l'importance des éléments de grâce, de tendresse et de charme affectueux qu'a vulgarisés le style massenétique.
Massenet était un remarquable musicien. Ce n'est évidemment pas dans certaines romances trop complaisantes et dans certaines pâmoisons mélodiques trop faciles qu'on en trouvera la preuve. Mais si l'on étudie ses Suites d'orchestre, ses ballets et certains de ses drames sacrés ou profanes écrits en marge du théâtre, on s'aperçoit vite des dons exceptionnels que possédait ce compositeur dont la seule faiblesse était le désir de plaire et de plaire à n'importe quel prix. Il a développé en l'affadissant et en la rapprochant de la sensibilité populaire la tradition nettement française de Charles Gounod, aussi peut-on valablement, en tenant compte de cette nuance, comparer l'auteur de Faust à Ingres et celui de Manon à Bouguereau.
Il a pourtant subi, très superficiellement, certaines influences étrangères. Attentif à tous les courants de la mode et même du snobisme, et soucieux de prouver sa virtuosité de plume, il fut wagnérien avec Esclarmonde et mascagniste avec la Navarraise, mais ces manifestations d'opportunisme ne modifièrent pas le fond de sa nature qui est tout simplement celle d'un peintre de l'éternel féminin. Quatorze de ses opéras portent des noms de femmes, et lorsqu'il s'écarte un instant du théâtre c'est pour chanter Eve, la Vierge ou Marie-Madeleine. Quel que soit le sujet traité c'est toujours dans un chant d'amour que ce musicien met l'essentiel de sa pensée. Tout le reste n'est là que pour dépayser cette obsédante hantise par le décor et l'atmosphère.
Massenet, qui cherche l'essentiel sous l'accidentel, semble vouloir nous prouver que toutes les amoureuses sont soeurs et parlent le même langage. Dans Don Cesar de Bazan, la belle Maritana nous fait entendre le cri d'amour de l'Espagne que reprendront, dans d'autres ambiances, Dulcinée, Chimène et Anita. Dans le Roi de Lahore nous recueillons, grâce à Sita, les mystérieux sortilèges de l'Inde; dans le Mage, Varedha et Anahita nous apporteront le parfum de la Perse; Thaïs et Cléopâtre, la voix de l'Egypte; Ariane, celle de la Grèce; Grisélidis, celle du moyen âge français; Esclarmonde, celle de Byzance; Hérodiade, celle de la Judée; Fausta, celle de la Rome antique; Man on, celle de notre siècle galant; Thérèse, celle de la Révolution; Charlotte, celle du romantisme allemand; Sapho, celle du Paris moderne, et Cendrillon celle du royaume des fées. A travers le temps et l'espace c'est toujours le même appel sensuel qui retentit dans toutes ces partitions.
Ce cri passionné de Massenet s'est répercuté dans tout le théâtre lyrique depuis trois quarts de siècle. Il a obsédé l'imagination d'un nombre incalculable de compositeurs qui, grâce à lui, ont appris au delà de nos frontières à parler d'amour avec l'accent français. Ce cri a une sincérité charnelle qui ne brille ni par la distinction ni par la pudeur, mais la pudeur et la distinction n’ont-elles jamais été des vertus compatibles avec la farouche violence de Vénus «tout entière à sa proie attachée» ? D'autre part, l'accent profondément humain de ces effusions amoureuses atteint parfois, comme dans Werther par exemple, à un pathétique réel qui trouble notre subconscience, même lorsque notre conscience lui résiste. Massenet a su féminiser le vocabulaire lyrique en lui donnant de la grâce, du charme, de la douceur, de la flexibilité et un abandon voluptueux. Comme l'a noté Alfred Bruneau : «il entreprit de créer un langage de tendresse et il le créa». On a évidemment commercialisé la formule à l'excès et ce sont les imitateurs maladroits de Massenet qui ont fini par nous lasser de ce style érotique standardisé, mais l'inventeur de ces caresses vocales a donné tant de joies aux belles écouteuses de son temps que les historiens doivent saluer avec déférence le règne glorieux de Jules le Bien-Aimé!
MASSIGNON (Louis), 1883-1962 : Orientaliste.
MASSON (André), 1896-1987 :
MATHIEU-BODET (Pierre), 1816-1911 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Saturnin (Charente) le 16 décembre 1816, Pierre Mathieu-Bodet est docteur en droit et avocat à la Cour de cassation. Il siège parmi les conservateurs à l’Assemblée constituante de 1848. Membre de l’Assemblée nationale depuis 1871, il se spécialise dans les questions économiques et entre au gouvernement comme ministre des Finances du 20 juillet 1874 au 9 mars 1875 dans le ministère Cissey. Il souhaite alors faire procéder à une augmentation des impôts et à une révision du cadastre, et adresse dans ce sens un rapport très remarqué au président de la République sur la situation financière de la France. Il décède à Paris le 28 janvier 1911.
MATIGNON (Accords de) : Les accords de Matignon furent signés le 7 juin 1936, à l’issu de la première vague de grandes grèves du printemps. Fin mai, les organisations patronales, d’abord saisies par la force de ce mouvement imprévu, se raidirent devant l’occupation des usines qui constituait à leur yeux une atteinte intolérable au droit de propriété. Cependant, par souci d’éviter des incidents sanglants dont la responsabilité leur aurait été imputée, les patrons n’envisagèrent pas de réclamer aux pouvoirs publics une évacuation de leurs usines par la force. Une initiative de rencontre vint des milieux patronaux, inquiets de na pas trouver en face d’eux des interlocuteurs qualifiés, dans l’état d’anarchie qui se généralise. Ainsi, du 30 mai au 3 juin 1936, une conférence mixte patronat-syndicats ouvriers de tint au ministère du Travail en vue d’élaborer un accord général dans la métallurgie, principal secteur alors en grève. Les conversations ne furent pas infructueuses, mais se trouvèrent dépassées par une vive extension du mouvement gréviste qui, en s’élargissant dès la mardi 2 juin de la région parisienne à la province et en gagnant les industries chimiques et textiles, entrait dans une phase nouvelle.
Dès la nuit du 4 au 5 juin, une délégation de la Confédération générale de la production française (CGPF) s’était rendue auprès de Léon Blum – cette démarche est passée sous silence dans la plupart des ouvrages, qui surévaluent au contraire les contacts téléphoniques qu’avait eus Blum avec Mambert-Ribot, son ancien collègue au Conseil d’Etat, présentement vice-président du Comité des forges. Le 6, le Comité central de la CGPF autorisa ses délégués à engager une négociation au sommet avec les responsables de la CGT sous l’égide du gouvernement. Le dimanche 7 au matin, cette initiative fut transmise par le ministre de l’Intérieur Salengro à la confédération ouvrière, qui l’accepta aussitôt. La négociation s’ouvrit l’après-midi même à quinze heures, à l’hôtel Matignon, sous la présidence de Blum qu’assistaient deux ministres (Salengro et Max Dormoy) ainsi que Jules Moch. La CGPF était représentée par quatre de ses dirigeants, parmi lesquels sont présidents Duchemin et Lambert-Ribot ; la CGT par six de ses responsables dont Jouhaux, Belin et Frachon (respectivement secrétaire général et secrétaires adjoints).
Le président du Conseil annonça que plusieurs questions allaient être réglées par la voie législative : contrats collectifs, congés payés, semaine de quarante heures, mais qu’il restait à fixer les clauses générales des contrats collectifs et à résoudre le problème des salaires ; si les parties adverses ne parvenaient pas à un accord, ajouta-t-il, le gouvernement offrirait un arbitrage. Interrompue à 18h15, la négociation reprit à 23h30 et effectivement Léon Blum dut « arbitrer » entre des positions qui sur l’ampleur de l’augmentation salariale, semblaient incompatibles. A 0h45, les « accords de Matignon » étaient signés.
Le patronat admettait l’établissement immédiats des contrats collectifs de travail garantissant la liberté syndicale, s’engageait à ne prendre aucune sanction pour fait de grève et à revaloriser les salaires dans une proportion allant de 7% pour les plus élevés à 15% pour les plus bas ; l’augmentation globale au sein de chaque établissement ne devant pas dépasser 12%. Les syndicalistes ouvriers reconnaissaient : « l’exercice du droit syndical ne doit pas avoir pour conséquence des actes contraire aux lois » ; ils acceptaient la proposition patronale de faire élire des délégués ouvriers dans tous les établissements de plus de dix salariés – les patrons espéraient, bien à tort, qu’élus par l’ensemble du personnel, ces délégués seraient plus modérés que les syndicalistes - ; ils s’engageaient enfin à demander aux grévistes de reprendre le travail dès que leur patron auraient accepté l’accord général et que seraient entamés les pourparlers relatifs à son application. Tout en émettant des réserves sur les conséquences à prévoir des augmentations salariales, le patronat avait donc du céder devant l’appui décisif que le gouvernement avait apporté à la CGT. Léon Blum par ailleurs avait annoncé oralement – et confirmé par Jouhaux dans une lettre datée du 7 juin minuit – que le gouvernement déposerait le mardi 9 les projets de loi relatifs à la semaine de quarante heures, aux congés payés et aux contrats collectifs.
Le lendemain, toute la presse de gauche salua la « victoire ouvrière » et la « capitulation des patrons ». Dans une intervention radiodiffusée, Jouhaux souligna : « pour la première fois dans l’histoire du monde, toute une classe obtient dans le même temps une amélioration de ses conditions d’existence. » Dans les milieux patronaux, au contraire, les accords de Matignon furent ressentis comme un diktat. Les patrons voyaient s’effondrer leur autorité et contester leur droit de propriété. Un sentiment d’impuissance et d’isolement s’empara d’eux, d’autant que leurs organisations étaient divisées.
Les accords de Matignon ne provoquèrent pas immédiatement la détente attendue, et le mouvement de grève s’élargit à la plus grande partie du monde salarié. Il ne devait refluer que progressivement, à partir du 12 juin, c'est-à-dire au lendemain de l’intervention de Maurice Thorez et après le vote par la Chambre des principaux projets de lois déposés par le gouvernement, vote qui montrait aux travailleurs que les promesses faites à Matignon étaient tenues.
BODIN (L.), TOUCHARD (J.) : Front populaire, 1936, Paris, A. Colin, 1936.
BRUNET (J.-P.) : Histoire du Front populaire (1934-1938), Paris, PUF, 1991.
DANOS (J.), GIBELIN (M.) : Juin 36, Paris, Maspero, 2 vol., 1972.
KOLBOOM (I.) : La Revanche des patrons. Le patronat français au Front populaire, Paris, Flammarion, 1986.
LEFRANC (G.) : Histoire du Front populaire, Paris, Payot, 1974.
LEFRANC (G.) : Juin 1936, Paris, Julliard, coll. « Archives » 1966.
MOCH (.) : Le Front populaire, grande espérance, Paris, Perrin, 1971.
MATISSE (Henri), 1869-1954 : Peintre. Matisse, après un début de carrière comme clerc, découvre le bonheur que lui procurait la pratique de la peinture au cours d'une convalescence pendant laquelle lui fut offerte une boîte de couleurs (il avait alors une vingtaine d'années). Dès son rétablissement, il s'inscrit au cours de dessin de l'école Maurice-Quentin Delatour et réintègre l'étude de Maître Duconseil. À partir de 1890, à la suite d'une convalescence secondaire à une intervention d'appendicite, Matisse abandonne le droit pour se consacrer à sa vocation artistique et, en 1891, il s'installe à Paris, où - après avoir été admis à l'école des Beaux-Arts en 1895 - il fréquente l'atelier de Gustave Moreau. Il y rencontre Georges Rouault, Albert Marquet et a l'occasion de visiter les expositions de Corot et de Cézanne.
En 1896 Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts dont il devient membre associé sur proposition de Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer, sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'australien John Russel qui l'introduit auprès de Rodin et Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressioniste.
En 1898 il épouse Amélie Pareyre dont il aura deux fils. Il passe plusieurs mois à Londres, où il découvre la peinture de Turner. À partir de 1900 Matisse travaille à l'académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle, et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière, où il fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des Indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'Automne (1903). Il expose en 1904 chez Ambroise Vollard.
Au Salon d'Automne de 1905, Matisse - avec Albert Marquet, de Vlaminck, Derain et Van Dongen - provoque un scandale avec des toiles aux couleurs pures et violentes, posées en aplat. Le critique Louis Vauxcelles les appelle les « fauves », terme aussitôt adopté, comme un défi, par le groupe. Cette période marque également la reconnaissance de son travail, lui permettant enfin une relative aisance matérielle. Il voyage par la suite dans de nombreux lieux où il tire son inspiration : Algérie en 1906, puis Italie, Allemagne, Maroc et Russie. Il visite à plusieurs reprises les USA mais aussi Papeete, qui va marquer son œuvre plus tardive. En 1908, Matisse ouvre une académie libre - au couvent des Oiseaux, puis à l'hôtel de Biron - où se pressent les étudiants étrangers. L'académie sera fermée en 1911.
Entre 1908 et 1912 Matisse expose ses œuvres à Moscou, Berlin, Munich et Londres. En 1913 des œuvres de Matisse sont exposées à l'Armory Show à New York, et à la Sécession de Berlin.
Après le début de la Première Guerre mondiale, il s'installe à Collioure. Après avoir passé une partie de l'hiver 1916-1917 à Nice, Matisse décide de rester plus longuement sur la Côte d'Azur, qu'il considère comme un paradis. Igor Stravinsky et Serge Diaghilev lui demandent de dessiner des costumes et des décors pour la représentation du spectacle chorégraphique Le chant du rossignol avec les Ballets russes à Londres en 1919.
En 1925, Matisse est nommé chevalier de la Légion d'honneur. À New York on organise en 1927 une rétrospective Matisse (1890-1926) à la galerie Valentine. Après un séjour aux USA, il revient à Paris pour la mise en place de « La Danse » à Merion, pour la Fondation Barnes en 1933 (achété secondaire par le Musée d'art moderne de la ville de Paris). Il travaille à l'illustration d'Ulysse de James Joyce, aux décors et aux costumes de « Rouge et Noir » pour les Ballets Russes de Monte Carlo (1934-1938).
En 1941, atteint d'un cancer, il est hospitalisé à la clinique du Parc de Lyon. Son infirmière, Monique Bourgeois, devient son modèle. Matisse utilise la technique des gouaches découpés et commence la série Jazz. Il part à Vence, au moment de l'évacuation de Nice. Il se lie d'amitié avec André Rouveyre, dessinateur, avec qui il échange une riche correspondance (plus de 1200 lettres qui ont été publiées secondairement)
Après la libération, on organise en 1945 une grande rétrospective Matisse au Salon d'Automne. Il réalise les cartons de tapisserie Océanie, le Ciel et Océanie, la Mer (1946) et commence à travailler à partir de 1949 au décor de la chapelle du Rosaire à Vence, qui sera consacrée en 1951. En 1952 a eu lieu l'inauguration du musée Matisse au Cateau-Cambrésis, sa ville natale. Il réalise la gouache découpée La Tristesse du roi qui, pour Pierre Schneider, est pourtant « un tableau plus proche même de la peinture classique que Matisse ne l'a jamais été..., son dernier autoportrait..., le portrait d'un vieillard ».
Matisse meurt le 8 novembre 1954, à Nice où il est enterré au cimetière de Cimiez.
MAUJAN (Adolphe, Eugène), 1853-1914 : Homme politique. Né à Pontaneveaux (Saône-et-Loire) le 3 juin 1853, Adolphe Maujan est un ancien élève de Saint-Cyr. Il est capitaine lorsque le général Thibaudin, ministre de la Guerre, en fait son secrétaire en 1883. Il quitte l’armée et crée un journal socialiste. Elu député radical de la Seine, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à l’Intérieur du 20 juillet 1907 au 23 juillet 1909 dans le premier cabinet Clemenceau. Il est alors chargé principalement du budget du ministère et doit remplacer le président du Conseil pour répondre aux interpellations parlementaires les moins importantes. Il décède à Saint-Maur-des-Fossés le 28 janvier 1911.
MAUNOURY (Jacques, Hippolyte, Maurice), 1883-1925 : Avocat et homme politique. Né à Alexandrie (Egypte) le 16 octobre 1863, polytechnicien et docteur en droit, Maurice Maunoury commence par être avocat avant de s’intéresser à la politique. Elu député radical, il s’intéresse de près aux questions maritimes. Nommé ministre des Colonies du 9 au 13 juin 1914 dans le quatrième cabinet Ribot, il se fait amputé de la jambe droite au début du conflit et retrouve son banc au Palais-Bourbon où il est élu président de la commission des Finances. Le 15 janvier 1922, il est appelé par Poincaré dans son second cabinet comme ministre de l’Intérieur, poste qu’il conserve jusqu’au 28 mars 1924. Il règle les affaires concernant les csnadales financiers, ma violence des camelots du roi ou les élections.Partisan de l’impartialité des préfets dans ce domaine, il s’attire les foudres de la majorité. Poincaré tente de la conserver au gouvernement le plus longtemps possible, mais en mars 1924, c’est lui qui est indirectement lié à la chute du gouvernement. Il décède à Paris le 16 mai 1925.
MAUPASSANT (Guy de), 1850-1893 : Ecrivain. né le 5 août 1850, selon son acte de naissance 1, au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques (Seine-Maritime) et décédé le 6 juillet 1893 à Paris.
Les Maupassant étaient une vieille famille venue de Lorraine qui s’était installée en Normandie au milieu du XIXe siècle. Son père, Gustave Maupassant, avait épousé en 1846 Laure le Poittevin, une demoiselle de la bonne bourgeoisie. Avec son frère Alfred, elle avait été l’amie de Gustave Flaubert, le fils d’un chirurgien de Rouen, qui devait exercer une certaine influence sur la vie de son fils. Elle était une femme d’une culture littéraire peu commune, aimant beaucoup les classiques, particulièrement Shakespeare. Séparée de son mari, elle garda ses deux fils, Guy et Hervé, le plus âgé.
Il passe son enfance à Étretat dans la maison "Les Verguies", où, entre mer et campagne, il grandit dans l’amour de la nature et des sports en plein air ; il va pêcher avec les pêcheurs de la côte et parle patois avec les paysans. Il est profondément attaché à sa mère.
Il entre d’abord au petit séminaire à Yvetot, selon le souhait de sa mère, mais réussit à s’en faire expulser. C'est en ces lieux qu'il commence à versifier, à l'âge de treize ans. De sa première éducation catholique il conservera une hostilité marquée envers la religion. Il est alors envoyé au lycée de Rouen, où il se montre bon élève, s’adonnant à la poésie et participant beaucoup aux pièces de théâtre. C'est là qu'il cotoie Louis Bouilhet et surtout Gustave Flaubert.
Il s’enrôle comme volontaire et se bat vaillamment lors de la Guerre franco-prussienne qui éclate peu après son baccalauréat. Après la guerre, il quitte la Normandie en 1871 et vient à Paris où il passe dix ans comme commis au Ministère de la Marine. Pendant ces dix années d’ennui, sa seule distraction sera le canotage sur la Seine le dimanche et pendant les vacances.
Gustave Flaubert le prend sous sa protection et sera pour lui une sorte de mentor littéraire, guidant ses débuts dans le journalisme et la littérature. Chez Flaubert il rencontra le romancier russe Ivan Tourgueniev et Émile Zola, ainsi que de nombreux écrivains appartenant aux écoles naturaliste et réaliste. Il écrit beaucoup de vers et de courtes pièces.
En 1878 il est transféré au Ministère de l’Instruction Publique et commence à fournir des articles à plusieurs journaux importants comme Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et l’Écho de Paris. Il consacre ses loisirs à l’écriture de romans et de nouvelles. En 1879, il publie son premier livre, un fascicule d'une centaine de pages "Histoire du vieux temps". En 1880 il publie son premier chef-d’œuvre, Boule de Suif, qui remporte d’emblée un grand succès, dans le manifeste du naturalisme des Les Soirées de Médan, organisées par Zola en 1880. Flaubert qualifie la nouvelle de « chef-d’œuvre qui restera ».
La décennie de 1880 à 1891 est la période la plus féconde dans la vie de Maupassant. Rendu célèbre par sa première nouvelle, il travaille méthodiquement et produit annuellement deux et parfois quatre volumes. Le sens des affaires joint à son talent lui a apporté la richesse.
En 1881, il publie son premier volume de nouvelles sous le titre de La Maison Tellier, qui atteint en deux ans sa douzième édition ; en 1883, il termine son premier roman, Une vie, dont vingt cinq mille exemplaires sont vendus en moins d’un an. Avec les droits d'auteur de "La Maison Tellier" il se fait construire sa maison "La Guillette" à Etretat.
Dans ses romans, il concentre toutes ses observations dispersées dans ses nouvelles. Son second roman, Bel-Ami, paraît en 1885 et connaît trente-sept tirages en quatre mois. Des ouvrages marquants par le style, la description, la conception et la pénétration s’échappent de sa plume féconde. Il écrit à cette époque l'un de ses chefs-d’œuvre, Pierre et Jean.
Son aversion naturelle pour la société le porte vers la retraite, la solitude et la méditation. Il voyage longuement en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en Sicile, en Auvergne et chaque voyage est pour lui synonyme de volumes nouveaux. Il fait une croisière sur son yacht privé nommé « Bel-Ami » d’après son roman. Cette croisière, où il passe par Cannes, Agay et St Tropez lui inspirera Sur l'eau. Cette vie fiévreuse ne l’empêche pas de nouer des amitiés parmi les célébrités littéraires de son temps : Alexandre Dumas fils lui voue une affection paternelle. Guy tombe également sous le charme de l’historien-philosophe Taine qu’il rencontre à Aix-les-Bains.
Flaubert demeure cependant son parrain littéraire tandis que l'amitié de Maupassant avec les Goncourt est de courte durée ; sa franchise et son regard acéré sur la comédie humaine s'accommodent mal de l’ambiance de commérage, de scandale, de duplicité et de critique envieuse que les deux frères ont créée autour d’eux sous l’apparence d’un salon littéraire à la manière du XVIIIe siècle.
Durant ses dernières années se développe en lui un amour exagéré pour la solitude, un instinct de conservation maladif, une crainte constante de la mort et une certaine paranoïa, peut-être dus à la syphilis qu’il avait contractée pendant ses jeunes années. Le premier janvier 1892, il fait une tentative de suicide en tentant de s'ouvrir la gorge. Il est alors interné à Paris dans la clinique du Dr Émile Blanche où il meurt de paralysie générale, un mois avant son 43e anniversaire, le 6 juillet 1893, après dix-huit mois d'inconscience presque totale. Sur l’acte de décès figure la mention « né à Sotteville, près d’Yvetot » qui ouvrira la porte à une polémique concernant son lieu de naissance.
Regard sur l’œuvre [modifier]
Boule de Suif permet à Maupassant de devenir, à trente ans, un homme célèbre.
Il manie volontiers l’ironie qu’il exerce dans de très nombreux contes et nouvelles naturalistes dont les personnages sont fréquemment des paysans normands ou des petits-bourgeois. Il excelle également dans le récit des aventures amoureuses ou dans le genre fantastique : on retiendra, parmi tant d’autres, la Maison Tellier (1881), les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887).
On retrouve chez Maupassant cette peur de la mort dans plusieurs de ses nouvelles et dans un roman : Fort comme la mort (1889). Maupassant porte également un regard sombre sur la société et sur l'absence de valeurs morales qu'on y rencontre dans tous les milieux. Ses romans, Une vie (1883), Bel-Ami (1885), Pierre et Jean (1888), lui permettent d'approfondir ce regard critique.
Maupassant a aussi écrit quelques textes sous pseudonyme :
- Joseph Prunier, sous la signature de qui il publia, en 1875, son premier conte : « La Main d'écorché ».
- Guy de Valmont, qui signa « Gustave Flaubert », paru en 1876. Il utilisa ce pseudonyme jusqu’en 1878.
- Maufrigneuse, qu’il utilisa de 1881 à 1885.
Romans et nouvelles [modifier]
Par ordre chronologique :
• Le Papa de Simon (1879)
• Boule de Suif (1880) (livre électronique)
• La Maison Tellier (1881) (livre électronique)
• Une partie de campagne (1881)
• Mademoiselle Fifi (1882) (livre électronique)
• Ce cochon de Morin (1882)
• La Légende du Mont Saint Michel (1882)
• La Ficelle (1883)
• Deux Amis (1883)
• Une vie (1883)
• Contes de la bécasse (1883) (livre électronique)
• Au soleil (1884)
• Clair de lune (1883) (livre électronique)
• Les Sœurs Rondoli (1884)
• Yvette (1884)
• La Parure (1884)
• Miss Harriet (1884)
• Adieu ! (1884)
• L'Héritage (1884)
• Monsieur Parent (1885)
• Bel-Ami (1885)
• Contes du jour et de la nuit (1885)
• La Petite Roque (1886)
• Toine (1886)
• Mont-Oriol (1887)
• Le Horla (1887) (livre électronique)
• Sur l'eau (1888) (livre électronique)
• Pierre et Jean (1888) (livre électronique)
• Le Rosier de Madame Husson (1888)
• L'Héritage (1888)
• Le Port (1889)
• Fort comme la mort (1889) (livre électronique)
• La Main gauche (1889) (livre électronique)
• Histoire d'une fille de ferme (1889)
• Mouche (1890)
• La Vie errante (1890)
• Notre cœur (1890)
• L'Inutile Beauté (livre électronique)
• Le Père Millon (1899, posthume)
• Le Colporteur (1900)
• Les Dimanches d'un bourgeois de Paris (1900)
• La Chevelure
Théâtre [modifier]
• Histoire du vieux temps (1879)
• Musotte (1890)
• La paix du ménage (1893)
• Une répétition (1910)
MAUPOIL (Henry), 1891-1971 : Homme politique. Né à Décize-lès-Maranges (Saône-et-Loire) le 11 juillet 1891, Henry Maupoil particpe à la Première Guerre mondiale où il en sort mutilé. Elu député radical, Laval lui propose le portefeuille des Pensions dans son quatrième cabinet du 7 juin 1935 au 23 janvier 1936. Il décèdera à Décize-lès-Maranges le 30 octobre 1971.
MAUMAURER (Maurice), 1910-1944 : Journaliste. D’origine lorraine, Maurice Maurer est, quelques années durant, dans un agence de publicité avec Jean Anouilh. En 1934, il milite au parti français national communiste et écrit dans La Libre Parole.
MAURICE-FAURE (Maurice, Louis, Emile Faure, dit), 1850-1919 : Journaliste et homme politique. Né à Saillans (Drôme) le 7 janvier 1950, Maurice Faure est journaliste républicain puis rédacteur au ministère de l’Intérieur en 1870. Spécialiste des questions pénitentiaires, il est député en 1885 et siège sur les bancs de la gauche radicale. Vice-président de l’Assemblée, il est plusieurs fois rapporteur du budget de l’Instruction publique au début du siècle, avant d’être élu sénateur. Remarqué par Briand, il le fait entrer dans son deuxième cabinet comme ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, poste qu’il occupe du 3 novembre 1910 au 1er mars 1991. Il décède à Saillans (Gironde) le 8 décembre 1919.
MAURIN (Louis, Félix, Thomas), 1869-1956 : Général et homme politique. Né à Cherbourg (Manche) le 5 janvier 1869, Maurin est polytechnicien et officier d’artillerie réputé. Il sera nommé ministre de la Guerre dans trois cabinets : le du 8 novembre 1934 au 31 mai 1935 dans le ministère Flandin, du 1er au 6 juin 1935 dans le ministère Bouisson et du 24 janvier au 4 juin 1936 dansle second cabinet Sarraut. Outre la marche générale de son département, il étudie plus particulièrement la question des ouvriers civilc des armées, du service de santé qu’il réforme, et des nouvelles méthodes de recrutement des conscrits, pour lesquels il institue la loi de deux ans de service. Il prend aussi fermement position contre la constitution d’un corps de blindés, considérant que le ligne Maginot constitue une barrière infranchissable et que la France n’a pas besoin de forces « pour aller, en avant de cette barrière, à je ne sais quelle aventure » ! Une autre attitude lui sera également reprochée : celle d’avoir préférée la négociation plutôt qu’une action militaire au moment de la remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne. Il décèdera à Paris en 1956.
MAUROIS (André), 1885-1967 :
Né à Elbeuf (Seine maritime), le 26 juillet 1885.
Fils d’un industriel de la draperie alsacien, qui avait choisi, en 1871, de transporter son usine à Elbeuf pour rester français, André Maurois fit ses études au lycée de Rouen, où il fut l’élève d’Alain, lequel exerça sur sa formation une influence essentielle. Après avoir obtenu un Prix d’honneur au Concours général, le jeune homme passa sa licence de lettres. S’étant acquitté du service militaire, il prit la direction, pendant une dizaine d’années, de l’entreprise familiale.
Anglophone et angliciste, André Maurois allait servir pendant la Première Guerre mondiale comme officier de liaison auprès de l’armée britannique. De cette expérience, il devait tirer deux romans humoristiques : Les Silences du colonel Bramble (1918), qui le rendirent immédiatement célèbre, et Les Discours du docteur O’Grady (1921).
La guerre finie, André Maurois devait se consacrer pleinement à la littérature et produire une œuvre étonnamment nombreuse où les romans, dans la veine psychologique et morale : Bernard Quesnay (1926), Climats (1928), Le Cercle de famille (1932), L’Instinct du bonheur (1934), Terre promise (1946), Les Roses de septembre (1956), etc., voisinent avec des contes et nouvelles : Meïpe ou la Délivrance (1926), Voyage au pays des Articoles (1928), Le Pays des trente-six mille volontés (1928), Le Peseur d’âmes (1931), La Machine à lire les pensées (1937), Toujours l’inattendu arrive (1943), Les mondes impossibles (1948), Pour piano seul (1960), mais également avec de nombreux essais : Dialogues sur le commandement (1924), Études anglaises (1927), Sentiments et coutumes (1934), Un art de vivre (1939), Sept visages de l’amour (1946), Destins exemplaires (1952), Lecture, mon doux plaisir (1957), La Conversation (1964), Au commencement était l’action (1966), etc.
Enfin, à côté de livres consacrés à l’histoire : Histoire de l’Angleterre (1937), Histoire des États-Unis (1943), Histoire de France (1947), on doit surtout à André Maurois de nombreuses biographies, genre dont l’écrivain fut le maître incontesté. On ne saurait oublier : Ariel ou la vie de Shelley (1923), La Vie de Disraëli (1927), Byron (1930), Lyautey (1931), Tourgueniev (1931), Voltaire (1935), Édouard VII et son temps (1937), René ou la Vie de Chateaubriand (1938), À la recherche de Marcel Proust (1949), Lélia ou la Vie de George Sand (1952), Olympio ou la Vie de Victor Hugo (1954), Les Trois Dumas (1957), Robert et Elizabeth Browning (1957), La Vie de sir Alexander Fleming (1959), Adrienne ou la Vie de Madame de La Fayette (1961), Prométhée ou la Vie de Balzac (1965).
Après son échec au fauteuil Bainville contre Joseph de Pesquidoux, André Maurois fut élu à l’Académie française le 23 juin 1938, par 19 voix au second tour, contre 13 à René Pinon et 3 à Paul Hazard, en remplacement de René Doumic. Il n’était, en trois cent quatre ans, que le dixième titulaire de ce fauteuil, le XXVIe, qu’on appelait celui de la longévité. Il décèdera le 9 octobre 1967.
MAURRAS (Charles), 1868-1952 : Ecrivain et homme politique. Né à Martigues (Bouches-du-Rhône), le 20 avril 1868. Issu d’une vieille famille provençale, atteint de surdité dès l’enfance, Charles Maurras grandit dans un milieu traditionaliste et fit ses études au collège catholique d’Aix-en-Provence. Venu adolescent à Paris, il se voua à l’étude des humanités gréco-latines ; à dix-sept ans il publiait son premier article dans les Annales de philosophie chrétienne. Il devait collaborer par la suite à différents journaux et revues : L’Événement, La Revue bleue, La Gazette de France, La Revue encyclopédique. Il s’y faisait le chantre d’une conception classique de la « véritable » pensée française, contre les excès irrationnels du romantisme, qu’il considérait comme une forme de décadence.
Marquée par le même traditionalisme, sa pensée politique en fit le défenseur d’un patriotisme, que Maurras qualifiait lui-même de « nationalisme intégral » et qui repose sur la condamnation sans appel des erreurs commises depuis la Révolution, le rejet de tous les principes démocratiques, jugés contraires à l’inégalité naturelle, le retour enfin à une monarchie héréditaire.
Son militantisme devait conduire Charles Maurras à créer le groupe des néo-monarchistes et à fonder, en 1899, la revue de L’Action française. Militant en faveur du catholicisme comme principe d’ordre social, mais agnostique par convictions personnelles, Maurras allait s’attirer les foudres de l’Église, qui condamna L’Action française en 1926 et mit à l’index plusieurs des livres de l’écrivain, dans une œuvre qui comporte de nombreux titres : Le Chemin de Paradis (1895), Trois idées politiques (1898), Enquête sur la monarchie (1900-1909), Anthinéa (1901), Les Amants de Venise : George Sand et Musset (1902), L’Avenir de l’intelligence (1905), Le Dilemme de Marc Sangnier (1906), Kiel et Tanger (1910), La Politique religieuse (1912), Romantisme et Révolution (1922), Le Mystère d’Ulysse (1923), La Musique intérieure (1925), Barbarie et Poésie (1925), Un débat sur le romantisme (1928), Au signe de Flore (1931), L’Amitié de Platon (1936), La Dentelle du rempart (1937), Mes idées politiques (1937), Quatre poèmes d’Eurydice (1938), Louis XIV ou l’Homme-Roi (1939), La Sagesse de Mistral (1941), La Seule France. Chronique des jours d’épreuve (1941), De la colère à la justice (1942), etc.
Il eut une grande influence sur une partie de la jeunesse, celle qui se groupa dans le mouvement des Camelots du roi.
Charles Maurras, qui avait dénoncé dès après la Première Guerre mondiale l’insuffisance du traité de Versailles et condamné, par antigermanisme, la politique de rapprochement avec l’Allemagne menée par Briand, devait cependant, par crainte de la menace communiste, approuver les accords de Munich et se faire le défenseur, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, des thèses pacifistes. En 1940, il saluait comme une « divine surprise » l’arrivée du maréchal Pétain au pouvoir. Pendant l’Occupation, il se fit, avec toute sa vigueur polémique, l’apologiste du gouvernement de Vichy et l’inspirateur de la politique de Collaboration.
Condamné en 1945 par la haute cour de justice de Lyon à la réclusion à perpétuité et à la dégradation nationale, il fut interné à Riom, puis à Clairvaux. En 1952, sa santé déclinante le fit admettre à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours, où il devait s’éteindre.
Charles Maurras, après un premier échec contre Jonnart en 1924, avait été élu à l’Académie française le 9 juin 1938. Il meurt le 16 novembre 1952
février 1950) est souvent considéré comme le « père de l'ethnologie française ».
Sommaire
[masquer]
1 Biographie
2 Travaux
3 Bibliographie
3.1 Recueils présentés d'article
3.2 Études sur Marcel Mauss
3.3 Autres
4 Liens internes
5 Liens externes
Biographie [modifier]
Marcel Mauss fut neveu et élève de Durkheim, il est surtout connu pour un certain nombre de grandes théories dont fait partie celle du don et du contre don. Parmi les autres nous pouvons citer la notion de fait social total et ses célèbres études sur les techniques du corps, la religion ou la magie (plus proche selon lui des mécanismes de la science que de la religion). Il est également considéré comme l'un des pères de l'anthropologie.
On dit de Mauss qu'il n'est jamais allé sur le terrain et ne s'appuie que sur des observations d'autres personnes. On trouve pourtant dans ses ouvrages un certains nombres d'observations directes comme dans « les techniques du corps » où il parle de ce qu'il a pu voir lorsqu'il était dans l'armée ou bien dans ce texte même où il cite des exemples de son enfance en Touraine. En outre, il a beaucoup incité ses élèves à se rendre sur place pour les observations.
Son parcours professionnel commence par une agrégation de philosophie en 1895. Il se tourne vite ensuite vers la sociologie religieuse et étudie à L'Ecole pratique des hautes études où il deviendra, 5 ans plus tard, responsable de l'enseignement de «l'histoire des religions des peuples non civilisés ».
En 1901 il rejoint l'équipe de L'Année Sociologique, revue biennale créée par son oncle Emile Durkheim. Celui-ci décédera en 1917 et Mauss se verra échoir du travail de publication posthume de son oncle. Enfin en 1925, il fonde, avec Lévy-Bruhl et Paul Rivet l'institut d'ethnologie à Paris.
Pendant tout ce temps, Mauss fut un militant socialiste toujours fidèle à ses convictions aussi et surtout dans ses travaux.
Travaux [modifier]
Neveu et disciple de Durkheim, Mauss participe à l'équipe durkheimienne, réunie autour de la revue L'Année sociologique, mais il garde une certaine indépendance. Il crée en 1925 l’Institut d'Ethnologie. Marcel Mauss fonde avec Jean Jaurès le journal L'Humanité (avant qu'il ne passe entre les mains des communistes) et prend passionnément position pour Dreyfus. Pacifiste convaincu, il publie un grand nombre d'articles dans différentes revues, dont L'Année Sociologique. De ses rares monographies, on retient surtout L’Essai sur le don.
Mauss ne fait que peu d'études de terrain (à l'inverse de Malinowski, par exemple), mais il a cependant le souci de saisir les réalités dans leur totalité : il élabore en ce sens le concept de « fait social total ». Selon lui, un fait social comporte toujours des dimensions économiques, religieuses ou juridiques et ne peut être réduit à un seul de ces aspects. Mauss choisit également d'appréhender l'être humain dans sa réalité concrète, sous le triple point de vue physiologique, psychologique et sociologique.
Il s'intéresse à la signification sociale du don dans les sociétés tribales, ainsi qu'au phénomène religieux : la magie est considérée comme un phénomène social qui peut notamment s'expliquer par la notion de mana.
Tout en créant du lien social, le don est agoniste (il « oblige » celui qui reçoit, qui ne peut se libérer que par un « contre-don »). Pour Mauss, le don est essentiel dans la société humaine et comporte 3 phases: 1) l'obligation de donner 2) l'obligation de recevoir 3) l'obligation de rendre.
Marcel Fournier, Marcel Mauss, Fayard, 1994 - biographie avec une bibliographie exhaustive
Bruno Karsenti, L'Homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss, PUF, 1997.
Bruno Karsenti, « L'amitié se donne-t-elle ? », in Sophie Jankélévitch et Bertrand Ogilvie (dir.), L'Amitié, Autrement, 2003.
Camille Tarot, Sociologie et anthropologie de Marcel Mauss, collection Repères, La Découverte, 2003.
Camille Tarot, De Durkheim à Mauss, l'invention du symbolique, collection recherches, Bibliothèque du MAUSS, MAUSS/La Découverte, 1999.
(de) Stephan Moebius, Marcel Mauss, Konstanz: UVK, 2006 (ISBN 3-89669-546-0)
(de) Stephan Moebius/Christian Papilloud (Ed.), Gift – Marcel Mauss' Kulturtheorie der Gabe, Wiesbaden: VS, 2006 (ISBN 3-531-14731-5)
Présences de Marcel Mauss, numéro spécial de la revue Sociologie et sociétés (lire en ligne).
Sylvain Dzimira, Marcel Mauss, savant et politique, La Découverte, 2007 (lire en ligne la préface de Marcel Fournier, le sommaire et l'intro).
MAUSSABRE (Robert, comte de), 1864- ? : Homme politique. Élu député de droite de Parthenay (Deux-Sèvres) en 1898, il fait partie du groupe parlementaire antisémite présidé par Édouard Drumond. Il siége au Palais-Bourbon jusu’en 1906.
MAYOL (Félix), 1872-1941 : Chanteur. Né à Toulon le 18 novembre 1872, après des débuts modestes à Marseille et dans sa ville natale, il est engagé à Paris, au Concert parisien en 1895. Rapidement, c'est un triomphe. La houppe invraisemblable dont il se coiffe devient si célèbre qu'elle inspire de nombreux imitateurs. Interprète d'un bon demi-millier de chansons, il enchante la France entière et les pays francophones avec des titres comme À la cabane bambou (1899), Viens Poupoule (1902), La Matchiche (1906), et bien d'autres. Sa renommée passe si bien les frontières que Charlie Chaplin vient l'écouter.
Son cachet atteint avant-guerre la somme mirifique de mille francs or en 1910, ce qui lui permet de racheter le Concert parisien qui prend désormais son nom. D'une générosité légendaire, il lance à son tour les jeunes artistes parmi lesquels Valentin Sardou, Maurice Chevalier et Raimu.
Sa générosité ne s'arrêtera pas là et s'étendra jusqu'à sa ville, Toulon, et à son club de rugby (le Rugby Club Toulonnais) à qui il finance la construction d’un stade. Il décèdera à Toulon le 1er novembre 1941.
