NAIL (Louis, Léon, Jules), 1864-1920 : Bâtonnier et homme politique. Né à Château-Gontier (Mayenne) le 27 septembre 1864, Louis Nail, bâtonnier de Lorient, devient conseil général en 1898. Elu député du Morbihan de 1910 à 1920, il est rapporteur du programme naval et de plusieurs lois maritimes en 1911. Maire de Lorient de 1904 à 1912, il est nommé président du Conseil général du Morbihan en 1913. Remarqué par Briand, celui-ci fait appel à lui comme sous-secrétaire d’Etat à la Marine du 29 octobre 1915 au 11 décembre 1916 dans son cinquième cabinet. Sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics, aux Transports et aux Ravitaillement, chargé de la Marine marchande du 14 décembre 1916 au 4 juillet 1917 dans le sixième cabinet Briand et le cinquième cabinet Ribot. Il réorganise alors complètement son département. Du 16 novembre 1917 au 19 janvier 1920, il entre dans le second cabinet Clemenceau comme ministre de la Justice, où il assure la responsabilité des grandes affaires judiciaires concernant les actions de démoralisation et de propagande au profit de l’Allemagne. Il décède à Paris le 9 avril 1920.
NANCY (école de) :
La Lorraine connaît avec l'Art Nouveau l'un des plus grands moments de son histoire artistique. L'explosion économique vécue par la région durant le dernier quart du XlXe siècle y a nécessairement contribué; toutefois, la prospérité ne suffirait pas à justifier par elle-même une telle réussite. La réputation internationale acquise par le mouvement a été le résultat de multiples efforts, souvent bien au-delà des cercles étroits de la création. Pour perdurer, l'activité culturelle ne peut se contenter en effet d'apparaître comme le produit de la mode ou de la satisfaction des élites. Elle doit s'enraciner au coeur de la vie économique d'une région, tirer parti de ses ressources jusqu'à en devenir l'emblème. L'Ecole de Nancy est si bien parvenue à le faire en son temps qu'elle nous apparaît encore aujourd'hui comme un modèle.
Deux générations déjà ont oeuvré au développement culturel de la Lorraine lorsque se fonde, en 1901, l'Alliance provinciale des Industries d'art. De l'arrivée du chemin de fer (1850) à la création de l'université (1854), les conditions ont été réunies pour l'envol économique et intellectuel de la région. Malgré le choc de la guerre perdue, en 1870, puis l'immigration massive des Alsaciens victimes de l'Annexion, la ville connaîtra une formidable expansion. Le développement des industries chimique et sidérurgique en font bientôt l'un des centres de la production nationale. Nancy se hisse dès lors au rang des capitales régionales. La relance d'activités traditionnelles comme la fabrication de la céramique et du verre vient ajouter à cette production un volet plus directement tourné vers la consommation.
En donnant une qualité artistique aux objets manufacturés, les créateurs de l'Ecole de Nancy ont scellé l'alliance entre art et industrie à laquelle rêvait le monde moderne. L'idée était dans l'air depuis la génération du romantisme. Dans l'Angleterre victorienne, John Ruskin dénonçait déjà avec emphase le mauvais goût bourgeois d'une production d'imitation inspirée par les styles du passé et soumise aux exigences de la série. A contre-courant de son époque, il revendiquait le retour à I'artisanat comme la seule solution du conflit. La grande force des nancéiens (au premier rang desquels se situe Emile Gallé) est d'avoir dépassé cette antinomie en prônant, à la manière de William Morris, la collaboration de l'art et de l'industrie au sein d'une chaîne continue intégrant la pièce unique, le multiple et la série comme les différents états de la conception puis de la diffusion des objets d'art auprès d'une clientèle élargie.
Attaché à l'individualité de sa production, Gallé ne partageait certes pas entièrement les visées du mouvement des "Arts and Crafts". Il voulait consacrer le triomphe de l'artisanat d'art sur la série, mais il savait que cette dernière était incontournable. Le marché qu'il visait (et auquel il est parvenu) était moins étroit que celui des galeries ou des collectionneurs. Grâce à lui, I'Ecole de Nancy a fait le passage d'un artisanat de luxe à toute une gamme des produits plus courants -rétablissant au passage le lien qui s'était brisé entre I'ordinaire et l'exceptionnel. On comprend la croisade que Roger Marx mènera bientôt en faveur d'un "art social" dont l'instrument devait être l'art appliqué à l'utile. La modernité du propos est remarquable, elle situe l'un des enjeux majeurs de l'art du XXe siècle.
La condamnation des hiérarchies académiques entre Beaux-Arts et arts mineurs, la foi dans l'avenir des arts décoratifs comme expression "de la vie moderne et du progrès" (selon la formule de Williams Morris) sont à I'origine de cette orientation novatrice. Elle devait conduire les arts appliqués de l'artisanat vers la petite série, en donnant à l'artiste la position d'un créateur de modèles qui nous est désormais familière, sans pour autant le couper des exigences de la qualité. Une telle évolution n'était possible que relayée par une diffusion commerciale à large échelle, celle des grands magasins ou de la clientèle internationale. Les industries d'art de Nancy ne se sont donc pas limitées à la sphère régionale ou nationale. De Chicago à Turin en passant par Londres, Munich ou Bruxelles, elles ont été à la conquête de marchés mondiaux, à travers les expositions universelles ou les manifestations artistiques leur permettant de se faire mieux connaître à l'étranger.
