Exposition universelle de 1889 : Construction de la Tour Eiffel  

 

1870-1940

 

R

 
line decor
   HISTOIRE DE FRANCE
line decor

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
70 ans d'histoire (1870-1940)

 

RABAUD (Henri), 1873-1949 : Compositeur et chef d'orchestre. Né à Paris le 10 novembre 1873 et mort à Neuilly-sur-Seine le 11 septembre 1949, est un français. Il est le fils du violoncelliste Hippolyte Rabaud, soliste de la Société des Concerts et professeur au Conservatoire de Paris. Sa mère, cantatrice, est pressentie pour créer le rôle de Marguerite de Faust à la demande de Charles Gounod ; son grand-père maternel Van Steenkiste, plus connu sous le nom de sa femme, Mme Dorus, est le célèbre flûtiste solo de l'Opéra et compositeur distingué dont la sœur Mme Dorus-Gras obtient les principaux rôles de soprano léger des opéras de Giacomo Meyerbeer et de Jacques Fromental Halévy. Il poursuit ses études à Condorcet et reçoit une éducation musicale complète. Lorsqu'il rentre au Conservatoire en 1891, il a déjà composé une symphonie qui sera jouée au concert d'harmonie d'Antoine Taudou trois ans plus tard. Il a comme professeurs, André Gedalge pour la fugue et le contrepoint et Jules Massenet pour la composition. Max d'Ollone raconte que « le grand jeune homme de 19 ans, maigre et barbu, aux allures sérieuses et distantes, d'une culture littéraire et philosophique très étendue, dont l'indépendance d'esprit et la volonté tenace se lisaient sur son grave visage. » Il ne se soucie pas de suivre la mode. Il demeure toujours épris de pureté classique. Premier Grand Prix de Rome en 1894 dès son premier concours. Il compose une deuxième symphonie en mi mineur conçue sous l'impression d'un orage, la Procession nocturne (1896), épisode du Faust de Lenau, poème symphonique (1899) qui demeure, encore, au répertoire des orchestres. Il écrit, aussi, un oratorio, Job, témoignage d'une vigueur tempérée par un certain envoûtement, le Divertissement sur des airs russes, un Psaume IV, une Eglogue, inspirée de la première bucolique de Virgile, la perfection du Quatuor à cordes qui le rapproche, dit-on, de Felix Mendelssohn-Bartholdy. Le théâtre lui doit cinq ouvrages dont la Fille de Roland (une légende carolingienne) créée à l'Opéra-Comique le 16 mars 1904 puis reprise à l'Opéra en 1925. Il fait un triomphe avec une musique teintée d'un orientalisme féerique intitulée Mârouf, savetier du Caire tiré des Contes des Mille et une nuits et produit le 15 mai 1934 avec la voix du baryton, Jean Périer. Il écrit le livret de l'Appel de la mer d'après les Ridders of the Sea de Synge (Opéra-Comique : 10 avril 1924) dont le sujet présente le désespoir d'une mère à qui l'Océan lui a enlevé cinq fils et s'apprête à lui ravir le sixième. Roland et le mauvais garçon de Lucien Népoty, créé le 25 mai 1934 à l'Opéra, n'a pas le même succès car il présente une philosophie mélancolique et désabusée. Néanmoins, la partition reste, sans doute, la meilleure produite par le compositeur. Martine est créée à Strasbourg en ami 1947 d'après la pièce de Jean-Jacques Bernard, le Jeu de l'Amour et du Hasard (1948) d'après Marivaux où la musique tente d'exprimer l'exacte résonance des personnages. Il s'intéresse au cinéma, les Miracles et les Loups en 1924, premier drame filmé projeté à l'Opéra. Il renouvelle l'expérience en 1925 avec le Joueur d'échecs. Ainsi, une voie nouvelle est ouverte aux compositeurs. Lors de la limite d'âge de Gabriel Fauré au Conservatoire, il lui succède en 1920 jusqu'en 1941 après avoir été élu à l'Institut de France en 1918. Le 14 octobre 1940, avant la promulgation des lois antijuives, il s'adresse aux autorités allemandes de Paris, pour leur soumettre le cas des professeurs juifs de son établissement. En 1943-1944, il siège aux côtés de Jacques Thibaud, Marguerite Long et Germaine Lubin au Comité professionnel de l'art musical du gouvernement collaborateur de Vichy. Sa carrière de chef d'orchestre est importante puisqu'en 1908 il est chef d'orchestre à l'Opéra et à l'Opéra-Comique. En 1918, il prend la tête de l'Orchestre symphonique de Boston. Max d'Ollone, Henri Rabaud, Heugel, Paris, 1957.

RADICALISME : Le radicalisme, comme doctrine politique, naît bien avant le début de la IIIème Répuiblique. On peut valablement faire remonter ses origines à la Monarchie de Juillet. Il apparaît, autours desannées 1840, comme un des périodes possibles à l’émergence d’une société industrielle en France et trouve son porte parole en lza personne de Ledru-Rollin qui le diffuse dans diverses études et lors de la campagne électorale qu’il effectue dans la Sarthe en 1841, puis dans le journal La Réforme publié à partir de 1843. L’idée fondamentale mise en avant par le radicalisme est la nécessité absolue de la démocratie politique, affirmée par le suffrage universel, afin de parvenir par ce moyen aux « justes améliorations sociales ». Cette fin sociale de la démocratie, le radicalisme la définit comme voie moyenne entre le libéralisme qui écrase les « petits » au profit des puissants et le socialisme qui porte atteinte à la propriété privée. Les radicaux défendent la propriété privée qu’ils veulent prtéger de l’emprise du capital, refusent d’abandonner au capitalisme les grandes richesses nationales, mines, canaux, chemins de fer, et attendent de l’État qu’il mette un frain aus abus du capital et protège les faibles et les petits. Ces idées éclipsées sous la Seconde République par la poussée socialiste qui les déborde, puis par la vague réactionnaire qui les fait tenir en suspicion, sont reprises à la fin du Second Empire par le groupe de la Revue politique qui rassempble des hommes comme Challemel-Lacour, Frédéric Morin, Allain-Targé, Henri Brisson, Léon Gambetta. Ce dernier, en posant en 1869, sa candidature à Belleville accepte un programme proposé par ses électeurs, proogramme relativement en retrait sur les idées de Ledru-Rollin dans le domaine social, mais qui ajoute quelques points qui marquent à l’époque : la revendication de l’instruction primaire gratuite, obligatoire et laïque et de la gratuité de l’enseignement supérieur, la suppression des armées permanentes, celle du budget des cultes et la séparation de l’Église et de lÉtat. Ces idées sont défendues au début de la IIIème République par les radicaux les plus intransigeants, qui tiennent à l’application totale et immédiate de leur programme.Mais très rapidement, se détachent de ces radicaux intransigeants des radicaux « politiques » autour d’hommes comme Brisson, Goblet, Léon Bourgeois, qui estiment que le programme qu’ils approuvent dans ses grandes lignes peut-être réalisé progressivement. Léon Gambetta, principale figure du radicalisme en 1870, va beaucoup plus loin encoredans la voie de la modération. Estimant que les radicaux, en effrayant le monde des classes moyennes et les ruraux, amenuisent les chances de consolidation du régime républicain, il passe à l’opportunisme en se ralliant à Thiers dès 1874. Le drapeau du radicalisme intransigeant est alors brandi par des hommes comme Camille Pelletant et Georges Clemenceau. Dans les dernières années du XIXème siècle, le radicalisme possède un programme, des hommes, des structures disséminées dans le pays. Le programme propose une reévision de la Constitution par la suppresion des institutions jugées les moins démocratiques, la Présidence de la République et le Sénat (mais depuis la crise boulangiste cette revandication est mise en avant de façon un peu formelle), la Séparation de l’Église et de l’État, enfin un ensemble de mesures pratiques destinées à mettre en œuvre l’intervention de l’État pour cooriger les défauts du libéralisme intégral : nationalisations des mines, canaux, chemins de fer, établissement d’un impôt progressif sur le revenu, particapation des salariés aux bénéfices sde l’entreprise, et surtout ouverture des études aux enfants méritants de familles modestes grâce à des bourses. Les hommes sont rassemblés dans des groupes parlementaires : à la Chambre la dualité entre radicaux de gouvernement et radicaux intransigeants est à peu près recoupée par l’existence des deux groupes de la Gauche démocratique, présidée en 1898 par Émile Combes. Enfin, dans le pays, les radicaux se retrouvent dans de multiples comités qui tendent à deveneir permanents, autour de journaux, de loges maçonniques, de sections de la Liguie de l’Enseignements, du « sou des écoles », etc. C’est cet ensemble considérable qui va se fondre en 1901 dans le parti républicain, radical et radical-socialiste. Berstein (Serge) : Histoire du parti radicale, vol. 1, La recherche de l’âge d’or, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980. KEYSER (J) : Les grandes batailles du radicalisme, Paris, Marcel Rivière, 1961. NICOLET (C) : Le radicalisme, Paris, PUF, 1961, Collection Que sais-je ? NORDMANN (J-T) : Histoire des radicaux, Paris, La Table ronde, 1974. BAAL (G) : Histoire du radicalisme, Paris, La Découverte, 1994.

RADIO-LIBERTÉ : Organisme para-communiste créé en 1936 et groupant, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, plus de 50.000 auditeurs. Il publie toutes les semaines un hebdomadaire qui porte le même nom. L’assciation était dirigée par Paul Langevin, président, et Paul Vaillant-Couturier, vice-président. Elle disparaît à la guerre.

RAFFENEL (Léon, Amédée, François), 1856-1914 : Léon Amédée François Raffenel est né à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine) le 14 août 1856. Le 8 juillet 1875, il souscrit un engagement au 82e de Ligne, au titre de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Après un an et quatre mois de vie en régiment, il entre à l’école le 28 octobre 1876. Il en sort deux ans plus tard, nanti du grade de sous-lieutenant et reçoit une affectation au 1er régiment d’infanterie de marine. Alors qu’en métropole le pays se redresse de la défaite de 1870-71, il se lance outre-mer dans de nouvelles campagnes, destinées à lui assurer la domination d’un vaste empire colonial. Le jeune "Marsouin" participe à cette épopée dès 1881. Du 16 mars de cette année-là au 9 juillet 1883, il effectue son premier séjour militaire hors de l’hexagone, en Martinique. Peu avant son retour en France, il est muté au 4e d’Infanterie de Marine. Il est alors lieutenant, grade qu’il ne conserve qu’un peu plus de deux ans. Le 8 décembre 1883, il devient capitaine. Il connaît alors pendant quelques années la monotone vie de garnison de métropole. Les choses changent en septembre 1886, avec son affectation au 1er régiment de tirailleurs tonkinois. Il sert à présent dans le nord de l’Indochine, au Tonkin, où il participe à plusieurs expéditions. Le 10 avril 1887, la colonne qu’il dirige livre un violent combat à Muong-di. Le capitaine Raffenel s’y distingue par son énergie et la qualité de son commandement. Après avoir retrouvé pendant un peu plus d’un an le 1er d’Infanterie de Marine, il revient au Tonkin en 1890, avec le 2e régiment de tirailleurs tonkinois. Cette nouvelle campagne coïncide avec son accession au grade de chef de bataillon (3 octobre 1890). Pendant dix-huit mois, il ne cesse de combattre. Ainsi, le 29 octobre 1890, il participe avec la colonne Pardes au combat de Ben-Chan. Du 29 novembre au 23 décembre suivants, il est lui-même à la tête d’une colonne, avec laquelle il se bat à Baïbang (le 5 décembre), à Yen-Dong (le 13 décembre), puis à Kher-Khong (le 16 décembre). Le 16 juin 1891 encore, il livre bataille à Caï-Tram avec la colonne Dominé. Au cours de ce second séjour en Indochine, il s’affirme comme un officier de qualité, rompu aux opérations les plus délicates. Ses notations en témoignent : "A, comme capitaine et chef de bataillon, commandé plusieurs petites colonnes au Tonkin et fait preuve d’énergie et d’initiative dans des circonstances très difficiles". Après avoir servi au régiment de tirailleurs annamites, il rentre en France en 1893. Définitivement. Le commandant Raffenel semble alors promis à un brillant avenir. Ses états de service et son expérience acquise sur le terrain lui confèrent un grand prestige. Sa poitrine s’orne bien sûr de la médaille du Tonkin, mais aussi de l’insigne de chevalier de l’ordre du Dragon d’Annam (dont il est décoré en février 1890 ; il est fait officier en janvier 1895) et, surtout, de la croix de chevalier de la Légion d’Honneur (29 décembre 1892). Reconnu et admiré par ses subordonnés, il est apprécié par ses supérieurs qui vantent son "instruction générale et militaire solide", ses "réelles aptitudes au commandement", son tact, son autorité, ses "qualités militaires les plus sérieuses et les plus réelles", etc. C’est dans ces circonstances qu’intervient un changement radical dans sa carrière. En 1894, alors qu’il sert au 5e d’Infanterie de Marine, il sollicite son affectation dans l’infanterie métropolitaine. Ce n’est pas une procédure anodine puisqu’à l’époque l’armée de terre et l’armée coloniale dépendent de deux ministères différents (la Guerre pour la première et la Marine pour la seconde). Les raisons de ce choix sont obscures : contraintes familiales, problèmes de santé ? Les archives sont muettes à ce sujet. Toujours est-il que, le 5 novembre 1894, une décision présidentielle autorise la mutation entre les chefs de bataillon Raffenel et Lourdel-Hénault. Ce dernier appartenant au 136e de Ligne, c’est à ce corps de troupe qu’est donc affecté Raffenel. Son nouveau lieutenant-colonel se félicite de cette "précieuse acquisition pour le régiment". Pendant les cinq années suivantes, il mène une vie des plus monotones, commandant le bataillon du 136e détaché au fort de Querqueville. L’ancien colonial se fait administrateur. L’ancien homme de guerre devient un parfait officier de garnison. Isolé du reste du régiment, il semble se complaire dans cette vie retirée : en 1898, il refuse d’être relevé et conserve son poste en permutant avec le chef de bataillon chargé de le remplacer... Les notations de ses supérieurs ne cessent pourtant d’être élogieuses. Il est décrit "intelligent, instruit, travailleur, très zélé, très dévoué, très actif et bon cavalier, officier de valeur et d’avenir qui peut prétendre aux plus hauts grades". Sa "conduite militaire et privée irréprochable" est vantée, de même que son "entente judicieuse des situations tactiques du terrain" lors des manœuvres. Seul son manque de fermeté vis à vis de ses subordonnés sonne comme une fausse note dans ce concert de louanges. C’est bien peu. Octobre 1899 marque une nouvelle étape importante dans la carrière de Léon Raffenel. Ce mois-là, il quitte son détachement de Querqueville, est nommé lieutenant-colonel, est muté pour le 48e de Ligne et commence un stage au 35e régiment d’artillerie, à Vannes. Ce stage dure un an. Pendant cette période, il partage le quotidien des artilleurs, participe à leurs exercices et manœuvres, apprend l’emploi du nouveau canon de 75 et se fait grandement apprécier du colonel commandant le régiment. Celui-ci vante les grandes compétences de son hôte, sa "modestie rare", ses qualités d’orateur (il a donné trois conférences sur la tactique d’infanterie aux officiers du régiment), sa brillante participation aux manœuvres d’automne et termine en précisant qu’il "laissera au 35e régiment un excellent souvenir sous tous les rapports et y a été apprécié comme il le mérite". C’est que l’artillerie semble intéresser Raffenel au plus haut point. Déjà, au 136e de Ligne, il avait prononcé plusieurs conférences sur le sujet. Revenu chez les fantassins en octobre 1900, il seconde le colonel du 48e R.I. (Guingamp) jusqu’en 1904. Il y recueille toujours les mêmes lauriers pour "ses qualités militaires : tact, fermeté, esprit de discipline, excellente manière de servir et dévouement à ses devoirs". Le 8 juillet 1904, il est nommé colonel et prend la tête du 27e R.I., à Dijon. Il reste à ce poste jusqu’en 1910. L’avant-dernière notation qu’il y obtient est éloquente sur l’estime dans laquelle ses supérieurs le tiennent. "Toujours chef de corps très digne, très dévoué, plein de mesure et de tact, commandant son régiment avec bienveillance sans manquer de fermeté. Estimé et aimé, est on ne peut plus digne d’être nommé général de brigade, grade qu’il mérite à tous égards". Cette promotion ne tarde pas à venir. On lui confie le commandement de la 82e Brigade (à Saint-Dié) en septembre 1910. En décembre suivant, il est nommé officier de la Légion d’Honneur puis, le 25 mars 1911, il accède aux étoiles. Désormais à la tête de l’une des troupes d’élite de l’armée française (la 82e Brigade est une brigade de chasseurs à pied), il poursuit sa carrière sans faute. Les rapports du général commandant la 41e D.I., dont il dépend, mettent l’accent sur ses qualités manœuvrières, sur son "jugement sûr", son "grand bon sens", son expérience, son sens de la discipline, etc. En toute logique, un tel soldat doit être appelé aux commandements les plus prestigieux. C’est ce qui arrive en juin 1914. Quittant ses chasseurs, il devient le chef de l’une des plus remarquables divisions de l’armée française : la 3e D.I.C., à Brest. Après une parenthèse de vingt années, le général Raffenel fait son retour dans la Coloniale... Il est alors toujours général de brigade, mais son accession au grade de divisionnaire ne saurait tarder. La déclaration de guerre en décidera autrement. Parti de Brest à la mobilisation, il conduit sa division de Bar-le-Duc à la frontière belge. Le 22 août, il est en tête du corps Colonial et se retrouve assailli par des forces plus importantes autour du village de Rossignol. Encerclée, la 3e D.I.C. est quasiment anéantie. Raffenel disparaît avec elle. Son corps est découvert au soir de la bataille par le capitaine Hartmann (du 3e R.I.C.), quelques mètres au sud de la Semois, abandonné à Jamoigne, puis inhumé au cimetière militaire provisoire de Tintigny par les Allemands. L’étude détaillée de la bataille de Rossignol jette une ombre sur la fin de cette carrière pourtant exemplaire. Sur le terrain, le grand soldat n’aurait pas été à la hauteur des espoirs que ses supérieurs avaient toujours placés en lui...

RAFFUT (Le) : Journal fondé en 1917, dirigé par G. Cochon, un militant anarchiste qui se rend célèbre entre les deux guerres comme adversaire de « monsieur Vautour » (le propriétaire) : il organisait les « déménagements » à la cloche de bois » des locataires impécunieux. Ce journal disparaît vers 1932.

RAIL (Le) : Hebdomadaire corporatif publié sous l’égide de l’Union des Corporations françaises et sous la direction de Rémi Wasier, chef de publicité de l’Action française. Le but de ce journal est de répandre les idées de Charles Maurras et de La Tour du Pin parmi les cheminots. Fondé en 1924, Le Rail est jusqu’à la Seconde Guerre mondiale l’un des journaux les plus lus dans la corporation des chemins de fer.

RAIMU (Jules Auguste César Muraire, dit), 1883-1946 : Acteur. Né le 17 décembre 1883 à Toulon dans le Var d'un père tapissier, Raimu est peu enclin aux études. Très jeune, il découvre le monde du spectacle, lui voue un véritable culte et est rapidement attiré par le métier de comédien. Il débute le 15 juin 1900, âgé de 17 ans, une carrière d'humoriste comique troupier et s'essaye devant son premier public dans les cafés-concerts méridionaux et les guinguettes à matelots de sa région natale sous le nom d'artiste de Rallum : un bide.Il fait alors des petits boulots : croupier du Casino d'Aix-les-Bains et commerçant ... 1908 il revient sur scène, en se faisant remarquer au théâtre de l'Alhambra de Marseille où il est souffleur. Il enchaîne au théâtre de l'Alcazar de Marseille, puis au Palais de Cristal et devient rapidement une vedette régionale sous le nom d'artiste de Raimu avec le répertoire de Polin, une excellente école par laquelle sont passés de nombreux autres dont Jean Gabin et Fernandel ... Il est repéré en 1910 par le célèbre chansonnier et directeur de music-hall d'origine toulonnaise lui aussi, Félix Mayol, qui le fait monter à Paris, le produit dans son propre, le " Concert Mayol ", et l'engage dans ses revues où il triomphe. Il se produit dans des cafés-concerts et au music-hall, dont La Cigale, aux Folies Bergères et au Casino de Paris jusqu'en 1914. 1928 arrivée en Europe du cinéma parlant, dont Raimu devient une figure de proue avec son jeu et sa célèbre personnalité et voix méridionale tonitruante si caractéristique. 1929 il connaît un triomphe universel au théâtre de Paris avec la pièce Marius de Marcel Pagnol avec Orane Demazis. Ces deux Marseillais méridionaux s'apportent mutuellement la gloire et la célébrité grâce à ce chef d'œuvre de la culture française. Ils restent liés d'amitié à la méridionale à vie. 1931 nouveau triomphe universel dans l'adaptation au cinéma du célèbre succès théâtral Marius d'Alexandre Korda (premier film de la célèbre Trilogie Marseillaise de Marcel Pagnol) et un des premiers films à succès parlant du cinéma français. 1932 il joue le rôle de César dans le film Fanny de Marc Allégret. 1936 il se marie avec Esther et a une fille, Paulette. Il joue le rôle de César dans le film César réalisé par Marcel Pagnol. La Trilogie Marseillaise est un triomphe et devient un grand classique du cinéma français. 1938 Marcel Pagnol lui offre le plus grand rôle de sa vie avec La Femme du boulanger, devenu un classique de la culture française. 1940 il joue dans La Fille du puisatier de Marcel Pagnol. 1943 le 13 septembre, il entre comme " pensionnaire " (comédien employé salarié à l'année) et sociétaire à la Comédie-Française de Paris le sommet de sa carrière théâtrale, où il joue Le Bourgeois gentilhomme, Le Malade imaginaire, " L'anglais tel qu'on le parle " etc tout en tournant pour le cinéma. 1946 il retourne au cinéma, sa véritable passion avec Les Gueux au paradis de René Le Hénaff au coté de Fernandel et L'Homme au chapeau rond de Pierre Billon 1946 il décède le 20 septembre à Neuilly sur Seine, Raimu est resté dans les mémoires pour ses rôles sous la direction de Marcel Pagnol, notamment dans la trilogie marseillaise (Marius, Fanny et César) et dans La Femme du boulanger et La Fille du puisatier, de Marcel Pagnol. La scène de la partie de cartes sur le vieux port de Marseille est une scène patrimoniale du cinéma français et de la culture marseillaise avec l'exclamation du personnage joué par Raimu qui triche à la manille : « Tu me fends le cœur ! » Raimu était également un comédien reconnu de théâtre, il est entré comme pensionnaire (comédien employé salarié à l'année) et sociétaire à la Comédie-Française en 1944. Filmographie [modifier] 1. 1912 : L'Agence Cacahuète (moyen métrage -870m) de Roger Lion (Cinéma muet) 2. 1912 : Godasse fumiste de Gérard Bourgeois (Cinéma muet) 3. 1913 : L'homme nu de Henri Desfontaines (Cinéma muet) 4. 1915 : Paris pendant la guerre (revue filmée) de Henri Diamant-Berger (Cinéma muet) 5. 1916 : Sacré Joseph (court métrage -660m) de Roger Lion (sous le nom de Rallum) 6. 1916 : L'enlèvement de Vénus de Roger Lion (cinéma muet) 7. 1917 : Le Vagabond (court métrage - 370m) de ?? (sous le nom de Rallum) 8. 1928 : (Arrivée du cinéma parlant en Europe) 9. 1931 : Le Blanc et le Noir de Marc Allégret et Robert Florey - Marcel Desnoyers 10. 1931 : Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret - Célestin, maître de chapelle et Floridor, compositeur 11. 1931 : Marius de Alexandre Korda (Trilogie marseillaise de Marcel Pagnol) - César Olivier, le patron du "Bar de la marine"(Extrait) 12. 1932 : La Petite Chocolatière de Marc Allégret - Félicien Bédaride, peintre excentrique 13. 1932 : Fanny de Marc Allégret (Trilogie marseillaise de Marcel Pagnol) - César Olivier, le patron du "Bar de la marine" 14. 1932 : Les Gaietés de l'escadron de Maurice Tourneur - Le capitaine Hurluret du 51ème chasseur 15. 1933 : Charlemagne, de Pierre Colombier - Charlemagne 16. 1933 : Théodore & Cie de Pierre Colombier - Clodomir 17. 1934 : J'ai une idée de Roger Richebé - Audrey Hanilgthon, inventeur 18. 1934 : Ces messieurs de la Santé de Pierre Colombier - Jules Taffard, banquier véreux et Gédéon 19. 1934 : Tartarin de Tarascon de Raymond Bernard - Tartarin, l'aventurier 20. 1935 : L'École des cocottes de Pierre Colombier - Labaume 21. 1935 : Minuit, place Pigalle de Roger Richebé - Monsieur Prosper 22. 1935 : Gaspard de Besse de André Hugon - Samplan 23. 1936 : Le Roi de Pierre Colombier - Monsieur Botdier, député aux attaches populaires 24. 1936 : Le Secret de polichinelle de André Berthomieu - Monsieur Jouvenel 25. 1936 : César de Marcel Pagnol (Trilogie marseillaise de Marcel Pagnol) - César Olivier, le patron du "Bar de la marine" 26. 1936 : Faisons un rêve, de Sacha Guitry - Le mari 27. 1936 : Les Jumeaux de Brighton, de Claude Heymann - Alain Beauregard père et les deux fils 28. 1937 : Les Rois du sport, de Pierre Colombier - Jules de l'Estaque, garçon de café 29. 1937 : Vous n'avez rien à déclarer ?, de Léo Joannon - Monsieur Papillot 30. 1937 : La Chaste Suzanne de André Berthomieu - Monsieur des Aubrays 31. 1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier - François Patosset, maire d'un petit village provençal 32. 1937 : Le Fauteuil 47 de Fernand Rivers - Monsieur Theillard 33. 1937 : Les Perles de la couronne de Sacha Guitry et Christian Jaque - L'industriel méridional 34. 1937 : Gribouille de Marc Allégret - Camille Morestan dit :"Gribouille" 35. 1938 : La Femme du boulanger de Marcel Pagnol - Aimable Castagnier, le boulanger 36. 1938 : Le Héros de la Marne de André Hugon - Bernard Lefrançois 37. 1938 : Les Nouveaux riches de André Berthomieu - Edmond Legendre, ancien contremaître 38. 1938 : L'Étrange Monsieur Victor de Jean Grémillon - Victor Agardanne, commerçant et chef de bande 39. 1939 : L'Homme qui cherche la vérité de Alexandre Esway - Jean Vernet, le banquier 40. 1939 : Noix de coco de Jean Boyer - Loulou Bardentane, horticulteur 41. 1939 : Monsieur Brotonneau de Alexandre Esway - Monsieur Brotonneau 42. 1939 : Dernière jeunesse ou "La fin d'une vie" de Jeff Musso - Georges, l'ancien fonctionnaire colonial 43. 1939 : Le Duel de Pierre Fresnay - Le père Bolène 44. 1940 : La Fille du puisatier de Marcel Pagnol - Pascal Amoretti, le puisatier 45. 1941 : Parade en 7 nuits de Marc Allégret - Mistre, le curé des Baux 46. 1942 : Les Inconnus dans la maison d'Henri Decoin - Maître Loursat de Saint-Marc, l'avocat alcoolique 47. 1942 : Monsieur la Souris de Georges Lacombe - Monsieur La Souris, clochard 48. 1942 : Les Petits Riens de Raymond Leboursier - Monsieur Charpillon 49. 1942 : L'Arlésienne de Marc Allégret - Patron Marc 50. 1942 : Le Bienfaiteur de Henri Decoin - Monsieur Moulinet et monsieur Guillot 51. 1943 : Le Colonel Chabert de René Le Hénaff - Le colonel Hyacinthe dit: Chabert 52. 1945 : Untel Père et Fils de Julien Duvivier "Film tourné en 1940"" - L'oncle Hector 53. 1946 : Les Gueux au paradis de René Le Hénaff - Boule, un joyeux drille 54. 1946 : L'Homme au chapeau rond de Pierre Billon - Nicolas Pavlovitch, ancien magistrat Théâtre [modifier] • 1929 (9 mars) : Marius de Marcel Pagnol (Théâtre de Paris) • 1931 (5 décembre) : Fanny de Marcel Pagnol (Théâtre de Paris) • 1946 : César de Marcel Pagnol (Théâtre des Variétés) • 1944 (22 mars) : Le Bourgeois gentilhomme de Molière (Comédie-Française) • 1944 (24 octobre) : Le Malade imaginaire de Molière (Comédie-Française) • 1946 : " L'anglais tel qu'on le parle " (Comédie-Française)

RALLIEMENT : On appelle ralliement le mouvement d’acceptation de la République par les catholiques dont le pape Léon XIII prend l’initiative en 1890-1892. L’origine en réside dans la constation que les mouvements d’opposition à la République soutenus par les catholiques ont échoué, qu’il s’agisse de leur appui à l’Ordre moral ou au boulangisme, et dans la crainte que l’anticléricalisme du gouvernement républicain n’aboutisse à une rupture du Concordat. Dans ces conditions, le pape considère que la défense des intérêts de l’Église passe par l’acceptation de la République comme le gouvernement actuel de la nation, les catholiques se rapprochant des Républicaisn modérés pour constituer un grand parti conservateur tolérant envers l’Église et ouvert aux réformes sociales. La première manifestation de la politique du Ralliement est un toast porté au cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger, le 12 novembre 1890, au cours d’une réception offerte aux officiers de la Flotte, généralement monarchistes, et dans lequel le cardinal préconise « l’adhésion sans arrière-pensée à la forme du gouvernement ». Devant l’émotion suscitée dans les milieux catholiques par cette proposition, le pape lui-même intervient le 20 février 1892 par l’encyclique « Au milieu des sollitudes », dans laquelle il recommande « d’accepter la Constitution pour changer la législation ». Cette encyclique pontificale entraîne le ralliement sans enthousiasme au régime d’une partie des catholiques, par exemple Albert de Mun qui, par obéissance, s’incline et va constituer le groupe parlementaire de la Droite constitutionnelle. Par ailleurs, une partie du personnel politique modéré, à la suite du ministre Spuller, prône une politique de tolérance envers l’Église. Mais la majeure partie des catholiques reste hostile au régime. Si un certain équilible s’établit durant les périodes du gouvernement des Progressistes de 1893 à 1898, l’affaire Dreyfus va trouver les catholiques dans le camps des adversaires au régime. Le monarchisme y trouvera l’essentiel de ses troupes comme plus tard l’Action française. Le Raliement a largempent échoué.