MAZÉ (Pierre), 1893-1946 : Docteur et homme politique. Né à Sizun (Finistère) le 9 janvier 1893, Pierre Mazé est docteur en médecine. Il est nommé sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics du 24 janvier au 4 juin 1936 dans le second cabinet Sarraut. Il décèdera à Sizun le 14 avril 1946.
MAZEAU (Charles, Jean, Jacques) : 1825-1905 : Homme politique. Né à Dijon (Côte-d’Or) le 1er septembre 1825, Charles Mazeau est élu ministre de la Justice du 30 mai au 30 novembre 1887 dans le premier cabinet Rouvier. Il démissionne suite à la découverte du traffic de la Légion d’honneur organisé par Wilson, le gendre du président de la République. Il décède à Paris le 8 février 1905.
MEAUX (Marie, Camille, Alfred, vicomte de), 1830-1907 : Homme politique. Né à Montbrison (Loire) le 18 septembre 1830, le vicomte de Meaux est sénateur royaliste, fraîchement converti au régime républicain. Il est nommé ministre de l’Agriculture et du Commerce du 10 mars 1875 au 9 mars 1876 dans le ministère Buffet et le troisième ministère Dufaure et du 17 mai au 22 novembre 1877 ans le troisième gouvernement de Broglie. Il recommande alors à tous ses agents de soutenir les candidats du pouvoir aux élections législatives de 1877. Il décède à Ecotay-l’Olme (Loire) le 4 novembre 1907.
MÉDECINE ET TRAVAIL : Association fondée en 1935 et disparue pendant la guerre, groupant des médecins de tendance marxiste. Le docteur Chabat la présidait.
MEILHAC (Henri), 1831-1897 : Auteur dramatique.
MEILLET (Antoine), 1866-1936 : Linguiste.
MÉLIÈS (Georges), 1861-1936 : Cinéaste et illusionniste.
MÉLINE (Jules), 1838-1925 : Avocat et homme politique. Né à Remiremont (Vosges) le 20 mai 1838, Jules Méline est d’abord avocat républicain sous l’Empire puis adjoint au maire du Ier arrondissement de Paris après le 4 septembre 1870. Il affiche d’emblée sa modération en refusant de participer à la Commune. Député des Vosges en 1872, réélu jusqu’en 1893, il sespécialise à la Chambre dans les questions agricoles. Soutien Thiers, il entre au gouvernement en 1876 comme sous-secrétaire d’Etat à la Justice et aux Cultes dans le cabinet Simon du 21 décembre 1876 au 16 mai 1877, avant de s’opposer a Mac-Mahon en 1877. Par son mariage, il est lié aux filateurs de l’Est et, plus particulièrement, au patronat vosgien, ce qui lui donne une connaissance d’homme de terrain à partir de laquelle il fonde ses idées économiques. Méline estime que les aspirations au protectionnisme ne pourront être satisfaites que si des aventages identiques sont consentis au monde agricole, encore prédominant. Dès le début des années 1880, il apparaît comme le spécialiste reconnu du monde rural. Deuxième détenteur du portefeuille de l’Agriculture (le ministère date de 1881) dans le gouvernement Ferry du 21 février 1883 au 5 avril 1885, Méline est le créateur des écoles pratiques d’agriculture, des professeurs départementaux d’agriculture et surtout des caisses locales de crédit agricole. Il développe aussi une politique protectionniste et fait voter les premiers tarifs douaniers protecteurs, instituant des droits sur les sucres, le blé et les bestiaux étrangers. Méline devient ensuite rapporteur général puis président président de la commission générale des douanes. Il affirme alors son protectionnisme « enraciné dans la démocratie qui cultive la vigne et le blé », aux antipodes du libre-échangisme. Il élabore puis fait voter le 11 janvier 1892, le double tarif douanier auquel on accole souvent le nom de « tarifs Méline », fixant les conditions applicables aux droits sur les marchandises importées. Dorénavant, le système tarifaire douanier français se distribuerait sur deux plans. Le premier niveau, le plus élevé et appelé tarif général, serait appliqué de manière automatique à compter du 1er février 1892 à tous les Etats. Par la suite, les gouvernements français pourraient signer les accords avec certains d’entre eux afin de leur accorder le second niveau, appelé tarif minimum. Il est précisé qu’au dessus de ce tarif minimum aucun traité de commerce ne pourra être signé par la France. Lockroy, défavorables à de telles mesures, qualifie alors Méline de « Torquemada de la betterave ». En fait, Méline traduit en actes les aspirations profondes d’une partie du pays qui répugne encore la concurrence, préférant compter avec le développement colonial pour parfaire son économie.
Devenu président de l’Assemblée, il refuse le 26 novembre 1893 de former un gouvernement en remplacement de Dupuy mais, le 29 avril 1896, le président de la République Félix Faure lui confie alors la direction gouvernementale. Par la personnalité de son chef, par son exceptionnelle stabilité (deux ans et deux mois), par l’importance du travail qui y fut accompli, la présidence du Conseil de Méline est l’une des plus importantes des années 1870-1914. Elle est emblématique d’un retour à ma modération et à la stabilité qui caractérise le régime au sortir du boulangisme et de Panama, avant qu’il entre dans une nouvelle phase de crise avec l’affaire Dreyfus. Aux yeux du président, Méline semble l’homme de la situation car il incarne à la fois le conservatisme sur le plan social, la tendance opportuniste sur l’échiquier politique, le progressisme dans les idées et la modération dans la pratique.
Le cabinet composé le 29 avril est de tonalité modérée. Le président du Conseil est, pour la première fois sous la IIIème République, également ministre de l’Agriculture. S’entourant de républicains modérés, Méline prône une réforme fiscale sans mesures inquisitoriales ou arbitraires. Il se déclare aussi favorable à une politique d’apaisement religieux, ce qui lui vaut le soutient de la majeure partie de la drote grâce auquel il trouve la majorité étroite mais stable qui va lui permettre de gouverner le pays pendant vingt-six mois. Cette entente tacite entre le président du Conseil et la droite est inédite dans l’histoire de la IIIème République. En ce sens, Méline est bien l’homme d’une synthèse et d’un renouement. Mais cette main tendue lui attire des animitiés au sein d’une gauche qui continue d’assimiler le catholicisme à la contre-révolution. La fréquence des attaques et des interpellations dont le cabinet fait l’objet contribue à affirmer la cohésion de l’équipe au pouvoir, phénomène alors inhabituel : un régime parlementaire vivant avec régularité autour d’une véritable majorité contre une opposition structurée.
Pendant la législature, la majorité de Méline ne cesse de s’élargir. Au cours de l’année 1897, certains parlementaires qui avaient choisi de s’abstenir le jour de l’adresse inaugurale se rallient au gouvernement. La même année, les élections sénatoriales viennent encore renforcer cette majorité. Et Méline, dans tout le pays, peut toujours s’appuyer sur le monde rural, encore majoritaire, et spécifiquement sur les associations agricoles, le patronat, les entrepreneurs, les milieux d’affaires et la petite bourgeoisie.
La stabilité exceptionnelle dont il bénéficie lui permet de réaliser une œuvre importante. Méline, tout conservateur qu’il est au plan social, n’en a pas moins compris l’inéluctabilité de certaines réformes. Mais, dans leur réalisation, il est ralenti par le souci quotidien de ménager l’aile droite de sa majorité. Ainsi, il ne peut imposer la réforme fiscale dont il était un ardent partisan.
Convaincu que la terre est à la base de la richesse du pays, Méline n’oublie jamais qu’il est aussi (et peut-être surtout) ministre de l’Agriculture. Ainsi, il complète le système de protectionnisme agricole déjà existant. En avril 1897, Méline fait voter une nouvelle loi, dite « du cadenas », autorisant le gouvernement à augmenter, en cas de besoin, les tarifs sur certaines denrées (céréales, vin, viande).
Le bilan du protectionnisme agricole donne encore lieu à un débat passionné. Incontestablement, l’instauration d’une échelle mobile de tarifs contribue largement à sécuriser le monde rural et à protéger le marché intérieur. D’un autre côté, on peut peut-être regretter que le régime douanier protectionniste ait été appliqué à un moment où la conjoncture économique de hausse des prix et de prospérité exigeait l’ouverture aux échanges mondiaux. Aux yeux de Méline, le protectionnisme économique ne prend son sens que s’il est accompagné d’une politique efficace et graduelle de modernisation passant par l’essor de l’enseignement et des crédits agricoles.
Sur le plan de la politique religieuse, l’heure est à l’apaisement et au sujet de l’anticléricalisme officiel que Méline dénonce comme « une tactique des radicaux pour tromper la faim des électeurs ». Si les catholiques ralliés ne bénéficient d’aucune modification essentielle de la législation laïque sur l’enseignement, dans la pratique le gouvernement ferme les yeux sur la reconstitution des congrégations et ralentit à la laïcisation des écoles des filles. Méline creuse ainsi dans le sillon réconciliateur tracé par Charles-Dupuy puis par Casimir-Perier. En cela, son ministère est bien celui de « l’esprit nouveau ».
L’œuvre sociale de Méline, pour novatrice qu’elle soit, demeure méconnue. En avril 1898, deux lois sont adoptées. La première spécifie qu’en cas d’accident du travail survenu à un salarié d’une entreprise industrielle ou de transport, la responsabilité pécuniaire de l’employeur est engagée, même si aucune faute ne lui incombe. La seconde règlement les sociétés de secours mutuel et leur accorde des subventions.
En politique extérieure, Méline soutient le rapprochement avec l’Empire des tsars et l’expansionnisme colonial. Il organise en 1896 le voyage du président Félix Faure en Russie au cours duquel l’alliance franco-russe est officiellement proclamée. L’Empire s’étend grâce à l’annexion de Madagascar dont Gallieni devient le gouverneur général. D’autre part, Méline appuie la mission Marchand au Soudan, ce qui a pour effet de brouiller la France avec l’Angleterre. Par un ntraité du 28 septembre 1896, l’Italie reconnaît le protectorat français sur la Tunisie. En Chine, le président du Conseil obtient la consession d’un chemin de fer.
Reste le dossier de la politique judiciaire. Une loi modifie le code d’instruction criminelle dans un sens favorable aux intérêts de la défense. Afin de liquider le scandale politico-financier de Panama, Méline fait reprendre les poursuites contre les députés corrompus. Mais, à la fin 1897, l’attention de l’opinion française se tourne en direction d’un autre procès, celui de Dreyfus, qui va empoisonner la fin de son gouvernement. Une agitation considérable en faveur de la révision du procès secoue le pays et commence à remuer le le monde parlementaire. Le cabinet se rattache derrière l’autorité de la « chose jugée ». Ainsi, Méline oppose une fin de non-recevoir à Sheurer-Kestner, vice-président du Sénat, qui est venu, preuves à l’appui, tenter de persuader de l’innocence du capitaine en novembre 1897. Et ce alors que plusieurs ministres sont intimement convaincus de l’innocence de Dreyfus. Alors que les premiers indices de la non-culpabilité sont relevés, le ministère interpellé à plusieurs reprises, continue à s’opposer à toute révision du procès. Le 7 décembre 1897, va jusqu’à déclarer : « il n’y a pas d’affaire Dreyfus » ; il fait poursuivre Zola à la suite de son « J’accuse » paru dans L’Aurore le 13 janvier 1898. C’est dans ce climat délétère que se déroulent les élections législatives de mai 1898. Méline prononce le 17 avril à Remiremont le fameux discours dont le thème majeur – « ni réaction, ni révolution » - synthétise la philosophie politique de son gouvernement. Une semaine plus tard, Barthou décale sensiblement vers la gauche l’axe de la campagne en donnant comme instruction aux préfets de soutenir les candidatures des républicains modérés, y compris contre les conservateurs ayant soutenu le gouvernement.
A l’arrivée la nouvelle chambre ne semble pas différer de l’ancienne. En réalité, elle penche plus à gauche que sa devancière, même si le modéré Deschanel l’emporte sur le radical Brisson pour l’élection à la présidence de la Chambre. Les 13 et 14 juin, les interpellations reprennent à propos de la politique générale du gouvernement.
Au nom des modérés, Ribot dépose un ordre du jour « approuvant les déclarations du gouvernement » qui est adopté à une courte majorité. Mais Ricard, au nom des radicaux, fait accepter un additif prônant une politique « appuyée sur une majorité exclusivement républicaine » , qui, excluant les ralliés, marque un désaveu de la politique menée par le cabinet. Même si la question de confiance n’a pas été posée, Méline remet sa démission. Ainsi s’achève l’un des plus longs ministères de la IIIème République.
Candidat malheureux à la succession de Félix Faure contre Loubet, « Méline-pain-cher », comme le surnomme ses ennemis, devient sénateur des Vosges en 1903. On lui doit en 1905 la formule destinée à faire florès du « retour à la terre », titre d’un des ses nombreux ouvrages. Il rejoint l’Union sacrée comme ministre de l’Agriculture du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916, dans le cinquième cabinet Briand. C’est enfin à lui que la France dot la création au sein du Sénat d’une commission générale de l’agriculture (1920) qu’il préside jusqu’à sa mort survenue à Paris le 21 décembre 1925. Très longtemps le nom de Méline est resté entouré d’une espèce de vénération dans le monde rural français.
BARRAL (P) : Les Agrariens français de Méline à Pisani, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1968
DUBY (G) et WALLON (A) : Histoire de la France rurale, tome 3, Apogée et crise de la civilisation paysanne, 1789-1914, Paris, Le Seuil, 1976.
LA CHAPELLE (G.) : Le Ministère Méline, Deux années de politique intérieure et extérieure. 1896-1898, Paris, Imprimerie spéciale des Editions d’Art, 1928.
Catulle Mendès
Catulle Mendès (22 mai 1841, Bordeaux - 7 février 1909, Saint-Germain-en-Laye) est un écrivain et poète français.
Après une enfance et une adolescence à Toulouse, Mendès arrive à Paris en 1859 et devient rapidement un des protégés de Théophile Gautier. Il se fait connaître dès 1860 en fondant La Revue Fantaisiste à laquelle collabore notamment Villiers de L'Isle-Adam. Il publie en 1863 son premier recueil de poèmes, Philoméla. À la suite d'un voyage en Allemagne qui le laisse ébloui, Catulle Mendès se range avec ardeur dans le camp des défenseurs du compositeur Richard Wagner.
Catulle Mendès rejoint ensuite le groupe d'écrivains qui se réunit chez Leconte de Lisle : François Coppée, Léon Dierx et José-Maria de Heredia ou Théodore de Banville notamment sont des habitués. Le Parnasse est né, dont Mendès se fera l'historien en publiant plus tard La Légende du Parnasse contemporain. Il participe activement à ce titre à la revue collective Le Parnasse contemporain.
Les filles de Catulle Mendès, Auguste Renoir
Catulle Mendès épouse Judith Gautier, fille de Théophile Gautier, en 1866. Le couple ne durera pas. Vers 1869, Catulle Mendès se met en ménage avec la compositrice Augusta Holmès. Le couple aura cinq enfants avant de se séparer en 1886, trois d'entre ses filles sont d'ailleurs le sujet du fameux tableau d'Auguste Renoir, les filles de Catulle Mendès, actuellement possession du Metropolitan Museum of Art de New York. Mendès se mariera ensuite avec la poétesse Jeanne Nette, qui sera sa dernière compagne.
Le corps sans vie de Catulle Mendès est découvert le 7 février 1909 dans le tunnel de chemin de fer de Saint-Germain-en-Laye : on a supposé qu'il avait ouvert la porte de son wagon en se croyant rendu à destination.
L'œuvre de Catulle Mendès, très abondante, est généralement tombée dans l'oubli aujourd'hui. Il est considéré comme le représentant d'un esthétisme fin de siècle, utilisant, non sans préciosité, un vocabulaire recherché et brillant. Les critiques de l'époque lui reprochaient déjà une certaine superficialité et une manière assez visible de suivre la mode du jour. Sa poésie, au parfum décadent, était très appréciée de Verlaine. Il est également l'auteur de courts récits érotiques.
C'est Catulle Mendès qui présenta l'occultiste Eliphas Lévi à Victor Hugo.
Œuvres (extraits) [modifier]
Poésies [modifier]
• Philoméla (1863) ;
• Hespérus (1872) ;
• Contes épiques (1872) ;
• Poésies (1892) ;
• Poésies nouvelles (1893).
Théâtre et livrets d'opéras [modifier]
• La Part du roi (1872) ;
• Les Frères d'armes (1873) ;
• Justice (1877) ;
• Les Mères ennemies (1882)
• Le Capitaine Fracasse (1878) ;
• Gwendoline (1886), livret pour l'opéra de Chabrier ;
• La Femme de Tabarin (1887);
• Isoline (1888), livret pour l'opéra d'André Messager ;
• Médée (1898) ;
• La Reine Fiammette (1898) ;
• Le Fils de l'étoile (1904) ;
• Scarron (1905) ;
• Ariane (1906) livret pour l'opéra de Massenet ;
• Glatigny (1906).
Œuvres critiques [modifier]
• La Légende du Parnasse contemporain (1884) ;
• Richard Wagner (1886) ;
• L'Œuvre wagnérienne en France ;
• Rapport sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900 (1902).
Romans [modifier]
• Incendies (2006) (Recueil de Nouvelles) (Stalker éditeur)
• La Vie et la mort d'un clown (1879) ;
• Les Mères ennemies (1880) ;
• Le Roi vierge (1881) ;
• Zo'Har (1886) ;
• L'Homme tout nu (1887) ;
• La Première maîtresse (1894) ;
• Gog (1896).
MENDÈS-FRANCE (Pierre, Isaac, Isidore), 1907-1982 : Avocat et homme politique. Né à Paris le 11 janvier 1907, Pierre Mendès-France est diplômé de l’ école libre des sciences politique et docteur en droit. Plus jeune avocat de France, il est également le plus jeune député quand il se fait élire en 1932 dans l’Eure. Spécialiste des questions financières à la Chambre, il entre au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et au Trésor dans le second cabinet Blum du 13 mars au 9 avril 1938. Il soutient la demande d’avance de cinq milliards à la Banque de France et le transfert de trois milliards qui seraient retirés du fonds d’égalisation des changes. Mobilisé, il rejoint bientôt Londres où il sert comme aviateur. Continuant sa carrière politique après la Libération, il décèdera à Paris le 18 octobre 1982.
MÉNY (Jules, Adolphe) : Colonel et homme politique. Né à paris le 17 septembre 1890, Mény est polytechnicien et devient pilote militaire en 1915. Directeur technique et industriel au ministère de l’Air, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à l’Air, chargé des Fabrications de guerre dans le cabinet Reynaud du 21 mars au 16 juin 1940. Il augment considérablement la production d’appareils militaires, afin d’obtenir 1.600 appareils supplémentaires chaque mois. Au début du conflit, l’industrie aéronautique française obtient aussi un taux de croissance supérieur à celui des autres puissances en guerre. Il décèdera en 1945.
MERCIER (Auguste), 1833-1921 : Général et homme politique. Né à Arras (Pas-de-Calais) le 8 décembre 1833, Auguste Mercier est polytechnicien, officier d’artillerie, catholique et républicain. Directeur des services administratifs auprès du ministre de la Guerre Charles de Freycinet en 1888, Casimir-Périer lui propose le poste ministre de la Guerre dans son cabinet à partir du 3 décembre 1893. Il conserve ce poste dans les deux cabinets suivants de Dupuy jusqu’au 24 janvier 1895. Il lutte contre les fraudes de l’administration militaire et oblige le député Mirman à accomplir son service militaire. Il prend aussi l’initiative d’un retour anticipé d’une partie du contingent. Face à la rébellion antifrançaise, il fait voter le budget de l’expédition militaire de Madagascar qu’il prépare et dirige. C’est sous son ministère que naît l’affaire Dreyfus. Alors que la capitaine vient d’être condamné, les premiers doutes de sa culpabilité apparaissent. Mis en accusation, le général Mercier se déclare certain de la culpabilité du prisonnier, mais finit par avouer avoir fait parvenir des pièces très importantes aux memebres du conseil de guerre, sans que la défense en ait eu connaisance. Il meurt à Paris le 3 mars 1921.
MERCIER (Ernest), 1878-1955 :
MERLOU (Pierre), 1849-1909 : Docteur et homme politique. Né à Denguin (Basses-Pyrénées) le 18 février 1849, Pierre Merlou, docteur en médecine devient député radical socialiste. Il est nommé par Rouvier par Rouvier dans son second cabinet comme sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Finances du 25 janvier au 17 juin 1905. Il devient ministre des Finances du 17 juin au 13 mars 1905 dans le même cabinet et le troisième ministère Rouvier. Il décède au Vésinet le 23 novembre 1909.
MERMOZ (Jean), 1901-1936 :
Fils de Charles Léon Jules Mermoz et de Gabrielle Gillet, Jean Mermoz naît à Aubenton (Aisne) le 9 décembre 1901. A dix-huit ans, il échoue à l’oral du baccalauréat. Le 26 juin 1920, il s’engage pour quatre ans dans l’Armée et choisit l’Aviation. Après quatre mois de classes au Bourget, l’élève-pilote Mermoz est envoyé à Istres, où il obtient, après deux essais infructueux, son brevet de pilote militaire le 29 janvier 1921. Affecté dans un premier temps à la 7e escadrille du 11e régiment de bombardement, à Metz-Frescaty, le caporal Mermoz rejoint en 1922 l’escadrille B.R. 54 à Palmyre (Levant).
Mermoz reste près de 18 mois en Syrie, jusqu’à sa démobilisation, le 30 juin 1924. Ayant alors à son actif 600 heures de vol, il propose ses services de pilote à la plupart des compagnies d’aviation, aux constructeurs et aux exploitants de lignes aériennes. Mais les emplois sont rares, et pratiquement sans argent Mermoz subsiste grâce à plusieurs petits emplois. A l’automne 1924, il est convoqué à Toulouse-Montaudran, aux Lignes Latécoère. Là, il est embauché par Didier Daurat. Pilotant un Breguet XIV, Mermoz assure dans un premier temps le transport du courrier sur la ligne Toulouse / Barcelone / Alicante, avant d’être affecté à la ligne Casablanca-Dakar. Fin 1925, il reçoit la médaille de l’Aéro-Club de France pour avoir parcouru le plus grand nombre de kilomètres en une année (120.000 km en 800 heures de vol).
Le survol du désert est alors particulièrement dangereux. En mai 1926, Mermoz tombe en panne dans la zone rebelle du Rio del Oro espagnol. Prisonnier des Maures, il est libéré contre rançon après quelques jours de captivité. Quelques mois après, le 11 novembre, il sauve le pilote Ville tombé en panne à son tour dans le désert. Reconnu pour ses qualités morales et physiques, Mermoz gravit rapidement les échelons de la hiérarchie. En 1927, la société Latécoère, qui a pris le nom de Compagnie Générale Aéropostale, décide d’ouvrir une liaison avec l’Amérique du Sud. Mermoz, qui a alors 26 ans, y est affecté en qualité de chef pilote. Il est chargé de mettre en place le tronçon Buenos Aires / Rio de Janeiro.
Le 16 avril 1928, en dépit d'une infrastructure pratiquement inexistante, Mermoz inaugure le premier vol de nuit entre Buenos Aires et Rio, pour accélérer le transport du courrier. En récompense de son courage, il reçoit la grande médaille de vermeil de l’Aéro-Club de France, ainsi que le diplôme de reconnaissance avec médaille d’argent de la Société d’Encouragement au Progrès. En 1928-1929, il effectue avec son fidèle mécanicien Alexandre Collenot des missions de reconnaissance afin d’établir les itinéraires possibles pour traverser la cordillère des Andes. Le 21 novembre 1928 c’est chose faite. Mermoz rejoint Santiago du Chili à bord d’un Laté 25. La ligne Rio de Janeiro / Santiago du Chili est officiellement ouverte par Mermoz et Henri Guillaumet à bord d’un Potez 25 le 14 juillet 1929.
L’exploitation de cette nouvelle ligne est confiée à Guillaumet. Quant à Mermoz, il est chargé par l’Aéropostale d’établir la première liaison commerciale entre l’Afrique et l’Amérique du Sud. Il s’initie au pilotage des hydravions et obtient en mars 1930 sa licence de pilote d’hydravion de transport public. En avril, avec Dabry et Gimié, Mermoz bat les records du monde de durée et de distance en circuit fermé pour hydravions à bord d’un Laté 28-3, parcourant 4.308 km en 30 heures et 25 minutes. Le 12 mai, avec les mêmes pilotes, il réussit la première traversée de l'Atlantique Sud sans escale, à bord d'un hydravion de 600 C.V. Partis de Saint-Louis du Sénégal à bord du "Comte de La Vaulx" ils rejoignent Natal (Brésil) après avoir parcouru 3.173 km en 21 heures et 10 minutes. Le retour s’avère plus difficile : ce n’est qu’au 53e essai que l’hydravion consent à décoller, le 8 juillet, et une panne de moteur les oblige à amerrir à 900 mètres des côtes africaines, où ils sont recueillis par un navire du dispositif de sécurité mis en place par l’Aéropostale.
Son mariage avec Gilberte Henriette Rose Chazottes (le 23 août 1930) n’empêche pas Mermoz de poursuivre ses exploits. A Oran au printemps 1931, avec le pilote Paillard, il bat à nouveau le record du monde de distance en circuit fermé, sur le Bernard-Hispano 80, couvrant 8.960 km en 59 heures et 14 minutes. Au cours de l’été 1932, il est nommé successivement pilote de première classe puis inspecteur de la nouvelle compagnie aérienne nationale Air-France. L’Aéropostale, qui connaissait de grosses difficultés financières, a été mise en liquidation judiciaire le 31 mars 1931 ; Air-France sera officiellement créée le 30 août 1933.
En janvier 1933, sur le trimoteur Couzinet 70 "Arc-en-ciel", Mermoz réussit, avec Carretier, Mailloux, Jousse et Manuel la traversée de l’Atlantique Sud d’ouest en est, en dépit des vents contraires. Et le 28 mai 1934, il ouvre officiellement la liaison postale régulière entre la France et l'Amérique du Sud (Saint- Louis / Natal) avec l'équipage Dabry, Gimié et Collenot. Mermoz est alors devenu un véritable figure de l’Aéropostale et donne ses premières conférences. Le 4 août 1934; il est fait commandeur de la Légion d’Honneur et le 15 avril 1935, il devient inspecteur général d’Air-France. En 1935, grâce à des appareils plus performants, dont le D.H.88 "Comet", il effectue des liaisons rapides entre Paris et l’Afrique du Nord (Paris / Alger aller-retour en 8 heures et 39 minutes ; Saint-Louis / Natal en 14 heures et 27 minutes...).
Le 7 décembre 1936, Mermoz part de Dakar pour sa 24e traversée de l’Atlantique Sud à bord de l’hydravion Laté 300 "Croix du Sud". Après un dernier message, "coupons moteur arrière droit…", l’avion disparaît dans l’océan avec son équipage. Ni l’épave de l’hydravion, ni les corps de Jean Mermoz, Alexandre Pichodou, Jean Lavidalie, Henri Ezan et Edgar Cruvelhier ne seront retrouvés. Le 30 décembre 1936, aux Invalides, Jean Mermoz et ses compagnons sont cités à l'Ordre de la Nation sur la proposition de Pierre Cot, Ministre de l'Air, et d'Albert Lebrun, Président de la République : "Mermoz Jean, Commandeur de la Légion d'Honneur, Inspecteur Général Pilote de la Compagnie Air France. Sublime figure d'aviateur d'une valeur morale et professionnelle hors de pair. Créateur au prix d'efforts surhumains de l'aviation commerciale transocéanique. A fait de son nom un symbole et de sa carrière une longue suite d'exploits. Allant jusqu'au bout de toute entreprise, envisageant la mort avec sérénité. A mérité l'admiration générale par la grandeur de ses actes […]. Entre de plain-pied dans la légende et s'inscrit parmi les héros les plus purs de l'Aviation française".
MESSIMY (Adolphe, Marie), 1869-1935 : Homme politique et général. Né à Lyon (Rhône) le 31 janvier 1869, Adolphe Messimy , saint-cyrien, est diplômé de l’Ecole de guerre. Délaissant sa carrière d’officIer au profit de la politique, il devient journaliste. Député radical de la Seine de 1902 à 1912 puis de l’Ain de 1912 à 1919, il se spécialise à la Chambre dans les questions militaires, coloniales et maritimes. Remarqu é par Monis, celui-ci le nomme ministre des Colonies dans son unique cabinet du 2 mars au 26 juin 1911. Ministre de la Guerre du 27 juin 1911 au 13 janvier 1912 dans le cabinet Caillaux, il se fait remarquer par ses prises de positions très dures à l’égard de certains généraux « incapables, non seulement de conduire leurs troupes, mais même de les suivre ». Il profite d’ailleurs de l’affaire d’Agadir pour réformer l’organisation militaire nationale ainsi que le haut commandement, et impose le général Joffre comme commandant en chef dès 1911. Il étend la conscription aux « indigènes » d’Alérie et tente de créer une artillerie lourde, mais n’obtient que l’étude d’un obusier de 105. Maintenu à ce poste à partir du 13 juin 1913 dans le premier cabinet Viviani, ce franc-maçon fait rapatrier en France la plus grande partie des troupes stationnées au Maroc. Il rejoint l’armée à la suite d’un désaccord sur la défense de Paris après avoir démissionné avec le gouvernement le 26 août 1914. Commandant, puis lieutenant-colonel en 1914, colonel en 1915, il est promu un peu plus tard général et commande la 162ème division d’infanterie. Sénateur de 1920 à sa mort, il avait, entre temps, été maire de Charmoz (Ain) et administrateur de nombreuses sociétés. Il meurt à Charmoz (Ain) le 1er septembre 1935.
MESUREUR (Émile, Eugène, Gustave), 1847-1925 : Homme politique. Né àMarcq-en-Baraeul (Nord) le 2 avril 1847, Gustave Mesureur est élu député d’extrême gauche, puis président radical socialiste du conseil municipal de Paris. Nommé ministre du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes dans le cabinet Bourgeois du 1er novembre 1895 au 28 avril 1896. Il fait alors rouvrir la bourse du commerce, fermée un an auparavant. Et prend plusieurs mesures en faveur des droits syndicaux des travailleurs. Il décède à Paris le 19 août 1925.
MÉTIN (Émile, Georges, Albert), 1871-1918 : Né à Besançon (Doubs) le 23 juin 1871, Al bert Métiin est professeur agrégé d’istoire-géographie. Spécialiste des lois sociales étrangères, il devient chef de cabinet de Viviani, premier titulaire du portefeuille du travail, dans le premier cabinet Clemenceau de 1906 à 1909. Il est nommé par Doumergue ministre du Travail et de la Prévoyance sociale dans son premier ministère Doumergue du 9 décembre au 8 juin 1914. Pendant le Première Guerre mondiale, il sert comme lieutenant sur le front de l’Est puis est rappelé pour retrouver son poste dans le cinquième cabinet Briand du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916. Il est ensuite successivement nommé sous-secrétaire d’Etat aux finances, chargé des Administrations financières du 14 décembre 1916 au 19 mars 1917 dans le sixième cabinet Briand, dans le cinquième cabinet Ribot, du 20 mars 1917 au 17 août 1917, sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères, chargé du Bocus, dans le même cabinet du 17 août au 11 septembre 1917. Il est nommé une dernière fois au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans la premier cabinet Painlevé du 12 décembre au 15 novembre 1917. Envoyé ensuite en mission officielle en Australie, il décède à San Francisco (Etats-Unis) le 15 août 1918.
MÉTROPOLITAIN :
L'histoire du métro commence au début 1880 lorsque l'Etat et la ville de Paris décident de trouver une solution à l'insuffisance des moyens de surface.
En 1855, les premières idées consistent à relier la centre de Paris à sa périphérie et à faciliter l'approvisionnement des halles qui sont à l'époque un gigantesque marché. A partir de 1871, le conseil général de la Seine définit les bases d'un réseau de chemin de fer à l'interieur de Paris mais ce chemin de fer local ne peut être rattaché au réseau national. dés lors s'installe une lutte entre les grandes puissances économiques et la municipalité. L'approche de l'Exposition universelle de 1900 va accélerer les décisions. Un avant-projet de réseau de chemin de fer urbain est établi les 2 mars et 28 avril 1896 par Huet et Bienvenüe. Il comporte un ligne circulaire Etoile-Nation-Etoile ainsi que deux transversales, une nord-sud(Porte de Clignancourt-Porte d'Orléans) et une est-ouest(Porte Maillot-Avenue Gambetta). Ce projet est adopté par l'assemblée municipale et définitivement approuvé par le conseil en juillet 1897.
La ville assure la construction des tunnels, tranchées, viaducs et des quais de stations. Les voies, les installations électriques, les aménagements des accés des stations et les ateliers sont laissés à la responsabilité du baron Empain qui s'associe aux Etablissements Schneider. En 1899, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) est créée afin de gerer l'exploitation du réseau. Le 4 octobre 1898, les travaux commencent.
Le 19 juillet 1900, la première ligne de métro Porte de Vincennes-Porte Maillot est ouverte au public. Au bout de 13 ans d'existance, le réseau comprend déja 10 et est long de 91 km soit plus de 6 nouveaux km par an. Le nombre de voyageur passe de 55 millions en 1901 à 467 millions en 1913. La première guerre mondiale affecte plus la surface que le souterrain et le réseau s'agrandit même pendant le conflit. En 1922, cest désormais la ville de Paris qui assume la responsabilité financière du métro même si la CMP continue à exploiter le réseau. Le 1° janvier 1930, elle absorbe la Compagnie du Nord-Sud qui exploite 2 lignes du réseau. A partir de cette fusion, on décide de prolonger le métro en proche banlieue. Le premier prolongement extra-muros est celui de la ligne 9 à Pont de Sèvres en février 1934. En 1938 la CMP hérite de la ligne de Sceaux mais la guerre va bientôt metre un frein à cete expansion
Dès la seconde moitié du dix-neuvième siècle, la circulation, dans Paris, devient problématique. A partir de 1845, des projets (certains assez farfelus) de chemin de fer intérieur sont proposés à l'administration. En 1845 c'est le projet dit de Kérizounet, qui propose de relier le centre de Paris aux gares de Lyon et du Nord par un métro qui circulera librement sur un plan incliné dans un sens et qui sera tracté par des câbles dans l'autre.
Entre les années 1860 et 1900, le métro souterrain de Londres utilise de classiques trains à vapeur. C'est alors un système de locomotives à condensation qui est adopté : les fumées sont retenues dans les tunnels et expulsées sous des puits, ce qui oblige le stationnement des trains à des endroits bien précis. C'est ce projet que présenteront Letellier ou Brame et Flachat en 1856. Autre projet présenté, un métro aérien à traction vapeur. On peut imaginer sans peine les nuisances générées (fumées, dépôts bruits) au sein d'une ville comme Paris. Aux alentours des années 1865, un autre projet voit le jour en Angleterre, puis à New York. Le wagon en forme de piston est propulsé par de l'air comprimé dans un tunnel en forme de boyau.
Arrivé en station, le métro peut progresser grâce à sa force d'inertie. Le silence, la propreté et la sécurité sont les principaux avantages de ce système, mais il faut de puissantes stations de pompage d'air.
Métro à air comprimé
Nous passerons rapidement sur le métro aquatique de Girard, pour parler du métro sans roues.
Le métro sans roues est expérimenté au parc de la Tête d'Or à Lyon en 1872, c'était en fait une sorte de monorail, dont le système de roulement était non pas placé sur le wagon mais sur le rail ! Parfaitement intégrable au paysage urbain, ce système avait pour inconvénient majeur une traction particulièrement compliquée. Si le concepteur de ce projet avait pu rencontrer l'ingénieur Jean Bertin créateur de l'aérotrain, peut-être aurions nous pu voyager dans Paris dans des conditions différentes.
Il y a eu de nombreux projets, certains restant dans les cartons, d'autres étant expérimentés soit en France soit à l'étranger. Le plus fou d'entre eux étant très certainement celui d'Arsène Olivier qui propose en 1872, la construction d'un métro perché sur de très hauts viaducs destinés à enjamber les immeubles parisiens !
Après dix ans de tergiversations concernant l'autorité de tutelle du futur réseau, l'Etat et la ville de Paris décident de trouver une solution pour pallier l'insuffisance des moyens de surface. C'est l'approche de l'Exposition Universelle de 1900 qui va précipiter la décision.
Un avant-projet de réseau de "chemin de fer urbain à traction électrique", signé Edmond Huet directeur des travaux de la ville de Paris et Fulgence Bienvenüe ingénieur en chef chargé des approvisionnements en eau de la ville de Paris est déposé en 1895. Il comporte une ligne circulaire Etoile-Nation-Etoile, une transversale nord-sud, Porte de Clignancourt-Porte d'Orléans et une transversale est-ouest, Porte Maillot-Avenue Gambetta. L'assemblée municipale adopte le projet, le 20 avril 1896, en y adjoignant trois lignes. Le projet définitif est approuvé par le conseil en juillet 1897.
C'est par une loi du 30 mars 1898 qu'est déclaré d'utilité publique l'établissement dans Paris d'un chemin de fer métropolitain d'intérêt local à traction électrique, d'une longueur de 65 kilomètres, au gabarit de 2,40 m, à voie normale. Cette largeur étant inférieure à celle du matériel des grandes compagnies, empêche toute intrusion des intérêts et des trains nationaux.
Les travaux
Ce sera la Compagnie Générale de Traction appartenant au baron Empain. Ce dernier s'associe avec les Etablissements Schneider du Creusot et fonde, en avril 1899, la Compagnie du Chemin de fer Métropolitain de Paris (CMP). C'est cette compagnie qui va équiper les ouvrages de génie civil sous la haute autorité de Fulgence Bienvenüe, Inspecteur Général des Ponts et Chaussées. Elle assurera, également, l'exploitation du nouveau réseau. La première ligne de métro sera ouverte au public le 19/07/1900 afin, notamment, de desservir l'Exposition Universelle.
Une armée de terrassiers s'empare du sous-sol. Des chantiers s'ouvrent un peu partout. Le Paris de la construction du métro n'est que tas de terre, trous et grues. Cette situation va durer jusqu'au début de la guerre de 1914. On va retirer du sous-sol un volume de terre équivalent à une collline de soixante dix mètres de haut, occupant une surface égale à celle de la place de la Concorde.
Chaque jour c'est mille mètres cubes de déblais qu'il faut évacuer. Tous le moyens sont bons. La nuit ce sont les tramways qui remorquent des wagons chargés de terre. On construit chaque fois que c'est possible des tunnels allant vers la Seine afin de pouvoir mener les gravats vers des chalands.
Le 4 octobre 1898, les travaux de la première ligne de métro (Porte de Vincennes - Porte Maillot) commencent. La ville de Paris assure la construction des tunnels, tranchées et viaducs et des quais des stations, mais laisse la responsabilité des superstructures c'est-à-dire voies, installations électriques, aménagements des accès des stations, ateliers, à la compagnie concessionnaire. Celle-ci est désignée par une commission spéciale parmi six candidatures.
Travaux rue de Rivoli
Pour pouvoir permettre au métro de suivre le tracé initial il faut bousculer pas mal de choses. Dévier les canalisations existantes, renforcer certains endroit ce qui a pour effet de provoquer des travaux même où il ne passe pas. Les commerçants se plaignent et demandent à être exonérés de la taxe d'étalage. Les cafetiers eux ne peuvent plus installer leurs terrasses.
Pour ne pas arranger les choses, le 9 décembre 1899, une voûte située entre les Champs Elysées et l'avenue de Friedland s'effondre en provoquant un cratère de quinze mètres de large. La chaussée s'enfonce de vingt mètre, arbres et réverbères disparaissent dans ce trou béant. Il n'y aura que deux blessés légers parmi les passant.
Une autre fois, ce sont cinq ouvriers qui perdront la vie lors du fonçage des caissons sous la Seine. Et pourtant, se rappelle-t-on des tours de force stechniques réalisés par Fulgence Bienvenüe ?
La ligne 4 est la première ligne du métro à traverser la Seine. Un premier tracé qui devait assurer le franchissement de la Seine entre le Louvre et l'Institut fut abandonné suite à l'opposition farouche de l'Académie de sentir passer le métro sous les pieds de ses illustres membres.
Le tracé fut donc modifié ainsi : après avoir desservi la place du Châtelet, franchissement en oblique du grand bras du fleuve en amont du Pont au Change, passage sous le Marché aux Fleurs et la Préfecture de police, passage également en oblique du petit bras en amont du Pont Saint-Michel et franchissement dela place du même nom avant de poursuivre sous la rue Danton.
Premiers du genre à Paris, les travaux à effectuer sont remarquables. Ils portent sur une longueur de 1100 m, avec un passage sous-fluvial, la construction des stations Cité et Saint-Michel.