La dernière étape de cette marche vers la consécration internationale d'un mouvement régional a été l'enracinement dans le contexte lorrain. Culturellement, I'Ecole de Nancy est profondément locale par ses sources renouant avec le gothique flamboyant ou le Rococo dont la Lorraine avait été la terre d'accueil. Mais elle ne s'enferme pas dans l'imitation encore moins dans la nostalgie. Elle tire de l'imaginaire floral du décor médiéval un monde d'invention, nourri par la longue tradition française du néogothique (tradition qu'elle conteste bien qu'elle en soit l'héritière). Nombreuses avaient été les recherches sur la stylisation de l'ornement floral, depuis Ruprich-Robert ou Viollet-le-Duc jusqu'à Grasset; toutes tendaient à faire de l'art floral un exercice purement graphique d'animation des fonds. La génération de la fin du siècle récuse à l'évidence le bien fondé d'une telle conception. Lorsque Eugène Vallin se tourne vers le gothique flamboyant, c'est pour en souligner l'inépuisable fantaisie, en dire l'abondance et la diversité, le perpétuel renouvellement ... D'autres y ajouteront cette dimension onirique du symbolisme qui caractérise l'époque. Il s'en dégage une production libre dans ses formes, riche d'émotions comme de références.
Les artistes de l'Ecole de Nancy regardent également du côté des sciences de la nature, parce qu'elles sont l'expression même de la vie. Ils fréquentent l'Ecole forestière et dessinent avec passion les fleurs des champs avant de les transposer sur le verre, le bronze ou le bois. Savante alchimie dont la cristallisation s'effectue au détour des années 1880 (près de dix ans avant la reconnaissance de l'Art Nouveau), dans l'oeuvre d'Emile Gallé ou de Louis Majorelle. Bien avant que l'idée d'écologie ait fait son chemin, la nature est partout présente sur leurs objets comme le rappel d'un monde aussi précieux qu'il est fragile.
Conjonction d'espoirs ou d'intérêts entre artistes, intellectuels, industriels ou commerçants, l'Ecole de Nancy apparaît bien ainsi comme un phénomène global. Les valeurs qu'elle véhicule sont celles de la liberté et du progrès (politique et social, aussi bien que scientifique). Lorsqu'elle commence à s'enfermer dans une nostalgie régionale, elle entame aussitôt son déclin. L'effort de renouvellement n'en sera que plus remarquable au lendemain de la première guerre mondiale. Loin de se complaire dans un artisanat d'art devenu trop coûteux, Daum, Gruber ou Majorelle s'attaquent de front à la production en grande série. Passant du langage floral à une forme nouvelle de stylisation où la fantaisie de la couleur et de la matière règne en maître, ils donnent à l'Ecole de Nancy une autre image: celle de l'Art Déco, auquel elle est intimement liée. On ne pouvait plus clairement exprimer le caractère collectif des mouvements culturels que dans ces manifestations pourtant si individuelles du génie artistique propre à quelques-uns de ses plus illustres créateurs.
NAQUET (Alfred), 1834-1916 :
NATIONALISATIONS :
NATIONALISME :
NATIONALITÉ FRANÇAISE (débat sur la) :
NATURALISME :
Dès le début du 18ème siècle, ce dérivé savant de " naturel avait désigné le système symbolique, et notamment mythologique d'interprétation des phénomènes de la nature. Vers le milieu du siècle, le terme naturalisme s'emploie pour dénommer les théories excluant toute causalité surnaturelle. Au 18ème siècle, le mot s'emploie aussi en science pour désigner le caractère naturel de quelque chose, d'un phénomène. Le naturalisme (littérature), est une école et une doctrine littéraire fondées par Émile Zola au début de la IIIe République. Plus anciennement, le mot « naturalisme » désignait en philosophie le « système de ceux qui attribuent tout à la nature comme premier principe » (Littré). En esthétique, le terme désignait la doctrine qui donne pour but à l'art l'imitation fidèle de la nature : c'est dans ce dernier sens que Baudelaire appelle Balzac un "!naturaliste!". Zola parle déjà des "!écrivains naturalistes!" dans sa préface à Thérèse Raquin en 1868!; c'est à la même époque qu'il conçoit le projet des Rougon-Macquart sur le modèle de la Comédie humaine, de Balzac : ce vaste cycle romanesque forme vingt volumes, publiés entre 1871 et 1893, et raconte, comme le dit son sous-titre, l'"histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire!" et ce sur cinq générations.
Après cinq romans qui évoquent l'irrésistible ascension de personnages de bourgeois, Zola connaît un grand succès en 1877 avec l'Assommoir, qui raconte la "!déchéance d'une famille ouvrière dans le milieu de nos faubourgs!" (préface). Ce roman rivalise avec le réalisme documentaire et "!artiste!" des frères Goncourt, qui avaient publié en 1865 Germinie Lacerteux, une étude d'après nature sur la dégradation pathologique d'une servante.