RAMADIER (Paul), 1888-1961 : Avocat et homme politique. Né le 17 mars 1888 à la Rochelle, Paul Ramadier est issu d’une famille catholique aisée de notables du Gévaudan. Devenu avocat à la cour d’appel de Paris puis docteur en droit, il vint au socialisme au terme d’une démarche avant tout intellectuelle et morale, que jalonnèrent ses lectures d’adolescent. Ce sont notamment celle de Victor Hugo, puis les influences de Jaurès, d’économistes socialistes ou coopérateurs comme Charles Gide, et d’intellectuels syndicalistes. Sa rencontre avec Albert Thomas, à partir de 1908, l’orienta définitivement vers un réformisme à fondement moral, tourné vers des réalisations concrètes, et profondément républicain. Il s’engagea activement sur trois terrains à ses yeux complémentaires, en adhérant en 1904 au mouvement socialiste, dont il fut l’un des principaux organisateurs dans le bassin houiller de l’Aveyron, en 1910 au mouvement coopératif, et en 1913 à la franc-maçonnerie (Grand-Orient). Ses compétences, sa puissance de travail, sa vaste culture et son tempérament de conciliateur le mirent vite en évidence. En 1916, démobilisé après avoir été grièvement blessé, il fit partie du cabinet d’Albert Thomas, ministre socialiste de l’Armement, et rédige la rubrique politique de L’Humanité. Sa carrière d’élu commença au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans un département majoritairement conservateur, où les gauches ne pouvaient s’imposer sans s’unir, elle se fit sous le signe du cartellisme. Il fut élu maire de Decazeville en 1919, député de l’arrondissement de Villefranche-de-Rouergue et conseiller général du canton de Decazeville en 1928 puis constamment reconduit dans ses fonctions jusqu’en 1940. A Decazeville, il mit en œuvre un socialisme municipal. Au parlement, il prit une part active aux travaux de la commission de la Réforme de l’Etat, et à ceux de la commission des Mines, où il démontra sa grande connaissance des questions énergétiques. Son réformisme le classa à l’aile droite de la SFIO. Avec la tendance « Vie socialiste », il milita pour la conclusion par les socialistes et les radicaux d’une alliance de gouvernement. En novembre 1933, il quitta le parti avec les néo-socialistes, et participa à la fondation du Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès puis, en 1935, à celle de l’Union socialiste républicaine. Avec le Front populaire, il accéda aux responsabilités gouvernementales. Sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics (mines, électricité et combustibles liquides) dans le gouvernement Blum (de juin 1936 à juin 1937), puis dans le gouvernement Chautemps (de juin 1937 à janvier 1938), il réorganisa le marché charbonnier, mais donna aussi une forte impulsion au développement des autres sources d’énergie, en relançant la prospection pétrolière et en préparant un grand programme d’équipement hydro-électrique. Ministre du Travail dans le nouveau gouvernement Chautemps en janvier 1938, puis dans le gouvernement Daladier en avril 1938, il s’efforça souvent avec succès, d’arbitrer les conflits sociaux, et, attaché à la poursuite des réformes sociales, entreprit la révision de la loi sur la retraite des vieux travailleurs. Il démissionna le 21 août 1938, parce qu’il n’admettait la remise en cause par Daladier de la loi des quarante heures. Ses convictions républicaines commandèrent son attitude durant la guerre. S’il approuva les accords de Munich, il refusa le 10 juillet 1940 de voter l’octroi des pouvoirs constituants au maréchal Pétain se rangeant ainsi parmi les 80 parlementaires républicains qui demeurent fidèles à leurs convictions. Continuant sa carrière après la guerre, Paul Ramadier sombra avec la IVe République, à laquelle on avait fini par l’identifier. Il meurt à Rodez le 14 septembre 1961. BERNSTEIN (Serge) : Paul Ramadier, la République et le socialisme, Bruxelles, Ed. Complexes, « Questions au XXe siècle », 1990. FONVIELLE-VOJTOVIC (A) : Paul Ramadier, 1888-1961, élu local et homme d’État, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994.

RAMEIL (Joseph, Bonaventure, Pierre), 1878-1936 : Aocat et hvomme politique. Né à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le 18 avril 1878, Pierre Rameil devient avocat puis, s’intéressant à la politique, est élu député des Pyrénées-Orientales de 1914 à 1932. Bien que mobilisé, il déploie une activité considérable axées sur les problème sociaux : il élabore des projets de lois sur les loyers, l’emploi de la main d’œuvre étrangère, la situation des réformés, les allocations de maternité, la rééducation des blessés de guerre, une universités des étudiants mobilisés. Il concrétise alors l’une des préoccupation majeure de sa vie : le droit des peuples à l’instruction. Il préconise le développement des bourses d’études. En 1919, il est rapporteur du budget de l’instruction publique et des Beaux-Arts. A la suite de Paul-Boncour qui avait en 1910 soulevé le problème de la création d’un théâtre populaire, conseillé par Firmin Gémier, Pierre Rameil présente à la Chambre en avril 1920 un rapport proposant de créer au Trocadéro un théâtre populaire avec une école d’application du Conservatoire : Le projet a un grand retentissement dans la presse. Pour la direction, Rameil propose Antoine, Copeau et Gémier. C’est ce dernier qui est retenu. L’inauguration du Théâtre national populaire a lieu le 11 novembre 1920. Du 23 juin au 18 juillet 1926, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, chargé de l’Enseignement technique dans le dixième cabinet Briand. Il fait une proposition de création d’une caisse nationale des Lettres et des Beaux-Arts. Vu la durée de vie du ministère, ses projets ne verront jamais le jour. Retrouvant son banc de député à la chute du cabinet, il décèdera à Paris le 4 février 1936. GONTARD (D) : La décentralisation théâtrale en France (1895-1952), Paris, Sédès, 1973.

RANC (Arthur), 1831-1908 : Journaliste et homme politique. Ce républicain, né à Poitiers en 1831, est un fidèle opposant au Second Empire. Impliqué durant le Second Empire dans le complot de l’Opéra-Comique, il est condamné à un an de prison et déporté à Lambessa dont il parvient à s’enfuir pour gagner la Suisse. Il rentre en France grâce à l’amnistie de 1859. Il est nommé maire du IXème arrondissement de Paris à la chute de du Second Empire et quitte la capitale en ballon pour rejoindre Gambetta à Tours le 24 octobre 1870. Celui-ci le nomme directeur de la Sûreté générale. Pendant la Commune, il tente en vain de concilier les partis. Élu député de la Seine à l’Assemblée nationale le 8 février 1871, il siège à l’extrême gauche et abandonne son mandant après le vote des préliminaires de paix. Le 26 mars, il est élu membre de la Commune par le IXème arrondissement. Sa démission suit de peu la publication du décret relatif aux otages (5 avril). Le 30 juillet suivant, il est élu membre du conseil municipal de Paris pour le quartier Sainte-Marguerite et le 11 mai 1873, il est élu député du Rhône. Sous le gouvernement du 16 mai, il est poursuivi pour avoir participé à la Commune et se réfugie en Belgique. Condamné à mort par contumace, il doit attendre l’amnistie de 1879 pour regagner Paris. L’année suivante, il devient directeur de La Petite République, le journal de Gambetta et le 4 septembre 1879, il est élu député dans le IXème arrondissement de Paris. Il reprend sa place à l’extrême-gauche et est l’un des membres influents de l’Union républicaine. Aux élections d 1885, il ets battu dans la Seine et reste hors du Parlement jusqu’en 1903. En 1891, il retrouve au Sénat un mandat parlementaire mais ne joue qu’un rôle effacé à la Haute Assemblée. En 1900, il entre comme rédacteur au Radical, mais ses écrits lui valent de perdre son siège sénatorial. Il regagne le Sénat en 1903 comme élu de la Corse en remplacement d’Émile Combes, démissionnaire, qui a opté pour la Charente-Inférieure. Il est avec celui-ci l’un des fondateurs du groupe de la Gauche démocratique de la Haute Assemblée et il en devient le premier président. En 1906, il remplace Clemenceau, devenu ministre de l’Intérieur comme rédacteur en chef du journal L’Aurore, poste qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1908. On a de lui divers ouvrages dont Le roman d’une conspiration et De Bordeaux à Versailles (souvenirs). MAYEUR (J-M) : La vie politque sous la IIIème République, Paris, Éditions du Seuil, 1984.

RAOULT (François, Marie), 1830-1901 :

RAPPOPORT (Charles), 1865-1941 : Journaliste et écrivain. Né à Douksly (Russie) en 1865, Charles Rappoport est issu d’une famille juive qui émigre en 1887. Naturalisé français plusieurs années après son arrivée en France, il milite ensuite au parti socialiste et cllabre à la presse du muvement ouvrier. Au cngrès de Tours en 1920, il est de ceux qui optent pour la IIIème Internationale et fait partie du cmité directeur du jeune parti communiste, avec Cachin, Frossard, Victor Méric, G. Lévy, Souvarine… Il reste fidèle au parti communiste jusqu’en 1938, date à laquelle il le quitte avec éclat, démissionnant en même temps des Isvestia dont il est le correspndant parisien en signe de protestation contre le procès de Moscou et l’exécution de Bukharine. Ecrivain d’une très grande culture, il publie plusieurs ouvrages et collabore avec Edouard Vaillant, Anatole France et Compère-Morel. Il meurt à l’hôpital de Cahors en 1941.

RASSEMBLEMENT UNIVERSEL POUR LA PAIX : Présidé par Lord Robert Cecil (prix Nobel de la Paix) et Pierre Cot, le Rassemblement universel a été crée dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, le premier congrès du Rassemblement universel pour la paiix se tient à Paris les 25, 26 et 27 septembre 1937, sous la présidence de Pierre Cot et avec le concours des organisations politiques adhérentes : Ligue des droits de l’Homme, Paix et Liberté, Association pour la SDN, comité français de l’Alliance universelle par les Eglises, parti radical socialiste, SFIO, parti communiste, union soialiste et républicaine, parti radical Camille Pelletan, Jeune République. Parmi les participants de ce congès figurent entre autres : Léon Jouhaux, E. Henaff, Francis Jourdain, Paul Allard, Marcel Cachin, A. de Monzie… Par la suite, les membres et les amis du Rassemblement universel pour la paix se divisent, les uns se déclarant prêts à traiter même avec les fascismes pour sauvegarder la paix, les autres, partisans de la manière forte, repoussent cette éventualité.

RATIER (Antony), 1851-1934 : Avoué et homme politique. Né à Buzançais dans l’Indre le 29 juin 1851, Antony Ratier est attaché au cabinet du ministre de l’Intérieur Crémieux puis devient avoué. Elu sénateur de l’Indre en 1894, il devient vice-président du Sénat quand le président du Conseil Louis Barthou fait appel à lui. Ministre de la Justice du 22 mars au 8 décembre 1913 dans son unique cabinet, il fait alors voter la loi d’amnistie et réprimer l’agitation dans les casernes dirigée par des révolutionnaires antimilitaristes. De retour au Sénat à la chute du cabinet, il s’occupe de la présidence du groupe de l’union républicaine, et est nommé au poste de garde des Sceaux dans l’unique cabinet François-Marsal du 9 au 13 juin 1924. Son mandat de sénateur prenant fin en 1933 et ne se représentant plus, il se retire de la vie politique et décède à Palluau-sur-Indre (Indre) le 9 juin 1934.

RAU (Joseph Defos du), 1884-1970 : Avocat et homme politique. Né à Dax (Landes) le 8 avril 1884, Joseph du Rau effectue des études au collège Notre-Dame de Dax, puis à la faculté de Droit de Bordeaux. Dès l'âge de dix-neuf ans, il fonde un cercle qui réunissait étudiants, ouvriers et employés, et où l'on traitait des questions sociales. Il devient membre militant du Sillon et ami de Marc Sangnier : ce courant de pensée démocrate-chrétien le guidera toute sa vie. Inscrit au barreau de Dax en 1909, il plaide devant la cour d'assises des Landes la cause des résiniers landais inculpés à la suite des grèves du Marensin de 1909, et gagne. En 1912, il est élu conseiller municipal de Dax. Inscrit au mouvement politique d'orientation chrétienne, la Jeune République, il se présente aux élections législatives d'avril 1914 où il est battu. Mobilisé le 2 août 1914, il est grièvement blessé sur l'Oise et est ainsi décordé de la médaille militaire et de la croix de guerre. Aux élections législatives de 1919, Defos de Rau se présente à la tête d'une liste républicaine d'union et de réorganisation sociale et est élu seul de sa liste. A la Chambre des députés où il est élu secrétaire, il est rapporteur du budget des Pensions et intervient pour le rétablissement d'une ambassade au Vatican. Militant du parti démocrate populaire, il est battu par le Cartel des gauches aux élections législatives de 1924 et de 1928. Il reprend sa place au barreau de Dax où il est élu bâtonnier. Il est adjoint au maire de 1925 à 1929 et maire de Gamarde à partir. Continuant sa carrière politique aprèS la Libération, Il décèdera à Dax le 26 mai 1970.

RAUH (Frédéric), 1861-1909 :

RAUVILLE (Hervé de), 1858-1935 : Journaliste. Nationaliste et antisémite, Hervé de Rauville est tour à tour rédacteur au Figaro, au Gaulois, à La Libre Parole, à La France de demain, à l’Echo de Paris et finalement à L’Action française. Il collabore également à La Revue hebdomadaire et La Revue française. Il laisse plusieurs ouvrages d’histoire, dont L’Angleterre et la Conquête nomande, Gentilshommes en sabots et L’Ile Maurice.

RAVEL (Maurice), 1875-1937 : Compositeur. Né le 7 mars 1875 à Ciboure dans les Pyrénées atlantiques, département de sa mère, Maurice Ravel a des ascendances savoyarde et suisse du côté de son père, homme avisé qui suit attentivement l'éducation artistique de l'enfant. Initié au piano par son père, dans l’appartement familial situé à Montmartre, celui-ci lui donne bientôt un professeur en la personne d’Henry Guys. Peu enclin au solfège, Maurice se révèle doué pour le clavier. En 1887, l’enfant complète son apprentissage de la musique grâce à des leçons d’harmonie et de contrepoint, avant d’être inscrit dans un cours privé de musique, l’école Schaller. Il s’ouvre alors à tous les styles de musique. Entré au Conservatoire de Paris en novembre 1889, à l'âge de quatorze ans, le tout jeune homme y bénéficie, notamment, de l'enseignement de Gabriel Fauré, qui décèle en lui «une nature musicale très éprise de nouveauté, avec une sincérité désarmante». Mais il s’y ennuie, patientant pendant sept ans avant de quitter l’institution sans avoir pu décrocher le moindre prix. Après quelques essais de composition cependant, il prend la mesure de son manque de maîtrise technique. Ravel choisit alors de revenir au Conservatoire où il suit les cours d’orchestration de Gédalge ainsi que ceux de composition de Gabriel Fauré. En mai 1899, est jouée sa première œuvre, Schéhérazade, une ouverture orchestrale, à la Société Nationale de Musique. En 1901, sa cantate Myrrha lui vaut un second prix au Concours de Rome. Mais son modernisme et ses dons exceptionnels lui valent aussi l'inimitié des traditionalistes, comme Théodore Dubois, directeur du Conservatoire de Paris, qui ne voit en lui qu'un «révolutionnaire» osant admirer Chabrier et fréquenter Satie ! Vient ensuite Jeux d’Eau en 1902. L’année suivante, le musicien se présente au prix de Rome. Après deux échecs successifs, une nouvelle déception l’attend. Au mois de mars 1904, il obtient néanmoins le succès avec un quatuor. Connaissant à présent la gène financière, le compositeur décide tout de même de se présenter de nouveau au concours. Celui-ci lui permettrait en effet d’obtenir une bourse et de travailler pendant trois années à Rome, sans soucis d’argent. Le refus du jury déclenche cette fois-ci un véritable tollé et il est à l’origine de la démission du directeur du Conservatoire. En 1905, Ravel est déjà très connu. Ses premières oeuvres (Menuet antique, Habanera, 1895 ; Jeux d'eau, 1901 ; Quatuor en fa et Schéhérazade, 1903) ont été remarquées et discutées. Dans les mois qui suivent et sur l’invitation d’Alfred Edwards, le directeur du journal Le Matin, Maurice Ravel effectue une croisière fluviale qui le mène en Hollande puis dans la vallée du Rhin. A son retour, il fait jouer les cinq pièces composant Miroirs, le 6 janvier 1906 à la salle Érard. Cette œuvre décontenance le public. L’année suivante, celui-ci se scandalise des mélodies écrites par Ravel sur des textes issus des Histoires naturelles de Jules Renard. Le compositeur est maintenant lancé. C'est entre 1905 et 1913 qu'il composera l'essentiel de son oeuvre. Le 15 mars 1908, est créée la Rhapsodie espagnole aux Concerts Colonne. Maurice Ravel étonne alors par l’orchestration que dominent les instruments à vent. Aux sifflets qu’il reçoit alors répond l’année suivante le silence médusé de la critique, qui ne sait que penser de son Gaspard de la Nuit. En 1910, il est l'un des cofondateurs de la Société musicale indépendante (SMI), créée pour s'opposer à la très conservatrice Société nationale de musique, contrôlée par Vincent d'Indy. Si les Valses nobles et sentimentales et L'Heure espagnole, montée à l'Opéra-comique en 1911, passent relativement inaperçues, ce n'est pas le cas de Daphnis et Chloé, créé aux Ballets russes en 1912 sur une commande de Diaghilev, une chorégraphie de Fokine, avec Nijinski, Karsavina et Pierre Monteux au pupitre. Viennent ensuite ses Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, composés sous l'influence de Stravinsky qui lui fait découvrir ses propres Poèmes de la lyrique japonaise et le Pierrot lunaire de Schoenberg. Pendant l’été 1914, le compositeur est écarté de la mobilisation en raison de sa frêle constitution. Il met alors la dernière touche à son Trio pour piano, violon et violoncelle. Cependant, Ravel, qui est favorable aux idées pacifistes développées par le socialiste Jean Jaurès, se présente bientôt à Bayonne, comme volontaire désirant servir dans les auxiliaires de santé. Le conseil de révision refuse alors sa requête. Il lui faudra attendre le mois de mars 1916, lorsque l’accumulation des pertes humaines et l’enlisement du conflit font naître de nouveaux besoins, pour être affecté dans les transports, puis dans le "brancardage" et l’évacuation des blessés sur le front. Au mois d’avril 1917, il est définitivement réformé, après avoir eu les pieds gelés durant une garde de nuit. Démobilisé, il reprend son travail de composition. Son Tombeau de Couperin (1914-1917), dédié à ses amis morts au combat, devra attendre la fin des bombardements de la capitale par l’artillerie allemande et l’armistice pour être joué, le 11 avril 1919 à la salle Gaveau. Depuis quelques mois, Ravel traverse une intense crise morale. Afin de guérir des insomnies et de la dépression qui le mine, il effectue un séjour à Megève qu'il prolonge chez des amis en Ardèche. En 1920, le musicien obtient sa radiation de l’ordre de la Légion d’Honneur, une décoration qu’il n’avait pas sollicitée. Après un voyage à Vienne ainsi que quelques concerts à Paris qui remette son œuvre au goût du jour, Maurice Ravel décide de fuir la capitale en s’installant à proximité. Au mois de mars 1921, il fait l’acquisition d’une résidence à Montfort-l’Amaury. Il reprend son projet de La Valse, qui ne sera créée qu'en 1928. Son style évolue, à la recherche d'un art plus dépouillé, comme l'atteste sa Sonate pour violon et violoncelle (1920-1922), manifestation extrême de son renoncement aux charmes harmoniques, ce qui n'empêchera pas les oeuvres de sa dernière période, L'Enfant et les sortilèges (1925) ou les deux Concertos pour piano et orchestre (1929-1931), de libérer un lyrisme et une imagination stupéfiants, quoique maîtrisés. Après deux tournées de concerts aux Etats-Unis (1928) et en Europe centrale (1931), Ravel peut constater quelle est sa célébrité à l'étranger. A partir de 1933, l’artiste souffre de troubles neurologiques qui l’empêchent d’écrire et bientôt de parler. Après un voyage en Espagne et au Maroc effectué au mois de février 1935, il demeure cloîtré à Montfort-l’Amaury. Maurice Ravel décède le 29 décembre 1937. RAYNAL (David), 1840-1903 : Armateur, et homme politique. Né le 26 février 1860 à Paris, David Raynal, armateur bordelais, est député de la Gironde en 1879 à 1897. Il entre au gouvernement un an plus tard comme adjoint de Sadi Carnot dans le premier cabinet Ferry. Ami de Gambetta, celui ci lui propose le sous-secrétariat au Travaux publics dans son grand ministère du 28 septembre 1880 au 13 novembre 1881. Il devient ensuite ministre des Travaux publics du 14 novembre 1881 au 29 janvier 1882, poste qu’il conserve du 21 février 1883 au 5 avril 1885 dans le cabinet. Il doit résoudre le problème des attentats anarchistes qui se répètent. Il fait alors voter les lois répressives suivantes : emprisonnement jusqu’à cinq ans pour incitation à la violence ; même peine pour la détention et la fabrication d’explosifs ; travaux forcés pour « association de malfaiteurs ». Il fait aussi renforcer les moyens de la police. Par la suite, il retrouve la direction des Travaux publics, et doit faire face à l’opposition des grandes compagnies de chemins de fer, inquiètes du rachat proposé en contrepartie du rachat l’obligation pour les six grandes sociétés privées de construire plus de 8.000 km de voies naturelles, avec des emprunts garantis par l’Etat. Elu sénateur en 1897, il décède en cours de mandat à Paris le 28 janvier 1903.

RAYNALDI (Jean-Jacques, dit Eugène), 1869-1938 : Avocat et homme politique. Né à Rodez (Aveyron) le 23 décembre 1869, Eugène Raynaldi devient avocat Député de l’Aveyron de 1919 à 1928 inscrit à la gauche républicaine démocratique il est élu sénateur du même département de 1930 à sa mort. il décède à Rodez le 15 juin 1938.

RAYNAUD (Etienne, Maurice), 1860-1927 : Né à Marthon (Charente) le 05 novembre 1860, il est élu député de la Charente de 1906 à 1924 inscrit au parti radical et radical socialiste. décède le 15 avril 1927 à Paris.

RECLUS (Élie), 1827-1904 : Écrivain. Fils d’un pasteur périgourdin, Elie Reclus est mêlé au mouvement républicain et est proscrit après le coup d’Etat du 2 décembre 1851. En 1871, il prend part à l’insurrection de 1871 et devient, pendant quelque temps, le directeur de la Bibliothèque nationale, poste qu’il quitte quand les troupes versaillaises sont sur le point d’occuper l’édifice. Il réussit à gagner l’Italie grâce à de faux papiers et vit à l’étranger jusqu’à l’amnistie. Collaborateur du journal libertaire La Révolte, ce franc-maçon est inquiété par la police au moment des attentats anarchistes et gagne Bruxelles où on lui offre la chaire de mythologie comparée à l’Université Nouvelle, création de maçons belges. Il collabore aux œuvres de son frère Elisée et publie divers livres dont Les Primitifs, une étude ethnologique.

RECLUS (Élysée), 1830-1905 : Géographe et anarchiste. Né le 15 mars 1830 à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) Elysée Reclus est issu d'une famille protestante. Il fait ses études de géographe à Berlin, avant de parcourir le monde. En 1871, il prend une part active à la Commune de Paris. Arrêté les armes à la main, il est condamné à la déportation en Nouvelle Calédonie. Mais, grâce au soutien de la communauté scientifique, sa peine sera commuée, le 3 février 1872, à dix ans de bannissement. Il rejoint alors son frère Elie (également anarchiste et communard) en Suisse, et participe activement à la Fédération Jurassienne, avec Bakounine et James Guillaume. En 1877, il rencontre Pierre Kropotkine, qui deviendra son ami. Après la Suisse, c'est en Belgique, à Ixelles (près de Bruxelles) qu'Elisée Reclus s'installe. Très actif, c'est sous son impulsion qu'une Université Nouvelle est créé, ainsi qu'un Institut des Hautes Etudes (en 1894) dans lequel il enseignera. Auteur prolifique, Elisée Reclus a participé à de nombreuses revues, brochures et journaux : Le Révolté, L'Insurgé, Le Cri du Peuple, etc. Mais il est surtout l'auteur de l'extraordinaire Géographie Universelle (19 volumes), et de L'Homme et la Terre (6 volumes), ouvrages de géopolitique dans lesquels il analyse le rapport de l'homme et de son environnement, et aborde des sujets très variés (éducation, naturisme, etc.). Elisée Reclus meurt le 4 juillet 1905. Le dernier volume de "L'Homme et la Terre" ne sortira qu'après sa mort (édité par son neveu Paul Reclus).

RECLUS (Paul), 1858-1941 : Militant anarchiste, ingénieur, écrivain et professeur. Fils d’Elie reclus, Paul est né le 25 mai 1858, (dit Georges Guyou) à Neuilly-sur-Seine. En 1871, quand le la Commune de Paris prend fin, il se cache un temps avant de rejoindre la Suisse avec ses parents et, en 1877, il rentre pour faire de brillantes études. Devenu ingénieur en 1880, il occupera cette fonction dans diverses industries, notamment à Bessèges (Gard). Propagandiste anarchiste, partisan de la reprise individuelle et de la propagande par le fait, il sera, après le vote des « Lois scélérates » inculpé dans le « Procès de trente ». Mais il se réfugiera à Londres où il vivra un temps dans une petite communauté anarchiste. En 1895, il se fixe en Ecosse, où il travaille comme cartographe, puis professeur. En 1903, à la demande d'Elisée Reclus, il vient s'établir en Belgique pour l'aider à terminer l'édition de L'Homme et la Terre , tâche qu'il assumera jusqu'en 1908, après la mort de son oncle. Autorisé à rentrer en France en 1914, il sera l'un des signataires du « Manifeste des seize » (interventionnistes). En 1919, il s'installe en Dordogne, puis à Montpellier où il se livre à des travaux scientifiques. En 1925, il fonde, avec le Dr. Marc Pierrot, le journal anarchiste Plus loin. En 1937, il participe encore au « Solidarité International Antifasciste » (S.I.A). Il meurt à l'âge de 82 ans, le 19 janvier 1941, à Montpellier.

RECONSTRUCTEURS : Le groupe de Reconstructeurs forme, au sein du parti socialiste, avant la scission de Tours, une tendance très hostile à l’adhésion à la IIIème Internationale. Il a à sa tête Jean Longuet, Mistral et Paul Faure. En fait partie : Farinet, Feretti, Gamard, Goude, Landrieu, Louis Lévy, Le Trocquer… Le Populaire est l’organe des Reconstructeurs. Il est dirigé par Longuet et Paul Faure en est le rédacteur en chef et Henri Barbusse, que « Le Feu » a rendu célèbre, en assume la direction littéraire.

RÉGNIER (Henri de), 1864-1936 : Romancier et poète. Henri de Régnier est né à Honfleur, le 28 décembre 1864. Après avoir fréquenté le collège Stanislas, il fit son droit dans la perspective d’embrasser la carrière diplomatique mais rapidement, il préféra se consacrer aux lettres. Dès ses premiers recueils, Poèmes anciens et romanesques (1889), il s’acquit une place dans le monde littéraire. D’œuvre en œuvre, poète avec principalement Tel qu’en songe (1892), Aréthuse (1895), Les Jeux rustiques et divins (1897), Les Médailles d’argile (1900), La Cité des eaux (1902), La Sandale ailée (1905), Le Miroir des heures (1910) et d’autres titres encore, il alla sans cesser d’être classique vers toujours plus de liberté dans la forme. Entre Verlaine et Valéry, il est le plus remarquable des poètes français, le plus abondant aussi. Et les poèmes de la fin de la vie, contenus dans Vestigia Flammae et Flamma Tenax, ne sont pas les moins admirables. Henri de Régnier témoigna d’un égal talent de conteur (Contes à soi même (1893) et de romancier, avec La Double maîtresse — paru en 1900 et qui est un roman freudien avant l’heure — auquel vinrent s’ajouter Le Bon plaisir (1902), Le Mariage de minuit (1903), Les Vacances d’un jeune homme sage (1903), Les Rencontres de M. de Bréot (1904), Le Passé vivant (1905), La Peur de l’amour (1907), La Flambée (1909), La Pécheresse (1920), L’Escapade (1925), Henri de Régnier avait une prédilection pour le XVIIIe siècle où il puisait volontiers ses sujets, parfois scabreux, et dont même il pastichait le style. Critique littéraire également, il tint longtemps le feuilleton littéraire du Figaro. Admirateur de Mallarmé, aux « mardis » duquel il assistait régulièrement dans sa jeunesse, il avait été d’abord influencé par Leconte de Lisle et surtout par José Maria de Heredia dont il épousa, en 1896, l’une des filles, Marie, qui publia elle-même des poèmes sous le pseudonyme de Gérard d’Houville. Henri de Régnier a composé une œuvre originale dans laquelle se rencontrent le Parnasse et le symbolisme. En mars 1908, Henri de Régnier se présenta une première fois à l’Académie française, au fauteuil d’André Theuriet, mais c’est Jean Richepin qui enleva le siège, et l’on raconte que, rentré chez lui, le poète se laissa tomber dans un fauteuil en murmurant « José Maria » ! Il fut enfin élu, par 18 voix, le 9 février 1911, contre Pierre de Nolhac, au fauteuil de Melchior de Vogüé. C’est le comte Albert de Mun qui le reçut, le 18 janvier 1912. Le discours par lequel il s’acquitta de cette tâche, et qu’il prononça contre tous les usages, debout, prit les apparences d’un éreintement. Parlant des romans de Régnier, il déclara : « Je les ai lus, ces romans, je les ai tous lus et jusqu’au bout, car j’ai été capitaine de cuirassiers. Mais pour parler davantage, entre les graves images qui gardent notre Coupole, des aventures de vos Amants singuliers, des Rencontres de M. de Bréot et des Tentations de M. Nicolas de Galandot, convenez monsieur que je ne suis plus assez cuirassier... » Si les pointes à l’endroit du récipiendaire sont de coutume dans les réceptions académiques, on n’avait pas entendu de critique aussi ferme d’un nouvel élu depuis l’entrée d’Alfred de Vigny. Henri de Régnier devait recevoir à son tour Pierre de La Gorce en 1917, René Boylesve en 1919, Henri Bordeaux en 1920 et Pierre Benoît en 1932. Homme de suprême élégance et de détachement, Henri de Régnier dit à son lit de mort : « Je vous en prie, après moi, pas de société d’amis. » Il meurt le 23 mai 1936.

