Exposition universelle de 1889 : Construction de la Tour Eiffel  

 

1870-1940

 

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   HISTOIRE DE FRANCE
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70 ans d'histoire (1870-1940)

 

EBELOT (Charles-Alfred-Marie), 1864-1946 : Avocat. Né à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) le 10 août 1864, militant d’action française, Ebelot prend parole dans de très nombreuses réunions du mouvement royaliste et collabore à plusiaurs journaux de même nuance. Son caractère emporté lui vaut maintes algarades. La plus célèbre est celle dont Joseph Caillaux, est le héros involontaire. Vers 1924, l’ancien président du Conseil, qui avait été condamné par la Haute Cour de justice, se trouvait dans un lieu public lorsque Charles Ebelot la reconnaît. Il l’apostrophe sévèrement et comme Caillaux répliquait sur le même ten, il s’ensuivait un début de pugilat. Comme Caillaus se trouvait dans une situation irrégulière du fait de sa condamnation à l’interdiction de séjour, l’affaire fait grand bruit dans les milieux et est restée célèbre dans les milieux nationalistes toulousains. Il décèdera à Toulouse (Haute-Garonne), le 22 novembre 1946.

ÉCOLE : II y a plus d'un siècle, Jules Ferry fondait l'école publique française, une école gratuite, laïque et obligatoire. A cette époque, la France est, pour beaucoup de ses habitants, une inconnue : on voyage peu, on lit peu. Le pays est encore cloisonné par des différences de langue, de coutumes, de mentalités. Pour la première fois, le "maître d'école" et le "livre d'école" apportent à chaque français une image d'ensemble du pays. La République, née quelques années plus tôt, est encore fragile. Elle a besoin de se défendre contre ses ennemis de l'intérieur (Royalistes et Bonapartistes), et de l'extérieur (les Prussiens). Elle a également besoin de donner d'elle-même une image idéale. Aussi l'ÉCOLE devient-elle le moyen privilégié pour les républicains de donner à l'ensemble de la nation une "certaine idée de la France", au service des ambitions de l'État. Dans la première salle, les panneaux muraux rappellent Ies grands principes qui ont présidé à la mise en place de l'ECOLE ; la deuxième salle est la reconstitution assez fidèle d'une salle de classe d'École Communale avant la guerre de 1914. (On remarquera sur les cartes de géographie que la France y est amputée de l'Alsace-Lorraine) L'école de la RépubliqueLa République veut offrir aux Français une image rassurante : elle se veut populaire, mais non révolutionnaire. Elle recherche le soutien des classes moyennes et des propriétaires (paysans, artisans, commerçants). Elle apporte la liberté au peuple avec le suffrage universel. L'instruction civique est l'occasion d'une propagande militante en faveur d'une république modérée, idéale, rassembleuse de la nation, dispensatrice d'ordre et de paix. La société L'idéal de société proposé aux jeunes Français est largement subordonné aux objectifs politiques et militaires de l'état. Une société forte est une société hiérarchisée dans laquelle chacun se tient à sa place et chaque classe a le respect des classes supérieures. Chaque Français doit s'inspirer du modèle des classes dirigeantes dont le mode de vie idéalisé est largement offert en exemple dans les manuels. Bien entendu ceux-ci prônent le retour à ra terre, loin des villes qui corrompent, loin de l'alcoolisme et des revendications. Les valeurs morales L'école de la république se devait de faire au moins aussi bien que l'Église à laquelle elle tentait d'arracher l'influence sur la jeunesse. L'enseignement moral est donc considéré comme le premier de tous. La valeur la plus présente dans les manuels est l'obéissance et le respect : obéissance de l'élève à son instituteur, de l'enfant à ses parents, du serviteur à son maître, de l'ouvrier au patron, du soldat à son officier. Puis vient le patriotisme, fait d'amour du sol natal (présenté comme le plus beau du monde), d'admiration (pour le prestigieux passé militaire, pour les grands savants, pour les artistes prestigieux...) et d'abnégation. Apprendre à lire et à écrire La première salle du musée présente aussi les outils des apprentissages fondamentaux : livres et cahiers, revues pédagogiques, plumes et plumiers, ardoises et crayons... La plume d'oie a été en usage dans les écoles jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ce n'est que dans les années 1850 que la plume en acier telle qu'on la connaît est entrée dans le quotidien de nos élèves Leçons de choses et musée scolaire (Grande vitrine) Il faut que l'enfant découvre la nature et les objets qui l'entourent, qu'il ait quelques connaissances rudimentaires en biologie, en physique. L'idée s'est développée de créer des "musées scolaires". On recommandait aux instituteurs de regrouper dans leurs classes un certain nombre d'objets pour que l'enfant puisse étudier par l'observation les choses, coquillages, céréales, différents types d'os et de squelettes, les essences de bois, les plantes (constitution d'herbiers), les roches... La revanche En 1870, la France a perdu la guerre et a dû céder l'Alsace et le nord de la Lorraine aux Allemands. La "revanche" est devenue une véritable obsession nationale. Elle imprègne tout l'enseignement : -par le rappel constant des douloureux événements de 1870, -par l'exaltation de tout le passé glorieux de la France (les Gaulois, Jeanne d'Arc, Napoléon...), -par un véritable délire d'exercices destinés à préparer les enfants au sacrifice suprême: récitations, chants, rédactions. (voir dans l'exposition le. poème "Le petit soldat", par exemple), -par l'entraînement systématique à la discipline, vertu militaire par excellence, qui prive la pédagogie de tout recours à la spontanéité, à l'imagination, à la créativité..., -par l'exercice physique et le maniement de "fusils en bois". La colonisation Nous sommes à l'époque où, comme les autres puissances, la France intensifie sa course aux conquêtes coloniales. Les raisons sont essentiellement stratégiques et commerciales. L'enseignement, à travers manuels scolaires et panneaux muraux banalise et justif e la brutale soumission des peuples par un pays qui se veut le champion des droits de l'homme. Notre sensibilité actuelle est parfois heurtée par le langage raciste des leçons qui présentent la race blanche comme la plus intelligente et la plus généreuse ! L'économie. Alors que le Second Empire fut une période d'industrialisation et d'ouverture de la France sur les marchés extérieurs, la Troisième République, qui se replie sur elle-même, devient protectionniste. L'image offerte aux enfants est celle d'un pays de petits producteurs manuels, artisans et paysans. L'usine et la production industrielle ne sont que rarement présentes dans les livres d'école. On idéalise l'ouvrage fait main, l'atelier Les illustrations du "Tour de France par deux enfants" sont en ce sens particulièrement significatives. La salle de classe La salle de classe présentée dans cette exposition rassemble du mobilier et du matériel d'enseignement en usage au début du siècle. On remarquera que, dans la même salle, voisinent les grands bancs collectifs et les tables à deux places. Comme en témoignent les annonces dans les revues pédagogiques, ces dernières étaient commercialisées avant 1880. La volonté d'unité républicaine est également exprimée dans l'adoption de la "Marianne" comme image de la République et symbole de la patrie. Comme les écoles religieuses avaient pour symbole le crucifix, la république se devait d'avoir son expression concrète ; elle s'incarna dans ce buste d'une femme, une Marianne qui eut tout naturellement sa place dans les écoles de France. La réalisation du musée a été possible grâce à la Mairie d'Aubeterre qui a rénové les anciens locaux de son école communale et les a mis à la disposition de l'AMEP. Les documents et le mobilier présentés proviennent de dons faits à l'association par les collectivités ou des particuliers. L'AMEP (Association du Musée de l'École Publique en Charente) est une association "loi de 1901" qui s'est fixé pour but la création et l'animation d'un musée départemental permanent. Elle assure la collecte et la conservation de tous documents et matériels. Elle possède une importante bibliothèque d'ouvrages scolaires ou pédagogiques en voie d'installation à La Couronne et peut éventuellement mettre à disposition du matériel destiné à des expositions temporaires. Nos collections peuvent toujours s'enrichir de vos dons, aussi modestes soient-ils et nous vous en remercions. Les cours secondaires pour jeunes filles, institués par Victor Duruy, ne datent que de 1867 et ce n'est qu'en 1880, avec la loi Camille Sée qu'est créé un enseignement secondaire pour les filles. En 1902, le baccalauréat est modifié, il n'existe plus qu'un baccalauréat unique de l'enseignement supérieur. Léon Bérard abolit la ségrégation des sexes dans le secondaire, les jeunes filles ont accès au baccalauréat dans les mêmes conditions que les garçons.