Un concours est donc lancé afin de pouvoir étudier toutes les solutions possibles et aussi d'être en mesure de choisir l'entreprise qui réalisera ces travaux. Des treize candidats qui présenteront 33 projets, c'est l'entreprise Chagnaud qui est retenue. Cette entreprise a fait preuve de sa compétence notamment avec la construction de l'ouvrage de superposition au croisement des lignes 3, 7 et 8 à la station Opéra (photo ci-dessous). Son projet consiste à enfoncer des caissons préfabriqués dans le lit de la Seine. Rappelons pour mémoire que le principal projet concurrent consistait en un creusement horizontal du type galerie.
Nous sommes en 1905, les travaux débutent. C'est tout d'abord le souterrain entre Châtelet et le grand bras de la Seine qui est réalisé, puis à l'aide de trois caissons son franchissement. Vient ensuite la construction de la station Cité à l'aide de trois autres caissons. Ensuite la construction du souterrain se poursuit jusqu'au petit bras de la Seine, puis son franchissement jusqu'à la station Saint-Michel à l'aide de deux caissons. La station est réalisée avec trois caissons supplémentaires. Enfin, le souterrain reliant la station Saint-Michel au boulevard Saint-Germain est réalisé.
Fonçage du caisson central dans le grand bras
Tous les souterrains ont été réalisés à l'aide d'un bouclier sauf une quinzaine de mètres qu'il a fallu construire en boisant les galeries. Même avec cette technique, le travail est impossible : les terrains sont bien trop meubles. Qu'à cela ne tienne, on va congeler les terrains ! Une quarantaine de tubes enfoncés dans le sol dans lesquels circulera une solution de saumure à -24°, congèleront le terrain en quarante jours. Il faudra dix mois pour réaliser ces 14,50 mètres de tunnel.
Les caissons
Il n'y a pas de place à proximité du chantier, les caissons sont donc fabriqués sur la partie basse du quai des Tuileries. Chaque caisson est composé d'un cuvelage en fonte abritant les deux voies, lui-même entouré d'une carcasse métallique. Cette carcasse reçoit elle même un habillage de tôles qui va rendre le caisson étanche en vue de sa flottabilité. Pour finir, les deux extrémités seront fermées provisoirement.
Construction d'un caisson sur le quai des Tuileries
Le premier caisson est lancé en août 1905. Il est amené à proximité du pont au Change, on le positionne, on construit le cuvelage intérieur (1), l'espace entre les deux cuvelages est rempli de béton (2), le caisson s'enfonce progressivement et se pose au fond du lit de la Seine, dans la tranchée préalablement creusée.
On installe les cheminées d'accès, on envoie de l'air comprimé dans la chambre de travail ce qui a pour effet de la vider de son eau (3). Puis on remplit le caisson d'eau ce qui a pour effet de l'aider à s'enfoncer (4). Les ouvriers travailleront dans cette chambre sous pression et continueront à creuser jusqu'à ce que le caisson soit à la bonne profondeur (5). Ensuite le dessus du caisson est remblayé et la chambre de travail noyée dans du béton (6). Il ne restera plus qu'à faire la jonction entre les caissons et les tunnels.
C'est la ligne la plus ancienne du réseau. 20 mois de travaux furent nécessaires à la réalisation. Commencée en 1898, elle fut mise en service le 19 juillet 1900. Lors de ouverture de la ligne, seules 8 stations seront exploitées, les 10 autres étant mises en service progressivement entre le 6 août et le 1er septembre de la même année. C'est donc un total de 18 stations qui seront exploitées entre la Porte de Vincennes et la Porte Maillot.
Dès décembre 1900 le bilan sera plutôt favorable, en effet depuis son ouverture 130 000 voyageurs empruntent cette ligne chaque jour soit près de 4 000 000 de voyageurs depuis son inauguration. Les trains étaient composés de 3 voitures en bois avec sièges en bois pour les secondes classes et sièges en cuir pour les premières classes. Devant cet immense succès le nombre de voitures sera porté à 6. Le ticket de 2ème classe valait 15 centimes et celui de 1ère classe 25 centimes.
Le 24 mars 1934, la ligne est prolongée vers l'est sur une longueur de 2,3 Km. Son nouveau terminus sera le Château de Vincennes : 21 stations sont maintenant desservies. Le 29 avril 1937, c'est au tour de la partie ouest d'être prolongée jusqu'au Pont de Neuilly. Pendant de nombreuses années 23 stations seront donc exploitées.
-Château de Vincennes
-Bérault
-Saint-Mandé - Tourelle
-Porte de Vincennes
-Nation
-Reuilly-Diderot
-Gare de Lyon
-Bastille
-Saint Paul
-Hôtel de Ville
-Châtelet
-Louvre-Rivoli
-Palais Royal - Musée du Louvre
-Tuileries
-Concorde
-Champs Elysées - Clémenceau
-Marboeuf (en 1946 : Franklin D. Roosevelt)
-Alma, puis en 1920 : Georges V
-Charles de Gaulle – Etoile
-Obligado (Argentine)
-Porte Maillot
-Les Sablons
-Pont de Neuilly
LIGNE 2
Le début de la construction de cette ligne sera parallèle à celle de la ligne 1. Le tracé de cette ligne doit suivre celui des boulevards extérieurs du Paris de Louis-Philippe et de Napoléon III (Villiers, Clichy, Pigalle, Barbès, Belleville).
Les ennuis de percement commencent à Montmartre et à Belleville, les anciennes carrières de gypse ont provoqué d'immenses cavités où il est imprudent de s'engager. Qu'à cela ne tienne, le métro sera aérien entre les stations Anvers et colonel Fabien. C'est à l'ingénieur Louis Biette que seront confiées les stuctures métalliques et les travaux de décoration à Jean Camille Formigé à qui l'on doit notamment les décorations du viaduc d'Austerlitz, du pont de Bir-Hakeim
Ainsi c'est le 13 décembre 1900 que le tronçon Porte Dauphine - Etoile sera inauguré. Trois stations seront exploitées.
Le 7 octobre 1902, la ligne est prolongée jusqu'à Anvers. Les voyageurs peuvent alors utiliser 9 stations supplémentaires ce qui porte le total des stations desservies à 12.
Le 31 janvier 1903, la ligne est exploitée jusqu'à la station Bagnolet. La ligne comporte maintenant 11 stations supplémentaires, soit un total de 21 stations.
Le 2 avril 1903, la ligne arrive enfin à Nation son terminus. C'est 23 stations qui sont desservies.
Il est à noter que la ligne 2 est la première des lignes du métro parisien dont une partie du tracé a été effectué en aérien. Un exploit pour l'époque a du reste été réalisé : le franchissement des voie SNCF à l'aide de plusieurs viaducs ayant une portée de 75,25m.
Or, le 10 août 1903 un incendie sur un train est provoqué par un court-circuit, dans la station Ménilmontant. D'importantes fumées toxiques se dégagent et remontent jusqu'à la station Couronnes. Le bilan est très lourd : 84 personnes trouveront la mort dans cet accident.
-Nation
-Avron
-Bagnolet
-Philippe Auguste
-Père Lachaise
-Ménilmontant
-Couronnes
-Belleville
-Colonel Fabien
-Allemagne puis rebaptisée en 1914 Jaurès
-Aubervilliers-Boulevard de la Villette (puis 1946) Stalingrad)
-La Chapelle
-Barbès – Rochechouart
-Anvers
De la station d'Anvers, vous pouvez accéder au Funiculaire de Montmartre.Inauguré le 13 juillet 1900, il à une longueur de 108 m, un dénivelé de 36 m soit une pente de 35,2%. A sa construction, il fonctionnait avec un contrepoids d'eau, puis en 1931 il fut arrêté pour rénovation jusqu'au 02 février 1935 où fut inaugurée une machinerie électrique de 50 ch. L'exploitation fut confiée à la STCRP, puis à la RATP.
-Pigalle
-Blanche
-Place de Clichy
-Rome
-Villiers
-Monceau
-Courcelles
-Ternes
-Charles de Gaulle – Etoile
Victor Hugo
LIGNE 3 :
Mise en service en octobre 1904 entre les stations Villiers et Père Lachaise, elle comportait alors 17 stations. Son objectif premier étant de relier des quartiers animés du centre de la capitale. Entre les années 1905 et 1971, elle fut prolongée d'un côté jusqu'au pont de Levallois et de l'autre à Galliéni (Bagnolet). Il faut aussi savoir aussi que lors de la construction initiale de cette ligne, on a procédé à l'assèchement du Canal Saint Martin pour pouvoir passer en dessous.
-Galliéni
-Porte de Bagnolet
-Gambetta
-Père Lachaise
-Saint-Maur
-Parmentier
-République
-Temple
-Arts et Métiers
-Réaumur – Sébastopol
-Sentier
-Bourse
-Quatre Septembre
-Opéra
-Havre - Caumartin
-Gare Saint-Lazare
-Europe
-Villiers
-Malesherbes
-Wagram
-Péreire
-Porte Champerret
-Vallier
-Anatole France
-Pont de Levallois – Bécon
LIGNE 4 :
Le premier tronçon de cette ligne Clignancourt-Châtelet fut ouvert en 1908. .Il fut suivi par l'ouverture du tronçon Raspail-Porte d'Orléans en 1909. La connexion des deux eut lieu en 1910.
-Porte de Clignancourt
-Simplon
-Marcadet – Poissonniers
-Château Rouge
-Barbès - Rochechouart
-Gare du Nord
-Gare de l'Est
-Château d'eau
-Strasbourg - Saint Denis
-Réaumur - Sébastopol
-Etienne Marcel
-Les Halles
-Châtelet
-Cité
-Saint-Michel
-Odéon
-Saint-Germain des Prés
-Saint-Sulpice
-Saint-Placide
-Montparnasse – Bienvenüe
-Vavin
-Raspail
-Denfert - Rochereau
-Mouton-Duvernet
-Alésia
-Porte d'Orléans
LIGNE 5 :
En 1906, fut ouvert le tronçon Place d'Italie-Lancry. Un an plus tard, il fut prolongé jusqu'à Gare du Nord.
-Place d'Italie
-Campo Formio
-Saint-Marcel
-Gare d'Austerlitz
-Mazas puis Pont d’Austerlitz jusqu’en 1916 et enfin Quai de la Rapée
-Bastille
-Breguet - Sabin
-Richard-Lenoir
-Oberkampf
-République
-Lancry
-Gare de l'Est
-Gare du Nord
LIGNE 6 :
En 1900, eut lieu l'ouverture du tronçon Etoile-Trocadéro, suivi en 1903 de Trocadéro-Passy, puis en 1906 de Passy-Place d'italie. L'exploitation de cette partie de la ligne fut d'abord rattachée à la ligne 5. La ligne Nation-Place d'italie fut ouverte en 1909, mais, la nouvelle exploitation de Nation à l'Étoile ne se fit qu'en 1931 avec des modifications qui n'amenèrent le tracé définitif qu'en 1942.
-Nation
-Picpus
-Bel Air
-Daumesnil
-Dugommier
-Bercy
-Quai de la Gare
-Chevaleret
-Nationale
-Place d'Italie
-Corvisart
-Glacière
-Saint-Jacques
-Denfert - Rochereau
-Raspail
-Edgar Quinet
-Montparnasse – Bienvenüe
-Pasteur
-Suffren jusqu’en 1907 puis Sèvres-Lecourbe
-Cambronne
-La Motte-Piquet – Grenelle
-Dupleix
-Quai de Grenelle (Bir-Hakeim)
-Passy
-Trocadéro
-Boissière
-Kléber
-Charles de Gaulle - Etoile
LIGNE 7 :
En 1910, était ouvert le premier tronçon Porte de la Villette-Opéra. En 1916, ce fut le tour du tronçon Opéra-Palais Royal. Il fallut attendre dix ans pour que la ligne soit prolongée jusqu'à Pont Marie et encore quatre ans pour Sully-Morland (1930).
Le franchissement de la Seine permit le prolongement de la ligne jusqu'à Porte d'Ivry en 1931.
-La Courneuve
-Fort d'Aubervilliers
-Aubervilliers - Quatre Chemins
-Porte de la Villette
-Pont de Flandre (jusqu’en 1946 Corentin Cariou)
-Crimée
-Riquet
-Stalingrad
-Louis Blanc
-Château Landon
-Gare de l'Est
-Poissonnière
-Cadet
-Le Peletier
-Chaussée d'Antin - La Fayette
-Opéra
-Pyramides
-Palais Royal - Musée du Louvre
-Pont Neuf
-Châtelet
-Pont Marie
-Sully-Morland
-Place Monge
-Censier - Daubenton
-Les Gobelins
-Place d'Italie
-Tolbiac
-Maison Blanche
-Branche Mairie d'Ivry
-Porte d'Italie
-Porte de Choisy
-Porte d'Ivry
LIGNE 8 :
Le premier tronçon fut ouvert en 1913, il allait de Porte d'Auteuil à Opéra. Le deuxième, d'Opéra jusqu'à Richelieu-Drouot ne fut ouvert qu'en 1928 Il fut prolongé jusqu'à la Porte de Charenton pour l'Exposition coloniale de 1931.
Six ans plus tard, la mise en route du tronçon Balard-La Motte-Piquet était accompagnée d'un changement d'itinéraire de la ligne.
-Balard
-Lourmel
-Boucicaut
-Félix Faure
-Commerce
-La Motte-Piquet – Grenelle
-Champs de Mars (Cette station de la ligne 8 fut fermée en 1939)
-École Militaire
-Latour – Maubourg
-Invalides
-Concorde
-Madeleine
-Opéra
-Richelieu – Drouot
-Grands Boulevards
-Bonne Nouvelle
-Strasbourg - Saint Denis
-Saint-Martin (Cette station fut fermée en 1939)
-République
-Filles du Calvaire
-Saint-Sébastien – Froissart
-Chemin Vert
-Bastille
-Ledru – Rollin
-Faidherbe – Chaligny
-Reuilly-Diderot
-Montgallet
-Daumesnil
-Michel Bizot
-Porte Dorée
-Porte de Charenton
LIGNE 9 :
Le premier et court tronçon fut ouvert en 1922, c'était Exelmans-Trocadéro. En 1923 jurent inaugurés les tronçons Trocadéro - Chaussée d'Antin et Exelmans - Porte de Saint Cloud. Le prolongement de Chaussée d'Antin jusqu'à Richelieu-Drouot eut lieu en 1928, puis jusqu'à la Porte de Montreuil en 1933. La progression dans Boulogne s'acheva, en 1934, par la station Pont de Sèvres ; celle de Montreuil, en 1937, par Mairie de Montreuil.
-Mairie de Montreuil
-Croix de Chavaux
-Robespierre
-Porte de Montreuil
-Maraîchers
-Buzenval
-Nation
-Boulets - Montreuil
-Charonne
-Voltaire
-Saint-Ambroise
-Oberkampf
-République
-Strasbourg - Saint Denis
-Bonne Nouvelle
-Grands Boulevards
-Richelieu – Drouot
-Chaussée d'Antin - La Fayette
-Havre - Caumartin
-Saint-Augustin
-Miromesnil
-Saint-Philippe du Roule
-Franklin D. Roosevelt
-Alma - Marceau
-Iéna
-Trocadéro
-Rue de la Pompe
-La Muette
-Ranelagh
-Jasmin
-Michel Ange - Auteuil
-Michel Ange – Molitor
-Exelmans
-Porte de Saint-Cloud
-Marcel Sembat
-Billancourt
-Pont de Sèvre
LIGNE 10 :
Le premier et court tronçon fut ouvert en 1923, c'était Invalides-Croix Rouge. Il devint Invalides-Mabillon en 1925, puis Invalides-Odéon en 1926. En 1930, on prolongea la ligne jusqu'à la porte d'Italie, mais on changea cette exploitation en 1931 avec le tronçon Maubert-Mutualité - Jussieu. Le terminus, Austerlitz fut ouvert en 1939.
-Gare d'Austerlitz
-Jussieu
-Cardinal Lemoine
-Maubert - Mutualité
-Cluny – Sorbonne
-Odéon
-Mabillon
-Croix Rouge (cette station est fermée depuis 1939)
-Sèvres-Babylone
-Vaneau
-Duroc
-Ségur
-La Motte-Piquet –Grenelle
-Emile Zola
-Beaugrenelle (Charles Michels)
-Javel - André Citroën
-Wilhem (rebaptisée en 1921 : Eglise d'Auteuil)
-Michel Ange - Auteuil
-Porte d'Auteuil
LIGNE 11 :
C'est la troisième ligne la plus courte, avec ses treize stations. La presque totalité de la ligne, soit de Porte des Lilas à Châtelet fut ouvert en 1935. Le prolongement jusqu'à mairie des Lilas date de 1937.
-Mairie des Lilas
-Porte des Lilas
-Télégraphe
-Place des Fêtes
-Jourdain
-Pyrénées
-Belleville
-Goncourt
-République
-Arts et Métiers
-Rambuteau
-Hôtel de Ville
-Châtelet
LIGNE 12 :
Le tronçon Porte de Versailles Notre-Dame-de-Lorette fut ouvert en 1910. Il fut prolongé jusqu'à Pigalle en 1911, puis jusqu'à Jules Joffrin en 1912. Il fallut attendre quatre ans pour atteindre la Porte de la Chapelle et 1934 pour la Mairie d'Issy.
-Mairie d'Issy
-Petits-Ménages (après 1945 Corentin Celton)
-Porte de Versailles
-Convention
-Vaugirard
-Volontaires
-Pasteur
-Falguière
-Montparnasse – Bienvenüe
-Notre-Dame des Champs
-Rennes
-Sèvres-Babylone
-Rue du Bac
-Solférino
-Assemblée Nationale
-Concorde
-Madeleine
-Gare Saint-Lazare
-Trinité - D'Estiennes d'Orves
-Notre-Dame de Lorette
-Saint-Georges
-Pigalle
-Abbesses
-Lamarck - Caulaincourt
-Jules Joffrin
-Marcadet – Poissonniers
-Torcy (1946 : Max Dormoy)
-Porte de la Chapelle
LIGNE 13 :
Tronçon Saint-Lazare, Porte de Saint-Ouen fut ouvert en 1911, suivi par le tronçon La Fourche, Porte de Clichy en 1912.
Le prolongement jusqu'à Carrefour Pleyel date de 1952. Au sud, on progressa jusqu'à Miromesnil en 1973 et jusqu'à Champs-Élysées Clémenceau en 1975. Saint-Denis Basilique fut raccordée en 1976. Cette année-là, la ligne 13 fit sa jonction avec l'ancienne ligne 14, Invalides-Châtillon - Montrouge ouverte en 1937. Le dernier prolongement vers Gabriel Péri date de 1980.
-Chatillon – Montrouge
-Malakoff - Rue Etienne Dolet
-Malakoff - Plateau de Vanves
-Porte de Vanves
-Plaisance
-Pernety
-Gaîté
-Montparnasse – Bienvenüe
-Duroc
-Saint-François-Xavier
-Varenne
-Invalides
-Champs Elysées – Clémenceau
-Miromesnil
-Gare Saint-Lazare
-Berlin et à partir de 1914 : Liège
-Place de Clichy
-La Fourche
Branche Saint-Denis - Université
-Guy Môquet
-Porte de Saint-Ouen
-Garibaldi
-Mairie de Saint-Ouen
-Carrefour Pleyel
-Saint-Denis - Porte de Paris
-Saint-Denis - Basilique
-Saint Denis-Université
-Branche Asnières - Gennevilliers - Gabriel Péri
-Brochant
-Porte de Clichy
GUERRAND (R-H) : Mémoires du métro, Paris, La Table Ronde, 1960.
GUERRAND (R-H) : Le Métro, Paris, Editions du Temps, 1968.
GUERRAND (R-H.) : L’aventure du Métropolitain, Paris, La Découverte, 1986.
BINDI (A.), LEFEUVRE (D.) : Le Métro de Paris, Paris, Editions Ouest-France, 1990.
MÉRIGA (Luc), 1893-1965 :
MEYER (Léon), 1868-1948 : Courtier et homme politique. Né au Havre (Seine-Inférieure), le 11 septembre 1868, Léon Meyer est courtier en café. Maire du Havre, élu député de son départemenent natal. Remarqué par Herriot, ce dernier le nomme sous-secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Industrie, chargé de la Marine marchande et des Pêches, dans son premier cabinet du 14 juin 1924 au 16 avril 1925. Très actif dans ce domaine à la Chambre, ce franc-maçon retrouve un poste de sous-secrétaire d’Etat à l’Economie nationale, au Commerce et à l’Industrie du 13 décembre 1930 au 26 février 1931 dans le ministère Steeg. Il s’oppose alors en vain au ministre de l’Agriculture qui souhaite une augmentation du prix du blé, alors que lui travaille activement contre la hausse des prix. Il participe une dernière fois au gouvernement comme ministre de la Marine marchande du 3 juin 1932 au 30 janvier 1933 dans le troisième cabinet Herriot et l’unique ministère Boncour. Il décèdera à Paris le 22 janvier 1948.
MICHEL (Louise), 1830-1905 : Anarchiste. Louise, Clémence Michel est née le 22 mai 1830 à Vrancourt (Haute-Marne). Fille d’un châtelain et de sa servante, elle est élevée au château, sous l’influence voltairienne et républicaine de ses grands-parents paternels et celle du catholicisme exalté de sa famille maternelle. Elle reçoit une bonne instruction, où l’art et la musique avaient leur place. Le regard vif, le caractère enjoué, l’esprit imaginatif, Louise Michel révèle très tôt des dons poétiques et littéraires. D’une grande bonté, sensible aux misères humaines qu’elle cherche à soulager – jusqu’à distribuer aux pauvres le peu de biens qu’elle possède – elle s’engagera plus tard dans des actions concrètes contre la misère.
Lorsque ses grands-parents meurent, Louise devenue pauvre, décide de devenir institutrice. Elle suit des cours à Chaumont. Puis, son diplôme en poche, elle ouvre une école de jeunes filles à Audeloncourt. Elle choisit de créer une école libre pour ne pas prêter serment à l'empereur. Toujours aussi pauvre, elle continue néanmoins son métier, tant pour de jeunes élèves que lors de cours du soir qu'elle donne à des ouvrières. Avide de connaissances nouvelles, elle poursuit également sa propre instruction, dans une sorte d'université populaire. Elle s'interroge sur la prostitution, la maladie mentale ou la délinquance.
En 1865, grâce à une somme d'argent que lui donne sa mère, venue la rejoindre à Paris, elle ouvre sa propre école à Montmartre. Pendant ces années-là elle commence à construire sa pensée : elle est persuadée que l'humanité n'en est qu'à l'enfance et qu'elle va évoluer. Elle est convaincue que les femmes joueront un rôle moteur dans ces évolutions. Elle écrit des poèmes, collabore à des journaux d’opposition, fréquente les réunions publiques. Sa rencontre avec Théophile Ferré la marque pour la vie. En novembre 1870, elle est présidente du Comité de vigilance républicain du XVIIIe arrondissement. Pendant la Commune, elle est garde au 61ème bataillon, ambulancière, et elle anime le Club de la révolution, tout en se montrant très préoccupée de questions d’éducation et de pédagogie.Dans la nuit du 17 au 18 mars, les troupes du général Vinoy reçoivent l’ordre de reprendre les canons des Parisiens. Mais on avait oublié les chevaux ; et les ménagères ont eu le temps de donner l’alerte. Le comité de vigilance du XVIIIe arrondissement, que dirigent Ferré et Louise Michel, monte à l’assaut de la butte Montmartre. Et l’on voit alors d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats, qui fraternisent avec la foule joyeuse et pacifique. Cependant, le soir, deux généraux, le général Lecomte qui le matin avait donné, sans être obéi, l’ordre de tirer sur les Parisiens, et le général Clément Thomas, qui avait, en juin 1848, décimé les insurgés, sont fusillés, rue des Rosiers. C'est la rupture définitive avec Versailles. Louise Michel comme son ami Ferré sont de ceux qui pensent qu'il faut en finir maintenant avec le gouvernement de Versailles, ils veulent poursuivre l'offensive sur Versailles pour arrêter le gouvernement et Thiers, ils ne sont pas écoutés. Thiers n'a alors que peu de troupe à opposer à la commune, cela ne durera pas, l'occasion est manquée. Louise Michel fait partie de la franche des communards la plus révolutionnaire. Volontaire pour se rendre seule à Versailles afin de tuer Thiers, la presse bourgeoise la surnomme alors la Louve Rouge. Faite prisonnière lors de l'écrasement de la commune, elle assiste aux exécutions, comme femme elle échappe à la peine de mort. Elle est condamnée le 16 décembre 1871 à la déportation en Nouvelle Calédonie dans une enceinte fortifiée. Ayant vu mourir tout ses amis et surtout Ferré, elle réclame la mort au tribunal. C'est sans doute en l’apprenant que Victor Hugo écrit son poème «Viro Major».
Là-bas, elle se comporte très différemment de nombreux autres communards : elle décrit et dessine la
Arrivée en Nouvelle-Calédonie en 1873, Louise Michel date de cette époque son adhésion à l’anarchie, fidèle alors à son idéal, elle doit subir les injustices de ses gardes et de l'administration, elle s’emploie, malgré cela, à l’instruction des Canaques à qui elle apprend à lire et à parler le français et de plus, elle les aide à comprendre l'oppression coloniale qu'ils subissent, et les soutient lorsqu'ils tentent de se révolter. Révolte noyée dans le sang ou plutôt, brûlée dans les cendres puisque pour en finir avec les insurgés, l'administration de la colonie fait mettre le feu à la foret où se cachent les insurgés. Quelques survivants qui ont le projet de s'échapper par la mer viennent saluer Louise Michel : elle partage avec eux son écharpe rouge, souvenir de la Commune. C'est également en Nouvelle Calédonie qu'elle noue des relations avec les déportés algériens qui se sont révoltés contre la colonisation française. Après l’amnistie de 1880, son retour à Paris est triomphal. «Un visage aux traits masculins, d’une laideur de peuple, creusé à coups de hache dans le cœur d’un bois plus dur que le granit... telle apparaissait, au déclin de son âge, celle que les gazettes capitalistes nommaient la Vierge rouge, la Bonne Louise» (Laurent Tailhade).
Figure légendaire du mouvement ouvrier, porte-drapeau de l’anarchisme, elle fait se déplacer les foules. Militante infatigable, ses conférences en France, en Angleterre, en Belgique et en Hollande se comptent par milliers. En 1881, elle participe au congrès anarchiste de Londres. À la suite de la manifestation contre le chômage de Paris (1883), elle est condamnée à six ans de prison pour pillage, devant le tribunal, une fois encore louise Michel utilise le banc des accusés comme une tribune politique. Dans ses prises de paroles elle essaye à chaque fois de mettre en accusation l'état bourgeois. Elle nous montre, car c'est encore valable aujourd'hui, qu'il n'y a rien à attendre de la justice d'un etat bourgeois : c'est une justice de classe, il faut donc la combattre, sans jamais s'en remettre à elle dans l'espoir (vain) qu'elle se montre juste. "Mais pourquoi me défendrais-je? Je vous l'ai déja déclaré, je me refuse à le faire(...)Je sais bien que tout ce que je pourrai vous dire ne changera rien a votre sentence". C'est une lecon de courage que donne Louise Michel à chacune de ses comparutions devant les tribunaux de la république. Elle n'essaye pas de convaincre ses juges, c'est inutile ils sont aux ordres, elle les défie.
De 1890 à 1895, Louise Michel est à Londres, où elle gère une école libertaire. Rentrée en France, elle reprend ses tournées de propagande. Elle meurt au cours de l’une d’elles à Marseille, le 9 janvier 1905. Ses funérailles donnent lieu à une énorme manifestation, et tous les ans jusqu’en 1916 un cortège se rendra sur sa tombe. La vie de Louise Michel est une vie de militante, elle laisse trés peu d'écrits théorique, (beaucoup de poêmes par contre) mais par contre sa vie est un exemple de lutte sans compromission avec les règles d'une république bourgeoise.
Mémoires de Louise Michel, Bruxelles, Editions Tribord, 2005
MIELLET (Gaston, Edmond), 1880-1953 : Homme politique. Né à Montbouton (Territoire de Belfort) le 1er novembre 1880, Edmond Miellet est un grand mutilé de guerre. Elu député républicain de gauche du Territoire de Belfort, il est remarqué par Paul-Boncour qui le nomme ministre des Pensions dans son unique cabinet du 18 décembre 1932 au 30 janvier 1933. Il garde ce poste dans le cabinet suivant (premier ministère Daladier) du 3 janvier au 25 octobre 1933. Il décèdera à Paris le 24 janvier 1953.
MILHAUD (Besaleël, Albert), 1871-1955 : Professeur, écrivain, journaliste et homme politique. Né à Nîmes (Gard) le 10 juillet 1871, Albert Milhaud est professeur agrégé d’histoire, écriain et journaliste. Il occupe plusieurs postes de chef de cabinet et de ministre avant d’accéder au gouvernement. Il est nommé par Paul-Boncour sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans son unique cabinet du 19 au 22 juillet 1926. Il décèdera à Paris le 12 juillet 1955.
MILLAUD (Edouard), 1834-1912 : Avocat et homme politique. Né à Tarascon (Bouches-du-Rhône) le 7 septembre 1834, Edouard Millaud est avocat général de Lyon en 1870. Elu député, il siège à l’etrême gauche avant de s e faire élire au Sénat en 1880. Remarqué par Freycinet qui le nomme ministre des Travaux publics dans son troisième cabinet, il garde son poste dans le ministère suivant de Goblet jusqu’au 29 mai 1887. Il décède à Paris le 16 mai 1912.
MILLERAND (Étienne, Alexandre) 1859-1943 : Avocat et homme politique. Alexandre Millerand naît à Paris le 10 février 1859. Son père, fils d’un bougnat monté à Paris, est un négociant en drap installé dans le quartier du Sentier. Licencié en droit en 1881, Alexandre Millerand s’inscrit au barreau de Paris. Il se fait connaître en 1883 au moment où, en compagnie de Georges Laguerre, il assure la défense d’Ernest Roche, l'un des meneurs de la grève de Decazeville. L’année suivante, l’avocat entre en politique. Collaborateur de Clemenceau au journal La Justice, puis directeur de la Petite République, Millerand est élu conseiller municipal de Paris, puis député radical-socialiste de la Seine, le 27 décembre 1885. Réélu en 1889, il représentera le XIIe arrondissement de Paris jusqu'en 1919. Commence ainsi une des plus longue carrière de parlementaire de la Troisième République. Au mois de juillet 1889, Alexandre Millerand est de nouveau sous les feux de l’actualité, lorsqu’il défend, devant la cour d'assises de Douai, Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, accusé de « provocation à l'émeute ».
En 1893, après les élections législatives marquées par une percée de la gauche révolutionnaire, le député de la Seine prend l'initiative de la formation d'un groupe parlementaire socialiste. Trois années plus tard, le 30 mai 1896, au banquet de Saint-Mandé, Alexandre Millerand, dans un discours célèbre, expose le programme du radicalisme pour les décennies à venir : substitution progressive de la propriété sociale à la propriété capitaliste ; conquête des pouvoirs publics par le suffrage universel, entente internationale des travailleurs. Au mois d’août 1898, à la suite du suicide du colonel Henry, il rejoint les partisans de la révision du procès Dreyfus. Comme la plupart des socialistes, Jean Jaurès notamment, il n'avait vu jusque-là dans « l'Affaire » qu'une querelle entre factions bourgeoises. Après avoir dirigé à partir du mois de juillet 1893 La Petite République, l’organe des socialistes indépendants, il rejoint à cette époque l’équipe de La Lanterne aux cotés de Georges Clemenceau.
Après que le scandale de Panama a discrédité nombre de ses pairs aux yeux de l’opinion, son influence grandit au sein du monde politique. Et le 22 juin 1899, il accepte l’offre de Pierre Waldeck-Rousseau d’une participation dans son ministère de « Défense républicaine ». Jusqu’au 6 juin 1902, Millerand occupe ainsi les fonctions de ministre du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes. Alexandre Millerand est le premier socialiste français à occuper des responsabilités ministérielles. Celles-ci lui permettent d’élaborer une abondante législation sociale, les « décrets Millerand », concernant notamment le travail des femmes et des enfants (loi du 29 mars 1901), l’abaissement à onze heures de la durée du travail journalier (loi du 30 septembre 1901). Son ministère pose également les bases de la future retraite des salariés, adoptée en 1910. En mars 1900, il crée le Conseil supérieur du travail auquel il assigne la mission de fixer la durée maximale du temps de travail. Au-delà de ces nouveaux aménagements, Millerand donne enfin à l’État un véritable rôle d’arbitre entre les masses laborieuses et le patronat français. Pour cela, le ministre encourage au développement des syndicats, y compris dans la fonction publique. Il pense ainsi conférer à ces associations ouvrières un véritable rôle représentatif devant le Conseil supérieur du travail.
Au mois de janvier 1904, la fédération socialiste de la Seine exclut Alexandre Millerand, pour « participation à un gouvernement bourgeois ». Il renonce à faire appel devant le Congrès national. Il s’éloigne un peu de la politique et, dans les mois qui suivent, ses attaques contre le ministère radical d’Émile Combes se multiplient. Millerand reproche en effet à ce dernier de tout sacrifier à la lutte contre les congrégations. L’ancien avocat retrouve alors le barreau et se spécialise dans le droit des affaires. C’est le 24 juillet 1909, dans le premier cabiner Briand, qu’il revient à des responsabilités ministérielles. L’espace d’une année, jusqu’au 2 novembre 1910, Millerand est ministre des Travaux publics et Postes et Télégraphes. Il lance alors la réforme de nombreuses directions (postale, des mines ou du tourisme) et fait voter l’autonomie des ports de commerce. C’est lui qui procède à la réintégration des postiers révoqués lors de la grève de mars 1909. Face aux inondations de la Seine en janvier 1910, il défend l’action du gouvernement et propose des mesures destinées à éviter un retour à de telles catastrophes. En octobre, c’est la grève des cheminots qui occupe le devant de la scène. Il tente, au nom de la continuité du service public, une mobilisation forcée, et n’hésite pas à parler de tentative révolutionnaire et « d’entreprise criminelle ». Le 14 janvier 1912, c’est aux côtés de Raymond Poincaré, dans son premier cabinet, qu’il officie. L’ancien député radical-socialiste devient ministre de la Guerre, un poste où il accomplit une importante œuvre de réorganisation. Soucieux de « donner au commandement tous les éléments nécessaires au point de vue matériel et moral pour remplir ses devoirs », il instaure l’autorité à chaque niveau, réorganise le haut commandement et lutte contre la politique au sein des armées. Il supprime d’ailleurs la possibilité offerte au ministre de recevoir des renseignements préfectoraux sur les officiers. On lui doit aussi le rétablissement des retraites militaires, l’établissement des défilés et des revues et la loi organisant l’aéronautique militaire. Cette fois-ci, Alexandre Millerand démissionne, désavoué par le président du Conseil, à propos de l'affaire du Paty de Clam, le 12 janvier 1913. Il avait en effet accepté de faire entrer l’officier, ancien acteur de premier plan dans l’affaire Dreyfus, à sa demande, dans la réserve, après qu’il ait retiré une plainte contre l’administration. Dans les mois qui suivent, au sein d’une Fédération des gauches constituée pour l’occasion avec l’aide d’Aristide Briand et de Louis Barthou, il milite en faveur du projet de loi qui allongerait la durée du service militaire à trois ans.
Après le début du premier conflit mondial, dans le cadre de l’Union sacrée, il détient à nouveau le portefeuille de la Guerre dans le gouvernement d'Union nationale de Raymond Viviani, du 26 août 1914 au 29 octobre 1915. Son rôle devient dès lors majeur. Pendant toute cette période, il assurera constamment de son soutien le général Joffre, commandant en chef des armées, le préservant tant bien que mal des controverses et autres manœuvres politiciennes. Le 19 septembre 1914, alors que, depuis le début du conflit, la censure militaire s’applique à la presse, le ministre recommande d’ailleurs dans une circulaire à ses préfets d’interdire « les articles de fond attaquant violemment le gouvernement ou les chefs de l’armée ». C’est donc une censure politique qui se met en place, suivant sa volonté. Avec la création de sous-secrétariats d’Etat à l’Artillerie, la Santé et à l’Intendance, quatre secrétaires d’État lui sont progressivement adjoints, dont Albert Thomas. Afin d’accélérer la production d’armement, il utilise la loi Dalbiez, votée le 26 juin 1915, afin de rapatrier les ouvriers spécialisés mobilisés sur les fronts vers les usines d’armement. Parallèlement, il ordonne un examen des situations de chacun des réformés permattant ainsi le versement de 653.000 hommes supplémentaires dans l’armée combattante.
Après l’armistice qui met fin aux hostilités, Georges Clemenceau, toujours président du Conseil, le nomme commissaire général de la République en Alsace et en Lorraine au mois de mars 1919, avec la charge de réorganiser les trois anciens départements redevenus français sans référendum. Avec la retraite du Tigre et après les élections du mois de janvier 1920, celles qui donnent naissance à la « Chambre bleu-horizon », Millerand apparaît comme le chef de la nouvelle majorité et le 20 janvier, il devient président du Conseil grâce à l’appui d’une coalition de centre-droit, le Bloc National. Les contemporains recourent volontiers à la métaphore animale pour le dépeindre. Léon Daudet le qualifie ironiquement de « sanglier chez le dentiste ». De son côté, Henry Bordeaux lui prête « l’air d’un énorme rat ».
L’homme est un travailleur acharné doublé d’un orateur talentueux et d’unntrès habile manœuvrier. Son gouvernement composé le 20 janvier, fait la part belle à plusieurs radicaux expérimentés. Millerand s’octroie les Affaire étrangères. Innovation majeure : le président du Conseil fait entrer dans son cabinet plusieurs non-parlementaires. Son ami le banquier François-Marsal devient minitre des Finances, l’ancien préfet de la Meuse, Ogier, hérite des Régions libérées. Ce choix s’explique en grande partie par le prestige nouvrau des experts et des techniciens. On peut y voir poindre la volonté de Millerand de limiter le pouvoir de la Chambre.
Nombre de députés de la nouvelle majorité considèrent que le nouveau gouvernement est trop à gauche, d’autant que Millerand a conservé bien des sympathies individuelles dans la nouvelle opposition. Le 29 janvier, la confiance n’en est pas moins votée à une confortable majorité, même si les abstentions dominent. La politique de Milleransd est bien connue depuis son discours-programme du 7 novembre 1919 : limiter les pouvoirs du Parlement, créer un collège électoral élargi pour l’élection présidentielle et réaliser la décentralisation administrative. Malheureusement, le nouveau cabinet doit faire face d’entrée à une fronde sociale qui l’oblige à suspendre ses projets. L’agitation ouvrière prend d’abord la forme d’une grève dure des cheminots puis s’étend aux métallurgistes, mineurs, ouvriers du bâtiment et dockers. Soutenu par sa majorité et une large partie de l’opinion, Millerand choisit l’épreuve de force. Il fait remplacer une partie des grévistes par des soldats, des élèves des grandes école et des volontaires de l’Union civique. Perquisitions, arrestations, angagement d’une procédure de dissolution de la Confédération géérale du trabail et renvoi de 20.000 cheminots permettent de rétablir le travail en quelques semaines.
Tous les problèmes de l’après-guerre ne sont résolus pour autant, à commencer par la très mauvaise situation financière. Le président du Conseil obtient en juillet que les Alliés fassent pression sur l’Allemagne afin qu’elle s’acquitte des réparations.
Mais c’est la politique étrangère qui retient l’essentiel de l’attention de Millerand. En vue du rétablissement de l’ambassade de France au Vatican, il envoie, dès mars, un émissaire en mission officieuse à Rome. Puis, très officiellement, le gouvernement français se fait représenter par Gabriel Hanotaux à la cérémonie de canonisation de Jeanne d’Arc à Saint-Pierre de Rome.
Concernant l’ex-Reich, Millerand incarne la politique de fremeté en faisant occuper Francfort, Hanau et Darmstadt consécutivement à la violation de la zone démilitarisée par des militaires allemands. Il obtient sur la France le mandat sur le Liban et la Syrie à la conférence de San Remo. Et c’est encore lui qui signe l’alliance militaire franco-belge et préside à la ratification du traité de Saint-Germain avec l’Autriche ainsi qu’à la signature des traités de Trianon et de Sèvres avec la Hongrie et la Turquie. Enfin, son gouvernement essaie de venir en aide à la Pologne face à l’invasion de la Russie soviétique par l’envoi d’une mission militaire conduite par le général Weygand auprès du Pilsudski. Dans cette lignée, il reconnaît le gouvernement du général russe-blanc Wrangel alors ne lutte contre l’armée rouge dirigée par Trotski.