RÉGNIER (Marcel, Claude), 1867-1958 : Avocat et homme politique. Né le 16 février 1867 à Billy (Allier) Marcel Régnier devient avocat avant de s’intéresser à la politique. Militant radical, il se fait élire député radical-sicialiste de l’Allier de 1903 à 1910 puis maire de sa commune natale en 1904. Après son échec aux élections législatives de 1910, il devient chef de cabinet du ministre des Travaux publics Georges Desplas en 1917. Il tente en vain de se faire élire sénateur de la gauche démocratique mais n’est élu qu’en 1920. Entre temps, il était entré au conseil général en 1901 et en devient le président en 1915. Il reste au Sénat jusqu’en 1939 : Mis en échec par Max Dormoy, il abandonne au début de l’année 1939 la direction du Progrès de l’Allier. Il perd en 1928 la présidence du Conseil de l’Allier et n’appartient plus à cette assemblée depuis 1931. Rapporteur du budget en 1933, il est nommé ministre de l’Intérieur du 8 novembre 1934 au 31 mai 1935 dans l’unique cabinet Flandin. A ce titre, il tente, en vue des élections municipales de mai 1935, de rapprocher avec succès les radicaux et les membres de l’Alliance démocratique. Retrouvant son siège de sénateur, il est nommé ministre des Finances dans les cabinets Laval et Sarraut du 7 juin 1935 au 4 juin 1936. Il mène une vigoureuse politique déflationniste et, au moyen de 29 décrets-lois, qualifiés par ses adversaires de « décrets de famine », il baisse de 10% les traitements des hauts fonctionnaires et incite les entreprises privées à agir de même. Il majore de 50% les tranches supérieures de l’impôt sur le revenu, réduit les coupons de la dette publique et fait baisser les prix du pai, du charbon et des loyers. Malgré les débuts prometteurs de ces résultats, ces mesures dépopularisent à l’extrême le gouvernement Laval. Rallié au maréchal Pétain, il continue sa carrière politique pendant la guerre. Frappé d’inéligibilité à la Libération, il renonce à la vie politique et se reconvertit dans les affaires. Il décèdera à Paris le 27 juillet 1958.

REIBEL (Félix, Jules, Charles), 1882-1956 : Avocat et homme politique. Né à Vesoul (Haute-Saône) le 29 décembre 1882, Charles Reibel, docteur en droit et avocat est attaché au cabinet de Poincaré. Engagé dans le premier conflit mondial comme engagé, il obtient deux citations et la Légion d’honneur. Attaché au sous-secrétariat d’Etat Joseph Thierry en 1915, il est élu député de Seine-et-Oise de 1919 à 1936 et s’inscrit au groupe d’action républicaine. Nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères du 20 janvier 1920 au 15 janvier 1921 dans les deux premiers cabinets Millerand et le ministère Leygues, il devient ministre des Régions libérées du 15 janvier 1922 au 28 mars 1924 dans le second cabinet Poincaré. Il met alors un terme aux abus résultant de la loi sur les dommages de guerre, et tente de faire céder le président du Conseil à propos de la Ruhr. Ce dernier refuse de discuter avec l’Allemagne d’un avenir commun et revient aux négociations interalliées Son action est d’envergure puisqu’environ 340.000 habitations, 4.000 industries, 32.000 km de routes et 3.000 ouvrages d’art sont réparés ou reconstruits. Elu sénateur de Seine-et-Oise à partir de 1936, il décèdera à Paris le 26 juin 1956.

REILLE (René, Charles, François, baron), 1835-1898 : Officier d’état-major et homme politique. Né à Paris le 4 février 1835, fils du maréchal Reille, René Reille entre en politique sous le Second empire comme député du Tarn. Officier d’état major, Reille devient aide de camp du maréchal Neil au ministère de la Guerre puis décide de quitter l’armée. De nouveau député du Tarn de 1876 à sa mort, il se spécialise dans les questions militaires à la Chambre. Nommé sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur du 18 mai au 22 novembre 1877 dans le troisième ministère de Broglie, il décède à Paris le 21 novembre 1898

RÉMUSAT (),

RENARD (André, Marie, Jacques), 1861-1944 : Pharmacien et homme politique. Né à Nevers (Nièvre) le 14 juin 1861, André Renard, pharmacien de profession se fait élire député de la Nièvre de 1906 à 1924. Du 12 septembre au 16 novembre 1917, il est devient ministre du Travail dans le premier cabinet Painlevé. Président du comité interministériel chargé de la reconstruction du pays, il décèdera à Clamecy (Nièvre) le 11 octobre 1944.

RENARD (Jules), 1864-1910: Ecrivain. Jules Renard, né le 22 février 1864, à Châlons-du-Maine (Mayenne) est le fils de François Renard, entrepreneur de travaux, et de Anna-Rose Colin. En 1866, toutefois, il arrive dans la Nièvre à Chitry-les-Mines, pays de son père. Il peut donc, plus tard, écrire fort justement : « J'ai le droit de me dire enfant, enfant par le cœur, de Chitry-les-Mines. C'est bien là que sont nées mes premières impressions ». « Poil de Carotte » (troisième enfant de la famille, qui n'était pas désiré), comme le surnomme sa mère, vivra à Chitry son enfance dans une maison qu'il décrira comme « la plus belle, la plus frappante du village ». C'est toujours là qu'ensuite, de 1875 à 1881, pensionnaire à Nevers, il passera ses vacances scolaires. De fin 1881 à 1910, année de sa mort, Jules Renard résidera principalement à Paris. Il séjournera cependant le plus fréquemment possible dans la Nièvre, surtout à partir de 1886, date à laquelle il loue à Chaumot, commune limitrophe de Chitry, une maison, surplombant l' Yonne et le Canal du Nivernais, et qu'il baptisera "la Gloriette ". L'attachement de Jules Renard pour "sa petite patrie" le conduira à être élu conseiller municipal de Chaumot en 1899 puis maire de Chitry de 1904 à sa mort. Si sa vie est inséparable de Chaumot et de Chitry, son oeuvre littéraire en est tout autant imprégnée. Qu'il s'agisse de Poil de Carotte, son livre le plus connu, du Vigneron dans sa vigne, d'Histoires naturelles, de Bucoliques ou de son célèbre Journal, Renard puisera très souvent son inspiration dans la campagne nivernaise et parmi ses "frères farouches". Le 22 mai 1910 Renard meurt à Paris, des suites d'une artériosclérose. Il sera enterré civilement le 24 mai 1910 à Chitry-les-Mines.

RENAUDEL (Pierre), 1871-1935 : Homme politique. Fils d’instituteurs, Pierre Renaudel commence à s’intéresser à la politique durant ses études secondaires. Il fréquente alors les milieux radicaux, puis socialistes. Élève à l’école vétérinaire d’Alfort, il devient dreyfusard et ardent disciple de Jaurès. Après avoir assisté au congrès d’unification de Japy en 1899, il adhère à la 9ème section socialiste de la Seine où ses qualités le font aussitôt remarquer. Après l’échec de l’unification, il suit Jaurès au Parti socialiste français, et apparaît très vite comme un des chefs de l’aile gauche de ce mouvement, hostile à toute participation ministérielle et combattant pour l’unité socialiste. Délégué à la propagande du PSF, il parcourt la France pour y répandre les idées socialistes. Partisan de l’unification des deux partis socialistes, il approuve chaleureusement la proposition de fusion de l’Internationale et fait partie de la commission qui prépare et réalise la naissance de la SFIO, en 1905. L’année suivante, il entre à L’Humanité, dont il devient rédacteur sous la direction de Jaurès. Après deux échecs, il est élu au printemps 1914 député socialiste du Var. Avec le déclenchement de la geurre, Pierre Renaudel adhère à l’Union sacrée. Il est l’avocat de la politique de défense nationale contre les minoritaires socialistes dans les congrès du parti et surtout dans L’Humanité, dont il devient en 1915 le directeur politique. Il est alors un dirigeant de tout premier plan du parti socialiste, rédigeant les motions de la majorité dans les congrèsn définissant la ligne du parti dans ses éditoriaux. L’audiance des pacifistes minoritaires s’accroissant, il tente de préserver la participation socialiste à l’Union sacrée en s’efforçant, sans succès, d’obtenir un infléchissement de la politique gouvernementale. Redotant un éclatement de son parti, il doit consentir en septembre 1917, pour préserver l’unité, à accpter que les socialistes quittent le gouvernement. En juillet 1918, lorsque les adversaires de l’Union sacrée, conduit pas Jean Longuet, prennent la majorité, Renaudel figure parmi les vaincus. En septembre 1918, il doit abandonner aux hommes de la nouvelle majorité la direction politique de l’Humanité. Autre défaite, il perd en novembre 1919 son siège du député du Var. Enfin, dès 1920, ce défenseur de la Seconde Internationale réagit avec vigueur aux perspectives d’adhésion à l’Internationale communiste. Apparaissant désormais comme un des chefs de droite du parti, il est l’un des créateurs et des animateurs du Comité de résistance à l’adhésion de la IIIème Internationale, ce qui lui vaut d’être déclarée par celle-ci « traitre au prolétariat » et de figurer parmi les dirigeants socialistes dont Lénine exige l’élimination. Après la scission de Tours, Pierre Renaudel devient l’un des leaders de la SFIO maintenu. Il participe à la reconstitution de l’Internationale ouvrière socialiste et s’affirme comme l’un des dirigeants de l’aile droite du parti, aux côtés de Paul-Boncour et d’Alexandre Varenne, plaidant inlassablement, contre la gauche de Zyromski et le centre de Blum et de Paul Faure, pour la participation des socialistes aux gouvernements de gauche conduits par les radicaux. En 1924, il retrouve son siège de député du Var, auquel il est réélu en 1928 et 1932. Depuis 1921, il défend ses idées dans le journal La Vie socialiste qu’il dirige, guerroyant contre le splendide isolement politique d’un parti dont l’audience s’accroît dans l’opinion, mais qui fuit les responsabilités du pouvoir. Après les élections de 1932, son combat contre la majorité du parti et la non-participation l’amène à se rapprocher des néo-socialistes, bien qu’il ne partage pas leurs idées doctribales sur la nécessité de la révision du marxisme. Son prestige fait cependant de lui l’un des opposants les plus en vue et l’un des leaders du groupe des « néos ». Si bien qu’en novembre 1933, il est exclu du parti socialiste. Il devient alors l’un des animateurs du nouveau parti que forment les exclus, le Parti socialiste français-Union Jean Jaurès et accède à sa présidenc. Mais sa rupture avec un parti socialiste auquel il a consacré sa vie le traumatise profondément et ébranle sa santé. Dès 1934, il tombe malade et part se soigner aux Baléares. C’est là qu’il meurt l’année suivante. LEFRANC (G) : Le mouvement socialiste sous la IIIème République, Paris, Payot, 1963. LIGOU (D) : Histoire du socialisme en France (1871-1961), Paris, PUF, 1962.

RENAULT (Louis), 1877-1944 : Ingénieur et industriel. RENDU (Ambroise), 1874-1973 : Agriculteur et homme politique. Né à Paris le 29 décembre 1874, Ambroise rendu est le fils d’un ancien vice-président du conseil municipal de Paris. Licencié en droit et ingénieur agricole de l’école supérieure de Rennes. Il fait la Première Guerre mondiale et reçoit la médaille de Verdun et la croix de guerre. Elu député de la Haute-Garonne de 1919 à 1924, il forme, à la Chambre, avec Léon Daudet, Xavier Vallat, Xavier de Magallon et une douzaine d’autres monarchistes, le fer de lance des élus du bloc national. Il est, en outre, entre les deux guerres, l’un des principaux collaborateurs de L’Express du Midi. Il décèdera à Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) le 3 juillet 1973.

RENÉ-RENOULT (René Renoult, dit), 1867-1946 : Avocat et homme politique. Fils d'un militant républicain, René Renoult est huit fois lauréat du concours général. Il fait ensuite des études de droit, jusqu'au doctorat, et s'inscrit au barreau de Paris en 1888. Il s'engage très jeune dans la vie politique en qualité de secrétaire particulier puis de chef de cabinet du président de la Chambre des députés, Charles Floquet. En 1894, René-Renoult crée, avec Charles Floquet, Léon Bourgeois, René Goblet et Camille Pelletan le Comité central d'action républicaine, qui devient, après 1901, le comité directeur du Parti radical. René-Renoult est élu président du Parti radical en 1903, puis président d'honneur, en 1931. Il est l'auteur de la célèbre formule « Pas d'ennemis à gauche ! » De 1902 à 1919, il siège au Palais Bourbon comme représentant de la Haute-Saône se spécialisant dans les questions sociales et fiscales et assume à plusieurs reprises les fonctions de vice-président. Il joue par ailleurs un rôle important au sein de la commission de l'armée pendant toute la durée de la première guerre mondiale. Nommé sous-secrétaire d’Etat aux Finances du 24 juillet 1909 au 2 novembre 1910 dans le premier cabinet Briand, il devient ensuite ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 27 juin 1911 au 13 janvier 1912 dans l’unique ministère Caillaux. Ministre de l’Intérieur du 9 décembre 1913 au 17 mars 1914 dans le premier cabinet Doumergue, il remplace Caillaux aux Finances dans le même ministère jusqu’à sa chute le 8 juin 1914. Il est le rapporteur de la loi instituant l'impôt progressif sur le revenu, qui sera votée le 15 juillet 1914. Ministre des Travaux publics du 13 juin au 25 août 1914 dans le premier cabinet Viviani, René-Renoult est président de la commission de l'Armée pendant la Première Guerre mondiale. En 1920, ce franc-maçon est élu sénateur du Var, en remplacement de Georges Clemenceau, démissionnaire. Il le restera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, membre du groupe de la gauche démocratique, il appartient à la commission des Finances, de l'Armée, des Affaires étrangères, puis de la Législation civile. En 1921, il critique le rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican, décidée par le gouvernement de Bloc national. Garde des Sceaux dans le premier gouvernement Herriot du 14 juin 1924 au 16 avril 1925, du 28 novembre 1925 au 8 mars 1926 dans le huitième cabinet Briand et du 3 juin au 18 décembre 1932 dans le troisième ministère Herriot, il dépose un amendement visant à étendre les droits civils de la femme mariée. Il est ensuite rapporteur, au Sénat, de cet amendement, finalement concrétisé par loi du 18 février 1938 : la mention selon laquelle « la femme doit obéissance à son mari » est supprimée du code civil. Il défend aussi en juin 1924 le projet d’amnistie touchant certains déserteurs et condamnés de la Haute Cour. Plusieurs fois vice-président de la Haute Assemblée, il ne cesse, durant les années précédant la seconde guerre mondiale, de mettre en garde contre la menace d'une nouvelle agression allemande. Le 10 juillet 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui votent contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Après l'ajournement des Chambres, René-Renoult s'engage dans la lutte contre l'occupant et l'Etat français. En 1944, à Gap où il se cachait, il est arrêté et incarcéré à la prison des Baumettes, à Marseille. Libéré en 1944, René Renoult se retire de la vie politique après la Libération et décèdera à Paris le 25 avril 1946, à l'âge de 78 ans.

RENOIR (Auguste) 1841-1919 : Peintre.

RENOIR (Jean), 1894-1979 : Cinéaste. Jean Renoir, né le 15 septembre 1894 à Paris (quartier de Montmartre), est le second fils du peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir. Ses films, longtemps incompris et mésestimés, apparaissent aujourd'hui comme ayant profondément marqué les mutations du cinéma français entre 1930 et 1950, avant d'ouvrir la porte à la Nouvelle Vague du cinéma français. François Truffaut sera particulièrement influencé par Jean Renoir. Après des études médiocres, Jean Renoir s'engage dans le corps des dragons en 1912. Soldat en 1914, il sert dans l'aviation à partir de 1916. Il rapporte de la guerre une blessure à la jambe qui le fit boiter toute sa vie. En 1920, il épouse l'une des modèles de son père, Andrée Heuchling, et s'installa comme céramiste. La sortie, en 1921, du film d'Erich von Stroheim Folies de femmes (Foolish Wives) décide de la suite de sa carrière. Ses débuts sont marqués par l’intérêt qu’il attache à la technique, aux trucages et aux jolies femmes : « faire du cinéma c’est faire de jolies choses à de jolies femmes ». Puis se manifestera au fil des réalisations ce qu’il appelle le « sa philosophie personnelle » sans laquelle, ajoute-t-il, « on ne peut pas faire du bon cinéma ». Son premier long-métrage, la Fille de l'eau (1924), est une fable bucolique à l'esthétique impressionniste, dans lequel joue sa jeune épouse - qui avait pris le pseudonyme de Catherine Hessling - et son frère aîné, Pierre Renoir. L'accueil mitigé réservé au film ne décourage cependant pas le cinéaste, qui se lance peu après dans une production coûteuse, Nana (d'après Émile Zola, 1926), puis dans une série de réalisations aux inspirations très diverses (la Petite Marchande d'allumettes, d'après Andersen, (1928); Tire-au-flanc, comédie militaire, 1928; On purge Bébé, d'après Feydeau, 1931) qui ne surent pas toujours convaincre le public. La période réaliste La Chienne (1931) marque un tournant dans l'œuvre de Jean Renoir. C'est un des premiers films parlants, adapté d'un roman de Georges de La Fouchardière; la Chienne offrait à Michel Simon l'un de ses plus beaux rôles - celui d'un petit-bourgeois jaloux, assassin et veule. Après la Nuit du carrefour (d'après Georges Simenon, 1932), dans lequel Pierre Renoir interprétait le commissaire Maigret, le réalisateur tourne une série impressionnante de chefs-d'œuvre: Boudu sauvé des eaux (avec, de nouveau, Michel Simon, 1932), le Crime de M.Lange (avec Jules Berry, 1935), Une partie de campagne (1936, sorti en 1946) dont son neveu, Claude Renoir, signe la photographie, et les Bas-fonds (avec Louis Jouvet, 1936). Puisant son inspiration dans les romans de Gorki ou dans les nouvelles de Maupassant, Jean Renoir fait preuve d'un sens aigu du réel, qu'il met au service d'un véritable naturalisme poétique. Il fait peu à peu appel à des collaborateurs (Jacques Prévert, Roger Blin) qui donnèrent à sa production une dimension ouvertement politique, marquée par les idées du Front populaire: La vie est à nous, (1936); Le Crime de M. Lange, La Marseillaise, (1936). Cette tendance allait ouvrir la voie au néoréalisme italien. Avant la Seconde Guerre mondiale, Jean Renoir essaye, avec la Grande Illusion (1937), de promouvoir un message de paix, faisant tourner, en manière d'hommage, son père spirituel Erich von Stroheim aux côtés de Jean Gabin. Dans La Bête humaine (1937), il s'efforce de mettre en scène les enjeux sociaux de l'époque. Dans son chef-d'œuvre, La Règle du jeu (1939), il prévoyait l'effondrement des valeurs humanistes et brossait un tableau sans complaisance des mœurs de la société française. Exilé aux États-Unis en 1940 (laissant inachevée une adaptation de la Tosca par Victorien Sardou, qui sera finalement tournée par Carl Koch), Jean Renoir prend la nationalité américaine. S'il s'adapta difficilement au système hollywoodien, il réalisa néanmoins plusieurs films de commande, notamment des films de propagande (Vivre libre!/ This Land is mine, avec Charles Laughton en 1943; Salut à la France!/A Salute to France, 1944) et des adaptations littéraires (le Journal d'une femme de chambre/ The Diary of a Chambermaid, d'après Octave Mirbeau, 1946), avant de partir en Inde tourner le Fleuve (The River, 1951), film en couleurs, contemplatif et serein, d'un humanisme parfois désenchanté. Ce film eut une influence durable sur le cinéma indien lui-même. De retour en Europe au début des années 1950, Jean Renoir tourne encore le Carrosse d'or (d'après Prosper Mérimée, 1952), French Cancan (avec Jean Gabin et Françoise Arnoul, 1955), Elena et les Hommes (avec Ingrid Bergman et Jean Marais, 1956) et le Caporal épinglé (d'après Jacques Perret, 1962). Rencontrant des difficultés de plus en plus importantes à produire ses films, il se tourne alors vers la télévision (le Petit Théâtre de Jean Renoir, 1969-1971) et se consacre plus largement à l'écriture : il publie un livre sur son père, Renoir, mon père (1962), son autobiographie, Ma vie et mes films (1974), un essai (Écrits 1926-1971, 1974), quelques pièces de théâtre (Orvet, 1955) ainsi que plusieurs romans (les Cahiers du capitaine Georges, 1966 ; le Crime de l'Anglais, 1979). Il meurt le 12 février 1979 à Beverly Hills (Californie), De sa rencontre avec le Groupe Octobre fondé par Jacques Prévert en 1932, naît Le crime de Monsieur Lange, une œuvre cinématographique qui, selon l’expression de M. Ferro, intègre l’histoire au présent. I1 contribue ainsi à rendre le cinéma miroir d’une époque. En 1935, Jean Renoir, à la demande du parti communiste français accepte d’assurer la réalisation d’un film militant au titre en forme de slogan : La vie est à nous. Le but est clair : à l’occasion des échéances électorales d’avril 1936, il s’agit de convaincre les français de voter massivement pour le parti ouvrier. Le fond de l’air est rouge en ce temps là et Jean Renoir est plus que tout autre sensible à cette ambiance particulière. « J’ai vécu dans l’esprit exaltant du Front populaire. Il fut le moment où les François crurent vraiment qu’ils allaient s’aimer les uns les autres. On se sentait porté par une vague de générosité. » Il préside à la naissance de Ciné-Liberté, une association qui édite une revue, soutient un ciné-club et supporte une coopérative de production cinématographique. L’ambition de Ciné-Liberté « est d’éduquer le public et de rassembler l’élite des spectateurs ». Débordant d’activités multiples, il écrit en 1937, et dit le commentaire du film de J. Ivans Terre d’Espagne. On le retrouve aussi à la tête de l’équipe qui réalise le « premier film fait par le peuple et pour le peuple » : La Marseillaise., financée par une souscription populaire. Toutefois en 1937, il offre au monde son œuvre la plus célèbre, La grande illusion, qui est l’un des plus beaux films pacifistes qui soient. Le film sera interdit en Belgique, en Italie, en Allemagne. Il n’arrêtera pas la montée du fascisme ni la Seconde Guerre mondiale, mais marquera, avec La règle du jeu, réalisé en 1939, l’histoire du cinéma mondial. Après l’aventure du Front populaire, sans renier ses idéaux, tel « un gros oiseau », Jean Renoir ira « picorer au hasard les vergers les plus disparates ». C’est sa façon d’évoquer la suite ininterrompue des chefs d’œuvre qu’il réalise. Il s’engage dans la recherche d’une éthique, « une sagesse du plaisir ». Ses films ont toujours eu vingt cinq années d’avance et les leçons tant cinématographiques que spirituelles qu’ils nous lèguent sont loin d’être assimilées. Il meurt Etats-Unis à Beverly Hills (Californie), le 2 février 1977.

RENOULT (Daniel), 1880-1958. Journaliste. Né à Paris, le 18 décembre 1880, Daniel Renoult, issu d’une famille bourgeoise est élevé dans un milieu républicain, progressiste et cultivé. Fils d’un avocat et frère d'un ministre radical dans le gouvernement Aristide Briand, il contribue, dès 1906, avec Jean Jaurès, Jules Guesde et Édouard Vaillant au développement du parti socialiste unifié. Il est appelé, en 1908, au journal L'Humanité, où il tient, à partir de 1912, la rubrique parlementaire. Il est témoin de l'assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914. Il sert comme sergent d’infanterie au Proche-Orient. À l’issue du conflit, cet ardent pacifiste reprend sa profession de journaliste aux côtés de Gabriel Péri. En 1920, délégué au congrès de Tours, il vote pour la scission qui donne naissance au parti communiste français. Ce militant politique chevronné arrive à Montreuil en 1928. Il est élu une première fois en 1935 sur la liste communiste comme premier adjoint le 19 mai 1935, puis conseiller général de la Seine le 26 mai de la même année. Suspendu le 5 octobre 1939 en application d’un arrêté du ministre de l’Intérieur qui dissout tous les conseils municipaux communistes de la Seine et de la Seine et Oise, il annonce qu’il continuera à tenir sa permanence de conseiller général. Mais le 26 octobre 1939, le parti communiste est dissous. L’Assemblée nationale vote la déchéance de ses élus le 16 janvier 1940. Daniel Renoult, est arrêté le 14 février 1940 à Paris XX°, interné au camp de Baillet, transféré à l'île d'Yeu en avril 1940, écroué à la prison de la santé le 10 juin 1940, il s’évade en 1944. Continuant sa carrière après la Libération, il décèdera à Paris le 17 juillet 1958. RÉPARATIONS : Les réparations imposées par le traité de Versailles à l’Allemagne furent la partie la plus critiquée du traité et empoisonnèrent les relations franco-Allemandes jusqu’à leur disparition dans la crise en 1932. L’idée apparue en 1916 dans les buts de guerre définis par Briand. A la demande de Clemenceau, mais avec l’accord de tous les Alliés, le principe de « réparations de tous les dommages » fut inscrit dans le texte de l’armistice du 11 novembre 1918. La raison principale en était que la France et la Belgique avaient servi de champs de bataille pendant plus de quatre ans, que les Allemands avaient exploités sans ménagement les territoires occupés et procédé à des destructions avant de les évacuer, alors qu’en Allemagne, où l’on ne s’était pas battu, il n’y avait eu aucune destruction. Italiens, Américains et Britanniques avaient réussi des droits à faire valoir, notamment pour ces derniers de la destruction de leur flotte de commerce par la guerre sous-marine allemande. Pendant la conférence de paix en 1919, les Alliés d’accord sur le principe, ne trouvèrent pas un accord sur le montant des réparations et les modalités du recouvrement de cette dette imposée à l’Allemagne. La France, espérant d’abord que la solidarité entre Alliés continuerait après la guerre, y compris sur le plan financier, au moins le temps de la reconstruction, se serait contentée d’un chiffre raisonnable. Mais la cessation de l’aide financière anglaise et l’interruption des crédits américains dès 1919 amenèrent la France à raidir sa position, d’autant que le président américain Wilson refusa toute perspective de diminution des dettes des Alliés, donc de la France, à l’égard des Etats-Unis, et même toute perspective de liaison entre les réparations allemandes et les dettes interalliées. Le 15 mars 1919, une commission d’experts français (Loucheur), anglais et américains était tombée à peu près d’accord sur le chiffre de 120 milliards de marks-or, correspondant approximativement aux dégâts matériels, chiffre que la Premier Ministre anglais Llyod George, faisant de la surenchère, refusa ; il demanda que l’on inscrivît au compte des réparations les pensions, voire les frais de guerre. Cette surenchère en provoqua d’autres et on arriva très vite à des chiffres astronomiques et surtout irréalistes. On aboutit à une solution bâtarde, qui fut sans conteste néfaste : le principe de l’obligation de l’Allemagne à réparer était établi, mais était fixé ni le montant, ni l’échéancier, ni les modalités de recouvrement de la dette. C’est ce que les Allemands ne cessèrent d’appeler le « chèque en blanc » ; leur ressentiment contre le « tribut » était aggravé par la rédaction de l’article 231 du traité de Versailles qui voulait fonder en droit les réparations sur « les dommages subis (…) en conséquence de la guerre, qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés ». L’opinion publique allemande, dans sa presque totalité, vit dans cette phrase un mélange hypocrite de moralisme trompeur et d’appétit financier réel ; cette interprétation trouva des oreilles complaisantes jusqu’en France ; la critique contre cette phrase s’étendit souvent au traité tout entier. Une « Commissions des Réparations » était créée, interalliée et sans participation allemande, qui devait fixer au 1er mai 1921 le montant des réparations. L’Allemagne devant, avant cette date, payer un forfait de 20 milliards de marks-or à déduire du chiffre final. A coup sûr, les Alliés eussent été mieux inspirés d’accepter l’offre que leur firent les Allemands avant la signature du traité, d’un chiffre forfaitaire de 100 milliards de marks-or, chiffre déjà considérable et offre par laquelle l’Allemagne reconnaissait implicitement ses torts. Le traité prévoyait aussi que le paiement pourrait s’effectuer par des livraisons en nature : flotte marchande, batellerie et surtout charbon, dont les obligations chiffrées étaient fixées. Ces livraisons eurent surtout lieu dans les premières années pour compenser le manque à produire des mines du Nord et du Pas-de-Calais, noyées par les Allemands avant leur départ, et pour permettre de fonctionner au vaste potentiel sidérurgique que les Allemands avaient implanté en Lorraine annexée et qui devint français par séquestre de l’Etat français et cession par celui-ci des entreprises sidérurgiques françaises, début d’un sévère conflit entre sidérurgie allemande et française. Début aussi d’un conflit entre Français et Anglais, les charbons allemands rentrant en France au titre des réparations chassant du marché français les traditionnels charbons anglais. A la conférence de Spa, en juillet 1920, Alliés et Allemands se retrouvèrent pour la première fois depuis Versailles ; les exigences de livraison de charbon furent diminuées ; la répartition entre Alliés des versements allemands fut établie, la France devait recevoir 52% du total, avantage qui avait son revers, l’affaire des réparations devenant d’abord une affaire franco-allemande. Alliés et Allemands de parviennent pas à tomber d’accord sur le chiffre total, les Alliés réunis à Londres en mai 1921, décidèrent d’exiger de l’Allemagne par ultimatum qu’elle accepte le chiffre que venait de calculer la Commission des Réparations, 132 milliards de marks-or ; du côté français, cette décision fut le fait d’Aristide Briand. L’Allemagne céda. Il s’engagea même entre Loucheur et l’industriel allemand Rathenau, ministres de la Reconstruction des gouvernements français et allemand, des négociations qui aboutirent aux accords bilatéraux de Wiesbaden d’octobre 1921, qui envisageaient que l’Allemagne se libère de sa dette à l’égard de la France par un vaste programme de livraisons en nature pour la reconstruction des régions dévastées. Le projet échoua parce que Rathenau, furieux de l’appui donné par la France aux Polonais dans le partage de la Haute Silésie, démissionna, et parce que la diplomatie britannique mobilisa les inquiétudes des autres Alliés contre un bilatéralisme franco-allemand trop poussé. Entre temps, l’Allemagne était tombée dans la spirale d’une inflation qu’elle ne pouvait plus maîtriser. Les réparations en furent rendues responsables, de façon très excessive, mais l’exploitation de l’argument était politiquement rentable. A partir de décembre 1921, l’Allemagne multiplia les demandes de moratoires. L’affaire contribua à la chute de Briand à l’occasion de la conférence de Cannes et au retour de Poincaré à la présidence du Conseil. Le 12 juillet 1922, le gouvernement allemand demanda un moratoire général pour tous ses versements de l’année. Dans une réunion des Alliés à Londres, en août, Poincaré exigea que pour accorder à l’Allemagne le moratoire général qu’elle demandait elle devait fournir des gages, essentiellement des mines de charbon et des participation au capital de l’industrie chimique allemande. Devant le refus anglais, le gouvernement français décida avec le gouvernement belge de saisir la Ruhr en 1923. Le 13 novembre 1923, ayant gagné techniquement l’épreuve de force, Poincaré reprit l’idée du président Coolidge de faire évaluer par une commission d’experts la capacité réelle de paiement de l’Allemagne. C’était réinternationaliser le problème. I y eut deux comités, l’un présidé par l’américain Dawes, qui prépara un plan rationnel de paiement par l’Allemagne des réparations, l’autre présidé par le banquier anglais Mac Kenna, chargé d’estimer la fortune allemande évadée à l’étranger et convertie en devises (l’équivalent de 6, 8 milliards de marks-or). Le 16 avril 1924, l’Allemagne accepta le plan Dawes, la France de Poincaré, quant à elle, accepta le 25 avril. Le plan Dawes ne diminuait pas le montant total des réparations ; Poincaré avait tenu à le conserver comme carte dans la négociation qui restait à mener avec les Etats-Unis sur les dettes interalliées ; c’était un plan provisoire, prévoyant un accroissement progressif des versements allemands, montant en cinq ans d’un milliard à 2, 5 milliards de marks-or par an. Il était même prévu que la première année l’Allemagne bénéficierait d’un prêt étranger de 800 millions de marks-or pour relancer la machine : elle reçut, surtout des Etats-Unis des crédits, les capitaux disponibles étant attirés par le Reichsmark, nouvelle monnaie créée par Schacht en août 1924 à la parité du mark-or du 1er août 1914. C'est-à-dire que, de 1924 à 1929, les réparations furent régulièrement versées à la France, sans difficulté pour l’Allemagne. La machine tournait su bien que l’on pensa – avant la crise – préparer un plan définitif, ce dont fut charger la nouvelle commission présidée par l’Américain Young. Ce plan Young, négocié entre les Alliés et l’Allemagne, prévoyait le partage du restant de la dette en deux fractions, l’une que l’Allemagne devrait de toute manière payer, de 621 millions de Reichsmarks par an jusqu’en 1966, l’autre d’annuités d’un montant variable devant s’échelonner jusqu’en 1988. On se gaussa beaucoup par la suite de ces dates ; il n’importe de voir que les accords conclus entre temps avec les Etats-Unis pour le remboursement des dettes interalliées prévoyaient des paiements jusqu’à cette même date de 1988 et que le montant de cette seconde fraction de dette allemande correspondait exactement au montant des dettes de guerre que les pays européens bénéficiaires des réparations allemandes avaient à l’égard des Etats-Unis. Sans qu’un lien formel fut établi, le plan Young préparait une liaison des réparations allemandes et des dettes interalliées. A cet effet fut créée la Banque des règlements internationaux de Bâle, qui existe toujours. A la Conférence de La Haye d’août 1929, Alliés et Allemands décidèrent conjointement le lancement du plan Young et l’évacuation anticipée de la Rhénanie. La crise de 1929-1932 fit voler tous ces projets en éclats. Dès l’automne 1929, Hitler lança une furieuse campagne de propagande rendant les réparations et le traité de Versailles responsables du malheur de l’Allemagne. Les versements du plan Young furent suspendus provisoirement en juillet 1931 (moratoire Hoover), et définitivement à la conférence de Lausanne en juillet 1932, dans un dernier effort pour tenter de sauvegarder la République de Weimar. La tragi-comédie des réparations était terminée ; elle avait coûté politiquement très cher à la France ; elle lui avait rapporté l’équivalent de neuf milliards de marks-or (versements et livraisons en nature), ce qui laissa aux contribuables français 60 à 70% des frais de reconstruction des régions dévastées. SAUVY (Alfred) : Histoire économique de la France entre les deux guerres, Paris, Fayard, 1984. WEILL-RAYNAL (Étienne) : Les réparations allemandes en France, Paris, 1947. CASTILLON (Richard) : Les réparations allemandes, deux espériences, 1919-1932, 1945-1952, Paris, 1953 BARIÉTY (Jacques) : Les Relations franco-allemandes après la Première Guerre mondiale, Paris, 1977. ARTAUD (Denise) : La question des dettes interalliées et la reconstruction de l’Europe, 1917-1929. KEYNES (John, Maynard) : Les conséquences économiques de la paix, Paris, 1920. MANTOUS (Étienne) : La paix calomniée, Paris, 1946.