C'est à l'époque de la publication de l'Assommoir que Zola réunit tous les jeudis, dans la maison de campagne qu'il vient d'acheter à Médan, près de Paris, un groupe d'écrivains, parmi lesquels Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique et Alexis. La pensée de ce groupe s'affirme en 1880, avec la publication d'un volume collectif, les Soirées de Médan. Parallèllement se constitue une véritable doctrine à travers les articles de Zola lui-même (le Roman expérimental, 1880). Le mouvement est porté par le succès commercial du romancier et par les attaques violentes qu'il subit de la part de la France conservatrice : "!M. Zola, écrit Barbey d'Aurevilly, se vautre dans le ruisseau et il le salit.!" La composition du groupe, pris en pleine tempête de scandales, varie considérablement, au gré de la "!trahison!" de certains membres (Huysmans, À rebours, 1884!; "!manifeste des cinq!", 1887) et de l'arrivée de nouveaux adeptes.Le naturalisme cependant influence le théâtre : on assiste à des mises en scène hyperréalistes d'adaptations de romans naturalistes, Zola publie son Naturalisme au théâtre (1881)!; entre 1887 et 1896, on monte au Théâtre-Libre les pièces d'Alexis, de Céard, d'Hennique, celles d'Octave Mirbeau et d'Henry Becque (les Corbeaux, 1882). Cependant, le succès du Disciple (1889), récit du romancier naturaliste Paul Bourget, et une enquête du journaliste Jules Huret (1891) correspondent avec la fin du mouvement : Zola lui-même adopte alors une nouvelle orientation. Le naturalisme n'en connaît pas moins une durable diffusion internationale, d'abord en Belgique avec Lemonnier et Eekhoud, puis dans de nombreux pays, et jusqu'au Japon, avec Tayama Katai. L'histoire du naturalisme s'ancre profondément dans la première période de la IIIe République, de la « débâcle » fondatrice de 1870 au tournant des années 1890 (c'est d'ailleurs avec le second Empire que s'achève l'histoire des Rougon-Macquart). Cette époque est marquée par la volonté des républicains modérés de se réconcilier avec l'Église, par l'abandon de tout espoir de restauration monarchique, et par un "!retour offensif du mysticisme contre la science!", retour décrié par Marcelin
Berthelot, la figure emblématique du positivisme de la "!République des savants!". Zola lui-même se retrouve au centre de l'histoire politique au moment de l'affaire Dreyfus, puisqu'il prend vigoureusement parti pour Dreyfus et, avec son article "!J'accuse!", paru le 13 janvier 1898, fait naître la figure de l'intellectuel engagé.
Balzac déjà avait représenté la ville comme une jungle et mis le réalisme sous le signe des sciences naturelles (voir à ce propos la dédicace du Père Goriot à Geoffroy Saint-Hilaire, où il dit vouloir appliquer les notions zoologiques de "!milieu!" et d'"!espèce!" à la société humaine), mais ses romans restaient des romans de l'"!âme!". Zola, lui, légitime son entreprise littéraire par une référence systématique aux sciences de la nature : lutte pour la vie et sélection naturelle (Darwin, De l'origine des espèces, 1859), lois de l'hérédité (Lucas, Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle, 1850), démarche expérimentale et médicale (Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865). Du point de vue de l'écriture, le naturalisme hérite des réalistes d'après 1850 tels que Champfleury ou Duranty, mais aussi du réalisme subjectif de Flaubert et surtout du souci documentaire et pourtant "!artiste!" des Goncourt, qui se disaient "!à la fois des physiologistes et des poètes!". Pour se documenter, Zola fit un nombre important de lectures, mais il mena également de nombreuses enquêtes sur le terrain (les Carnets de ces enquêtes ont été publiés) : cette méthode lui a valu d'incarner à jamais le stéréotype du romancier "!observateur!", qui se répandra bien au-delà du naturalisme.
Selon Roland Barthes, le style naturaliste mélange les "!signes formels de la littérature (passé simple, style indirect libre, rythme écrit) et des signes non moins formels de réalisme (pièces rapportées du langage populaire, mots forts, dialectaux, etc.)!", au point de constituer certains "!tics!" d'écriture : plages descriptives nourries de documentation mais intégrées grâce à une amorce de point de vue subjectif ("!Ils s'arrêtèrent en face de la plage, à regarder. Des voiles, blanches comme des ailes d'oiseau!", etc.). Le naturalisme de Maupassant est plus particulièrement marqué par l'héritage de son parrain, Flaubert : utilisation subtile des variations de points de vue, brouillage de l'image du narrateur (qui ne dit pas "!je!" mais s'exprime par divers biais : style indirect libre, ironie, ambiguïté du "!on!"). Les naturalistes se sont référés à Schopenhauer pour son pessimisme joyeux et surtout son idée d'une "!volonté!" amorale qui alimenterait la vie et ne se suspendrait que dans la contemplation esthétique (Zola, la Joie de vivre!; Maupassant, Auprès d'un mort). Cette force vitale, sous la forme de l'"!instinct!", du "!tempérament!", de la "!fêlure héréditaire!", de l'appétit (l'oie farcie de Gervaise), du désir, c'est-à-dire en fin de compte de la nature, est au cœur de l'imaginaire naturaliste. L'"!histoire naturelle et sociale!" des Rougon-Macquart et les références scientistes de Zola trouvent ici leur véritable explication, qui n'est plus tout à fait rationnelle. Quand le personnage du roman naturaliste est coupé de cette nature, sa vie est étouffée (c'est le schéma développé dans des romans aux titres ironiques, comme Une vie, de Maupassant, Une belle journée, de Céard ou la Joie de vivre, de Zola). Quand il est dominé par la nature, le personnage devient un "!rapace!", avide d'argent, de pouvoir, de vice, profondément immoral (ce sont les affairistes du second Empire chez Zola, ou le personnage principal de Bel Ami, de Maupassant). Parfois, son instinct dévorant l'amène à la déchéance : dans l'alcoolisme (Zola, l'Assommoir) ou dans la prostitution (Huysmans, Marthe!; Edmond de Goncourt, la fille Élisa!; Zola, Nana). La foi religieuse devient parfois elle-même pulsion destructrice (les Goncourt, Madame Gervaisais). Tout cela nous ramène à l'idée principale du naturalisme : sous l'homme social se cache la bête (Zola, la Bête humaine!; Maupassant, Toine).Dans la vision naturaliste, les choses fabriquées par l'homme deviennent parfois corps humains, organes malades ou animaux : c'est le cas de la "!Lison!", locomotive-femme de la Bête humaine, de l'alambic avec son "!bedon!" et sa "!sueur d'alcool!" dans l'Assommoir, mais aussi du "!Vaureux!", "!bête mauvaise!" dans Germinal. Dans le Ventre de Paris, c'est la ville qui dévore, mais dans la Curée, elle est dépecée. Citons encore les fleurs-sexes humains et le fromage-dents cariées des ouvrages d'Huysmans. La nature est toujours là, à la fois fascinante et effrayante, profondément ambivalente puisqu'elle est à la fois destruction et désir, maladie et fécondité. Le voyage à la campagne permet au personnage citadin de retrouver un moment, pour le meilleur ou pour le pire, cette nature originelle (Maupassant, Une partie de campagne, Sur l'eau). C'est aussi pour le meilleur ou pour le pire que le paysan reste à son enracinement (Zola, la Terre). On ne s'étonnera pas que ce soit un écrivain naturaliste, Rosny aîné, qui ait inventé le roman préhistorique (la Guerre du feu, 1911).