Le 21 septembre 1920, le président de la République Paul Deschanel, en proie à des crises de folie, est poussé à la démission. Millerand, après bien des hésitations, finit par se laisser tenter par l’idée de lui succéder même s’il redoute d’être enfermé, une fois élu, dans une tour d’ivoire. Le 23 septembre 1920, couronnement de sa déjà longue carrière politique, il est élu président de la République par le Parlement. Dans sa déclaration de candidature, il souligne la nécessité de renforcer l’exécutif suprême. Pour lui, « le président de la République, s’il ne doit jamais être l’homme d’un parti, peut et doit être l’homme d’une politique arrêtée et appliquée en étroite collaboration avec ses ministres ». Le 24, le congrès le plébiscite. Sa présidence est marquée par une nette tentative de reprise en main du pouvoir par l’Elysée. Apr-s l’éviction de son ami Leygues, Millerand pousse Briand à la démission en janvier 1922, désapprouvant sa politique d’ouverture envers l’Allemagne à Cannes, avant de soutenir Poincaré et l’occupaion de la Ruhr. Dans la perspectives des élections législatives de 1924, dans un discours retentissant, le 14 octobre 1923, à Évreux, le nouveau chef de l’État se solidarise ensuite avec la majorité sortante, une stratégie qui rompt avec l’esprit des institutions. L’ensemble des partis de gauche, socialistes et communistes, lui reproche d’ailleurs cette prise de position partisane. Aussi, le 11 mai 1924, la victoire du Cartel des Gauches aux élections législatives apparaît-elle comme une défaite personnelle pour Alexandre Millerand. La nouvelle Chambre exige son départ et refuse d'entrer en contact avec un ministère procédant de son autorité. Le « blocus parlementaire », accompagné du renversement brutal du ministère constitué par son ami Frédéric François-Marsal, sonne la fin de son mandat. Quelques semaines plus tard, le 11 juin 1924, il se résigne à démissionner de ses fonctions. Au mois d’avril 1925, l’ancien chef de l’État est élu sénateur de la Seine. Il siégera ensuite au palais du Luxembourg en tant qu’élu de l'Orne, intervenant le plus souvent devant ses pairs sur les questions, alors omniprésentes, de politique étrangère. Absent de Vichy au mois de juin 1940, il ne participe pas au vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Le 6 avril 1943, Alexandre Millerand décède à Versailles.
DERFLER (L.) : Alexandre Millerand, the socialist years, La Haye, Mouton, 1977.
MILBANK FARRAR (M.) : Principled progmast : the political career of alexdre Millerand, New York, Berg, 1991.
PERSIL (B.R.): Alexandre Millerand 1859-1943, Paris, Société d’éditions françaises et internationales, 1949.
MILLIARD (Victor, Edouard), 1844-1921 : Avocat et homme politique. Né aux Andelys (Eure) le 19 décembre 1844, Victor Milliard fait des études de droit et devient avocat. Après son échec aux élections de 1871 comme candidat républicain de l’Eure, puis en 1877, il est élu député de l’Eure de 1887 à 1889. Il siège à gauche et vote notamment pour le retour du scrutin d’arrondissement, pour l’ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour le projet de loi Lisbonne restrictif à la liberté de la presse et pour les poursuites contre le général Boulanger. Il est nommé ensuite garde des Sceaux du 2 décembre 1897 au 27 juin 1898 dans le ministère Méline. il était élu sénateur de 1890 à sa mort. Il décède à Paris le 9 mai 1921.
MILLIÈS-LACROIX (Raphaël), 1850-1941 : Négociant et homme politique. Né à Dax (Landes) le 4 décembre 1850, Raphaël Milliès-Lacroix est responsable d’une grande entreprise de tissus. Maire de Dax puis sénateur en 1897 jusqu’en 1933, il est nommé dans le premier cabinet Clemenceau ministre des Colonies du 25 octobre 1906 au 23 juillet 1909. Il fait de nombreux voyages à ses frais en Afrique occidentale, d’où son surnom de « nègre » par le président du Conseil. Il décède à Candresse (Landes) le 12 octobre 1941.
Fils du peintre Jean-Eugène Milliès-Lacroix et de Mademoiselle Jouvenot, fille d'un négociant de tissus en gros. Orienté très jeune vers le commerce par son grand-père maternel, il fit la guerre de 1870 comme engagé dans le 55e régiment d'infanterie.
Revenu à Dax, il fut un membre actif du comité républicain qui prépara les élections de 1885 ; maire en 1887, il mena une politique active de développement de l'industrie thermale et de l'urbanisme dacquois. Il fut révoqué en 1894 par le ministre de l'Intérieur pour avoir autorisé les courses de taureaux (il fut réélu facilement). Quelques années après, partisan de la révision du procès de Dreyfus et en opposition avec ses collègues du conseil municipal, il démissionna de cette assemblée. Il se présenta aux élections sénatoriales de janvier 1897 et fut élu, mais de justesse (357 voix alors que la majorité absolue était de 356 !). Il fut constamment réélu jusqu'en 1932, date à laquelle son fils lui succéda : ainsi en 1924, il obtint 543 voix sur 664.
Conseiller général dès 1898, il devint vice-président (1908) puis président (1922 à 1924) de l'assemblée départementale.
Au Sénat, il se fit connaître par ses compétences techniques et financières. Admis à la commission des finances, il fut ensuite rapporteur général du budget (1917 à 1919) avant d'être président de la commission des finances (1920). Il soutint les ministères Waldeck-Rousseau et Combes lors des votes contre les congrégations ; il fit partie du ministère de Georges Clémenceau en tant que ministre des Colonies (1906-1909) et fit un grand voyage en Afrique-Occidentale.
Au Sénat, où il siégeait dans les rangs de la gauche démocratique radicale et radical-socialiste, il occupa le poste de vice-président du 10 janvier 1929 à 1932. Homme des commissions, Raphaël Milliès-Lacroix n'était pas un orateur des séances publiques, mais il était réputé pour son honnêteté et son esprit d'économie. On le compara à Colbert, marchand drapier comme lui.
Il avait refusé la Légion d'honneur car Dupuy lui demandait en échange de retirer sa candidature des sénatoriales.
Il fut au Sénat un des grands défenseurs des courses de taureaux. A Dax, il fut un des principaux rédacteurs du journal Le Dacquois. Il publia, en 1901, une brochure de 70 pages, Les incendies dans les forêts de pins des Landes de Gascogne. Etude sur le projet de loi déposé au Sénat, ainsi qu'une Histoire de Dax, parue en 1933.
Notice de Jean-Claude Drouin, extraite du dictionnaire biographique, Mémoire des Landes, 1991.
MILLOT (Léon, Joseph, Auguste), 1880-1960 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Mihiel (Meuse) le 7 octobre 1881, Léon Millot fait des études de droit puis avocat. Il est élu député du Nord de 1928 à 1932 siégeant à la gauche radicale. Il est nommé par Steeg dans son cabinet, sous-secrétaire d’Etat à la guerre du 13 décembre 1930 au 26 janvier 1931. Il décèdera à Saint-Pierre-des-Nids (Mayenne) le 17 septembre 1960.
MINISTRES :
Liste des différents gouvernements :
GOUVERNEMENT DE LA DEFENSE NATIONALE (4 septembre 1870-17 février 1871) :
-Présidence : Trochu
-Vice-présidence : Jules Favre.
-Membres : Emmanuel Arago, Adolphe Crémieux, Léon Gambetta, Garnier-Pagès, Glais-Bizoin, Eugène Pelletan, Ernest Picard, Rochefort (jusqu’au 31 octobre 1870), Jules Simon.
-Secrétariat : Jules Ferry.
MINISTÈRE DIT « DU 4 SEPTEMBRE » (4 septembre 1870-19 février 1871) :
-Affaires étrangères : Jules Favre
-Intérieur : Léon Gambetta (jusqu’au 6 février 1871) Emmanuel Arago
-Guerre : Général Adolphe Charles Le Flô
-Marine et colonies : Vice-amiral Fourichon
-Justice : Adolphe Crémieux
-Finances : Ernest Picard
-Instruction publique et Cultes : Jules Simon
-Travaux publics : Dorian
-Agriculture et Commerce : Jules Magnin
PREMIER GOUVERNEMENT DUFAURE (19 février 1871-23 mai 1873) :
-Vice-président du Conseil et Justice : Jules Dufaure.
-Affaires étrangères : Jules Favre (jusqu’au 2 août 1871) Charles de Rémusat.
-Instruction publique : Jules Simon
-Intérieur : Ernest Picard (jusqu’au 5 juin 1871), Félix Lambrecht (jusqu’au 11 octobre 1871), Auguste Casimir-Périer (jusqu’au 6 février 1872), Charles Lefranc (jusqu’au 7 décembre 1872), Goulard.
-Guerre : Général Adolphe Charles Le Flô remplacé le 5 juin 1871 par le général de Cissey
-Marine et Colonies : Vice-amiral Pothuau
-Agriculture et Commerce : Félix Lambrecht remplacé le 5 juin 1871 par Charles Lefranc, le 6 février 1872 remplacé par de Goulard puis remplacé le 23 avril 1872 par Teisserenc de Bort
-Travaux publics : Baron de Larcy remplacé le 7 décembre 1872 par de Fourtou
-Finances : Louis Buffet remplacé le 25 février 1871 par Auguste Pouyer-Quertier, remplacé le 23 avril 1872 par de Goulard, le 7 décembre 1872 par Léon Say
SECOND GOUVERNEMENT DUFAURE (18 mai 1873-24 mai 1873) :
-Affaire étrangères : Jules Favre
-Justice : Jules Dufaure
-Instruction publique : William Waddington
-Intérieur : Auguste Casimir-Périer
-Affaires étrangères : Charles de Rémusat
-Guerre : Général de Cissey
-Marine et Colonies : Vive-amiral de Pothuau
-Finances : Léon Say
-Travaux publics : Béranger
-Agriculture et Commerce : Teisserenc de Bort
-Cultes : de Fourtou
PREMIER GOUVERNEMENT DE BROGLIE (25 mai 1873-26 novembre 1873) :
-Affaires étrangères : Duc Albert de Broglie
-Instruction publique, Cultes et beaux arts : Alfred Nicolas Deseilligny
-Justice et cultes : Jean-Edmond Ernoul
-Intérieur : Charles Beulé
-Finances : Pierre Magne
-Guerre : Général François du Barail
-Marine et colonies : Vice-amiral de Dompierre d'Hornoy
-Travaux publics : Nicolas Deseilligny
-Agriculture et Commerce : Joseph de la Bouillerie
DEUXIÈME GOUVERNEMENT DE BROGLIE (26 novembre 1873-22 mai 1874) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : François de Fourtou
-Justice : Victor Depeyre
-Intérieur : Duc Albert de Broglie
-Finances : Pierre Magne
-Guerre : Général François du Barail
-Marine et Colonies : Vice-amiral Charles-Marie de Dompierre d'Hornoy
-Travaux publics : Louis de Larcy
-Agriculture et Commerce : Alfred Nicolas Deseilligny
GOUVERNEMENT DE CISSEY (22 mai 1874-10 mars 1875) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Vicomte Arthur Timothée de Cumont
-Justice : Adrien-Joseph Tailhand
-Intérieur : François de Fourtou, remplacé le 20 juillet 1874 par Chabaud La Tour
-Finances : Pierre Magne remplacé le 20 juillet 1874 par Mathieu Bodet
-Guerre : Général Ernest-Louis de Cissey
-Marine et Colonies : Contre-amiral Louis Raymond de Montaignac
-Travaux publics : Eugène Caillaux
-Agriculture et Commerce : Louis Grivart
GOUVERNEMENT BUFFET (10 mars 1875-23 février 1876) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique, Cultes et beaux arts : Henri Wallon
-Justice et cultes : Jules Dufaure
-Intérieur : Louis Buffet
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Ernest-Louis de Cissey
-Marine et colonies : Contre-amiral Louis Raymond de Montaignac
-Travaux publics : Eugène Caillaux
-Agriculture et Commerce : Vicomte Marie Camille de Meaux
TROISIÈME GOUVERNEMENT DUFAURE (23 février 1876-9 mars 1876) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Henri Waddington
-Justice : Jules Dufaure
-Intérieur : Jules Dufaure (par intérim)
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Ernest-Louis de Cissey
-Marine et Colonies : Contre amiral de de Montaignac
-Travaux publics : Eugène Caillaux
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Henri Wallon
-Agriculture et Commerce : Vicomte Marie Camille de Meaux
Sous-secrétaires d’État :
-Intérieur : Albert Desjardins
-Finances : Louis Pussy
QUATRIÈME GOUVERNEMENT DUFAURE (9 mars 1876-22 décembre 1876) :
-Justice et Cultes : Jules Dufaure
-Affaire étrangères : Duc Louis Decazes
-Intérieur : Amable Ricard (remplacé le 15 mai 1876 par de Marcère)
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Ernest-Louis de Cissey (remplacé le 15 août 1876 par Jean-Auguste Berthaut)
-Marine et Colonies : Vice-amiral Léon-Martin de Fourichon
-Instruction publique et Beaux-Arts : William Waddington
-Travaux publics : Albert Christophle
-Agriculture et Commerce : Pierre esserinc de Bort
GOUVERNEMENT SIMON (12 décembre 1876-17 mai 1877) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique et Beaux-Arts : Henri Waddington
-Justice et Cultes : Louis Joseph Martel
-Intérieur : Jules Simon
-Finances : Léon Say
-Guerre : Jean-Auguste Berthaut
-Marine et Colonies : Vice-amiral Léon-Martin Fourichon
-Travaux publics : Albert Christophle
-Agriculture et Commerce : Pierre Edmond Tesserinc de Bort
TROISIÈME GOUVERNEMENT DE BROGLIE DIT « MINISTÈRE DU 16 MAI » (17 mai 1877 au 23 novembre 1877) :
-Affaires étrangères : Duc Louis Decazes
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Joseph-Mathieu Brunet
-Justice : Duc Albert de Broglie
-Intérieur : Marie Joseph de Fourtou
-Finances : Eugène Caillaux
-Guerre : Jean-Auguste Berthaut
-Marine et colonies : Albert-Auguste Gicquel des Touches
-Travaux publics : Jules Paris
-Agriculture et Commerce : Vicomte Marie Camille de Meaux
GOUVERNEMENT DE ROCHEBOUËT (23 novembre 1877-13 décembre 1877) :
-Guerre : Général de Grimaudet de Rochabouët
-Justice : François Le Pelletier
-Affaires étrangères : Marquis de Banneville
-Intérieur : Charles Welche
-Finances : François Dutilleul
-Marine et Colonies : Vice-amiral Roussin
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Art : Hervé Faye
-Travaux publics : Michel Graeff
-Agriculture et Commerce : Jules Ozenne
CINQUIÈME GOUVERNEMENT DUFAURE (13 décembre 1877-4 février 1879) :
-Affaires étrangères : Henri Waddington
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Benjamin Bardoux
-Justice : Dufaure
-Intérieur : Émile de Marcère
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Borel
-Marine et Colonies : Vice-amiral Pothuau
-Travaux publics : Louis de Freycinet
-Agriculture et Commerce : Pierre Edmond Tesserinc de Bort
GOUVERNEMENT WADDINGTON (4 février 1879-21 décembre 1879) :
-Affaires étrangères : Henri Waddington
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Ferry
-Justice: Philippe Le Royer
-Intérieur et Cultes (par intérim) : Émile de Marcère (remplacé par Charles Lepère le 1er mars 1879)
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Gresley
-Marine et Colonies : Vice-amiral Jean-Bernard Jauréguiberry
-Travaux publics : Louis de Freycinet
-Agriculture et Commerce : Charles Lepère (remplacé par Pierre-Emmanuel Tirard le 1er mars 1879)
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
GOUVERNEMENT FREYCINET (28 décembre 1879-23 septembre 1880) :
-Affaires étrangères : Louis de Freycinet
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Ferry
-Justice: Joseph Cazot
-Intérieur et Cultes : Charles Lepère, remplacé le 17 mai 1880 par Ernest Constans
-Finances : Joseph Magnin
-Guerre : Général Jean Farre
-Marine et Colonies : Vice-amiral Jean-Bernard Jauréguiberry
-Travaux publics : Henry Varroy
-Agriculture et commerce : Pierre Tirard
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
PREMIER GOUVERNEMENT FERRY (23 septembre 1880 au 14 novembre 1881) :
-Affaires étrangères : Joseph Barthélemy-Saint-Hilaire
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Ferry
-Justice : Joseph Cazot
-Intérieur et Cultes : Jean Constans
-Finances : Pierre-Joseph Magnin
-Guerre : Général Jean Farre
-Marine et Colonies : Vice-amiral Georges-Charles Cloué
-Travaux publics : Marie François Sadi Carnot
-Agriculture et Commerce : Pierre Tirard
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
GOUVERNEMENT GAMBETTA (14 novembre 1881 au 30 janvier 1882) :
-Affaires étrangères : Léon Gambetta
-Instruction publique et Cultes : Paul Bert
-Justice : Joseph Cazot
-Intérieur : René Waldeck-Rousseau
-Finances : Henry Allain-Targé
-Guerre : Général Jean-Baptiste Campenon
-Marine : Auguste Gougeard
-Travaux publics : David Raynal
-Agriculture : Devès
-Commerce et Colonies : Maurice Rouvier
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
-Beaux-Arts et Arts industriels : Antonin Proust
SECOND GOUVERNEMENT DE FREYCINET (30 janvier 1882-07 août 1882) :
-Affaires étrangères : Louis de Freycinet
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Ferry
-Justice et Cultes : Gustave Humbert
-Intérieur : René Goblet
-Finances : Léon Say
-Guerre : Général Jean-Baptiste Billot
-Marine et Colonies : Vice-amiral Jean-Bernard Jauréguiberry
-Travaux publics : Henry Varroy
-Agriculture : François de Mahy
-Commerce : Pierre Tirard
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
GOUVERNEMENT DUCLERC (7 août 1882-29 janvier 1883) :
-Affaires étrangères : Eugène Duclerc
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Duvaux
-Justice et Cultes : Paul Devès
-Intérieur : Armand Fallières
-Finances : Pierre Tirard
-Guerre : Général Jean-Baptiste Billot
-Marine et Colonies : Vice-amiral Jean-Bernard Jauréguiberry
-Travaux publics : Anne-Charles Hérisson
-Agriculture : François de Mahy
-Commerce : Pierre Legrand
-Poste et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
GOUVERNEMENT FALLIÈRES (29 janvier 1883-21 février 1883) :
-Affaires étrangères (par intérim) : Armand Fallières
-Justice : Paul Devès
-Finances : Pierre Tirard
-Guerre : Général Jean Thibaudin
-Agriculture, Marine et Colonies (par intérim) : François de Mahy
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Duvaux
-Travaux publics : Anne-Charles Hérisson
-Commerce : Pierre Legrand
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
SECOND GOUVERNEMENT FERRY (21 février 1883-30 mars 1885) :
-Affaires étrangères : Challemel-Lacour (remplacé le 20 novembre 1883 par Jules Ferry)
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jules Ferry (remplacé le 20 novembre 1883 par Armand Fallières)
-Justice: Félix Martin-Feuillée
-Intérieur et Cultes : René Waldeck-Rousseau
-Finances : Pierre Tirard
-Guerre : Général Jean Thibaudin (remplacé par Vice-amiral Alexandre Peyron (intérim) avec, le 09 octobre 1883, Jean-Baptiste Campenon puis par le général Jules, Louis Lewal le 3 janvier 1885)
-Marine et Colonies : Charles Brun (remplacé par Vice-amiral Alexandre Peyron le 9 août 1883)
-Travaux publics : David Raynal
-Agriculture : Jules Méline
-Commerce : Anne-Charles Hérisson (remplacé le 14 octobre 1884 par Maurice Rouvier)
-Postes et Télégraphes : Louis-Adolphe Cochery
PREMIER GOUVERNEMENT BRISSON (6 avril 1885-7 janvier 1886) :
-Affaires étrangères : Louis de Freycinet
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : René Goblet
-Justice : Henri Brisson
-Intérieur : Félix Allain-Targé
-Finances : Jean Clamageran (remplacé par Marie, François Sadi-Carnot le 16 avril 1885)
-Guerre : Général Jean-Baptiste Campenon
-Marine et Colonies : Contre-amiral Charles-Eugène Galiber
-Travaux publics : Marie, François Sadi-Carnot (remplacé le 16 avril 1885 par Charles Demôle)
-Agriculture : Hervé Mangon (remplacé le 9 novembre 1885 par Pierre Gomot)
-Commerce : Pierre Legrand (remplacé le 9 novembre 1885 par Lucien Dautresme)
-Postes et Télégraphes : Ferdinand Sarrien
TROISIÈME GOUVERNEMENT FREYCINET (7 janvier 1886-11 décembre 1886) :
-Affaires étrangères : Louis de Freycinet
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : René Goblet
-Justice : Charles Demôle
-Intérieur : Ferdinand Sarrien
-Finances : Marie, François Sadi Carnot
-Commerce et Industrie : Edmond Lockroy
-Guerre : Général Georges Boulanger
-Marine et Colonies : Contre-amiral Hyacinthe Aube
-Travaux publics : Charles Baïhaut (remplacé le 4 novembre 1886 Edouard Millaud)
-Agriculture : Jules Develle
-Poste et Télégraphes : Félix Granet
GOUVERNEMENT GOBLET (11 décembre 1886-30 mai 1887) :
-Affaires étrangères : Émile Flourens
-Instruction publique et Beaux-Arts : Philippe Berthelot
-Justice : Ferdinand Sarrien
-Intérieur et Cultes : René Goblet
-Finances : Henri-Albert Dauphin
-Guerre : Général Georges Boulanger
-Commerce et Industrie : Edmond Locroy
-Marine et colonies : Vice-amiral Aube
-Travaux publics : Edouard Millaud
-Agriculture : Jules Develle
-Poste et Télégraphes : Félix Granet
GOUVERNEMENT ROUVIER (30 mai 1887-12 décem-bre 1887) :
-Affaires étrangères : Émile Flourens
-Instruction publique, Cultes et Beaux-arts : Eugène Spuller
-Justice : Charles Mazeau
-Intérieur : Armand Fallières
-Finances : Maurice Rouvier
-Guerre : Général Ferron
-Commerce et Industrie : Lucien Dautresme
-Marine et Colonies : Édouard Barbey
-Travaux publics : Sévériano de Hérédia
-Agriculture : François Barbe
GOUVERNEMENT TIRARD (12 décembre 1887-30 mars 1888) :
-Affaires étrangères : Émile Flourens
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Léopold Faye
-Justice : Armand Fallières
-Intérieur : Jean-Marie Sarrien
-Finances : Pierre Tirard
-Guerre : Général Logerot
-Commerce et Industrie : Lucien Dautresme
-Marine et Colonies : François de Mahy (remplacé par vice-amiral Camille Krantz le 5 janvier 1888)
-Travaux publics : Émile Loubet
-Agriculture : Jules Viette
GOUVERNEMENT FLOQUET (3 avril 1888-22 février 1889) :
-Affaires étrangères : René Goblet
-Instruction publique et Beaux-Arts : Edmond Lockroy
-Justice et Cultes : Jean-Baptiste Ferouillat remplacé le 5 juillet 1888 par Jean Guyot-Dessaigne
-Intérieur : Charles Floquet
-Finances : Paul Peytral
-Commerce et Industrie : Pierre Legrand
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine et Colonies : Vice-amiral Camille Krantz
-Travaux publics : Pierre Deluns-Montaud
-Agriculture : Jules Viette
SECOND GOUVERNEMENT TIRARD (22 février 1889-17 mars 1890) :
-Affaires étrangères : Eugène Spuller
-Instruction publique et Beaux-Arts : Armand Fallières
-Justice et Cultes : François Thévenet
-Intérieur : Jean Constans remplacé par Léon Bourgeois le 1er mars 1890
-Finances : Maurice Rouvier
-Commerce et Industrie puis Colonies: Pierre Tirard
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine et Colonies : Vice-amiral Constant Jaurès décédé le 19 mars 1887, remplacé par l'amiral Camille Krantz puis par Édouard Barbey le 10 novembre 1889
-Travaux publics : Yves Guyot
-Agriculture : Léopold Faye
QUATRIÈME GOUVERNEMENT FREYCINET (17 mars 1890-27 février 1892) :
-Affaires étrangères : Alexandre Ribot
-Instruction publique et Beaux-Arts : Léon Bourgeois
-Justice et Cultes : Armand Fallières
-Intérieur : Jean Constans
-Finances : Maurice Rouvier
-Commerce et Industrie et Colonies : Jules Roche
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine : Édouard Barbey
-Travaux publics : Yves Guyot
-Agriculture : Jules Develle
GOUVERNEMENT LOUBET (27 février 1892-6 décembre 1892) :
-Affaires étrangères : Alexandre Ribot
-Instruction publique et Beaux-Arts : Léon Bourgeois
-Justice et Cultes : Louis Ricard
-Intérieur : Émile Loubet
-Finances : Maurice Rouvier
-Commerce et Industrie et Colonies : Jules Roche
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine puis Colonies : Godefroy Cavaignac remplacé par Auguste Burdeau le 12 juillet 1892
-Travaux publics : Jules Viette
-Agriculture : Jules Develle
PREMIER GOUVERNEMENT RIBOT (6 décembre 1892-11 janvier 1893) :
-Affaires étrangères : Alexandre Ribot
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Charles Dupuy
-Justice : Léon Bourgeois
-Intérieur : Émile Loubet
-Finances : Maurice Rouvier remplacé par Pierre Tirard le 13 décembre 1892
-Commerce et Industrie : Jules Siegfried
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine et Colonies : Auguste Burdeau
-Travaux publics : Jules Viette
-Agriculture : Jules Develle
SECOND GOUVERNEMENT RIBOT (11 janvier 1893-4 avril 1893) :
-Affaires étrangères : Jules Develle
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Charles Dupuy
-Justice et cultes : Léon Bourgeois
-Intérieur : Alexandre Ribot
-Finances : Pierre Tirard
-Commerce et Industrie et Colonies : Jules Siegfried
-Guerre : Général Julien Loizillon
-Marine : Vice-amiral Adrien Rieunier
-Travaux publics : Jules Viette
-Agriculture : Albert Viger
GOUVERNEMENT DUPUY (4 avril 1893–3 décembre 1893) :
-Affaires étrangères : Jules Develle
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Raymond Poincaré
-Justice et Cultes : Eugène Guérin
-Intérieur : Charles Dupuy
-Finances : Paul Peytral
-Commerce et Industrie et Colonies : Louis Terrier
-Guerre : Général Julien Loizillon
-Marine : Vice-amiral Adrien Rieunier
-Travaux publics : Jules Viette
-Agriculture : Albert Viger
GOUVERNEMENT CASIMIR-PERIER (3 décembre 1893-30 mai 1894) :
-Affaires étrangères : Jean Casimir-Perier
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Eugène Spuller
-Justice : Antonin Dubost
-Intérieur : David Raynal
-Finances : Auguste Burdeau
-Commerce, Industrie et Colonies puis Commerce, Indus-tries, Postes et Télégraphes : Jean Marty
-Guerre : Général Auguste Mercier
-Marine : Vice-amiral Auguste Lefèvre
-Travaux publics : Charles Jonnart
-Agriculture : Albert Viger
SECOND GOUVERNEMENT DUPUY (30 mai 1894–1er juillet 1894) :
-Affaires étrangères : Gabriel Hanotaux
-Instruction publique et Beaux-Arts : Georges Leygues
-Justice : Eugène Guerin
-Intérieur et Cultes : Charles Dupuy
-Finances : Raymond Poincaré
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Victor Lourtiès
-Guerre : Général Auguste Mercier
-Marine : Félix Faure
-Colonies : Théophile Delcassé
-Travaux publics : Louis Barthou
-Agriculture : Albert Viger
TROISIÈME GOUVERNEMENT DUPUY (1er juillet 1894-15 janvier 1895) :
-Intérieur et Cultes : Charles Dupuy
-Justice : Eugène Guérin
-Affaire étrangères : Gabriel Hanotaux
-Finances : Raymond Poincaré
-Guerre : Général Auguste Mercier
-Marine : Félix Faure
-Instruction publique et Beaux-Arts : Georges Leygues
-Travaux publics : Louis Barthou
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Victor Lourtiès
-Agriculture : Albert Viger
-Colonies : Théophile Decassé
TROISIÈME GOUVERNEMENT RIBOT (26 janvier 1895-1er novembre 1895) :
-Affaires étrangères : Gabriel Hanotaux
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Raymond Poincaré
-Justice : Ludovic Trarieux
-Intérieur : Georges Leygues
-Finances : Alexandre Ribot
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : André Lebon
-Guerre : Général Émile Zurlinden
-Marine : Vice-amiral René Besnard
-Travaux publics : Ludovic Dupuy-Dutemps
-Agriculture : Antoine Gadaud
-Colonies : Émile Chautemps
GOUVERNEMENT BOURGEOIS (1er novembre 1895 - 29 avril 1896) :
-Affaires étrangères : Philippe Berthelot remplacé par Léon Bourgeois le 28 mars 1896
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Émile Combes
-Justice : Louis Ricard
-Intérieur : Léon Bourgeois remplacé par Jean Sarrien le 28 mars 1896
-Finances : Paul Doumer
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Gustave Mesureur
-Guerre : Godefroy Cavaignac
-Marine : Édouard Lockroy
-Travaux publics : Jean-Fraçois Guyot-Dessaigne
-Agriculture : Albert Viger
-Colonies : Pierre Guieysse
GOUVERNEMENT MÉLINE (29 avril 1896-28 juin 1898) :
-Affaires étrangères : Gabriel Hanotaux
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Alfred Rambaud
-Justice : Jean Baptiste Darlan remplacé par Victor Milliard le 2 décembre 1897
-Intérieur : Louis Barthou
-Finances : Georges Cochery
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Henry Boucher
-Guerre : Général Billot
-Marine : Vice-amiral Besnard
-Travaux publics : Adolphe Turrel
-Agriculture : Jules Méline
-Colonies : André Lebon en intérim avec Georges Hanotaux depuis le 31 mai 1898
DEUXIÈME GOUVERNEMENT BRISSON (28 juin 1898-1er novembre 1898) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Léon Bourgeois
-Justice et Cultes : Jean Sarrien
-Intérieur : Henri Brisson
-Finances : Paul Peytral
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Émile Maruéjouls
-Guerre : Godefroy Cavaignac remplacé par le général Émile Zurlinden le 5 septembre 1898 puis par le général Charles Chanoine le 17 septembre 1898
-Marine : Édouard Lockroy
-Travaux publics : Louis Tillaye remplacé par Jules Godin le 19 septembre 1898
-Agriculture : Albert Viger
-Colonies : Georges Trouillot
QUATRIÈME GOUVERNEMENT DUPUY (1er novembre 1898-18 février 1899) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Georges Leygues
-Justice : Georges Lebret
-Intérieur et Cultes : Charles Dupuy
-Finances : Paul Peytral
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Paul Delombre
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine : Édouard Lockroy
-Travaux publics : Camille Krantz
-Agriculture : Albert Viger
-Colonies : Antoine Guillain
CINQUIÈME GOUVERNEMENT DUPUY (18 février 1898 - 22 juin 1899) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Georges Leygues
-Justice : Georges Lebret
-Intérieur et Cultes : Charles Dupuy
-Finances : Paul Peytral
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Paul Delombre
-Guerre : Louis de Freycinet
-Marine : Édouard Lockroy
-Travaux publics : Camille Krantz
-Agriculture : Albert Viger
-Colonies : Antoine Guillain
GOUVERNEMENT WALDECK-ROUSSEAU (22 juin 1899 - 3 juin 1902) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Georges Leygues
-Justice : Ernest Monis
-Intérieur et Cultes : René Waldeck-Rousseau
-Finances : Joseph Caillaux
-Commerce, Industrie, Posetes et Télégraphes : Alexandre Millerand
-Guerre : Général Gaston-Auguste de Galliffet remplacé le 29 mai 1900 par le général Louis André
-Marine : Jean-Marie de Lanessan
-Travaux publics : Pierre Baudin
-Agriculture : Jean Dupuy
-Colonies : Albert-Louis Decrais
GOUVERNEMENT COMBES (7 juin 1902-18 janvier 1905) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jacques Chaumié
-Justice : Ernest Vallée
-Intérieur et Cultes : Émile Combes
-Finances : Maurice Rouvier
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Georges Trouillot
-Guerre : Général Louis André remplacé par Maurice Berteaux le 15 novembre 1904
-Marine : Camille Pelletan
-Travaux publics : Émile Maruéjouls
-Agriculture : Léon Mougeot
-Colonies : Gaston Doumergue
DEUXIÈME GOUVERNEMENT ROUVIER (23 janvier 1905 - 18 février 1906) :
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé remplacé par Maurice Rouvier le 17 juin 1905
-Instruction publique et Beaux-Arts : Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
-Justice : Jacques Chaumié
-Intérieur : Eugène Etienne remplacé par Fernand Dubief le 12 novembre 1905
-Finances : Maurice Rouvier remplacé par Pierre Merlou le 12 novembre 1905
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Fernand Dubief remplacé par Georges Trouillot
-Guerre : Maurice Berteaux remplacé par Eugène Étienne le 12 novembre 1905
-Marine : Gaston Thomson
-Travaux publics : Armand Gauthier
-Agriculture : Joseph Ruau
-Colonies : Étienne Clémentel
TROISIÈME GOUVERNEMENT ROUVIER (18 février 1906 -7 mars 1906) :
-Affaires étrangères : Maurice Rouvier
-Instruction publique, Cultes et Beaux-Arts : Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
-Justice : Joseph Chaumié
-Intérieur : Ferdinand Dubief
-Finances : Pierre Merlou
-Commerce, industrie, Postes et Télégraphes : Georges Trouillot
-Guerre : Eugène Étienne
-Marine : Gaston Thomson
-Travaux publics : Armand Gauthier
-Agriculture : Joseph Ruau
-Colonies : Étienne Clémentel
GOUVERNEMENT SARRIEN (13 mars 1906-20 octobre 1906) :
-Affaires étrangères : Léon Bourgeois
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Aristide Briand
-Justice : Jean Sarrien
-Intérieur : Georges Clemenceau
-Finances : Raymond Poincaré
-Guerre : Eugène Étienne
-Commerce, Industrie et Travail : Gaston Doumergue
-Marine : Gaston Thomson
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Louis Barthou
-Agriculture : Joseph Ruau
-Colonies : Georges Leygues
PREMIER GOUVERNEMENT CLEMENCEAU (25 octobre 1906- 20 juillet 1909) :
-Affaires étrangères : Stephen Pichon
-Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes : Aristide Briand remplacé par Gaston Doumergue le 4 janvier 1908
-Justice : Jean Guyot-Dessaigne remplacé par Aristide Briand le 4 janvier 1908
-Intérieur : Georges Clemenceau
-Finances : Joseph Caillaux
-Guerre : Général Georges Picquart
-Commerce et Industrie : Gaston Doumergue remplacé par Jean Cruppi le 4 janvier 1908
-Marine : Gaston Thomson remplacé par Alfred Picard le 19 octobre 1908
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Louis Barthou
-Agriculture : Joseph Ruau
-Colonies : Raphaël Milliès-Lacroix
-Travail et Prévoyance sociale : René Viviani
PREMIER GOUVERNEMENT BRIAND (24 juillet 1909-3 novembre 1910) :
-Affaires étrangères : Stephen Pichon
-Instruction publique et Beaux-Arts : Gaston Doumergue
-Justice : Louis Barhou
-Intérieur et Cultes : Aristide Briand
-Finances : Georges Cochery
-Guerre : Général Jean Brun
-Commerce et Industrie : Jean Dupuy
-Marine : Vice-amiral Auguste Boué de Lapeyrère
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Alexandre Millerand
-Agriculture : Joseph Ruau
-Colonies : Georges Trouillot
-Travail et Prévoyance sociale : René Viviani
SECOND GOUVERNEMENT BRIAND (4 novembre 1910-2 mars 1911 :
-Affaires étrangères : Stephen Pichon
-Instruction publique et Beaux-Arts : Maurice Faure
-Justice : Théodore Girard
-Intérieur et Cultes : Aristide Briand
-Finances : Louis Klotz
-Guerre : Général Jean Brun
-Commerce et Industrie : Jean Dupuy
-Marine : Vice-amiral Auguste Boué de Lapeyrère
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Louis Puech
-Agriculture : Maurice Raynaud
-Colonies : Jean Morel
-Travail et prévoyance sociale : Louis Lafferre
GOUVERNEMENT MONIS (2 mars 1911-23 juin 1911) :
-Affaires étrangères : Jean Cruppi
-Instruction publique et Beaux-Arts : Théodore Steeg
-Justice : Antoine Perrier
-lntérieur et Cultes : Ernest Monis
-Finances : Joseph Caillaux
-Guerre : Maurice Berteaux (tué le 21 mai 1911) remplacé par le général François Goiran le 27 mai 1911
-Commerce et Industrie : Alfred Massé
-Marine : Théodore Delcassé
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Charles Dumont
-Agriculture : Jules Pams
-Colonies : Adolphe Messimy
-Travail et Prévoyance sociale : Joseph Paul-Boncour
GOUVERNEMENT CAILLAUX (28 juin 1911-11 janvier 1912) :
-Affaires étrangères : Justin de Selves, démissionnaire le 9 janvier 1912, non remplacé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Théodore Steeg
-Justice : Jean Cruppi
-lntérieur et Cultes : Joseph Caillaux
-Finances : Louis Klotz
-Guerre : Adolphe Messimy
-Commerce et Industrie : Charles Couyba
-Marine : Théodore Delcassé
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Victor Augagneur
-Agriculture : Jules Pams
-Colonies : Albert Lebrun
-Travail et Prévoyance sociale : René Renoult
PREMIER GOUVERNEMENT POINCARÉ (14 janvier 1912-21 janvier 1913) :
-Affaires étrangères : Raymond Poincaré
-Instruction publique et Beaux-Arts : Gabriel Guist'hau
-Justice : Aristide Briand
-Intérieur : Théodore Steeg
-Finances : Louis Klotz
-Guerre : Alexandre Millerand remplacé le 12 janvier 1913 par Albert Lebrun
-Commerce et Industrie : Fernand David
-Marine : Théodore Delcassé
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Jean Dupuy
-Agriculture : Jules Pams
-Colonies : Albert Lebrun remplacé le 12 janvier 1913 par René Besnard
-Travail et Prévoyance sociale : Léon Bourgeois
TROISIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (du 21 janvier 1913-22 mars 1913) :
-Affaires étrangères : Charles Jonnart
-Instruction publique et Beaux-Arts : Théodore Steeg
-Justice : Louis Barhou
-lntérieur : Aristide Briand
-Finances : Louis Klotz
-Guerre : Eugène Étienne
-Commerce et Industrie : Gabriel Guist'hau
-Marine : Pierre Baudin
-Travaux publics, Postes et Télégraphes : Jean Dupuy
-Agriculture : Fernand David
-Colonies : Jean Morel
-Travail et Prévoyance sociale : René Besnard
GOUVERNEMENT BARTHOU (22 mars 1913-9 décembre 1913) :
-Affaires étrangères : Stephen Pichon
-Instruction publique et Beaux-Arts : Louis Barthou
-Justice : Antony Ratier
-Intérieur : Louis Klotz
-Finances : Charles Dumont
-Guerre : Eugène Étienne
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Alfred Massé
-Marine : Pierre Baudin
-Travaux publics: Joseph Thierry
-Agriculture : Étienne Clémentel
-Colonies : René Morel
-Travail et Prévoyance sociale : Henri Chéron
PREMIER GOUVERNEMENT DOUMERGUE (9 décembre 1913-4 juin 1914) :
-Affaires étrangères : Gaston Doumergue
-Instruction publique et Beaux-Arts : René Viviani
-Justice : Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
-Intérieur : René Renoult remplacé le 17 mars par Louis Malvy
-Finances : Joseph Caillaux remplacé le 17 mars 1914 par René Renoult
-Guerre : Joseph Noulens
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Louis Malvy remplacé le 17 mars par Raoul Péret
-Marine : Ernest Monis remplacé le 20 mars 1914 par Armand Gauthier
-Travaux publics : Fernand David
-Agriculture : Maurice Raynaud
-Colonies : Albert Lebrun
-Travail et Prévoyance sociale : Albert Métin
QUATRIÈME GOUVERNEMENT RIBOT (9 juin 1914-13 juin 1914) :
-Président du Conseil, Justice : Alexandre Ribot
-Affaires étrangères : Léon Bourgeois
-Instruction publique et Beaux-Arts : Arthur Dessoye
-Intérieur : Léon Peytral
-Finances : Étienne Clémentel
-Guerre : Théophile Delcassé
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Marc Réville
-Marine : Émile Chautemps
-Travaux publics : Jean Dupuy
-Agriculture : Adrien Dariac
-Colonies : Jacques Maunoury
-Travail et Prévoyance sociale : Jean-Baptiste Abel
PREMIER GOUVERNEMENT VIVIANI (13 juin 1914-26 août 1914) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : René Viviani remplacé le 3 août 1914 par Gaston Doumergue
-Instruction publique et Beaux-Arts : Victor Augagneur remplacé le 3 août 1914 par Albert Sarraut