RÉPUBLICAIN JACOBIN (Le) : Journal de gauche fondé en 1932 par Jean Sennac. Son rédacteur en chef est la radical Gabriel Cudenet.

RETRAITES OUVRIÈRES ET PAYSAN-NES (Lois sur) : La loi sur les retraites ouvrières et paysannes est adoptée par la chambre et le Sénat le 5 avril 1910. L’institution de la caisse nationale des retraites pour la vieillesse, l'allocation de subventions aux sociétés de secours mutuels assurant des retraites à leurs membres, l'organisation en 1905 de l'assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables sont autant de précédents de la loi du 5 avril 1910. Depuis le dépôt, en 1879, de la proposition Martin Nadaud tendant à instituer des retraites ouvrières, deux projets avaient été présentés par le gouvernement, ainsi que de nombreuses propositions émanant des abbés Lemire, et Gayraud (1901), de Millerand et Guieysse (1902), de Vaillant (1902), etc. Le vote de la loi. Le texte adopté par la Chambre avait soulevé au Sénat des critiques d'ordre fiscal que le gouvernement avait reconnu fondées et la commission compétente, présidée par Cuvinot, fit subir au projet de profondes modifications; mais le ministre du Travail, René Viviani, soutenu par Ribot et Monis, réussit à persuader la haute assemblée, qui décida de passer à la discussion des articles. La première délibération s'acheva le 12 février 1910, et l'ensemble de la loi fut définitivement adopté en seconde lecture, le 22 mars, par 280 votants contre 3. La Chambre ayant adopté sans modifications le texte du Sénat, la loi put être promulguée le 5 avril 1910. Entre le système allemand de l'obligation et le système belge de la " liberté subsidiée ", le Parlement français adopta un système transactionnel : il institua l' assurance obligatoire pour certaines catégories de travailleurs et en admit d'autres au bénéfice facultatif de la loi : Le bénéfice de l'assurance obligatoire est accordé aux salariés des deux sexes de l' industrie, du commerce, des professions libérales et de l' agriculture, aux serviteurs à gages, aux salariés non pensionnés de l' État des départements et des communes (1), pourvu que leur rémunération annuelle ne dépasse pas 3 000 francs. Toutes les personnes d'une même famille, y compris les femmes et les enfants, sont obligatoirement assurées si chacune d' elles réunit les conditions prévues par la loi. La retraite de vieillesse (2) est constituée par les versements obligatoires et facultatifs des assurés et par les contributions des employeurs, auxquels viennent s'ajouter des allocations viagères de l'État. Les versements obligatoires des salariés, comme les contributions des employeurs, sont établis sur les bases suivantes : les versements annuels seront de neuf francs (9 fr.) pour les hommes, six francs (6fr.) pour les femmes et quatre francs cinquante centimes (4 fr. 50) pour les mineurs au-dessous de dix-huit ans, soit par journée de travail : trois centimes, deux centimes et 1 centime cinq millièmes. La contribution de l'employeur reste exclusivement à sa charge, toute convention contraire étant nulle de plein droit. En imposant aux assurés le versement d'une contribution, le législateur a voulu encourager l'habitude de la prévoyance. En dehors de ses versements obligatoires, l'assuré a le droit d'effectuer des versements facultatifs pour augmenter le montant de sa retraite. Le capital qui sert à constituer la pension de retraite d'un assuré est formé par l'accumulation de ses versements annuels et de la contribution patronale, L'état ajoute à la pension que s'est acquise l'assuré une allocation viagère. La loi admet à l'assurance facultative les fermiers, métayers, cultivateur, (propriétaires, exploitants), artisans et petits patrons travaillant seuls ou avec un seul ouvrier ou avec des membres de leur famille, salaries on non et vivant sous le même toit ; les membres non salariés de la famille de ces assurés ; les femmes et veuves non salariées des assurés obligatoires et des assurés facultatifs; enfin tous les salariés dont le gain annuel est supérieur à 3 000 francs, mais n'excède pas 5 000 francs. La loi du 5 avril 1910 autorise le maintien ou la création (par décret) des caisses de retraites ou des règlements de retraites institués en faveur des salariés non pensionnés de l’Etat, des départements et des communes. L'âge normal de la retraite, fixé d'abord à 65 ans, fut ultérieurement abaissé à 60 ans. L'assuré a la faculté, d'en ajourner la liquidation jusqu'à l' âge de 65 ans ; il peut, par contre, la demander à 55 ans, mais la rente viagère correspondant aux versements est, dans ce cas, naturellement plus faible (Loi du 27 février 1912). La loi du 27 février 1912 a porté de 60 francs à 100 francs le montant de l'allocation annuelle accordée par l'État à tout assuré âgé de 60 ans qui a, pendant sa carrière, effectué 30 versements annuels. L'allocation est bonifiée d'un dixième pour tout, assuré ayant élevé au moins trois enfants jusqu'à l'âge de 16 ans. Pour les hommes ayant fait leur service militaire, le nombre de versements obligatoires est réduit en proportion du nombre d'années de présence sous les drapeaux; pour les femmes, chaque naissance d'enfant compte pour une année d'assurance pour se fixer un ordre de grandeur, en octobre 1910 les cheminots se mettront en grève pour obtenir un salaire journalier de 5 francs soit pour 300 jours de travail un salaire annuel de 1500 francs. Au 1er janvier 1912 on dénombre 2 560 000 assurés obligatoires et 360 000 assurés facultatifs.

RÉVILLE (Marc), 1863-1920 : Avocat et homme politique. Né à Rotterdam (Pays-Bas) le 19 juin 1863, Marc réville, fils de pasteur protestant devient avoca et publisciste. Marc Réville est élu député du Doubs de 1903 à 1919. Nommé président de la commission du Commerce à la Chambre, il est remarqué par Ribot qui le nomme ministre du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes dans son quatrième ministère du 9 au 13 juin 1914. Retrouvant son banc de député, il participe activement à l'amélioration de la législation du travail et sera partisan de la décentralisation administrative et de la création d'assemblées régionales. Il décède à Paris le 19 octobre 1920.

REVUE CATHOLIQUE ET ROYALISTE : Publication mensuelle paraissant avant la Première Guerre mondiale. Fondée en 1901 sous le patronage du général de Charrette, elle a pour principaux collaborateurs : le Comte H. de Larègle, délégué du duc d’Orléans, A. de la Brunetière, le vicomte Henri de France, Tancrède de Visan, Th. De la Loge d’Ausson, Paul Bourget et La Tour du Pin.

REVUE COMMUNISTE (La) : Publication mensuelle publiée en 1920.-1921 par Charles Rappoport, un journaliste de L’Humanité, qui appartient au premier comité directeur du parti communiste (1920).

REVUE INTERNATIONALE DES SOCIETES SECRETES : Publication antimaçonnique fondée en 1912 par Mgr Jouin, curé de Saint-Augustin Y collaborent, outre le fondateur : Charles Nicoullaud, spécialiste de l’occultisme, l’abbé Boulin, l’abbé Richard, Pierre Loyer dit Leroy, l’abbé Dulac, Jacques de Boistel, l’avocat Colmet-Daage, Georges Ollivier et Mlle de Verrières. Après la mort de Mgr Jouin, en 1932, la revue ainsi que la ligue franc-catholique dont elle est l’organe officiel sont dirigées par le chanoine Schaeffer, curé de Saint-Lambert de Vaugirard. Lue dans le monde entier, son tirage reste cependant modeste, ne dépassant pas quelques milliers d’exemplaires. Tantôt mensuelle, tantôt bimensuelle, elle paraît de 1912 à 1939, avec une interruption de cinq pendant la Première Guerre mondiale.

REVUE DU SIÈCLE (La) : Publication de droite qui connaît maints avatars. En 1934, elle paraît sous la direction de Jean de Fabrègues et a pour principaux collaborateurs : René Vincent, Jules Roy, Pierre Loyer, Jacques Saint-Germain, Charles Mauban. La Revue du Siècle se déclare « contre la démocratisme, contre l’absurdité du gouvernement du nombre ; pour les véritables libertés dans l’ordre politique » et « contre la matérialisme capitaliste, contre l’asservissement des hommes à l’argent ; pour une économie humaine ».

REVUE SOCIALISTE (La) : La Revue socialiste est créée par Benoît Malon (1840-1893) à son retour d’exil en 1880. Vite interrompue, elle reparaît de 1885 à 1914. Cet ancien communard d’origine rurale, autodidacte, voulait en faire le trait d’union entre les différentes tendances socialistes et exprimer un socialisme indépendant, plus réformiste que révolutionnaire.

REYNAUD (Paul), 1878-1966 : Né à Bercelonnette, dans les Basses-Alpes, le 15 octobre 1878, Paul Reynaud est issu d’une famille de la bourgeoisie marchande aisée. Son père, Alexandre Reynaud avait choisi, dès l’âge de 17 ans, de rejoindre la colonie des « Barcelonnettes » installée au Mexique depuis 1820. Revenu en France à l’âge de 35 ans, fortune faite, il épousa la fille du banquier Gassier, conseiller général et maire à Bercelonnette. En 1883, la famille Reynaud s’installe à Paris. Reçu bachelier en philosophie, il s’inscrit à la faculté de droit et y passe sa licence. Parallèlement à la faculté de droit, il est inscrit à l’Ecole des hautes études commerciales. De cette période, on ne lui connaît pas d’engagement politique actif, hormis un attachement à la cause dreyfusarde qu’il reconnaîtra avoir eu. Après avoir effectué son service militaire au 37ème régiment d’infanterie de Nancy, il prépare son doctorat tout en exerçant la charge de clerc chez un avoué parisien. Reçu docteur en droit avec une thèse sur les concordats des sociétés anonymes, il décide, avant de s’inscrire au barreau de Paris, d’entreprendre, avec l’accord de son père, un voyage autour du monde. Parti de la France en janvier 1906, il visita entre autres les Etats-Unis, le Mexique, le Japon, la Chine, la Russie. De retour à Paris, il s’inscrit au barreau après avoir été durant une année avocat auprès du tribunal de commerce. En 1910, il est élu premier secrétaire de la Conférence des avocats et choisit pour la séance solennelle de rentrée de prononcer un hommage au ministre républicain Waldeck-Rousseau. Face à la désapprobation des membres conservateurs de la Conférence, il devra y renoncer mais fera publier son texte aux Editions Grasset en 1913. Même s’il eut quelques affaires importantes à traiter, dont par exemple la défense de certains membres de la bande à Bonnot, Paul Reynaud se sent de plus en plus attiré par la politique : en 1913, il est élu à l’unanimité des votants moins deux voix conseiller général du canton de Saint-Paul (Alpes-de-Haute-Provence) en remplacement de son père. Toutefois, l’année suivante, il échoue à Gap comme candidat modéré aux élections législatives, son attachement à la loi des trois ans de service militaire ayant joué un grand rôle dans la défaite. A la déclaration de guerre, il est nommé sous-lieutenant affecté au commandement d’une section sanitaire. En août 1918, le gouvernement demande à chaque conseil général son avis sur un projet de réforme administrative. Reynaud, qui est toujours conseiller général, est désigné par ses collègues comme rapporteur. Son texte est adopté à l’unanimité par l’Assemblée départementale qui vote même un crédit spécial pour que le texte de Paul Reynaud soit publié et diffusé à tous les élus et instituteurs de la région. Il est vrai que, dans ce texte, Paul Reynaud était allé bien au-delà de la question posée puisqu’il y dressait en fait les perspectives de ce que devait être selon lui l’après-guerre en France. Il s’agit là de son premier écrit politique d’envergure nationale. Au printemps 1918, il est envoyé en Sibérie où stationnent des troupes françaises et britanniques depuis la prise du pouvoir en Russie par les bolcheviks. Au long de son voyage, il profite de ses étapes pour nouer des contacts aux Etats-Unis, au Japon et même en Mandchourie. De retour en France à la fin 1919, il présente au président du Conseil Georges Clemenceau un rapport très complet de la situation politique en extrême Orient. Au mois de novembre 1919, il est élu à la Chambre bleu horizon, la « plus brillante que la France ait eue depuis l’Assemblée nationale de 1871 », écrira-t-il plus tard dans ses mémoires. Au sein du Bloc national, il siège au groupe d’Action républicaine et sociale comme la plupart des nouveaux jeunes députés modérés parmi lesquels André Tardieu et Georges Mandel avec qui il se lie d’amitié. Très vite, Reynaud apparaît comme l’un des membres les plus actifs de cette assemblée, siégeant dans de nombreuses commissions (dont celle des affaires étrangères), déposant de nombreux projets de lois, rapporteur pour beaucoup d’autres. Dès son élection, ce sont les questions touchant l’économie et les affaires étrangères qui retiennent principalement son attention et, au premier chef, la question du paiement des réparations allemandes. Partisan de faire payer l’Allemagne, il interpelle le gouvernement Poincaré, car selon lui la démarche adoptée par le gouvernement n’est pas la bonne. Dans son esprit, le seul moyen véritable de faire payer l’Allemagne est de l’obliger à relever elle-même les ruines qu’elle a provoquées sur le sol français. L’Allemagne paierait ainsi ses propres entrepreneurs qui viendraient travailler en France. Même si son projet n’est pas retenu, il votera néanmoins en 1923 l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises, non pas dans un esprit de revanche ou comme une humiliation envers le vaincu, mais comme un préalable obligatoire à la réconciliation qui doit s’engager nécessairement entre la France et l’Allemagne. La campagne qui s’ouvre en perspective des élections législatives de 1924 est dominée par la question des réparations. Reynaud axe surtout son combat contre le cartel des gauches d’Edouard Herriot. Néanmoins sa liste est battue par celle des radicaux-socialistes ; il perd ainsi son siège de député. En avril 1925, au banquet de clôture du congrès de l’Alliance démocratique (devenu pour un moment Parti républicain démocratique et social) dont Paul Reynaud est l’un des responsables nationaux, il dresse un réquisitoire implacable contre la politique menée par Edouard Herriot. Ce discours contribue l’année suivante à le faire désigner aux cotés d’Henri de Kerillis, homme marqué à droite et principal animateur du journal L’Echo de Paris, candidat pour le deuxième secteur de la Seine pour l’élection partielle qui doit avoir lieu. Opposé essentiellement à la liste communiste menée par Jacques Duclos et bien qu’arrivés en tête au premier tour, Reynaud et Kerillis sont battus de justesse au second tour. A la fin de son mandat en 1924, le député Reynaud s’était préoccupé d’une nouvelle question : la défense nationale. Dans ce domaine, sa conviction est qu’il faut doter le pays non pas d’une armée défensive mais d’une armée à caractère offensif car l’idée d’un front inviolable (ligne Maginot) n’est qu’un leurre dangereux. Il faut donc à l’armée une force mécanique capable d’actions rapides et puissantes. « Nous n’avons pas l’armée de notre politique », commence-t-il à répéter dès cette époque. D’ailleurs, en avril 1924, il publie dans La Revue hebdomadaire un article qui devait se trouver tragiquement prophétique : « on verra l’Allemagne, armée de nouveau, détruire la Pologne, pour tendre, par-dessus son cadavre, la main à l’armée rouge. » Dans la perspective des élections de 1928, une délégation des comités de républicains nationaux du 2ème arrondissement de Paris vient lui offrir l’investiture. Dans sa campagne, Paul Reynaud, restera le député du 2ème arrondissement de Paris jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. A la fin des années 1920, l’ancienne génération politique de Briand, Poincaré, Caillaux, cède la place à une nouvelle génération. Pierre Laval, Pierre-Etienne Flandin, André Tardieu et Paul Reynaud en font partie. D’ailleurs, dès son retour au Palais-Bourbon, Reynaud est considéré comme l’un des principaux chefs de la majorité de centre droit qui s’organise progressivement non plus autour de Raymond Poincaré mais autour d’André Tardieu Dans un discours radiodiffusé en avril 1932, Reynaud déclarait : « « Le chef, nous l’avons et nous en sommes fiers. Le pays sait que pour défendre ses intérêts André Tardieu est le meilleur. » Entré à la commission des Finances, la première grande bataille que mènera à la tribune le député de Paris durant cette législature fut pour soutenir la ratification des accords Mellon-Beranger au sujet du remboursement de la dette française aux Etats-Unis, signé deux ans auparavant par les deux pays. Favorable à la ratification au nom du respect des engagements pris par la France, Paul Reynaud s’aliène à la fois à l’extrême droite et la gauche, toutes deux farouchement hostiles à ces accords. Il est accusé par l’Action française « d’avoir passé le lacet américain au cou de la France muselée. » Preuve qu’il est devenu un homme politique en vue, les cabales se déchaînent contre lui. En septembre 1929, il est accusé d’avoir pris contact avec des chefs du Casque d’acier, mouvement nationaliste allemand d’anciens combattants, pour envisager une alliance militaire entre l’Allemagne et la France. Pour cela, il aurait promis la résurrection de la Reichswehr et la restitution à l’Allemagne du couloir de Dantzig. Menacé d’un envoi en Haute Cour de justice pour trahison, il se disculpera complètement lors du débat sur le budget du ministre des Affaires étrangères fin 1929. En mars 1930, il occupe pour la première fois une fonction ministérielle dans le second cabinet Tardieu comme ministre des Finances, poste qu’il occupera jusqu’au 4 décembre 1930. Dès son arrivée au ministère, il doit faire face à la chute boursière et à la crise financière qui s’ensuit. Il met le pays en garde contre la mondialisation de la crise mais à l’époque, ses avertissements restent sans suite. Son passage Rue de Rivoli est surtout marqué est surtout marqué par une véritable politique d’investissements. Le cabinet Tardieu ayant été renversé en décembre 1930 par le Sénat, il entre le 27 janvier 1931 dans le cabinet Laval avec cette fois la charge de ministère des Colonies, il faut essentiellement retenir la promulgation de toute une série de lois visant à réformer les finances coloniales durement touchées par la crise économique. D’autre part, il sera le premier ministre français des Colonies à se rendre en Indochine où il déclare « émerveillé de l’œuvre de la France. » Dans le même temps, il ordonne la répression contre les nationalistes indochinois, ce qui lui vaudra l’hostilité farouche du PCF pendant longtemps. Le 6 mai 1931, il inaugure l’Exposition coloniale qui s’ouvre à Paris. Cette manifestation de grande envergure aura été pour lui l’occasion de se lier d’amitié avec celui qui en fut le commissaire général, le maréchal Lyautey. A la chute de Laval, il entre dans le nouveau cabinet Tardieu (qui restera en place jusqu’aux élections de 1932), où il reçoit le titre de vice-président du Conseil et la charge de Garde des sceaux et du contrôle des administrations publiques. C’est dans un sentiment d’inquiétude généralisée que s’ouvre la campagne électorale de 1932. Reynaud est, quant à lui, réélu député, sans difficulté. La victoire du second Cartel des gauches le rejette dans l’opposition. Sur le plan politique, après avoir quitté le groupe parlementaire des Républicains de gauche animé par Pierre-Etienne Flandin, André Tardieu crée celui du Centre républicain. Reynaud l’y suit et devient vice-président de ce groupe qui compte à peine trente députés. Durant cette législature, Paul Reynaud va mener le combat dans deux domaines principaux : la défense et l’économie. Convaincu que l’on a à faire à une crise mondiale, il s’engage le premier dans une lutte périlleuse qui consiste à demander la dévaluation. Le 28 juin 1934, il emploie pour la première fois le mot encore tabou de dévaluation ; sa déclaration fait alors l’effet d’une véritable bombe. Le directeur de la Caisse des dépôts va même jusqu’à déclarer : « s’il y avait un gouvernement, M. Paul Reynaud serait arrêté dès ce soir. » Rencontrant même une franche hostilité au sein de ses propres amis politiques (au premier rand desquels André Tardieu), le député de Paris ne reçoit que quelques encouragements comme celui de Paul Claudel, alors ambassadeur de France en Belgique. Son deuxième combat concerne la défense de la France. Le 5 décembre 1934, il rencontre pour la première fois un lieutenant-colonel de chasseurs à pied venu lui exposer ses vues en matière de défense afin qu’il puisse les défendre au Palais-Bourbon. Enthousiasmé par les thèses que développe de Gaulle, c'est-à-dire la mise en place rapide d’un corps cuirassé, Paul Reynaud profite d’un débat sur la défense nationale pour aborder le sujet. Mais le contre-projet qu’il dépose est rejeté à l’unanimité par la commission car jugé « contraire à la logique et à l’histoire ». En 1935, Reynaud mêle sa voix à celle de Léon Blum pour dénoncer la politique de faiblesse qui est celle de Laval envers Mussolini dans l’affaire éthiopienne. Le but d Reynaud étant de faire entrer l’Angleterre dans le jeu de défense contre les dictatures italienne et allemande. Cette nouvelle prise de position, certes courageuse et réaliste mais politiquement dangereuse, lui vaut l’inimité croissante de certains membres de sa famille politique. Sa rupture avec André Tardieu date de cette période. C’est donc avec l’opposition de gauche mais aussi d’une partie de la droite (en particulier l’Action française qui le harcèlera pendant toute sa campagne) que doit mener le combat pour sa réélection à Paris en 1936 celui que ses adversaires surnomment désormais « Reynaud-la-guerre ». Bénéficiant de quelques soutiens comme ceux de Paul Claudel, Charles de Gaulle ou bien encore Maurice Schumann alors jeune journaliste d’Havas en poste à Londres, Reynaud n’est réélu que de justesse au second tour avec seulement vingt-sept voix d’avance. Durant toute sa campagne, il a du subir le harcèlement quotidien des Camelots du roi. En revanche, sa participation a de nombreuses soirées « Pots-au-feu » organisées par des sympathisants du secteur des halles acheva de le rendre populaire dans ce vieux quartier de Paris. C’est avec une conception qui lui est propre qu’il va combatte la politique de Léon Blum et du Front populaire puisque, dans une interview accordée à France-Soir, il définit sa position comme étant celle de « l’opposition-service public », c'est-à-dire non pas une opposition systématique mais modulables selon les projets présentés. C’est d’ailleurs le Front populaire qui va mettre en place la mesure tant attendue par le député de Paris : la dévaluation. Il se déclare, par contre, hostile à la semaine des quarante heures, n’y voyant qu’une politique de « salut des bras croisés » qui risque de réduire à néant tout effet positif de dévaluation. Alors qu’il n’obtient pas gain de cause pour la mise en place d’un corps cuirassé (Léon Blum doit être solidaire d’Edouard Daladier, son ministre de la Défense, qui est hostile à ce projet), Paul Reynaud se déclare favorable à une alliance franco-russe pour encercler l’Allemagne. De nouveau, la majeure partie de la droite se montre hostile à Reynaud, et toute une campagne de dénigrement orchestrée par Pierre-Etienne Flandin parle ironiquement d’un axe « Moscou-Barcelonnette » Après l’échec du second cabinet Blum qui avait prôné un gouvernement d’union allant de Thorez à Reynaud (ce dernier avait accepté mais le refus en bloc des autres personnalités de droite contactées avait mis fin au projet), Reynaud fait partie du cabinet Daladier formé le 10 avril 1938, malgré le désaccord qu’il a avec ce dernier en matière de défense nationale. N’ayant pu obtenir les Finances, il retrouve la Chancellerie sans enthousiasme, considérant que les problèmes d’actualité sont ailleurs. Paul Reynaud, quoique tenu par la réserve qui doit être la sienne en tant que membre du gouvernement, se déclare hostile aux accords de Munich mais ne démissionne pas pour autant, considérant que le combat pour la France a plus de chances d’être gagné à l’intérieur du gouvernement qu’à l’extérieur. D’ailleurs, le 1er novembre 1938, lors d’une réunion de cabinet, le ministre des Finances Marchandeau remet sa démission à Daladier. Sur-le-champ, ce dernier envisage avec Paul Reynaud une permutation des deux ministères, ce qui ne peut que ravir le député de Paris. Entouré d’une jeune équipe de techniciens brillants, parmi lesquels Dominique Leca, Alfred Sauvy, Maurice Couve de Murville et Michel Debré qui, à vingt quatre ans, est le benjamin du cabinet, Paul Reynaud, dès le 13 novembre, promulgue une série de décrets-loi prévoyant essentiellement une augmentation des impôts et surtout une atténuation de la loi sur la semaine des quarante heures, pourtant l’un des acquis fondamentaux du Front populaire. Le 30 novembre, une grève générale contre la politique du gouvernement est lancée à l’appel de la CGT. Si les manifestants sont plutôt partagés à propos des accords de Munich, ils sont en revanche unanimes pour dénoncer ce qu’ils nomment les « décrets-misères », c'est-à-dire les décrets-lois Reynaud. Une chose est en tout cas certaine : la politique menée par Paul Reynaud se solda par un redressement spectaculaire de l’économie française qui permis au cours de l’année 1939 la mise en place d’emprunts capables d’assurer les dépenses d’armements qui allèrent croissant au fur et à mesure que l’éventualité d’une guerre se rapprochait. Lorsque celle-ci éclate, Paul Reynaud met immédiatement en place une économie de guerre basée sur un sévère contrôle des changes, d’une part, et sur une augmentation sensible des crédits, d’autre part. Alors que la situation se dégrade, l’éventualité d’un recours à Paul Reynaud pour prendre la direction du gouvernement se précise. Le 21 mars 1940, il devient ainsi président du Conseil et ministre des Affaires étrangères ; Edouard Daladier gardant le ministère de la Guerre. Il ne recueille que 268 voix pour sur 535 votants, une partie de la droite et des radicaux ayant voté contre ou s’étant abstenue, tandis que les socialistes dans leur majorité votaient en faveur de Reynaud. Bien décidé à peser de tout son poids sur le cours des évènements, Reynaud souhaite renforcer l’alliance britannique et presse d’autre part l’Etat-Major de déclencher une offensive militaire. Il propose aux Britanniques de « couper la route du fer » à l’Allemagne, afin de la priver de ses approvisionnements en fer qui proviennent de Norvège et du Danemark. Dans son esprit, couper la route du fer avait pour but de rendre plus facile une éventuelle invasion allemande en Grande Bretagne. D’autre part, Reynaud souhaite la démission du général Gamelin et de Daladier, jugés trop en retrait. Cela a pour conséquence d’accroître les divisions et les tensions au sein du cabinet Reynaud. Le 8 mai, Paul Reynaud décide de remettre sa démission au président Lebrun, mais la brusque invasion allemande dans la nuit du 9 au 10 mai, qui marque le début de la campagne de France, le fait revenir sur sa décision. Acculant Daladier à la démission, il finit par y parvenir et prend en charge le 18 mai le ministère de la Guerre et de la Défense nationale tandis qu’il abandonne à Daladier le Quai d’Orsay. Le maréchal Pétain devient vice-président du Conseil. Le 22 mai, il remplace Gamelin par Weygand, son but étant de se battre jusqu’au bout tandis que des rumeurs d’armistice commencent à circuler au sein même de son cabinet. Le 5 juin, Daladier quitte le gouvernement tandis que le général de Gaulle y entre. Mais la déclaration de guerre de l’Italie le 10 juin porte un coup fatal aux derniers espoirs français. Le 14 juin, Paul Reynaud lance un ultime appel à l’aide aux Américains. Replié à Bordeaux, le gouvernement se réunit le 16 juin en fin d’après-midi. Chautemps, Laval, Pétain et Weygand se déclarent favorables à l’armistice. Mis en minorité au sein de son gouvernement, Paul Reynaud présente sa démission au président de la République Lebrun à l’issue du conseil des ministres. Pétain lui succède et signe l’armistice à Rethondes le 22 juin. Paul Reynaud, persuadé du transfert des pouvoirs publics en Afrique du Nord veut s’embarquer pour Port-Vendres, mais il est victime d’un accident de voiture et est hôspitalisé au moment de la séance du 10 juillet 1940 à Vichy. Le 6 septembre 1940, Reynaud, présenté comme un « individu dangereux pour la sûreté de l’Etat et de la défense nationale », est arrêté et incarcéré au fort du Portalet et puis déporté par les nazis en Allemagne en novembre 1942. Libéré par les Américains, il poursuit sa carrière politique sous les IVème et Vème Républiques. Il meurt le 21 septembre 1966 des suites d’une opération de l’appendice. AZÉMA (J-P) : De Munich à la Libération (1938-1944), Paris, Éditions du Seuil, 1979. REYNAUD (Paul) : Mémoires, 2 volumes, Paris, Flammarion, 1960-1963. DEMEY (Évelyne) : Paul Reynaud, mon père, Paris, Plon, 1980.