ECOLE FRANCAISE (L’) : Revue bimensuelle fondée en 1934 et disparue à la veille de la Seconde Guerre mondiale, dirigée par Serge Jeanneret. De tendances nationalistes, L’Ecole française combat pour l’instauration du corporatisme uninational à l’école et dans le corps enseignant primaire.

ÉCORCHEVILLE (Jules), 1872-1915 : Musicologue. Né à Paris le 17 mars 1872, Jules Écorcheville passe son enfance à Saint-Ouen-l'Aumône près de Paris. Il suit les cours de César Franck de 1887 à 1890. Il est bachelier ès-lettres le 18 novembre 1891 (diplôme délivré le 12 février 1892). Sa mère meurt en 1893. Il suit à la Sorbonne les cours de lettres des professeurs Augustin Gazier (1844-1922), spécialiste de Molière et de l'histoire du jansénisme, et d'Henri Lichtenberger, germaniste réputé à l'École des chartes. Il est licencié ès-lettres le 31 octobre 1894. A la suite du décès de son père, il consacre une partie de son héritage à rassembler des instruments anciens et une précieuse bibliothèque musicale qui est dispersée en 1920. En 1899 il prend part à la fondation de la Société Internationale de Musique. Le 18 mars 1904, à l'instigation de Lionel Dauriac, philosophe et musicographe, développant à la Sorbonne des cours en rapport avec la musique (La psychologie dans l'opéra français. Alcan, Paris 1897 ; Rossini : biographie critique. Henri Laurens, Paris 1906), la section française de la Société Internationale de musique est créée. Dauriac en est le président. Jaques Gabriel Prod'homme (1871-1956) en est le secrétaire. Prod'homme, élève aux Hautes Études de 1890-1894, achève ses études de philosophie et de musique en Allemagne. Jules Écorcheville est trésorier. En 1904-1905, il étudie au jeune Institut de musicologie de l'Université de Leipzig après du musicologue Hugo Riemann (1849-1919). Le 25 mai 1906, à Paris, il soutient deux thèses : Vingt Suites d'orchestre du XVIIe siècle français et De Lulli à Rameau - l'esthétique musicale (Fortin, Paris 1906) (diplôme délivré le 2 août 1906). Avec Dauriac, Romain Rolland, Jules Combarieu, Maurice Emmanuel, il est l'un des premiers à introduire les sujets musicaux à l'Université. Les Vingt suites sont une étude basée sur un manuscrit de Cassel, dont les musiques sont signées «G. D». Écorcheville les attribue sans aucun doute à Guillaume Dumanoir, roi des violons. Cela est contesté par Tobias Norlind qui les attribue à Gustav Düben dans un article paru dans les «Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft» de 1906. Par la suite cette hypothèse est à son tour contestée par les musicologues allemands qui avancent le nom de Gerhard Diessener, membre de la chapelle de la cour de Kassel vers 1660. Du 15 juin au 1er juillet 1906, il publie une étude Corneille et la musique dans le «Courrier musical». Le 4 juillet il épouse Mathilde-Madeleine Ogier. Du 25 septembre au 24 septembre de la même année il participe à Bâle au deuxième Congrès de la Société Internationale de Musique. Il y propose de fonder un bulletin français de la Société (S.I.M.). Le premier numéro paraît le 15 janvier 1907, se substituant au «Mercure Musical» de Jean Mermold et Louis Laloy (la revue aura des contributions prestigieuses comme celles de Debussy et Ravel) Par l'abondance et l'originalité de sa documentation, par son souci de tenir la balance égale entre les recherches d'érudition et les questions d'actualité, par son caractère artistique que soulignaient une élégante présentation typographique et de nombreuses reproductions photographiques, la S.I.M. se plaça d'emblée en tête des revues musicales de Paris et connut une brillante carrière. Lionel de la Laurencie dans «Le tombeau de Jules Écorcheville» Intéressé par les fonds musicaux anciens non inventoriés conservés à la Bibliothèque nationale, il obtient le Prix Jean Debrousse, et en 1908 l'Académie des Beaux Arts le charge de dresser la catalogue de ces fonds anciens. La même année il publie une partie de ses travaux sur l'histoire du luth (Le luth et sa musique. Dans «Bulletin français de la Société Internationale de Musique» février 1908). Le catalogue est publié de 1909 à 1914 en 8 volumes comptabilisant 2000 pages et 10.000 entrées thématique. Lors du congrès de la Société Internationale de musique tenu à Vienne du 25 au 29 mai 1909, il prononce une communication de méthodologie relative à son catalogage, et à la section histoire duex communications sur le luth : Sur les tablatures de luth conservées dans les bibliothèques parisiennes et Sur la Commission du luth. En 1909, à l'occasion du centième anniversaire de la mort de Joseph Haydn, il commande une œuvre fondée sur le nom de «Haydn» à plusieurs compositeurs. Gabriel Fauré trouve cela ridicule, Maurice Ravel livre le Menuet sur le nom de Haydn. C'est au Congrès de Londres qui se tient du 19 mai au 11 juin 1911, alors qu'il est délégué par le gouvernement français, qu'il expose en séance pleinière ses idées sur l'internationalisme : L'internationalisme relève de l'intelligence et de la réflexion, tandis que le nationalisme et l'originalité s'appuient sur la spontanéité du sentiment. L'artiste se voit reconnaître tous les droits à la plus extrême singularité [...] le savant ne peut dégager de lois permanentes de l'art que par une entente internationale de l'érudition. Le 14 novembre 1911, après la mort de Charles-Théodore Malherbe (1853-1911), compositeur, rédacteur en chef du Menestrel mais aussi Bibliothécaire de l'Opéra, Jules Écorcheville est élu à la présidence de la section parisienne de la S.I.M. En août-septembre 1912, il est élu à la présidence de la Société Internationale de Musique. L'organiste et compositeur anglais Charles Donald Maclean en est secrétaire (depuis 1908) et Oskar von Hase (1846-1921), héritier en 1880 de la prestigieuse maison d'éditions musicales Breitkopf und Härtel, est trésorier. Il est membre de la commission de bibliographie de la Sciéte Internationale de Musique, de la commission chargée de rédiger le Corpus Scriptorum de Musica et de la commission d'Iconographie musicale. Il prend une part active à l'organisation du Congrès de la Société Internationale de Musique qui siège à Paris du 1er au 15 juin 1914. Il est l'ami de compositeurs comme Debussy, Ravel ou Erik Satie qui lui dédicacent des oeuvres ainsi qu'à son épouse Madeleine Écorcheville. Il projette un syndicat des professeurs de musique dont il rédige les statuts ainsi que la création d'une «Maison de la musique». Au moment de la déclaration de guerre de 1914, il est en Suisse. Il revient en France pour s'engager comme combattant de première ligne. Lieutenant au 130e régiment d'Infanterie, il est blessé le 15 septembre 1914 lors de l'attaque d'un village et tué à l'assaut d'une tranchée allemande le 19 février 1915. Sa citation à l’ordre de l’armée a été publiée dans le Journal Officiel du 15 avril 1915. † Perthes-les Hurlus le 19 février 1915.