Cette ambivalence de la nature s'accorde à celle du rapport que les écrivains entretiennent avec la société : si Maupassant adopte un cynisme compatissant, Zola professe des opinions qui relèvent du progressisme bourgeois. Quant au héros d'À rebours, d'Huysmans, il trouve refuge dans l'isolement social et le refus de la nature : chasteté, anorexie, culte de la beauté et de l'artifice. Après la descente dans le tragique de l'"!instinct!" jusqu'à l'apocalypse de Germinal, Zola retrouvera la nature comme fécondité, promesse de renouveau et d'avenir radieux. Le naturalisme s'est imposé avec la publication en 1870 du premier volume du cycle des Rougon-Macquart et les nombreux articles de critique littéraire de Zola. 1877 voit le lancement de L'Assommoir qui amène l'écrivain à la célébrité. L'année suivante, il découvre l'Introduction à la méthode expérimentale de Claude Bernard qui le conduira à l'idée controversée d'un Roman expérimental. Cependant, Zola a réuni autour de lui de jeunes écrivains proches de son esthétique : Huysmans, Paul Alexis, Henry Céard, Léon Hennique, Guy de Maupassant. Ils signent en 1880 Les Soirées de Médan reçues comme un manifeste. L'esthétique naturaliste va influencer considérablement le champ littéraire. Les nombreuses traductions de Zola, la réception de ses oeuvres dans la presse internationale contribueront à la diffusion de ce courant en Europe. On retiendra la Belgique avec Camille Lemonnier, l'Espagne avec B. Perez Galdos, E. Pardo-Bazan, l'Italie avec G. Verga. Enfin, en 1887, Antoine crée le Théâtre libre, dans lequel sera représentée la pièce la plus célèbre de ce courant : Les Corbeaux d'Henry Becque.Le destin du naturalisme est lié à la médiation journalistique. Polémiques, parodies, caricatures vont se succéder. Cette époque est celle où les écrivains deviennent de plus en plus journaliste et parfois y consument leur talent. La presse, retrouvant progressivement sa liberté, voit les journaux se multiplier, relais de groupes politiques et d'intérêts économiques. Le Figaro, L'Echo de Paris, Le Gaulois, L'Evénement, Gil Blas... s'attachent tous des écrivains (Théodore de Banville, Jean Richepin, Octave Mirbeau, Guy de Maupassant) pour assurer critiques, chroniques et feuilletons. C'est l'époque du "roman parisien" ou "roman contemporain" très souvent édité chez Charpentier et Ollendorff proposant au lecteur une vision naturaliste de la société parisienne.
Louis Desprez, L'Evolution naturaliste, Tresse, 1884
Jules Huret, Enquête sur l'évolution littéraire, 1891
David-Sauvageot, Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l'art, 1890
Peu à peu, ce terme tombe en désuétude jusqu'en 1857 où la Revue Moderne publie un texte du critique d'art Castagnary qualifiant la peinture de Courbet de naturaliste ; le sens en est ici : peintre traitant de la nature avec réalisme.
Zola, au nom de la modernité rejette le romantisme " démodé comme un jargon que nous n'entendons plus " (cf. Mes Haines). Il faut noter que c'est au nom de cette même modernité que les romantiques étaient partis en guerre contre les classiques. Zola poursuit le but d'une littérature scientifique qui " obéisse à l'évolution générale du siècle " (cf. Le roman Expérimental). En rendant au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire mettant en rapport roman naturaliste et épopée. Or, le genre épique est un genre spécifique à la Grèce Antique : on reconnaît donc l'influence du déterminisme défini par Taine dans ses œuvres de critique littéraire, influence reconnue par Zola. Zola applique en effet, la fameuse démarche critique de Taine : " la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse ". Zola applique ce protocole à la technique romanesque transformée en " étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances " (cf. Préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin ". Dans cette préface, Zola parle pour la première fois d'un " groupe d'écrivain naturaliste ".
Le naturalisme consiste en fait en la recherche des causes du vice dans l'hérédité et Zola va s'élever contre le romantisme en donnant trois définitions importantes.
Ecran classique : écran qui rend les couleurs que l'auteur veut bien donner.
Ecran romantique : écran qui rend aveugle l'intelligence et cache la vérité.
Ecran réaliste : écran qui donne la vision la plus objective.