RIANT (Léon, Marie, Didier), 1828-1903 : Inspecteur et homme politique. Fils d’un homme d’affaire entreprenant qui fait construire plusieurs quartier de Paris sous le second Empire, Léon Riant, conservateur, fait partie de l’Assemblée nationale de 1871 et vote les lois constitutionnelle de la République. Battu aux élections sénatoriales, il est nommé directeur général des Postes en mai 1877, mais abandonne ses fonctions après l’échec de Mac-Mahon. Il administre l’Union générale et après la banqueroute de la célèbre banque catholique, il ne fait pas parler de lui.

RHENÉ-BATON (René Baton, dit), 1879- : Compositeur et chef d’orchestre. Né à Couseulles-sur-Mer en 1879, élève de Gédalge, Rhené-Baton a déployé une grande activité de chef d’orchestre en dirigeant successivement les concerts Durand (1910), les concerts Pasdeloup, et de nombreux concerts de musique française en Hollande, Scandinavie, etc. Citons parmi ses œuvres : pour piano : Prélude, Balade, suite En Bretagne ; pour chant : plusieurs séries de mélodies ; musique de chambre : sonate piano et violon ; pour piano et orchestre : Variations sur un thème éolien.

RIBOT (Alexandre), 1842-1923 : Avocat et homme politique. Né à Saint-Omer (Pas-de-Calais), le 7 février 1842, Alexandre Ribot, cinq fois président du Conseil, pour une durée cumulée de un an et demi, incarne à la fois l’instabilité politique de la IIIème République et l’oubli dans lequel est tombé le personnel politique opportuniste, à l’exception de ses figures comme Gambetta, Ferry ou Grévy. Avocat de formation, il abandonne la magistrature en 1877 pour entamer une carrière politique. Elu député du Pas-de-Calais en 1878, il siège au centre-gauche et devient l’un des chefs du parti républicain modéré. Après avoir décliné l’offre du Président Grévy d’occuper la présidence du Conseil en plein scandale des décorations, sa nomination au poste de Ministre des Affaires étrangères dans le 4ème gouvernement Freycinet (17 mars 1890-27 f évrier 1892) marque le début d’une longue carrière ministérielle qui durera jusqu’en 1917. Détenant de nouveau le portefeuille des Affaires étrangères dans le gouvernement Loubet (27 février 1892-6 décembre 1892), il succède à ce dernier, suite au scandale de Panama le 6 décembre 1892 à la présidence du Conseil, en se réservant le ministère de l’Intérieur. Son cabinet conserve l’ossature existante comme le constate avec humour l’ambassadeur d’Allemagne, le comte Münster, qui écrit à son sujet : « Le ministère Loubet-Ribot, qui était tombé dans le canal de Panama, vient de ressuciter sous la forme d’un ministère Ribot-Loubet ». Jugement un peu rapide puisque Ribot innove en appelant deux spécialistes, le négociant Jules Siegfried et l’universitaire Charles Dupuy, pour diriger respectivement le Commerce et l’Industrie, et l’Instruction publique, à laquelle s’ajoutent les Beaux-Arts et les Cultes. Très vite, le gouvernement subit de plein fouet les conséquences du scandale. Rouvier, directement mis en cause, doit quitter les Finances au bout d’une semaine et voit son immunité parlementaire levée en décembre en compagnie de quatre autres députés et de cinq sénateurs. Un mois après son arrivée à la présidence du Conseil, le 11 janvier 1893, Ribot choisit de trancher dans le vif en se séparent de Loubet et Freycinet, ses deux devanciers pour former une nouvelle équipe. Les différents procès n’aboutissent qu’à des condamnations secondaires. Mais, mis en minorité sur la réforme de l’impôt des boissons, le deuxième gouvernement Ribot démissionne le 30 mars 1893. Deux ans plus tard, Félix Faure nouvellement élu à la présidence de la République, confie le 26 janvier 1895à Ribot la succession de Dupuy. Prenant en charge les Finances, Ribot maintient en plance l’essentiel des ministres, dont Hanotauc aux Affaires étrangères qui a pour charge principale de veiller au bon déroulement de l’expédition de Madagascar. Cette dernière aboutit au renforcement du protectorat français. De nouveau président du Conseil de janvier à octobre 1895, il fait décider de l’expédition de Madagascar. Le 25 juin 1906, il entre à l’Académie française et devient sénateur en 1909. Appelé par Poincaré à former à nouveau le gouvernement au lendemain des élections de 1914, il est renversé par la majorité de gauche le jour même où il se présente devant les Chambres, mais il est clair, qu’à travers lui, c’est le président de la République qui est visé. Pendant la Première guerre mondiale, il exerçe encore successivement les fonctions de ministre des Finances dans les cabinets Viviani et Briand (d’août 1914 à mars 1917), de président du Conseil et de ministre des Affaires étrangères (de mars à septembre 1917), et de ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Painlevé (de septembre à novembre 1917). Il connaît ainsi comme responsable de la vie politique française, les troubles et les angoisses de la difficule année 1917 avec les échecs militaires, les mutineries dans l’armée, les accusations de trahisaon lancées contre le ministère de l’Intérieur Malvy…Alexandre Ribot a laissé un témoignage de cette longue expérience gouvernementale dans un volume de mémoires, intitulé Souvenirs de ma vie politique. Sa carrière ministérielle s’achève en novembre 1917 alors qu’il continue à siéger au Sénat jusqu’à sa mort, à Paris le 13 juillet 1923. MAYEUR (Jean-Marie) : La vie politique sous la Troisième République, Paris, Éditions du Seuil, 1984. RIBOT (Alexandre) : Journal, 1914-1922, Paris, Plon, 1936.

RIBOT (Théodule), 1839-1916 : Psychologue. Théodule Ribot est né en Bretagne à Guingamp (Côtes d'Armor) le 18 décembre 1839. Il était l'enfant unique de Théodore Simon Ribot pharmacien, et de Marie Françoise Julienne Yvonne Le Camus, propriétaire originaire de la région de Pontrieux. Il fit ses premières études à Guingamp puis intégra à l'âge de 15 ans le Lycée à Saint-Brieuc. Il fut un brillant rhétoricien (premier prix de discours français) mais un philosophe moyen. C'est en 1857 qu'il passe avec succès les épreuves du baccalauréat. Alors qu'il n'est pas encore âgé de 18 ans, son père le contraint à entrer dans l'austère administration de « l'Enregistrement, des Domaines et du Timbre » (Sertillanges, 1921). Il y travaillera pendant près de trois ans. Le jour de sa majorité, le 18 décembre 1860, Ribot donne sa démission à l'administration qui l'employait, ceci sans consulter personne pour préparer le concours très sélectif de l'École Normale Supérieure (ENS) de Paris. Il s'inscrit au Collège Sainte-Barbe à Paris dans une classe préparatoire spéciale, une préparation qui durera deux ans. Quand il concourut pour la première fois, il fut déclaré seulement admissible et cet échec le désespéra. Encouragé par un vieil ami de sa famille à persévérer, il réussit l'année suivante (1862), classé 17e sur les 20 candidats admis dans la section des lettres. Il a 23 ans. L'admission à l'École Normale Supérieure lui permet de subvenir à ses besoins mais en retour il doit servir pendant 10 ans dans l'administration. De novembre 1862 à décembre 1865, il est donc enfin interne à la prestigieuse École Normale Supérieure (ENS) qui donnera à l'enseignement secondaire et supérieur ses cadres les plus éminents. L'historien Ernest Lavisse et Félix Alcan sont ses amis intimes. Dans cette promotion de 1864, on trouve, parmi d'autres personnages plus ou moins célèbres par la suite en France, le nom de Gabriel Monod. Il côtoiera d'ailleurs à l'ENS de nombreux élèves des autres promotions (1860, 1861, 1863, 1864) dont les noms sont restés attachés aux différentes Académies (sciences, sciences morales et politiques, inscriptions et belles-lettres) de l'Institut de France tels François Evellin (1860), Henri Joly (1860), Louis Petit de Julleville (1860), Alfred Rambaud (1861), Gaston Darboux (1861), Paul Vidal de la Blache (1863), Alfred Croiset (1864), Albert Dastre (1864), Alfred Ditte (1864), Edmond Perrier (1864) et surtout celui qui deviendra son grand ami: Alfred Espinas (1864) avec qui il entretiendra une correspondance suivie. A l'ENS, il eut pour maîtres en philosophie Elme Caro (1826-1887), Albert Lemoine (1824-1874), puis en 1864 Jules Lachelier (1832-1918). Tous exerceront sur lui une influence profonde. Caro pût lui communiquer le dégoût de l'éclectisme de Victor Cousin par ses leçons oratoires, Lemoine le goût de la psychologie orientée vers la physiologie et la pathologie, et Lachelier, celui des analyses serrées, précises, sobres et rigoureuses qui semblent avoir porté à cette époque sur Stuart Mill. Dans la section des lettres, la première année à l'ENS était dévolue à la préparation à la licence, la seconde année permettait aux élèves de souffler un peu, la troisième année était orientée sur la préparation intensive à l'une des quatre agrégations suivantes : grammaire, lettres, histoire ou philosophie. Ribot obtint sa licence ès lettres le 4 décembre 1863 et se présenta à l'agrégation en août 1865. Mais Ribot ne devait pas réussir aux épreuves orales de la seconde session. Ayant échoué à l'agrégation, il se retrouve alors simple chargé de cours de philosophie au Lycée de Vesoul en remplacement du professeur titulaire de décembre 1865 à septembre 1866 avec un traitement de 3000 frs par an. En 1866, Ribot se présente à nouveau à l'agrégation où il est reçu. A son grand désarroi, le ministère le maintient au lycée de Vesoul. Lorsqu'il est nommé officiellement professeur de philosophie au Lycée de Vesoul en octobre 1866 (avec un traitement de 9000 frs par an), Ribot n'était pas un novice dans le domaine de l'enseignement puisque dans le cadre de sa formation à l'École Normale il avait déjà enseigné en tant que stagiaire dans différents lycées parisiens. De plus, après son premier échec à l'agrégation (1865), l'administration l'avait proposé comme adjoint d'enseignement en philosophie au Lycée de Vesoul. C'est à cette époque (1866) qu'il lit des livres de science, dont le "Manuel de Physiologie" de J. Müller (1851), mais aussi les écrits des philosophes Taine, Stuart Mill et Spencer dont il se met à traduire en 1867 pour son usage personnel les "Principes de Psychologie" (Spencer, 1855) acquis le 18 novembre 1866. Il lit aussi durant les années 1867-1868 des ouvrages d'histoire, de médecine (Moreau de Tours, 1859), et de philosophie anglaise (Spencer, Bain, Bailey, Lewes) qui le séduisent. Il donne 15 heures de cours par semaine au Lycée mais il s'ennuie à Vesoul surtout à cause des conditions de travail. Ayant demandé une mutation, Ribot est nommé en octobre 1868 au Lycée impérial de Laval, il se plaît mieux dans cette ville qui est plus importante que celle de Vesoul, plus accueillante et surtout plus proche de Guingamp, sa ville natale. Il se remet à la traduction de l'ouvrage de Spencer, mais cette fois-ci sur la seconde édition, car ce dernier lui avait annoncé vers le milieu de l'année 1868 qu'il allait refondre ses « Principes de Psychologie ». Ribot est contrarié car il venait de terminer la traduction sur la première édition qui semble-t-il devait être éditée mais Spencer l'agrée traducteur de la seconde édition dont les fascicules paraîtront à Londres au fur et à mesure. Admiratif pour l'homme et son oeuvre, Ribot décide de rendre visite à Spencer à Londres au second semestre de l'année 1868 mais ne parvient pas à le voir en personne. Dans ses cours, influencé par la psychologie anglaise de son temps, il accordera une place prépondérante à la psychologie et traitera le reste (logique, morale, histoire de la philosophie) un peu par acquis de conscience. Cependant, comme il a l'esprit très critique, il est persécuté par le clergé qui l'accuse encore de scepticisme, panthéisme, etc. En 1869, ses rapports avec le lycée se dégradent. Ribot travaille beaucoup pour lui-même en continuant ses lectures, sa traduction du nouvel ouvrage de Spencer et la rédaction d'un ouvrage sur la psychologie anglaise qui devait le faire sortir de l'anonymat. L'introduction de la nouvelle psychologie se fit de manière lente dans le contexte de la crise philosophique du dernier tiers du XIXe siècle. Au moment où Ribot commence à publier ses premiers travaux, les attaques des positivistes et surtout les critiques de Taine avaient montré la faiblesse de la psychologie spiritualiste de l'école de Cousin. Partout on sentait le besoin de sortir des entités métaphysiques et des explications verbales. Les Anglais faisaient une psychologie positive, presque uniquement fondée sur l'association des idées; les Allemands, à la suite de Weber (1795-1878) et de Fechner (1801-1887), essayaient d'introduire la quantité et la mesure dans l'étude des faits psychiques. Ribot commença par faire connaître en France ces deux psychologies dont les tendances l'intéressaient. Mais presque en même temps, grâce à ses lectures et à ses études, il vit tout le parti qu'il pourrait tirer des travaux dans les domaines de la pathologie mentale et nerveuse afin d'étudier le mécanisme de la pensée, de l'affectivité et de la volonté normales. Les livres qui ont été inspirés par cette méthode ont été des classiques traduits dans de nombreuses langues qui ont rapproché les médecins et les psychologues. Sorti des presses de l'imprimerie Belin à Saint-Cloud le 24 décembre 1869, c'est seulement le 1er février 1870 que paraît chez l'éditeur Ladrange l'ouvrage de Ribot sur La Psychologie Anglaise Contemporaine (Ribot, 1870) où il présente aux lecteurs français la psychologie associationniste anglaise pratiquement inconnue en France à cette époque. A cause de sa nouveauté, l'ouvrage a d'emblée du succès. Ce livre est généralement considéré comme un des premiers manifestes de la nouvelle psychologie parce que dans l'introduction, Ribot établit une critique de la psychologie spiritualiste et essaye de promouvoir une psychologie à caractère scientifique. Dans cette longue introduction, Ribot revendique pour la psychologie le droit d'exister à côté et en dehors de la philosophie et de se constituer comme science autonome, ayant son objet aussi vaste que nettement défini, et une méthode propre, qui est l'expérience entendue au sens le plus large, et non pas seulement l'expérience intime ou introspection. Ribot voulait que la philosophie s'écarte de la métaphysique en ayant pour unique objet la psychologie qui ne pouvait être que de nature scientifique, positive, expérimentale. La métaphysique, voilà l'ennemi que désigne Ribot. L'introduction de l'ouvrage est cependant jugée plutôt hardie, subversive, positiviste d'allure par les universitaires de son temps tels Caro, Janet, Lachelier, etc. qui défendent une psychologie attachée à la philosophie spiritualiste. Mais l'ouvrage est accueilli favorablement par la majorité des critiques. Ribot devient alors un personnage public qui gagne en renommée et que l'on considère un peu rapidement comme un disciple de Taine. A Laval, où l'on est au courant de son succès, l'accueil est plutôt mitigé car les cléricaux continuent à le juger comme un matérialiste et un athée (ce qu'il n'a jamais été). Il reçoit néanmoins un nombreux courrier qui l'encourage (Stuart Mill, Spencer, Taine) à persévérer dans cette voie. Il s'attaque alors à l'étude des philosophes et des psychologues allemands contemporains qui le conduira quelques années plus tard à publier un ouvrage complet sur le sujet (Ribot, 1879) dont l'introduction fut encore une violente attaque de la psychologie académique qui fut mal perçue par les philosophes en poste à la Sorbonne. Les premiers ouvrages de celui qui deviendra le promoteur de la psychologie allemande et mondiale, Wilhelm Wundt (1832-1920), le passionnent. Il commence aussi à rédiger sa thèse sur l'hérédité psychologique qu'il mettra trois ans à compléter. La guerre franco-prussienne de 1870-71 perturbe l'année scolaire et l'armée française occupe même le lycée. Son père décède de la variole en décembre 1870 qu'il contracte à son tour mais dont il réchappera par miracle. En novembre 1871, il fera personnellement la connaissance de Spencer à Paris. Suite à cette rencontre, il demande le 15 mai 1872 à son ami Alfred Espinas sa collaboration pour la traduction des Principes de psychologie qu'il a du mal à réaliser par manque de temps. Les attaques qu'il subissait encore de la part de l'administration de son lycée et du clergé plus sans doute les aspirations qu'il avait et les divers travaux en cours l'incitèrent à quitter Laval et à prendre un congé officiel d'inactivité en octobre 1872. Après avoir déposé ses thèses à l'Université de Paris en mai 1872, il décide de s'installer dans la capitale, le véritable centre intellectuel de la France, qu'il ne quittera que pour les vacances d'été pour aller se reposer dans sa maison de campagne en Bretagne ou pour voyager à l'étranger. Il s'inscrit à la faculté de médecine le 10 novembre 1872 et commence ses premiers cours et visites d'hôpitaux en attendant la soutenance de ses thèses à la Sorbonne qui fut considérée à juste titre comme un événement de toute première importance. En effet, pour la première fois, une thèse de philosophie allait traiter de questions psychologiques traitées au moyen d'une nouvelle méthode considérée comme plus scientifique. Si à l'époque en France toutes les Facultés des lettres pouvaient conférer le doctorat c'est en fait à la Faculté de Paris que presque toutes les thèses étaient présentées. Le prestige de la Sorbonne faisait que toute personne ambitieuse voulant intégrer le cadre universitaire se devait de soutenir ses thèses devant les maîtres éminents de l'époque qui siégeaient dans ces locaux. Pour leur défense, les philosophes de l'Université invoquaient la nécessité pour le futur philosophe du maniement correct de la langue latine. Ainsi, la thèse latine passait plus pour une épreuve de thème que pour un exercice philosophique. D'ailleurs la disproportion, souvent considérable, dans le nombre de pages entre la thèse latine et la thèse française reflétait l'intérêt des candidats et l'importance des sujets traités. D'après les textes de loi en vigueur à l'époque, le permis d'imprimer les thèses et donc l'accord de soutenance de celles-ci n'était octroyé par le doyen de l'Université qu'après la lecture des manuscrits par le responsable de l'unité d'enseignement à laquelle on pouvait rattacher les thèmes présentés par le candidat. Or, en 1873 le principal responsable de la section de philosophie pour les questions psychologiques était Paul Janet (1823-1899), l'oncle du fameux Pierre Janet (1859-1947) que l'on connaît pour ses travaux dans le domaine de la psychologie clinique et pathologique. Paul Janet était à l'époque un des derniers représentants de l'école éclectique de Victor Cousin (1792-1867). Engagé dans un demi-spiritualisme conciliant, Paul Janet restera ouvert à toutes les nouveautés, peut-être plus par nécessité que par conviction. Cette ouverture était en effet imposée par le développement des sciences de l'époque et l'émergence de nouvelles disciplines (psychologie, sociologie). C'est l'esprit de la doctrine de l'école éclectique, représenté à la fin du XIXe siècle dans toute sa largeur par Paul Janet, qui favorisera certainement l'introduction de la psychologie "scientifique" en France. Sa prééminence au sein de l'Université française lui a permis d'assurer un rôle charnière important même si son attitude envers Ribot fut toujours très ambivalente, peut-être à cause d'une jalousie excessive. L'acceptation par Paul Janet des thèses de Ribot témoigne cependant de l'intérêt ou du moins de l'ouverture d'esprit de ce philosophe pour la nouvelle psychologie. Pourtant si les conceptions anti-spiritualistes et anti-métaphysiques de Ribot exposées dans la préface de sa "psychologie anglaise contemporaine" (Ribot, 1870) avaient dû irriter Paul Janet, ce dernier ne semblait pas lui en tenir rigueur. C'est aux alentours de la mi-mai 1872 que Ribot déposera ses deux thèses à la Sorbonne. Le permis d'imprimer les thèses lui sera donné le 09 juin 1872 par le vice-recteur de l'Académie de Paris suite à l'accord du doyen de la Faculté des lettres de la Sorbonne après lecture des textes manuscrits par le responsable de l'enseignement, en l'occurrence Paul Janet. Il annonce à Espinas (lettre du 21 octobre 1872, cf. Lenoir, 1957): "on a imprimé actuellement 336 pages de l'Hérédité. Veux-tu que je t'envoie les épreuves? Elles sont pleines de non-sens grotesques, mais peu importe. Je serai bien aise d'avoir tes critiques et ton avis. Il y aura environ 540 pages". Alfred Espinas accepte la demande et Ribot lui envoie les épreuves au fur et à mesure. "Il y aura environ 550 pages: ce sera colossal". Les critiques d'Espinas seront prises en compte par Ribot qui effectuera les corrections en conséquence. Le 21 novembre 1872 la thèse est entièrement imprimée sous forme d'épreuves, elle paraîtra au début de l'année 1873. Pour sa thèse latine qui fut imprimée rapidement dès le seconde semestre 1872, Ribot (1872) choisit de présenter la philosophie de David Hartley (1705-1757) qu'il considérait comme le véritable promoteur et organisateur de la psychologie associationniste anglaise dont les deux principaux représentants à l'époque étaient Alexander Bain (1818-1903) et John Stuart Mill (1806-1873). Ribot restera néanmoins un critique du philosophe anglais Hartley qui, à son goût, procède trop en logicien et non en scientifique puisqu'il ne s'est pas assez appuyé sur les faits, comme le préconise la méthode des sciences naturelles. De plus, Ribot n'adhérera pas complètement à l'idée de l'associationnisme comme le prouvent ses dires lors de la soutenance et même ses écrits par la suite (cf., Ribot, 1890). Comme dans la première édition de son ouvrage de 1870 sur la "Psychologie anglaise" il n'avait pas présenté les conceptions de Hartley, il complétait ainsi son étude sur l'associationnisme britannique sous une forme linguistique peu usuelle (latine) en présentant un de ses précurseurs. D'ailleurs, dans la première édition anglaise de l'ouvrage (1874) et la seconde édition française de son ouvrage sur la psychologie anglaise publiée (Ribot, 1875), il incorporera un chapitre sur Hartley tiré de sa thèse latine et le chapitre sur Spencer sera réécrit en fonction des récentes publications de l'auteur. Ribot fut le fondateur de la psychologie scientifique française. En 1862, il entra à l'École Normale Supérieure et obtint son agrégation en 1866. En 1872, il décida de quitter l'enseignement pendant un certain temps. Il soutint en 1873 à la Sorbonne avec succès ses deux thèses, la première en latin sur Hartley et la seconde en français sur l'hérédité psychologique. Il fonda en 1876 une nouvelle revue (Revue Philosophique de la France et de l'Étranger) centrée sur les nouvelles tendances qui émergeaient en philosophie et en psychologie. Désireux d'ignorer les polémiques que ses premiers travaux avaient suscitées, il employa toute son énergie à tenter d'élucider le fonctionnement normal de l'esprit en partant de sa pathologie. En 1885, il fut chargé du premier cours de psychologie expérimentale à la Sorbonne. En 1888, on créa pour lui une chaire de "psychologie expérimentale et comparée" au collège de France. Il forma beaucoup d'étudiants à la nouvelle psychologie dont Pierre Janet et Georges Dumas et encouragea aussi la fondation à la Sorbonne du premier laboratoire français de psychologie expérimentale qui fut d'abord dirigé par Henry Beaunis (1889) puis Alfred Binet (1894). Durant les dernières années de sa vie, il fut l'auteur de nombreux ouvrages centrés sur la psychologie de l'affectivité

RIF (Racisme, international, fascisme) : Journal fondé en 1934 par Jean Boissel. Il n’a que deux ou trois numéros et est remplacé quelques années plus tard par Le Réveil du Peuple

RIF (Léon), : Journaliste.

RIF (guerre du) : Le Rif, étroite bande côtière située du nord du Maroc méditerranéen, résiste depuis le début du XXème siècle à la pénétration européenne. Après l'établissement d'un protectorat conjoint de la France et de l'Espagne sur le royaume marocain, en 1912, le Rif persiste dans sa résistance à l'occupation étrangère. Les Espagnols, auxquels revient l'administration de la région, ont le plus grand mal à soumettre ses populations. Le personnage qui dirige et incarne cette résistance est Mohammed ben Abd-el-Krim El Khattabi originaire de la zone espagnole du Maroc. Né en 1882, à Ajdir dans la tribu berbère des Beni-Ouariaghi, après des études à l'université d'El Karaouine à Fès, il s'installe à Melila où il est successivement cadi (juge musulman) à Melilla, instituteur, interprète (arabe, français et espagnol) et correspondant du Télégraphe du Rif, quand il se lance en politique. Il dénonce l'oppression coloniale et se met à rêver à l'indépendance du Maroc. C’est durant la Première Guerre mondiale qu’il commence son action : Abdelkrim parcourt le Rif et sensibilise les populations : " Nous devons, disait-il, sauver notre prestige et éviter l'esclavage à notre pays. " Homme de culture et d'ouverture, celui qui qualifie l'Occident de " civilisation du fer " par opposition au Maroc rural et sous-développé, est tout sauf un fanatique. Il a un projet politique : faire du Rif une république moderne, développer l'économie et l'éducation, et la faire reconnaître par la Société des nations (SDN). Il pense faire accéder le Rif à l'indépendance en bonne entente avec les Espagnols. Mais ces derniers refusent. Abd-el-Krim entraîne sa tribu, celle des Beni Ouriazel, et plusieurs tribus voisines dans un soulèvement contre les troupes espagnoles. La guerre devient inévitable quand les tribus berbères du Rif refusent l'autorité espagnole et demande à l'Espagne de quitter le Maroc. En 1920, les Espagnols envoient une armée de 100 000 hommes commandée par le général Sylvestre. Abd-el-Krim leur inflige la sanglante défaire d’Anoual : le 20 juillet 1921, l'armée espagnole subit un véritable désastre : 3 500 soldats tués, plus de 5 000 sont faits prisonniers, toute l'artillerie lourde espagnole et un véritable arsenal (fusils et munitions) tombent entre les mains des Rifains. Sylvestre se suicide. De victoire en victoire, Abdelkrim repousse les Espagnols sur les côtes. Mais il essuie une dramatique défaite à Anoual en juin 1921. La presque totalité de ses troupes, soit 15.000 soldats espagnols, trouve la mort dans la bataille. Le général lui-même se suicide. Fort de la renommée que lui vaut sa victoire, et riche surtout de la grande quantité d'armes légères et lourdes saisies sur le champ de bataille, Abdelkrim étend son autorité à l'ensemble du Rif. En février 1922, il proclame la République rifaine et s'en désigne président. Non content de ses victoires face aux Espagnols, Abdelkrim envoie des émissaires aux tribus de la zone du protectorat français pour les inviter à le rejoindre dans la rébellion. En France, elle donne lieu aux premières manifestations de solidarité avec les peuples sous domination coloniale, organisées par le Parti communiste, et dont l'Humanité en ces années 1925-1926, se fait l'écho. Hubert Lyautey, résident général de la France auprès du souverain alaouite, renforce les postes d'avant-garde pour protéger les villes de Meknès, Taza et Fès. Mais il n'obtient pas de Paris les renforts réclamés. Quand Abdelkrim lance le 11 avril 1925 son offensive vers le Maroc français. C’est le début de la guerre du Rif. Il repousse sans trop de mal les troupes françaises vers Fès et Taza. Lyautey démissionne et le gouvernement français dépêche une troupe de 400 000 hommes commandée par le maréchal Pétain auréolé de sa victoire à Verdun. Pétain organise une contre-offensive massive en s'appuyant sur l'aviation. Il bénéficie du concours des Espagnols qui, sous la direction du général Primo de Rivera lui-même, réussissent un audacieux débarquement à Alhucemas le 8 septembre 1925. Abdelkrim, qui a lancé son armée de 75 000 hommes contre le Maroc français, est stoppé. Le rapport des forces est inégal. Abdelkrim fait face à 32 divisions franco-espagnoles. Pétain mène une guerre totale : les villages rifains sont rasés par l'aviation et l'artillerie, l'armée française ne fait pas de prisonniers. C'est le début de la fin. Les troupes d'Abdelkrim se débandent et leur chef demande à négocier. Comme les pourparlers engagés à Oujda échouent, le rebelle ne voit plus d'autre issue que de se rendre pour protéger les siens. Le 27 mai 1926, le chef berbère Abdelkrim se rend aux troupes françaises, mettant un terme à cinq ans de lutte anticoloniale dans le Rif. La provisoire République du Rif est dissoute. Il est exilé dans l'île de la Réunion mais réussit à s'échapper à la faveur d'un transfert en France en 1947 et se réfugie au Caire où il meurt en 1963. La guerre du Rif demeure comme l'une des plus grandes épopées nationales du Maroc. Aux yeux des nationalistes arabes, elle reste un grand symbole de la lutte anticoloniale. Abd-el-Krim restant le symbole de la protection musulmane contre le triomphe du matérialisme occidental. A leurs yeux, c’est parce qu’il est mal armé qu’Abd-el-Krim est vaincu et les Français ne doivent leur victoire quà leur matériel. L’idée que le Maroc libre pourrait facilement l’acquérir va faire son chemin. En attendant, quelques mois après la réddition de celui qui est considéré comme un héros national et le glorieux champion de l’indépendance marocaine, le RIF est à nouveau pacifié et les Français peuvent considérer le protectorat comme consolidé. JULIEN (C-A) : L’Afrique du Nord en marche, Paris, Julliard, 1972.

RIMBAUD (Arthur), 1854-1891 : RIO (Alphonse, Jean, Marie), 1873-1949 : Capitaine au long cours et homme politique. Né à Carnac (Morbihan) le 28 octobre 1873, ce républicain radical et franc-maçon se fait élire député du Morbihan de 1919 à 1924 puis sénateur du même département en 1924, réélu en 1933. Le 10 juillet 1940, Rio vote les plains pouvoirs au maréchal Pétain et décèdera à Paris le 13 novembre 1949.