EIFFEL (Gustave), 1832-1923 : Ingénieur. Gustave Eiffel est né à Dijon le 15 décembre 1832. Son père, Alexandre Eiffel, exerça des fonctions militaires dans les campagnes napoléoniennes jusqu'au jour où il rencontrera Catherine Mélanie Moneuse, sa future épouse, mère de Gustave Eiffel. C'est cette dernière qui sera à l'origine de la prospérité de la famille Eiffel : soucieuse d'élever son fils dans de bonnes conditions, elle crée un commerce de houille qui, grâce à son travail acharné, permet à la famille Eiffel de jouir d'une jolie fortune. Les premières années de la vie de Gustave Eiffel se passent à Dijon. C'est à cette période de sa vie que son oncle Jean-Baptiste Mollerat et Michel Perret joueront un rôle important dans sa formation. Tous deux d'éminents scientifiques, l’initient à la magie de la chimie. C'est à leur contact que Gustave Eiffel adoptera, à l'Ecole centrale, la spécialité de chimiste. En octobre 1850, Gustave Eiffel part pour Paris avec son père. Il devient pensionnaire à l'Institution Sainte-Barbe et intègre l'Ecole centrale des arts et manufactures deux ans plus tard. Gustave Eiffel entre alors dans une maison de constructions métalliques dirigée par M. Nepveu, à Paris. Au contact de cet homme, il étudie la question des fondations en rivières et s'initie à de nombreuses techniques qu'il a l'occasion d'employer par la suite. Nepveu ne tarde pas à lui confier l'exécution des travaux du chantier du Pont de Bordeaux. Gustave Eiffel créé alors sa propre société en 1867, à Levallois-Perret. La société créée par Eiffel joue un rôle de premier plan dans la construction métallique en France et dans les colonies françaises. Outre les constructions majeures qui ont fait le succès d'Eiffel (la Tour, le Viaduc de Garabit, les ponts portugais etc.), il ne faut pas négliger ce qui faisait l'ordinaire de sa société et qui lui permettait de fonctionner. Les ponts démontables sont un bon exemple : ils fournissaient aux ateliers un travail continu et ont permis, jusqu'à la Première Guerre mondiale, un chiffre d'affaires à peu près stable. Mais aussi les ponts portatifs qui permettaient de faciliter rapidement l'établissement des communications pour les armées en campagne ou pour les besoins du commerce. Le pont de Garabit (Cantal) construit en 1884 franchit la vallée de la Truyère sur la ligne de Marvejols à Neussargues à 122 mètres de hauteur sur une longueur de 564 mètres. Il repose sur 5 piles dont la plus haute fait 89,64 mètres. L'arche centrale est un arc aarabolique d'une flèche de 56,86 mètres et de 165 mètres de corde. Ces dimensions considérables font de cet ouvrage le plus important qui avait été construit en France jusqu'alors (3.254 tonnes). Il a été construit, comme celui de Porto, par porte-à-faux successifs. Le pont Route de Saint André de Cubzac (Gironde) crée en 1883 innove encore en combinant des procédés de lançage à partir des 2 côtés et du porte-à-faux pour la partie centrale. Sur une partie de la poutre du pont déjà construit par lançage, on a accroché en porte-à-faux, par un boulonnage, les pièces en fer qui y font suite et une fois qu'elles sont rivées, on s'en sert comme de nouveaux points d'appui pour boulonner les pièces suivantes. En acheminant ainsi de proche en proche, on arrive à monter complètement dans le vide les pièces successives sur la travée jusqu'à ce qu l'on soit arrivé à l'appui voisin où à l'aide de vérins on relève le pont de la quantité dont il s'était abaissé par flexion.Ce pont fait 553 mètres divisés en 8 travées. La coupole du Grand Equatorial de Nice construite en 1886, coupole d'observatoire établie sous la direction de Charles Granier a un diamètre intérieur de 22.4 mètres. Elle doit son succès à la particularité mise en place par Gustave Eiffel de tourner sur un flotteur annulaire qui permet à un enfant de faire tourner sa masse de 100 tonnes à l'aide d'un petit treuil. La tour Eiffel n'est pas le point final de la carrière d'ingénieur de Gustave Eiffel. C'est plutôt l'affaire de Panama, avec laquelle il a malgré lui des liens étroits, qui marquera son abandon soudain des affaires. Pour une somme considérable à cette époque, la société Eiffel est missionnée pour construire à Panama dix écluses qui étaient « des ouvrages d'art de dimensions grandioses ». Eiffel prend ce projet à cœur et fait appel à des modes de construction innovants. Un an après le début des travaux, la Compagnie de Panama doit suspendre ses paiements et est rapidement liquidée. Malgré cela, Eiffel continue pendant plusieurs mois de faire progresser le chantier, et avance une grosse somme d'argent, ce qui lui est amèrement reproché. Gustave Eiffel est condamné devant la Cour de Paris, puis réhabilité après une longue enquête qui prouve qu'il n'était pas responsable. La construction du canal échappera à la France et sera remise à la responsabilité des Etats-Unis. Eiffel sera profondément marqué par ce scandale jusqu'à sa mort. La fin de la vie de Gustave Eiffel est marquée par le glissement d'une carrière d'ingénieur et d'entrepreneur à celle de mécène scientifique. Ainsi, il consacrera son temps à des expériences dans le domaine de la météorologie et aux questions de la résistance de l'air, auxquelles il avait souvent été confrontées dans sa construction d'ouvrages de grande envergure. L'arrivée de la guerre accéléra ses recherches qui avaient maintenant un intérêt militaire, sur le fonctionnement de l'avion en vol, les projectiles d'artillerie, le lancement des bombes. Gustave Eiffel poursuit ses expérimentations jusqu'à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Puis il se retire pour écrire ses souvenirs Biographie industrielle et scientifique. Il a une fin heureuse et paisible, respecté et entouré de ses proches. Fier de son œuvre et jouissant d'une fortune importante, toujours curieux et entreprenant, il meurt le 27 décembre 1923.