> Le romancier naturaliste est alors "observateur et expérimentateur". L'observateur accumule des renseignements sur les milieux sociaux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il va cerner d'aussi près que possible une réalité qu'il va tenter de transposer dans la réalité du langage. Puis l'expérimentateur prend le relais, organisant les faits recueillis, montant en quelque sorte un mécanisme où tout s'enchaîne en fonction de la double détermination de l'hérédité et du milieu. Le personnage naturaliste est moins la marionnette d'un créateur que celle d'un système et d'une méthode. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola écrit : " nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est à dire des moralistes expérimentateurs ".
>
> On peut se demander ce que devient l'écriture naturaliste dans cette perspective plus scientiste, c'est à dire qui prétend résoudre des problèmes philosophiques par la science, que scientifique. Réduit à un simple véhicule, le style se confond avec le sens du réel dont la définition consiste à " sentir la nature et la rendre telle qu'elle est " d'où la nécessité d'une langue qui ne soit pas écran. Quoique les naturalistes aient multiplié les déclarations selon lesquelles le naturalisme s'intéresse autant au vice qu'à la vertu, " la littérature n'est pas toute dans l'ouvrier, elle est aussi dans la nature qu'elle peint ". La littérature naturaliste proposera en fait essentiellement des figures populaires (ouvriers et petits fonctionnaires) dans un décor urbain.
>Conclusion :
> La littérature naturaliste est une littérature de synthèse du type balzacien et de l'anti-héros flaubertien ce qui donne des personnages vidés d'individualité.
> La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste est indiscutable et le débat se catalysera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelé e école de Médan du nom de la maison appartenant à Zola où les écrivains naturalistes comme Huysmans et Maupassant avaient l'habitude de se réunir.
> En dehors de l'œuvre zolienne, le naturalisme a donné peu d'œuvres majeures.
NAVILLE (Pierre) :
NAVIRES DE GUERRE :
NÉO-SOCIALISME :
NICK (Henri), 1868-1954 :
NICOLLE (Louis, Eugène, Paul), 1871-1942 : Industriel et homme politique. Né à Lille (Nord) le 16 juin 1871, Louis Nicolle est un industriel lillois. Elu député du Nord de 1924 à 1936, il est le spécialiste des questions sociales à la Chambre. Nommé ministre de la Santé publique et de l’Education physique du 24 janvier au 4 juin 1936 dans le second cabinet Sarraut, il s’occupe de la construction de l’hôpital de Lille et de l’école des sports de Joinville. Il décèdera à Paris le 23 juillet 1942.
NIVELLE (Georges), 1856-1924 : Né à Tulle dans une famille protestante franco-britannique par sa mère, le 15 octobre 1856, Georges Nivelle se révèle être un bon élève en plus de son bilinguisme. Il intègre l'Ecole Polytechnique (promotion 1876) dont il sort diplômé dans le corps des artilleurs en 1878.
Nivelle commence sa carrière militaire en Outre-Mer. Il rejoint le corps expéditionnaire français envoyé en Chine lors de la révolte des Boxers (été 1900), et sert ensuite en Afrique où il est particulièrement apprécié pour ses qualités relationnelles.
Devenu colonel au début de la Première Guerre mondiale, il se fait à nouveau remarquer par sa conduite exemplaire en Alsace et, en septembre 1914, lors de la bataille de l'Ourcq. Il lance en effet son infanterie contre les lignes du 4e corps de la 1e armée du général von Kluck, autour de Meaux, sauvant ainsi la capitale de la menace allemande. Il est alors promu général de brigade en même temps que Philippe Pétain, en octobre 1914. Devenu général de division l'année suivante, Georges Nivelle reçoit le commandement de la IIe armée française au mois de mai 1916, alors qu'il sert sur le front de Verdun à la tête du 3e corps de ladite armée depuis février.
Ayant succédé à Pétain le 19 avril 1916, il conduit les engagements victorieux de Vaux, de la cote 304, et la reprise du fort de Douaumont, le 24 octobre 1916, aux cotés de son subordonné, le général Mangin. Ces victoires ponctuelles lui valent une popularité grandissante auprès des troupes malgré le peu de respect pour les vies humaines qu'il manifeste alors, lançant sans relâche ses hommes à l'assaut.
À la suite de ces victoires, Georges Nivelle apparaît comme le successeur désigné de Joffre, jugé trop statique après deux ans de combats de tranchées et élevé à la dignité de maréchal de France. Le général Nivelle bénéficie également de contacts très étroits avec l'état-major anglais en raison de son origine familiale. Il prend ses fonctions de commandant en chef de l'armée le 12 décembre 1916 en promettant une victoire rapide à la commission de l'Armée à la Chambre. Guidé par sa foi dans la rupture, il décide de rompre avec la guerre de position pour revenir à une offensive dynamique en attaquant de front les lignes allemandes fortifiées du secteur du Chemin des Dames avec l'appui de troupes britanniques dont Lloyd George lui a confié le commandement. Bravant les réticences de ses généraux arguant le manque de préparation des soldats, mais aussi de nombreux chefs militaires comme Lyautey, éphémère ministre de la guerre, et surtout Pétain et des autorités politiques, inquiètes de la possibilité d'un revers, il lance l'offensive du Chemin des Dames le 16 avril 1917. Cet assaut, qu'il espérait éclair, tourne court : les Allemands, ayant saisi une copie de son plan d'attaque dans une tranchée qu'ils avaient conquise, ont renforcé leurs positions et opposent une résistance farouche ; l'opération est un échec coûteux en hommes (350 000 hommes hors de combat pour un gain de terrain insignifiant) et en matériel. George Nivelle s'obstine, suspend l'assaut le 21 avril avant de le reprendre au début du mois de mai. Les troupes sont démoralisées, elles perdent la confiance en leurs chefs ; les premières mutineries éclatent. Nivelle est remercié et remplacé le 15 mai 1917 par Philippe Pétain.