RIVES (Paul, Jacques, Marius), 1895-1967 : Professeur et homme politique. Né à Saint-Papoul (Aude) le 19 août 1895, Paul Rives devient secrétaire, puis directeur-adjoint du Bureau international du travail. Franc-maçon, membre du parti communiste, il est élu député de l’Allier en 1932 et réélu en 1936. Maire de Bellerive et conseiller général, il occupe les fonctions de secrétaire de la fédération socialiste de l’Allier en 1936-1937 et écrit dans Notre Temps de Jean Luchaire. Le 10 juillet 1940, il vote les plains pouvoirs au maréchal Pétain et continue sa carrière sous le régime de Vichy. Il décèdera à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) le 21 février 1967. RIVET (Bruno), 1876-1958 : Né le 7 mai 1876 à Wassigny (Aisne), Bruno Rivet fait ses études de médecine à l’École de service de santé militaire de Lyon. En 1898, il est médecin au 1er régiment de cuirassiers. En 1901, il accompagne une mission géodésique en Equateur et se spécialise dans l’étude des amérindiens. En 1906, de retour d’Equateur, il entre au Muséum d’histoire naturelle. En 1925, il crée avec M. Mauss et L. Lévy-Bruhl l’Institut d’ethnologie de l’université de Paris et en devient secrétaire général en 1926. En 1928, il est élu à la chaire d’anthropologie du Muséum. La même année il devient directeur du Musée de l’homme et donne à cette institution des orientations nouvelles de recherches, d’enseignement, et aussi d’éducation populaire. Il a comme sous-directeur G.-H. Rivière et comme collaborateur J. Soustelle avec lesquels il veut faire du Musée de l’homme « le premier musée de France mis réellement à la disposition de la collectivité ». En 1934, Rivet amorce une carrière politique : le 9 mars, il devient président du Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes (CVIA). Il en sera la personnalité centrale. Le manifeste du CVIA recueille des milliers de signatures des diverses familles de la gauche (malgré des difficultés avec les « pacifistes extrêmes », il reste président jusqu’en janvier 1939). Il est élu conseiller municipal socialiste dans le quartier Saint-Victor à Paris le 12 mai 1935. Le 18 novembre 1940, il est relevé de ses fonctions de directeur du Musée de l’homme. Il participe alors au réseau de Résistance du Musée de l’homme avec A. Lewitski et Y. Oddon. Il revient en France en 1944 où il continue une brillante carrière politique notamment comme député socialiste SFIO entre 1945 et 1951. Il est membre depuis 1938 du comité directeur de la Ligue des droits de l’homme. Il décède Paris le 21 mars 1958. MAITRON (J) : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Editions Ouvrières. ORY (Pascal) : La belle illusion, Paris, Plon, 1994.

RIVET (Paul), 1876-1958 : Médecin et homme politique.

RIVET (Régine), 1876-1958 :

RIVIÈRE (Jacques), 15 juillet 1886 à Bordeaux - 14 février 1925 à Paris) est un homme de lettres français, directeur de La Nouvelle Revue Française de 1919 jusqu'à sa mort et ami d'Alain-Fournier avec qui il échangea une abondante correspondance. Fils d'un grand médecin bordelais, il se lie d’amitié avec Alain-Fournier, le futur auteur du Grand Meaulnes, sur les bancs du lycée Lakanal, à Sceaux, où tous deux préparent le concours d’entrée à l’École normale supérieure, auquel ils échoueront l'un comme l'autre. Revenu à Bordeaux en 1905, il continue d'entretenir avec lui une correspondance quasi-quotidienne où l’on voit se dessiner le goût particulier de chacun pour la littérature. Rivière obtient sa licence ès lettres à Bordeaux, fait son service militaire, puis revient en 1907 à Paris préparer l’agrégation de philosophie et une thèse en Sorbonne sur La Théodicée de Fénelon, tout en gagnant sa vie comme enseignant au lycée Stanislas. Il subit tour à tour les influences de Maurice Barrès, André Gide et Paul Claudel, avec qui il entre en correspondance. Le 24 août 1908, il épouse la jeune sœur d’Alain-Fournier, Isabelle, et, en 1913, il se rallie explicitement au catholicisme. D’abord collaborateur à L’Occident, il devient secrétaire de rédaction de la NRF en 1912. Il entreprend alors la rédaction de critiques littéraires, qu’il rassemble et publie sous le titre d’Études, où il révèle un excellent sens de la psychologie. Il est mobilisé en 1914 au 220e régiment d’infanterie et fait prisonnier le 24 août, dès les premières échauffourées. Incarcéré au camp de Königsbrück en Saxe, il tente de s’en évader, ce qui lui vaut d'être transféré au camp disciplinaire de Hülsberg en Hanovre, où il consigne ses souvenirs de captivité, publiés en 1918 sous le titre L’Allemand. Gravement malade, il est transféré en Suisse et interné jusqu’à la fin de la guerre. Au lendemain du conflit, il songe à relancer la NRF dont la parution avait été interrompue. Sous sa nouvelle direction, elle reparaît le 1er juin 1919. Rivière y déploie de remarquables qualités en publiant Marcel Proust, François Mauriac, Paul Valéry, Saint-John Perse, Jean Giraudoux et Jules Romains. Il néglige sa propre carrière d’écrivain et n'écrira qu’un court roman psychologique, Aimé, paru en 1922. Il décède le 14 février 1925 à Paris d’une fièvre typhoïde.. ROBERT (Pierre) : Se lance dans la politique en 1910 en devenant attaché du sous-secrétariat d’Etat aux Postes et Télégraphes. Elu en 1914 député de la Loire, il se spécialiste dans les questions Postes, Télégraphes et Téléphones. Réélu député en 1919 et 1924, il s’inscrit au parti radical et radical socialiste. Remarqué par Herriot, celui-ci le nomme logiquement sous secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Industrie, chargé des Postes, Télégraphes et Téléphones du 14 juin 1924 au 16 avril 1925. Retrouvant son banc de député jusqu’en 1928, il est élu en 1927 sénateur de la Loire jusqu’à la Guerre. Continuant à s’intéresser à la communication, il décèdera à Paris le 29 octobre 1957. ROBIN (Paul), 1837-1912 : Né à Toulon (Var), le 3 avril 1837, Paul Robin est issu d’une famille bourgeoise très pieuse. Son père est haut fonctionnaire dans la Marine et il fait ses études au lycée de Bordeaux où il termine licencié en physique et mathématiques. Il renonce à l’Ecole normale supérieure et ne présente pas à l’oral de l’agrégation par dégoût des examens. Paul Robin commence sa carrière d’enseignant en France sous le Second Empire. A Brest, Robin donne aussi des cours populaires. En 1865, la contradiction entre ses convictions politiques et le conformisme administratif l’entraîne à démissionner de l’enseignement. Il s’installe en Belgique, où il est parmi les fondateurs de la section belge de l’Internationale. Il en est expulsé en 1869 et se fixe en Suisse. Proche de Bakounine et de James Guillaume, il est jusqu’en 1870 directeur de L’Egalité (périodique suisse de l’Internationale). A Londres pendant la Commune de Paris, il appartient au conseil général de l’AIT. Il en est exclu en octobre 1871 pour ses attaches avec les libertaires jurassiens. Paul Robin travaille toute sa vie à des méthodes d’enseignement. A Bruxelles, il fonde une revue pédagogique Le Soir et publie une Méthode de lecture en 1866. Dans le cadre des congrès de l’AIT, il est chargé de la rédaction des rapports sur l’enseignement. Proche de Buisson, il est nommé inspecteur de l’enseignement primaire à Blois. Il rédige 17 articles pour le Dictionnaire de pédagogie, dont celui qui est consacré à Godin. Il voit, bien sûr, l’instruction comme émancipatrice des classes défavorisées et propose les principes de l’instruction intégrale. Il reprend la hiérarchie des sciences établie par Auguste Comte (mathématiques, astronomie, physique, chimie, biologie, sociologie) et soutient que ces sciences doivent être enseignées à tous et successivement. Mais il s’oppose au père du positivisme en engageant un combat laïque et rationaliste : l’enfant ne doit croire que ce qui lui est démontré matériellement. Pour Robin l’école « doit être un musée universel et attrayant […], un laboratoire atelier pour toutes les sortes de recherches ou de travaux ». Ses principes fondés sur l’expérimentalisme et la pratique intéressent Littré qui publie leur énoncé dans La Philosophie positive. Dans ce texte, Robin refuse l’histoire telle qu’elle est enseignée et voudrait qu’elle soit pour ses élèves un descriptif de la vie quotidienne du passé, de « la vie journalière que menaient ses obscurs aïeux, prolétaires, serfs ou esclaves » ; quant à la géographie il la veut découverte d’autres cultures et rejoint E. Reclus en la dénommant ethnologie. Il cherche aussi la mise en place d’une nouvelle orthographe phonétique. Robin passe à une application de ses de ses théories pédagogiques en dirigeant l’orphelinat Prévost à Cempuis dans l’Oise (1880-1894) : il fait accepter la mixité, s’oppose à la l’autorité, cherche à responsabiliser les enfants, à rendre le travail attrayant et refuse l’enseignement du catéchisme. Il a renvoyé le curé de l’établissement et transformer la chapelle en atelier où les enfants sont en apprentissage dans dix-neuf disciplines. Parmi celles-ci nous ne signalerons que la photographie et la machine à écrire. Il veut par des activités concrètes et utiles donner aux enfants l’occasion de s’intéresser à tout et parle lui-même de la papillonne fouriériste. Il établit un roulement « pour que tous les enfants puissent travailler dans tous les ateliers, chacun d’eux papillonne successivement, par périodes mensuelles ». Mais ce laboratoire pédagogique va trop loin pour son temps. La presse cléricale et la droite le qualifient de « porcherie de Cempuis », de « lupanar officiel ». Robin finit par être révoqué de ses fonctions. Pour les enfants de l’orphelinat, il avait organisé des colonies de vacances à Mers. Entre 1890 et 1905, il dirige la revue l’Education intégrale. Il termine sa carrière à l’université Libre de Bruxelles et se donne la mort le 1er septembre 1912.

ROCAFORT (Jacques), 1860-1939 : Professeur. Né à Perpignan en 1860, Jacques Rocafort est professeur de lycée à Paris à partir de 1899. Il participe à la lutte contre les modernistes et milite à la Ligue de la Patrie française avant de rejoindre Jacques Piou à l’Action Libérale populaire. Envoyé en mission à Rome, en particulier par ce mouvement, il y fait la connaissance de Mgr Benigni, de la Sapinière, et adhère à cette société. Ses articles à L’Univers et à la Correspondance de Rome, en particulier ses campagnes pour les « directions pontificales » de Pie X, furent relevés dans la presse et même à la Chambre des députés. Il est alors plus ultrmondain que nationaliste et on le lui reproche, notamment Henri Bazire, dans La Libre Parole. Il meurt à Perpignan en 1939.

ROCHE (Jules), 1841-1923 : Avocat, journaliste et homme politique. Inscrit au barreau de Lyon, Jules Roches dirige le journal L’Ardèche, feuille d’opposition au Second Empire, et collabore à divers journaux républicains de Savoie et du Jura. Il écrit, au début de la Troisième République dans Le Siècle, Le Rappel, La Justice. S’intéressant à la politique, il se fait élire, sur un programme nettement anticlérical, député du Var en 1881. Par la suite, il représente à la Chambre des députés, la Savoie (1885-1898) puis l’Ardèche (1898-1899). Il est ministre du Commerce, de l’Industrie et des Colonies dans le gouvernemen Freycinet (mars 1890-février 1892) puis dans le gouvernement Loubet (février 1892-décembre 1892). Il fonde entre temps, avec Louis Andrieux, Le Petit Parsien. Le scandale de Panama, en 1892 l’éclabousse mais il obtient un nom lieu lors de son procès. Il prend, par la suite, la direction de La République française.

ROCHEBILLARD (Marie-Louise), 1860-1936: Marie-Louise Rochebillard est née le 4 juin 1860 à Changy (Loire). Elle est élevée dans le village de Changy où son père est notaire, mais à seize ans au décès de celui-ci, elle doit gagner sa vie comme employée dans la gestion des hôpitaux à Lyon. A 38 ans, aidée financièrement par son frère Joseph, célibataire lui aussi, elle peut se consacrer à la création des syndicats chrétiens féminins à Lyon, celui-ci vise les dames employées de commerce, les ouvrières de l’aiguille lyonnaise, les ouvrières de la soie. Marie-Louise Rochebillard exprime son action au travers du journal dont elle est rédactrice en chef : Le travail de la femme et de la jeune fille, paru de 1909 à 1921. Elle met en place de nombreux services d’éducation populaire : des cours professionnels où les professeurs issus de milieux bourgeois viennent enseigner aux ouvrières, notamment des cours d’éducation ménagère et des conférences avec projection lumineuse sur tous les sujets touchant au travail : hygiène, sécurité, santé, congés, salaire… Lors de celles-ci, une jeune fille, Andrée Butillard découvre le type d’action de Marie-Louise Rochebillard et continue par la suite dans cette voie à Paris. Marie-Louise Rochebillard organise des occasions de rencontres entre jeunes filles bourgeoises et ouvrières, et fait ouvrir une bibliothèque et un bureau de placement. Elle structure une société de secours mutuels. En 1914-1918, elle ouvre à Villeurbanne une pension nommée « Le bon abri », pour accueillir et procurer un logement à bon marché aux jeunes filles ouvrières isolées. Elle décède à Lyon le 30 janvier 1936.

ROCHEBOUËT (Gaétan de Grimaudet, général vicomte de), 1813-1899 : Homme politique. Né à Angers le 16 mars 1813, polytechnicien, général, Rochebouët participe aux campagnes du Second Empire en Orient, ainsi qu'à la guerre de 1870. Le 25 juin 1877, le duc de Broglie fait dissoudre la Chambre après avoir été mis en minorité. Les élections du 14 octobre 1877 sont une victoire des républicains, qui comme l'année précédente emportent la majorité des sièges. Le départ du duc de Broglie, à l’issue de la dissolution manquée, laisse à Mac-Mahon le choix entre la résistance, que lui conseille la plupart de ses fidèles, ou la cruelle alternative de Gambetta : « se soummette ou se démettre ». Le président Mac-Mahon tente d'abord de résister. Le 23 novembre 1877, il demande au général de Rochebouët de former un « ministère d'affaire ». Il regroupe d’obscurs maréchalistes, nonparlementaires. Commandant le 18ème corps d’armée à Bordeaux, Rochebouët est appelé à Paris par télégraphe et nommé d’office par Mac-Mahon Placé au pied du mur, Mac-Mahon tente en fait de répéter la constitution du ministère Cissey qui avait assuré la transition entre la première chute de Broglie et le ministère Buffet. Mais la majorité républicaine ne l’entend pas ainsi. En dépit d’un message consiliant de Mac-Mahon, le « ministère des inconnus » est renversé d’entrée, le 17 décembre 1877. La majorité stigmatise sa composition comme étant « la négation des droits de la nation à un régime parlementaire ». Le ministère mort-né, un des plus brefs de l’histoire de la IIIème République, n’a plus qu’à expédier les affaires courantes, laissant Mac-Mahon seul et désabusé. Ce dernier, après avoir renoncé à un coup d’Etat et caressé l’idée d se démettre, choisit finalement de se soumettre sous l’objurgation de ses ministres démissionnaires qui le supplient de rester pour protéger les conservateurs en place. Mac-Mahon s’exécute, etimant toutefois qu’il sacrifie sa dignité et son honneur. Ecarté de l’armée quelques mois plus tard, Rochebouët retournera dans l’anonymat dont il n’aurait sans doute jamais du sortir. Il décède à Paris le 23 février 1899.

ROCHEFORT (Henri de), 1830-1913 : Journaliste et homme politique. Victor-Henri de Rochefort-Luçay naît à Paris, le 31 janvier 1831. Il est issu d'une ancienne famille de l'aristocratie berrichonne, ruinée par la Révolution et la vente des biens des émigrés. En 1843, il entre au collège Saint-Louis, situé rue de La Harpe. Bachelier à l'âge de dix-huit ans, l'adolescent s'emploie ensuite en tant que précepteur. Henri de Rochefort fréquente également avec assiduité le musée du Louvre, ainsi que l’Hôtel Drouot. L’amateur d'art assiste ainsi de riches acheteurs dans le choix de leurs acquisitions, se forgeant par la même occasion quelques relations mondaines. En 1851, le jeune Rochefort devient employé auxiliaire à l'Hôtel-de-Ville. Affecté dans un premier temps au Bureau des inventions, puis à celui d'architecture, ses prérogatives de fonctionnaire lui permettent néanmoins d'éviter le service militaire. Il s'emploie aussi auprès du journal La Presse théâtrale, livrant des articles de critique en échange d'un droit d'entrée dans les salles parisiennes. A présent muté aux services des Archives, puis dans celui qui est chargé de la vérification des comptes des communes, Henri de Rochefort, toujours aussi peu à sa tache de fonctionnaire, rédige à l'occasion quelques vaudevilles, des articles pour la presse d’opinion. En 1859, il entre ainsi dans l'équipe de rédaction de la feuille satirique, Le Charivari. D'abord cantonné au chapitre des Arts, Rochefort commente bientôt les affaires politiques en cours, révélant bientôt aux lecteurs ses talents de polémiste. Malgré le peu de liberté que les autorités du Second Empire concèdent à sa plume, ceci lui vaut quelques inimitiés. Nommé sous-inspecteur des Beaux-Arts de la Ville de Paris, suivant les vœux d’Eugène Haussmann, le préfet de la Seine, Henri de Rochefort donne peu après sa démission. La perspective de se voir décerner la croix de la légion d'honneur - " de prendre place dans le troupeau " - répugne en effet à celui qui fait à présent profession d'opposant au régime de Napoléon III. Dès lors, Rochefort se consacre uniquement à ses activités de plume. Engagé par Le Nain jaune, il entre ensuite dans l’équipe de Jean de Villemessant, au sein du déjà très influent Figaro. Dans les colonnes du Figaro, il crée une rubrique " Sport ", consacrée à la chronique des champs de course, avant que le gouvernement devant la violence de ses propos, et malgré le tour libéral pris par le régime, n'exige sa démission auprès de la direction du journal conservateur. Contraint par les autorités, Villemessant offre néanmoins son appui financier à Henri de Rochefort, qui entreprend de poursuivre dans l’opposition au Second Empire sa carrière de journaliste, en fondant son propre quotidien. Profitant de l’assouplissement de la loi sur la presse, le premier numéro du journal La Lanterne paraît ainsi le 30 mai 1868 qui se vend à 50 000 exemplaires. Suivant les propres mots de son créateur, celui-ci se destine " à éclairer les honnêtes gens " et connaît un énorme succès. Bien que vendu quarante centimes, le brûlot à la couverture rouge s'arrache sur les boulevards parisiens, chaque samedi matin. Le tirage dépasse d’ailleurs les 120.000 exemplaires. Tout ce tapage inquiète bientôt le pouvoir, d'autant plus qu'au-delà du commentaire de l’actualité politique du moment, Henri de Rochefort dévoile également les intrigues de couloir et autres secrets cachés. La Lanterne dévoile ainsi la naissance adultérine du souverain, les dessous financiers de l'intervention française au Mexique... Dès sa huitième parution, le gouvernement songe à la saisie du journal, puis joue le jeu des communiqués et autres démentis, avant que de multiplier les procès à l'égard de Rochefort. La Lanterne devient une affaire d'État. Le 6 d'août 1868, l’impression du onzième numéro est compromise par la police, venue inspecter les locaux du journal. Son rédacteur en chef, sentant son arrestation prochaine, décide alors de s'exiler en Belgique. Jusqu'au mois de novembre 1869, La Lanterne connaîtra ainsi 74 livraisons ; une édition en format de poche permettant d’en livrer aux abonnés un exemplaire dans une lettre postale. En Belgique, condamné à une année d’emprisonnement et à 10.000 Francs d’amende, Henri de Rochefort lutte à l’épée contre le fils du ministre Baroche venu à sa rencontre au delà de la frontière. Il fréquente à Bruxelles les autres proscrits du Second Empire : Louis Blanc, Victor Hugo… Le polémiste devient d’ailleurs le parrain d’un des petits-enfants de l’écrivain, participant également à la rédaction du journal Le Rappel avec les deux fils de celui-ci. Au mois de mai 1869, Rochefort est élu député de Paris, à Belleville, lors des élections législatives. Il revient alors en France et est amnistié par le Second Empire, devenu " libéral ". L’année suivante cependant, le régime est pris dans la tourmente de l’affaire Victor Noir. Le 10 janvier 1870 en effet, le journaliste est assassiné par le prince Pierre Bonaparte, cousin de Napoléon III. Fidèle à ses principes, Henri de Rochefort rédige une série d’articles incendiaires contre les Bonaparte dans les colonnes de son nouveau quotidien, La Marseillaise. Un mois plus tard, le 7 février, son immunité parlementaire est levée. Il est ensuite arrêté et placé en détention pour une durée indéterminée à la prison de Sainte-Pélagie, suivant les ordres du chef du gouvernement Émile Ollivier, un républicain rallié à l’Empire. Les événements qui se déroulent à l’extérieur vont cependant jouer en faveur du prisonnier. En 1870, extrait de Sainte-Pélagie, Henri de Rochefort fait partie du Gouvernement provisoire, qui est alors formé et placé sous la présidence du général Trochu. Le nouveau pouvoir ordonne la résistance à outrance face à l'ennemi. Cependant, le 19 septembre suivant, les troupes allemandes encerclent Paris. Tandis que Gambetta quitte la capitale en ballon, le 7 octobre afin d’organiser depuis Tours de nouvelles armées, Rochefort est nommé président de la Commission des " barricades ", chargée de lever des défenses nouvelles afin de ralentir la progression des armées prussiennes. Cependant, après avoir réclamé en vain des élections municipales, il apprend que des négociations secrètes sont en cours entre Jules Favre et le chancelier Bismarck et donne sa démission du Gouvernement de Défense nationale, le 31 octobre 1870. Dans Paris, les jours se suivent et le siège se fait toujours plus terrible pour les populations. A la faim et au froid, s’ajoute la canonnade, le 5 janvier 1871. Enfin, le 28 janvier, l’armistice est conclu entre les deux puissances en guerre. En prévision de futures luttes électorales, Henri de Rochefort fonde un nouveau journal, baptisé Le Mot d’ordre, dont le premier numéro paraît le 3 février suivant. Quelques jours plus tard, le journaliste est réélu à son siège de député de Paris. Il renonce rapidement à son mandat, après que l’Assemblée Nationale - à dominante conservatrice – ait ratifiée les préliminaires de paix de Versailles, le 1er mars 1871. Celle-ci prévoit en effet " le démembrement de la France et la ruine de la patrie ", autrement dit la cession de l’Alsace-Moselle et une énorme indemnité de guerre d’un montant de 5 milliards de Francs-or. Souffrant, le polémiste est à Arcachon quand, le 18 mars suivant, une journée d'insurrection marque le début de la Commune de Paris. De retour dans la capitale, Rochefort s’oppose au gouvernement d’Adolphe Thiers dans les colonnes de son quotidien. Nommé " chef du Pouvoir Exécutif de la République Française " et installé à Versailles, ce dernier personnalise en effet à ses yeux le renoncement et la réaction, et ambitionne une restauration monarchique. Face aux troupes versaillaises qui entourent la capitale, le gouvernement insurrectionnel tente une première sortie le 4 avril, une initiative inutile et meurtrière selon Rochefort. Celui-ci se refuse d’ailleurs à participer au pouvoir communal, qu’il accuse d’être dictatorial dans les colonnes de son quotidien. Le journaliste s’en prend notamment à Raoul Rigault et à Félix Pyat. Le 20 mai, menacé d’arrestation, Henri de Rochefort choisit de quitter Paris. A Meaux, en Seine et Marne, il est fait prisonnier par les troupes prussiennes, livré peu de temps après aux autorités françaises et incarcéré à la prison de Versailles. Le lendemain, les forces versaillaises entrent dans Paris. Commence la Semaine sanglante. Dès le mois de septembre suivant, Rochefort est jugé par le 3ème Conseil de guerre de la 1ère division militaire. Considéré comme le " chef occulte " de la Commune de Paris, il est condamné à la déportation, puis transféré au Fort Boyard, près de La Rochelle, de là à la citadelle de l’île d’Oléron au printemps 1872. Le polémiste s’occupe alors à la rédaction d’un roman, Les Dépravés. Après deux années de détention, il s’embarque en compagnie d’autres Communards à bord de la frégate de guerre La Virginie, le 10 août 1873. Celle-ci n’arrive à Nouméa en Nouvelle-Calédonie que le 10 décembre suivant, à la suite d’une traversée pénible pendant laquelle les détenus – hommes, femmes et enfants - demeurent enfermés à l’intérieur de cages de fer dans les cales du navire. Arrivé à destination, Henri de Rochefort rejoint huit cent autres détenus parqués dans la presqu’île Ducos. Beaucoup songe aussi à l’évasion, un exploit que Rochefort et cinq autres détenus réalisent dans la nuit du 19 au 20 mars 1874. A bord d’un canot, ils rejoignent le P.C.E., un navire australien croisant au large, qui les débarque peu après - moyennant finances – à Newcastle, un port de la Nouvelle-Galles du Sud. En France, la nouvelle de l’évasion du polémiste fait grand bruit. En 1877, Henri de Rochefort racontera la suite de son retour vers l’Europe dans un volume intitulé, Retour de la Nouvelle-Calédonie vers l’Europe. Après avoir gagné la capitale Sydney, il s’embarque à bord d’un steamer, le Mikado, à destination des États-Unis. De San Francisco, le proscrit traverse ensuite le continent, arrive à New-York et est enfin à Londres après une nouvelle traversée, cette fois-ci celle de l’Océan Atlantique qui le ramène sur le Vieux Continent. Menacé d’extradition, sous la pression du gouvernement de Mac-Mahon, Rochefort s’installe peu après en Suisse, à Genève. Dans les années qui suivent, le polémiste s’attache à entretenir une correspondance avec les hommes politiques en vue. Le 11 février 1876, dans le premier numéro d’un nouveau journal, baptisé Les Droits de l’Homme, il rédige d’ailleurs un article, " Les Opportunistes ", qui décrit un nouveau courant politique. L’expression employée par Rochefort, devenue par la suite une des catégories du paysage politique, désigne en effet ces républicains, qui renoncent à certains de leurs principes afin d'enraciner le régime en place. Ceux-ci d’ailleurs, parvenus plus tard au pouvoir, feront voter la loi d’amnistie des Communards qui, après sa promulgation le 11 juillet 1880, permettra à Rochefort de revenir en France. Le 3 novembre suivant, il est à Rome, invité par des patriotes italiens à l’occasion de l’inauguration d’un monument commémoratif de la défaite de Mentana, où les chassepots français ont " fait merveille ". L’ancien opposant au Second Empire rencontre alors pour la première fois Giuseppe Garibaldi. A Paris, il fonde un nouveau quotidien, baptisé L’Intransigeant. La lutte politique reprend pour le polémiste. Dans les années qui suivent, Henri de Rochefort a beau jeu de dénoncer l’affairisme qui règne dans les allées du pouvoir. Celui-ci est éclaboussé par le Krach de l’Union générale. Le 19 janvier 1882, la banque d'affaires est contrainte de suspendre ses paiements, à cause de placements à risque faits en Europe centrale. Dix ans plus tard, éclate également le scandale de Panama. L’Intransigeant fustige alors les " chéquards ", ces parlementaires qui ont couvert les opérations financières hasardeuses de la Compagnie. Après s’être violemment opposé à Léon Gambetta, reprochant au tribun de la Troisième République son aura sur la Chambre des Députés, Rochefort, toujours plus à gauche, toujours plus radical, s’attaque ensuite à Jules Ferry et à sa politique d’expansion coloniale vers l’Extrême-Orient et le Tonkin. Celle-ci demande d’énormes crédits. Aussi l’inquiétude saisie l’opinion et la polémique enfle sous les effets d’une violente campagne de presse. Le 30 mars 1885, le cabinet de " Ferry Tonkin " chute à l’annonce prématurée de la nouvelle du " désastre de Lang Son. Quelques mois plus tard, le 18 octobre, Henri de Rochefort fait son retour à la Chambre, après avoir été élu député de la Seine. Il ambitionne ainsi de faire voter une loi d’amnistie à destination des ouvriers condamnés pour fait de grève, des prisonniers politiques issus des régimes précédents… Son mandat sera une fois de plus de courte durée. Rochefort comprend en effet rapidement qu’une trop grande division règne au sein de la gauche républicaine pour que son projet voit le jour. Sentant l’inutilité de sa présence au sein de l’hémicycle, il démissionne en 1886. Quelques jours auparavant, le 7 janvier, le général Boulanger est nommé ministre de la Guerre dans le nouveau gouvernement formé par Charles de Freycinet. Il accède bientôt à une popularité inégalée. Trop encombrant cependant, l’officier n’est pas reconduit dans ses fonctions à la suite de la chute du cabinet Goblet, le 17 mai 1887. Cette décision amène la formation d'un Comité républicain de protestation nationale, sur l’initiative de Henri de Rochefort. Peu de temps après, Georges Boulanger est mis à la retraite d’office. A présent rendu à la vie civile, il peut se consacrer désormais à sa nouvelle carrière politique. Faisant raisonner la fibre patriotique, une véritable campagne de presse, relayé notamment par L’Intransigeant, martèle bientôt le slogan " dissolution, constituante, révision " aux accents populistes. Rochefort est aux cotés du général Boulanger dans les nombreux meetings électoraux auquel le " général-Revanche " participe. Au mois d'avril et au mois d'août 1889, ses victoires électorales prennent alors un caractère plébiscitaire. Celui-ci se refuse cependant à marcher vers l'Élysée au soir d'un nouveau succès à Paris, le 27 janvier 1889. Les républicains du gouvernement réagissent en modifiant la loi électorale, interdisant désormais les candidatures multiples. Devant la rumeur de son arrestation imminente, le général Boulanger prend peur et s'enfuit au mois d'avril 1889 en Belgique, se discréditant auprès des Français. Henri de Rochefort fait de même. Le 14 août suivant, le Sénat, réuni en Haute-Cour, condamne les deux exilés à " la déportation dans une enceinte fortifiée ". Henri de Rochefort lui passera les six années qui suivent à Londre continuant à diriger L’Intransigeant auquel iil fournit des articles. Il se rapproche alors des socialistes dont il soutient les candidats aux élections de 1893, il prend la défense des grévistes, mène campagne contre les lois scélérates, exploite contre le pouvoir le scandale de Panama. Amnistié en 1895, il rentre à Paris et aide Jaurès à créer une verrerie ccopérative à Albi tout en continuant de livrer à L’Intransigeant ses billets d’humeur et autres chroniques de la vie politique. Le journaliste publie de 1896 à 1898 les cinq volumes de ses mémoires, intitulées Les Aventures de ma vie. Pour Rochefort comme pour son journal cependant, l’épisode boulangiste, puis ce second exil, sont à l’origine d’une mutation profonde. Le " roi des polémistes " appartient désormais au parti national. Avec l’Affaire Dreyfus, il se sépare de Jaurès et des socialistes. Le discours de L’Intransigeant se radicalise et Rochefort devient antiparlementaire et antisémite, car anti-dreyfusard. Son fondateur collabore également avec d’autres journaux conservateurs, La Patrie notamment. Prenant parti contre la révision du procès de Dreyfus, il dirige ses polémique contre Jaurès, Waldeck-Rousseau et Joseph Reinach, qu’il appel « Boule de juif ». Il s’ensuit un procès en diffamation à l’issue duquel Rochefort est condamné à cinq jours de prison, purge sa peine, se bat à nouveau en duel contre Gérault-Richard, malgré son grand âge et est légèrement blessé. Au tournant du siècle cependant, son discours a perdu de son audience. Il est vrai que la République s’est depuis longtemps installée et que désormais la lutte s’est déplacée du monde politique vers le champ social et syndical. Aussi, celui qui a toujours dit non – l’opposant au Second Empire, le Communard évadé de Nouvelle-Calédonie, le Boulangiste… - apparaît maintenant comme un homme du passé. Rochefort est avant tout un polémiste, plus à l’aise dans la critique et l’opposition que dans l’appui au pouvoir, quel qu’il soit, à l’humeur tranchante comme la lame de son épée. « Le prince de l’Ironie et le Duc de l’Insolence », selon l’expréssion de Drumont, décède le 30 juin 1913, à Aix-les-Bains. WILLIAMS (R.L.) : Le Prince des polémistes : Henri de Rochefort, Paris, Trévise, 1976.