-Justice : Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
-Intérieur : Louis Malvy
-Finances : Joseph Noulens
-Guerre : Adolphe Messimy
-Commerce, Industrie, ¨Postes et Télégraphes : Gaston Thomson
-Marine : Armand Gauthier remplacé le 3 août 1914 par Victot Augagneur
-Travaux publics : René Renoult
-Agriculture : Fernand David
-Colonies : Maurice Raynaud
-Travail et Prévoyance sociale : Charles Couyba
SECOND GOUVERNEMENT VIVIANI (26 août 1914 - 29 octobre 1915) :
-Président du Conseil (sans portefeuille) : René Viviani
-Affaires étrangères : Théophile Delcassé
-Instruction publique et Beaux-Arts : Albert Sarraut
-Justice : Aristide Briand
-Intérieur : Louis Malvy
-Finances : Alexandre Ribot
-Guerre : Alexandre Millerand
-Commerce, Industrie, ¨Postes et Télégraphes : Gaston Thomson
-Marine : Victor Augagneur
-Travaux publics : Marcel Sembat
-Agriculture : Fernand David
-Colonies : Gaston Doumergue
-Travail et Prévoyance sociale : Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
-Ministre sans portefeuille : Jules Guesde
CINQUIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (29 octobre 1915-12 décembre 1916) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique et Beaux-Arts : Paul Painlevé
-Justice : René Viviani
-Intérieur : Louis Malvy
-Finances : Alexandre Ribot
-Guerre : Général Joseph Galliéni remplacé le 16 mars 1916 par le général Pierre Roque
-Commerce : Étienne Clémentel
-Marine : Contre-amiral Lucien Lacaze
-Travaux publics : Marcel Sembat
-Agriculture : Jules Méline
-Colonies : Gaston Doumergue
-Travail et Prévoyance sociale : Albert Métin
-Ministres d'État : Charles de Freycinet, Léon Bourgeois, Émile Combes, Jules Guesde, Denys Cochin
SIXIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (12 décembre 1916-17 mars 1917) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
- Justice, Instruction publique et Beaux-Arts : René Viviani
-Intérieur : Louis Malvy
-Guerre : Général Hubert Lyautey avec Denys Cochin sous-secrétaire d'Etat au Blocus
-Finances : Alexandre Ribot
-Commerce, Industrie, Agriculture, Travail, Prévoyance sociale, Postes et Télégraphes : Étienne Clémentel
-Marine : Contre-amiral Lucien Lacaze
-Travaux publics, Transport et Ravitaillement : Édouard
Herriot
-Armement et fabrication de guerre : Albert Thomas et Louis Loucheur, sous secrétaire d'état
-Colonies : Gaston Doumergue
CINQUIÈME GOUVERNEMENT RIBOT (20 mars 1917 - 7 septembre 1917) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Alexandre Ribot
-Instruction publique et Beaux-Arts : Théodore Steeg
-Justice : René Viviani
-Intérieur : Louis Malvy
-Finances : Joseph Thierry
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Étienne Clémentel
-Guerre : Paul Painlevé
-Armement et fabrication de guerre : Albert Thomas
-Marine : Contre-amiral Lucien Lacaze remplacé le 10 août 1917 par Charles Chaumet
-Travaux publics et Transports : Georges Desplas
-Agriculture : Fernand David
-Colonies : André Maginot
-Ravitaillement général et Transport maritime : Maurice Violette
-Travail et Prévoyance sociale : Léon Bourgeois
PREMIER GOUVERNEMENT PAINLEVÉ (12 septembre 1917-13 novembre 1917) :
-Président du Conseil, Guerre : Paul Painlevé
-Affaires étrangères : Alexandre Ribot remplacé le 23 octobre 1917 par Louis Barthou
-Instruction publique et Beaux-Arts : Charles-Auguste Daniel-Vincent
-Justice : Raoul Péret
-Intérieur : Théodore Steeg
-Finances : Louis Klotz
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Étienne Clémentel
-Armement et Farication de guerre : Louis Loucheur
-Marine : Charles Chaumet
-Agriculture : Fernand David
-Colonies : René Besnard
-Travaux publics et Transports : Albert Claveille
-Travail et Prévoyance sociale: André Renard
-Ravitaillement général : Maurice Long
-Ministres d’État, membres du Comité de guerre : Louis Barthou, Léon Bourgeois, Paul Doumer, Jean Dupuy et Franklin-Bouillon depuis le 27 septembre 1917
SECOND GOUVERNEMENT CLEMENCEAU (16 novembre 1917-17 janvier 1920) :
-Président du Conseil et Guerre : Georges Clemenceau
-Affaires étrangères : Stephen Pichon
-Instruction publique et Beaux-Arts : Louis Lafferre
-Justice : Louis Nail
-Intérieur : Jules Pams
-Finances : Louis Klotz
-Commerce, Industrie, Marine marchande, Postes et Télégraphes : Étienne Clémentel
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics et Transports : Albert Claveille
-Agriculture et Ravitaillement : Victor Boret remplacé le 20 juillet 1919 par Joseph Noulens
-Colonies : Henry Simon
-Travail et Prévoyance sociale : Pierre Colliard
-Blocus et Régions libérées : Charles Jonnard (démission-naire) remplacé le 23 novembre 1917 par Albert Lebrun
-Armement et Fabrication de guerre puis Reconstruction industrielle : Louis Loucheur
PREMIER GOUVERNEMENT MILLERAND (19 janvier 1920-21 septembre 1920) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Alexandre Millerand
-Instruction publique et Beaux-Arts : André Honnorat
-Justice : Gustave Lhopiteau
-Intérieur : Théodore Steeg
-Finances : Frédéric François-Marsal
-Guerre : André Lefrèvre
-Commerce et Industrie : Auguste Isaac
-Marine : Adolphe Landry
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Joseph-Honoré Ricard
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Pierre Jourdain
-Régions libérées : Émile Ogier
-Pensions, Primes et Allocations de guerre : André Maginot
-Hygiène assistance et Prévoyance sociale : Jean-Louis Breton
GOUVERNEMENT LEYGUES (25 septembre 1920-12 janvier 1921) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Georges Leygues
-Sous secrétariat à la présidence du Conseil : Charles Reibel
-Instruction publique : André Honnorat
-Justice : Gustave Lhopiteau
-Intérieur : Théodore Steeg
-Sous-secrétariat d’État de l’Intérieur : Robert David
-Finances : Frédéric François-Marsal
-Sous-secrétariat d’État aux Finances : Émile Brousse
-Guerre : Alfred Lefrèvre puis Flaminius Raiberti à partir du 16 décembre 1920
-Commerce et Industrie : Auguste Isaac
-Marine : Adolphe Landry
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Joseph-Honoré Ricard
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Pierre Jourdain
-Régions Libérées : Émile Ogier
-Pensions : André Maginot
-Sous-secrétariat à l’Instruction publique (Enseignement Technique) : Pierre Coupat
-Sous-secrétariat des Régions Libérées : Georges Leredu
-Hygiène et prévoyancesociale : Jules-Louis Breton
SEPTIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (16 janvier 1921-15 janvier 1922) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
-Sous-secrétariat de la Présidende du Conseil : Théodore Tissier
-Instruction publique : Léon Bérard
-Justice : Laurent Bonnevay
-Intérieur : Pierre Marraud
-Sous-secrétariat de l’Intérieur : Maurice Colrat
-Finances : Paul Doumer
-Sous-secrétariat des Finances (Liquidation des stocks) : André Paisant
-Guerre : Louis Barthou
-Commissariat de la Préparation militaire : Henry Paté
-Commerce : Lucien Dior
-Marine : Gabriel Guist'hau
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Edmond Lefebvre du Prey
-Sous-secrétariat de l’Agriculture : A. Puis
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Daniel-Vincent
-Régions libérées et Réparations : Louis Loucheur
-Sous-secrétariat aux Régions libérées : G Lugol
-Hygiène sociale : Georges Leredu
-Pensions : André Maginot
SECOND GOUVERNEMENT POINCARÉ (15 janvier 1922-29 mars 1924) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Raymond Poincaré
-Sous-secrétariat de la présidence du Conseil : Maurice Colrat
-Instruction publique et Beaux-Arts : Léon Bérard
-Justice : Louis Barthou remplacé le 5 octobre 1922 par Maurice Colrat
-Intérieur : Jacques Maunoury
-Finances : Charles de Lasteyrie
-Guerre et Pensions : André Maginot
-Commerce : Lucien Dior
-Marine : Flaminius Raiberti
-Marine marchande : A Rio
-Aéronautique militaire : Laurent Eynac
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Henri Chéron
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Albert Peyronnet
-Hygiène et Assurances : Paul Strauss
TROISIÈME GOUVERNEMENT POINCARÉ (29 mars 1924-1er juin 1924) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Raymond Poincaré
-Instruction publique : Henry de Jouvenel
-Justice : Edmond Lefèbvre du Prey
-Intérieur : Justin de Selves
-Finances : Frédéric François-Marsal
-Guerre : André Maginot
-Commerce, Postes et Télégraphes : Louis Loucheur
-Marine : Maurice Bokanowski
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Joseph Capus
-Colonies : Jean Fabry
-Travail et Hygiène : Charles-Auguste Daniel-Vincent
-Régions libérées : Louis Marin
GOUVERNEMENT FRANÇOIS-MARSAL (9 juin 1924-14 juin 1924) :
-Président du Conseil, Finances : Frédéric François-Marsal
-Instruction publique : A Landry
-Justice : Antony Ratier
-Affaires étrangères : Edmond Lefèbvre du Prey
-Intérieur : Justin de Selves
-Guerre : André Maginot
-Commerce, Industrie, Postes et Télégraphes : Pierre-Étienne Flandin
-Marine : Désiré Ferry
-Travaux publics : Yves Le Troquer
-Agriculture : Joseph Capus
-Colonies : Jean Fabry
-Travail : Paul Jourdain
-Régions libérées : Louis Marin
PREMIER GOUVERNEMENT HERRIOT (14 juin 1924-10 avril 1925) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Édouard Herriot
-Instruction publique : François-Albert
-Justice : René Renoult
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Étienne Clémentel remplacé le 3 avril 1925 par Anatole de Monzie
-Guerre : Général Charles Nollet
-Commerce et Industrie : Eugène Raynaldy
-Marine : Jacques-Louis Dumesnil
-Travaux publics : Victor Peytral
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : Édouard Daladier
-Travail et Hygiène : Justin Godard
-Régions libérées : Victor Dalbiez
-Pensions : Édouard Bovier-Lapierre
SECOND GOUVERNEMENT PAINLEVÉ (14 avril 1925-29 octobre 1925) :
-Président du Conseil, Guerre : Paul Painlevé
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Anatole de Monzie remplacé le 11 octobre 1925 par Yvon Delbos
-Justice : Théodore Steeg remplacé le 11 octobre 1925 par Anatole de Monzie
-Intérieur : Abraham Schrameck
-Finances : Joseph Caillaux
-Commerce et Industrie : Charles Chaumet
-Marine : Émile Borel
-Travaux publics : Pierre Laval
-Agriculture : Jean Durand
-Colonies : André Hesse
-Travail : Antoine Durafour
-Pensions : Louis Antériou
TROISIÈME GOUVERNEMENT PAINLEVÉ (29 octobre 1925-22 novembre 1925) :
-Présidence du Conseil, Finances : Paul Painlevé
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Yvon Delbos
-Justice : Camille Chautemps
-Intérieur : Abraham Schrameck
-Budget : Georges Bonnet
-Guerre : Édouard Daladier
-Commerce et Industrie : Charles-Auguste Daniel-Vincent
-Marine : Émile Borel
-Travaux publics : Anatole de Monzie
-Agriculture : Jean Durand
-Colonies : Léon Perrier
-Travail : Antoine Durafour
-Pensions : Louis Antériou
HUITIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (28 novembre 1925-9 mars 1926) :
-Président du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Édouard Daladier
-Justice : René Renoult
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Louis Loucheur remplacé par Paul Doumer le 16 décembre 1925
-Guerre : Paul Painlevé
-Commerce et Industrie : Charles-Auguste Daniel-Vincent
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics : Anatole De Monzie
-Agriculture : Jean Durand
-Colonies : Léon Perrier
-Travail : Antoine Durafour
-Pensions : Pierre Jourdain
NEUVIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (9 mars 1925-23 juin 1926) :
-Présidence du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Lucien Lamoureux
-Justice : Pierre Laval
-Intérieur : Louis Malvy remplacé par Jean Durand le 10 avril 1926
-Finances : Raoul Peret
-Guerre Painlevé
-Commerce et Industrie : Charles-Auguste Daniel-Vincent
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics : Anatole De Monzie
-Agriculture : Jean Durand remplacé par François Binet le 10 avril 1926
-Colonies : Léon Perrier
-Travail : Antoine Durafour
-Pensions : Pierre Jourdain
DIXIÈME GOUVERNEMENT BRIAND (23 juin 1926-19 juillet 1926) :
-Présidence du Conseil, Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique Nogaro
-Justice Laval
-Intérieur Durand
-Finances Caillaux
-Guerre Guillaumat
-Commerce et Industrie Chapsal
-Marine Leygues
-Travaux publics Daniel-Vincent
-Agriculture Binet
-Colonies Perrier
-Travail Durafour
-Pensions Jourdain
GOUVERNEMENT HERRIOT (18 juillet 1926-21 juillet 1926) :
-Présidence du Conseil, Affaires étrangères : Édouard Herriot
-Instruction publique, Cultes : Edouard Daladier
-Justice et Alsace-Lorraine : Maurice Colrat
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Anatole de Monzie
-Guerre : Paul Painlevé
-Commerce et Industrie : Louis Loucheur
-Marine : René Renoult
-Travaux publics : André Hesse
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : A. Dariac
-Travail et Hygiène : L Pasquet
-Pensions : Georges Bonnet
QUATRIÈME GOUVERNEMENT POINCARÉ (23 juillet 1926-11 Novembre 1928) :
-Présidence du Conseil, Finances : Raymond Poincaré
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Édouard Herriot
-Justice et Affaire d’Alsace-Lorraine : Louis Barthou
-Intérieur : Albert Sarraut
-Guerre : Paul Painlevé
-Commerce et Industrie : M Bokanowski, décdé le 2 septembre 1928 remplacé le 14 septembre 1928 par Henry Chéron
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics et PTT : André Tardieu
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : Léon Perrier
-Travail : André Fallières remplacé le1er juin 1928 par Louis Loucheur
-Pensions : Louis Marin
-Sous-secrétariat au Travail : A. Oberkirch
CINQUIÈME GOUVERNEMENT POINCARE (9 novembre 1928-27 juillet 1929) :
-Affaires étrangères : Briand
-Instruction publique : Marraud
-Justice : Barthou
-Intérieur : Tardieu
-Finances : Chéron
-Guerre : Painlevé
-Commerce et Industrie : Bonnefous
-Marine : Leygues
-Travaux publics et PTT : Forgeot
-Agriculture : Hennessy
-Colonies : Maginot
-Travail : Loucheur
-Pensions : Antériou
-Air : Laurent-Eynac
GOUVERNEMENT BRIAND (29 juillet 1929-22 octobre 1929) :
-Affaires étrangères : Briand
-Instruction publique : Marraud
-Justice : Barthou
-Intérieur : Tardieu
-Finances : Chéron
-Guerre : Painlevé
-Commerce et Industrie : Bonnefous
-Marine : Leygues
-Travaux publics et PTT : Forgeot
-Agriculture : Hennessy
-Colonies : Maginot
-Travail : Loucheur
-Pensions : Antériou
-Air : Laurent-Eynac
GOUVERNEMENT TARDIEU (31 octobre 1929-17 février 1930) :
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Marraud
-Justice : Hubert
-Intérieur : André Tardieu
-Finances : Chéron
-Guerre : Maginot
-Commerce et Industrie : Flandin
-Marine : Leygues
-Travaux publics : Pernot
-Agriculture : Hennessy
-Colonies : Piétri
-Travail : Loucheur
-Pensions : Gallet
-Air : Laurent-Eynac
-PTT : Germain-Martin
-Marine marchande : Rollin
SECOND GOUVERNEMENT TARDIEU (2 mars 1930-4 décembre 1930)
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Marraud
-Justice : Péret
-Intérieur : André Tardieu
-Finances : Paul Reynaud
-Budget : Germain-Martin
-Guerre : Maginot
-Commerce et industrie : Flandin
-Marine : Dumesnil
-Travaux publics : Pernod
-Agricultur : David
-Colonies : Piétri
-Travail : Pierre Laval
-Pensions : Champetier de Ribes
-Air : Laurent-Eynac
-PTT : Mallarmé
-Marine marchande : Rollin
-Santé publique : Ferry
GOUVERNEMENT STEEG (13 décembre 1930-22 jan-vier 1931) :
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Instruction publique : Camille Chautemps
-Justice : Chéron
-Intérieur : Leygues
-Finances : Germain-Martin
-Guerre : Palmade
-Commerce et Industrie : Barthou
-Marine : Loucheur
-Travaux publics : Sarraut
-Agriculture : Daladier
-Colonies : Boret
-Travail : Steeg
-Pensions : Grinda
-Air : Thoumyre
-PTT : Paul Painlevé
-Marine marchande : Bonnet
-Santé publique : Danielou
GOUVERNEMENT LAVAL (27 janvier 1931-13 juin 1931) :
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Education Nationale : Roustan
-Justice : Bérard
-Intérieur : Pierre Laval
-Finances : Flandin
-Budget : Piétri
-Guerre : Maginot
-Commerce et Industrie : Rollin
-Marine : Dumont
-Travaux publics : Deligne
-Agriculture : André Tardieu
-Colonies : Reynaud
-Travail : Landry
-Pensions : Champetier de Ribes
-Air : Dumesnil
-PTT : Guernier
-Marine marchande : Chappedelaine
-Santé publique : Blaisot
GOUVERNEMENT LAVAL (13 juin 1931-18 février 1932) :
-Affaires étrangères : Aristide Briand
-Education nationale : Roustan
-Justice : Bérard
-Intérieur : Laval
-Finances Flandin
-Budget : Piétri
-Guerre : Maginot
-Commerce et Industrie : Rollin
-Marine : Dumont
-Travaux publics : Deligne
-Agriculture : André Tardieu
-Colonies : Paul Reynaud
-Travail : Landry
-Pensions : Champetier de Ribes
-Air : Dumesnil
-PTT : Guernier
-Marine marchande : Chappedelaine
-Santé publique : Blaisot
NOUVEAU GOUVERNEMENT LAVAL
-Affaires étrangères : Pierre Laval
-Instruction publique : Roustan
-justice : Bérard
-Intérieur : Cathala
-Finances : Flandin
-Budget : Piétri
-Guerre : André Tardieu
-Commerce et Industrie : Rollin
-Marine : Dumont
-Travaux publics : Deligne
-Agriculture : Achille Fould
-Colonies : Paul Reynaud
-Travail : Landry
-Pensions : Champetier de Ribes
-Air : Dumesnil
-PTT : Guernier
-Marine marchande : Chappedelaine
-Santé publique : Blaisot
GOUVERNEMENT TARDIEU (23 février 1932-10 mai 1932) :
-Affaires étrangères : André Tardieu
-Instruction publique : Guernier
-Justice et contrôle des administrations : Paul Reynaud
-Intérieur : Mahieu
-Finances : Flandin
-Guerre, Marine Air : Piétri et Roustan
-Commerce et Industrie et PTT : Cathala
-Travaux publics, Communication et Marine marchande : Pierre Laval
-Agriculture : Chappedelaine
-Colonies : Petsche
-Travail et prévoyance sociale : Chauveau
-Pensions et Régions libérées : Blaisot
-Santé publique : Rollin
TROISIÈME GOUVERNEMENT HERRIOT (3 juin 1932-15 décembre 1932) :
-Présidence du Conseil, Affaires étrangères : Edouard Herriot
-Vice-présidence du Conseil et Justice : René Renoult
-Education nationale : Anatole de Monzie
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Louis Germain-Martin
-Budget : Maurice Palmade
-Guerre : Joseph Paul-Boncour
-Commerce et Industrie : Julien Durand
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics : Edouard Daladier
-Agriculture : Abel Gardey
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Albert Dalimier
-Pensions : Aimé Berthod
-Air : Paul Painlevé
-PTT : Henri Queuille
-Marine marchande : Léon Meyer
-Santé publique : Justin Godart
GOUVERNEMENT PAUL-BONCOUR (22 décembre 1932-28 janvier 1933) :
-Présidence du Conseil, Affaires étrangères : Joseph Paul-Boncour
-Vive-présidence du Conseil et Justice : Abel Gardey
-Éducation nationale : Anatole de Monzie
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances et Budegt : Henri Chéron
-Guerre : Edouard Daladier
-Commerce et Industrie : Julien Durant
-Marine : Georges Leygues
-Travaux publics : Georges Bonnet
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : Albert Sarraut
-Travail : Albert Dalimier
-Pensions : Edmond Miellet
-Air : Paul Painlevé
-PTT : Laurent Eynac
-Marine marchande : Léon Meyer
-Santé publique : charles Daniélou
PREMIER GOUVERNEMENT DALADIER (3 février 1933-23 octobre 1933) :
Présidence du Conseil, Guerre : Édouard Daladier
Vice-présidence du Conseil, Justice : Eugène Penancier
Affaires étrangères : Joseph Paul-Boncour
-Éducation nationale : Anatole de Monzie
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Georges Bonnet
-Budget : Lucien Lamoureux
-Commerce et Industrie : Louis Serre
-Marine : Georges Leygues remplacé par Albert Sarraut le 6 septembre 1933
-Travaux publics : Joseph Paganon
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : Albert Sarraut remplacé par Albert Dalimier le 6 septembre 1933
-Travail : François Albert
-Pensions : Edmond Miellet
-Air : Pierre Cot
-PTT : Laurent Eynac
-Marine marchande : Eugène Frot
-Santé publique : Charles Danielou
GOUVERNEMENT SARRAUT (3 novembre 1933-27 novembre 1933) :
-Présidence du Présidence, Marine : Albert Sarraut
-Vice-présidence du Conseul : Albert Dalimier
-Affaires étrangères : Paul-Boncour
-Education nationale A de Monzie
-Justice : Eugène Penancier
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Georges Bonnet
-Budget Lamoureux
-Guerre : Édouard Daladier
-Commerce et Industrie Serre
-Marine Leygues remplacé par Sarraut le 2 septembre
-Travaux publics Paganon
-Agriculture Queuille
-Colonies Sarraut remplacé par Dalimier le 2 septembre
-Travail François-Albert
-Pensions Miellet
-Air Pierre Cot
-PTT Laurent-Eynac
-Marine marchande Frot
-Santé publique : Danielou
GOUVERNEMENT CHAUTEMPS (2 décembre 1933-28 janvier 1934) :
-Affaires étrangères : Paul-Boncour
-Education nationale : Anatole de Monzie
-Justice : Raynaldy
-Intérieur : Camille Chautemps
-Finances : Bonnet
-Budget : Marchandeau
-Guerre : Edouard Daladier
-Commerce et Industrie : Laurent-Eynac
-Marine : Sarraut
-Travaux publics : Paganon
-Agriculture : Henri Queuille
-Colonies : Dalimier
-Travail et prévoyance : Lamoureux
-Pensions : Ducos
-Air Pierre : Cot
-PTT : Mistler
-Marine marchande : Frot
-Santé publique : Israël
SECOND GOUVERNEMENT DALADIER (30 janvier 1934-7 février 1934) :
-Affaires étrangères : Edouard Daladier
-Éducation nationale : Berthod
-Justice : Penancier
-Intérieur : Frot
-Finances et Budget : Piétri remplacé par Marchandeau le 3 février
-Budget : Lamoureux
-Défense nationale et Guerre : Fabry remplacé par Paul- -Boncour le 3 février
-Commerce et Industrie : Mistler
-Marine militaire : Chappedelaine
-Travaux publics : Paganon
-Agriculture : Henri Queuille
-Outre-mer : H de Jouvenel
-Travail : Valadier
-Pensions Ducos
-Air : Pierre Cot
-PTT : Bernier
-Marine marchande : La Chambre
-Santé publique : Lisbonne
GOUVERNEMENT DOUMERGUE (15 février 1934-8 novembre 1934) :
Affaires étrangères Barthou remplacé par Lavallle 13 octobre 1934
Education nationale Berthod
Justice Chéron
lntérieur Sarraut
Finances et Budget Germain-Martin
Guerre Pétain
Commerce et Industrie Lamoureux
Marine militaire Piétri
Travaux publics Flandin
Agriculture Queuille
Colonies Laval
Travail Marquet
Pensions Rivollet
Air Denain
PTT Mallarmé
Marine marchande Bertrand
Santé et Education physique Marin
Ministres sans portefeuille Herriot, Tardieu
GOUVERNEMENT FLANDIN (11 novembre 1934-30 mai 1935) :
-Présidence du Conseil : Pierre-Étienne Flandin
Affaires étrangères Laval
Education nationale Mallarmé
Justice Pernot
lntérieur Régnier
Finances et Budget Germain-Martin
Guerre Maurin
Commerce et Industrie Marchandeau
Marine militaire Piétri
Travaux publics Henri Roy
Agriculture Cassez
Colonies Rollin
Travail Jacquier
Pensions Rivollet
Air Denain
PTT Mandel
Marine marchande Bertrand
Santé et Education physique Queuille
Ministres sans portefeuille Herriot, Tardieu
GOUVERNEMENT LAVAL du 4 juin 1935 au 22 janvier 1936
Affaires étrangères Laval
Education nationale Marcombes remplacé le 13 juin par Roustan
Justice Bérard
lntérieur Paganon
Finances et Budget Régnier
Guerre Fabry
Commerce et Industrie Bonnet
Marine militaire Piétri
Travaux publics Laurent-Eynac
Agriculture Cathala
Colonies Rollin
Travail Frossard
Pensions Maupoil
Air Denain
PTT Mandel
Marine marchande Roustan remplacé le 13 juin par Bertrand
Santé et Education physique Lafont
Ministres sans portefeuille Herriot, Marin, Flandin
GOUVERNEMENT SARRAUT du 31 janvier 1936 au 3 mai 1936
Affaires étrangères Flandin
Éducation nationale Guernut
Justice Delbos
Intérieur Sarraut
Finances et Budget Régnier
Guerre Maurin
Commerce et Industrie Bonnet
Marine militaire Piétri
Travaux publics Chautemps
Agriculture Thellier
Colonies Stern
Travail Frossard
Pensions Besse
Air Déat
PTT et Alsace Lorraine Mandel
Marine marchande Chappedelaine
Santé publique Nicolle
Ministre d'Etat sans portefeuille Paul-Boncour
GOUVERNEMENT BLUM (5 juin 1936 au 21 juin 1937) :
Affaires étrangères Delbos
Éducation nationale Jean Zay
Justice Marc Rucart
Intérieur Roger Salengro remplacé le 24 novembre 36 par Marx Dormoy
Finances Vincent Auriol
Économie nationale Charles Spinasse
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Bastid
Marine Gasnier-Duparc
Travaux publics Albert Bedouce
Agriculture Georges Monnet
Colonies Moutet
Travail Jean-Baptiste Lebas
Pensions Rivière
Air Cot
PTT Robert Jardillier
Santé publique Sellier
Ministres d'Etat sans portefeuille Chautemps, Faure, Viollette
PREMIER GOUVERNEMENT CHAUTEMPS du 29 juin 1937 au 14 janvier 1938
Affaires étrangères Delbos
Éducation nationale Jean Zay
Justice Vincent Auriol
Intérieur Marx Dormoy
Finances Bonnet
Économie nationale Charles Spinasse
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Chapsal
Marine militaire Campinchi
Travaux publics Queuille
Agriculture Georges Monnet
Colonies Moutet
Travail André Février
Pensions Rivière
Air Pierre Cot
PTT Lebas
Santé publique Rucart
Ministres d'Etat sans portefeuille Sarraut, Faure, Viollette
SECOND GOUVERNEMENT CHAUTEMPS du 18 janvier 1938 au 10 mars 1938
Affaires étrangères Delbos
Education nationale Jean Zay
Justice Campinchi
Intérieur et Afrique du Nord Sarraut
Finances Marchandeau
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Pierre Cot
Marine militaire Bertrand
Marine marchande Elbel
Travaux publics Queuille
Agriculture Chapsal
Colonies Steeg
Travail Ramadier
Pensions Lasalle
Air La Chambre
PTT Gentin
Santé publique Rucart
Ministres d'Etat sans portefeuille Bonnet, Frossard
SECOND GOUVERNEMENT BLUM (18 mars 1938-8 avril 1938
Affaires étrangères Paul-Boncour
Éducation nationale Jean Zay
Justice Rucard
Intérieur Dormoy
Trésor Blum
Budget Spinasse
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Pierre Cot
Marine militaire Campinchi
Travaux publics Jules Moch
Agriculture Monnet
Colonies Moutet
Travail Sérol
Pensions Rivière
Air La Chambre
PTT Lebas
Santé publique Gentin
Propagande Frossard
coordination des services de la présidence du conseil Auriol
Ministres d'Etat sans portefeuille Steeg, Sarraut, Faure, Viollette
TROISIEME GOUVERNEMENT DALADIER (12 avril 1938 au 11 mai 1939) :
Affaires étrangères Bonnet
Éducation nationale Jean Zay
Justice Reynaud remplacé le 1er novembre par Marchandeau
Intérieur Sarraut
Finances Marchandeau remplacé le 1er novembre par Reynaud
Économie nationale et Production Patenôtre
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Fernand Gentin
Marine militaire Campinchi
Marine marchande Chappedelaine
Travaux publics Frossard remplacé le 23 août par Anatole de Monzie
Agriculture Queuille
Colonies Mandel
Travail Ramadier remplacé le 23 août par Charles Pomaret
Anciens combattants et Pensions Champetier de Ribes
Air La Chambre
PTT Jules Julien
Santé publique Rucart
Vice président du conseil Chautemps
Daladier remanie son gouvernement :
Affaires étrangères Daladier
Éducation nationale Delbos
Justice Bonnet
Intérieur Sarraut
Finances Reynaud
Économie nationale et Production Patenôtre
Défense nationale et Guerre Daladier
Commerce et Industrie Fernand Gentin
Marine militaire Campinchi
Marine marchande Chappedelaine
Travaux publics Anatole de Monzie
Agriculture Queuille
Colonies Mandel
Travail Charles Pomaret
Anciens combattants et Pensions Champetier de Ribes
Air La Chambre
PTT Jules Julien
Santé publique Rucart
Blocus Pernod
Armement Raoul Dautry
Vice président du conseil Chautemps
LE GOUVERNEMENT REYNAUD (22 mars 1940-16 juin 1940) :
Président du Conseil, Affaires étrangères : Paul Reynaud remplacé le 18 mai par Daladier remplacé le 5 juin par Paul Baudouin
Éducation nationale Sarraut remplacé le 5 juin par Delbos
Justice Albert Sérol
Intérieur Roy remplacé le 18 mai par Mandel
Information Louis-Oscar Frossard remplacé le 5 juin par Jean Prouvost
Finances Lamoureux remplacé le 5 juin par Yves Bouthillier
Défense nationale et Guerre Daladier
Marine Commerce et Industrie Campinchi
Travaux publics Anatole de Monzie remplacé le 5 juin par Frossard
Colonies Mandel
Air Laurent-Eynac
Ravitaillement Queuille
Blocus Georges Monnet
Armement Raoul Dautry
Famille (le 5 juin) Pernot
Commerce (le 18 mai) Barèty
GOUVERNEMENT PÉTAIN (16 juin 1940-11 juillet 1940) :
-Président du Conseil : Maréchal Philippe Pétain
-Ministres d’État et Vice-Présidents du Conseil : Camille Chautemps et Pierre Laval (23 juin 1940)
-Ministre d’État : Adrien Marquet (du 23 au 27 juin 1940)
-Affaires étrangères : Paul Baudouin
-Éducation nationale : Albert Rivaud
-Justice : Charles Frémicourt
-Intérieur : Charles Pomaret remplacé le 27 juin 1940 par Adrien Marquet
-Transmissions : André Février
-Travail : André Février remplacé le 27 juin 1940 par Charles Pomaret
-Finances et Commerce : Yves Bouthillier
-Défense nationale : Général Maxime Weygand
-Guerre : Général Louis Colson
-Marine militaire et Marine marchande : Amiral François Darlan
-Travaux publics et Transmissions : Louis-Oscar Frossard (jusqu’au 27 juin 1940)
-Colonies : Albert Rivière
-Air : Général Bertrand Pujo
-Agriculture et Ravitaillement : Albert Chichery
-Anciens combattants et Famille française : Jean Ybarnegaray
MINISTÈRES :
1906 un ministère du travail
Cette année-là, Clemenceau signe un décret portant création d’un ministère du Travail. Un projet inspiré par la pensée radicale et porteur d’espérances. Sa traduction dans la réalité ne sera pas toujours à la hauteur.
« Avec l’arrivée des républicains au pouvoir [...] , les relations entre Rome et Paris allaient se gâter pour longtemps [...] . Très vite, les républicains, assimilant, non sans raison, catholiques et royalistes, prirent des mesures de laïcisation des grands services publics, entre 1880 et 1890 [...] . À gauche, la lutte contre l’Église devenait cri de ralliement, et, aussi, alibi pour couvrir le conservatisme social de la bourgeoisie radicale "...
Ce regard un peu dur - sur une période qui, en réalité, s’étend jusqu’au 9 décembre 1905, date à laquelle le Sénat, par 179 voix contre 105, adopte le principe de la séparation des Églises et de l’État - est celui que portait la Conférence des évêques de France dans un ouvrage publié en 1995 sous le titre : L’Église catholique en France. L’allusion au " conservatisme social de la bourgeoisie radicale " n’est pas sans intérêt. On peut y objecter toutefois que, à peu près un an après le vote du 9 décembre 1905 des sénateurs français sur la séparation des Églises et de l’État, fut créé, le 25 octobre 1906, le ministère du Travail, grande nouveauté. Au cours du long entretien qu’il a bien voulu nous accorder sur ce sujet, Michel Pigenet, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-I (lire ci-après), considère que cette création, plutôt tardive, pouvait trouver plusieurs séries d’explications. Selon lui, il faut, bien sûr, prendre en compte l’émergence sur une durée assez longue d’un prolétariat. Il faut tenir compte que 1906 est aussi l’année du congrès de la CGT à Amiens et de la charte du même nom. Elle intervient sur fond de montée des grèves et de revendications, et est fortement marquée par l’anarchisme. Les syndicalistes estiment que le syndicalisme se suffit à lui-même, qu’il peut régler la question sociale. Il a souligné que, d’autre part, à cette époque, le Bloc des gauches, dont le triomphe électoral date de 1902 et qui réunit dans une coalition des républicains de gauche et les variantes radicales et socialistes du spectre politique, est encore sur sa lancée, même si les socialistes en ont un tant soit peu pris leurs distances.
>
>En 1906, la gauche reste majoritaire, et majoritairement radicale. L’homme fort de cette période est Clemenceau qui, au mois d’octobre, prend les rênes du pouvoir en devenant président du Conseil tout en conservant le ministère de l’Intérieur. Les radicaux ont un programme social, basé sur l’idée qu’une troisième solution, entre collectivisme et libéralisme classique, est possible. Ils sont convaincus qu’il revient à l’État d’intervenir pour protéger les plus faibles, ceux qui sont en situation d’infériorité juridique du fait de leur statut. Ils pensent que le syndicalisme est une bonne chose, à condition qu’il s’agisse d’un syndicalisme de proposition, d’un syndicalisme de concertation, participant à l’éducation de la classe ouvrière, à son émancipation, par un progrès graduel. Pour eux, symboliquement, la création d’un ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, c’est l’intitulé exact (et " prévoyance " est, avec " émancipation ", un autre mot-clé de cette période), est la promesse de cette ambition sociale du gouvernement. Ils pensent que le syndicalisme a sa place dans la société, " toute sa place, mais rien que sa place ". Leur conception va donc à l’inverse de celle des syndicalistes. Ce qui va donner lieu à des affrontements.
Un troisième élément doit être pris en compte dans la décision du 25 octobre 1906. C’est le fait que la création de ce ministère n’a pas fait l’objet d’un vote parlementaire. C’est par décret que Clemenceau décide. Ce choix lui sera reproché par ceux qui, sur sa droite, pensent qu’il y a déjà trop d’administration, et, surtout, pensent que l’État n’a pas à intervenir dans la question sociale (déjà !) et que cette décision revient à mettre le doigt dans l’engrenage conduisant au socialisme. C’est à René Viviani, jeune (quarante-trois ans) avocat socialiste, " indépendant ", c’est-à-dire quelque peu en rupture de ban, que Georges Clemenceau confie le nouveau portefeuille. Quant au ministère lui-même, il est constitué par une réorganisation administrative. On prélève les compétences au sein du ministère du Commerce et de l’Industrie. Au sein, aussi, du ministère de l’Intérieur. Ce qui permettra à René Viviani de riposter à ceux qui protestent contre le nombre des fonctionnaires.
Un quatrième facteur intervient sans doute dans la décision de Clemenceau. C’est que l’idée d’un tel ministère est, pour ainsi dire, dans l’air du temps. Des conférences internationales se tiennent, des associations, internationales elles aussi, auxquelles participent des hauts fonctionnaires et des juristes aux personnalités très diverses, se penchent sur les questions sociales. Avec l’apparition de la machine et l’industrialisation, les accidents se multiplient en effet, et les problèmes sociaux apparaissent. De ce point de vue, il convient de ne pas oublier que l’année 1906 a très mal commencé en France, puisque, le 10 mars, le grisou provoque une explosion à Courrières, dans une mine du Pas-de-Calais. Bilan effroyable : plus d’un millier de victimes dont, relève Bruno Guerard, membre de l’institut d’histoire sociale de la CGT, quelque deux cent cinquante jeunes de moins de dix-huit ans. Ce sera l’occasion pour Clemenceau, alors nouvellement élu ministre de l’Intérieur, de faire ses premières armes. En effet, contrairement à ses espérances (il s’est rendu à Lens assurer les mineurs de sa sympathie), le choc terrible éprouvé par la population, les conditions de vie et de travail déjà " naturellement " pénibles dans le bassin houiller suscitent une compréhensible colère. Les syndicalistes ne sont pas des demoiselles : ce sont des hommes rudes, durcis par les combats de la vie. La grève éclate. On pose des barricades. On parle de pillages. Clemenceau dépêche 20 000 soldats. Contre 40 000 grévistes. Michel Pigenet : " C’est une véritable occupation. "Le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale comprend la direction du travail, dont l’homme clé est Arthur Fontaine, la direction des assurances et de la prévoyance sociale, chargée des questions d’assurance, de retraite, d’habitation à bon marché et du crédit mutuel, et la direction de la mutualité. Pour ne nous en tenir qu’à elle, la direction du travail se subdivise elle-même en trois bureaux. Le premier est l’office du travail, créé en 1891, qui mène des enquêtes sur la durée du travail, les salaires, le travail à domicile, etc. Il fournit un gros travail de documentation. Le second s’occupe de l’inspection du travail, qui est une mission ancienne puisqu’elle a commencé ses travaux en 1841, avec les premières tentatives de légiférer en matière de travail des enfants. L’inspection du travail, en tant que telle, est réellement devenue une administration en 1874. Elle devient un corps de fonctionnaires d’État en 1892. Sa mission est de contrôle. Elle veille au respect des lois. Elle a aussi une mission préventive qu’elle exerce en cas de conflit ou de risque de conflit. En 1906, on ne compte que 123 inspecteurs du travail : une goutte d’eau. Enfin, pour s’occuper des associations professionnelles et des prud’hommes (dont l’origine remonte à 1806), on a prévu un troisième bureau. S’adjoindra par la suite à cet ensemble une direction des retraites, après le vote de la loi de 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes. Et une direction des assurances privées et de la statistique générale de la France. Parce que, dès sa création, le ministère du Travail s’est vu confier le contrôle de la Statistique générale de la France. C’est l’ancêtre de l’INSEE, qui restera rattachée au ministère du Travail jusqu’en 1935.
Dix jours avant le décret du 25 octobre, dans un article de presse, Clemenceau annonce la création d’un ministère " de la réparation sociale ", d’un ministère " d’humanité " destiné à coordonner " l’altruisme d’État ". dans son rapport au président de la République, le 25, il parle d’un ministère chargé de s’occuper de " tout ce qui concerne les travailleurs ".