Une commission d'enquête est alors instituée. Dirigée par le général de division Henri Joseph Brugère, elle statue sur la responsabilité du général Nivelle : "Pour la préparation comme pour l'exécution de cette offensive, le général Nivelle n'a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu'il avait assumée".
Tombé en disgrâce, il rejoint l'Afrique du Nord en décembre 1917 afin d'y prendre la tête du 19e corps d'armée à Alger en qualité de commandant des troupes françaises d'Afrique du Nord, fonction qu'il assume jusqu'à sa retraite en 1921 ; il retourne alors en métropole, s'installe à Paris où il décède trois ans plus tard.
NIZAN (Paul), 1905-1940 :
NOAILLES (Anna de), 1876 - 1933
NOGARO (Bertrand), 1880-1950 : Professeur et homme politique. Né à La-Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne) le 5 avril 1880, Bertrand Nogaro est professeur agrégé de sciences économique et docteur en droit. Elu député radical socialiste, il est remarqué par Briand qui le nomme ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts du 23 juin au 18 juillet 1926 dans son dixième cabinet. Il décèdera à Créteil le 7 avril 1950.
NOIROT (Alphonse, Xavier), 1833-1889 : Avocat et homme politique. Né à Vesoul (Haute-Saône) le 2 février 1833, Alphonse Noirot est avocat et maire républicain. Nommé sous-secrétaire d’Etat à la Justice et aux Cultes du 27 février 1883 au 5 avril 1885 dans le deuxième cabinet Ferry, il doit alors défendre devant la Parlement le maintien du budget des Cultes. Il décède à Paris le 24 septembre 1889.
NOLLET (Charles, Marie, Edouard), 1865-1941 : Général et homme politique. Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 28 janvier 1865, polytechnicien, commandant militaire du Sénat en 1914, le général Nollet est président de la commission de contrôle interallié en Allemagne. Considéré par Herriot comme « l’homme qui sait le mieux ce qui se passe » outre-Rhin, il est nommé par ce dernier ministre de la Guerre du 14 juin 1924 au 16 avril 1925. Il met en place une vaste épuration des cadres ce qui lui vaut par ses détracteurs la répuytation d’André II, par référence au général rendu célèbre par l’affaire des fiches. Il a aussi été à l’origine de beaucoup de réformes concernant notamment les réservistes, les permissions agricoles, l’aviation sanitaire, la justice militaire ou le service météorologique des armées. Il décèdera à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1941.
NORTON (Affaire) : 1893.
NOTRE COMBAT :
NOULENS (Jean-Baptiste, Joseph, Eliacin), 1864-1944 : Avocat et homme politique. Né à Bordeaux (Gironde) le 29 mars 1864, Joseph Noulens devient docteur en droit en 1887 puis devient avocat. Maître des requêtes au Conseil d'État (1889-1902), il est chef de cabinet d'Édouard Lockroy, ministre de la Marine et des Colonies (1895 et 1898), d'Armand Fallières, ministre de l'Instruction publique (1889-1890), de Godefroy Cavaignac, ministre de la Guerre (1895). Maire de Sorbets (Gers), conseiller général du canton de Mirande (Gers, 1902-1919), il est élu député du Gers de 1902 à 1919.
Nommé sous-secrétaire d'État à la Guerre du 3 novembre 1910 au 1er mars 1911 dans le second cabinet Briand, Joseph Noulens devient ensuite ministre de la Guerre du 9 décembre 1913 au 8 juin 1914 dans le premier cabinet Doumergue. Il défend le fameux fusil « Lebel » et annonce le remplacement des tenues d’infanterie à pantalon rouge par des uniformes moins voyants. Il s’inquiète de l’insuffisance de l’artillerie, mais renvoie au Parlement le soin de modifier le « godillot », alors en dotation dans tous les corps, et ne parvient pas à convaincre ses amis socialistes de l’utilité des trois ans de service militaire. A la chute du cabinet, il devient, du 13 juin au 26 août 1914, dans le premier cabinet Viviani, ministre des Finances. Alors que monte la tension internationale, Joseph Noulens fait émettre, pour 805 millions de francs, des rentes 3,5 % amortissables en 25 ans, destinées à subvenir aux dépenses extraordinaires de la défense nationale. Dès l'explosion du conflit, il prend les mesures d'exception que la situation impose : une loi du 5 août 1914 porte de 6,8 à 12 milliards de francs la faculté d'émission de la Banque de France, proclame le cours forcé du billet et instaure, de facto, la non-convertibilité du franc. Pour éviter la thésaurisation, les remboursements des caisses d'épargne, des dépôts et comptes courants dans les banques sont sévèrement limités (décrets des 31 juillet et 1er août 1914). Les droits de douane sont suspendus pour de nombreux produits dont la prohibition de sortie est instituée. Enfin un décret organise le service de la trésorerie et des postes aux armées. La quasi-totalité de ces mesures, confirmées par des lois, seront prorogées jusqu'à la fin des hostilités. Ambassadeur à Pétrograd (Russie, 1917-1919) puis, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement du 20 juillet 1919 au 19 janvier 1920 dans le second cabinet Clemenceau, il lutte activement contre la vie chère. Sénateur du Gers (1920-1924), il décèdera à Sosbets (Gers) le 9 septembre 1944.
Germain Nouveau
Germain Nouveau, né et mort à Pourrières dans le Var (2 août 1851 – 4 avril 1920), est un poète français.