RODAYS (Fernand de), 1845-1925 : Journaliste et homme de lettres. Après avoir obtenu sa licence en droit, il entre dans l’administration des finances puis collabore à La Vie Parisienne, fonde Paris-Caprice et, sous le ministère Ollivier lance Le Peuple breton et la guerre. Il fait ses débuts au Figaro en 1871 et, devient en directeur le directeur en 1879, puis rédacteur en chef en 1894. L’affaire Dreyfus faillit briser sa carrière : il avait pris le parti du capitaine dans le journal dont les lecteurs étaient, en majorité, antidreyfusards. Il est contrait de s’en aller. Il est vice-président de la société des gens de lettres et membre de l’association des journalistes parisiens.

RONDELEUX (Paul, Grégoire), 1832-1915 : Directeur et homme politique. Directeur de mines, opposant actif au Second empire, il est adjoint au maire de Buxières-la-Grue (Allier), puis conseiller d’arrondissement. Elu député de l’Allier de 1885 à 1889, il est secrétaire de l’association nationale républicaine qui donne naissance à la fédération républicaine au début du siècle.

RODIN (Auguste), 1840-1917 : Auguste Rodin, né à Paris le 12 novembre 1840 dans une famille modeste, aura une influence profonde sur la sculpture du XXème siècle. Admis à l'école spéciale de dessin et de mathématiques, dite "la Petite École" à l'âge de quatorze ans, il suivra les cours de Lecoq de Boisbaudran et du peintre Belloc et découvrira la sculpture l'année suivante. Ayant échoué à trois reprises au concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts, Rodin travaillera comme maçon chez plusieurs décorateurs et ornemanistes. Il entrera chez les Pères du Très-Saint-Sacrement en 1862 - après le décès de sa soeur Maria - qu'il quittera sur les conseils du père supérieur qui l'encouragera à poursuivre dans la voie artistique. Rodin collaborera avec Carrier-Belleuse en 1864, année au cours de laquelle il rencontrera Rose Beuret, une ouvrière couturière âgée de vingt ans qui lui servira de modèle et deviendra sa maîtresse. Camille Claudel naîtra la même année et Auguste-Eugène Beuret, fils naturel du sculpteur, en 1866. Rodin accompagnera Van Rasbourgh à Bruxelles en 1870, sera mobilisé comme caporal dans la Garde Nationale à son retour à Paris, puis sera réformé pour sa myopie. Il retrouvera Carrier-Belleuse en Belgique, avec lequel il collaborera jusqu'en 1872. Associé par contrat au sculpteur belge Antoine-Joseph Van Rasbourgh en 1873, Rodin participera au décor du Palais des Académies à Bruxelles, peindra une série de paysages de la forêt de Soignes et réalisera des lithographies destinées au journal satirique Le Petit Comique. Il étudiera Michel-Ange en Italie en 1875, puis exposera l'Age d'airain au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles et au Salon des Artistes français de Paris en 1877. Il sera alors accusé d'avoir moulé sa figure sur nature. Rodin quittera la Belgique, avec Rose, et entreprendra sa première grande tournée des cathédrales du centre de la France avant d'intégrer la Manufacture de Sèvres jusqu'en décembre 1882. Il occupera en 1880 son premier atelier du dépôt des marbres, au 182 rue de l'Université, qu'il gardera jusqu'à sa mort. L'Etat français lui achètera l'Age d'airain et commandera une porte pour le futur musée des Arts Décoratifs. Il y travaillera jusqu'à la fin de sa vie sans la livrer. Rodin, qui vendra à l'Etat une épreuve de son Saint Jean-Baptiste en bronze en 1881, apprendra la gravure à Londres, auprès d'Alphonse Legros. Il exécutera les figures d'Adam, d'Eve et du Penseur l'année suivante et fera la connaissance de Camille Claudel, alors âgée de 19 ans, en 1883. La municipalité de Calais lui commandera un monument commémoratif à Eustache de Saint Pierre, qui deviendra le Monument aux Bourgeois de Calais et sera inauguré en 1895 en présence de Rodin. L'année 1886, marquée par la commande des monuments à Vicuna Mackenna et au général Lynch à Santiago du Chili, sera également celle du Baiser commandé par l'Etat pour l'Exposition Universelle de 1889. Rodin illustrera l'exemplaire des Fleurs du Mal de Baudelaire appartenant à Gallimard en 1887. Membre fondateur de la Société nationale des Beaux-Arts, le sculpteur obtiendra la commande, en 1889, du Monument à Victor Hugo pour le Panthéon et du monument à Claude Lorrain qui sera inauguré à Nancy en 1892. Son Victor Hugo assis, refusé en 1890, donnera naissance à une statue debout l'année suivante. La Société des Gens de Lettres lui commandera alors un Monument à Balzac. Rodin, succédant à Dalou en 1893 au poste de Président de la section sculpture et vice-président de la Société Nationale des Beaux-Arts, engagera Bourdelle comme praticien. Il rencontrera Cézanne chez Monet à Giverny en 1894 et recevra la même année la commande du Monument à Sarmiento destiné à Buenos-Aires, qui sera inauguré en 1900. La rupture avec Camille Claudel interviendra en 1898. Elle est alors âgée de 34 ans. La Société des gens de lettres refusera le Balzac en plâtre présenté au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. La commande d'un Monument à Puvis de Chavannes interviendra en 1899, année qui sera marquée par la première exposition monographique à Bruxelles puis à Rotterdam, Amsterdam et La Haye. La grande Eve sera exposée au Salon de la Nationale. Le Pavillon Rodin, place de l'Alma à Paris, sera inauguré à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900. Démonté et reconstruit à Meudon l'année suivante, il servira d'atelier à l'artiste jusqu'à sa mort. Le poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) sera le secrétaire du sculpteur du 15 septembre 1905 au 12 mai 1906. Rodin deviendra l'amant de la duchesse de Choiseul en 1904, avant de la quitter en 1912. La peintre et femme de lettres britannique Gwendolen Mary John (1876-1939), soeur du peintre Auguste John, sera également la maîtresse du sculpteur en 1904, et lui servira de modèle pour la Muse Whistler. Le Penseur sera placé devant le Panthéon en 1906. Rodin exécutera une série d'aquarelles d'après les danseuses cambodgiennes à l'Exposition coloniale de Marseille de 1906 et y rencontrera la danseuse japonaise Hanako (1868-1945) qui posera pour lui en 1907 pour la première fois. Le grand modèle de l'Homme qui marche sera exposé au Salon de la Nationale cette même année. Rodin s'installera à l'hôtel Biron, qui deviendra le Musée Rodin, en 1908. L'année 1911 sera marquée par la participation de l'artiste à l'Exposition royale des Beaux-Arts à Berlin et la commande par L'Etat d'un Buste de Puvis de Chavannes pour le Panthéon. Le Bourgeois de Calais acheté par l'Angleterre pour les jardins de Westminster, sera placé devant le Parlement et l'Homme qui marche installé au palais Farnèse (ambassade de France) à Rome. La salle consacrée à Rodin au Metropolitan Museum de New York sera inaugurée en 1912. Camille Claudel sera internée l'année suivante. Rodin tombera gravement malade en 1916. Il fera trois donations successives (1er avril, 13 septembre, 25 octobre) de ses collections à l'État. La Chambre des Députés puis le Sénat voteront l'établissement du musée Rodin à l'Hôtel Biron. Rodin y recevra une commande pour un monument à la mémoire des combattants de Verdun. Il épousera Rose Beuret le 29 janvier 1917 à Meudon. Celle-ci décédera le 14 février et Rodin le 17 novembre 1917. Il sera enterré le 24 novembre - également à Meudon - à côté de Rose et à l'ombre de son Penseur. Le musée Rodin ouvrira ses portes au public le 4 août 1919.

ROLLAND (Romain), 1866-1944 : Écrivain. Né le 29 janvier 1866 à Clamecy (Nièvre), Romain Rolland est le fils d’un notaire. Il commence ses études à Clemecy puis les poursuit à Paris. Il fait ses études secondaires au lycée Saint-Louis puis au lycée Louis-le-Grand. Il entre à l’École normale supérieure en 1886, y abandonne la philosophie pour l’histoire, mais se montre également intéressé par l’histoire et le théâtre. Il enseigne l’histoire de l’art à la Sorbonne, puis publie des Vies d’hommes illustres comme Beethoven, Tolstoï, Haendel, Michel-Ange… Auparavant, il commence un cycle de « Tragédies de la Foi » et son « Théâtre de la évolution » qu’il complétera après 1920. A partir de 1903, c’est au romain qu’il se consacre et jusqu’en 1912, il écrit les dix volumes de Jean-Christophe. C’est à partir de la Première Guerre mondiale que Romain Rolland va devenir un écrivain engagé, engagement qui fonde sa notoriété hors des cercles littéraires. En 1914, trop âgé pour être mobilisé, il se trouve en Suisse où il passera toute la guerre. La barbarie dans laquelle sombrent durant le conflit les peuples civilisés l’épouvante et, en 1915, dans Au dessus de la mélée, il rassemble une série d’articles qui sont un appel aux hommes des deux camps à retrouver les valeurs qui risquent de s’effondrer dans la tragédie européenne, à sauver une civilisation qui menace de disparaître. L’inspiration humaniste de ces textes tranche trop avec l’excitation chauvine qui a généralement cours en France à cette époque pour pouvoir être admise par l’opinion publique engagée dans le jusqu’auboutisme de la guerre et qui vibre aux écrits d’un Barrès. Bien que Romain Rolland ait reçu en 1916 le prix nobel de littérature, il est considéré par la France comme un traître à la patrie. En 1917, il salue comme l’aube de la libération des peuples la révolution russe, tout en exprimant l’expoir qu’elle saura se montrer humaine, fraternelle et tolérante. Les débuts de la Russie soviétique ne répondent pas à ses espoirs et en 1920, quand se crée le parti communiste français, il rejette la violence révolutionnaire que prône la nouvelle formation, engageant sur ce point une vive polémique avec Henri Barbusse. Durant quelques années, il va essayer de concilier l’objectif révolutionnaire de la Russie soviétique avec la non-violence indienne, publiant des essais sur Gandhi en 1923 et sur L’Inde en 1929-1930. Qête qui lui apparaît bientôt vaine car face à la montée des fascismes en Europe la non-violance ne paraît pas une solution. Aussi sans illusion, connaissant ses erreurs, ses fautes, voire ses crimes, Romain Rolland se tourne à nouveau vers le communisme en quoi il voit l’avenir de l’humanité et il accepte comme un mal nécessaire la violence révolutionnaire. Désormais Romain Rolland devient un compagnon de route du parti communiste, acceptant de se faire son auxiliaire pour tenter de barrer la route au fascisme et au nazisme. En 1932, il est, avec Barbusse, l’inititeur du congrès d’Amsterdam-Pleyel contre la guerre et le fascisme. Il effectue à Moscou un voyage triomphal et refuse la médaille Goethe décernée par le gouvernement de Hitler. Le Front populaire est pour lui un moment d’exaltation et la représenattion de son 14 juillet à l’Alhambra le symbole de cette culture populaire que le nouveau régime entend faire naître. Mais dès ce moment, les déceptions le guettent à nouveau. La mort de Gorki l’affecte profondément, les procès de Moscou ébranlent son espoir de voir le communisme de l’âge mûr corriger ses erreurs de jeunesse, les échecs du Front populaire lui font à nouveau sentir la distance qui sépare le rêve de l’action. En 1938, il se retire à Vezelay dans l’Yonne, voyant ses illusions définitivement brisées en 1939 par le pacte germano-soviétique. Au moment de la déclaration de guerre, il fait connaître « son entier dévouement à la cause des démocraties » affirmant se ranger dans le camp de ceux qui se lèvent « pour barrer le chemin de la tyrannie hitlérienne ». En fait, pour lui, a sonné l’heure de la retraite et de la réflexion sur son passé, du retour vers les contacts avec les esprits religieux dont il se sent proche comme Claudel, du rassemblement de ses souvenirs sur Péguy. « Je suis sorti du cercle de l’action » écrit-il durant la période sombre de l’Occupation. Il décède à Vézelay (Yonne), le 30 décembre 1944. STARR (W.T.) : Romain Rolland, One against all, Paris, La Haye Mouton, 1971.

ROLLET (Henri), 1860-1934 : Avocat. Né à Soissons (Aisne), le 11 février 1860, son père le destine très vite à une carrière militaire. Il est reçu à Saint-Cyr en 1879 et réformé à cause de la faiblesse de sa vue. Il étudie le droit. En 1882, il est avocat stagiaire au Barreau de Paris puis avocat à la Cour d’appel de Paris entre 1882 et 1914. Enfin, en mars 1914, il devient juga au tribunal pour enfants de la Seine. Catholique convaincu, il est très vite sensibilisé au sort des enfants traduits en justice. Il épouse en décembre 1891 Renée Jeannet, issue d’une bourgeoisie aisée qui consacre sa fortune à la création d’oeuvres sociales et qui devient une précieuse collaboratrice. Le couple adopte trois frères de l’Assistance publique, en 1909. Sa femme meurt en 1918. En 1919, il épouse la demi-sœur de sa femme, Fannu Tupin, qui le seconde également dans ses œuvres. En 1887, il fonde avec C. de Barrau et Pauline Kergomard l’Union française pour le sauvetage de l’enfance. Il en est secrétaire général jusqu’en 1890. En 1890, il fonde le Patronage de l’enfance et de l’adolescence pour secourir, assister, recueillir tous les enfants dont l’Union française pour le sauvetage de l’enfance avait décidé de ne plus s’occuper. Pour trouver un local, il reçoit successivement l’aide de la baronne Thénard, de la comtesse de Flavigny et enfin de M. Rosenheim et d’O. Spitzer, puis en 1925, le don d’un américain, Nelson Cromwell. En 1895, avec Lucie Félix-Faure, il fonde la Ligue des enfants de France qui œuvre en faveur de l’enfance malheureuse (garderie, dispensaires, placements d’enfants, colonies de vacances). En 1914, Henri Rollet participe à la fondation de La Tutélaire, association chargée de protéger les orphelins et les enfants abandonnés, notamment les jeunes filles. En 1923, il est l’un des cinq membres fondateurs du Service social de l’enfance en danger moral avec O. Spitzer, philanthrope, M-Th. Vieillot, assistante sociale protestante. Ch Owings, une asistante sociale américaine, M. Aubry, président du tribunal pour enfants et le sociologue P. Fauconnet. En 1891, il fonde la revue L’Enfant qui consacre de nombreux articles aux œuvres et associations en faveur de l’enfance. Henri Rollet est à l’origine de la naissance de deux grandes associations internationales : l’Association internationale de la protestion de l’enfance (1919 dont il est le président puis le vice-président jusqu’en 1927, et l’Association internationale des juges des enfants (1928). Jusqu’à la fin de sa vie il travaille à faire vivre et à soutenir des œuvres en faveur des enfants. Il est vice-président de la section de l’enfance au Conseil supérieur de l’Assistance Publique, accesseur au Comité de protection de l’enfance de la Société des Nations. Chevalier de la Légion d’honneur en 1901 puis Médaille d’or des Etats-Unis en 1923 il finit sa carrière comme Commandeur de l’ordre de Léopold II de Belgique en 1927 puis Lauréat de l’Institut. Il décède à Paris en 1934.

ROLLINAT (Maurice), 1846-1903 : Poète. Né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846, issu d'un milieu cultivé, Maurice Rollinat se met très tôt au piano, pour lequel il semble avoir de grandes facilités. Dans les années 1870, il écrit ses premiers poèmes qu'il fait lire à Sand, laquelle l'encourage à tenter sa chance à Paris. Il y publie son premier recueil Dans les brandes (1877), qu'il dédie à Sand mais qui ne connaît aucun succès. Il rejoint alors le groupe des Hydropathes, fondé par Émile Goudeau, et qui rassemble de jeunes poètes décadents se voulant anticléricaux, antipolitiques et antibourgeois. Plusieurs soirs par semaine, la salle du Chat noir, le cabaret parisien, se remplit pour laisser place à l'impressionnant Rollinat. Seul au piano, le jeune poète exécute ses poèmes en musique. (Il mit aussi en musique les poèmes de Baudelaire). Son visage blême, qui inspire de nombreux peintres, et son aspect névralgique, auront une formidable emprise sur les spectateurs. De nombreuses personnes s'évanouissent ; citons pour les plus célèbres Leconte de Lisle et Oscar Wilde. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, valent à Rollinat, en 1883, une brève consécration. Cette année-là, le poète publie Les Névroses qui laisse les avis partagés : certains voient en lui un génie, d'autres, comme Verlaine dans les hommes d'aujourd'hui, un « sous-Baudelaire », doutant ainsi de sa sincérité poétique. Cependant, malade et fatigué, Rollinat refuse d'être transformé en institution littéraire. Il se retire alors à Puy-Guillon puis à Fresselines, dans la Creuse, pour y continuer son œuvre. Il s'y entoure d'amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. En 1886, il publiera l'Abîme, puis Paysages et Paysans ainsi qu'un recueil en prose En errant (1903). Alors que sa femme, l'actrice Cécile Pouettre, meurt de la rage, Rollinat tente plusieurs fois de se suicider et est transporté dans une clinique à Ivry-sur-Seine où il décèdera à le 26 octobre 1903. MIANNAY (R.) : Maurice Rollinat, poète et musicien du fantastique, Badel, 1981. LAPAIRE (H.) : Rollinat, poète et musicien, Mellotté, 1932. LE GUILLOU (C.) : Rollinat : ses amitiés artistiques, Joca seria, 2004. RÉAULT-COSNIER (C.) : Maurice Rollinat - Poète et musicien du fantastique, 1995. RÉAULT-COSNIER (C.) : Maurice Rollinat et les Névroses, 1986. VINCHON (E.) : Maurice Rollinat : étude biographique et littéraire, 1921. Zévaès (A.) : Maurice Rollinat : son œuvre, portrait et autographe, La Nouvelle revue critique, 1933 DUBRAY (J.-P.) : Maurice Rollinat intime, 1930.