René Viviani, après sa nomination, se présente aux députés et leur annonce qu’il entre au gouvernement " tête haute, en socialiste ". Il leur déclare que sa mission n’est pas de faire la révolution sociale, mais d’enquêter sur la situation du travail et de légiférer. Mais sa solidarité envers le gouvernement le conduira à le soutenir lors de tous les conflits. Pire, lors de la montée des périls, il n’aura pas l’attitude d’un Jaurès par exemple. Bruno Guerard : " Après le déclenchement de la guerre, le ministre du Travail a sombré dans l’Union sacrée et s’est fait quasiment le pourvoyeur de l’industrie d’armement ; et les inspecteurs du travail, au lieu de remplir leur mission, se sont mis à fournir en main-d’ouvre féminine et immigrée lesdites industries. " Les limites de l’action de René Viviani sont perceptibles à l’évocation de la loi de 1910, déjà citée, sur les retraites ouvrières et paysannes qui établit un régime obligatoire pour tous les salariés dont les revenus sont notoirement insuffisants. Ce régime est basé sur la capitalisation. Les socialistes ont voté contre. De nombreux salariés l’ont boudé, considérant que leurs salaires ne leur permettaient pas de cotiser et qu’il revenait au patronat de financer le projet. Les syndicalistes l’ont remis en cause en raison des conditions d’accès à la retraite : 65 ans au départ, 60 ans ensuite. La CGT l’appelle " la retraite des morts " ! Enfin, le montant de la retraite ainsi acquise se révèle dérisoire : un franc par jour (rappelons que le salaire moyen quotidien d’un ouvrier dans la France de 1906 est de 4,80 francs). Les patrons vont obtenir de la Cour de cassation de ne pas payer quand les salariés ne versent pas. Et pour couronner le tout, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, comme le système repose sur la capitalisation, l’inflation va laminer la capitalisation réalisée. Autrement dit, il s’agissait d’un beau progrès. Sur le papier...
Le ministère du Travail connaîtra des évolutions notables, notamment à la Libération, lorsque ce portefeuille sera confié au communiste Ambroise Croizat, le " père " de la Sécurité sociale. C’est, selon Bruno Guerard, qui parle de " chantiers de démolition ", ce côté fondamentalement protecteur qui est aujourd’hui remis en cause. Il souligne aussi la difficulté de développer un droit du travail international du fait que, au sein du BIT et de l’OIT, créés après la fin de la Première Guerre mondiale, prévalent désormais les conceptions anglo-saxonnes. Et la mondialisation encourage les régimes sociaux les plus mauvais.
MINK (Paule), 1839-1901 :
Journaliste. Née le 9 novembre 1839 à Clermont-Ferrand (Puy-de Dôme), Paule Mink est d'origine polonaise. Son nom véritable était Mekarska Paulina.
Très tôt, Paulina fit montre de sentiments républicains, écrivant des articles, participant à des réunions publiques. Elle fut notamment l'auteur d'un petit pamphlet Les Mouches et l'Araignée dirigé contre Napoléon III (l'araignée) dévorant le peuple (les mouches). Vers 1868, elle se trouvait à Paris et créa une organisation féministe et révolutionnaire à forme mutualiste, la « Société fraternelle de l'ouvrière ». Dans des conférences tenues à Tivoli-Vauxhall, elle défendit alors avec Maria Deraismes et André Léo les droits politiques des femmes. Elle apportait aussi sa collaboration, au moins par son nom, à la Réforme sociale, organe de la Fédération rouennaise de l'AIT, janvier-octobre 1870. Voici comment la voyait alors Gustave Lefrançais :
"Parmi les femmes qui prennent habituellement la parole dans les réunions, on remarque surtout la citoyenne Paule Mink, petite femme très brune, un peu sarcastique, d'une grande énergie de parole. La voix est un peu aigre, mais elle s'exprime facilement. Elle raille avec esprit ses contradicteurs plutôt qu'elle ne les discute et ne paraît pas, jusqu'alors, avoir des idées bien arrêtées sur les diverses conceptions qui divisent les socialistes. Mais elle est infatigable dans sa propagande. Professeur de langues ou lingère, suivant les circonstances, on la dit aussi habile à l'aiguille qu'à donner des leçons".
Puis vinrent la guerre et la Commune. Pour avoir pris part à la défense d'Auxerre contre les Prussiens, en 1870, on lui aurait offert la Légion d'honneur qu'elle refusa. En octobre, elle écrivit dans la Liberté, participa à des réunions et tenta en vain de créer une agitation dans la ville. De la Commune date sa liaison avec le peintre Noro, commandant du 22e bataillon fédéré. Elle prit une part très active aux débats du club qui s'installa, à partir du 14 mai, dans l'église Saint-Sulpice (VIe arr.) avec Lodoïska Kawecka, autre Polonaise dont le mari, le Dr Constantin Kawecki, était commandant du 202e bataillon fédéré (il devint lieutenant-colonel des Turcos de la Commune). Elle avait fondé également un club qui se réunit dans l'église de Notre-Dame de la Croix (XXe arr.) et ouvert une école à Saint-Pierre de Montmartre (XVIIIe arr.). Elle se rendit à plusieurs reprises en province pour essayer de faire entendre la voix de la Commune. Elle s'y trouvait en mai et, la défaite survenant, elle réussit à passer en Suisse, cachée, dit-on, dans le tender d'une locomotive. James Guillaume la rencontra à Genève vers le 10 juillet.
Elle vécut alors difficilement, donnant des leçons tout en continuant sa propagande par la plume et par la parole.
De retour en France après l'amnistie, elle poursuivit son activité militante, donnant des conférences dans les principales villes de France. Le 31 mai 1881, elle fut condamnée à un mois de prison pour avoir participé à un meeting de protestation contre la condamnation de la nihiliste russe Jessy Helfman. En tant que Polonaise, donc Russe à cette époque, elle allait être expulsée. Un ouvrier mécanicien, compagnon anarchiste, Negro, lui offrit de l'épouser et lui donna ainsi la nationalité française. Il reconnut et légitima en même temps Mignon et Héna, deux enfants qu'elle avait eus en exil. Un troisième, « Lucifer, Blanqui, Vercingétorix, Révolution » (sic), était mort en bas âge (en premières noces, Paule Mink avait épousé le prince Bohdanowicz dont elle eut deux enfants).
Paule Mink, adepte de la franc-maçonnerie, loge du Droit Humain, fut membre actif du POF de Jules Guesde après avoir manifesté des sympathies pour le blanquisme. En novembre 1880, elle assista au congrès du Havre qui vit la scission s'opérer entre modérés et révolutionnaires qui tinrent assises séparées, salle Franklin et salle de l'Union lyrique. Paule Mink, qui représentait, entre autres organisations, les « ouvrières réunies de Valence », défendit les droits de la femme chez les révolutionnaires de la salle de l'Union lyrique. Quant aux modérés, ils adoptèrent une résolution déposée par Paule Mink réclamant « l'instruction civile, intégrale et identique pour toutes et pour tous ». En septembre 1882, elle assista avec son mari au sixième congrès du POF qui se tint à Saint-Étienne. Déléguée par les groupes de Beaucaire, Arles et Albi, elle tenta en vain la conciliation entre guesdistes et partisans de Paul Brousse. En 1884, elle participa au congrès du POF à Roubaix. L'année suivante, avec J. Guesde, elle fit à Marseille des conférences de protestation contre le colonialisme. Fixée alors à Montpellier, elle faisait de la propagande socialiste dans tout le Midi tout en collaborant au Socialiste, organe hebdomadaire du Parti. En 1892, elle fut la seule femme parmi les 131 délégués venus assister au Xe congrès du POF à Marseille. L'année suivante, elle revint habiter Paris et adhéra au Comité Révolutionnaire Central blanquiste dirigé par É. Vaillant.
On peut citer, parmi ses collaborations de cette époque, la Revue socialiste, l'Almanach de la question sociale et du centenaire de la République pour 1892, la Petite République (1894). En 1893, Paule Mink vint habiter Paris et l'année suivante fit jouer deux pièces au Théâtre social : Qui l'emportera ? et Le Pain de la honte.
Pour le premier numéro de La Fronde, du 9 décembre 1897, organe féministe, elle avait préparé une enquête sur la condition des femmes à la journée. Cette étude demeura inédite ; elle se trouve à la Bibliothèque Marguerite Durand, mairie du Ve arr. section des autographes, dossier Paule Mink.
Vers 1900, elle était une des trois femmes membres du conseil d'administration du Syndicat des journalistes socialistes. Paule Mink morte le 28 avril 1901 à Auteuil (Seine).
-- Ch. Vérecque, Dictionnaire du Socialisme. -- E. Thomas, Les « Pétroleuses », op. cit. -- G. Lefrançais, Souvenirs d'un révolutionnaire, Bruxelles, 1902, pp. 322-323. -- Fontoulieu, Les Églises de Paris sous la Commune, op. cit. -- Cl. Willard, Les Guesdistes, Paris, 1965. -- K. Wyczanska, Polacy W Komunie Paryskiej 1871 R, op. cit. -- Paule Minck, communarde et féministe, 1839-1901, préface notes et commentaires par Alain Dalotel, Paris, Syros, 1981.
MIRBEAU (Octave), 1848-1917 :
Ecrivain. Né à Trévières (Calvados) le 16 février 1848, Octave Mirbeau fait ses études au Collège des jésuites de Vannes, études traumatisantes qui lui inspireront un roman autobiographique, Sébastien Roch (1890). Venu à Paris, ses études de droit sont interrompues par la guerre de 1870 à laquelle il participe comme lieutenant de mobiles dans l'armée de la Loire. Il fait ses débuts de journaliste en 1872, dans un journal bonapartiste, l'Ordre, où il passe de la critique artistique, défendant Monet et Cézanne contre les tenants de l'académisme, à la critique dramatique, aiguisant son sens de la polémique. Après une courte parenthèse politique – il est pendant cinq mois sous-préfet à Saint-Girons, dans l'Ariège –, il tâte de la finance, mais revient rapidement au journalisme de combat.
En 1882, il se distingue par un violent article dirigé contre les comédiens, qu'il juge indignes de la Croix de la Légion d'honneur. Il fonde en 1883, avec Alfred Capus, Paul Hervieu et Etienne Grosclaude, un hebdomadaire satirique, monarchiste et antisémite, les Grimaces. Toujours exalté, il a de nombreux duels, avec, entre autres, Paul Déroulède et Catulle Mendès. Sa position politique évolue, au gré de son individualisme foncier, volontiers excessif, et de sa sympathie pour les milieux anarchistes : il devient anticlérical, antimilitariste et sera dreyfusard. Il écrit alors dans les revues politico-littéraires comme L’En dehors de Zo d’Axa, Les Temps Nouveaux de V. Grave, le Journal du Peuple de Sébastien Faure (qui rallie une partie de l’extrême gauche au combat pour la défense de Deyfus) et L’Art pour tous de L. Lumet dont il signe le manifeste. Après un premier recueil de nouvelles (Lettres de ma chaumière, 1885), ses trois premiers romans sont largement autobiographiques (Le Calvaire, 1887 ; L'Abbé Jules, 1888; Sébastien Roch, 1890). Les ouvrages suivants, plus célèbres, dénoncent les vices de la société bourgeoise et cléricale contemporaine (Le Jardin des supplices, 1899 ; Le Journal d'une femme de chambre, 1900).
En 1896, il est membre de l'Académie Goncourt. Il se signale par son engagement en faveur du sculpteur Rodin, son ami. Il vient au théâtre assez tard, en 1897, avec une première pièce à forte connotation sociale et même anarchisante, les Mauvais Bergers. Suivent l'Epidémie, en 1898, et de courtes pièces réunies en 1904 sous le titre Farces et Moralités, caricatures acerbes d'une bourgeoisie qui fait bon marché des sentiments et de la justice. C'est à ce recueil qu’appartiennent Amants et Vieux ménage.
En 1903, Les affaires sont les affaires remportent un véritable triomphe à la Comédie-Française, après avoir été en partie cause de la suppression du Comité de lecture par Jules Claretie en 1901. La pièce bénéficie de l'interprétation magistrale de Maurice de Féraudy dans le rôle d'Isidore Lechat, personnage de bourgeois parvenu, entièrement corrompu par l'appât du gain. Un autre grand sociétaire, Léon Bernard, lui donne dans les années 1930, au théâtre et au cinéma, une âpre et vigoureuse présence.
Après ce premier succès, l'administrateur Jules Claretie est prêt à recevoir une autre pièce d'Octave Mirbeau, écrite en collaboration avec Thadée Natanson, le Foyer. Autre satire implacable, le Foyer met en scène un sénateur académicien, qui pratique la philanthropie dans son propre intérêt et en détourne les effets. Jules Claretie hésite à porter la pièce à la scène. Après un va-et-vient de la pièce de la Comédie-Française au Théâtre de la Renaissance, les auteurs gagnent le procès qu'ils ont intenté à Jules Claretie, qui parvient, avec sa diplomatie habituelle, à monter le Foyer réduit à trois actes, en décembre 1908. Les premières représentations sont troublées par les manifestations de représentants des Camelots du roi et de l'Action française, champions de la «morale offensée», et antisémites avérés. Sans avoir jamais renoncé à ses engagements et à sa rébellion contre tout ce qui lui paraît injuste, Octave Mirbeau meurt à Paris le 16 février 1917, au milieu des œuvres de ses amis peintres et sculpteurs.
L'œuvre de Mirbeau, violente, imprécatoire, excessive, mais caractérisée par une profonde tendresse pour les petits et les vaincus, est aujourd'hui redécouverte avec un vif intérêt. Sa verve pamphlétaire, liée à une écriture lyrique et vigoureuse, le situe à la charnière entre l'école naturaliste et les symbolistes.
MISSA (Edmond) :
MISTINGUETT (Jeanne, Florentine Bourgeois, dite), 1875-1956 : Chanteuse. Née à Enghien-les-Bains (Seine-et-Oise) le 5 avril 1875, après avoir pris des cours de chant, Jeanne Bourgeois débute sa carrière dès 1885. Elle cherche sa vocation, sa voix et son nom de scène (successivement Miss Helyett, Miss Tinguette et enfin Mistinguett). Elle entre au Trianon-Concert en 1894 où elle lance Max, Ah c'que t'es rigolo. Elle passe à l'Eldorado, en 1897 (et y restera jusqu'en 1907), en chanteuse comique, en épileptique, en gigolette, pour y apprendre petit à petit à tenir une scène. Après avoir appris à pallier son insuffisance vocale par un brin de comédie, une mimique unique et des pas de danse, elle en sort vedette consacrée.
Jusqu'en 1914, elle alterne pièces de théâtre, revues et cinématographe, expériences qui lui seront profitables. En 1909, Max Dearly la choisit comme partenaire pour créer la valse chaloupée au Moulin-Rouge. Puis c'est La Valse renversante avec Maurice Chevalier aux Folies-Bergère en 1911, qui donnera lieu à une histoire d'amour longue de dix ans. Elle débute au Casino de Paris en 1918, reprenant la suite de Gaby Deslys et en restera la vedette incontestée jusqu'en 1925. Dans les années 1920, elle enchaîne les opérettes à succès : Paris qui danse, Paris qui jazz, En douce, Ça, c'est Paris.
Durant cette période, avec successivement Harry Pilcer, Earl Leslie, Jean Gabin, Lino Carenzio, Georges Guétary, elle sera la Miss des grandes revues qui feront accourir tout Paris. Devenue une gloire nationale, elle est allée chanter Mon homme (paroles de Albert Willemetz, qui lui a écrit également de nombreuses chansons et revues pour les Folies-Bergère jusqu'aux États-Unis. Elle décède à Bougival, le 5 janvier 1956.
MISTLER (Jean), 1897-1988 : Romancier, essayiste, historien de la littérature, critique musical et homme politique. Né à Sorèze (Tarn) le 1er septembre 1897, Jean Mistler est d’ascendance alsacienne par son père (dont la famille avait choisi la France en 1871) et languedocienne par sa mère. Fils d’un musicien et d’une pianiste, Jean Mistler ses premières études à l’École de Sorèze, puis au lycée de Carcassonne, avant de faire au lycée Henri IV ses classes préparatoires. Mobilisé en 1915, il termine la guerre comme sous-lieutenant, entre ensuite à l’École normale supérieure et obtint en 1920 son agrégation de Lettres.
Après un séjour en Hongrie où il occupe les fonctions d’attaché culturel à la légation de France et de chargé de cours de littérature française à l’université de Budapest, il rentre en France en 1925, pour succéder à Paul Morand, comme chef de section littéraire et artistique du ministère des Affaires étrangères. Il entame parallèlement sa carrière d’écrivain, publiant un roman, Châteaux en Bavière (1925), et une monographie consacrée à Mme de Staël et Maurice O’Donnell(1926). Engagé dans la vie politique à la fin des années 20, il occupe le siège de député radical socialiste de l’Aude de 1928 à 1940. Appelé à plusieurs reprises à des fonctions ministérielles, il est successivement sous-secrétaire d’État à l’Education nationale, chargé des Beaux-Arts du 3 juin 1932 au 30 janvier 1933, ministre des PTT dans le ministère du 26 octobre 1933 au 29 janvier 1934— poste pour lequel son nom reste associé à l’organisation du réseau d’État de la Radiodiffusion et la création de l’orchestre national —, ministre du Commerce et de l’Industrie du 30 janvier au 8 février 1934 dans le cabinet. De 1936 à 1940, il est à l’Assemblée président de la commission des Affaires étrangères.
Mettant un terme à sa carrière politique en 1942, il continuera, après la libération, sa carrière de critique littéraire et d’écrivain. Il décèdera à Paris le 11 novembre 1988.
MOCH (Jules, Salvador), 1893-1985 : Ingénieur et homme politique. Né le 15 mars 1893 à Paris, Jules Moch, polytechnicien, devient ingénieur de la Marine. Il adhère à la SFIO en octobre 1924 et est élu député socialiste dès 1928, d'abord de la Drôme jusqu'en 1936, puis, lors d'une partielle, en 1937, de l'Hérault. Il s'impose comme un des meilleurs techniciens du parti socialiste. Esprit anticonformiste, il n'hésite pas à écrire qu'une bonne partie de la doctrine marxiste est dépassée.
Secrétaire général du gouvernement dans le premier cabinet Blum, puis sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil du 26 mai au 21 juin 1937, il est ministre des Travaux publics et des Transports dans le second cabinet Blum du 13 mars au 9 avril 1938. Il organise l'aide aux républicains espagnols (ventes d'armes fictives vers d'autres pays, qui se retrouvent en Espagne). Il s’occupe des travaux du Haut-Thorion et institue une taxe départementale sur l’électricité importée d’un autre département. En octobre 1938, il s'oppose aux accords de Munich, et ne les vote à la Chambre des députés que par discipline de parti. Il est ensuite, avec Léon Blum, un des animateurs de la tendance de la S.F.I.O. prônant la résistance à Hitler.
Le 10 juillet 1940, il fait partie des quatre-vingts parlementaires à voter contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est pour cette raison surveillé par Vichy, qui le fait même arrêter le 25 septembre 1940. Continuant sa carrière politique après la Libération, il décèdera le 1er août 1985 à Cabris (Alpes-Maritimes).
Fabienne Chabod, Jules Moch, un socialiste de gouvernement. 1945-1951, mémoire de maîtrise, université de Besançon, 1986
Claude Bagheriche Jules Moch et les communistes. 1947-1948, mémoire de maîtrise, Paris-XII, 1988
Béatrice Grand, Jules Moch, un polytechnicien socialiste. 1893-1985, mémoire de DEA, Paris-XII, 1992
Éric Méchoulan Jules Moch un socialiste dérangeant, Bruxelles, éd. Bruylant, et Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 2000.
MODE :
MODERNISME (crise du) :
MOISSAN (Henri), 1852-1907 : Pharmacien. Il est principalement connu pour avoir isolé le premier le fluor. Il a également inventé le four à arc électrique. Ses travaux eurent beaucoup d'applications dans l'industrie. Il reçut le prix Nobel de chimie en 1906.
Henry Moissan est né le 28 septembre 1852 à Paris. Il commence ses études au collège de la ville de Meaux. Après la Commune de Paris en 1870, il s'inscrit à l'Ecole supérieure de Pharmacie à Paris, où il obtient son diplôme de pharmacien de deuxième classe. En même temps il s'intéresse à la chimie et rejoindra le laboratoire d'Edmond Frémy (chaire de Chimie appliquée aux corps inorganiques) au Muséum national d'histoire naturelle où il suivra les cours de Henri Sainte-Claire Deville et Henri Debray. Il travaillera également dans le laboratoire de Déhérain à l'École pratique des hautes études ainsi qu'au laboratoire de chimie de la Sorbonne. En 1874, il obtient sa licence de chimie et obtient son doctorat de chimie en 1880 en déposant une thèse sur la famille des cyanogènes ( (CN)2).
Il travaille sur l'absorption du dioxyde de carbone et l'émission d'oxygène par les plantes.En 1882, il est nommé professeur agrégé à l'école supérieure de pharmacie de Paris (aujourd'hui, Faculté de Pharmacie) et dès 1883, il commence à y travailler sur la chimie du fluor. Il isole le fluor en 1886 en réalisant l'électrolyse d'un mélange de fluorure de potassium (KF) et d'acide fluorhydrique (HF). Il est alors professeur de toxicologie à l'École supérieure de pharmacie.
En 1892, il émet une théorie démontrant la possibilité de synthétiser du diamant. Il met au point le four électrique à arc permettant d'atteindre de hautes températures (jusqu'à 3500 °C). Grâce à ce four, il isolera plusieurs métaux et mettra au point la fabrication de plusieurs composés tels que les carbures. Il effectuera la première synthèse du carbure de silicium. En 1896, il assiste Charles Friedel lors de la création de l'École nationale supérieure de chimie de Paris. Il en sera directeur de 1899 à 1907. Il succède à Troost à la chaire de chimie générale de la Faculté des sciences de Paris de 1900 à sa mort.
Il est lauréat de la Médaille Davy en 1896.
Il recevra en récompense de ses travaux sur le fluor le Prix Nobel de chimie en 1906.
Il mourut soudainement d'une crise d'appendicite1 le 20 février 1907 à Paris peu de temps après son retour de Stockholm où il venait de recevoir son prix.
Henri Moissan était commandeur de la légion d'honneur. Il fut élu à l'académie de médecine (1888) et à l'académie des sciences (1891).
La séparation du fluor par Moissan peut être résumée en trois expériences qu'il réalisa en 1886. En 1885, il découvrit qu'un mélange de fluorure de potassium et d'acide fluorhydrique restait liquide aux températures inférieures à 0°C et conduisait la chaleur. Toutes ses tentatives furent vaines jusqu'au moment où il mit au point un récipient en platine ayant une forme de U.
Le 26 juin et 19 juillet 1886, il réalisa deux électrolyses d'acide fluorhydrique dans des conditions de températures différentes : -50 °C et – 23 °C. Il fit également varier les conditions électriques. Il constate à la cathode un dégagement d'hydrogène et à l'anode d'un gaz que dans un premier temps il décrivit et dans un deuxième temps identifia comme étant du fluor gazeux ou du perfluorure d'hydrogène.
La troisième expérience lui permit de démontrer que le gaz inconnu ne contenait pas d'hydrogène et était donc du fluor. Il effectua l'électrolyse d'un mélange de fluorure de potassium (KF) et d'acide fluorhydrique (HF), qui combinent pour former le sel KHF2 au solvant HF. Le gaz émis était entièrement absorbé par du fer rougi (formation de fluorure de fer) sans dégagement d'hydrogène. Il démontra par son expérience que l'augmentation de masse du morceau de fer correspondait à la masse d'hydrogène dégagée à la cathode.
Lebeau (Paul) : LA VIE ET LES TRAVAUX DE HENRI MOISSAN. Texte du 4 octobre 1931, date de l'inauguration d'un monument en hommage à Henri Moissan au Collège de Meaux Site des Annales des Mines
Henri Moissan, 1852-1907 : pharmacien, premier Français prix Nobel de chimie ; Claude Viel ; Paris : Pharmathèmes édition-communication, 2006.
MOLLET (Guy), 1906-1975 :
MONATTE (Pierre), 1881-1960 :
Militant syndicaliste révolutionnaire. Né à Monlet (Haute-Loire) le 15 janvier 1881 d'une mère dentellière et d'un père maréchal ferrant-forgeron, Pierre Monatte entra comme boursier au collège de Brioude. A quinze ans, il adhéra aux Jeunesses socialistes de Clermont-Ferrand et, à dix-sept ans, collabora au Tocsin populaire du Berry et de l'Auvergne, de tendance blanquiste. Il confia, plus tard, avoir été très marqué par la lecture, vers treize ou quatorze ans, des Misérables qui l'orientèrent vers le socialisme.
Après son baccalauréat, il devint répétiteur de collège dans l'académie du Nord ; successivement à Dunkerque en mai 1899, à Abbeville, au Quesnoy en 1901, à Condé-sur-Escaut en 1902. Il se lia avec le poète Léon Deubel et avec des militants syndicalistes de la région, surtout avec Delzant, militant verrier de Fresne-sur-Escaut. Il lisait assidûment les publications anarchistes et fréquentait les réunions des groupes du Nord.
Supportant mal les contraintes administratives de la vie de collège, il démissionna au début de 1902 pour venir à Paris. Il avait fait la connaissance de Charles Guieysse et Maurice Kahn, animateurs de Pages libres, qui avaient été frappés par la qualité des commandes de librairie de cet abonné du Nord. Ceux-ci l'embauchèrent comme employé à l'administration de leur revue et à la librairie qui lui était attenante. Il y fit connaissance d'Alphonse Merrheim, d'émile Pouget. Il contribua à la fondation du syndicat des employés de librairie, participa aux activités des étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes. à côté de son activité professionnelle, il collaborait aux Temps Nouveaux et au Libertaire (il en assura même, durant une courte période, le secrétariat de rédaction).
En 1904, pour avoir plus de liberté, il devint correcteur d'imprimerie (métier qu'il devait exercer jusqu'en 1952). La même année, Emile Pouget le fit entrer au comité confédéral de la CGT comme représentant de la Bourse du Travail de Bourg-en-Bresse.
Aux obsèques de Louise Michel, en janvier 1905, Benoît Broutchoux, qui était sous le coup d'une inculpation et devait entrer en prison à Béthune, demanda à Monatte de le remplacer à la rédaction de l'Action syndicale de Lens, organe hebdomadaire du "Jeune syndicat" des mineurs du Pas-de-Calais. Monatte passa toute l'année 1905 dans ce département, nouant des contacts solides avec les militants (en particulier avec Georges Dumoulin et Dehay), affermissant ses liens avec le monde ouvrier. Il prit surtout une expérience directe du journalisme syndical et de là datèrent sans doute l'importance et l'intérêt qu'il attacha toute sa vie à la presse, comme mode d'action privilégié.
Au cours de ce séjour, Monatte eut sa première condamnation. Lors du procès de Broutchoux, à l'énoncé de la peine de celui-ci, il cria " à bas le tribunal" et fut condamné à six mois de prison. Après quinze jours d'internement à Béthune, il fut transféré à Douai et son avocat, Ernest Lafont, lui obtint le sursis.
A la fin de 1905 il regagna Paris et reprit son travail de correcteur, mais retourna dans le Pas-de-Calais en mars 1906 au moment de la catastrophe minière de Courrières et de la grande grève des mineurs qui suivit. Monatte participa activement aux travaux du comité de grève et rédigea pour les Temps Nouveaux une série d'articles où il incitait à l'organisation syndicale : "Les 1200 cadavres donnent une leçon cruelle, mais significative aux mineurs du bassin houiller du Pas-de-Calais et d'ailleurs. Ils resteront longtemps devant les yeux de la classe ouvrière tout entière comme un exemple de la cupidité et de l'inclairvoyance capitalistes. Ils diront à tous ceux qui ont compris que pour éviter de telles catastrophes, il était nécessaire de ne plus être des soumis, des isolés et des indifférents, quelle activité, quelle ardeur il faut apporter à la préparation de l'oeuvre révolutionnaire qui aboutira à l'administration du travail par les travailleurs eux-mêmes."
Avant le 1er mai 1906, Monatte fut arrêté une nouvelle fois, inculpé de menées anarchistes par le juge d'instruction de Béthune. On y mêla l'histoire d'un prétendu complot fomenté par les syndicalistes révolutionnaires liés aux agents bonapartistes, allant jusqu'à accuser Monatte d'avoir touché 75000F du comte Durand de Beauregard pour fomenter des troubles et, en particulier, la grève des mineurs du Pas-de-Calais.
Relâché, Monatte rejoignit Paris et son action dans le milieu syndical s'affirma peu à peu, sans qu'il aspirât à prendre un poste de responsabilité. Volontairement, il resta éloigné de toute fonction. Son influence était discrète, s'exprimant par son action au sein du comité confédéral, ses contacts personnels et ses articles, ce qui devait rester un des caractères dominants de son ascendant. Par exemple, s'il n'intervint pas au congrès de la CGT à Amiens en 1906, il en commenta les travaux pour les Temps Nouveaux. Il y parlait, encore, en militant anarchiste : "Les anarchistes n'ont certes pas créé le mouvement syndicaliste actuel qui fait la force de la classe ouvrière française, mais ils y ont collaboré pour une part honorable. Et ce n'est pas d'eux que les syndicalistes purs ont à craindre une influence déviatrice. Est-il dans nos visées de subordonner le syndicat à une autre action ? Non pas. à quoi d'ailleurs chercherions-nous à le subordonner ? Notre ambition et notre espoir c'est de faire donner aux syndicats et aux individualistes un maximum d'efforts [...]. Tous nos efforts sont acquis au mouvement syndicaliste que nous voudrions voir progresser et se développer vers une telle puissance que l'action autonome de la classe ouvrière soit largement suffisante pour toutes les luttes et que bien des concours douteux puissent être remerciés."
Le congrès international anarchiste d'Amsterdam, en août 1907, fut pour Monatte l'occasion d'exposer pleinement sa conception du syndicalisme révolutionnaire qui possède sa structure, ses moyens d'action spécifiques sous la forme de l'action directe : "le syndicalisme, a proclamé le congrès d'Amiens, se suffit à lui-même. Cette parole, je le sais, n'a pas toujours été très bien comprise, même des anarchistes. Que signifie-t-elle cependant sinon que la classe ouvrière, devenue majeure, entend enfin se suffire à elle-même et ne plus se reposer sur personne du soin de sa propre émancipation ? [...]. Le syndicalisme ne s'attarde pas à promettre aux travailleurs le paradis terrestre. Il leur demande de le conquérir, en les assurant que leur action jamais ne demeurera tout à fait vaine. Il est une école de volonté, d'énergie, de pensée féconde. Il ouvre à l'anarchisme, trop longtemps replié sur lui-même, des perspectives et des espérances nouvelles." Dans ce discours Pierre Monatte tenait à se rattacher à la tradition des militants de la Première Internationale et de Fernand Pelloutier qui restèrent toujours ses exemples. En 1908, pour échapper au mandat d'arrêt lancé contre les militants de la CGT au moment de l'affaire de Villeneuve-Saint-Georges, il se rendit en Suisse où il séjourna quelques mois sous le pseudonyme de Louis Baud.
A son retour à Paris, Pierre Monatte travailla à l'imprimerie confédérale. Deux journalistes, M. Leclercq et Girod de Fléaux, l'ont fort bien caractérisé dans leur ouvrage Ces messieurs de la CGT : "Il faut vivre dans la fréquentation des plus grands chefs pour connaître Monatte [...]. Assistant aux débats du comité confédéral, consulté par les secrétaires chaque fois que ceux-ci ont une décision importante à prendre, apprécié par Pouget, écouté par Griffuelhes même, Monatte incarne l'hommage spontanément rendu à une culture et à une instruction supérieures."
1909 fut une année importante dans la vie et dans l'action de Monatte : il se maria et il fonda la Vie ouvrière. S'il prit la décision de publier une revue, ce fut, en grande partie, à cause de l'échec du quotidien syndicaliste d'Emile Pouget : La Révolution. Pouget lui avait confié la rubrique - capitale pour un journal syndicaliste - du mouvement social et avait même souhaité lui donner le secrétariat de rédaction, tâche qu'il avait gardée, mais qui l'accablait. Aux prises avec des difficultés de tous ordres - mais, surtout, financières - l'équipe ne put maintenir le quotidien plus de quarante jours (il parut du 1erfévrier au 28 mars).
Cet échec ne découragea pas Monatte. La crise du mouvement syndical, avec la démission de Griffuelhes, l'élection de Niel, le manque de formation des militants l'incitait à poursuivre une action primordiale pour lui. Avant de penser aux grands effectifs, il estimait qu'il fallait porter son attention sur les militants et travailler pour eux. Il organisa plusieurs réunions avec Merrheim, Picart, Dunois, Delaisi pour trouver le moyen le plus efficace. Ceux-ci pensaient surtout à des brochures, mais Monatte préférait une revue. Cela lui paraissait d'autant plus nécessaire que Pages libres disparaissait, absorbée par la Grande Revue et qu'une crise interne pouvait faire craindre un dépérissement du Mouvement socialiste. Le titre fut choisi : La Vie ouvrière, d'après le titre de l'ouvrage de Pelloutier. Il fallait rassembler une équipe et, d'abord, trouver les fonds.
Pierre Monatte a raconté les débuts de la Vie ouvrière dans la Révolution prolétarienne (octobre, novembre, décembre 1959, janvier 1960) et sa collecte des fonds nécessaires au démarrage : James Guillaume donna 1000F; Charles Keller, 600F ; Otto Karmin, 500F ; Charles Guieysse, 1300F ; Maurice Kahn, 300F et Georges Moreau, 200F. Monatte devait assurer les charges de la rédaction et de l'administration avec le salaire d'un correcteur. La revue s'installa, 42, rue Dauphine, VIe arr., dans un modeste local et déménagea en 1911 au 96, quai Jemmapes, Xe arr., à proximité de la CGT, rue de la Grange-aux-Belles.
Le rassemblement des collaborateurs fut facile. Griffuelhes, Jouhaux, Yvetot, Merrheim, Picart, Nicolet, Garnery, Delzant, Dumoulin, Dunois, Guillaume avaient promis leur collaboration. La VO disposait au départ d'un milieu assez large.
Pour ne pas être soumis aux aléas de la vente au numéro, Monatte attacha une importance toute particulière à l'administration et à la collecte des abonnés. Dans chaque numéro, il faisait le point sur les résultats, les nouveaux abonnés étaient indiqués, par département. On peut ainsi dresser une carte très précise de la marche de la revue et de son rayonnement. Le premier numéro du 5 octobre 1909 fut envoyé à 5000 "possibles" ; en décembre 1909 il y avait 550 abonnés; au bout d'un an, 900 ; en janvier 1911, 1350 ; en janvier 1912, 1750 ; en juillet 1914, 1950. Ces chiffres sont très honorables si on les compare aux 700 abonnés du Mouvement socialiste, aux 600 de la Revue syndicaliste, aux 300 de la Revue socialiste. Néanmoins, ce chiffre d'abonnés ne permettait pas une trésorerie facile et Monatte se débattit toujours au milieu des difficultés financières.
Le premier numéro de cette petite revue à couverture grise parut le 5 octobre 1909. La "Lettre familière" aux cinq mille abonnés possibles, rédigée par Monatte et publiée en couverture, donnait parfaitement le ton : " La Vie ouvrière sera une revue d'action [...] Nous voudrions qu'elle rendît des services aux militants au cours de leurs luttes, qu'elle leur fournisse des matériaux utilisables dans la bataille et dans la propagande et qu'ainsi l'action gagnât en intensité et en ampleur [...] Nous n'avons ni catéchisme ni sermon à offrir. Nous ne croyons même pas à la toute-puissance de l'éducation ; car nous croyons que la véritable éducatrice, c'est l'action... Tous nous sommes unis sur le terrain syndicaliste révolutionnaire et nous proclamons nettement anti-parlementaires. Tous aussi, nous croyons qu'un mouvement est d'autant plus puissant qu'il compte davantage de militants informés, connaissant bien leur milieu et les conditions de leur industrie, au courant des mouvements révolutionnaires étrangers, sachant quelles formes revêt et de quelles forces dispose l'organisation patronale, et... par-dessus tout, ardents !"
Monatte trouva dans la confection de la Vie ouvrière l'action qui convenait le mieux à son tempérament. Il avait des idées très précises sur la conception d'une revue qu'il définit comme un "foyer de coopération intellectuelle syndicaliste", un lieu d'échanges où les militants puissent trouver et apporter des renseignements sur leurs luttes. Chaque quinzaine, il souhaitait un grand article sur le fait saillant ; les autres articles devaient être variés et traiter des problèmes économiques et sociaux, tant français qu'étrangers. Les différentes rubriques prirent forme peu à peu : " A travers les livres", " A travers les revues", " Atravers les journaux patronaux", "Lettres de l'Internationale", "La quinzaine sociale" ou "Parmi nos lettres". Monatte tenait tout particulièrement aux contacts avec les lecteurs qu'il souhaitait associer à la vie de la revue. Il prit l'habitude de rédiger un "Entre nous" où, sur un ton familier, il évoquait l'état des abonnements, les efforts à fournir, les difficultés, les projets rédactionnels.
Si Monatte fut l'animateur incontesté de la Vie ouvrière, celle-ci était cependant le fruit du travail d'une équipe, de ceux que Monatte appela le "noyau". Il s'agissait d'un comité de rédaction informel. Simplement, les militants proches de la revue venaient au siège. On discutait les projets, on apportait les articles, on évoquait non seulement les problèmes de la revue, mais ceux, plus généraux, de l'évolution syndicale. Ce n'est que sur la couverture du n° du 5 octobre 1913 que parurent les noms des membres de ce noyau : secrétaire de rédaction : P. Monatte ; administrateu : C. Voirin ; le "noyau" : Henri Amoré, Léon Clément, Charles Delzant, Maurice Dubois, Pierre Dumas, Georges Dumoulin, James Guillaume, G. Lapierre, Alphonse Merrheim, A. Picart, Alfred Rosmer, V. Roudine, etc. Au hasard des rencontres d'autres militants participaient aux réunions. La Vie ouvrière était ainsi amenée à jouer un rôle qui dépassait celui d'une revue et qui représentait vraiment la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la CGT. L'action de Monatte, en tant que responsable de la Vie ouvrière, l'amenait ainsi à jouer un rôle direct et important dans la vie de la Confédération.
En 1911, l'idée d'un quotidien syndicaliste fut reprise par la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la CGT, plus spécialement par Griffuelhes. Monatte fut, bien sûr, associé aux réunions préparatoires et proposa le titre Le Travail. On lui préféra le titre de Griffuelhes la Bataille syndicaliste. Le 27 avril 1911 parut le premier numéro. Griffuelhes avait pris en main la direction et l'administration, une solide équipe de rédacteurs l'entourait. En juin, les premières difficultés commencèrent avec l'épuisement des fonds de départ. Griffuelhes désira alors interrompre cette expérience. La majorité du conseil d'administration de la Bataille syndicaliste souhaitait poursuivre, en intensifiant l'effort de diffusion. Griffuelhes se retira et le conseil prit acte de sa démission, ce qui entraîna une cassure entre Griffuelhes et l'équipe de la Vie ouvrière qui se sentait liée à cette expérience. Monatte refusa cependant de prendre en main l'administration de la Bataille syndicaliste, ne voulant pas qu'on puisse dire que tout ce qui avait été fait pour maintenir le quotidien venait du désir d'en prendre les rênes.
Cependant, le partage entre la Bataille syndicaliste (où les discussions s'aigrissaient en même temps que les difficultés s'accentuaient) et la Vie ouvrière devenait difficile pour Monatte. Désireux de ne plus se consacrer qu'à la Vie ouvrière, il démissionna à la fin de 1912 du conseil d'administration de la Bataille syndicaliste.
Malgré les difficultés, la Vie ouvrière se développait. Etouffant dans ses 64 pages, elle paraissait désormais sur 80 pages. Monographies d'industries, d'organisations, études de fond se faisaient plus amples, les rubriques plus nourries.
En mai 1914, une réorganisation intervint pour rendre le travail plus efficace : Monatte confia la responsabilité de la rédaction à Alfred Rosmer et garda l'administration, tâche qui lui avait toujours paru capitale pour le développement de la revue. Pour la première fois depuis de longues années, Monatte se sentit alors libre de prendre des vacances. En juillet, il repartit pour son pays natal. La mobilisation le ramena très vite à Paris où il rencontra une atmosphère de désarroi. Il ne semble pas qu'il ait eu une minute d'hésitation ; son internationalisme restait entier et il ne lui semblait pas pensable d'entrer dans le courant de l'union sacrée. Il lui paraissait impossible de continuer à faire paraître la Vie ouvrière. Appartenant au service auxiliaire, donc non mobilisable, se trouvant sans travail, il regagna alors Monlet. En 1960, dans ses Souvenirs, il écrivait : "J'avais reçu un coup de massue. J'avais besoin d'aller ruminer et cuver mon désespoir. Tout s'était effondré sous mes pas. Bien compromises mes raisons de vivre. Stupéfaction devant l'explosion de chauvinisme au sein de la classe ouvrière. Plus encore devant le déraillement de tant de militants syndicalistes et anarchistes, de presque tous les socialistes. Le socialisme venait-il d'être tué ? La guerre avait-elle balayé l'esprit de classe, notre espérance en l'émancipation des travailleurs de tous les pays? [...] Difficile de ne pas croire que nos idées d'hier n'étaient plus que de lamentables ruines. Il fallait se cramponner, tenir le coup, si pénible que ce fût."