ELBEL (Paul Marie Vitor), 1875-1940 : Homme politique. Né à Isches (Vosges) le 6 mars 1875, Paul Elbel est agrégé de lettres et se charge de la direction de lintendance de Paris durant la Première Guerre mondiale. Dans son second cabinet, en 1917, Clemenceau en profite pour le nommer à la Marine marchande puis à la direction des services techniques du ministère du Commerce. Il est élu député radical-socialiste en 1933 et devient président de ce groupe à la Chambre. Il est nommé dans le quatrième cabinet Chautemps comme ministre de la Marine marchande du 18 janvier au 12 mars 1938.

ÉLECTRICITÉ : C’est l’exposition universelle de 1881 qui impose l’électricité comme nouvelle énergie CARON (F), CARDOT (F) : Histoire de l’électricité en France, 1991.

ÉLYSÉE (palais de l’) :

EMMANUEL (Maurice), 1862-1938 : Compositeur et musicologue. Né à Bar-sur-Aube le 2 mai 1862, Maurice Emmanuel tenait de son grand-père le goût de l'archéologie. Mais, dans sa famille, personne n'était musicien. En 1867, ses parents viennent s'installer à Beaune, qui devient sa patrie d'adoption. Son grand-père, professeur au collège, le prépare au baccalauréat ès lettres et au baccalauréat ès sciences. Et cependant, il venait lentement à la musique en écoutant les chansons des vignerons, en chantant lui-même dans la maîtrise du collège, en tenant à l'occasion l'orgue du choeur et en recevant les leçons de piano d'un professeur italien qu'enthousiasmaient les aptitudes exceptionnelles de son élève. Il suit des cours de piano avec un professeur nommé Ravazzi. La vocation se précisait. Maurice Emmanuel voulait se consacrer à la musique. La famille, un peu inquiète, demandait conseil à un châtelain des environs, le marquis d'Ivry, lui-même compositeur, auteur d'un opéra, les Amants de Vérone, représenté en 1864. Le marquis fit passer une sorte de petit examen au jeune musicien et eut bien vite fait de découvrir en lui une rare nature d'artiste. Maurice Emmanuel passe son baccalauréat à Dijon et part pour Paris. Il entre au Conservatoire en 1880, où il suit les cours de Savart en solfège, de Théodore Dubois pour l'harmonie, de Bourgault-Ducoudray pour l'histoire de la musique et la composition avec Léo Delibes. Il suit également des études classiques de philologie et d'histoire de l'art à la Sorbonne et à l'école du Louvre. Il obtient sa licence de lettres en 1887. Sa manière de traiter les rythmes et d'introduire les modes anciens lui vaut la censure de Léo Delibes, ce qui ne lui permet pas de concourir pour le Prix de Rome. Il prend alors des cours avec Ernest Guiraud et se lie avec Debussy. Nous le voyons alors, non pas abandonnant la musique, — il en était incapable, — mais se tourner momentanément vers les lettres, l'histoire et la critique. Il écrit ses thèses de doctorat sur l' Orchestique grecque et l' Éducation du danseur grec (1895), qu'il avait illustrées lui-même de ses dessins. Il se lie avec ses maîtres, Louis Havet, Gaston Paris, Maxime Collignon. Le recteur de l'Université de Paris, Louis Liard, l'envoie en mission en Allemagne et en Autriche. Il en rapporte de précieuses études sur la Musique dans les Universités allemandes (Revue de Paris, 1898) et sur les Conservatoires de musique en Allemagne et en Autriche (Ibid., 1900). En 1898, le Collège de France décide de créer une chair d'histoire de la musique pour Maurice Emmanuel, mais l'opposition de Berthelot ne permet pas de faire aboutir le projet. Jusqu'en 1904, il enseigne l'histoire dans le secondaire. Rémunéré comme maître de chapelle, ses recherches sur le plain chant conduisent à sa démission en 1906. Il est nommé professeur d'histoire de la musique au Conservatoire de Paris en 1909, en remplacement de Bourgault-Ducoudray. On compte Migot, Casadesus et Messiaen parmi ses élèves. Il revient à la musique. En 1905, il succède à Samuel Rousseau comme maître de chapelle à Sainte-Clotilde. Il veut, dans ces nouvelles fonctions, imposer ses idées, ne faire exécuter que le chant grégorien sans accompagnement ou bien des motets polyphoniques de la Renaissance. Il se heurte à l'incompréhension du curé, des vicaires et des paroissiens. Le premier vicaire, le chanoine Mugnier, seul ose l'encourager. Camille Bellaigne obtient en sa faveur l'approbation du pape. Néanmoins, fatigué de lutter, Maurice Emmanuel quitte Sainte-Clotilde en 1907. A point nommé, Bourgault-Ducoudray, professeur d'histoire de la musique au Conservatoire, lui laisse sa succession (1907). Le voici de nouveau historien, et, il faut bien le dire, dans des conditions