Après des études au petit séminaire d’Aix, où il pense à embrasser la prêtrise, et une année d’enseignement au lycée de Marseille en 1871-1872, Germain s'installe à Paris à l’automne 1872. Il publie son premier poème, Sonnet d’été, dans La Renaissance artistique et littéraire, revue d’Émile Blémont et fait connaissance de Mallarmé, de Jean Richepin et les « Vivants » (Ponchon…) qui se réunissent au café Tabourey. Il fréquente aussi les zutistes, fait la connaissance de Charles Cros avec lequel il collabore à la rédaction des Dixains réalistes qui tournent en dérision les parnassiens. Il découvre dans l’Album zutique les poèmes laissés par Rimbaud et Verlaine, qui ont quitté la capitale depuis juillet 1872.
Fin 1873, il rencontre Arthur Rimbaud au café Tabourey et, en mars 1874, ils partent ensemble en Angleterre pour s'installer à Londres, au 178 Stamford Street. Nouveau aide Rimbaud à la copie des Illuminations mais revient seul à Paris en juin de la même année. Il voyage en Belgique et en Hollande. En 1875, à Bruxelles, il reçoit de Verlaine le manuscrit des Illuminations que Rimbaud, croisé à Stuttgart, a adressé à Nouveau afin de le faire publier. Nouveau retourne à Londres où il fait la connaissance de Verlaine avec lequel il restera longtemps ami.
En 1878, il entre au ministère de l'Instruction publique, collabore au Gaulois et au Figaro, sous le pseudonyme de Jean de Noves, avant de reprendre des voyages en 1883 qui le mèneront notamment à Beyrouth. Devenu professeur de dessin au collège Bourgoin dans l'Isère, puis au lycée Jeanson de Sailly, à Paris, il est frappé, en plein cours, d'une crise de folie mystique en 1891. Il doit être interné à l'hôpital Bicêtre d'où il sort après quelques mois d'enfermement. Il traverse plusieurs crises mystiques proches de l’aliénation et entreprend une vie de mendiant et de pèlerin, s'inspirant de saint Benoît Labre. Après des années d’errance, dont deux pèlerinages à Rome et un à Saint-Jacques de Compostelle, il revient dans son village natal en 1911 y meurt d’un jeûne trop prolongé en 1920, entre le Vendredi Saint et Pâques. Ses poésies seront essentiellement publiées après sa mort, Nouveau s'y étant opposé de son vivant, allant jusqu'à faire un procès lors de la publication de son recueil Savoir aimer, la première version de sa Doctrine de l'Amour.
Il eut une grande influence sur les surréalistes et Aragon le considérait « non un poète mineur mais un grand poète. Non un épigone de Rimbaud : son égal »1
Histoire du Poison perdu [modifier]
En 1895, Verlaine publie les Œuvres Complètes d'Arthur Rimbaud dans lesquelles il intègre le poème Poison perdu. Il est de mise actuellement d'attribuer la composition du sonnet à la plume de Germain Nouveau. Ce point de vue, qui ne s'appuie sur aucune réalité, est d'autant plus discutable que Poison perdu recèle, dans l'agencement de ses rimes, un certain nombre de faiblesses que l'on n'a jamais trouvées chez Nouveau.
Œuvres [modifier]
Œuvres poétiques [modifier]
L'essentiel de sa production n'a été publiée qu'après sa mort. Les éditeurs la divisent en :
• Premiers vers (1872 - 1878)
• Dixains réalistes
• Notes parisiennes
• La Doctrine de l’amour
• Sonnets du Liban
• Valentines
• Ave Maris Stella
• Derniers vers (1885 – 1918)
NUNCQUES (Degouve de), 1867- 1935 :
Peintre. Né en 1867 dans les Ardennes, William Degouve de Nuncques se forma seul à la peinture tout en subissant l’influence des peintres symbolistes Jan Toorop et Henri de Groux. Il exposa ses oeuvres pour la première fois à Paris en 1890 et fit la connaissance de Auguste Rodin, de Puvis de Chavannes et de Maurice Denis qui le soutinrent.
Il devint membre du groupe des XX et de la «Libre Esthétique» en 1894 et fréquenta les milieux littéraires après avoir épousé la belle-sœur du poète Verhaeren. Il peignit notamment les décors pour le théâtre de Maurice Maeterlinck et fit de nombreux voyages à l’étranger, particulièrement en Italie, en Autriche et en Suisse. De 1900 à 1902, il vécut à Majorque et se rapprocha des Impressionnistes tout en conservant un style très poétique. Degouve de Nuncques traversa une période de mysticisme vers 1912 et réalisa de nombreuses compositions religieuses avant de se réfugier en Hollande au début de la Première Guerre Mondiale. A la fin de la guerre, son style devint plus expressionniste mais cet artiste, adepte du paysage, fut avant tout considéré comme un grand du symbolisme quoique éloigné des conceptions de ses amis français. Il y a quelque angoisse dans ses paysages nocturnes et ses villes désertes et cet artiste, mort en 1935, a eu apparemment une influence considérable sur son compatriote René Magritte qui se souvint de sa «Maison du Mystère» pour produire «L’Empire des Lumières». Degouve de Nuncques peignit des paysages du Brabant, de Hollande et des Baléares ainsi que des compositions religieuses très symbolistes. Il produisit peu de portraits. Les musées belges et le Musée de Munich conservent certaines de ses oeuvres.
NUNGESSER (Charles), 1892-1927 : Aviateur. Né à Valenciennes le 15 mars 1892 et mort quelque part dans l'Atlantique Nord, ou en Amérique du Nord en 1927.