Tout de suite, dans sa volonté de résister au déferlement du patriotisme, il avait rencontré l'accord de Rosmer, puis celui de Dumoulin, enfin celui de Merrheim. Quand il rentra à Paris en octobre, les amis de la VO non mobilisés prirent l'habitude de se réunir dans la boutique du Quai Jemmapes, formant un petit noyau de résistance où chacun se sauvait ainsi du désespoir d'être seul et cherchait un mode d'action possible. Pierre Monatte fut le premier à marquer publiquement son désaccord à la politique menée par la CGT depuis la déclaration de guerre. à la fin de décembre 1914, il démissionna du comité confédéral pour protester, plus particulièrement, contre son refus de participer à une conférence socialiste internationale, projetée par les parties socialistes scandinaves. Pour lui, la CGT s'était "déshonorée". Désireux d'informer les militants, il fit imprimer sa lettre de démission et l'adressa à de nombreux militants responsables d'organisations syndicales.
Au même moment, Monatte passa devant un conseil de révision et fut versé dans le service armé. En janvier 1915, il rejoignit le 252e régiment à Montélimar où il resta un an avant de partir pour le front où il fit la guerre en premières lignes et où il fut même décoré pour faits de guerre.
Pendant toute la guerre, il fut tenu au courant, associé aux initiatives de l'ancien noyau de la Vie ouvrière qui voulait maintenir l'internationalisme prolétarien. Alfred Rosmer, Merrheim, Marcel Martinet, qui étaient restés à Paris, l'informaient régulièrement de l'état d'esprit, de l'action envisagée. Georges Dumoulin lui écrivait régulièrement du front. Monatte, par ses lettres, leur servait de conseiller et de guide. Il approuva la parution des Lettres aux abonnés de la VO.
Au début de 1917, il écrivit une série d'articles "Réflexions sur l'avenir syndical" pour l'école émancipée (qu'il réédita en 1921 dans les Cahiers du Travail). Il s'y livrait à une critique du syndicalisme d'avant-guerre qui "ne brillait point par le nombre de ses adhérents" et qui n'avait pas, non plus, suffisamment de militants formés et actifs. Il souhaitait, pour l'avenir du syndicalisme, des minorités clairvoyantes, pourvues d'une solide culture, incitait à la constitution de cercles ouvriers et traçait un véritable plan de travail pour l'après-guerre: "Il s'agit de trouver les laboureurs qui, dans le froid glacial de l'indifférence, traceront les premiers sillons et prépareront la terre."
Le succès de la révolution russe lui fit espérer en de nouvelles possibilités révolutionnaires pour le reste de l'Europe. Mais il fallut attendre sa démobilisation en mars 1919 pour le voir prendre des positions publiques. Deux tâches lui apparaissaient essentielles : soutenir la révolution russe et, si possible, créer des prolongements français; rénover la CGT et lui donner une orientation révolutionnaire.
Le premier projet consistait à faire reparaître la Vie ouvrière à la formule "revue" d'avant guerre, Monatte et Rosmer préféraient l'hebdomadaire, plus adapté aux nécessités de l'action. Le 30 avril 1919, le premier numéro de la nouvelle série paraissait à côté des tâches absorbantes de la direction du journal, Monatte animait la minorité syndicale. Au congrès de la CGT, à Lyon (15, 21 septembre 1919), son discours fut le plus net ; il y parla en chef de la minorité, attaquant le bureau confédéral sur la politique d'union sacrée pendant la guerre, sur ses insuffisances au moment du 1er mai 1919, son manque de vigueur révolutionnaire, la faiblesse de son soutien à la révolution russe.
L'action de la minorité se coordonna à la suite du congrès avec la création d'un comité provisoire minoritaire dont Monatte était le secrétaire. A la fin de l'année, les comités syndicalistes révolutionnaires prenaient la relève du comité. Monatte souhaitait l'adhésion à la IIIe Internationale et entretenait des relations avec les dirigeants bolchéviques, mais son activité restait sur le terrain syndical, le problème du parti ne se posant pas, pour lui, à cette époque.
Le 3 mai 1920, Monatte fut arrêté avec un certain nombre d'autres militants sous l'inculpation de complot contre la sûreté intérieure de l'état. Il resta détenu au quartier politique de la Santé jusqu'à son acquittement en mars 1921. Il continua à écrire de nombreux articles dans la Vie ouvrière sous le pseudonyme de Pierre Lémont (anagramme de Monlet, son village natal), mais il se trouvait ainsi écarté du mouvement syndical à la période où les divergences s'accusaient, où la scission commençait à menacer. A l'issue du congrès d'Orléans, une réunion des syndicats minoritaires élut un comité central des CSR avec Monatte comme secrétaire (Godonnèche le remplaçant pendant son emprisonnement). Cette réunion décida l'adhésion à l'Internationale communiste, premier élément de rupture avec la direction confédérale. En février 1921, le CCN affirma que les organisations adhérant à l'Internationale de Moscou se placeraient par elles-mêmes en dehors de la CGT. La minorité se développait et, au congrès de Lille, les votes n'enregistrèrent qu'une faible différence. Mais Monatte se sentait, alors, en désaccord avec une partie des CSR et il quitta en mai le comité central où il fut remplacé par trois anarchistes. En effet, Monatte souhaitait éviter la scission syndicale et tenter de conquérir la CGT de l'intérieur, les progrès mêmes de la minorité lui paraissant rendre cette action possible. Il se heurtait très violemment aux anarchistes des CSR. Quand, avec le congrès minoritaire du 22 décembre 1922, la scission fut effective, Monatte ne l'approuva pas et titra son article de la VO "Fichues étrennes".
En janvier 1922, Monatte quitta la direction de la Vie ouvrière. Il venait d'avoir un grave accident de santé, mais, surtout, il avait ressenti la scission comme un échec et ne se sentait plus le coeur pour continuer la Vie ouvrière. En ce début d'année, la position de Monatte était difficile et il en ressentait les incertitudes. Hostile à la scission syndicale, il la voyait s'effectuer ; partisan malgré tout de la nouvelle centrale, il ne pouvait y adhérer puisque son syndicat des correcteurs restait à la CGT et qu'il ne voulait pas en briser l'unité. Passionnément attaché à la Révolution russe, il lui fallait remettre en cause des éléments essentiels de sa conception du syndicalisme révolutionnaire (les réactions au 1er congrès de l'ISR avaient bien marqué cette difficulté d'accepter une liaison entre l'Internationale politique et l'Internationale syndicale). Soutenant l'action du Parti communiste, il ne se décidait pas à y adhérer, moins par hostilité théorique que par réserve en face de la fraction dirigeant alors le parti et par méfiance envers Frossard et Cachin. Cependant, si Monatte n'adhérait pas au parti, il entrait à l'Humanité en mars 1922 comme rédacteur à la vie sociale, où il suivait de près la vie syndicale. Ses articles lui permettaient de jouer un rôle dans la CGTU tout en n'en étant pas adhérent. Il y lutta contre son bureau provisoire et la tendance anarchiste qu'il représentait et fut d'ailleurs l'objet de nombreuses attaques dans la presse anarchiste. Son attitude était tout à fait nette : soutien de la fraction communiste de la CGTU, adhésion à l'ISR, liaison et accord, mais non subordination des syndicats au parti. D'autant plus que le parti communiste, tel qu'il était, lui apparaissait insuffisamment soucieux des préoccupations ouvrières.
Après le deuxième congrès du Parti communiste (15-19 octobre 1922), Monatte démissionna de l'Humanité. Au nom de la gauche ouvrière il rédigea une déclaration, publiée dans le Bulletin communiste du 9 novembre, où il souhaitait l'accord avec Moscou et la création d'un véritable Parti communiste. Ainsi, Monatte, tout en n'étant pas encore adhérent (malgré les incitations pressantes de Trotsky et de Rosmer), était mêlé très étroitement à la vie du Parti communiste. Il y adhéra en mai 1923, alors qu'il venait d'entrer comme chef de la rubrique "Vie sociale" à l'Humanité. En janvier 1924, il fut élu membre du comité directeur.
La mort de Lénine, la crise ouverte par sa succession, les discussions sur le "cours nouveau", la bolchévisation entreprise dans le parti français par Treint et Suzanne Girault devaient amener un malaise grave. Déjà, le 13 mars, Monatte avait voté au comité directeur contre la proposition du Bureau politique de retirer à Souvarine la direction du Bulletin communiste. Désormais, Monatte fut, avec Rosmer et Souvarine, constamment attaqué par Treint dans le Bulletin communiste qui les accusait d'être liés à l'opposition russe et de favoriser les thèses de Trotsky. Après un article particulièrement violent, Monatte donna le 22 avril 1924 sa démission de l'Humanité, écrivant à Louis Sellier : "Simple membre du parti, j'aurai les coudées plus franches pour défendre mon point de vue." Malgré une lettre de Losovsky et un télégramme de Zinoviev, Monatte n'assista pas au Ve congrès de l'Internationale communiste dont les discussions devaient aggraver le malaise.
L'opposition fut alors attaquée violemment et méthodiquement. Après la conférence des secrétaires fédéraux des 21 et 22 septembre, Monatte, avec Rosmer et Delagarde, s'adressa au comité directeur, pour essayer de fixer leur position : "Nous sommes entrés au parti pour servir la révolution ; il n'a pas dépendu de nous que nous la servions ailleurs que dans le rang ; on ne réussira pas à nous faire passer pour des saboteurs du Parti et de la préparation révolutionnaire du prolétariat."
Devant l'absence de réponse et la poursuite des attaques, Monatte, Rosmer et Delagarde firent paraître, le 22 novembre 1924, une "lettre aux membres du Parti communiste", diffusée avant le congrès de Paris. C'était une critique violente des méthodes maladroites et rigides du parti, de la bureaucratie qui s'installait (et non du principe de la réorganisation en cellules). La lettre se terminait ainsi : "L'importance du congrès prochain ne peut échapper à l'ensemble des membres du parti. Ce qui est important, ce n'est pas que nous puissions y être frappés d'exclusion, c'est que, sous l'étiquette de la bolchévisation, on y aggrave les méthodes autocratiques actuelles qui sont bien le plus flagrant désaveu du bolchévisme et du communisme."
En novembre 1924, Monatte était exclu du Parti communiste. L'expérience d'un parti était ainsi terminée pour lui. Son exclusion ne lui causait d'ailleurs pas d'amertume et il restait communiste, considérant que le parti prenait une orientation qui l'éloignait des principes mêmes du communisme.
Cela ne voulait pas dire qu'il se retirait de l'action, mais celle-ci allait prendre une autre forme. Monatte, avec un "noyau" d'amis exclus en même temps que lui, fondait une revue, retrouvant ainsi une forme de militantisme dans laquelle il était particulièrement à l'aise.
En janvier 1925 paraissait le premier numéro de la Révolution prolétarienne, revue mensuelle syndicaliste-communiste. Le premier numéro publiait la "Deuxième lettre aux membres du parti communiste" de V. Delagarde, P. Monatte, et Alfred Rosmer où ils s'affirmaient "aussi sûrs d'avoir accompli notre devoir aujourd'hui, en 1925 [...] que Monatte pouvait l'être en 1914 quand il écrivait sa lettre de démission au comité confédéral".
Dans la Révolution prolétarienne, en dehors des études consacrées à de grands problèmes syndicaux (l'unité syndicale, la direction unique, comptes rendus des congrès de la CGT), Pierre Monatte rédigea de façon régulière, jusqu'en 1931, le "Carnet du Sauvage". Petites notes de style familier et bonhomme (mais bonhomme à la dent parfois dure), il y livrait ses réflexions du mois, en toute indépendance d'esprit.
Pierre Monatte avait repris sa place de correcteur d'imprimerie et militait, à la base, au syndicat des correcteurs. Son action pendant ces années allait être très différente de la période précédente. Elle s'exerçait par son activité à la Révolution prolétarienne, par ses articles, par la multitude des contacts personnels qu'il savait nouer avec les militants les plus divers, par la très nombreuse correspondance qu'il entretenait. Son influence est ainsi difficile à mesurer.
Sa position était claire : il fallait lutter à la fois contre le réformisme et contre la déviation du communisme. Il dénonçait aussi bien la vieille CGT incapable de trouver un souffle révolutionnaire et les organisations communistes aux prises avec ce qui était pour Monatte un mal irréparable : la bureaucratie, la dictature. Avec ses camarades de la Révolution prolétarienne, il fut parmi les premiers à dénoncer l'évolution de l'état russe. Pour eux, la marche au pouvoir de Staline, puis l'établissement de son système n'étaient que de monstrueuses parodies du bolchévisme. Tous tenaient à être antistaliniens tout en s'affirmant communistes. Mais ils luttaient aussi contre le capitalisme, contre le colonialisme français (certaines des campagnes de la Révolution prolétarienne sur la Tunisie, sur l'Indochine aidèrent à la prise de conscience des problèmes coloniaux par le mouvement syndical). La montée des fascismes, du danger de guerre les alarmaient. On retrouve, dans les articles de Monatte, tous ces aspects. Cela lui valut d'être attaqué des divers côtés et, en 1927, il pouvait titrer un de ses articles "Seuls contre tous".
En 1930 il fit partie du comité des 22 pour l'unité syndicale qui réunissait des militants autonomes, confédérés et unitaires. Il était, en effet, persuadé de l'importance de la réunification syndicale. Mais elle supposait, pour lui, une évolution de chacune des deux centrales, le renforcement dans chacune d'une minorité syndicaliste révolutionnaire, refusant la voie réformiste comme la subordination au parti communiste.
Les efforts du comité des 22 n'aboutirent pas, mais Monatte n'en conçut pas de découragement. Il tira les leçons de cette expérience dans la Révolution prolétarienne, pensant que cela avait tout de même pu faire évoluer les idées sur l'unité syndicale.
La réunification de 1935, le Front populaire, et, surtout, les grèves de juin 1936 le confirmèrent dans une idée qui lui était chère: les idées révolutionnaires ne meurent pas dans la classe ouvrière, elles s'enterrent comme des graines sous la neige et renaissent quand la classe ouvrière reprend, comme en juin 1936, confiance en elle et ne compte que sur elle seule et non sur les partis ni sur les hommes qui sont censés la représenter.
Devant la montée du fascisme et les menaces de guerre, Pierre Monatte gardait les idées internationalistes qui avaient toujours été les siennes. Il adhérait au comité syndical d'action contre la guerre et le fascisme et au comité de vigilance des intellectuels antifascistes.
A la déclaration de guerre de 1939, le noyau de la Révolution prolétarienne décidait de ne plus faire paraître la revue, ne pouvant accepter ni la censure ni l'autorisation préalable. Monatte ne prit pas, pendant toute la guerre, de position publique. Profondément hostile à l'occupant hitlérien, il avait des contacts réguliers avec les membres de la résistance syndicale, et le noyau de la Révolution prolétarienne continua à se réunir clandestinement chaque mois, réunions auxquelles Monatte participait régulièrement. Pour lui, il fallait, tout en luttant contre l'occupant, ne pas cependant tomber dans le nationalisme ni dans l'union sacrée. La résistance n'ayant pas de caractère de classe, il ne croyait pas à la révolution comme suite probable de la libération.
Bien plus, au lendemain de la guerre, la participation des militants syndicaux à des postes de responsables, l'intégration marquée du syndicalisme à l'état, la force nouvelle du communisme (qu'il se refusait, tenant au terme de stalinisme, à appeler de ce nom), lui apparurent comme un recul des idées révolutionnaires, comme un danger pour le mouvement syndical.
En mai 1946, après le congrès confédéral, P. Monatte publia une courte brochure : Où va la CGT ? Lettre d'un ancien à quelques syndiqués sans galons. Il y faisait état des "débats fades et décevants" du congrès, s'étonnant qu'on n'eût pas discuté ni pris de positions fermes et révolutionnaires sur les grands problèmes: nationalisations, ravitaillement, vie chère, blocage des salaires, suspension du droit de grève. Il s'étonnait que la CGT pût "chanter des hymnes à la production", prendre des positions nationalistes. Il concluait: "Vous avez la chance de vivre une grande période du mouvement. Il ne s'agit pas de choisir entre le communisme et le désespoir. Le communisme, c'est aussi le désespoir pour après-demain, ou peut-être demain, pour tous ceux qui sont maintenant dans ses rangs, mais croient véritablement lutter pour l'émancipation du prolétariat. Au diable le désespoir et le soi-disant parti communiste qui foule aux pieds lutte de classes et internationalisme."
L'autorisation préalable étant supprimée au début de 1947, le "noyau" décidait de faire reparaître la Révolution prolétarienne. Le premier numéro sortit en avril. Monatte y reprenait son "Carnet du Sauvage". Il y collabora de façon régulière jusqu'en 1951 (à cette date certaines prises de position trop proaméricaines l'écartèrent quelque peu), de façon plus épisodique ensuite, donnant en particulier des souvenirs sur le congrès d'Amiens, sur la fondation de la Vie ouvrière.
Sa position n'était ni facile ni confortable. Il avait retrouvé, plus forts que jamais, ses deux ennemis de l'avant-guerre : le réformisme et le stalinisme. Il s'agissait de lutter contre les deux, de dénoncer l'illusion révolutionnaire du stalinisme, mais d'en faire une critique révolutionnaire sans tomber dans les pièges de l'américanisme et de l'intégration à l'état. S'il soutint l'expérience de Force ouvrière, c'est parce qu'il pensait à la possibilité d'une orientation révolutionnaire de la nouvelle centrale. C'était une minorité qu'il soutenait, celle qui luttait contre le réformisme du Bureau confédéral. Il pensait qu'on pouvait y mener une oeuvre utile d'éducation.
A cette époque, Monatte travaillait toujours comme correcteur d'imprimerie à France soir (il prit sa retraite en 1952). Son bureau de la rue Réaumur comme son petit logement dans une HLM de Vanves virent passer bien des visiteurs français et étrangers. Curieux de tout et de tous, Pierre Monatte était un infatigable découvreur. A l'affût, par ses nombreuses lectures, de tout ce qui intéressait le monde ouvrier, il aimait qu'un secrétaire de syndicat, l'animateur d'une grève, un syndicaliste étranger vinssent le tenir au courant. Il était particulièrement disponible, s'en plaignant parfois, car cela l'empêchait de rédiger l'ouvrage sur Pelloutier qu'il aurait voulu faire. Le journal qu'il tint régulièrement est l'écho de la variété de ses préoccupations. Peu de ceux qui l'approchèrent ne furent pas marqués par sa personnalité. Il était resté résolument optimiste dans les destinées de la classe ouvrière, pensant que la flamme révolutionnaire pouvait diminuer, mais non s'éteindre. Après plusieurs opérations en 1958 et 1959, Monatte meurt d'une hémorragie cérébrale le 27 juin 1960, à son domicile, à Paris.CHAMBELLAND : Pierre Monatte, Une autre voix syndicaliste, coll.: Part des Hommes, Éd. de l'Atelier, 1999,
C. Chambelland et Jean Maitron : Syndicalisme révolutionnaire et Communisme. Les Archives P. Monatte, Maspero, Paris, 1968. Colette
MONDÉSIR (Jean-Frédéric-Lucien Piarron de), 1857-1943 :
Jean Frédéric Lucien Piarron de Mondésir est né le 13 décembre 1857 à Gatchina, en Russie. Son père, ingénieur des Ponts et Chaussées français, participait alors à la construction du chemin de fer entre Varsovie et Saint-Pétersbourg. Entré le 1er novembre 1876 à l’école Polytechnique, il rejoignait l’école d’Application de l’Artillerie et du Génie le 1er octobre 1878, comme sous-lieutenant élève. En octobre 1880, il était lieutenant au 1er régiment du génie.
Comme beaucoup de ses contemporains (à commencer par un autre sapeur illustre : Joseph Joffre), il partage sa carrière entre les territoires de l’empire colonial et la métropole. Du 7 août 1881 au 22 mai 1882 notamment, il était affecté dans le sud Oranais pour travailler à la voie ferrée pénétrant vers le sud, en direction de Colomb-Béchar. Pendant ce séjour, il collabora également à la répression de mouvements insurrectionnels algériens. Le 4 octobre 1883, il servait comme capitaine à l’état-major particulier du génie à Boulogne-sur-Mer.
Du 5 mai 1884 au mois de novembre 1886, il était stagiaire à l’École Supérieure de Guerre. Son brevet obtenu lui permit ensuite de rejoindre l’état-major particulier à Nancy (le 14 décembre 1886).C’est là qu’il fit la connaissance de mademoiselle Dilschneider, de Nancy, qu’il épousa le 1er juillet 1887. Le 16 avril 1892, il devenait officier d’ordonnance du général commandant la 39e D.I. (division qu’il aura sous ses ordres devant Château-Thierry, en 1918). Il exerça ensuite les mêmes fonctions auprès de divers autres généraux, dont le commandant le 15e C.A. Il recevait la croix de chevalier de la Légion d’Honneur le 27 février 1896.
Il rejoignait son arme d’origine le 10 juin 1897, date à laquelle il fut affecté au régiment du génie en poste à Madagascar. Il devait y servir jusqu’au 13 février 1899 et, entre autres missions, y aménager une route carrossable entre Tamatave et Tananarive. Le 21 septembre 1898, il était nommé chef de bataillon. Muté à l’état-major particulier du génie le 5 janvier 1901, il devint ensuite professeur du cours de fortifications à l’École Supérieure de Guerre. Il était nommé lieutenant-colonel le 26 décembre 1905, recevait la Médaille Coloniale (avec agrafes " Algérie " et " Madagascar ") le 12 juillet 1906, se voyait décerner les palmes d’Officier d’Académie puis, le 24 septembre 1908, prenait le poste d’officier adjoint au directeur du génie, à Paris. Le 24 décembre 1909, il était colonel. Il prit, le 12 janvier suivant, la direction du génie à Oran puis, le 9 janvier 1911, le commandement du 6e régiment du génie, à Angers. Muté le 15 décembre 1912 à l’état-major du 5e arrondissement maritime, à Toulon, il devenait général de brigade le 23 décembre 1913. Entre ces affectations et ces promotions, il avait tout de même eu le temps de mener à bien deux missions à l’étranger : une première en Uruguay (en 1908, pour établir un projet d’organisation du pays), puis une seconde dans les Balkans, entre les deux guerres de 1912-1913.
La guerre le trouvait à la tête de la 30e brigade d’infanterie, commandement qu’il exerçait depuis le 20 juin 1914. Avec elle, il combattit devant Sarrebourg, puis sur la Mortagne. Sa blessure du 27 août 1914 lui valait d’être cité à l’ordre de la 1re Armée le 6 septembre suivant (la Croix de Guerre avec palme lui fut attribuée le 7 août 1915), mais ne l’empêchait pas de prendre ses nouvelles fonctions de commandant de la 16e D.I. dès le 12 septembre. Comme général de division à titre temporaire, il dirigea ensuite le 8e C.A. (du 14 octobre 1914 au 8 mai 1915). Il était fait officier de la Légion d’Honneur le 10 avril 1915. A cette époque, il combattait sur le saillant de Saint-Mihiel, en forêt d’Apremont, au bois d’Ailly et au bois Brûlé. Les exploits et les souffrances de son corps d’armée y sont restés célèbres. En mai 1915 pourtant, le général de Mondésir faisait les frais d’un revers tactique infligé par l’adversaire. Le 21 mai, il était sanctionné et prenait la tête de la 52e D.I., devant Reims. Cette rétrogradation prit fin avant la fin de l’année, lorsque, le 10 décembre 1915, il quittait le front de France, avec la fonction de chef de la mission militaire en Albanie. A ce poste de confiance, il participa activement au recueil des débris de l’armée serbe, puis à leur réorganisation. Le 23 décembre, il était titularisé dans son grade de général de division.
De retour en France, il reçut le commandement du 36e corps d’armée le 3 août 1916, mais demanda à être remplacé dans ses fonctions dès le 17 septembre suivant. Trois jours plus tard, il prenait la tête du 38e corps d’armée, avec lequel il devait s’illustrer sur la Marne en juin et juillet 1918. Le 25 décembre 1916, il recevait la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur, en récompense pour son action au profit de l’armée serbe, en Albanie et à Corfou.
En mai 1918, de Mondésir se trouvait avec son corps d’armée dans les Flandres lorsque eut lieu la rupture du front de l’Aisne. Rappelé en urgence sur la Marne, il prenait le commandement du secteur de Château-Thierry dès le 31 mai. Après y avoir stoppé puis contenu la poussée allemande, les troupes placées sous ses ordres dégageaient la ville le 21 juillet suivant et refoulaient les Allemands au nord de la rivière. Lançant son corps d’armée dans la poursuite, il traversa ensuite le Tardenois, jusqu’à la Vesle, sur laquelle le front se stabilisa quelques temps. Pour son action pendant cette "seconde bataille de la Marne", il était cité à l’ordre de la 6e Armée le 23 septembre 1918 et recevait la médaille américaine des "Distinguished Services".
Placé à l’extrême droite de l’armée Gouraud, le 38e C.A. participa ensuite à l’offensive de Champagne, s’emparant de la Main de Massiges, forçant le passage de l’Aisne et ouvrant les débouchés de l’Argonne. Il termina la guerre en réserve de l’Armée Mangin. L’armistice venu, il pénétra en Alsace, pour y assurer la garde du Rhin vers Neuf-Brisach. Le 28 décembre, le général de Mondésir était élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’Honneur. Il était ensuite détaché auprès de l’armée polonaise du général Haller, dont il organisa sept divisions. En 1919, il passait au cadre de réserve. Jean de Mondésir est mort le 11 août 1943 à Sévrier, en Haute-Savoie.
MONESTIER (Clément, Jean), 1855-1925. Ingénieur et homme politique. Né à Montpellier (Hérault) le 23 novembre 1855, Jean Monestier est polytechnicien et devient ingénieur des Ponts. Elu sénateur républicain de 1896 à 1906, il est nommé ministre des Travaux publics dans le cinquième cabinet Dupuy du 6 mai au 21 juin 1899. Elu député de la Lozère de 1910 à 1919, il décède à Paris le 11 avril 1925.
MONIS (Ernest, Antoine, Emmanuel), 1847-1929 : Avocat et homme politique. Né à Chateauneuf (Charente) le 23 mai 1846, Ernest Monis est avocat de formation. Après avoir été député de la Gironde de 1885 à 1889, il accompli l’essentiel de sa carrière au Sénat représentant le même département de 1891 jusqu’en 1920. Ce juriste commence sa carrière ministérielle à la chancellerie. Parlementaire assidu et travailleur acharné, il sort de l’anonymat public en devenant ministre de la Justice dans le ministère Waldeck-Rousseau du 22 juin 1899 au 6 juin 1902 où il envoie Dreyfus devant la justice militaire à Rennes et fait voter la loi d’amnistie concernant cette affaire. Il fait arrêter les ligueurs, Déroulède et Buffet, pour complot contre l’Etat et suit de près la mise en place de la loi sur les associations.
Victime de différentes attaques notamment par la Lanterne qui suppose qu’il utilise sa fonction de ministre pour favoriser sa profession de négociant en alcool. Proche de Combes, Monis est appelé par le président de la République Fallières le 2 mars 1911 à former un ministère de transition orienté à gauche dont il se réserve le portefeuille de l’Intérieur et des Cultes et crée le sous-secrétariat d’Etat à la Justice. Sur le plan social, il doit faire face aux révoltes viticoles dues à la délimitation du territoire de production de champagne et a du mal à imposer aux compagnies de chemin de fer la réintégration des ouvriers révoqués. Sauf la prise de Fès, qui déclenche la seconde crise marocaine, son ministère ne se signale par aucune mesure d’envergure.
Le 21 mai 1911, tandis qu’il assiste au départ de la course aérienne Paris-madrid à l’aérodrome d’Issy-les-Moulineaux, un avion s’abat accidentellement sur la tribune officielle, blessant grièvement Monis et tuant le ministre de la Guerre Berteaux. Le garde des Sceaux Perrier assure, comme il est d’usage, l’intérim à la présidence du Conseil. Ainsi décapité, le ministère ne peut pas poursuivre sa tâche. Le 24 juin 1911, à l’occasion d’une banale interpellation relative au haut commandement en temps de guerre, il est mis en minorité. Monis démissionne le 26 juin.
Ce franc-maçon retourne au Sénat siégeant jusqu’en 1920. Il est une dernière fois ministre de la Marine du 9 décembre 1913 au 8 juin 1914 dans le premier cabinet Doumergue. Au Sénat, il s'inscrit au groupe de la gauche démocratique. Ce fils d'huissier qui avait consacré jusqu'alors toute sa carrière aux questions juridiques, a une grande activité parlementaire qui s'étend dans tous les domaines car tout le préoccupe : les questions militaires comme les problèmes régionaux, les intérêts des professions viticoles comme les questions algériennes. Il décède à Chateauneuf le 25 mai 1929.
MONET (Claude), 1840-1926 :
Peintre.
MONNERVILLE (Gaston, Charles, François), 1897-1991 : Avocat et homme politique. Né à Cayenne (Cayenne française) le 2 janvier 1897, Gaston Monnerville est docteur en droit puis devient avocat. Elu député radical socialiste, il se spécialise à la Chambre dans les question de la France d’outre-mer. Remarqué par Chautemps, Monnerville est nommé sous-secrétaire d’Etat aux Colonies dans ses troisième et quatrième cabinets du 22 juin 1937 au 12 mars 1938. Engagé volontaire en 1939, il devient résistant puis continue sa carrière politique après la Libération. Il décède à ? le ?
MONNET (Georges), 1898-1980 : Agriculteur, journaliste et homme politique. Né le 12 août 1898 à Aurillac (Cantal), Georges Monnet est fils de magistrat et petit-fils de sénateur par sa mère. La Première Guerre mondiale interrompt sa licence de lettres qu’il reprend par la suite. En 1922, il s’installe comme exploitant agricole à Celle-sur-Aisne et devient secrétaire des Jeunesses socialistes de l’Aisne. Maire de 1925 à 1933, il est élu député de Soissons de 1928 à 1940 et devient membre jusqu’à cette date de la SFIO. Ami de Léo Lagrange et de Léon Blum, dans la lancée culturelle du Front populaire, il crée un bibliobus à Soissons en 1936. Avec sa femme Germaine Monnet, ils fondent en novembre 1932 « Les Amis de l’Enfance ouvrière » sous la présidence de Marcel Déat.
Du 4 juin 1936 au 17 janvier 1938, il est ministre de l’Agriculture dans le premier cabinet Blum et le troisième ministère Chautemps, poste qu’il conservera du 13 mars au 9 avril 1938 dans le second cabinet Blum. Monnet marque principalement son passage à ce poste par la création de l’Office du blé, structure professionnelle légère destinée à concilier les intérêts des producteurs et des consommateurs. Il étend par ailleurs le bénéfice des lois sociales et des allocations familiales aux salariés et aux exploitants agricoles. Du 21 mars au 16 juin 1940, Georges Monnet devient ministre du Blocus sans le gouvernement de Paul Reynaud. Il s’oppose fermement à l’armistice et se déclare favorable à la poursuite de la guerre outre-mer. Il ne vote pas les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et n’entre pas dans la résistance. Continuant sa carrière après la Libération, il décèdera le 9 décembre 1980 à Ivry-sur-Seine.
MONNET (Jean), 1888-1979 :
Économiste.
MONTAGNON
MONTAIGNAC DE CHAUVANCE (Louis, Raymond, marquis de), 1811-1891 : Contre-amiral et homme politique. Né à Paris le 14 mars 1811, le contre-amiral Montaignac de Chauvance est un ancien élève de l’Ecole navale et inspecteur de la flotte et des ports de la Manche. Elu député en 1871, il est le beau-frère du général de la Lamorcière et époux de la petite fille du duc de Noailles. Du 22 mai 1874 au 9 mars 1876, il devient ministre de la Marine et des Colonies dans les ministères successifs de Cissey, Buffet et Dufaure. Il crée la banque d’Indochine et combat la droit accordé aux colonies de nommer leurs députés. Il refuse aussi à la Chambre les accusations de mauvais traitements subis par les déportés en Nouvelle-Calédonie. A la chute u cabinet, il retrouve son banc de député, continuant à combattre les républicains à la Chambre. Il décède à Paris le 9 juin 1891.
MONTEBELLO (Adrien-Jean Lannes de), 1851-1935 : Propriétaire et homme politique. Né à Paris le 9 août 1951, de Montebello est le petit-fils du maréchal Lannes, sa famille compte trois parlementaires. Chef de cabinet de son parent le ministre Léon Say, de Montebello se présente sans succès aux élections législatives de 1881, 1885 et 1889. Il finit par être élu à Reims en 1893 et s’inscrit au groupe des républicains progressistes. Réélu en 1898, il s’opposé au général André lors de l’affaire des fiches et réclame des garanties légales d’avancement pour les officiers. Réélu en 1902, il est battu en 1906 mais retrouve son siège en 1910. Il ne se représente pas en 1914 et abandonne la vie politique. Il décède à Reims le 6 juin 1935.
MONTESQUIOU-FEZENZAC (Robert de), 1855-1921 :
Né à Paris le 9 mars 1855, Marshall le Grand fit sa rencontre à un dîner donné par Madame Lemaire au printemps de 1894, quelques mois après la parution de ses « Chauves-souris » ; dont il ne cessa, par la suite, de faire l'éloge, disant de ce descendant de d'Artagnan et de
Blaise de Montluc qu'il transcendait sa race par son éclatante virtuosité. L'histoire littéraire a fait peu de cas de son oeuvre qui pourtant rappelle et dépasse celle d'Albert Samain et certains aspects des vers aux rimes féminines de Théophile Gauthier. - Parions, comme le souligne souvent Madame Fawzi Malhasti, la poétesse de renom, que la postérité lui sera plus favorable. mort à Menton, le 11 décembre 1921.
MONZIE (Anatole, Pierre, Armand de), 1876-1947 : Avocat et homme politique. Né à Bazas (Gironde) le 22 novembre 1876, fils d'un directeur des contributions directes, Anatole de Monzie fait ses études à Agen avant de venir à Paris faire sa philosophie au Collège Stanislas, où il se lie avec Henry de Jouvenel et Marc Sangnier. Très jeune, il est victime d’un grave accident qui le laisse boiteux et l’ oblige à abandonner l’idée de s’inscrire à l’Ecole navale. Après des études de lettres puis de droit, il travaille comme clerc chez l'avoué Vilastre puis devient avocat et fait des débuts remarqués au barreau, défendant la propriété littéraire au procès des frères Alex et Max Fischer.
Attiré par la politique, il devient chef de cabinet de Joseph Chaumié, ministre de l'Instruction publique en 1902, puis ministre de la Justice en 1905. Parallèlement, il est élu dès 1904, à vingt-huit ans, conseiller général de Castelnau-Montratier (Lot) avant de devenir, en 1909, député de Cahors, adhérent à un petit groupe républicain-socialiste. Il le restera jusqu'en 1919, deviendra sénateur du Lot en 1920 jusqu'en 1929, avant de redevenir député de 1929 à 1940, inscrit au parti socialiste français. Il sera également maire de Cahors. A la Chambre des députés, il s'illustre par sa campagne pour la reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège puis, en 1922, pour la reconnaissance par la France de l'URSS. C'est tout naturellement qu'il est président de la commission des Affaires russes (1924-1927), qui reprend les négociations avec le régime soviétique au sujet de l'indemnisation des porteurs d'emprunts russes, et de la délégation française à la conférence franco-soviétique en septembre 1927. Ouverte en février 1925, la négociation concernant les emprunts russes était sur le point d'aboutir au prix d'une forte réduction de l'encours des créances françaises lorsque le retour aux affaires de Poincaré en juillet 1926 fit rejeter ce dispositif, jugé insuffisamment favorable aux épargnants français. Les négociations furent définitivement suspendues en 1927.
Sous-secrétaire d’Etat à la Marine, chargé plus précisément de la Marine marchande du 22 mars au 8 décembre 1913 dans l’unique cabinet Barthou, il devient, du 12 septembre au 15 novembre 1917 sous-secrétaire d’Etat au Commerce, à l’Industrie et aux Poste et aux Télégraphes chargé des Transports maritimes et de la Marine marchande dans le premier cabinet Painlevé. Il réforme alors le département qui lui est confié. Il modifie les programmes des écoles maritimes, crée le livret d’études maritimes, ouvre au Havre l’institut maritime, propose un projet de code maritime et crée l’Office des transports et l’Office des pêches. Il fonde aussi la Ligue navale dont il est le premier président. Dans un contexte financier difficile, de Monzie devient ministre des Financesen remplcament de Clémentel du 3 au 16 avril 1925 dans le premier ministère Herriot. Il essaie de réduire le déficit budgétaire par une contribution volontaire et obligatoire à la fois, mais la Chambre ne lui accorde pas sa confiance et démissionne avec le cabinet. Il dévient ensuite ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts du 17 avril au 11 octobre 1925 dans le second ministère Painlevé Le bref passage d'Anatole de Monzie au ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts en 1925 est marqué par la publication de célèbres Instructions sur l'enseignement de la philosophie le 2 septembre 1925. Dans la lignée de Victor Cousin, elles affichent l'ambition d'un enseignement de la philosophie propre à former le citoyen. Par ailleurs, dans une circulaire du 14 août 1925, répondant à la demande de la Fédération Régionaliste Française dont faisait partie l'instituteur quercynois Antonin Perbosc, Anatole de Monzie proscrivit strictement l'enseignement des langues régionales à l'école. Il devient garde des Sceaux dans le même cabinet jusqu’au 28 octobre où il a juste le temps de se prononcer en faveur du jugement unique en première instance. Ministre des Travaux publics du 29 octobre 1925 au 22 juin 1926 dans le troisième cabinet Painlevé, septième et huitième cabinet Briand, il redevient ministre des Finances du 19 au 23 juillet 1926. A ce poste au moment où le trésor ne dispose plus que de 60 millions de francs. L’Etat est obligé de suspendre ses paiements, un vent de révolte commence à souffler sur Paris. Pour résoudre la crise, il se contente, outre des économies, de réclamer la vente d’une partie du patrimoine de l’Etat pour combler le déficit. Premier à porter le titre de ministre de l’Education nationale du 3 juin 1932 au 29 janvier 1934 dans les cabinets successifs de Herriot, Paul-Boncour, Daladier, Sarraut et Chautemps. Dès sa prise de fonction, il explique que ce changement d'appellation devait marquer la volonté du gouvernement d'aller vers davantage d'égalité scolaire et, par suite, davantage de gratuité. Dans cette optique, il généralise dès 1932 la gratuité de l'enseignement secondaire destiné aux filles créé par la loi Sée de 1880. En avril 1933, il créé le Conseil supérieur de la recherche scientifique, suite aux propositions du physicien Jean Perrin. Il instaure, le 1er septembre 1933, l’examen d’entrée en 6ème , crée le Bureau universitaire des statistiques, en liaison avec l’Union nationale des étudiants de France, la Confédération des travailleurs intellectuels et la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement secondaire. En 1935, il participe à la création de l'Union socialiste républicaine (USR).
Ministre des Travaux publics du 23 août 1938 au 5 juin 1940 dans le troisième cabinet Daladier et l’unique ministère Reynaud, il doit faire face à la grande grève des dockers dont il augmente alors leur salaire tout en instituant le travail par équipe. Face à la grève cheminots, il leur promet le bagne s’ils ne reprennent pas le travail. Il développe surtout les transports et l’équipement national. Pendant cette période, il est, au gouvernement, l'homme de nombreuses missions diplomatiques délicates, et souvent controversées. Représentant de la ligne pacifiste, il rêvait d'une médiation de Mussolini entre Hitler et les Alliés.
Il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 et sa carrière politique s'achève en février 1942 avec son départ forcé de la mairie de Cahors. il décèdera à Paris le 11 janvier 1947.
Ioannis Papadiamantopoulos, dit Jean Moréas, né à Athènes le 15 avril 1856 et mort à Saint-Mandé le 30 avril 1910, est un poète symboliste grec d'expression française.
Biographie [modifier]
Issu de deux grandes familles grecques, fils de magistrat, Jean Moréas reçoit une éducation française et vient à Paris en 1875 pour y faire ses études de droit. Il y fréquente les cercles littéraires, notamment les Hydropathes. Il rentre brièvement en Grèce avant de revenir se fixer à Paris vers 1880.
Il publie dans Lutèce et Le Chat noir et fait paraître ses premiers recueils poétiques, Les Syrtes en 1884 et Cantilènes en 1886. D'inspiration verlainienne, ces deux recueils pourraient se rattacher au mouvement décadent si leur auteur ne récusait celui-ci pour revendiquer l'étiquette « symboliste ». Il rejette en effet l'ésotérisme de la poésie décadente ainsi que l'ambiguïté de l'épithète et note que « la critique, puisque sa manie d'étiquetage est incurable, pourrait les appeler plus justement des symbolistes ».