ROSMER (A.) : Alfred Rosmer, de son vrai nom Alfred Griot, né en 1867 près de New-York et décédé en 1964 à Créteil, est un syndicaliste qui s'illustra à La Vie ouvrière (VO), un des fondateurs de la Troisième Internationale, membre du bureau politique du parti communiste-SFIC (futur PCF) entre 1922 et 1924, proche de Trotski à partir de son exclusion en 1924, historien du mouvement ouvrier. Jusqu'à l'age de 8 ans, le jeune Alfred Griot vit à Patterson près de New-York où son père était coiffeur avant d'installer un salon à Montrouge en 1884. Ce père, dreyfusard, mettra l'Aurore dans son salon de coiffure. Après avoir passé son brevet et exercé quelques petits métiers, Alfred réussit un concours qui lui permet de devenir employé aux écritures dans les mairies parisiennes. Son principal biographe, Christian Gras note que " L'idée de faire carrière était, pour lui comme pour d'autres futurs militants, d'intelligence exceptionnelle et brillante, de vaste culture, totalement étrangère à leur conception de la vie ". Il profite donc du temps libre que lui laisse un travail peu contraignant pour s'intéresser au théâtre, à la peinture et à la littérature. Il est également gagné par les idées révolutionnaires. Rebuté par le parlementarisme des socialistes, il est de tendance anarchiste. Il adhère à différents mouvements: "Montagne Sainte-Geneviève", "Étudiants socialistes révolutionnaires", "Étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes". De son enfance aux États-Unis, il a gardé le souvenir de la langue anglaise. De plus, il apprend L'italien et le russe pour lire les auteurs qui l'intéressent. En juin 1906, Alfred signe son premier article dans le journal anarchiste " les Temps nouveaux ", une critique théâtrale sur Ibsen. Le théâtre sera une passion qui ne la quittera jamais. La Vie ouvrière [modifier] Alfred avait adhéré en 1899 au premier syndicat des employés de préfecture. Il s'éloigne lentement de l'anarchisme pour se rapprocher du syndicalisme révolutionnaire et signe ses premiers articles, toujours sur le théâtre dans le journal La Vie ouvrière, le journal de la CGT que Pierre Monatte a fondé en 1909. À partir de 1913, il fait partie du « noyau » (nom du groupe de direction officieux) du journal et signe sous le pseudonyme d’Alfred Rosmer. Il est le spécialiste de l'Angleterre et des États-Unis. Monatte et Rosmer resteront toujours de fidèles amis. À partir de 1912, Rosmer collabore également à la "Bataille syndicaliste" où il remplace Amédée Dunois. Il se met alors en congé illimité de son administration. L'amateur de théâtre devient alors chroniqueur parlementaire où il critique les discours "très Comédie Française". Il est aussi sévère pour l'éloquence verbeuse des parlementaires que pour le débraillé qui s'affiche dans certains milieux anarchistes. Ses intérêts pour les problèmes internationaux le conduisent à effectuer de nombreux voyages, en Angleterre, en Suisse, en Belgique, pour assister à des congrès ou suivre des grèves, rencontrer des militants. En 1913, il est envoyé à la Conférence syndicaliste internationale qui se tient à Londres. La CGT et la VO, en désaccord avec la création d'une Internationale de ce type, ont refusé d’y participer officiellement. Rosmer reste toujours curieux de rencontrer des militants étrangers. La guerre [modifier] Lors de la déclaration de guerre en 1914, Rosmer et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre la VO à la censure qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste. Il organise la diffusion clandestine en France de l'« Au dessus de la mêlée » publié en Suisse, par Romain Rolland. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec des militants russes exilés à Paris, en particulier Trotsky et Martov qui allaient aux réunions de la VO. Presque chaque dimanche, Rosmer passait la journée dans un des logis parisiens de Trotsky. Il ne peut se rendre à la conférence de Zimmerwald qui réunit en dehors des structures traditionnelles, syndicalistes et socialistes. C’est là que se crée le ‘’Comité pour la reprise des relations internationales’’. Rosmer participe aux réunions du groupe et signe avec Trotski, le 29 février 1916, dans le Bulletin de Zimmerwald, un manifeste affirmant clairement la nécessité d'une nouvelle Internationale. C’est à cette époque qu’il rencontre à une réunion pacifiste Marguerite Thevenet qui restera sa compagne jusqu’à sa mort. Le Comité de la IIIe Internationale [modifier] A partir de 1917, il soutient la Révolution russe et s’engage résolument dans la diffusion des publications bolchéviques. Toujours d’accord avec Monatte, il défend la ligne d’un mouvement internationaliste s’appuyant sur un syndicalisme révolutionnaire. ‘’La Vie ouvrière’’ reparaît le 30 avril 1919. Au congrès de la CGT de Lyon auquel il assista et dont il fit le compte rendu, le discours de Monatte traçait le programme de la minorité syndicaliste. Le ‘’Comité pour la reprise des relations internationales’’, devient en mai 1919 le ‘’Comité de la IIIe Internationale’’ qui délègue Rosmer à Moscou pour le IIe congrès de la Troisième Internationale que l’on appellera aussi ‘’Internationale Communiste’’ (IC). Rosmer va rester en Russie dix-sept mois pendant lesquels il fréquentera tous les dirigeants bolcheviques, notamment Trotsky et Lénine et les dirigeants de l’IC comme Zinoviev avec qui les rapports seront toujours tendus. Il est admis au Comité exécutif de l'IC et siége à la Commission des problèmes internationaux qu’il préside à plusieurs reprises e à la commission syndicale. Il entre au « petit bureau » du comité exécutif aux cotés de Zinoviev, Radek, Boukharine et Béla Kun instances de l’IC, mais également la Belgique et de la Suisse. Il travaillait essentiellement au sein des instances de l'IC. Ses prises de position furent nettes. Dans les discussions internes, s'il avait des divergences tactiques, ou d'autres plus profondes, il ne souhaitait pas les exposer à l'extérieur : il n'était pas question de nuire à l'action de l'IC avec laquelle il était en accord sur les points essentiels. Rosmer approuve globalement la politique des bolcheviques, même s’il ne minimise pas les difficultés de la révolution dans les articles qu’il envoie à la presse. Il n’imagine pas de désaccord avec la répression de Cronstadt et ne croit pas à la possibilité d'un assassinat des autres délégués français anarcho-syndicalistes Vergeat, Lepetit et Lefebvre mystérieusement disparus dans le Grand Nord, alors qu'ils tentaient de rentrer en France par Mourmansk1. Christian Gras note que ce sera un sujet douloureux pour le reste de sa vie. L’ancien anarchiste accepte également la nécessité de la dictature du prolétariat, radicalement différent du socialisme parlementaire. Sa présence à Moscou l'a empêché de participer directement à la préparation du Congrès de Tours, mais Monatte qui n'a pas encore fait le pas d'adhérer à un parti et Rosmer sont proches des militants du Comité de la 3e Internationale (Fernand Loriot, Boris Souvarine…), et n'ont que méfiance et mépris pour Frossard ou pour Cachin, les deux dirigeants « centristes » de la jeune Section Française de l’Internationale Communiste (SFIC, plus tard rebaptisée « Parti communiste français ». Création de L'Internationale Syndicale Rouge [modifier] En juillet 1921, Rosmer participe au congrès constitutif de l' Internationale Syndicale Rouge (ISR). La question des relations entre les deux internationales est extrêmement délicate. Pour les anarcho-syndicalistes, le syndicat est l'outil primordial pour mener à bien une révolution ouvrière, alors que la vision léniniste donne la primauté au parti. Rosmer qui est le seul rapporteur après la défection de Zinoviev, s'en tire par un discours habile : puisque la majorité des délégués était favorable à la coopération des deux Internationales, cette La coopération entre les deux internationales, souhaitée par la majorité des délégués devait être acceptable. Les partis doivent se rapprocher des syndicats révolutionnaires. Cela implique un lien et non une subordination. Mais un délégué russe, Alexei Losovski présente un texte qui prévoit une liaison organique obligatoire entre parti et syndicat. Rosmer ne peut faire mieux que de remplacer "obligatoire" par « hautement désirable ». Création de la CGTU [modifier] A la fin de 1921, Rosmer est remplacé par Boris Souvarine comme représentant français au sein de l'IC. Il regagne la France, mais effectuera encore plusieurs séjours à Moscou entre 1922 et 1924. En juillet 1921, le congrès de Lille de la CGT avait vu s'affronter les majoritaires réformistes et les minoritaires révolutionnaires. La scission est inévitable. De retour en France, Rosmer participe au congrès des minoritaires de décembre 1921. Il défend le principe d'une Internationale unique, mais se retrouve exceptionnellement contre Monatte, hostile à la liaison entre les Internationales. Lorsque Monatte se retire de la direction de La Vie ouvrière, il se fait remplacer par Gaston Monmousseau, jugé plus favorable à lindépendance du syndicalisme. En juillet 1922, les minoritaires se réunissent pour le premier congrès de la CGTU dont Rosmer obtient finalement l'affiliation à l'ISR. Membre du bureau politique de la Section Française de l’Internationale Communiste [modifier] A son retour de Moscou, Rosmer a adhéré au nouveau parti issu du Congrès de Tours, la SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste – futur Parti communiste français). Il va rapidement y prendre des responsabilités. Il se situe dans la « Gauche » du parti aux cotés de Souvarine, et à ce titre devient membre du Comité directeur après le IVe congrès de l'IC, en décembre 1922. Il est ensuite élu au Bureau politique en janvier 1923 et réélu au congrès de Lyon en janvier 1924. En fait Rosmer n'a jamais exercé des fonctions de première importance au sein de la SFIC. Il ne conserve pas longtemps le poste de secrétariat général de l'Humanité, poste pour lequel il semble si bien fait. A Moscou, il s'était opposé à Zinoviev et à Paris, il va naturellement s'opposer à Albert Treint, l'homme de Zinoviev nommé co-secrétaire du bureau politique de puis 1922. Treint mène une campagne contre les « droitiers ». Le 18 mars 1924, Rosmer s'abstient au Comité directeur dans le vote sur les thèses de Treint, alors que Monatte et Souvarine votent contre. Ce fut au Ve congrès de l'IC que Rosmer prit pleinement conscience de la situation, de la vraisemblable élimination de Trotsky, du triomphe des zinoviévistes et donc du groupe Treint qui entra en force au comité exécutif de l'IC. Présent au Ve congrès de l'IC, Rosmer voit se profiler l'élimination de Trotsky au profit de Zinoviev. De retour à Paris, il fait circuler les notes de Lénine (le "testament"). Il doit alors s'expliquer devant le Bureau politique, pour avoir fait circuler des "ragots". Monatte et Rosmer sont alors tenus à l'écart et exclus du BP en octobre 1924. Une conférence nationale extraordinaire les accuse de "frossardisme grossier, individualisme anarchisant, trotskysme mal affiné". La vie après le Parti (1925-1940) [modifier] Monatte et Rosmer mènent d'abord un combat commun avec une revue syndicaliste-communiste, La Révolution prolétarienne. Trotsky leur demande de liquider la revue, d'agir comme des soldats du parti, de s'adresser à l'Exécutif du Komintern pour demander une révision de leur affaire. En fait Rosmer devient de plus en plus critique vis-à-vis de l'IC et du régime soviétique qui "tourne le dos au communisme et crée de nouvelles couches de privilégiés". Monatte reprend son ancien métier de correcteur d'imprimerie et milite à la base au syndicat des correcteurs. Rosmer devient également correcteur, mais privilégie l'action politique. Quand Trotsky est expulsé en Turquie, en 1929, Alfred et Marguerite Rosmer le soutiennent en essayant d'organiser une garde pour prévenir un assassinat et d'obtenir des visas pour des pays plus sûrs. Rosmer s'occupe également aussi de vendre des articles de Trotsky dans la grande presse. En 1929, il devient rédacteur en chef d'un hebdomadaire la Vérité et en 1930, il participe à la création d'une organisation, la Ligue communiste de France. Des divergences apparurent très vite entre les dirigeants, Maurice Dommanget, Raymond Molinier, Rosmer et Pierre Naville. Désavoué par Trotsky sur le rôle de Molinier, Rosmer démissionne de la Ligue en décembre 1930, et abandonne toute collaboration à la Vérité. Fatigué, Rosmer met en veilleuse ses activités militantes et se lance dans l'écriture d'une monumentale Histoire du mouvement ouvrier pendant la guerre dont le tome I sort en 1936. En marge de son métier de correcteur qui lui assure des revenus suffisants pour mener une vie simple à la cité-jardin des Lilas. Marguerite apporte également ses revenus d'animatrice de colonie de vacances et de visiteuse médicale. Le couple effectue quelques séjours à l'étranger, et notamment en Espagne en 1936 où il constate l'ampleur de la lutte des staliniens contre les oppositionnels. En plus de la rédaction de son Histoire du mouvement ouvrier pendant la guerre, il s'attache à dénoncer les crimes staliniens dans les affaires Andrès Nin, Kurt Landau, Ignace Reiss. Rosmer renoue des liens avec Trotsky au moment des procès de Moscou. L'amitié personnelle a survécu aux désaccords politiques. Il participe aux travaux des Comités d'études sur les procès de Moscou. Il anime le comité français et fait partie des dix membres de la commission d'enquête mise en place par le comité américain. Il passe ainsi l'été 1937 aux États-Unis à recueillir des témoignages et collabore à l'ouvrage Not guilty !. Dans les meetings auxquels il participe, tant aux États-Unis qu'en France, il doit naturellement affronter l'hostilité des staliniens. Rosmer reste cependant en marge des organisations trotskistes. Lors de la Conférence constitutive de la IVe Internationale, en novembre 1938, il prête sa petite maison de Périgny mais n'y participe pas. Lorsque Trotsky part au Mexique, il désigne Rosmer comme le tuteur de son petit-fils Sieva. En 1939, Alfred et Marguerite se chargent de convoyer Sieva jusqu'à Coyoacan où réside le grand-père et en juin 1940, ils se trouvent aux États-Unis. La vie après le Parti (1940-1964) [modifier] Les Rosmer restent aux États-Unis jusqu'en 1946. Alfred fait des corrections de la Bible et Marguerite donne des leçons de français. Ils voyagent beaucoup, ont peu de contacts avec les Français aux États-Unis, sauf avec Boris et Françoise Souvarine. De retour en France en été 1946, mal à l'aise devant l'unanimité nationale de la France d'après-guerre, il se trouva en plein accord avec ses amis de la Révolution Prolétarienne. Il reprend un travail de correcteur chez Gallimard et Grasset et dans la presse quotidienne. Le couple Rosmer effectue toujours de nombreux voyages, notamment en Yougoslavie, dès la rupture Tito-Staline. En 1949, il rédige ses souvenirs sur son action dans l'Internationale communiste dans un ouvrage Moscou sous Lénine. Il a beaucoup de mal à trouver un éditeur et ne peut publier l'ouvrage qu'en 1953, grâce à l'appui d'Albert Camus qui préface le livre. En 1959, avec l'aide d'une vente par souscription, il sort le tome II de l'Histoire du mouvement ouvrier de Zimmerwald à la Révolution russe. Il ne pourra jamais mener à bien le tome III. Engagé contre les guerres coloniales, il signe le Manifeste des 121. En 1960, il entra, avec Marguerite, à la maison de retraite Chardon Lagache, tout en gardant la « grange ». La mort de Monatte en 1960 le priva de son plus vieil et fidèle ami. En 1962, la mort de Marguerite, et huit jours après, celle de Natalia Sedova, furent pour lui de rudes épreuves. Son activité intellectuelle restait très intense, il poursuivait ses travaux de recherche pour son tome III, rédigeait des préfaces pour des œuvres de Trotsky. Il était heureux de voir se développer une pensée plus libre sur le communisme, recevait volontiers les jeunes chercheurs. Souriant et secret, amical et réservé, chaleureux et volontiers ironique, il aimait les petites réunions d'amis, animait par son humour des petits repas qu'il appréciait, les promenades dans la nature qu'il aimait. Il décède le 5 mai 1964, à l'hôpital Albert-Chennevier à Créteil, 2 ans après son épouse Marguerite et 4 ans après son vieil ami Monatte. Œuvres d'Alfred Rosmer [modifier] • Le Mouvement Ouvrier pendant la guerre, tome I, De l'Union sacrée à Zimmerwald, Librairie du Travail, 1936, Sources [modifier] • Colette Chambelland, Christian Gras, article Alfred Rosmer in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, éditions ouvrières, 1997 • Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, T1 et T4, Fayard Bibliographie [modifier] • Christian Gras, Alfred Rosmer et le mouvement ouvrier international, thèse de doctorat ROSTAND (Edmond), 1868-1918 : Auteur dramatique. Né à Marseille, le 1er avril 1868, Edmond Rostand est le fils d'Eugène Rostand et d'Angélique Gayet (descendante d'un capitaine de vaisseau et d'une sœur de l'abbé Barthélemy). Après des études secondaires faites d'abord à Marseille et ensuite à Paris au collège Slanislas, le jeune Rostand entreprit des études de droit, et écrivit une pièce : Le gant rouge (l888) ainsi qu'un certain nombre de poésies qui ne connurent aucun succès. Bien qu'inscrit au barreau de Paris, il n'exerça jamais, mais se consacra entièrement aux travaux littéraires et fit paraître en 1890, un volume de poésies : Les Musardises. Il se maria la même année avec la poétesse, Rosemonde Etiennette Gérard, dont le premier livre, Les Pipeaux (1889) venait d'être couronné par l'Académie française. Les deux Pierrots, pièce écrite par Edmond Rostand en 1891, eurent aussi peu de succès que ses pièces précédentes, par contre, la comédie en vers : Les Romanesques, représentée le 21 mai 1894 à la Comédie française, fut très applaudie. Il écrivit ensuite pour Sarah Bernhardt, deux pièces en vers : La princesse lointaine, représentée au Théâtre de la Renaissance le 5 avril 1895, et La Samaritaine, représentée le 14 avril 1897. Le 28 décembre de cette même année 1897, le théâtre de la Porte Saint Martin créa une pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, qui fut un triomphe d'une ampleur rarement égalée dans les annales du théâtre ; la critique eu beau indiquer les faiblesses de la pièce, faiblesses pourtant très apparentes, son succès ne s'est jamais démenti. La pièce suivante, L'Aiglon, créée par Sarah Bernhardt le 15 mars 1900, connut un triomphe analogue bien que la critique, à juste titre, se montrât encore plus sévère : cette double réussite auprès d'un public fut pour beaucoup dans l`élection du poète à l`Académie française (1901). Atteint d'une pneumonie qui mit ses jours en danger et compromit gravement sa santé, Edmond Rostand se retira à Cambo, dans le pays basque et ne put être reçu sous la Coupole que le 4 juin 1904. Ce ne fut que le 7 février 1910 que les Parisiens purent entendre la nouvelle pièce de Rostand, Chantecler, qui fut un fiasco complet. La dernière nuit de don Juan (1921) fut publiée à titre posthume. La thèse défendue par le poète dans cette pièce tendait à prouver que Shopenhauer avait raison, en déclarant que tout ce qui se réclame du nom de don Juan ne peut-être qu'illusion. Dans l'illustre lignée des Rostand Edmond, reste sans nul doute le plus célèbre dans la mémoire collective. Mais il s'intéresse beaucoup plus à la poésie et au théâtre qu'à la diplomatie ou au code civil. Lauréat, à 19 ans, du Prix maréchal de Villars décerné par l'Académie de Marseille, il garde la nostalgie de sa ville natale. En 1890 il épouse une jeune fille poète comme lui Rosemonde Gérard, petite- fille du Maréchal, héros de Wagram. Deux fils naîtront de cette union: Maurice, poète doué comme sa mère et Jean, le cadet né en 1894, futur biologiste et académicien. Premiers succès littéraires avec les "Musardises" et les "Romanesques" (pièce jouée à la Comédie française), Edmond fait resurgir avec éclat le romantisme au théâtre. Après "La Princesse lointaine" et "La Samaritaine" c'est le triomphe de "Cyrano". Le soir même il reçoit la Légion d'Honneur. "L'Aiglon" parachève sa gloire et lui ouvre, à 33 ans, les portes de l'Académie française. L'Académie de Marseille le nomme, en 1903, membre associé. Il prend malheureusement froid lors d'une répétition de la pièce et ses médecins lui conseillent d'aller se soigner à Cambo dans les Pyrénées Atlantiques (naguère Basses-Pyrénées). Le spectacle des animaux de basse-cour dans une ferme basque lui inspire "Chantecler". Edmond dessine les plans d'une demeure superbe et de son parc "Arnaga"; il rédige en même temps cette œuvre qu'il considère comme celle de sa vie. Longue gestation avec ses doutes ses angoisses: "Suis-je sûr de trouver ma chanson dans mon cœur". Présentée en 1910 à Paris et à Marseille avec comme interprètes Madame Simone, Jean Coquelin et Guitry, "Chantecler" et l'"Hymne au soleil" connaissent un demi-succès. Attristé, Edmond Rostand n'écrira plus désormais de pièces de théâtre en vers. La disparition de ses parents, la maladie de poitrine qui le ronge lentement, la guerre qui décime la jeunesse française, les critiques assombrissent ses dernières années. Il publie cependant, Le Cantique de l'Aile et le Vol de la Marseillaise. Quelques jours après l'armistice, le 2 décembre 1918, il s'éteint à Paris. ROSTAND (Jean), 1894-1977 : Biologiste et homme de lettres. Né à Paris le 30 octobre 1894, Jean Rostand est le fils du dramaturge Edmond Rostand et de la poétesse Rosemonde Gérard et frère de l’écrivain Maurice Rostand. Il passe son enfance à la villa Arnaga, à Cambo-les-Bains (Pays basque). Il découvre à l'âge de dix ans les Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre. Licencié ès sciences de la faculté de Paris, Jean Rostand s'installe à Ville-d'Avray en 1922, à la mort de son père. Après avoir participé à la création de la section de biologie au Palais de la Découverte, en 1936, il fonde à Ville-d'Avray son propre laboratoire indépendant et se tient à l'écart des structures universitaires qu'il juge trop contraignantes. Très intéressé par les origines de la vie, il étudie la biologie des batraciens (grenouilles, crapauds…), la parthénogenèse, l'action du froid sur les œufs… et été le promoteur de multiples recherches sur l'hérédité. Jean Rostand commence par publier quelques essais philosophiques, puis partage son temps entre son métier de chercheur et une très abondante production scientifique et littéraire. Avec conviction et enthousiasme, il s'efforce de vulgariser la biologie auprès d'un large public et d'alerter l'opinion sur la gravité des problèmes humains qu'elle pose. Considérant la biologie comme devant être porteur d'une morale, il met en garde contre les dangers qui menacent les hommes lorsqu'ils jouent aux apprentis sorciers, comme les tenants de l'eugénisme. Toutefois Rostand soutenait une forme d'eugénisme, approuvant tant les écrits d'Alexis Carrel que la loi nazie de 1933 prévoyant la stérilisation de personnes atteintes de certaines formes de maladies mentales. Il décèdera à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) le 4 septembre 1977.

ROUSSEAU (Henri-Julien-Félix Rousseau dit le Douanier), 1844-1910 : Peintre. Né le 21 mai 1844 à Laval, il reste le plus célèbre représentant des peintres naïfs. Issu d'une famille modeste, il devient commis d'avocat à Angers. Il s'engage dans l'armée peu après pour éviter les poursuites secondaires à un vol chez son employeur. Il est libéré en 1868 à la suite du décès de son père et rejoint alors Paris. Il épouse en 1869 Clémence Boitard avec qui il aura sept enfants, dont un seul parviendra à l'âge adulte. Il entre, après la guerre de 1870, à l’Octroi de Paris, comme commis de deuxième classe. Cet organisme perçoit les taxes des marchandises entrant dans Paris. De là vient son surnom « le douanier ». Il débute alors sa carrière de peintre en autodidacte. Il obtient une carte de copiste au musée du Louvre, ce qui lui permet de se familiariser avec les chefs-d’œuvre. Son entrée dans la vie artistique est donc relativement tardive. Il tente sans succès d'exposer au Salon officiel en 1885 et c’est seulement en 1886 qu'il participe au Salon des Indépendants, grâce à l'absence de jury d'entrée. Il y expose plusieurs tableaux dont Une soirée au carnaval.Sa notoriété s'accroît avec les années et il continue de participer chaque année au Salon des Indépendants. En 1891, il y montre son premier « tableau de jungle », Surpris !, représentant la progression d'un tigre dans une brousse luxuriante. Cette œuvre est particulièrement appréciée par le peintre Félix Vallotton, parlant à son propos d'« Alpha et d'Oméga de la peinture ». Sa femme meurt en 1888 et sa situation financière devient difficile. Il héberge un temps l'écrivain Alfred Jarry et il prend sa retraite de l'octroi en 1893 pour se consacrer à la peinture, ce qui ne lui apporte pas suffisamment de revenus pour vivre. Il donne alors des cours de violon et écrit plusieurs pièces de théâtre. Il se remarie en 1899 avec une veuve, Joséphine Noury. Petit à petit, il se fait reconnaître et estimer par les peintres avant-gardistes tels qu'André Derain ou Henri Matisse. Il se lie d'amitié avec Robert Delaunay, avec Guillaume Apollinaire, puis avec Pablo Picasso. Le 2 septembre 1910, il meurt de la gangrène à l’hôpital Necker à Paris. Pour peindre, il s’évertue à reproduire ce qu’il voit et essaie de faire coïncider ce qu’il voit avec ce qu’il sait des faits. L’exotisme abonde dans son œuvre même si Rousseau n'a pratiquement jamais quitté Paris. Son exotisme est imaginaire et stylisé, issu du Jardin des Plantes, du jardin d'acclimatation, des revues illustrées ou bien des revues de botanique de l’époque. Grand solitaire, il jouit cependant de la protection et de l’admiration des milieux artistiques d’avant-garde. Coloriste original, avec un style sommaire mais précis, il a influencé la peinture naïve. Notons que l'œuvre de Rousseau a momentanément freiné la progression des recherches artistiques menées par les peintres futuristes italiens, qui sont revenus à une peinture naïve pendant une courte période précédant celle des « polymatières ». C'est l'une des thématiques les plus fécondes du peintre qu'il poursuit jusqu'à sa mort. Toujours dans une flore exubérante et totalement inventée (en témoigne les nombreux régimes de bananes qui pendent à chaque branche, ou la disproportion des feuillages), il met en scène des combats féroces entre un fauve et sa proie (sauf dans Tigre combattant un nègre), ou au contraire, un portrait plus apaisé d'un grand animal, comme dans les Singes farceurs. Ces animaux lui ont été inspirés par ceux de la ménagerie du jardin d'Acclimation et par des revues. Dans ses dernières jungles, il a représenté des personnages (dans La Charmeuse de serpents et Le Rêve) en harmonie avec la nature. D'abord critiquées par leur manque de réalisme et leur naïveté, ses « jungles » seront plus tard reconnues comme des modèles par tous, d'où cette phrase de Guillaume Apollinaire lors du salon d'Automne où Rousseau exposa Le Rêve : Ils sont soit végétaux, intemporels, représentant des lieux qu'il connaît bien (berges de l'Oise), soit plus urbains. Ils comportent souvent des détails en rapport avec le progrès technique de son temps : dirigeable, poteaux télégraphiques, ponts métalliques, la tour Eiffel. Ces paysages restent cependant dans un tonalité naïve. En effet, Rousseau n'y fait apparaître aucune notion de perspective. Les portraits Les personnages sont figés, de face, le visage le plus souvent inexpressif. S'ils sont plusieurs, ils sont représentés simplement juxtaposés. Ils paraissent massifs, gigantesques en comparaison avec les éléments du décor, mais cela semble être une conséquence du fait que le peintre ne maîtrise pas la représentation des perspectives. En effet, le paysage est presque au même plan que le sujet, avec son foisonnement de détails mais à la perspective absente. Ses portraits sont le plus souvent sans nom, même si des indices permettent d'identifier le personnage, par exemple Pierre Loti dans son Portrait de M. X (1910, KunstHaus de Zürich). De même, le premier portrait réalisé par le peintre, représentant une femme qui sort d'un bois, semble être celui de sa première femme, Clémence. Ses écrits Il a dans ses relations autant de peintres que d'écrivains. Parmi ces derniers, on peut citer, outre Alfred Jarry et Apollinaire, Blaise Cendrars et André Breton. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre : • La Vengeance d'une orpheline russe en 1898 ; • Une visite à l'exposition de 1899 en 1899. Il a écrit également plusieurs courts textes ou poèmes explicatifs sur certaines de ses œuvres, notamment pour sa Bohémienne endormie (1897). Bibliographie [modifier] • André Salmon, Henri Rousseau dit Le Douanier, Éd. Georges Crès, 1927. • A. Basler, Henri Rousseau, sa vie, son œuvre, Librairie de France, 1927. • Pierre Courthion. Henri Rousseau, le Douanier Éditions Albert Skira. Cette édition de 1944 comporte quelques erreurs dans la biographie du Douanier. • Wilhem Uhde, Cinq maîtres primitifs - Rousseau - Louis Vivin - Camille Bombois - André Bauchant - Séraphine de Senlis, traduction de l'allemand par Mlle A. Ponchont, préface de Henri-Bing-Bodmer. Librairie Palmes - Philippe Daudy, éditeur, 1949. • Henri Rousseau dit « Le Douanier » 1844-1910 - Exposition de son cinquantenaire - Galerie Charpentier, Paris, Galerie Charpentier 1961 • Henry Certigny, La vérité sur le Douanier Rousseau. Plon. 1961. • La Vérité sur le Douanier Rousseau. Le Conseil municipal de Paris et les Artistes indépendants : 1880-1900, La Bibliothèque des Arts, Lausanne-Paris, 1971, d'Henry Certigny • Henry Certigny, Le Douanier Rousseau et Frumence Biche, La Bibliothèque des Arts, Lausanne-Paris. 1973. • Dora Vallier. Tout l'œuvre peint de Henri Rousseau, collection Les classiques de l'Art (Éditions Flammarion) • Götz Adriani, Le livre de l'exposition de Tübingen 2001 (en anglais) • Gilles Plazy, Le Douanier Rousseau, un naïf dans la jungle, Gallimard, Découvertes • David Larkin, Rousseau, Éditions du Chêne • Cornelia Stabenow, Rousseau, Éditions Taschen • Rousseau, Découvrons l'Art (Cercle d'Art) • (es) Angela Wenzel, Henri Rousseau, La Gitana Dormida

ROUSSEL (Théophile), 1816-1903 :

ROUSSILLON (Le) : Journal catholique et royaliste fondé en 1875 et longtemps dirigé par Alphonse Massé et Pierre Joly, ancien député monarchiste. Il paraissait à Perpignan chaque semaine. Malgré l’hostilité de l’évêque qui en avait interdit la lecture aux fidèles de son diocèse en mars 1929.Dans les années 1930, l’avocat monarchiste Despéramon en était le rédacteur en chef. Sa devise « Le roi protecteur des Républiques françaises » figurait en manchette.

ROUSTAN (Mario), 1870-1942 : Professeur et homme politique. Né à Sète (Hérault) le 20 février 1870, il décède la 3 février 1942. Sénateur de l’Hérault de 1920 à la guerre, il siège au centre gauche. Ce franc maçon vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940.

ROUVIER (Maurice), 1842-1911 : Homme politique. Né à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) le 17 avril 1842, ce disciple de Léon Gambetta est le type même du républicain « opportuniste ». Représentant de la haute finance, il est sept fois ministre, préside par trois fois le Conseil et son oeuvre financière est considérée comme un modèle d’orthodoxie. Il a joué un rôle actif dans l’orientation primitive de la IIIème République. Après des études de droit à Marseille, il entre comme employé à la banque Zafiropoulo, un établissement spécialisé dans le commerce avec l’Orient, où il acquiert une importante situation. Hostile à l’Empire, il collabore dès 1867, à diverses gazettes d’opposition républicaine (dont La République française de Gambetta) et, en 1869, soutient efficacement la candidature de Gambetta à Marseille pour l’élection au corps législatif. Très vite il acquiert une réputation hors pair de technicien des finances. Cette amitié est déterminante, car, après le 4 septembre 1870, celui-ci le nomme secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône où il fait preuve d’un sens certain de l’organisation. Après un échec en février 1871, il entre à la Chambre grâce aux élections complémentaires du 2 juillet suivant, élu d’une liste de conciliation entre les libéraux et radicaux. Là, il manifeste une grande fermeté de caractère, tant à propos de la levée de l’état de siège dans les Bouches-du-Rhône qu’à propos de l’exécution de Gaston Crémieux, chefs des insurgés de Marseille. Il met, en général sur des questions purement politiques, ses dons d’orateur au service de l’extrême gauche, mais se sépare de celle-ci à propos des intérêts commerciaux de la France à l’étranger, et plus particulièrement en orient, à la grande satisfaction des négociation phocéens. En tant que membre de l’Union républicaine, il soutient Thiers contre la coalition monarchiste, se prononce contre le septennat, demande le retour de l’Assemblée à Paris et, enfin, vote les lois constitutionnelles. Elu député le 20 février 1876, dans la 3ème circonscription de Marseille, il est nommée dans la foulée secrétaire de la Chambre. Favorable à l’impôt sur le revenu, mais non à celui sur le capital, il voit ses compétences économiques reconnues, non seulement par ses pairs, mais surtout par Gambetta qui en fait son ministre du Commerce et des Colonies jusqu’à la chute du « Grand Ministère », le 26 janvier 1882. Défenseur des conventions, de chemins de fer, il devient à la même époque le représentant privilégié de la haute finance au sein de la chambre, se liant notamment avec le baron Joseph Reinach (1840-1892), futur protagoniste du scandale de Panama. Du 14 octobre 1884 au 30 mars 1885, il retrouve le ministère du Commerce dans le cabinet constitué par Jules Ferry, et le 30 mai 1887, il est appelé par le président de la République Jules Grévy pour former un nouveau gouvernement. Président du Conseil avec le portefeuille des Finances, il constitue un ministère dont la modération trouve sa contrepartie dans l’assurance de neutralité offerte par le président de l’Union des droites, le baron de Mackau. Fait notable, le trop populaire général Boulanger est remplacé, selon la volonté des républicains modérés, par le général Ferron au ministère de la Guerre. Ne siègent que deux ministères radicaux, François Barbe à l’Agriculture et Severiano de Heredia aux Travaux publics. En près de dix mois, de gouvernement, il fait avorter une proposition d’élection du Sénat au suffrage universel et contribue à l’allègement de la dette par une ingénieuse conversion d’emprunt. Ayant, en vain, tenté de préserver le président de la République Grévy lors de l’affaire des décorations, Rouvier finit par remettre sa démission, le 4 décembre 1887, à Sadi Carnot nouvellement élu à la présidence de la République. Président de l’Union des gauches, il refuse en 1888 un portefeuille dans le ministère Floquet pour entrer dans le second cabinet Tirard, le 22 février 1889, où il prend naturellement les Finances. Sa gestion habile lui ayant permis d’assurer l’équilibre budgétaire tout en renonçant à l’emprunt, il reste en place jusqu’au 12 décembre 1892, sous les cabinets successifs de Charles de Freycinet, Emile Loubet et Alexandre Ribot. Impliqué dans le scandale de Panama, il se démet et obtient un non-lieu le 7 février 1893. Malgré son retrait relatif, il est constamment reconduit à la députation, par l’arrondissement de Grasse. Sa réputation l’impose, en 1894, à la présidence de la commission du budget, puis à celle de l’impôt sur le revenu, de 1896 à 1902. Il sort de sa retraite, le 7 juin 1902, en reprenant le portefeuille des Finances dans le ministère Emile Combes ; il présente alors un important projet de réforme des contributions directes fondé sur les signes extérieurs de richesse. A la même époque, le 4 janvier 1903, il quitte la Chambre pour le Sénat. L’affaire des fiches ayant provoqué la chute du gouvernement Combes, Rouvier est chargé de former un nouveau gouvernement qui, sans rompre avec les combinaisons politiques précédentes, affiche une modération propre à assurer le monde financier, justifiant en cela le mot cruel de Clemenceau : « ce n’est pas un ministère, c’est un conseil d’administration ». Du 24 janvier 1905 au 14 mars 1906, il dirige deux cabinets qui se succèdent, inchangés, après l’élection d’Armand Fallières à la présidence de la République en janvier 1906. Par la loi du 21 mars 1905, Rouvier non seulement réduit a deux ans la durée du service militaire mais, surtout, en supprime toutes les dispenses, sources d’iniquités. Sur le plan social, il fait adopter l’importante loi du 14 juillet 1905 sur l’assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables. Héritier de la politique de son prédécesseur, il délègue à Briand le soin de mettre un terme à la séparation des Eglises et de l’Etat avec la loi du 9 décembre 1905. En matière de politique extérieure, confronté à l’intransigeance allemande lors de la première crise marocaine de mars 1905, il choisit de céder en congédiant son très anglophile ministre des Affaires étrangères Théophile Delcassé, en juin 1905, assumant ce portefeuille en plus de sa présidence, Rouvier accepte la réunion de la conférence d’Algésiras, évitant ainsi un probable conflit armé mais donnant une impression de faiblesse qui lui est vivement reprochée, notamment par Clemenceau. Son cabinet est renversé le 7 mars 1906 à la suite des désordres engendrés par les inventaires des biens religieux. Il retrouve le Sénat au sein duquel il préside, à partir de 1909, la commission du budget. Il décède à Neuilly-sur-Seine (Seine et Oise), le 7 juin 1911. Ce grand commis de l’Etat, économiste libéral et libre-échangiste, fut l’un des meilleurs ministres des Finances de la IIIème République. GIGNOUX (C.-J.) : Rouvier et les Finances, Paris, Gallimard, 1931. MAYEUR (J-M) : La vie politque sous la IIIème République, Paris, Éditions du Seuil, 1984.

RUELLAN (Charles, Félix, Henri, Marie, Anne), 1876-1955 : Adiministrateur de sociétés et homme politique. Né à Saint Malo le 22 février 1876, Charles Ruellan devient militant royaliste. Il collabore à la presse conservatrice de Bretagne, notamment au Nouvelliste et au Journal de Rennes puis à l’Action française. Il est député d’Ille et Vilaine (1919-1924) au retour de la guerre qu’il fait brillamment comme capitaine d’infanterie. Il dirige également diverses entreprises dont l’Association foncière et immobilière de la Cie Commerciale de l’Afrique Équatoriale Française (Anciens Ets F. Brandon). Á la mort de Louis de la Chanonie, il prend la présidence de l’Association Professionnelle de la Presse monarchique et catholique des départements à laquelle il appartenait depuis novembre 1909. Il meurt à versailles le 25 mars 1955 RUHR (occupation de la) : La Ruhr est une des principales régions d’industrie lourde allemande. En mars 1921, par suite des premiers retards allemands dans le paiement des Réparations de guerre, les troupes françaises et belges occupent les villes de Düsseldorf, Duisbourg et Ruhrort. Au cours de l’année 1922, l’inflation atteignant des taux gigantesques, le gouvernement allemand demande un moratoire des dettes. Les Alliés se divisent alors sur l’attitude à tenir, les Anglais qui voudraient retrouver la clientèle allemande se montrant prêts à accepter le moratoire afin d’enrayer la crise économique et de favoriser la reprise des affaires, alors qu’en France Poincaré veut faire « payer le Boche » et exige, en cas de manquement de paiement, la saisie d’un gage productif. Après l’échec des conférences de Londres en décembre 1922 et de Paris en janvier 1923 sur les Réparations, la France, soutenue par la Belgique, mais désavouée par l’Angleterre, occupe à partir du 11 janvier 1923 les principaux centres de la Rurh (Essen, Bochum, Dortmund et Gelsenkirchen). Le gouvernement allemand riposte en organisant la « résistance passive » et le 22 janvier, la grêve générale est déclanchée dans la Ruhr. Des sabotages se produisent, de même que des heurts entre Allemands et Français qui font des morts. Quand Stresemann arrive au pouvoir en septembre 1923, il met fin à la résistance passive qui a pour résultat l’effondrement de l’économie allemande et de la production industrielle du Reich. Mais à ce moment, il est clair que l’occupation de la Ruhr est une impasse politique. Économiquement, après avoir commercialisé les stocks de charbon trouvés sur le carreau des mines, les franco-belges sont incapables de faire reprendre dans des conditions valables la production à leur profit : le mythe du « gage productif » s’évanouit. En France, l’opinion de gauche et d’extrême-gauche est très hostile à l’occupation, les communistes allant même jusqu’à organiser des meetings de solidarité avec les travailleurs allemands. En Allemagne, les nationalistes profitent de l’occupation française pour accroître leur propagande en faveur de la révision du traité de Versailles et Hitler, à l’occasion du trouble ainsi produit, tente le putsch de Munich du 9 novembre 1923 qui lui permet de se faire connaître en Allemagne et à l’étranger. Enfin, les milieux financiers anglais et américains, ainsi que les banques allemandes, spéculent contre le franc, menacé d’effondrement. Pour sauver la monnaie, Poincaré qui a besoin de l’aide des banques anglaises et américaines, doit accepter d’ouvrir une négociation. La France prend ainsi conscience qu’elle n’a ni les moyens financiers ni les moyens diplomatiques de mener seule une politique de force en Europe, contre l’avis des alliés du temps de guerre. Les élections de 1924 et l’arrivée de la gauche au pouvoir sonnent le glas de la politique de force de Poincaré. Le nouveau gouvernement présidé Edouard Herriot donne son adhésion au plan Dawes pour le règlement des Réparations en août 1924, et prend l’engagement d’évacuer la Ruhr dans le délai d’une année, ce qui est fait progressivement d’octobre 1924 à juillet 1925. BERIÉTY (J) : Les relations franco-allemandes après la Première Guerre mondiale, 10 novembre 1918-10 janvier 1923, Paris, Pedone, 1977. RENOUVIN (P) : Histoire des relations internationales, tome 7, 1ère partie, Paris, Hachette, 1957.

 
     
 
Document sans nom

Document sans nom Document sans nom Document sans nom S Document sans nom

R