Il fut l'un des as de la chasse aérienne entre 1914 et 1918. Il trouve la mort le 8 mai 1927, lorsqu'il tente avec François Coli une traversée Paris-New York sans escale à bord de l'Oiseau blanc. Nungesser, partit en Amérique du Sud à quinze ans, où il connaît nombre d'aventures et pratique différents métiers (cow-boy, boxeur, pilote de courses automobiles). Il découvre également l'aviation naissante, et commence à piloter.
Revenu en France avant la déclaration de guerre, il s'engage au 2e régiment de hussards, où il obtient la Croix de Guerre après dix jours de combat. Il réussit en effet, après avoir passé seul les lignes ennemies, à capturer une voiture Mors à tuer les quatre officiers prussiens qui s'y trouvaient, et à ramener la voiture au Quartier Général de sa division avec des plans trouvés sur les officiers prussiens. Son général le surnomme le hussard de la Mors, et l'autorise à passer dans l'aviation.
Il intègre l'escadrille VB 106 à Dunkerque, dans laquelle il pilote un bombardier Voisin X et accomplit 53 missions de bombardement. Mais il s'en sert aussi à l'occasion pour faire la chasse des avions qu'il croise : le 30 juillet 1915, il abat un Albatros allemand au cours d'un vol d'essai, ce qui lui vaut la Croix de Guerre, et une mutation dans l'escadrille de chasse N 65 (équipée de Nieuport Bébé) basée à Nancy. Il réalise plusieurs patrouilles de chasse qu'il termine par des acrobaties au-dessus de son terrain, ce qui lui vaut huit jours d'arrêts. Sa punition sera toutefois levée en abattant sa deuxième victoire, un biplace Albatros le 28 novembre 1915.
Mais en février 1916, il est très grièvement blessé en essayant un prototype d'avion de chasse de type Ponnier, en s'écrasant au décollage. Le manche à balai lui traverse le palais, et il a la mâchoire fracassée, les deux jambes brisées. Il sort sur des béquilles de l'hôpital le 28 mars, refuse sa réforme, et retourne à son escadrille. Il doit se faire porter et extraire de son avion pour pouvoir combattre.
Il participe alors à la bataille de Verdun et y remporte 10 victoires jusqu'au 22 juillet 1916, avant de survoler le front de la Somme. C'est là qu'il fait peindre sans doute pour la première fois son insigne personnel sur son Nieuport 17, une tête de mort aux tibias entrecroisés, surmontant un cercueil entouré de deux chandeliers, le tout dessiné dans un coeur noir. Il remportera neuf autres victoires homologuées sur la Somme jusqu'à la fin de l'année 1916, portant son total à 21, avec notamment un "triplé" le 26 septembre.
Mais son état de santé est très précaire depuis son accident de février 1916, auquel se rajoutent diverses blessures en combat. Il doit repartir à l'hôpital et parvient à s'en "échapper" qu'après avoir négocié un accord avec ses médecins et l'état major : il devra retourner à l'hôpital après chacun de ses vols pour y suivre son traitement. C'est ainsi qu'il est détaché à l'escadrille VB 116, une escadrille de bombardement, qu'il rejoint avec son chasseur Nieuport à Dunkerque au mois de mai 1917. Cette escadrille a la particularité d'être à côté d'un hôpital... Il remportera 9 autres victoires jusqu'à la fin de l'année 1917.
Son état de santé s'améliorant, il peut rejoindre son escadrille, la N 65. Mais à peine est-il de retour qu'il est victime d'un grave accident de voiture en octobre 1917 dans lequel périt son fidèle mécanicien Roger Pochon, qui était au volant. Nungesser retourne à l'hôpital... Jusqu'à la fin de la guerre, malgré ses lourds handicaps physiques, va continuer d'accumuler les succès, mais se fera dépasser par René Fonck. Le 15 août 1918, il abat plusieurs Drachens et remporte sa 43ème victoire homologuée (la dernière).
Sur proposition du sous-secrétaire d'État à l'Aéronautique, il monte une école de pilotage à Orly : celle-ci fait faillite. Il part alors en tournée exhibition (55 représentations aux États-Unis) où il reconstitue ses principaux combats.
En 1927, dévoré par le besoin de se surpasser, il forme avec François Coli le projet de franchir l'Atlantique nord, sans même s'inscrire au prix offert par Raymond Orteig de 25 000 dollars à qui réalisera l'exploit le premier. Le constructeur Levasseur fournit un prototype du PL 8, un avion biplan équipé du moteur Lorraine Dietrich 12 Eb en W de 450 chevaux, rebaptisé l'Oiseau Blanc.
On le déleste de tout poids inutile : c'est ainsi que Nungesser et Coli partent sans radio. L'avion l'Oiseau Blanc atteint le poids de 5 tonnes et doit prendre un kilomètre d'élan avant de décoller, le 8 mai. Le journal La Presse avait annoncé prématurément leur victoire au soir du 9 mai. Cette fausse nouvelle provoqua sa faillite.
L'avion a survolé Étretat avant de disparaître. On sait maintenant qu'il a survolé l'Irlande, puisqu'un officier de la marine britannique a consigné dans son journal de bord avoir vu l'appareil. Il est probable qu'une dépression les a emporté plus au Nord de leur route, leur faisant consommer trop d'essence, et qu'ils aient voulu rejoindre Québec (qui était prévu dans leurs différentes options de route) pour se poser sur le Saint-Laurent. Leur altimètre, après le passage dans la dépression, a pu être faussé, ce qui les aurait fait heurter des collines dans le Maine. Des traces de leur carlingue ont été aperçues par un vol d'observation de l'aviation étatsunienne dans les années 30, et on aurait retrouvé les débris du moteur.
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