à tous points de vue infiniment moins brillantes que celles qui lui étaient faites au Collège de France. Il ne quitta ses élèves du Conservatoire que pour prendre sa retraite en 1936. Cependant, il publiait des travaux de la plus haute valeur la monumentale Histoire de la Langue musicale (1911), l'étude sur l'art gréco-romain dans l' Encyclopédie de la musique de Lavignac, le recueil de XX Chansons bourguignonnes, le Chant d l'École, le Traité de l'accompagnement modal des Psaumes (1912), et puis ce petit ouvrage d'un intérêt capital, tant par les renseignements historiques inédits qu'il nous apportait que par le mérite exceptionnel d'une analyse infiniment pénétrante : Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. Il publiait, en outre, de nombreux articles de revues : le Rythme d'Euripide a Debussy, César Franck, Anton Reicha, etc. La valeur précieuse de cette abondante littérature musicographique faisait oublier le compositeur, ou même l'empêchait de se faire connaître comme tel. L'homme de deux métiers n'est guère admis par le public. Pourtant Maurice Emmanuel avait composé deux quatuors, plusieurs sonates, un trio, deux symphonies et ces magnifiques ouvrages qui s'intitulent Prométhée enchaîné et Salamine. Il attend jusqu'en 1919 l'exécution du premier acte de Prométhée aux Concerts Lamoureux, et jusqu'en juin 1929 la représentation de Salamine à l'Opéra. Ce fut une révélation et l'on commença de s'apercevoir, — tout au moins dans le milieu des esprits attentifs, — que Maurice Emmanuel n'était pas seulement un excellent musicologue, mais qu'il était aussi un grand musicien. On s'étonna d'un homme, qui, à ce point, ne suivait pas la mode, se moquait de tous les snobismes, ne redoutait nullement d'être prodigieusement inactuel et arrivait à retrouver le secret d'une beauté antique : on l'admira. Mais le plus, modeste des artistes ne sut pas profiter de son succès, et si, de plus en plus, les connaisseurs se sont rapprochés de lui, si ses amis ont tout fait pour répandre la connaissance et le goût de ses oeuvres, il reste beaucoup à entreprendre pour qu'elles atteignent le grand public.De 1877 à 1938 il a composé 73 opus, mais n'en a conservé que 30. Il décède à Paris le 14 décembre 1938.

ENTENTE CORDIALE :

ENTENTE REPUBLICAINE POUR LA LIBERTE ET LE PROGRES SOCIAL : Cartel de partis modérés crée au cours des années 1930, comprenant principalement : des radicaux indépendants, l’Alliance démocratique, la Fédération républicaine, le Parti de la rénovation républicaine et l’Union patriotique républicaine. ÉPOQUE BOULANGISTE (L’) : Journal paraissant au début de la Troisième République sous la direction de Francis Laur. ERNOUL (Jean Edmond), 1829-1899 : Bâtonnier et homme politique. Né à Loudun (Vienne) le 5 août 1829, Jean Ernoul est dabord bâtonnier à Poitiers avant de s’intéresser à la politique. Elu député en 1871, il devient l’un des principaux orateurs de la droite. Contrairement aux autres députés de la droite, il essaie de rapprocher les deux branches des Bourbons. Auteur d’un fameux ordre du jour en date du 2 mai 1873 qui conduit Thiers à la démission, il est nommé deux jours plus tard dans le premier cabinet de Broglie comme ministre de la Justice du 25 mai au 25 novembre 1873. Il entame alors des poursuites judiciaires contre les journaux hostiles à la droite. Très déçu par l’échec des différentes tentatives de restauration, il démissionne lors du remaniement du cabinet par le président du Conseil. Il décèdera à Lussac-les-Eglises (Haute-Vienne) le 4 septembre 1899.

ERNST (Max), 1891-1976: Né en 1891 à Brühl en Rhénanie, Max Ernest fit ses études de philosophie à Bonn, où il rencontra August Macke et Jean Arp. Après la guerre, il participa au mouvement Dada de Cologne. En France, de 1924 à 1938, il fut membre du groupe surréaliste. Dès 1920, il entreprit ses premiers « collages ». Puis il découvrit en 1925 le « frottage », consistant a frotter avec une mine de plomb une feuille de papier posée sur un plancher aux veines tortueuses, dont il fit surgir un bestiaire barbare. Il étendit ensuite sa technique à toutes sortes de matières : feuilles d’arbres, effilochures de toiles, exprimant ainsi ses rêveries surréalistes. Il est l’inventeur des romans-collages : la femme cent têtes en 1929, la Semaine de bonté en 1934. Dans son œuvre sculpté, il modèle des créatures propres à sa mythologie personnelle : le Roi jouant à la reine en 1944, Capricorne en 1948. Il meurt à Paris en 1976

ESPAGNE (Guerre civile d’) :

ESPARBÈS (Georges d’), :