Il développe cette conception dans le « Manifeste littéraire » qu'il publie dans le supplément littéraire du Figaro du 18 septembre 1886, qui fonde le mouvement symboliste en rompant tant avec le décadentisme qu'avec le Parnasse. Le 1er octobre 1886, Jean Moréas fonde en outre une revue, Le Symboliste, avec Paul Adam et Gustave Kahn.
Selon lui, « la poésie symboliste cherche à vêtir l'idée d'une forme sensible qui ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'Idée, demeurerait sujette, » ce qui suppose « un style archétype et complexe : d'impollués vocables, des pléonasmes significatifs, les mystérieuses ellipses, l'anacoluthe en suspens, tout trop hardi et multiforme. »
Moréas cherche à passer de la théorie à la pratique avec Les Demoiselles Goubert (1886), écrit en collaboration avec Paul Adam, grand roman symboliste qui connaît un échec complet. Le recueil de poésie Le Pèlerin passionné (1891) suscite une indifférence polie. L'auteur y prend déjà ses distances avec les influences germaniques et scandinaves sensibles dans une partie de l'inspiration symboliste.
Approfondissant cette esthétique, il se détourne du symbolisme pour fonder en 1892 l'école romane, qui veut rompre avec l’hermétisme et opposer à l'obscurité et aux brumes du nord la lumière du monde gréco-latin. Son recueil le plus célèbre, Stances (1899), illustre cette nouvelle ambition avec plus de bonheur que les œuvres antérieures, dans une langue d'une pureté classique qui rappelle André Chénier.
« L'Investiture » [modifier]
Nous longerons la grille du parc,
À l'heure où la Grande Ourse décline ;
Et tu porteras - car je le veux -
Parmi les bandeaux de tes cheveux
La fleur nommée asphodèle.
Tes yeux regarderont mes yeux ;
À l'heure où la grande Ourse décline. -
Et mes yeux auront la couleur
De la fleur nommée asphodèle.
Tes yeux regarderont mes yeux,
Et vacillera tout ton être,
Comme le mythique rocher
Vacillait, dit-on, au toucher
De la fleur nommée asphodèle.
— Le Pèlerin passionné (1891)
Œuvres [modifier]
• Les Syrtes (1884)
• Cantilènes (1886)
• Le Pèlerin passionné (1891)
• Stances (1893)
• Contes de la vieille France (1904)
• Iphigénie, tragédie en 5 actes (1904)
• En rêvant sur un album de dessins (1911)
• Jean de Gourmont, Jean Moréas, Paris, 1905
• R. Georgin, Jean Moréas, Paris, 1930
• J. Weber, Jean Moréas u. die französische Tradition, Nuremberg, 1934
• A. Embiricos, Les étapes de Jean Moréas, Lausanne, 1948
• R. Niklaus, Jean Moréas, a critique of his poetry and philosophy, La Haye, 1967
• Robert Jouanny, Moréas, écrivain français, Paris, Lettres modernes, 1969
MOREAU (Léon), 1870-1946 :
MOREAU (Emilienne), 1898-1971 :
Émilienne Moreau est née le 4 juin 1898 à Wingles, dans le Pas-de-Calais. Seconde enfant de la famille (elle a un frère aîné, Henri, et une sœur cadette, Marguerite), elle est issue d'un milieu ouvrier. Son père, originaire de Denain (département du Nord), exerce en effet la profession de porion de mine (contremaître). Elle n'a qu'un an lorsqu'il est muté à Lens. Dix ans plus tard, la famille déménage à nouveau, pour aller s'installer quelques kilomètres plus loin, à Loos-en-Gohelle.
En juin 1914, le père d'Émilienne quitte définitivement la mine, à laquelle il a donné 38 années de sa vie, pour se faire commerçant. Il reprend un commerce d'épicerie et mercerie situé sur la place de la République de Loos. C'est là que la jeune fille vit le début de la guerre. Elle est alors âgée de 16 ans et consacre l'essentiel de son temps libre à la tenue du magasin de son père. Mais le commerce ne l'attire pas particulièrement. Elle rêve de devenir institutrice.
C'est en octobre 1914 que l'armée allemande fait son entrée à Loos. La "Course à la Mer" bat son plein et le village est occupé alors que chacun des deux adversaires cherche à prendre l'autre de vitesse en atteignant les Flandres belges et la mer du Nord en premier. Les premières heures de cette occupation sont pénibles : les troupes allemandes se livrent au pillage de tous les commerces. L'épicerie des Moreau n'y échappe pas.
Le 6 octobre, un retour offensif des Français laisse croire un instant que Loos est sauvée : des dragons et des chasseurs cyclistes s'emparent du village et s'y retranchent. Mais les forces adverses, repliée vers la cité Saint-Pierre et la fosse n° 11, sont bien plus puissantes et le combat reste indécis. Émilienne Moreau, qui s'était déjà fait remarquer en allant distribuer du chocolat et des biscuits aux dragons bivouaquant sur la place de la République, accomplit alors son premier acte de bravoure. Depuis le grenier de la maison familiale, elle observe les lignes allemandes et constate que des mitrailleuses sont mises en batterie, qui prennent en enfilade une rue de Loos dans laquelle progressent des fantassins français. Se rendant compte du danger que courent ces hommes, elle descend de son observatoire et met en garde un sous-officier, qui prend aussitôt les mesures nécessaires. Cette initiative lui vaut les félicitations du sergent, qui lui déclare : "Merci, mon enfant. Vous êtres une brave petite Française !"
Il faut quatre jours de combats acharnés aux Allemands pour reprendre Loos. Le 10 octobre, c'est chose faite. Commence alors la mise en coupe réglée de toute la région. Le régime de l'occupation est d'autant plus sévère que la ligne de front est proche. Les privations alimentaires et matérielles affaiblissent les civils et les plus faibles n'y résistent pas. Ainsi le père d'Émilienne meurt-il le 6 décembre suivant, miné tout autant par une vie entière de labeur à la mine que par le désespoir causé par l'invasion ou par la dureté des restrictions.
En février 1915, la jeune fille se fait à nouveau remarquer pour son sens de l'initiative. Refusant de voir les enfants de Loos livrés à eux-même, sans instituteurs ni personne pour les remplacer, elle improvise une école dans une cave et donne elle-même les cours les plus élémentaires. Conjuguant ainsi sa vocation première pour l'enseignement et les besoins de l'instant, elle rassemble une quarantaine d'élèves, garçons et filles âgés de 3 à 16 ans. Pugnace, elle fait approuver son action par les autorités d'occupation et obtient même d'elles l'autorisation d'aller glaner des déchets de charbon sur le terril de la fosse n° 15, afin d'alimenter le poêle de sa salle de classe.
Ce détail n'est pas anodin, car Émilienne Moreau profite de ses corvées de charbon pour observer attentivement les positions allemandes voisines de la fosse n° 15. Le 25 septembre 1915, lorsque après quatre jours d'une terrible préparation d'artillerie la bataille commence, elle sait que ses connaissances des lieux pourront être utiles. Après avoir placé ses élèves à l'abri dans les caves de la ville, elle se hisse sur le toit de l'école, d'où elle peut observer les événements. C'est de là qu'elle voit la progression des armées alliées qui, des corons de Rutoire et de Vermelles, avancent vers la cité Saint-Auguste. Avisant une troupe qui avance vers le village et qui risque se heurter bientôt aux retranchements de la fosse n° 15, elle se précipite à sa rencontre. Pour ce faire, il lui faut traverser la ligne de feu et risquer la mort à chaque pas.
Elle parvient enfin à se faufiler jusqu'au cimetière. Là, elle se trouve nez à nez avec des Écossais du 9e bataillon du Black Watch (15th Division). La rencontre la terrifie ; elle écrira plus tard que ces hommes sont "vêtus d'une jupe, portent une cagoule trouée par deux petits hublots", et que "la vue de leurs baïonnettes me glace un instant le sang". Après s'être ressaisie, elle s'adresse à eux pour tenter de les faire dévier de leur axe de progression. Mais elle ne parle pas anglais et ses interlocuteurs ne la comprennent pas. Il faut qu'enfin un officier francophone se présente pour qu'elle puisse expliquer en détail les raisons de son intervention. Elle explique le danger, décrit les positions allemandes et indique un moyen de contourner la fosse et ses organisations.
Après avoir pris acte de ces avertissements, les Britanniques poursuivent leur avance et réduisent sans grosses pertes la résistance du fortin allemand. Les combats ont lieu désormais dans le centre-ville. Le magasin familial est transformé en poste de secours. Émilienne s'y dévoue avec énergie. Jusqu'à la fin de la bataille, elle dort peu et mange encore moins. Se faisant auxiliaire des infirmiers anglais, elle prodigue des soins aux uns et du réconfort aux autres. Son dévouement provoque l'admiration des soldats.
Institutrice puis infirmière improvisée, elle se fait également garde du corps. Les rues qui mènent à son magasin sont sous le feu de tireurs isolés. Au péril de sa vie, elle en observe les emplacements et indique aux blessés les passages les plus sûrs. Au soir du 25 septembre, elle n'hésite pas à faire le coup de feu avec les soldats britanniques et, armée de grenades, elle participe à la réduction de deux tireurs retranchés dans une maison du voisinage. Plus tard dans la soirée, elle abat de sa main deux Allemands qui menacent l'ambulance.
Son comportement en octobre 1914, son action en faveur des enfants de Loos pendant l'occupation, puis ses services pendant la journée du 25 septembre et les suivantes font l'objet d'un compte-rendu qui lui vaut l'attribution d'une citation à l'ordre de l'armée. Le 27 novembre suivant à Versailles, elle est décorée de la Croix de Guerre avec palme. Une carte postale célèbre la montre en costume de deuil, avec dette décoration. Baptisée l'Héroïne de Loos, elle devient un temps très courtisée par les journalistes. Le Miroir, puis Le Petit Parisien publient dès le 28 le récit de son expérience, pompeusement intitulé Mes Mémoires de 1914-1915. Les autorités britanniques la récompensent à leur tour en lui décernant la Military Medal pour son action de renseignement au profit des troupes d'attaque et la croix de first class de la Royal Red Cross pour son dévouement au profit des blessés. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem viendra ensuite s'ajouter à cette liste...
Évacuée après la libération de Loos, Émilienne Moreau reprend ses études et, jusqu'en 1918, elle exerce la profession d'institutrice dans une école de garçons à Paris. Avec la fin de la guerre et, en partie, grâce à l'argent que les journaux lui ont versée pour la publication de son témoignage (5.000 francs-or), la famille Moreau revient à Wingles, où la mère ouvre une boulangerie.
Mariée en 1932 avec Just Évrard, elle part vivre à Lens avec son mari. Sa vie est à nouveau troublée par la guerre en 1939 et, plus encore, après la défaite de juin 1940. Les autorités allemandes placent en résidence surveillée à Lillers "l'héroïne de Loos" dont ils n'ont oublié ni les actions d'éclat, ni le rôle dans la propagande de guerre française entre 1915 et 1918, ni l'engagement politique dans la S.F.I.O. Bien que mère de deux enfants, elle entre pourtant très vite dans la résistance. Elle commence par distribuer des tracts, puis prend contact avec les services de renseignements britanniques, auxquels elle fournit des informations sur les infrastructures militaires allemandes dans le Nord. Elle fonde ensuite plusieurs groupes de résistance avec Louis Albert (chef du groupement "Libération Nord").
Son mari étant arrêté en septembre 1941, elle passe dans la clandestinité sous le nom de Jeanne Poirier et sert comme agent de liaison au réseau "Brutus". En 1942, pour fuir l'occupant qui se fait de plus en plus menaçant, elle se réfugie dans la région lyonnaise. Là, elle remplit des missions de liaison entre Lyon et la Suisse, ainsi qu'avec Paris, puis rejoint le groupe de renseignement "La France au Combat". Une fois encore, elle déploie une énergie exceptionnelle et joue un rôle de premier plan dans la résistance intérieure, notamment en région Rhône-Alpes. Mais ses missions ne sont pas sans risques : à deux reprises, elle échappe de justesse aux Allemands. Traquée et sur le point d'être démasquée, elle doit quitter la France le 7 août 1944. Elle siège alors quelques temps à l'Assemblée Provisoire d'Alger, avant de revenir à Lens en septembre.
Elle reçoit la croix de Compagnon de la Libération le 11 août 1945 (au nom d'Émilienne Évrard, et non Moreau), récompense suprême d'une vie marquée par la résistance à l'envahisseur. Elle sera par la suite élevée à la dignité d'officier de la Légion d'Honneur et décorée de la Croix de Guerre 1939-1945 et de la croix du Combattant Volontaire de la Résistance.
Jusqu'en 1963 ensuite, elle poursuit une carrière de conseiller honoraire de l'Assemblée de l'Union Française (1947-1958) et de militante à la S.F.I.O. (elle est membre du comité directeur du parti socialiste de 1945 à 1963). Émilienne Moreau-Évrard s'éteint à Lens le 7 janvier 1971. Elle repose à Lens, ville qui a donné son nom à une école.
MOREAU DU BREUIL DE SAINT-GERMAIN (Albert), 1838-1919 : Homme politique. Né à Chaumont (Haute-Marne), le 3 décembre 1838, Albert Moreau du Breuil de Saint-Germain, représentant de la Haute-Marne à l’Assemblée nationale de 1871 à 1876, est élu député le Langres en 1889 et s’inscrit au groupe conservateur. A son programme figuraient notamment : la protection de l’agriculture et du travail contre la concurrence étrangère, révision des charges fiscales pesant sur les agriculteurs, organisation de l’assistance publique dans les campagnes, défense des intérêts religieux. Ne se représentant pas en 1893, il décèdera à Paris le 9 avril 1919.
MOREL (Eugène), 1869-1934 :
MORET (Henry), 1856-1913 :
MOREUX (Théophile, abbé), 1867-1954 :
L'abbé Moreux est né le 20 novembre 1867 dans le département du Cher à Argent sur Sauldre. Son père, instituteur à La Chapelle St Ursin (18), lui a donné très tôt le goût de l'étude en lui enseignant les sciences et la littérature. Il devint un bon élève au lycée de Bourges puis au petit séminaire.
Après 5 années au grand séminaire, en 1889, il fut nommé professeur de mathématiques au petit séminaire saint Célestin à Bourges. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1891. En 1892, il est secrétaire du cardinal Boyer et fait ses premières publications astronomiques. Il adhère à la société astronomique de France en 1893 où il entretient durant une quinzaine d'années, de bonnes relations avec Flammarion. En 1899, il fonde son premier observatoire d'astronomie qu'il installe au petit séminaire de Bourges. Il participe à de nombreuses expéditions scientifiques, c'est ainsi qu'il a pu étudier plusieurs éclipses totales de soleil; en 1900 en Espagne, en 1905, à Sfax, en Tunisie. Dés 1896, il fait régulièrement des notes à l'Académie des Sciences pour présenter ses théories; et ses observations de Mars, du Soleil, .... C'est à l'étude du soleil et à ses influences sur notre terre (météorologie, géophysique) qu'il a consacré une grande partie de son énergie.
Travailleur infatigable, il publie de nombreux articles et ouvrages; destinés les uns, aux spécialistes de l'académie des sciences, les autres, avec la même rigueur mais adaptés à un auditoire; moins érudit, sont des références dans le domaine de la vulgarisation scientifique. En 1906, la loi de séparation de l'église et de l'état par son application bureaucratique sans discernement a dépossédé l'abbé Moreux de son observatoire et de ses instruments.
En 1907 il achète un petit terrain rue Ranchot puis rencontre de grandes difficultés pour financer la construction de sa maison observatoire à Bourges. C'est depuis ce lieu qu'il mène des recherches sur le soleil et ses corrélations sur la météorologie terrestre et la croûte terrestre. Il a mis au point des méthodes de prévision du temps à court terme et sur de grandes périodes qui se sont avérées assez précises. Par sa collection « Pour comprendre », il a permis à de très nombreux autodidactes de maîtriser les bases scientifiques indispensables pour accéder à la « promotion sociale». Il a été un précurseur des mouvements de formation des adultes qui se sont développés après 1945. En 1943, son franc parlé et ses convictions humanistes lui ont joué des tours ; il est fait prisonnier par la gestapo et interné dans des conditions très difficiles à Fresnes puis à Orléans et à Bourges où il est enfin libéré par un officier allemand qui avait lu ses ouvrages. Il sera progressivement oublié de ses contemporains mais continuera à manifester son enthousiasme pour les sciences jusqu'à sa mort survenue le 13 juillet 1954.
FLORENT (J), L'Abbé Théophile. Moreux, esquisse biographique, Paris, éditions Scientifica, 1914.
MORINAUD (Jean, Emile), 1865-1952 : Bâtonnier et homme politique. Né à Philippeville (Algérie) le 17 février 1865, Emile Morinaud est bâtonnier puis est élu maire de Constantine de 1901 à 1935. Député de l’Algérie de 1898 à 1902, il devient secrétaire du groupe antisémite. Réélu député de l’Algérie de 1919 à 1942, ce franc-maçon s’inscrit au groupe socialiste puis, à celui de la gauche radicale. Du 2 mars au 12 décembre 1930, il devient sous-secrétaire d’Etat à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, chargé de l’Education physique dans le second cabinet Tardieu. Il garde le même poste dans les trois ministères Laval du 27 janvier 1931 au 19 février 1932. Il décèdera à Djidjelli (Algérie) le 20 février 1952.
MORO-GIAFFERRI (Vincent, Xavier, Etienne, Eugène de), 1878-1956 : Avocat et homme politique. Né à Paris le 6 juin 1878, Vincent de Moro-Giafferri est avocat puis se fait élire député de la Corse de 1919 à 1928. Du 14 juin 1924 au 16 avril 1925, cet ancien bonapartiste devenu radical devient sous-secrétaire d’Etat à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, chargé de l’Enseignement technique dans le premier cabinet Herriot. « Moro » ne fera qu’expédier les affaires courantes mais n’hésitera pas à rappeler par la suite qu’il a été au gouvernement. Il décèdera au Mans (Sarthe) le 22 novembre 1956.
MOUCHON (Violette), 1893-1985 :
MOUGEOT (Léon, Paul, Gabriel), 1857-1928 : Avocat et homme politique. Né à Montigny-le-Roi (Haute-Marne) le 10 novembre 1857, Léon Mougeot est avocat quand il se fait élire député de la Haute-Marne en 1893. Du 4 novembre 1898 au 21 juin 1899, il est nommé sous-secrétaire d’Etat au Commerce, à l’Industrie et aux Postes et Télégraphes dans les quatrième et cinquième cabinets Dupuy. Poste qu’il conserve du 24 juin 1899 au 2 juin 1902 dans le cabinet Waldeck-Rousseau. Sa préoccupation reste le développement du réseau téléphonique et la création des « mougeottes », les boites aux lettres particulières pour l’expédition du courrier. Du 7 juin 1902 au 23 janvier 1905, il devient ministre de l’Agriculture dans le cabinet Combes où il applique une politique protectionniste. Il décède à Rochevilliers (Haute-Marne) le 25 octobre 1928.
MOUGIN (Joseph), 1876-1961 ; (Pierre), 1880-1955 : Céramistes. Nés tous les deux à Nancy, Joseph en 1876 et Pierre en 1880, Joseph commence d’abord par suivre les cours à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy et un apprentissage chez le sculpteur Pierron, puis il entre en 1896 dans l'atelier du sculpteur Barrias à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il est rejoint en 1898 par son frère Pierre et débutent ensemble leur activité de céramistes. Les premiers essais parisiens s'avérant infructueux, Joseph et Pierre Mougin retournent à Nancy en 1906. Tout d'abord éditeurs de leurs propres modèles, ils font ensuite appel à d'autres artistes parmi lesquels Victor Prouvé (qui réalise pour eux des cartons publicitaires), Ernest Wittmann (1846-1921) et Alfred Finot, qui leur fournissent statuettes, modèles de vases et objets décoratifs. Après 1918, Joseph et Pierre Mougin continuent leurs activités à Lunéville.
Sans avoir jamais fait partie du Comité directeur de l'Ecole de Nancy, Joseph et Pierre Mougin adhèrent à ses principes esthétiques et sont présents à ses expositions.
PEIFFER. Mougin Frères. Le désir du feu : Céramiques Art Nouveau des ateliers de Paris et de Nancy 1896-1914. Longwy : Musée Saint-Jean l'Aigle, 1999
MOUNIÉ (Auguste), 1873-1940 : Pharmacien et homme politique. Né à Roumengoux (Ariège) le 4 janvier 1873, devient pharmacien avant de s’intéresser à la politique. Conseiller municipal en 1908, il est élu maire en 1912. Auguste Mounié est élu sénateur de la Seine en 1927, il devient un spécialiste des questions de prévoyance sociale. Du 13 décembre 1930 au 26 janvier 1931, il occupe le poste de sous-secrétaire d’Etat au Travail et à la Prévoyance sociale dans le cabinet Steeg. Le cabinet est trop vite renversé pour qu’il ait le temps d’appliquer ses idées. L'essentiel de son énergie fut toutefois consacrée au développement d'Antony qui passa, sous sa mandature, de 3 000 à 22 000 habitants. Il s'est essentiellement intéressé aux mal-lotis, ce qui lui valut le 10 mars 1935 le titre de "père des mal-lotis" dans le journal Le Quotidien. Réélu sénateur en 1936, il décèdera à Antony, le 3 décembre 1940.
MOURIER (Louis, Frédéric), 1873-1960 : Médecin et homme politique. Né à Vézénobres (Gard) le 8 octobre 1873, Mourier est médecin avant de s’intéresser à la politique. Nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et à la Guerre, chargé de l’Administration générale de l’armée, poste qu’il occupe du 12 septembre au 15 novembre 1917 dans le premier cabinet Painlevé. Auteur de « loi Mourier, il prévoit d’envoyer au front tous les jeunes hommes et valides et de placer à l’arrière les mobilisés pères de quatre enfants au moins. Il garde son poste du 5 février 1918 au 19 janvier 1920 dans le second cabinet Clémenceau mais chargé cette fois du Service de santé. Il est nommé ensuite à la tête de l’Assistance publique puis se fait élire à l’Académie française. Il décèdera à Paris le 20 février 1960.
MOUSSINAC (Léon), 1890-1964 :
Léon Moussinac est né le 19 janvier 1890 à Avon (Seine et Marne). C’est au lycée Charlemagne à Paris qu’il rencontre Louis Delluc. Celui-ci l’entraîne à écrire, à fréquenter les théâtres, les concerts sans négliger la poésie et le sport. Ils deviendront inséparables. Il obtient une licence en droit. Son premier engagement politique l’amène à rejoindre le mouvement socialiste. Le Première Guerre mondiale brise son idéal pacifiste.
En 1919, il inaugure la première rubrique cinématographique d’une grende revue littéraire : Le Mercure de France. C’est l’irruption du cinéma dans l’enceinte réservée aux seuls arts consacrés. En 1925, il publie Naissance du Cinéma, livre qu’il dédie à la mémoire de Louis Delluc, son ami poète et cinéaste. Cet ouvrage est le premier ouvrage théorique important de l’histoire des livres consacrés au cinéma. Promouvoir le cinéma, c’est aussi agir en faisant connaître les films. Léon Moussinac s’y emploie avec énergie. En 1926, il organise la première projection en France du Ce, cuirassé Potemkinle, film d’Einstein. C’est un triomphe. Fort de cette réussite, il fonde un ciné-club d’un type nouveau : Les amis de Spartacus, spécialisé dans la présentation des films soviétiques interdits par la censure. En quelques semaines, cette association compte 20 000 adhérents dans la seule région parisienne et essaime en province. C’est le premier ciné-club populaire d l’histoire du cinéma. Ce succès inquiète la police. Après six mois d’existence le ciné-club est dissout. Il entre dans la légende des ciné-clubs.
De 1932 à 1939, Léon Moussinac met ses talents d’artiste militant, de précurseur infatigable au service de trois causes culturelles :
-Le théâtre : en particulier, il organise à Moscou, l’olympiade du théâtre ouvrier où le groupe Octobre créé par Jacques Prévert obtient le premier prix ;
-L’édition : il dirige les Éditions sociales internationales où il fonde la collection Le Chant du Monde ;
-Le Journalisme : il dirige l’hebdomadaire Regards, l’un des meilleurs magazines illustrés français de l’époque. Il fait notamment appel à de jeunes créateurs inconnus tels que Pignon, Cartiet-Bresson, R. Capa et G. Sadoul.
Militant communiste, il est arrêté et prisonnier en 1940. Après la guerre, continuant sa carrière, il se retrouve à la tête de l’Institut des hautes études cinamatographiques (IDHEC) et préside le Centre national des écrivains. Véritable chercheur et pionnier, il demeure atentif à toutes les formes les plus originales de l’expression artistique de son temps. Sans oublier le cinéma. Un art qu’il aura aidé à grandir, à sortir des embûches de ce qu’il appelait « l’âge ingrat ». Il décède le 10 mars 1964 à Paris.
MOUTET (Marius, Achille), 1876-1968 : Avocat et homme politique. Né à Vézénobres (Gard) le 8 octobre 1873, Marius Moutet devient avocat et défend Caillaux lors de son procès devant la Haute Cour. Ce socialiste lyonnais est l’unique parlementaire élu durant la Première Guerre mondiale. Spécialiste des questions internationales à la Chambre, il est, du 4 juin 1936 au 17 janvier 1938, nommé ministre des Colonies dans le premier cabinet Blum et le troisième ministère Chautemps. Il garde son poste du 13 mars au 9 avril 1938 dans le second cabinet Blum. Son projet est d’améliorer la condition des indigènes et de s’orienter vers l’assimilation. Il prend dans cette optique des mesures sociales afin de protéger les femmes et les enfants, le travail et les salaires. Après avoir organisé la conférence des gouverneurs généraux, il lance une grande enquête sur la France d’outre-mer. Enfin, il supprime le bagne de Cayenne, nomme le premier gouverneur noir, Félix Eboué, et signe le traité d’indépendance avec la Syrie. Après avoir voté contre Pétain le 10 juillet 1940, il continue sa carrière après la Libération et décèdera à Paris le 29 octobre 1968.
MOUVEMENT DE PAIX :
MOUVEMENTS RÉGIONALISTES :
MUN (Albert, comte de), 1841-1914 : Homme politique. Albert de Mun est né le 28 février 1841 à Lumigny, en Seine-et-Marne. Descendant d’une lignée de soldats, Albert de Mun est élevé au sein d’un milieu paternel où la noblesse, en tant que position sociale, dispense de tout engagement politique. De son propre aveu, il est un élève et un étudiant médiocre et il décroche avec peine un baccalauréat ès sciences. Comme de nombreux jeunes aristocrates de l’époque, il choisit alors de s’engager dans une carrière militaire et entre à cette fin à l’École Impériale Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il en sort diplômé en 1862 et sert dans la cavalerie, comme officier de cuirassiers. Il participe alors à la guerre franco-prussienne. Fait prisonnier à Metz en 1870, le jeune officier est placé en captivité outre-Rhin en compagnie de son ami, et disciple de Frédéric Le Play, René de la Tour-du-Pin. Ensemble, ils découvrent à cette occasion l’œuvre sociale d’une grande figure du catholicisme allemand, l’évêque de Mayence, Monseigneur Ketteler. Albert de Mun décide dès lors de se vouer à l’action sociale et chrétienne. L’année suivante, le spectacle de la violence et de la répression de la Commune de Paris le marque profondément. Il mesure le fossé qui sépare le monde ouvrier des dirigeants politiques et des élites économiques adeptes du libéralisme, l’idéologie dominante condamnée en 1864 par le pape Pie IX avec le Syllabus.
Albert de Mun démissionne et quitte l’armée française. En compagnie de La Tour-du-Pin, il fonde en décembre 1871 les Cercles Catholiques Ouvriers, des associations ouvrières encadrées par des membres de la bourgeoisie catholique, selon les vues de Le Play. Les méthodes du Cercle où la classe dirigeante côtoie les ouvriers dans un climat d’instruction et de moralisation, séduit initialement la fraction de la bourgeoisie provinciale qui redoute une tension trop vive entre possédants et démunis. Mais, à l’usage, les Cercles catholiques d’ouvriers se démarqueronnt guère du modèle du patronage. L’activité de bon nombre de cercles de province se bornera ainsi à l’oirganisation de séances récréativeset l’entretien de relations paternalistes avec les ouvriers.
La revue l’Association Catholique, fondée en 1876 et qui paraîtra jusqu’en 1891, lui permet d’exposer sa doctrine sociale. Celle-ci a pour vocation d’unir les classes dirigeantes et les populations ouvrières, cette union prenant la forme du paternalisme. Albert de Mun entend ainsi éduquer le monde ouvrier selon l’esprit de l’Évangile et en dehors des aspirations révolutionnaires. L’œuvre des Cercles connaît une rapide expansion. En 1878, elle compte 375 cercles fréquentés par 37.500 ouvriers et 7.600 membres des classes dirigeantes. Son déclin s’amorce cependant dans les années 1880, le clergé se méfiant d’une œuvre aux mains des laïcs, l’hostilité du gouvernement républicain après une phase initiale de tolérance et surtout l’incapacité des cercles à renouveler la clientelle habituelle des œuvres catholiques. Car, dans la plupart des villes, la masse ouvrière se tiendra à l’écart des Cercles tandis que la majorité des patrons n’en comprendront pas l’utilité. Cette période correspond également à la montée en puissance du mouvement ouvrier dans le cadre des syndicats. L’œuvre sociale d’Albert de Mun se prolonge pourtant grâce à la création en mars 1886 de l’Association Catholique de la Jeunesse Française.
Dès 1876, l’engagement politique d’Albert de Mun accompagne son œuvre sociale. Elu député de Pontivy en août 1876, il noue des relationsétroites avec L. Harmel, filateur au Val-des-Bois près de Reims, qui expérimente sur le terrain diverses solutions à la misère ouvrière. Avec lui et d’autres catholiques sociaux comme l’abbé Garnier, il parcourt la France pour susciter des vocations sociales. Il est en effet élu député à plusieurs reprises sous la IIIe République (de 1876 à 1878, de 1881 à 1893 et enfin de 1894 à sa mort, en 1914). Au plan législatif, Albert de Mun participe à l’élaboration de la loi de 1884 sur les syndicats qui encourage le développement des syndicats mixtes réunissant ouvriers et patrons.
A la mort du comte de Chambord, comme son prédécesseur Montalembert sous la Monarchie de Juillet, Albert de Mun esquisse le projet d’un grand parti catholique susceptible de réunir les catholiques dispersés politiquement en de multiples tendances. En vain. D’ailleurs Léon XIII désapprouve, dès 1885, cette idée pour la France. Albert de Mun est favorable à un rapprochement de la droite conservatrice avec le mouvement boulangiste à la fin des années 1880. Quelques années plus tard, en 1892, il se rallie au régime républicain, en catholique ultramontain, sur l’invitation du Pape dans son encyclique Au Milieu des Sollicitudes (février 1892) et répond à l’appel de ce dernier en invitant tous les catholiques français à accepter les institutions républicaines en se placant sur leur terrain. Ceci lui vaut d’ailleurs l’hostilité des royalistes et la défaite aux élections législatives de 1893 ; son retour à la Chambre des députés dès l’année suivante n’étant que le fait d’un succès à une élection partielle concernant Morlaix. Son adhésion au ralliement le coupe également de certains de ses premiers compagnons d’armes tel La Tour du Pin.
Orateur écouté, Albert de Mun contribue par son action au vote de lois concernant le monde du travail et favorables aux ouvriers, notamment la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats professionnels (1884), les lois concernant les accidents et la durée du travail, la conciliation et l’arbitrage ainsi que le travail des femmes (1892). Il lutte également activement contre les lois scolaires (votées de 1881 à 1886) et la partition de l’enseignement mais également contre la séparation de l’Église et de l’État. Membre de l’Académie Française depuis 1897, il rédige Contre la Séparation en 1905, puis fait également publier en 1908 Ma Vocation sociale. Hostile aux engagements de la France à l’extérieur, Albert de Mun s’abstient en décembre 1885 de voter les crédits permettant d’éviter l’évacuation du Tonkin. Cependant, il est favorable à l’allongement du service militaire et au vote de la loi de trois ans pendant l’été 1913. Après la mobilisation générale et la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, il montre son enthousiasme lors de la prise de Mulhouse par le 7e Corps, dans un article de L’Écho de Paris, le 9 août 1914. C’est à Bordeaux où il a suivi le gouvernement de Poincaré qu’Albert de Mun décède le 6 octobre 1914.
LEVILLAIN (Philippe) : Albert de Mun, catholicisme français et catholicisme romain du syllabus au ralliement, Palais Farnèse, Ecole française de Rome, 1983.
MOLETTE (Ch) : L’Association catholique de la jeunesse française (1886-1907), Paris, Armand Colin, 1968.
MUNICH (Accords de) :
La signature à Munich, le 30 septembre 1938, des accords qui cédaient à Hitler une partie du territoire tchécoslovaque constitue un tournant majeur dans l’histoire des relations internationales et dans l’histoire de la IIIème République. Après les succès obtenus en 1936 (remilitarisation de la Rhénanie) et en mars 1938 (Anschluss et fin de l’Indépendance de l’Autriche), Hitler arrête un plan d’action contre la Tchécoslovaquie alliée de la France et liée à l’URSS par une convention signée en 1935. Le règlement de la question des Sudètes est utilisé comme un levier pour déstabiliser le régime tchèque. La minorité allemande représente environ 23% de la population. Sous l’influence du leader pro-nazi Henlein, l’opposition des milieux allemands se radicalise. Une première crise surgit en mai 1938 et, à la fin du mois, Hitler fait savoir à ses collaborateurs sa « décision inébranlable de rayer la Tchécoslovaquie de la carte ». Il fixe au 1er septembre 1938 la date de l’attaque de la Tchécoslovaquie et escompte la passivité française et britannique. Les diplomates et militaires allemands qui souhaitaient différer le risque de guerre sont partisan d’une politique d’apaisement : il s’agit de dissuader les démocraties d’agir. La mission d’enquête dirigée par un britannique, Lord Runciman, pendant l’été préconise l’octroi de certaines concessions à la minorité sudète. La gouvernement d’Edouard Daladier reste très divisé face aux exigences de Hitler. Le 18 septembre, il a accepté à Londres de premières concessions mais les nouvelles exigences de Hitler, le 22 septembre, ne paraissent pas acceptables. Du 23 au 28 septembre, la France semble reprendre l’initiative et une nouvelle ligne d’action est préconisée. Daladier, soutenu par les partisans de la fermeté, notamment Paul Reynaud et Georges Mandel, est également conforté par l’attitude de Churchill qui, à Londres, tente de regrouper les adeptes de la résistance à Hitler. Le 25 septembre, Daladier fait savoir à Chamberlain que la France a commencé à mobiliser et demande à Londres d’examiner l’hypothèse de la guerre. Londres réserve sa réponse mais étudie certaines mesures militaires.
Cependant, le clan de la paix se mobilise autour de Georges Bonnet. Le 28 septembre au matin, la proposition italienne d’une conférence à quatre est connue de Paris. Le président du Conseil, qui connaît la situation militaire française, estime que la France seule ne peut apporter une aide significative à la Tchécoslovaquie. Or, Londres a fait savoir que la proposition de conférence était agréée par le gouvernement britannique. Il juge, dans ses conditions qu’il doit se rendre lui aussi à Munich mais il espère alors pouvoir rencontrer Chamberlain afin d’arrêter une ligne de conduite qui préserve les intérêts des Tchèques et leur assure un territoire défendable. Or, il ne réussira pas à obtenir ce contact.
La conférence qui se déroule du 29 septembre après midi au 30 septembre dans la nuit entre Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, aboutit à la signature d’accords qui octroient de larges territoires qui devront être évacués entre le 1er et le 10 octobre. Outre ces territoires à majorité allemande, un plébiscite sera organisé dans les zones mixtes sous contrôle d’une commission internationale. La question des garanties des nouvelles frontières n’est évoquée qu’en annexe. Seules la France et la Grande Bretagne s’engagent à garantir immédiatement les nouvelles frontières. « La garantie allemande ne sera apportée qu’après le règlement de la question des minorités hongroise et polonaise. » Cette dernière disposition est le résultat d’une ultime manœuvre d’Hitler mais les démocraties l’ont finalement acceptées.
Les délégués tchèques ne seront introduits qu’après la signature. L’étendue des concessions octroyées à l’Allemagne plaçait l’état tchèque amputé de ses régions fortifiées dans une situation très vulnérable. Munich constituant bien l’abandon d’un allié. Benes démissionnait le 5 octobre, conscient que son Etat était condamné.
Sur le plan intérieur, ce dénouement devait être à l’origine d’une importante controverse qui se déployait au cours de la période suivante, d’octobre à la déclaration de guerre, avant de constituer dans l’imaginaire politique des Français un évènement « symbole » de la politique d’apaisement. Les premières réactions montrent que les opposants à Munich étaient minoritaires. Au parlement, l’issue du débat est connue : sur 610 votants, 535 députés émettait un vote favorable à la politique adoptée, 75 votaient contre : le groupe communiste, le socialiste Jean Bouhey et Henri de Kerillis*, un modéré. Un premier sondage d’opinion effectué en France faisait état, en octobre 1938, de 57% de réponses favorables à la politique suivie à Munich.
Une étude plus affinée de l’opinion peut permettre de nuancer un tableau trop schématique. Elle met en évidence l’existence d’un courant pacifiste radical ou inconditionnel qui s’est manifesté avant Munich et se prolonge au-delà. Il compte des hommes de droite mais aussi des représentants de la gauche pacifiste. A coté des pacifistes extrêmes, un large courant d’opinion s’est rallié à la « politique d’apaisement », estimant que la France avait besoin d’un « répit » avant de s’engager dans un conflit avec l’Allemagne. C’est l’attitudes des « pessimistes réalistes », nombreux au sein du parti radical, mais aussi au sein de la SFIO et dans les rangs des modérés. Le courant favorable à la fermeté compte de nombreux communistes mais aussi certains radicaux (Pierre Cot, Jean Zay) et socialiste, des démocrates populaires et des représentants de la droite belliciste anti-allemande (Reynaud, Mandel, Kerillis). Ainsi, la crise de Munich crée une ligne de fracture au sein des formations politiques ; elle suscite des reclassements et introduit au Parlement de nouveaux rapports de force.
A la suite de cette crise internationale, le gouvernement Daladier adopte une série de mesures visant à relancer la croissance économique. La nouvelle politique économique est conduite par Paul Reynaud. Qui fut l’un des partisan de la politique de fermeté fa ce à l’Allemagne en septembre 1938. Les nouvelles orientations sont plus libérales, les décrets-lois de novembre 1938 prévoient un aménagement de la semaine de quarante heures qui assouplit les dispositions antérieures et permet l’octroi plus aisé des heures supplémentaires à un taux moins prohibitif. A partir de l’hiver 1939, les capitaux exilés rentrent en France et, dans les secteurs clés concernés par le réarmement, s’amorce un net retour à la croissance.
Le redressement de la situation économique qui se confirme au printemps 1939 a deux séries d’effets. D’une part, le gouvernement, qui bénéficie d’un certain crédit, s’engage dans une politique plus ferme à l’extérieur et, à partir de février, réussit à obtenir un resserrement des liens avec la Grande Bretagne. Après la crise de mars (le nouveau coup de force d’Hitler à Prague), Paris et Londres ouvrent des négociations avec l’URSS pour organiser un front de résistance à Hitler. D’autre part, l’opinion, plus consciente de la gravité des enjeux, évolue en faveurs d solutions de fermeté et, en juillet, près de trois français sur quatre estiment, selon un sondage, que la France devrait s’opposer à un nouveau coup de force d’Hitler.
Moins d’un an après les accords de Munich, une très nette majorité des Français se déclarent donc opposés à la politique d’apaisement. L’attitude de l’opinion britannique qui évolue dans le même sens depuis mars 1939 conforte les Français dans cette nouvelle attitude.
S’il reste encore en France, au sein du Parlement et même au sein du gouvernement, une minorité favorable au maintien de la paix, qui tente en août 1939 d’infléchir la décision d’entrer en guerre, elle ne pourra que différer de quelques jours la déclaration de guerre.
Edouard Daladier, sollicité par le haut commandement, a estimé le 23 août 1939 que le gouvernement français ne devait pas céder à nouveau devant les nouvelles exigences d’Hitler. La France, qui venait d’apprendre la conclusion du pacte germano-soviétique, s’engageait début septembre dans la guerre aux cotés de la Grande Bretagne. Cependant de la Drôle de guerre à la défaite et à l’armistice, les partisans de l’apaisement tenteront à plusieurs reprises d’imposer leurs vues et l’emporteront en juin 1940.
DUROSELLE (J.-B.) : La Décadence, rééd., Paris, Le Seuil, 1983.
LACAZE (Y.) : L’Opinion française et la crise de Munich, Betne-Paris, Peter Lang, 1991.
MUTINERIES DE LA MER NOIRE :
|