ESPRIT : On associe habituellement la revue Esprit, créée en mai 1932 (octobre 1932 pour le premier numéro), à l'œuvre d'Emmanuel Mounier et à la pensée personnaliste. De même que la revue aurait eu pour rôle essentiel de vulgariser le personnalisme et la pensée de Mounier, elle aurait également servi de caisse de résonance au mouvement, pédagogique et militant, qui les a accompagnés. Or, Esprit n'a pas été le réceptacle idéologique auquel on veut parfois la réduire. Son histoire n'est ni homogène ni uniforme. Elle a en effet regroupé des cercles et des individualités susceptibles d'exprimer des désaccords. Son aventure a été rythmée par des engagements successifs correspondant à autant d'événements auxquels les responsables du moment ont dû se confronter. Esprit, c'est en effet à la fois une rédaction, un groupe d'intellectuels, un mouvement militant et un réseau international: l'organisation rédactionnelle rend possible un foyer de création intellectuelle; les engagements historiques collectifs renvoient à des événements fondateurs; le mouvement militant illustre les hauts et les bas du militantisme personnaliste; la présence internationale, enfin, ne s'est jamais démentie depuis 1932 puisque le sous-titre d'Esprit était dès l'origine «Revue internationale». C'est donc l'histoire de ces différents cercles, et de leurs interactions, que nous nous proposons d'évoquer à grands traits. La fondation d'Esprit est issue d'un choix collectif. L'équipe d'Esprit, composée alors de quelques personnes, dont les plus notables sont Emmanuel Mounier, Georges Izard, André Deléage et Louis-Émile Galey, rassemble en fait un petit groupe de jeunes gens qui cherchent à s'émanciper des cadres et des codes dominants de leur temps. Ils perçoivent la France bourgeoise et vieillissante de la IIIe République comme révolue. Ils appartiennent de ce fait pleinement à la constellation qui sera baptisée les «non-conformistes des années 30» (Jean-Louis Loubet del Bayle). Leur préoccupation est double: d'une part, il s'agit de protester contre un monde moderne qui voit s'affirmer la domination d'un matérialisme individualiste, d'où le choix du titre Esprit; d'autre part, cette protestation s'inscrit dans la perspective d'une révolution, moyen de convoquer ici le politique en même temps que le spirituel. Le mot d'ordre est «dissocier le spirituel du réactionnaire». Un premier événement historique oriente la lecture de l'époque: le krach de 1929 montre la fragilité du capitalisme et de sa vision, libérale, de l'individu. Le libéralisme est donc considéré comme un système en crise. Plus largement, les failles de la conception utilitariste et bourgeoise du monde expliquent la «crise de civilisation» qui se profile. La doctrine que Mounier cherche à ce moment et qu'il ne formule sous le nom de «personnalisme» que plus tard (à partir de 1934) a pour ambition d'y répondre: entre l'individu libéral d'un côté et les masses enrôlées dans le communisme et le fascisme de l'autre, la «personne» défend une «anthropologie», une conception de l'homme moins réductrice qui permettra de rompre avec le «désordre établi». Fidèle à Péguy, Mounier refuse donc l'évasion idéaliste de la pensée, celle qu'il voit à l'œuvre dans les cercles de jeunes esthètes fédérés par la Nouvelle Revue Française. Mais, prenant aussi acte de la rupture laïque, il écarte la voie d'une «politique chrétienne» et il ne cessera, par la suite, de se quereller avec les représentants de la démocratie chrétienne. Enfin, il n'accepte pas non plus les options autoritaires des mouvements communistes et fascistes qui critiquent, comme lui, les régimes libéraux bourgeois. On peut juger aujourd'hui cette posture mal assurée, voire contestable: le fait est qu'elle n'aura pas la fécondité que ses auteurs espéraient. Mais au moins elle n'altère pas le jugement: dans cette période, les engagements d'Esprit sont clairs, et sa vigilance vis-à-vis des fascismes et du nazisme ne saurait être prise en faute. De même, la politique y est directement rencontrée, comme en témoigne la ferme condamnation par la revue du «lâche soulagement» de Munich au moment où les démocraties capitulent devant Hitler. La publication du premier texte d'Emmanuel Levinas dès 1934, «Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme», atteste d'un souci qui ne fut guère partagé à l'époque. Comme de nombreux autres groupes, Esprit se retrouve alors dans la perspective d'une «troisième force», ni capitaliste ni communiste. Mais, aussitôt, il faut à cette troisième force écarter l'hypothèque que fait peser sur elle le fascisme, ce que ne font pas avec la même vigueur qu'Esprit des groupes comme «Ordre nouveau» (Denis de Rougemont, Alexandre Marc). En 1934, la rupture entre Esprit et Ordre nouveau viendra consommer ce désaccord (pour se distinguer, Mounier parle alors de «personnalisme communautaire»). Pour Esprit, la troisième force, ce sera un combat sur plusieurs fronts, à la fois politique et spirituel, ni libéral ni totalitaire. La notion d'engagement, forgée par Paul-Louis Landsberg, sera de ce point de vue la notion clé, dans la mesure où elle mettra à la disposition de Mounier et d'Esprit la définition qu'ils cherchaient de leur juste rapport au politique. Mais la revue de Mounier doit aussi batailler sur un autre front: la «demande» catholique. Nombreux sont en effet ceux qui cherchent à en faire une revue «catholique», c'est-à-dire l'expression organique d'une pensée, d'un courant dans la société française. C'est en particulier le débat entre Emmanuel Mounier et Jacques Maritain. Celui-ci a apporté à la jeune équipe de la revue une forme de caution et souhaiterait en faire l'organe du renouveau catholique qu'il appelle de ses vœux. Si Mounier ne renie rien de son appartenance catholique ni de son inspiration chrétienne, il n'est pas question pour lui que la revue s'identifie à une parole institutionnelle, encore moins à un groupe sociologique particulier. Les grandes intuitions de Feu la chrétienté (qui paraît en 1950) sont déjà là. Aussi, s'il accepte, à la recommandation de Maritain, de se lier aux éditions Desclée de Brouwer, qui accueillent la revue, il maintient toutefois pour elle une stricte indépendance. Par ailleurs, les éditions Aubier-Montaigne abritent la première version de la collection «Esprit» et publieront notamment le Manifeste au service du personnalisme (1936). Esprit donne aussi une place importante (un cinquième de la revue) aux œuvres de culture, autre versant de la révolution personnaliste. Outre les rubriques régulières de critique littéraire, théâtrale, musicale et cinématographique (tenues, entre autres, par les Madaule, Touchard, Jaubert et Leibowitz, Jahier et Leenhardt), la revue publie des poètes (Humeau et Miatlev, puis Fouchet et Emmanuel) et des écrivains, soutient les recherches de peintres (Bazaine, Gromaire) et de musiciens (Jaubert, Lourié). Elle milite pour une création artistique libérée de la tyrannie de l'argent et combat l'art pour l'art d'un côté, l'art asservi à l'idéologie ou au pouvoir de l'autre. La guerre d'Espagne fournit la première occasion de se confronter à l'événement historique. Alertés par leur correspondant en Espagne, José-Maria de Semprun y Gurrea (voir les mémoires de son fils Jorge Semprun, Adieu, vive clarté), les animateurs de la revue prennent le parti des républicains au moment où le catholicisme français ¬ à la notable exception de Bernanos ¬ voyait en eux les adversaires naturels de l'Église. Le développement du travail rédactionnel sous la direction d'Emmanuel Mounier et l'audience recueillie progressivement dénouent un des débats fondateurs d'Esprit: c'est le travail de la rédaction et non la construction du mouvement qui donne l'impulsion. Pourtant l'existence effective des groupes «Esprit» en province, en banlieue, en Belgique ou en Suisse laisse ouverte la question: Esprit, revue ou mouvement? Cette hésitation est récurrente dans l'histoire de la revue, et il serait erroné d'opposer un Mounier homme de revue à des activistes (Deléage, Izard), partisans du mouvement. La revue existe dans son engagement qui fédère des énergies, met en mouvement des hommes. Mais elle ne saurait ensuite abdiquer son rôle au profit d'un groupe, même un groupe qu'elle aurait engendré. Les mouvements mènent aux congrès, aux mots d'ordre, aux prises de position, aux programmes; la rédaction tient à préserver une liberté intellectuelle. Les groupes «Esprit» ne seront donc pas un mouvement, mais des lieux de réflexion, dont les membres devront trouver ailleurs de quoi satisfaire leur militantisme.

ESPRIT DES ANNÉES TRENTE :

ESTIENNE (Jean-Baptiste), 1860-1936 : Jean-Baptiste Estienne (1860-1936), natif de Condé-en-Barrois est le « père des Chars ». Reçu premier au concours général de mathématiques des lycées de France en 1880 et reçu la même année à Polytechnique, il embrasse la carrière des armes dans l'artillerie. Curieux, il s'intéresse à l'aéronautique en plein essor puisqu'il préconise l'usage des ballons captifs puis des avions pour effectuer des réglages de tir précis. On lui confie rapidement un service aéronautique où il a notamment le capitaine Ferber sous ses ordres, qui y est affecté comme instructeur. Les pilotes qui sortent brevetés de son service participent officiellement aux manoeuvres de 1910, conférant à l'aviation une existence réelle au sein de l'armée. Mais c'est surtout en sa qualité d'officier d'artillerie que l'on retient son action. En effet, il préconise dès août 1914 la création d'une « artillerie d'assaut » par la création d'engins motorisés pourvus d'une cuirasse puis de chenilles en raison de leur plus grande solidité et leur aptitude à se mouvoir sur des terrains très variés. Si les Britanniques le devancèrent dans la réalisation du projet en construisant les tanks, il finit par convaincre l'Etat-Major, d'utiliser cette artillerie mobile pour rompre le front. Nommé inspecteur général de l'artillerie d'assaut, il fut aussi à l'origine de la diversification des régiments blindés, selon les modes d'utilisation possibles : chars légers, chars lourds et blindés de liaison. Ses idées sur le char d'assaut, et de son utilisation, ont fortement inspiré les Allemands, et au premier titre Heinz Guderian, au sujet de la stratégie générale de la guerre de mouvement, l'arme blindée devenant une arme autonome et non plus le seul support de l'infanterie. Nommé inspecteur général de l'artillerie d'assaut, il fut aussi à l'origine de la diversification des régiments blindés, selon les modes d'utilisation possibles : chars légers, chars lourds et blindés de liaison. Ses idées sur le char d'assaut, et de son utilisation, ont fortement inspiré les Allemands, et au premier titre Heinz Guderian, au sujet de la stratégie générale de la guerre de mouvement, l'arme blindée devenant une arme autonome et non plus le seul support de l'infanterie.

ÉTAT (Réforme de l’)

ÉTIENNE (Eugène Napoléon), 1844-1921 :

ETUDIANTS DE FRANCE (Les) : Journal mensuel des Phalanges universitaires, section estudiantines des Jeunesses patriotes, fondée en 1929 et dirigé, à la veille de la guerre, par Roger de Saivre et Jean Cappiello. ÉVEIL DES PEUPLES (L’) : Hebdomadaire fondé en 1934 par Marc Sangnier pour le rassemblement des forces pacifistes et animé à la veille de la Seconde Guerre mondiale par Henry Christophe.

ÉVOLUTION (L’) : Revue mensuelle pacifiste fondée en 1926 et disparue dans les années 1930, animée par Victor Margueritte, directeur et Armand Charpentier, secrétaire général, éditée par Marcel Rivière.

EXPOSITIONS COLONIALES : A la fin du XIXe siècle, l’empire colonial français comprenait une partie importante de l’Afrique (Algérie, Maroc, Madagascar, Afrique occidentale française, Sénégal, etc.), de l’Asie (Tonkin, Annam, Cochinchine, Laos, Cambodge), des Antilles et de l’Amérique (Nouvelles-Hébrides, Nouvelle Calédonie, Marquises, etc.). Depuis le Première République, la France n’est plus un empire et les colonies sont plutôt des protectorats, la langue officielle étant le français et le gouvernement dépendait d’une manière ou d’une autre de la France. Lors des premières expositions universelles, les habitants des colonies étaient en visite dans la Mère Patrie afin de rapporter chez eux un sentiment de grandeur de cette dernière. L’attitude colonialiste de l’époque amenait à penser que les peuples colonisés étaient inférieurs et que la Mère Patrie se devait de les éduquer. Les expositions coloniales avaient donc ce but (entre autre), une sorte de mission colonisatrice. Les expositions coloniales étant d’excellentes occasions d’afficher le rayonnement de la nation française, il est donc normal qu’elle cherche à montrer ses richesses. Néanmoins, tout le monde n’était pas forcément avec ce type de projet, en particuliers certains groupes d’intellectuels comme les Surréalistes (Pour l’exposition coloniale à Paris en 1931, Breton, Aragon, Eluard, Char et autres signent un pamphlet au titre sans équivoque « Ne visitez pas l’exposition coloniale! » Pour ces derniers, la « mission colonisatrice » n’est autre qu’une façade pour l’exploitation des peuples des colonies. L’exposition universelle de Hanoï (du 16 novembre 1902 au 15 février 1903) n’est pas officiellement coloniale mais elle en possède un caractère indéniable. Elle se tient en dehors de la France continentale et célèbre l’achèvement des travaux importants de cette colonie française, Hanoï est la capitale du Tonkin et le centre intellectuel de l’Indochine (Tonkin, Annam, Cochinchine, Cambodge et Laos). L’espace choisi se situe près de la gare d’Hanoï et couvre près de 10 hectares. L’exposition est universelle et regroupe les produits industriels de la métropole et des colonies. Y sont bien représentés les pays comme l’Algérie, Madagascar et la Tunisie. Par ailleurs, le Japon, la Chine, les Philippines et le Siam sont les principales puissances présentes. L’évènement est conçu et organisé par Paul Doumer, gouverneur général de l’Indochine, et repris par son successeur Jean-Baptiste-Paul Beau. L’exposition marque un tournant important dans le développement des colonies. Elle consacre l’unité de l’Indochine. En 1906, après l’exposition universelle de Hanoï, l’exposition coloniale nationale de Marseille se tint du 15 avril à novembre : Marseille, de par son port, était bien connue comme la porte d’Orient. En effet, une part imposante des communications maritimes de la France avec ses colonies d’Afrique et d’Orient passant par ses installations portuaires de Marseille, il ne pouvait pas être plus justifié qu’une exposition coloniale s’y tienne. Donc, une première exposition, officiellement coloniale pour la France est organisée. Elle avait pour but de montrer les progrès obtenus depuis l’exposition universelle de 1900 à Paris. D’un point de vue pratique, l’exposition permet de stimuler l’économie par la présentation des produits et techniques offerts sur le territoire. Marseille tint la première exposition coloniale française et un Comité National pour les Expositions coloniales est crée en France. Son but fut de démontrer que la République était aussi un empire. Pour se faire, une exposition coloniale à caractère international qui se tiendra sur le continent, à Paris. La Grande Guerre de 1914-1918 et la tenue de l’exposition des Arts Décoratifs obligèrent donc le report de cette exposition en 1931. En 1922, une seconde exposition coloniale se tint à Marseille. Cette ville s’opposa à ce que Paris abrite l’exposition que le Comité national pour les expositions coloniales s’était donné pour but d’organiser. La représentation de l’exposition coloniale de Marseille fut donc, en quelque sorte, un geste de défi. D’aucuns estimeront qu’il s’agissait d’une répétition pour l’exposition coloniale de Paris. Quoi qu’il en soit, Marseille conserve le statut d’exposition nationale. Trop préoccupée de son exposition des Arts Décoratifs en 1925, Paris avait dû précipiter le pas à une Marseille plus empressée. Le 6 mai 1931, à Paris, le ministre français des Colonies Paul Reynaud inaugure en fanfare l’exposition coloniale. Il est accompagné du Président de la République Gaston Doumergue et du commissaire général de l’exposition le maréchal Lyautey. Cet évènement marque l’apothéose de la IIIe République et l’oeuvre dont elle a été la plus fière : la colonisation ou la mise sous protectorat d’une bonne partie de l’Afrique noire et de Madagascar, de l’Afrique du Nord, de l’Indochine ainsi que la Syrie et du Liban. Avant la Première Guerre mondiale, la gauche républicaine avait eu le plus grand mal à rallier l’opinion publique à son projet colonial. L’exposition coloniale s’installe dans le bois de Vincennes, à l’est de Paris. Pour l’occasion, est construit un musée permanent des colonies à la Porte dorée et une pagode bouddhiste. On y compte 12 000 exposants. On aménage aussi un parc zoologique. On reconstruit à l’échelle 1 un temple cambodgien d’Angkor Vat et la mosquée de Djenné (Niger). L’inauguration se déroule en présence de milliers de figurants : danseuses annamites, familles d’artisans africains dans un village reconstitué, cavaliers arabes… Chaque jours, des spectacles différents et plus exotiques les uns que les autres accueillent les visiteurs (jusqu’à 300 000 par jour). Le succès populaire et l’attrait du public pour les exhibitions exotiques rassurent les promoteurs de la colonisation. De mai à novembre, l’exposition accueille un total de huit millions de visiteurs dont la moitié de Parisiens et 15% d’étrangers. Au total sont vendus 33 millions de tickets (les visiteurs se déplaçant à plusieurs reprises). C’est la plus grande affluence qu’ait connu une manifestation parisienne depuis l’exposition universelle d 1900 (50 millions de tickets vendus).

EXPOSITIONS UNIVERSELLES : Quand le Second Empire fait place à la Troisème République, le nouveau régime décide d’organiser, à a son tour, une exposition internationale. L’Exposition universelle de 1878 L’Exposition universelle de 1889 L’exposition universelle de 1900 AIMONE (L.), OLMO (C.) : Les expositions universelles 1851-1900, Paris, Belin, 1993. BENJAMIN (W.) : Paris, capitale du XIXe siècle, Paris, Cerf, 1989. MABIRE (J.-C.) : L’exposition universelle de 1900, Paris, L’Harmattan, 2000. ORY (P.) : Les expositions universelles de Paris, Paris, Ramsay, 1982. ORY (P.) : L’exposition universelle de 1989, Bruxelles, Complexes, 1989.

EXCELSIOR (L’) : Quotidien abondamment illustré paraissant à Paris en 1910 et 1940. Fondé par l’éditeur Pierre Lafitte, qui avait alors pour principal collaborateur Henri Barbusse. Appartenait entre les deux guerres aux Dupuy, propriétaires du Petit Parisien.

EXPRESS DU MIDI (L’) : Quotidien régional catholique et royaliste fondé à Toulouse en 1891 et devenu La Garonne peu avant la Seconde Guerre mondiale.

 
     
 
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